THINK ACT - Pour un vrai choix stratégique d'investissement public dans les territoires

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THINK ACT - Pour un vrai choix stratégique d'investissement public dans les territoires
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                                                  Octobre 2015

Pour un vrai choix stratégique
d’investissement public
dans les territoires
Trois scénarios de contribution des territoires
à la croissance française
THINK ACT - Pour un vrai choix stratégique d'investissement public dans les territoires
2 THINK ACT
  Investissement public dans les territoires                      P LU S
                                                             Cartog

                                                3
                                                                    r
                                                            la répa aphie de
                                                                   rtit
                                                 THE BIG     compé ion des
                                                                    tences
                                                                 P.25

                                                 64%
       c’est le poids cumulé des 5 premières nouvelles régions
           dans le PIB français – contre 71% en Allemagne.
                                                  Page 12

                                                 57%
      des emplois créés entre 2008 et 2012 en France l’ont été
       dans les 4 aires métropolitaines : la France se polarise.
                                                  Page 13

                                               1,1 POINT
        de pib annuel, soit 242 Mds Eur entre 2015 et 2025,
     c’est l’impact potentiel d’une stratégie de focalisation des
      investissements publics sur les principales métropoles.
                                                  Page 22
THINK ACT 3
                                                                               Investissement public dans les territoires

La réforme territoriale
en cours répond-elle
aux enjeux de l’économie
française ?
La question mérite d’être posée, tant les collectivités         Si la réforme permet des avancées institutionnelles et
sont un contributeur à la croissance. Elles portent à           de gouvernance notables, elle ne répond que partielle-
elles seules 221 milliards d’euros de dépenses, dont 58         ment aux enjeux économiques. En effet, l’économie
milliards d’euros d’investissement, soit les deux tiers         française se polarise. L’emploi et les richesses tendent
de l’investissement public. Ces flux d’investissement           à se concentrer dans quelques zones dynamiques, plus
produisent d’importants effets d’entraînement,                  que par le passé. Or, le modèle territorial français,
puisqu’une grande partie est orientée vers la construc-         même après la réforme, ne sera pas adapté à cette nou-
tion de bâtiments et d’infrastructures. Dans les terri-         velle donne.
toires les moins dynamiques économiquement, les
dépenses des collectivités représentent, encore plus            Une réflexion ambitieuse s’impose donc concernant
qu’ailleurs, un facteur structurant en termes de créa-          l’orientation des investissements publics dans les ter-
tions d’emplois et d’activité.                                  ritoires. Plusieurs scénarios sont à cet égard possibles.
    Or, dans un contexte de crise des dépenses pu-              L’un d’entre eux – plutôt iconoclaste – permet de ren-
bliques, les collectivités locales sont confrontées à une       forcer la croissance potentielle de la France à moyen et
mise sous pression de leurs capacités financières, alors        long terme en concertant davantage qu’aujourd’hui, et
que le système territorial français reste particulière-         à rebours d’une logique de péréquation, l’effort public
ment stratifié et sous-critique par rapport aux stan-           en direction d’un nombre restreint de « locomotives »
dards européens.                                                métropolitaines.
    La réforme territoriale engagée par le gouverne-
ment a voulu apporter des réponses : faire émerger des
ensembles de plus grande taille (régions et métro-
poles) aux compétences claires et à la capacité d’action
renforcée. Au-delà de l’angle politique et administratif,
l’enjeu est donc celui du renforcement de la contribu-
tion des territoires au moteur économique hexagonal,
en termes de volumes d’investissement, d’orientation
et de ventilation territoriale de ceux-ci. Et, in fine, d’im-
pact sur le PIB.
4 THINK ACT
  Investissement public dans les territoires

