The rake's progress IGOR STRAVINSKI - Festival-aix.com

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The rake's progress IGOR STRAVINSKI - Festival-aix.com
The rake’s progress
IGOR STRAVINSKI

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The rake's progress IGOR STRAVINSKI - Festival-aix.com
Don Giovanni retrouve                                                                  Une Édition 2017
                          la scène de l’Archevêché                                                                  riche en promesses
    Don Giovanni de Mozart retrouve cette année la scène de l’Archevêché. Don Giovanni, le « coup de                L’édition 2017 – la 69ème édition du Festival d’Aix-en-Provence – est l’une des plus prometteuses avec
    maître » de la deuxième édition du Festival en 1949 dont les connaisseurs gardent en mémoire les                des chefs-d’œuvre de Mozart, Bizet, Stravinski, Cavalli et la création mondiale Pinocchio de Philippe
    décors réalisés par Cassandre. Le peintre, architecte, décorateur et affichiste avait accepté à l’époque        Boesmans. Tous ces opéras sont des nouvelles productions du Festival d’Aix-en-Provence, c’est ainsi que
    de faire les décors et les costumes à la condition d’édifier un théâtre. Ce théâtre à l’italienne dit de        notre Festival se place dans les tous premiers rangs mondiaux. À ces opéras s’ajoutent une série de 16
    « Cassandre » servira cette année-là de décor à la pièce mise en scène par Meyer, mais également                concerts, y compris celui de l’Orchestre de Paris dirigé par Daniel Harding.
    d’écrin à l’ensemble des représentations lyriques du Festival jusqu’en 1973.
                                                                                                                    Cette édition 2017 a été imaginée, préparée et dirigée par Bernard Foccroulle, Directeur général du Festival depuis
    Le musée du palais de l’Archevêché propose d’ailleurs à cette occasion – durant tout l’été – une                2005, dont le talent vient d’être récompensé. Ce dernier a en effet reçu le Prix du Leadership aux Opera Awards
    exposition intitulée « Don Giovanni, l’opéra des opéras » dans laquelle on retrouvera des costumes,             de Londres le 7 mai 2017. Bernard Foccroulle a décidé de se consacrer pleinement à son activité de musicien à
    des esquisses ou des maquettes des décors de cet opéra intemporel que l’on retrouve régulièrement               partir d’août 2018. La ministre de la Culture et de la Communication et le Conseil d’administration du Festival ont
    dans la programmation du Festival depuis presque 70 ans.                                                        choisi Pierre Audi, Directeur de l’Opéra d’Amsterdam (Dutch National Opera), pour lui succéder à partir du 1er
                                                                                                                    août 2018. Pierre Audi, nommé directeur délégué, prépare dès maintenant les festivals 2019, 2020 et 2021.
    Le public retrouvera aussi la mythique Carmen de Bizet, Eugène Onéguine de Tchaïkovski, The Rake’s
    Progress de Stravinski, Erismena de Francesco Cavalli. Une programmation riche, donc, et ce n’est pas           AIX EN JUIN, pour sa 5ème édition, propose une quarantaine de manifestations à Aix et dans sa région qui
    le Pinocchio de Philippe Boesmans qui me fera mentir.                                                           s’achèveront sur une note festive : un grand concert gratuit sur le cours Mirabeau le 26 juin.
    Mais c’est surtout Bernard Foccroulle, directeur du Festival depuis 2007, que je tiens à saluer ici. Et         AIX EN JUIN poursuit l’action du Festival en matière d’éducation artistique et d’ouverture vers des publics de
    le remercier pour les dix années qu’il vient de consacrer à ce joyau de la culture aixoise. Ses qualités        plus en plus nombreux. À AIX EN JUIN vont participer des membres de l’Académie du Festival, qui réunira une
    humaines et professionnelles ont donné un souffle nouveau au Festival.                                          vingtaine de professeurs et 260 jeunes artistes. Parmi eux, les Lauréats HSBC de l’Académie proposeront des
                                                                                                                    récitals à Aix-en-Provence et dans sa région, avant de partir en tournée en France et à l’étranger.
    Il n’a pas souhaité briguer un nouveau mandat à la tête de l’institution pour se consacrer à l’interprétation
    et à la composition, ses deux passions. L’an prochain sera donc sa dernière programmation avant de              Les enjeux de transmission et d’accessibilité au public le plus large et diversifié sont deux axes primordiaux
    passer la main à Pierre Audi. Je sais qu’il va encore nous surprendre avant de tourner cette page de            auxquels nous restons particulièrement attachés. Ainsi, les retransmissions prévues sur Arte, Arte Concert,
    l’histoire du Festival. Une très belle page.                                                                    France Musique, France Télévisions et Culture Box, complétées par les projections gratuites de Carmen et Pinocchio
                                                                                                                    sur grand écran dans toute la région, permettent de prolonger notre politique d’ouverture au plus grand nombre.

                                                                                                                    Le Festival a poursuivi en 2016 et en 2017 son expansion à l’étranger à travers les deux réseaux qu’il anime,
    Maryse Joissains Masini                                                                                         celui d’enoa en Europe et celui de Medinea en Méditerranée. De nombreux pays étrangers ont accueilli le
    Maire d’Aix-en-Provence                                                                                         Festival d’Aix. Il faut noter en particulier nos collaborations avec le Théâtre Bolchoï à Moscou et le Beijing
    Président du conseil de territoire du Pays d’Aix                                                                Music Festival de Pékin.
    Vice-président de la Métropole Aix-Marseille-Provence
                                                                                                                    Tout cela a été rendu possible grâce au soutien de nos mécènes, entreprises et particuliers, et tout
                                                                                                                    particulièrement Altarea Cogedim, premier partenaire du Festival.

                                                                                                                    Enfin le Festival d’Aix se félicite du soutien renouvelé du ministère de la Culture et de la Communication,
                                                                                                                    de la Ville d’Aix-en-Provence, de la Métropole Aix-Marseille-Provence et du Territoire du Pays d’Aix, du
                                                                                                                    Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur et de
                                                                                                                    l’Union européenne.

                                                                                                                    Je souhaite à chacun d’entre vous une très belle édition 2017 du Festival d’Aix-en-Provence.

                                                                                                                    Bruno Roger
                                                                                                                    Président du Festival d’Aix-en-Provence
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The rake's progress IGOR STRAVINSKI - Festival-aix.com
Libertà !