  Un modèle territorial
  français sous pression.
  Le modèle territorial français est aujourd’hui sous         néanmoins, comme le révèle le dernier rapport de la
  pression. Particulièrement complexe et stratifié, il est    Cour des Comptes, un sérieux coup d’arrêt depuis 2014.
  depuis quelques années confronté à une probléma-                 Inadéquation entre les dépenses et les recettes : le
  tique de financement, du fait d’un accroissement des        bloc communal (intercommunalités et communes)
  transferts des missions de l’Etat vers les collectivités.   perçoit la majorité des recettes, via les impôts locaux,
  Parallèlement, alors que les projets et les politiques à    alors même que les postes de dépenses les plus dyna-
  mener sont de plus en plus complexes, les collectivités     miques – l’action sociale, l’enseignement, le transport
  territoriales peinent à accéder aux compétences adé-        – relèvent des régions et des départements.
  quates, ce qui limite leur capacité de réponse aux en-           Réduction programmée de la dotation générale de
  jeux auxquels elles sont confrontées.                       fonctionnement (DGF) attribuée aux communes par
                                                              l’Etat : la diminution de 1,5 milliards d’euros décidée
  UN MODÈLE COMPLEXE ET STRATIFIÉ                             pour 2014 – et compensée par l’augmentation de la fis-
  L’organisation territoriale de la France est complexe et    calité transférée – sera poursuivie par une réduction de
  difficilement lisible en comparaison de celle de ses voi-   11 milliards d’euros entre 2015 et 2017, soit 3,67 mil-
  sins. Les collectivités françaises sont très nombreuses,    liards par an, répartis au prorata des ressources totales
  représentant 41% des collectivités européennes. A           de chaque collectivité.
  Cette complexité se retrouve au niveau de la structure           La dégradation de la situation financière des collec-
  des dépenses des administrations publiques locales          tivités territoriales est d’autant plus problématique que
  (APUL), qui représentent pas moins de 21% de la dé-         celles-ci sont – de longue date et encore aujourd’hui –
  pense des administrations en 2013, avec 220 milliards       un acteur majeur de l’investissement public en France,
  d’euros de dépenses, dont 60% correspondent aux dé-         en représentant plus des deux tiers.
  penses de fonctionnement, 13% aux dépenses sociales              L’investissement public local concerne en outre des
  et 26% aux dépenses d’investissement (hors service de       secteurs stratégiques, tels que la construction ou les
  la dette). Au sein de cet ensemble les communes             infrastructures, mais également – et de plus en plus –
  comptent pour 43% (plus 13% pour les intercommu-            des domaines clés en matière de cohésion sociale et de
  nalités, les départements 32% et les régions 12%). B        préparation de l’avenir (éducation, santé, recherche).
                                                              A cet égard, la diminution de leur capacité d’investisse-
  UNE MISE SOUS PRESSION FINANCIÈRE                           ment fait peser un risque sur le modèle économique et
  Les budgets des collectivités locales sont sous pres-       social français.
  sion. Le taux d’endettement des collectivités locales est
  en hausse depuis 2006, sous l’effet combiné de la           DES MISSIONS DE PLUS EN PLUS COMPLEXES
  hausse des dépenses et de la baisse de recettes :           Depuis les années 1980, la réorganisation du modèle
      Hausse des dépenses d’investissements dans les com-     territorial français se traduit par le transfert progressif
  munes et les régions, hausse des charges de fonction-       de missions de l’Etat vers les collectivités. Mais les
  nement dans les EPCI, et hausse des dépenses sociales       marges de manœuvre pour poursuivre cette dyna-
  (principalement dans les départements) qui a connu          mique paraissent aujourd’hui étroites.
THINK ACT 5
                                                                  Investissement public dans les territoires

A
COMPLEXITÉ
L’organisation territoriale de la France est complexe
et difficilement lisible en comparaison de ses voisins
STRATES DES COLLECTIVITÉS        # COMMUNES EN FRANCE ET DANS D’AUTRES PAYS EUROPÉENS
LOCALES FRANÇAISES
                                      36 658

36 658
communes

13 400
syndicats de communes

2 133
                                                  11 250

                                                                 ~8 000        ~8 000
EPCI à fiscalité propre

                                                                                                  589

101
départements
                                      France     Allemagne        Italie       Espagne          Belgique

22                               41%
                                 Collectivités
                                                                PART DES
                                                             COLLECTIVITÉS
                                                                                         59%
                                                                                         Collectivités
régions métropolitaines          françaises                FRANÇAISES DANS               des autres
                                                                                         pays européens
                                                              L’ENSEMBLE
                                                           DES COLLECTIVITÉS
                                                              DES 28 PAYS
                                                              EUROPÉENS