    L'opéra a toujours entretenu un rapport étroit avec la liberté de pensée et d'expression. À Venise, la       La fable de Pinocchio est quant à elle un véritable récit initiatique : on ne naît pas libre, on le devient.
    ville qui a abrité dès 1637 les premières salles ouvertes au public, l'opéra a connu un premier essor        La marionnette est incapable de maîtriser ses désirs et ses pulsions, incapable aussi de tirer les leçons
    fulgurant durant quelques décennies de liberté intellectuelle et artistique exceptionnelle, liberté          de ses mésaventures. C'est seulement dans le ventre de la baleine que Pinocchio prendra son destin
    impensable à Rome à la même époque. Monteverdi et Cavalli ont su profiter de ce climat privilégié            en main : il provoque – contre l'avis de son père – son expulsion, revient au monde et trouve le chemin
    pour écrire des œuvres dont l'audace et la liberté de mœurs ne cessent de nous surprendre. Erismena          d'une liberté chèrement acquise. L'opéra de Philippe Boesmans et Joël Pommerat, dont Aix présentera
    témoigne du goût typiquement vénitien pour le travestissement, pour le mélange des genres comiques,          la création mondiale, n'est pas juste un « opéra pour enfants » : il se veut accessible à tous les publics,
    tendres et tragiques. À travers les jeux de l'amour et les déclinaisons infinies de la séduction, l'opéra    enfants compris, et notre espoir est que les spectateurs de tous âges et de toutes origines forment, le
    de Cavalli nous incite à voir dans la passion amoureuse un aveuglement fatal, l'aliénation même de la        temps de la représentation, cette communauté humaine, intelligente et sensible, qui donne sens au
    liberté.                                                                                                     conte revisité et réincarné.

    Avec Don Giovanni et Carmen, nous nous trouvons face à deux figures incarnant la liberté la plus             À un moment de l'Histoire où les valeurs de liberté et de démocratie sont contestées ou combattues un
    radicale. Chez Molière comme chez Mozart, Don Juan ne se contente pas de séduire toutes les femmes           peu partout dans le monde, il n’est pas inutile de faire résonner ces œuvres dans toute leur force, d'en
    qu'il rencontre, il bouscule les interdits les plus incontournables de son temps : il défie l'ordre social   sonder la charge émotionnelle et critique et de s'interroger sur leur pertinence et leur actualité.
    et l'ordre moral, les règles profanes et sacrées. Refusant tout repentir, Don Giovanni meurt mais sa
    condamnation morale n'est pas exempte d'une forme de transfiguration.                                        Bernard Foccroulle
                                                                                                                 Directeur général du Festival d’Aix-en-Provence
    Carmen incarne quant à elle une liberté qui, heurtant de front les préjugés du XIXe siècle, provoqua
    des réactions bien plus violentes qu'à la création de Don Giovanni. Carmen séduit, charme, se rebelle,
    ne cède à aucune menace et choisit la mort plutôt que de renoncer à sa liberté. Plus que le roman de
    Prosper Mérimée, l'opéra de Bizet a porté son héroïne au rang de figure mythique : la force du chant
    consiste précisément à exacerber les sentiments, à renforcer les caractères, à porter les relations
    humaines à une forme d'incandescence qui accroît l'intensité de notre réaction émotionnelle et
    facilite la projection de chacun de nous dans le récit.

    Composé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, The Rake’s Progress dépeint de manière aussi
    virtuose que cauchemardesque la descente aux enfers d'un homme trahi non seulement par sa soif
    de richesses et de plaisirs, mais par toute la société en laquelle il a cru : la déchéance du libertin
    s'accompagne de la progressive privation de liberté qui était la sienne. Les innombrables allusions
    littéraires et musicales qui parsèment la partition lui confèrent une dimension kaléidoscopique
    unique dans l'histoire de l'opéra. On peut y lire aussi la désillusion et le ressentiment de ses auteurs,
    Auden et Stravinski, tous deux récemment immigrés aux États-Unis, à l'égard d'une civilisation qui
    avait généré tant de destructions et de catastrophes.

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The rake's progress IGOR STRAVINSKI - Festival-aix.com
IGOR STRAVINSKI (1882 - 1971)

                                                                                                THE      RAKE’S
                                                                                                LA CARRIÈRE DU LIBERTIN
                                                                                                                        PROGRESS
                                                                                                Opéra en trois actes
                                                                                                Livret de Wystan Hugh Auden et Chester Simon Kallman d’après William Hogarth
                                                                                                Créé le 11 septembre 1951 à La Fenice, Venise

                                                                                                Direction musicale 				                          Daniel Harding
                                                                                                Mise en scène				                                Simon McBurney
                                                                                                Dramaturgie				                                  Gerard McBurney
                                                                                                Décors					                                      Michael Levine
                                                                                                Costumes				                                     Christina Cunningham
                                                                                                Lumière					                                     Paul Anderson
                                                                                                Vidéo					                                       Will Duke
                                                                                                Chorégraphe, collaboratrice à la mise en scène   Leah Hausman

                                                                                                Assistante à la mise en scène			                 Josie Daxter
                                                                                                Assistant musical				                            Case Scaglione
                                                                                                Chefs de chant				                               Alphonse Cemin* / Nino Pavlenichvili
                                                                                                Seconde assistante à la mise en scène		          Luna Muratti*
                                                                                                Assistante aux costumes			                       Nathalie Pallandre
                                                                                                Assistante aux décors			                         Alejandra Gonzales
                                                                                                Assistante à la vidéo			                         Philippine Laureau