Source : presse, Roland Berger
6 THINK ACT
  Investissement public dans les territoires

   B
   RÉPARTITION DES DÉPENSES PUBLIQUES LOCALES [Mds Eur ; % ; 2013]

            1 200                                       221 1)                                    221
                21% Administrations                         12% Régions                                 14% Achats et
                    publiques locales                                                                       charges externes
                                                            32% Départements                            26% Frais de personnel
                  32% Administration
                      centrale

                                                                                                        30% Dépenses d’intervention
                                                            13% Intercommunalités
                  47% Administrations
                      sociales                              43% Communes

                                                                                                        6% Subventions d’équipement
                                                                                                        20% Dépenses d’équipement

                                                                                                        4%    Autres
  1) Organismes divers à compétences spécialisées sur le territoire d’une commune ou d’un département et des chambres consulaires et hors remboursement
  de dettes liées aux dépenses d”investissements
  Source : Cour des comptes, Observatoire des finances publiques, Roland Berger

  Outre la pression qui pèse sur les finances publiques                         matière de logement, de transport, de gestion des es-
  locales, la plupart des collectivités ne dispose que d’un                     paces naturels…) impliquent des investissements sup-
  nombre restreint d’agents, et d’un personnel d’enca-                          plémentaires. De même que la prise en compte du
  drement limité. En dépit de la montée en compétences                          vieillissement de la population (transport, mobilier
  de leur personnel ces dernières années, seuls 9% de                           urbain, services de proximité…). Dans un contexte de
  leurs agents appartiennent à la catégorie A. Et si les                        contraintes budgétaires accrues, ces évolutions se tra-
  effectifs ont cru de 25% entre 2004 et 2014, l’âge moyen                      duisent également par un besoin de montages finan-
  des titulaires est de 45 ans et 36% ont plus de 50 ans,                       ciers plus complexes.
  ce qui préfigure un besoin de renouvellement impor-
  tant à moyen terme.                                                           Parallèlement, les collectivités font face à une diminu-
                                                                                tion de l’accès à l’expertise publique. Depuis le 1er jan-
  Or, les sujets à traiter par les collectivités territoriales                  vier 2012, les fonctions d’ingénierie technique ne sont
  sont de plus en plus divers et complexes, en raison de                        plus prises en charge par l’Etat. La loi dite « MURCEF »
  l’accroissement tendanciel de leurs compétences au                            du 11 décembre 2001 limite l’assistance technique
  cours des dernières décennies. A cela s’ajoutent des                          (AMO et maîtrise d’œuvre) à quelques cas dérogatoires.
  évolutions à la fois technologiques (la transition numé-                      Cette disparition de l’assistance technique publique
  rique), réglementaires (le développement de nouvelles                         n’a pas fait l’objet d’une compensation financière.
  normes environnementales), ou sociétales (le vieillis-                            C’est pour remédier aux principales faiblesses du
  sement), qui modifient aussi bien la nature des projets                       modèle territorial français que le gouvernement a en-
  à mener que les modes d’intervention à déployer.                              gagé début 2014 une importante réforme territoriale.
      Le développement des Smart cities et des Smart grids                      Mais, au regard des enjeux auxquels sont confrontés
  transforme en profondeur les besoins en matière d’ingé-                       les territoires, elle ne répond qu’en partie aux ten-
  nierie de construction et d’aménagement (intégration                          dances profondes que connaît l’économie française, et
  d’enjeux liés aux systèmes d’information). Les exigences                      en particulier à la dynamique de polarisation territo-
  en matières de rénovation et de mise à niveau des équi-                       riale qui tend à concentrer la création de richesses au-
  pements, ainsi que tous les enjeux de durabilité (en                          tour des grandes métropoles.
THINK ACT 7
                                                                             Investissement public dans les territoires

La réforme territoriale :
une réponse à compléter
face aux transformations
de l’économie française.
UNE RÉFORME COMPLEXE, AUX OBJECTIFS                          tariat d’Etat à la réforme territoriale), en limitant le
AMBITIEUX                                                    nombre d’organismes de développement économique
La réforme territoriale lancée par le gouvernement           (75 par région en moyenne) et en fusionnant certaines
Ayrault début 2014 poursuivait quatres objectifs com-        structures régionales et départementales.
plémentaires :
    La clarification des compétences, par la réduction       Pour répondre à ces objectifs, la réforme territoriale a
des strates administratives et la clarification de l’exer-   été déclinée en trois lois : la loi de Modernisation de
cice des compétences aux différents niveaux, afin de le      l’action publique territoriale et d’affirmation des mé-
rendre plus lisible pour les citoyens et élus locaux.        tropoles (Maptam) de janvier 2014, qui créé notam-
    Le renforcement de la compétitivité des régions, à       ment le nouveau statut des métropoles ; la loi relative
travers l’accroissement de leur taille – permettant de       à la délimitation des régions adoptée en décembre
bénéficier d’écosystèmes plus larges propres à favoriser     2014, qui redessine la carte des régions françaises ;
l’investissement et la croissance – et le développement      la loi Nouvelle Organisation Territoriale de la Répu-
de compétences nécessaires pour devenir des moteurs          blique (NOTRe) approuvée par l’Assemblée le 10 mars
du développement économique (soutien aux filières in-        2015, qui vise à clarifier les compétences des différents
dustrielles, aides aux entreprises, infrastructures).        niveaux de collectivités. C
    La mutualisation des moyens communaux, à tra-
vers la montée en puissance des intercommunalités            1. LA LOI MAPTAM :
(en atteignant des regroupements d’au moins 20 000           CLARIFICATION DES COMPÉTENCES
habitants), ces nouvelles intercommunalités devenant         ET RENFORCEMENT DES MÉTROPOLES
l’échelon de l’action publique de proximité. Cet objec-      Un certain nombre de dispositions de la loi Maptam
tif se double de celui de continuer d’assurer les ser-       vise à clarifier les responsabilités des collectivités lo-
vices de proximité, en soutenant les 86% de communes         cales, d’abord à travers une évolution de la gouver-
de moins de 2 000 habitants de France dans la gestion        nance. Une Conférence territoriale de l’action pu-
des services de la vie quotidienne.                          blique est ainsi constituée dans chaque région afin de
    La réalisation d’économies budgétaires, en rédui-        « favoriser un exercice concerté des compétences des
sant les flux croisés de financement entre collectivités     collectivités territoriales ». Cette instance rassemble le
(qui s’élèveraient à 5,7 milliards d’euros selon le secré-   président du Conseil régional, les présidents des
8 THINK ACT
  Investissement public dans les territoires

  Conseils départementaux, des représentants des inter-      2. LA LOI RELATIVE À LA DÉLIMITATION
  communalités et des communes, qui doivent débattre         DES RÉGIONS ET LA REFONTE DE LA CARTE
  d’un pacte de gouvernance territoriale.                    RÉGIONALE
      La clarification des compétences et de leurs condi-    Point phare de la réforme territoriale, la création de 13
  tions d’exercice est ensuite prévue par l’institution de   grandes régions est prévue par la loi relative à la déli-
  chefs de file. Aux Régions le développement écono-         mitation des régions. D
  mique, le soutien à l’innovation, les aides aux entre-         Rassemblant des zones géographiques très hétéro-
  prises, le développement de l’intermodalité, l’aména-      gènes, cette loi accroît sensiblement la taille des ré-
  gement et développement durable. Aux départements          gions françaises, en faisant passer leur nombre de 22 à
  l’action sociale, ce qui relève de l’autonomie des per-    13. Parallèlement, les lois Maptam et NOTRe prévoient
  sonnes et de la solidarité des territoires. Le bloc com-   l’accroissement de leurs compétences, notamment sur
  munal est chef de file pour l’organisation des services    le plan économique : monopole des décisions d’inter-
  publics de proximité, l’aménagement de l’espace, la        vention économique dans leur territoire, de l’octroi des
  mobilité durable et la qualité de l’air.                   aides directes aux entreprises, instigation d’un schéma
      Enfin et surtout, la loi Maptam créé un nouveau        régional prescriptif de développement économique,
  statut des métropoles. Les métropoles de Paris, Lyon,      d’innovation et d’internationalisation.
  et Aix-Marseille-Provence sont dotées d’un régime spé-
  cifique, tandis que les critères suivants sont précisés    3. LA LOI NOTRe ET LA CLARIFICATION DES
  pour qu’un EPCI soit transformé en métropole : avoir       ATTRIBUTIONS
  une fiscalité propre, former un ensemble de plus de        Complétant les dispositions de la loi Maptam, la loi
  400 000 habitants, être situé dans une aire urbaine de     NOTRe vise à clarifier les attributions des différentes
  plus de 650 000 habitants, et avoir la possibilité de se   types de collectivités locales. Elle supprime la clause de
  voir transférer l’exercice de certaines compétences du     compétence générale pour les départements et les ré-
  département ou de la région.                               gions, et maintient les communes comme échelon de
      D’ici janvier 2016, 14 métropoles seront ainsi         base de la République. Elle prévoit la montée en puis-
  créées, dont certaines se révèleront sans doute très       sance des intercommunalités (en fixant le seuil de 20
  complexes à gérer. En effet, 124 communes sont re-         000 habitants pour la création d’un EPCI) qui doivent
  groupées dans le Grand Paris, 93 à Aix-Marseille-Pro-      assurer les services de proximité auprès des communes.
  vence et 71 à Rouen. Et si les communautés urbaines        Les départements verront leur champ d’action recentré
  de Lille, Strasbourg, Lyon et Bordeaux ont été insti-      sur les compétences relatives aux solidarités sociales et
  tuées à la fin des années 1960 et bénéficient donc d’une   territoriales, et les régions disposeront de nouvelles
  longue expérience de gestion, celles de Toulouse ou de     prérogatives en matière de développement écono-
  Nice ne datent que de la fin des années 2000.              mique, de transport et d’aménagement du territoire.