                                                                                                Ann Trulove				                                  Julia Bullock
                                                                                                Tom Rakewell				                                 Paul Appleby
                                                                                                Nick Shadow				                                  Kyle Ketelsen
                                                                                                Nick Shadow 2, Le Gardien de l’asile		           Evan Hughes*
                                                                                                Trulove					                                     David Pittsinger
                                                                                                Mother Goose		                 		                Hilary Summers
                                                                                                Baba la Turque				                               Andrew Watts
Nouvelle production du Festival d’Aix-en-Provence                                               Sellem					                                      Alan Oke
En coproduction avec Dutch National Opera, Amsterdam
En collaboration avec Complicite, Londres                                                       Acteurs					                                     Antony Antunes, Kirsty Arnold, Nichole Bird,
                                                                                                					                                            Karl Fagerlund Brekke, Andrew Gardiner,
Avec le soutien de IFILAF (International Friends of the International Lyric Art Festival)       					                                            Chihiro Kawasaki, Maxime Nourissat,
et de La Fondation Meyer pour le développement culturel et artistique                           					                                            Jami Reid-Quarrell, Gabriella Schmidt,
                                                                                                					                                            Clemmie Sveaas
Spectacle en anglais surtitré en français et en anglais – 2h50 entracte compris
Théâtre de l’Archevêché 5, 7, 11, 14 et 18 juillet 2017 – 22h                                   Chœur					                                       English Voices
                                                                                                Chef de choeur 				                              Tim Brown
Retransmis en direct sur                     le 11 juillet et en direct sur      le 7 juillet
                                                                                                Orchestre 				                                   Orchestre de Paris
                                                                                                                                                                                                7
                                                                                                *Ancien.ne.s artistes de l’Académie
The rake's progress IGOR STRAVINSKI - Festival-aix.com
Argument                                            Vue d’ensemble
    Acte I                                                entracte                                                 La carrière d’Igor Stravinski (1882-1971)              la première fois en 1992. Il y revient en 2017
    Tom Rakewell, jeune homme sans ressources,                                                                     embrasse le XXe siècle musical, dont il incarne        dans une nouvelle production mise en scène par
    et Ann Trulove, fille d’un propriétaire, se           Nick apporte à Tom une machine truquée, censée           toutes les facettes et contradictions au gré de        Simon McBurney et dirigée par Daniel Harding.
    jurent fidélité. Survient alors le mystérieux         éradiquer la faim dans le monde. Il invite Tom à         plusieurs périodes créatrices. Formé dans sa
    Nick Shadow, qui apprend au jeune homme que           en devenir le promoteur.                                 Russie natale auprès de Rimski-Korsakov,               Le livret d’Auden et Kallman brode sur l’histoire
    l’héritage d’un oncle jusqu’ici inconnu l’attend à                                                             Stravinski se fait connaître du monde entier           narrée dans les tableaux de Hogarth, en y ajoutant
    Londres. Appâté par ce gain, Tom n’hésite pas à       ACTE III                                                 dans les années 1910 à Paris, où ses partitions        notamment une personne essentielle : la figure
    le suivre. Ce Nick Shadow, qui dans un premier        L’escroquerie de Tom a provoqué sa ruine : tous          pour les Ballets russes déclenchent une véritable      méphistophélique de Nick Shadow, qui sera
    temps offre ses services en tant que valet, se        ses biens sont mis aux enchères. Renonçant à             révolution (notamment la création du Sacre             l’âme damnée du roué Tom Rakewell. Sur cet
    révèle un maître en matière de débauche : c’est       Tom, Baba confie à Ann que ce dernier se trouve          du printemps en 1913), à la suite de laquelle il       argument originaire du siècle des Lumières,
    dans la maison close londonienne de Mother            sous l’emprise d’une influence néfaste et qu’il a        explore des formes originales dans un idiome           Stravinski se sert des codes de l’opéra du… XVIIIe
    Goose que Tom commence sa carrière de libertin,       encore besoin de son aide. Révélant son identité         d’obédience à la fois russe et populaire. Dès          siècle ! Mozart hante ainsi sa partition. Mais le
    tandis que sa fiancée Ann, restée sans nouvelles,     diabolique, Nick réclame l’âme de Tom et l’incite        1923, il revisite les formes et langages du passé      langage musical de Stravinski, s’il laisse passer le
    se lance à sa recherche.                              au suicide avant de lui laisser une dernière             avec beaucoup d’inventivité, au sein de sa             souvenir des compositeurs classiques (Haydn et
                                                          chance : les cartes décideront de son sort. Ayant        « période néo-classique », avant de s’essayer          Beethoven compris), se nourrit aussi des styles de
    ACTE II                                               gagné au jeu, Tom parvient à sauver son âme.             au dodécaphonisme hérité de Schoenberg dès             Bach, Haendel ou Tchaïkovski, de la Renaissance
    Quoique luxueusement installé à Londres, Tom          À défaut de sa vie, Nick s’empare de sa raison.          les années 1950. Dans ce parcours contrasté,           comme de Broadway, et il « déplie » ces
    commence à regretter la simplicité de la vie rurale   Sombrant dans la folie, Tom finit ses jours dans         The Rake’s Progress occupe une place de choix. Il      esthétiques dans une sorte de cubisme musical.
    qu’il menait auparavant. Accomplir un acte libre      un asile d’aliénés où Ann vient lui rendre une           s’agit de son œuvre la plus évidemment néo-            La partition se construit donc sur une mosaïque
    et échapper ainsi à l’emprise du désir comme du       dernière visite.                                         classique – et la dernière de cette période.           de références réinterprétées par le compositeur
    devoir reste, selon Nick Shadow, la seule clé du                                                               Installé aux États-Unis au sortir de la Seconde        russe, où se retrouve son goût pour des rythmes
    bonheur. Ce dernier lui suggère d’épouser une         ÉPILOGUE                                                 Guerre mondiale, Stravinski découvre la suite          complexes et des orchestrations astringentes,
    femme à barbe connue sous le nom de Baba la           Tous les personnages forment un chœur final,             de tableaux du peintre anglais William Hogarth         qui laissent une place de choix aux instruments
    Turque. Tom s’exécute mais regrette vite ce choix.    afin de livrer au public la morale de cette histoire :   The Rake’s Progress (La Carrière du roué, 1732-        à vent. C’est sur le plan de la structure que
    Ann parvient à retrouver Tom qui, se sentant          l’oisiveté est le refuge idéal du diable !               1733). Cette série de toiles retrace la vie dissolue   l’hommage à l’opéra du XVIIIe siècle est le plus
    indigne de son amour, lui demande de l’oublier                                                                 d’un libertin dans l’Angleterre de Hogarth, avec       flagrant : la partition alterne entre des numéros
    et la laisse s’enfuir.                                                                                         force détails réalistes et satiriques. Stravinski a    musicaux (airs, duos, trios…) et des récitatifs
                                                                                                                   l’idée d’en tirer un opéra. Il commande donc un        accompagnés au clavecin. Les numéros eux-
                                                                                                                   livret au poète W. H. Auden, qui collabore avec        mêmes, souvent courts, se souviennent des
                                                                                                                   Chester Kallman. La composition commence en            modèles du XVIIIe, notamment le bel air d’Ann
                                                                                                                   1947, l’ouvrage étant finalement créé quatre ans       Trulove en plusieurs partie (lente et élégiaque,
                                                                                                                   plus tard au Teatro La Fenice de Venise, dans le       puis rapide et virtuose), précédé d’un récitatif
                                                                                                                   cadre de la Biennale, le 11 septembre 1951, avec       accompagné par l’orchestre. Dans le même ordre
                                                                                                                   notamment Elisabeth Schwarzkopf dans le rôle           d’idée, après la scène finale de cet opéra tragi-
                                                                                                                   d’Ann. The Rake’s Progress sera rapidement repris      comique, tous les personnages réapparaissent
                                                                                                                   à Milan, Vienne, New York. C’est aujourd’hui l’un      pour venir chanter la morale de l’histoire, comme
                                                                                                                   des opéras de l’après-guerre les plus souvent          dans Don Giovanni.
                                                                                                                   programmés. À Aix, l’ouvrage a été présenté pour

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The rake's progress IGOR STRAVINSKI - Festival-aix.com
Quelles qualités ressortent du livret de The Rake’s Progress ?
                                                                                                                                           Le livret s’ouvre sur une idylle et conduira les protagonistes jusqu’à la prison. Ce qu’il y a de fascinant
Photo © Eva Vermandel

                                                                                                                                           avec cette narration, c’est le sentiment de progression que l’on ressent, ce voyage que l’on entreprend.
                                                                                                                                           Bien qu’il soit basé sur l’œuvre de Hogarth, le livret s’écarte significativement de sa trame narrative.
                                                                                                                                           À titre d’exemple, on remarque qu’il ne suit pas la même séquence que les tableaux de Hogarth. Il
                                                                                                                                           réorganise les événements et intègre plusieurs nouveaux protagonistes dont les plus remarquables
                                                                                                                                           restent Nick Shadow, un personnage méphistophélique, et l’éminente Ann Trulove dont Tom est
                                                                                                                                           amoureux. Les gravures de Hogarth n’ont servi de source d’inspiration qu’aux librettistes. Par ailleurs,
                                                                                                                                           le monde que nous connaissons aujourd’hui est bien éloigné du Londres de l’époque de Hogarth. On se
                                                                                                                                           retrouve ainsi confronté sans cesse à la même interrogation : pourquoi ont-ils fait ça ?