  La loi Maptam prévoit la possibilité du transfert d’une    DES RÉPONSES PARTIELLES,
  proportion significative de compétences aux métro-         QUI LAISSENT LE MODÈLE TERRITORIAL
  poles. Par exemple, pour les communes, ce qui relève       FRANÇAIS AU MILIEU DU GUÉ
  de l’aménagement de l’espace métropolitain, la poli-       En dépit d’avancées significatives qui vont incontesta-
  tique locale de l’habitat (PLH), la politique du loge-     blement dans le bon sens, les transformations opérées
  ment, ou la politique de la ville. Concernant les compé-   par ces réformes laissent le modèle territorial français
  tences départementales, la métropole peut, par             au milieu du gué. D’abord car la simplification des ni-
  convention passée avec le département, prendre en          veaux des compétences entre collectivités – et des coûts
  charge l’attribution des aides au titres du fonds de so-   afférents – n’est pas encore pleinement clarifiée. Mal-
  lidarité pour le logement, ou encore la gestion des        gré les évolutions apportées par les lois Maptam et
  routes. Elles pourront également exercer des compé-        NOTRe, les lignes de partage demeurent encore com-
  tences de gestion de lycées ou de développement éco-       plexes notamment concernant l’éducation (gestion des
  nomique dévolues aux Régions.                              collèges dévolue aux départements, gestion des lycées
                                                             aux régions) ou encore les transports. ANNEXES
THINK ACT 9
                                                                                                           Investissement public dans les territoires

C
IMPLICATIONS DE LA RÉFORME TERRITORIALE
La Réforme territoriale comprend 3 volets dont le déploiement courra jusqu’en 2020

                       VOLET 1                                           VOLET 2                                          VOLET 3
                       CRÉATION DU NOUVEAU                               CARTE RÉGIONALE                                  CLARIFICATION
                       STATUT DE MÉTROPOLES                              Loi relative à la délimitation                   DES COMPÉTENCES
                       Loi Maptam 1)                                     des régions 2)                                   Loi NOTRe 3)