                                                                                                                                           Sachant qu’Auden et Kallman ont basé leur livret sur les gravures de Hogarth datant du XVIIIe siècle, avez-
                                                                                                                                           vous exploité cette œuvre picturale ?
                                                                                                                                           Ces gravures resteront toujours une source d’inspiration pour moi. Et bien que l’œuvre s’en inspire plus
                                                                                                                                           qu’elle ne les suive, la critique acerbe et la satire comique de Hogarth viennent régulièrement piquer
                                                                                                                                           la narration. La clé consiste à suivre les intentions mordantes de Hogarth sans simplement chercher à
                                                                                                                                           imiter son univers. Ainsi, le livret et l’environnement visuel évoqué dans cette production s’inspirent
                                                                                                                                           de Hogarth, sans pour autant tenter de reproduire fidèlement son œuvre. On remarque une qualité
                                                                                                                                           secondaire chez Hogarth : aucun des personnages peints ne nous regarde. Leurs regards se portent sur le
                                                                                                                                           monde qui les entoure comme s’ils cherchaient à savoir quelle sera leur prochaine action. Ils s’apprêtent
                                                                                                                                           à faire quelque chose. Un coup, une arnaque, une entourloupe, un larcin… Chez Stravinski, cela se traduit
                                                                                                                                           par autre chose… La musique fait autant ressurgir le monde intérieur du malheureux Tom Rakewell que
                                                                                                                                           tous les événements extérieurs. Plus qu’assister à son destin, on observe son être intérieur. D’un point
                                                                                                                                           de vue visuel, la difficulté consiste donc à trouver le langage qui permettra de transcrire ce phénomène.

                                                                                                                                           Vous avez imaginé un décor intégralement réalisé en papier blanc, ce qui est tout à fait innovant, mais
                                                                                                                                           vous soulignez que c’est la technologie qui est au service de la narration et non l’inverse. Est-ce vraiment

                                                                               Lever le voile                                              le cas ?
                                                                                                                                           L’œuvre s’ouvre sur un monde de pureté. Le printemps. Un idéal. Un amour naissant. Une idylle. Une

                                                                          et révéler le sens                                               sorte de Jardin d’Eden, pourquoi pas. La scène est une page blanche sur laquelle tout peut arriver. C’est
                                                                                                                                           une page vierge. Au fil de l’histoire, cette page se couvre des traces de la narration. Cela nous permet de
                                                            Entretien avec simon Mcburney, metteur en scène                                travailler sur la notion de progression que l’on note dans le titre de l’opéra et qui est centrale à l’œuvre.
                                                                                                                                           Eh oui, tout ce que l’on trouve dans un opéra ou au théâtre devrait être au service de l’œuvre. Je ne
                             En tant que metteur en scène, en quoi The Rake’s Progress vous a-t-il intéressé ?                             l’aborde pas avec ce que l’on appelle un « concept ». Je ne souhaite pas imposer une idée précise. Je
                             Le principal intérêt de cette œuvre pour moi était de partir à la rencontre de la musique de Stravinski. Je   cherche simplement à lever le voile sur ce qui se présente à nous. Le décor, les costumes, les lumières…
                             souhaitais cerner quelle était l’intention de l’œuvre et la faire vivre pour le public d’aujourd’hui. Cette   Ce sont les outils qui nous permettent de révéler le sens, la signification de l’œuvre plutôt que ce que
                             question essentielle, cette quête même, consistait à voir l’œuvre dans son ensemble plutôt que comme          nous voulons montrer.
                             un enchaînement de scènes. Chaque fois que j’ai le privilège de travailler sur une composition aussi
                             exceptionnelle que celle-ci, je ne sais jamais ce que je vais finir par y découvrir, ce que les répétitions   Cet opéra est un conte sur l’ascension et la chute d’un jeune homme nommé Tom Rakewell, mais l’ajout dans
                             vont faire ressortir. C’est pour moi un peu comme un site archéologique que l’on fait remonter à la           le livret de Nick Shadow et de son pacte faustien fait entrer The Rake’s Progress dans la tradition lyrique…
                             lumière de notre époque. Je n’aborde pas l’œuvre en sachant par avance ce qu’elle va révéler. Ce qui          Il y a deux choses que je souhaiterais évoquer à ce sujet. L’ascension de Tom est très brève. Il se réjouit
                             m’intéresse, c’est ce qu’elle va me raconter, la vision du monde qu’elle va faire surgir…                     dans un premier temps d’un regain de chance et de fortune, mais se retrouve très vite confronté à une
                                                                                                                                           série de catastrophes. Nick Shadow est au cœur même de cette idée. Dès son apparition, le spectateur
                                                                                                                                           prend conscience de la tournure funeste que prend son voyage. Le conte faustien, le pacte avec le diable
                                                                                                                                           sont ancrés non seulement dans la tradition lyrique, mais dans notre histoire culturelle, voire même
                                                                                                                                           dans la préhistoire. Stravinski et Auden creusent ainsi dans cette narration mythique en définissant
                                                                                                                                           ce qu’il advient lorsque l’on obtient ce que l’on a demandé… Ce n’est jamais ce à quoi on s’attendait.
                        10                                                                                                                                                                                                                                 11
The rake's progress IGOR STRAVINSKI - Festival-aix.com
Les férus d’opéra remarquent tous que The Rake’s Progress fait écho à Don Giovanni de Mozart…
     C’est possible, mais on peut également y voir un rappel de La Dame de pique, de Faust et de nombreuses
     œuvres l’ayant précédé. D’une certaine façon, on pourrait dire que cet opéra accumule les références
     aux œuvres du passé afin de former une sorte de synthèse du monde où nous vivons aujourd’hui.

     Qu’en est-il d’Ann Trulove qui, tout comme Donna Elvira, constitue un symbole de fidélité ?
     Résumer Ann Trulove à un symbole de fidélité serait trop réducteur. Un symbole n’est pas quelque
     chose qui peut prendre vie. Et ce qui est intéressant au théâtre, c’est peut-être d’ailleurs l’unique
     question, c’est ce qui donne vie à l’œuvre. La vie. Le présent. L’instant. Le nom d’Ann pourrait faire
     croire qu’il s’agit d’un personnage simpliste, mais la musique nous prouve le contraire. Pleine de
     beauté, d’attirance, de persuasion et au final de cœur brisé, elle ouvre la porte à diverses dimensions
     qui font d’Ann une incarnation humaine complexe et pleinement accomplie. Une femme fidèle non
     seulement dans sa relation avec Tom, mais également dans sa lutte profonde contre la corruption
     marquée de la société. Elle devient dans une certaine mesure une figure révolutionnaire alors qu’elle
     tente de sauver Tom malgré la peine qu’il lui cause.