                       16 décembre 2010
                       Création du statut de métropole
                       1er janvier 2012
                       Création de la métropole Nice
                       Côte-d’Azur
                      Janvier 2014                                       15 décembre 2014
                      Loi de Modernisation de l’action                   Adoption par le Sénat de la carte à
                      publique territoriale et                           13 régions
                      d’affirmation des métropoles
                      (MAPTAM)
                      →→ Création d’un nouveau statut
                         pour les métropoles afin de
                         clarifier l’exercice des
                         compétences au niveau local
                      →→ Renforcement des compétences
                         des intercommunalités
                       1er janvier 2015                                                                                   10 mars 2015
                       Création des métropoles de Rennes,                                                                 Approbation par l’Assemblée du
                       Bordeaux, Toulouse, Nantes, Brest,                                                                 projet de loi NOTRe (Nouvelle
                       Lille, Rouen, Grenoble, Strasbourg,                                                                Organisation Territoriale de la
                       Montpellier et Lyon. Cette dernière               Avant fin 2015                                   République), visant à clarifier les
                       étant une collectivité territoriale à             Elections régionales avec la                     compétences des différents
                       part entière disposant d’un statut                nouvelle carte de France                         échelons territoriaux (régions,
                       particulier                                                                                        départements, intercommunalités,
                                                                                                                          communes)
                       1er janvier 2016                                  Janvier 2016
                       Création des métropoles du Grand                  Passage de 22 régions                            22 et 29 mars 2015
                       Paris et d’Aix-Marseille-Provence                 à 13 régions                                     Elections départementales
                                                                         2016 - 2019
                                                                         Possibilité pour les départements                1er janvier 2017
                                                                         de changer de région                             Relèvement du seuil
                                                                         (« droit d’option »)                             d’intercommunalité de 5 000
                                                                                                                          à 20 000 habitants
                                                                                                                          Janvier 2017
                                                                                                                          Réforme des sous-préfectures par
                                                                                                                          la création de maisons de l’Etat
                                                                                                                          regroupant les services
                                                                                                                          administratifs et assurant une
                                                                                                                          présence sur le territoire
                                                                                                                          Janvier 2020
                                                                                                                          Mise en place de Conseils
                                                                                                                          départementaux
1) Loi Maptam : Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles
2) Loi relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral
3) Loi NOTRe : Loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République
Source : gouvernement.fr, presse, Roland Berger
10 THINK ACT
   Investissement public dans les territoires

    D
    CRÉATION DE 13 GRANDES RÉGIONS
    GÉOGRAPHIQUES
   HORS DROM ET COM

                                                                             Nord-          Métropole européenne        85         1,2
                                                                            Pas-de-         de Lille
                                                                             Calais

                                                     71     0,5

                                                             Rouen-
                                                                                        1
                                                            Normandie            Picardie

                                       2                                                                              3
                                                           Haute-
      8     0,2                                           Normandie
                                             Basse-                       Grand
                                                                           Paris      124     6,7
                                            Normandie                                                                                               Eurométropole
          Brest                                                             Ile-de-France         Champagne-             Lorraine                   Strasbourg
                              Rennes                                                               Ardennes                              Alsace
                  Bretagne                                                                                                                           28     0,5
                                       43      0,4

                                         Pays

                                                                                                    4
                                       de la Loire
                                                                       Centre                                           Franche-
                  24   0,6        Nantes
                                                                                                                         Comté
                                                                                                  Bourgogne

                                              Poitou-
                                             Charentes

                                                          5        Limousin
                                                                                      Auvergne
                                                                                                    6
                                                                                                                Grand Lyon
                                                                                                               Rhône-Alpes
                                                                                                                                    59        1,3

                                                                                                     Grenoble-Alpes            49           0,4
                         28      0,7          Bordeaux

                                            Aquitaine

                                                                                              Languedoc-
                                                                                               Roussillon

                                                                                      7
                                                               Midi-Pyrenées                                          Provence-Alpes
                                                                                                                       -Côte d’Azur                 Nice
                                                                                                                                                    Côte d’Azur
                                                          Toulouse                    Montpellier Méditerranée
                                                                                                                                                    49     0,5
                                                                  37      0,7                31       0,4     Aix-Marseille-Provence

                                                                                                                   93        1,8

                                                                                                                                          Corse

          Nombre de communes                  Nombre d’habitants (en milllions)

      Métropole créée le 01/01/2015             Métropole créée le 01/01/2016                       Métropole déjà créée
THINK ACT 11
                                                                                                     Investissement public dans les territoires

NOUVELLES RÉGIONS ET PIB PAR HABITANT DES ANCIENNES RÉGIONS [k Eur ; 2011]