     Pensez-vous que The Rake’s Progress soit une œuvre salutaire ou même prophétique ? Que révèle-t-elle
     de notre monde capitaliste ?
     Quelle était l’intention de Stravinski ? Que trouve-t-on dans cette œuvre ? Qu’en retire-t-on ? De
     simples liens et références aux œuvres du passé ou quelque chose de plus profond et de plus complexe ?
     Il compose cette œuvre à un moment bien précis de l’Histoire. Aucune œuvre ne peut être dissociée
     du moment où elle est composée. C’était une période d’espoir faisant suite aux atrocités commises lors
     de la Seconde Guerre mondiale. Mais c’était également un temps où l’humanité prenait conscience
     de sa capacité à s’anéantir. Je ne dis pas, et j’insiste là-dessus, qu’il s’agit là du sujet de l’œuvre. Mais
     sa noirceur et sa beauté nous rappellent la fragilité et la faiblesse de l’homme ainsi que sa capacité à
     s’autodétruire. Il s’agit là de quelque chose d’intemporel qui s’applique à un présent perpétuel et qui
     est peut-être encore plus urgent aujourd’hui que jamais.

                                           Entretien avec Simon McBurney réalisé par Aurélie Barbuscia, mai 2017

                                                                                                                     © Simon McBurney

                                                                                                                     Acte I, scène 1
                                                                                                                     Ann                                  Ann
                                                                                                                     How sweet within the budding grove   Qu’il est doux dans le bosquet en fleur
                                                                                                                     To walk, to love.                    De se promener, d’aimer.
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The rake's progress IGOR STRAVINSKI - Festival-aix.com
The Rake’s Progress                                                         Gerard McBurney

     Le seul opéra de grande envergure de Stravinski – et                                    *                            détruit les affectueux souvenirs d’un passé auquel         en main au moment même de composer, à déverser
     de loin sa plus longue œuvre musicale – a jailli de son   Auden et Kallman ont tiré leur livret ludique et           les deux hommes aspirent, mais offre une vision            les détritus musicaux de sa vie. Mais c’est aussi, à
     imagination lors de la plus grande crise créative de sa   plein d’esprit d’une série de gravures du XVIIIe           cauchemardesque du présent et du futur. Trente ans         plus grande échelle, la feuille vierge du passé et du
     vie, analogue, bien qu’opposée, à la crise légendaire     siècle signées Hogarth, A Rake’s Progress, bien qu’ils     plus tôt, T.S. Eliot écrivait :                            futur : un passé de rêves aux images immaculées et
     qui, en 1913, donna naissance à sa plus célèbre           se soient – tout comme Stravinski – fortement                                                                         pastorales, dont les couleurs autrefois lumineuses
     partition révolutionnaire, Le Sacre du printemps.         éloignés de l’illustre œuvre originale. Suite aux          « Ces fragments que j’ai élevés contre mes ruines. »       sont maintenant décolorées jusqu’au blanc ; et
                                                               discussions préliminaires entre Auden et Stravinski,                                                                  l’avenir également décoloré et désolé de l’ordre
     Le Sacre vit le jour juste avant la Première Guerre       les deux poètes-amants ont créé un éblouissant             Dans The Rake’s Progress, des fragments d’une culture      d’après-guerre, un jeu d’ombre apathique, stérile et
     mondiale, Stravinski avait alors 30 ans ; The             kaléidoscope de citations et d’échos de sources            autrefois aimée gisent dans des décombres à travers        cynique, de fantaisies utopiques et technologiques.
     Rake’s Progress vit le jour après la Seconde Guerre       littéraires et théâtrales : Shakespeare, Pouchkine,        lesquels les librettistes et le compositeur se baladent,
     mondiale, alors qu’il approchait de ses 70 ans.           Goethe, Dante, des paroles de comédies musicales           fantômes dans un paysage, cherchant quelque chose          Au cœur de la conception de cet opéra d’Auden et
                                                               ou de librettistes de Mozart, Lorenzo Da Ponte et          qui pourrait être sauvé jusqu’au lendemain.                de Stravinski, il y avait leur aversion personnelle et
     Les deux œuvres furent créées à des moments de            Emanuel Schikaneder. L’éventail des références                                                                        partagée envers le raz-de-marée du philistinisme,
     transition critiques. Le Sacre coïncida avec le départ    de Stravinski – sans doute plus large ­– inclut les        À son niveau le plus profond, The Rake est une histoire    de la vulgarité et du matérialisme rampant provoqué
     irrévocable du compositeur de la Russie vers la           compositeurs classiques viennois (Haydn, Mozart,           de purge et de dépouillement, un processus spirituel,      par le contrecoup de la guerre, et du lamentable chant
     France ; pour The Rake, il était en Californie, vivant    Beethoven), Bach et Haendel, la musique de la              par lequel les facettes matérielles et culturelles d’une   du coq qui accompagna l’instauration autoproclamée
     en exil pour la seconde fois et envisageant avec          Renaissance et les débuts de la musique baroque, tout      ancienne vie s’estompent une à une, révélant leur          des États-Unis, où ils vivaient tous deux comme
     une certaine angoisse une époque dans laquelle sa         un panachage de sources populaires allant de L’Opéra       grossièreté et leur intolérable manque de substance ;      émigrés, en tant que nouvelle puissance impérialiste
     musique semblait de moins en moins importante             de quat’sous à l’opérette du XIXe siècle français et au    l’esprit lui-même se retrouve finalement seul dans         et dominante de l’époque. Ce n’est pas un hasard si
     pour le Nouveau Monde qui l’entourait. Il rêvait de       Broadway du XXe, ainsi que l’évocation des propres         un lieu à l’obscurité étrange et déconnectée. Tom          The Rake’s Progress est, après tout, le premier grand
     retourner dans une Europe où il avait passé plus de       créations de Stravinski, de ses travaux d’étudiant à ses   Rakewell, nous le voyons maintenant, est un homme          opéra élaboré justement à Hollywood, l’usine à rêves
     vingt ans entre les deux guerres, tout en réalisant       premiers ballets jusqu’à ses œuvres néo-classiques         trahi non seulement par sa propre faiblesse, mais          du monde capitaliste.
     qu’il ne reverrait plus jamais sa Russie natale.          et religieuses les plus récentes. Tout aussi importants    par toute la civilisation à laquelle il appartient et en
                                                               – pour ne pas dire essentiels – sont les nombreux          laquelle il croyait auparavant.                            La structure dramatique choisie par les poètes
     Au niveau musical, Le Sacre regarde audacieusement        échos envoûtants des grands compositeurs russes                                                                       et le compositeur, inspirée initialement par
     en avant, vers une nouvelle version du modernisme,        qu’il a aimés dès son enfance et tout au long de sa        Pour évoquer le sentiment d’un monde fragile de            Hogarth, était celle d’une série de tableaux
     bouleversante et sans précédent. The Rake regarde         vie : Glinka, Moussorgski, Rimski-Korsakov et,             rêves et d’illusions qui s’écroulent, en constante         indépendants. C’était en partie, comme le révèlent
     dans la direction opposée, en arrière, plongeant          surtout, Tchaïkovski, notamment La Dame de pique,          fluctuation et se vidant de son identité, Simon            les conversations entre Auden et Stravinski, le
     dans un passé de réalités contradictoires et              probablement le principal modèle musical du Rake’s         McBurney et Michael Levine ont imaginé un décor            résultat de leur désir, typique du XXe siècle, de
     fluctuantes, celles de l’existence et du travail de       Progress. Et à la fin de l’opéra, nous entendons même      entièrement fait de papier, une feuille blanche sur        libérer l’opéra des transitions et continuités fluides
     Stravinski, mais aussi celles des siècles de musique      d’anciens chants d’église russes, la musique de la foi     laquelle on peut projeter tout ce que l’on veut, sur       trop séductrices de Wagner et des Romantiques.
     familière ou plus lointaine qui l’ont précédé. Après      dans laquelle le compositeur a grandi et vers laquelle     laquelle des ombres peuvent apparaître, à travers          Leur solution était d’imiter, parfois tendrement,
     The Rake, Stravinski abandonnera pour toujours            il est revenu. Dans The Rake, Stravinski moissonne         laquelle les lumières peuvent briller et d’où tout         parfois avec dérision, les structures cristallines et
     sa longue période de fascination néo-classique et         toute son expérience musicale.                             et n’importe quoi pourrait surgir. À un moment,            indépendantes – arias, récitatifs et ensembles – des
     historique pour se tourner vers une tout autre sorte                                                                 par exemple, nous pourrions nous retrouver dans            opéras du XVIIIe siècle de Haendel et de Mozart.
     de modernisme ré-imaginé.                                 Tandis que le livret et la musique suggèrent le            un jardin du XVIIIe siècle rempli de détails précis,
                                                               caractère enjoué et l’enthousiasme de leurs créateurs,     ou bien à l’intérieur d’une machine imaginaire,            Mais cette idée de séparation n’est qu’une autre
     En somme, dans Le Sacre, on entend le son des             l’opéra est aussi le reflet profond de l’époque et du      ou encore perdus dans un monde insaisissable,              surface, une illusion destinée à distraire le spectateur
     grandes portes de l’Histoire qui s’ouvrent ; dans         lieu historique où il a été imaginé : aux États-Unis,      rigoureusement indescriptible.                             pendant un court instant. Sous cette surface, ou
     The Rake, on entend ces mêmes portes se refermer          par deux émigrés européens nostalgiques, un Anglais                                                                   derrière cette feuille de papier, coule une rivière
     violemment.                                               et un Russe, dans la période chaotique qui suit la         Dans un sens, cette feuille vierge est la page blanche     indistincte de souvenirs, de rêves et de réflexions
                                                               seconde Guerre mondiale, laquelle a non seulement          sur laquelle Stravinski se prépara autrefois, le stylo     en constante fluctuation, qui apparaissent et
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disparaissent. Un des fleuves de l’Hadès, peut-être.   attraits esthétiques tant appréciés dans les capitales
     Un couteau peut transpercer le papier et, à travers    culturelles de l’entre-deux-guerres. Mais comme
     les tromperies souvent délibérément écœurantes         tout opéra, sa véritable signification réside dans la
     et ludiques de la dramaturgie de l’opéra, révéler      musique, et chaque note sombre et réfléchie de la
     ce fleuve, son courant profond, sa structure et sa     partition de Stravinski fait mentir des objections
     puissance.                                             aussi simplistes.

     Quand The Rake fut joué pour la première fois à        The Rake’s Progress, tout comme son frère aîné Le Sacre du
     Venise en 1951, certains le critiquèrent comme         printemps, est un chef-d’œuvre musical et dramatique,
     n’étant rien d’autre qu’un retour nostalgique          mais aussi – et Stravinski était passé maître en ce genre
     à l’élégance désuète du néo-classicisme et aux         de manœuvres – un acte de prophétie.

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                                                                                                                         Igor Stravinski (1882-1971)

                 William Hogarth, autoportrait (1795). Gravure de Benjamin Smith,
                 à partir de la peinture de W.Hogarth                                                                    Wystan Hugh Auden (1907-1973)

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Faust I                  La Peau de chagrin
                                                          Johann Wolfgang von Goethe, 1808                       Honoré de Balzac, 1831

     MÉPHISTOPHÉLÈS - Je veux ici m’attacher à ton service, obéir sans fin ni cesse à ton moindre signe ;        Le malheur m’a donné la fortune, l’ignorance m’a instruit. Je vais vous révéler en peu de mots un grand
     mais, quand nous nous reverrons là-dessous, tu devras me rendre la pareille.                                mystère de la vie humaine. L’homme s’épuise par deux actes instinctivement accomplis qui tarissent
                                                                                                                 les sources de son existence. Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux causes
     FAUST - Le dessous ne m’inquiète guère ; mets d’abord en pièces ce monde-ci, et l’autre peut arriver        de mort : Vouloir et Pouvoir. Entre ces deux termes de l’action humaine, il est une autre formule dont
     ensuite. Mes plaisirs jaillissent de cette terre, et ce soleil éclaire mes peines ; que je m’affranchisse   s’emparent les sages, et je lui dois le bonheur et ma longévité. Vouloir nous brûle et Pouvoir nous
     une fois de ces dernières, arrive après ce que pourra. Je n’en veux point apprendre davantage. Peu          détruit, mais savoir nous laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme.
     m’importe que, dans l’avenir, on aime ou haïsse, et que ces sphères aient aussi un dessus et un dessous.

     MÉPHISTOPHÉLÈS - Dans un tel esprit tu peux te hasarder : engage-toi ; tu verras ces jours-ci tout ce
     que mon art peut procurer de plaisir ; je te donnerai ce qu’aucun homme n’a pu même encore entrevoir.

                                              Le docteur Faustus                                                 Le Portrait de Dorian Gray
                                                                                  Thomas Mann, 1947              Oscar Wilde, 1890

     La liberté est une très grande chose, la condition de la création, c’est                                    -Tu m’as dit que tu l’avais détruit.
                                                                                                                 -C’était faux. C’est lui qui m’a détruit.
     elle qui a empêché Dieu de nous rendre invulnérables au péché. La                                           -Je ne crois pas que ce soit mon tableau.
     liberté, c’est la liberté de pécher et la piété consiste à n’en pas user,                                   -N’y vois-tu plus ton idéal? demanda Dorian amèrement.
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     par amour pour Dieu qui fut obligé de nous l’octroyer.                                                      -Comme tu l’appelais, toi.
                                                                                                                 -Il n’y avait rien de mauvais en lui, rien de honteux. Tu as été pour moi un idéal comme je n’en
                                                                                                                 rencontrerai jamais plus. Ceci est le visage d’un satyre.
                                                                                                                 -C’est le visage de mon âme.

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De la brièveté de la vie
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                                                                                                    Les vices nous entourent et nous pressent de tous côtés : ils ne nous permettent ni de nous relever,
                                                                                                    ni de reporter nos yeux vers la contemplation de la vérité ; ils nous tiennent plongés abîmés dans
                                                                                                    la fange des passions. Il ne nous est jamais permis de revenir à nous, même lorsque le hasard nous
                                                                                                    amène quelque relâche. Nous flottons comme sur une mer profonde où, même après le vent, on sent
                                                                                                    encore le roulis des vagues ; et jamais à la tourmente de nos passions on ne voit succéder le calme.