7 RÉGIONS                                              +11%                                    +8%                           +19%
sont créées au travers
de la fusion de 16 régions                                                                                            29         28
                                                               27                         25
                                                  24                                                 23                                     24

                                                 Basse-    Haute-                        Nord- Picardie              Alsace Champ.- Lorraine
                                                 Norm.     Norm.                      Pas-de-Calais                         Ardennes

                                                          1                                     2                               3
              +5%                                +17%                                          +24%                             +14%

                                                                                                      31
                                           27                                                                                          27
         26                                                         25                    25
                    24                                    23                                                               24

     Bourgogne     Fr.-                 Aquitaine Limousin Poitou-                      Auvergne Rhône-               Languedoc- Midi-
                  Comté                                   Charentes                               Alpes                Roussillon Pyrenées

              4                                        5                                        6                               7
6 RÉGIONS                                        51

restent inchangées

                                                               29        27      26        25         25

                                             Ile-de-       PACA      Pays de    Centre Bretagne      Corse
                                             France                  la Loire

Source : INSEE, gouvernement.fr, Roland Berger
12 THINK ACT
   Investissement public dans les territoires

   Plus fondamentalement, cette réforme n’aura qu’un
   effet limité en termes d’optimisation des dépenses des
                                                                E
   collectivités locales, alors que les économies budgé-        PIB DES 5 PLUS GRANDES RÉGIONS EN FRANCE,
   taires en étaient initialement un objectif central.          ALLEMAGNE ET ITALIE [Mds Eur courants ; 2011]
       En effet les dépenses de personnel des régions –
   dont le nombre diminue – demeurent faibles au regard         FRANCE
   des autres collectivités. La création des grandes régions    AVANT LA RÉFORME
   n’aura à cet égard qu’un impact minime. Par ailleurs la
                                                                      601            Nombre de régions :
   réforme ne permettra pas de diminuer significative-                               22 en France métropolitaines
   ment les postes qui sont aujourd’hui les plus lourds.                             Poids cumulé des 5 premières régions :
       Ainsi les dépenses des communes liées aux achats et                           1 038 Mds – 57% du PIB
   aux frais de personnel représentent en 2013 52,5 mil-                            194                                       Ø 227
                                                                                                   141
   liards d’euros soit 32% des frais globaux de fonctionne-                                                 102         99
   ment. Leurs dépenses d’équipement représentent 24,9
   milliards d’euros soit 42% des frais d’investissement.           Ile-de-       Rhône-         PACA       Nord     Pays de
   On peut attendre que la montée en puissance des EPCI             France         Alpes                  -Pas-de-   la Loire
                                                                                                           Calais
   permette d’en rationaliser l’utilisation, mais seulement     APRÈS LA RÉFORME
   à la marge. De même, les dépenses sociales, portées à                                                                  PIB
                                                                      601            Nombre de régions :                +22%
   97% par les départements, ne seront pas affectées.                                13 en France métropolitaines
       Enfin et surtout, le poids économique des régions                             Poids cumulé des 5 premières régions :
   françaises restera sous-critique – à l’exception de l’Ile                         1 267 Mds – 63% du PIB
   de France – comparé aux régions de nos voisins. Avant                            227                                       Ø 254
   la réforme, le poids cumulé des 5 premières régions                                             150      147        146
   françaises était de 1 137 milliards d’euros, soit 57% du
   PIB. Après réforme il sera de 1 271 milliards d’euros et
                                                                    Ile-de-     Auvergne/ Aquitaine,        Nord Champagne
   représentera 64% du PIB, soit une hausse de 22%.                 France       Rhône-   Limousin        -Pas-de- -Ardennes /
   Mais, par comparaison, le poids cumulé des 5 premiers                          Alpes   et Poitou-       Calais,  Lorraine /
                                                                                          Charentes       Picardie   Alsace
   Länders allemands est de 1 874 milliards d’euros, soit
   72% du PIB allemand. E                                       ALLEMAGNE
                                                                                     Nombre de länders : 16
   Les nouveaux ensembles présentent en outre un ni-                                 Poids cumulé des 5 premières régions :
                                                                     576             1 874 Mds – 72% du PIB
   veau d’hétérogénéité considérable. Ainsi, le différen-
                                                                                    459
   tiel de PIB par habitant entre l’Auvergne et Rhône-Alpes                                        385                        Ø 375
   est de 24%, celui qui sépare l’Alsace et la Lorraine de
   19%. La constitution de stratégies de développement                                                      228        226
   économiques cohérentes pour chacun de ces nouvelles
   collectivités représente un véritable défi. C’est d’autant
   plus vrai que le contexte dans lequel s’inscrira l’action     Nordrhein-       Bayern      Baden-    Hessen       Nieder-
   des futurs exécutifs régionaux relativise la pertinence       Westfalen                  Württemberg              sachsen
   des schémas traditionnels d’aménagement, en particu-
                                                                ITALIE               Nombre de régions : 20
   lier du fait de la tendance lourde à la polarisation du                           Poids cumulé des 5 premières régions :
   territoire et à l’épuisement des effets d’entraînement                            927 Mds – 59% du PIB
                                                                     337
   économiques traditionnels.
                                                                                    172                                       Ø 186
                                                                                                   150      143        126