                                                                                                    Émile ou de l’éducation
                                                                                                    Jean-Jacques Rousseau, 1762

                                                                                                    Celui qui mange dans l’oisiveté ce qu’il n’a pas gagné lui-même le vole ; et un rentier que l’État paye
                                                                                                    pour ne rien faire ne diffère guère, à mes yeux, d’un brigand qui vit aux dépens des passants. Hors de
                                                                                                    la société, l’homme isolé, ne devant rien à personne, a le droit de vivre comme il lui plaît ; mais dans la
                                                                                                    société, où il vit nécessairement aux dépens des autres, il leur doit en travail le prix de son entretien ;
                                                                                                    cela est sans exception. Travailler est donc un devoir indispensable à l’homme social. Riche ou pauvre,
                                                                                                    puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon.
 William Hogarth, The Rake’s Progress (1733-1734): III L’orgie © Sir John Soane’s Museum, Londres

20                                                                                                                                                                                                                21
Les Misérables
                                                                                      Victor Hugo, 1862

     Faire le poème de la conscience humaine, ne fût-ce qu’à propos d’un seul homme, ne fût-ce qu’à
     propos du plus infime des hommes, ce serait fondre toutes les épopées dans une épopée supérieure
     et définitive. La conscience, c’est le chaos des chimères, des convoitises et des tentatives, la fournaise
     des rêves, l’antre des idées dont on a honte ; c’est le pandémonium des sophismes, c’est le champ
     de bataille des passions. À de certaines heures, pénétrez à travers la face livide d’un être humain qui
     réfléchit, et regardez derrière, regardez dans cette âme, regardez dans cette obscurité. Il y a là, sous
     le silence extérieur, des combats de géants comme dans Homère, des mêlées de dragons et d’hydres
     et des nuées de fantômes comme dans Milton, des spirales visionnaires comme chez Dante. Chose
     sombre que cet infini que tout homme porte en soi et auquel il mesure avec désespoir les volontés de
     son cerveau et les actions de sa vie !

                                                                                     Candide
                                                                                           Voltaire, 1759

     Je sais aussi, dit Candide, qu’il faut cultiver notre jardin. – Vous avez raison, dit Pangloss : car, quand
     l’homme fut mis dans le jardin d’Eden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu’il travaillât, ce qui prouve
     que l’homme n’est pas né pour le repos. – Travaillons sans raisonner, dit Martin ; c’est le seul moyen
     de rendre la vie supportable.

                                                                                                                   Farnos, bouffon au nez rouge. lubok russe du XVIIIe siècle (aquarelle populaire sur bois)

22                                                                                                                                                                                                             23
La Déchéance d’un homme
                                (Ningen Shikkaku)
                                                                                    Osamu Dazaï, 1948

     Mon idée du bonheur et celle que s’en font les autres se contredisaient tellement que j’en éprouvais
     un malaise tel que, la nuit, sans cesse, je me retournais dans mon lit, je gémissais, je devenais presque
     fou. En fait, n’étais-je pas heureux ? Depuis mon enfance on m’avait souvent répété que j’étais un être
     heureux. Pourtant j’étais toujours affligé de tourments d’enfer ; les gens qui prétendaient que j’étais
     heureux étaient infiniment plus heureux que moi.

     À l’heure actuelle je ne connais ni le bonheur ni le malheur. La vie passe.
     Jusqu’ici, j’ai vécu dans l’enfer. Dans le monde des humains, c’est la seule chose qui me semble vraie.
     La vie passe, rien d’autre.
     Cette année, je vais avoir vingt-sept ans. Mes cheveux ont blanchi très sensiblement. De l’avis général
     je parais plus de quarante ans.

     Osamu Dazaï, La Déchéance d’un homme, traduction Gaston Renondeau, 1990 © Éditions Gallimard

                                                            Jean La Chance
                                                                               Bertold Brecht, 1918

     1                                                     1
     Femme contre maison                                   Femme contre ferme
     2                                                     Femme contre foyer
     Maison contre charrette                               2
     3                                                     Ferme contre charrette
     Charrette contre manège                               Foyer contre aventure, la vie d’aventures
     4                                                     3                                                     © DR
     Manège contre femme                                   Charrette contre Orgue
     5                                                     Aventure contre musique de cette aventure,            Acte II, scène 3
     Femme contre oie                                      romantisme                                            Tom                                              Tom
     Violet. Femme enceinte. Oie.                          4                                                     My heart is cold, I cannot weep; one remedy is   Mon cœur a froid, je ne peux pas pleurer ; il me
     6                                                     Orgue contre femme                                    left me: sleep.                                  reste un seul remède : dormir.
     Oie contre liberté                                    Romantisme contre femme, la réalité nue
     7                                                     5
     Liberté contre vie                                    Femme contre oie
     8                                                     6
     Vie                                                   Taverne. Ami contre vie contre mort.
                                                           7
                                                           Mort
24                                                                                                                                                                                                                   25
Biographies
                                                                                                                                 Gerard McBurney / Dramaturgie
                                                                                                                                               Compositeur, auteur et dramaturge pour le théâtre, l’opéra, la radio et la télévision, Gerard McBurney
                                                                                                                                                   est conseiller artistique du Chicago Symphony Orchestra entre 2006 et 2016. Dans ce cadre, il créé
                                                                                                                                                     notamment une mise en espace de Pelléas et Mélisande de Debussy et de L’Enfant et les sortilèges
     Daniel Harding / Direction musicale                                                                                                             de Ravel sous la direction du chef finlandais Esa-Pekka Salonen. Durant ces dix ans au sein du
                    Né à Oxford, Daniel Harding fait ses débuts en 1994 en tant qu’assistant de Sir Simon Rattle à la tête                           CSO, il dirige également la série multimédia Beyond the Score® qui explore les chefs-d’œuvre
                        de l’Orchestre symphonique de la ville de Birmingham. Il occupe ensuite le même poste auprès                                 orchestraux et dont la mise en ligne remporte un succès important. Au théâtre, il collabore
                          de Claudio Abbado et de l’Orchestre philharmonique de Berlin, ensemble qu’il dirige pour la                              régulièrement avec la compagnie Complicite fondée par son frère Simon McBurney, ainsi qu’avec
                           première fois en 1996 dans le cadre du Festival de Berlin. En 2002, il reçoit le titre de Chevalier                 le National Theater ou encore le Lyric Hammersmith. Auteur d’une centaine de programmes pour
                           dans l’Ordre des Arts et des Lettres et devient membre de la Royal Swedish Academy of Music.          la BBC Radio 3, dont plusieurs épisodes de la série Discovering Music, il participe à l’élaboration de plus de vingt
                          Nouveau directeur musical de l’Orchestre de Paris depuis cette saison, il est actuellement             documentaires pour la télévision. Il est également connu pour avoir retrouvé et complété des pièces perdues ou
                         directeur musical de l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise. Depuis de nombreuses                 oubliées de Chostakovitch, notamment son opéra satirique inachevé, Orango. Parmi ses propres compositions,
                      années, il collabore régulièrement avec le Mahler Chamber Orchestra, dont il est nommé « Conductor         on peut citer Desire, créé par le Birmingham Contemporary Music Group en 1997, Letter to Paradise, donné en
     Laureate » à vie en 2011. Sa carrière le mène à diriger les plus grands orchestres du monde, dont l’Orchestre royal         première mondiale aux BBC Proms de Londres en 1998, et Cherry Cottage 1782, créé au Berkshire Festival en 2013.
     du Concertgebouw, l’Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise et l’Orchestre de l’âge des Lumières en            Récemment, il collabore avec le Barbican Center de Londres, le Lincoln Center de New York, le Festival de Lucerne
     Europe, le Nouvel Orchestre philharmonique du Japon en Asie ou encore l’Orchestre philharmonique de New York,               et le Manchester International Festival ainsi qu’avec plusieurs ensembles dont les orchestres philharmoniques de
     l’Orchestre symphonique de Chicago et l’Orchestre philharmonique de Los Angeles aux États-Unis.Très actif dans              Los Angeles et de New York, le Hallé Orchestra et l’Orchestre de Philadelphie.Partenaire privilégié du Cincinnati
     le monde lyrique, il ouvre en 2005 la saison à la Scala de Milan en dirigeant une nouvelle production d’Idoménée de         May Festival, il y dirige deux projets cette année: Le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn et The Dream of Gerontius
     Mozart. Il collabore dès lors régulièrement avec cette maison d’opéra où il dirige notamment Salomé de Strauss en 2007      d’Elgar. Prochainement, il mettra en scène The Genesis Suite avec Sir Simon Rattle et le London Symphony Orchestra
     et Le Château de Barbe-Bleue de Bartók en 2008. Il se produit également au Festival de Salzbourg pour Ariane à Naxos de     et élaborera plusieurs nouveaux projets pour l’Orchestre symphonique de San Diego.
     Strauss, au Covent Garden de Londres pour Le Tour d’écrou de Britten et au Theater an der Wien pour Wozzeck de Berg.
     Durant la saison 2012-2013, il fait ses débuts au Deutsche Staatsoper de Berlin ainsi qu’au Staatsoper de Vienne avec       Michael Levine / Décors
     Le Vaisseau fantôme de Wagner. Régulièrement invité au Festival d’Aix-en-Provence, il y dirige plusieurs nouvelles                        D’origine canadienne, Michael Levine étudie au Central St. Martin’s School of Art and Design de Londres
     productions, dont Così fan tutte et Don Giovanni de Mozart, La Traviata de Verdi et Eugène Onéguine de Tchaïkovski.                           et travaille en tant que scénographe et costumier depuis plus de trente ans pour le théâtre et l’opéra.
     Parmi ses nombreux enregistrements, on peut citer la Symphonie fantastique de Berlioz et la suite d’Hippolyte et Aricie                         Régulièrement primé, il reçoit notamment un Gemini Award, un Toronto Art Award, deux Dora
     de Rameau avec l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise chez Harmonia Mundi, ainsi que la Symphonie n° 10 de                                 Awards et le Prix du Festival international d’Édimbourg. Ses décors sont visibles sur les plus
     Mahler avec l’Orchestre philharmonique de Vienne chez Deutsche Grammophon.                                                                       grandes scènes du monde, telles que eLa Scala de Milan, le Staastoper de Vienne et le Covent
                                                                                                                                                     Garden de Londres pour l’Europe, l’Opéra Nomori de Tokyo pour l’Asie, ainsi que le Metropolitan
     Simon McBurney / Mise en scène                                                                                                                Opera de New York, l’Opéra de San Francisco et les théâtres de Broadway pour les États-Unis. Dans
                     L’auteur, réalisateur et acteur britannique Simon McBurney compte aujourd’hui parmi les personnalités                      son pays d’origine, il est notamment engagé par le Festival Shaw, le Ballet national du Canada et par la
                         les plus marquantes du théâtre en Europe. Nommé aux Tony et Screen Actors Guild Awards, il              Compagnie nationale d’opéra du Canada. Au théâtre, il collabore principalement avec la compagnie Complicite pour
                            remporte entre autres le Laurence Olivier Award en 1998. Son travail, allant d’installations à       des créations originales, dont A Disappearing Number, The Elephant Vanishes, Mnemonic et The Encounter. Cette dernière
                             la réinvention de textes classiques à Broadway, échappe à toute catégorisation, tout en étant       pièce est récompensée par le Laurence Olivier Award de la « Meilleure nouvelle pièce » et par l’Evening Standard
                             toujours intimement lié à la musique. Avec son frère, Gerard McBurney, et la compagnie théâtrale    Award dans la catégorie « Meilleure pièce ». Parmi les nombreuses productions lyriques pour lesquelles il conçoit des
                            Complicite, il crée plusieurs spectacles dont Strange Poetry avec l’Orchestre philharmonique de      décors, on peut citer Wozzeck de Berg à l’Opéra de Zurich, Tannhauser de Wagner au Covent Garden de Londres, La Flûte
                          Los Angeles représenté au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles et The Noise of Time aux côtés       enchantée de Mozart au Festival d’Aix-en-Provence, Le Viol de Lucrèce de Britten au Festival de Glyndebourne ou encore
                       de l’Emerson String Quartet. Co-fondateur de Complicite, il produit de nombreux spectacles avec           Elektra de Strauss à l’Opéra national de Paris. En 2006, il se charge à la fois des décors et de la mise en scène du premier
     cette compagnie considérée comme l’une des plus innovantes en Grande Bretagne, dont The Encounter d’après le                volet du Ring de Wagner à l’Opéra national du Canada.
     livre Amazon Beaming de Petru Popescu, spectacle dans lequel il se produit ; La Pitié dangereuse basé sur le roman
     éponyme de Stefan Zweig ; Le Maître et Marguerite adapté du roman de Mikhaïl Boulgakov ; Shun-kin inspiré par des           Christina Cunningham / Costumes
     textes de Jun’ichiro Tanizaki, ou encore L’Éléphant s’évapore d’après le recueil de nouvelles de Haruki Murakami. Il met    La costumière britannique Christina Cunningham travaille autant pour le théâtre et l’opéra que pour la danse.
     également en scène The Kid Stays in the Picture de Robert Evans ; All My Sons d’Arthur Miller à Broadway, ainsi que The     Collaboratrice régulière de la compagnie Complicite fondée par Simon McBurney, elle conçoit notamment les
     Resistible Rise of Arturo Ui avec Al Pacino à New York. Acteur prolifique au cinéma, à la télévision comme à la radio, il   costumes d’un de leurs derniers spectacles, A Pacifist’s Guide to the War on Cancer. Elle participe à de nombreuses
     apparaît dans plusieurs films notoires, tels qu’Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh, Magie au clair de lune   productions théâtrales en Angleterre et aux États-Unis, dont The Resistible Rise of Arturo Ui pour le National Actors
     de Woody Allen, Conjuring 2 de James Wan et Allied de Robert Zemeckis. À l’opéra, il met en scène La Flûte enchantée        Theatre de New York en 2002, Chimerica pour l’Almeida Theatre de Londres en 2013, The Nether pour le Royal Court
     de Mozart et A Dog’s Heart d’Alexander Raskatov, deux co-productions de l’Opéra national des Pays-Bas et de l’English       Theater de Londres en 2014 et As You Like It pour le National Theatre de Londres en 2015. Dans le monde de la danse,
     National Opera ainsi que du Festival d’Aix pour La Flûte en collaboration avec Complicite.                                  elle collabore avec DV8 pour Just for Show en 2004, la Compagnie Shobana Jeyasingh pour Just Add Water en 2009, et
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