                                                                  Lombardia        Lazio         Veneto     Emilia Piemonte
                                                                                                          -Romagna
                                                                Source : Eurostat, Insee, Roland Berger
THINK ACT 13
                                                                            Investissement public dans les territoires

Repenser en profondeur
l’investissement public
dans les territoires, au
service de la croissance.
L’économie française se polarise. L’emploi et les ri-       marchand pour maintenir leur niveau de revenu. Les
chesses tendent à se concentrer dans les métropoles.        disparités entre zones géographiques se sont, par
Or, le modèle territorial français est largement inadapté   conséquent, creusées – et ce malgré un effort constant
à cette nouvelle donne, et la réforme n’a pas permis de     de péréquation par l’Etat et les Collectivités. F
traiter cet enjeu adéquatement. Avec trop peu de                 L’analyse des dynamiques de création d’emplois
clusters de niveau mondial ou européen, les territoires     entre 2008 et 2012 illustre bien le phénomène de pola-
français ne bénéficient pas des effets d’entraînement       risation des territoires. Si l’on considère les zones
de la nouvelle économie.                                    ayant enregistré des créations nettes d’emplois entre
    Les inégalités territoriales ont été jusqu’ici com-     décembre 2008 et décembre 2012, il apparaît que 57%
pensées par les politiques sociales, qui constituent de-    de ces créations ont eu lieu dans les aires urbaines de
facto l’outil majeur d’aménagement du territoire tandis     Toulouse Bordeaux, Nantes et Montpellier. Et au sein
que la contribution de l’investissement public à cet        de ces aires urbaines, les créations sont très majoritai-
objectif est limitée. Avec la dynamique inéluctable de      rement concentrées dans quelques communes cen-
la polarisation, il est nécessaire de concentrer ce der-    trales des métropoles. 89% des emplois créés sur l’aire
nier dans quelques métropoles « locomotives », qui as-      urbaine de Toulouse l’ont été dans la communauté ur-
sureront la croissance de l’économie française, plutôt      baine de Toulouse. Cette part monte à 94% pour l’aire
que de le disperser dans une logique de péréquation         urbaine de Nantes. A la polarisation géographique
territoriale.                                               s’ajoute une polarisation sectorielle. A Nantes, 13 sec-
                                                            teurs concentrent 55% des créations d’emplois. Les
UNE ORGANISATION TERRITORIALE                               45% restant étant dispersés sur plus de 700 secteurs.
INADAPTÉE DANS UNE ÉCONOMIE DE PLUS EN                           Cette polarisation territoriale doit être reliée à plu-
PLUS POLARISÉE                                              sieurs tendances économiques de long terme.
Depuis les années 1980, l’économie française, à l’instar         L’internationalisation des entreprises tout d’abord.
de la plupart des pays matures, se polarise, tant en        Avec plus de 55% du chiffre d’affaires des entreprises
termes de croissance que de contribution au PIB.            françaises du CAC 40 réalisés à l’international, les ou-
La création de richesses et d’emplois tend à se concen-     tils de production ont été massivement transférés vers
trer massivement sur certains territoires, tandis que       les marchés cibles, avec pour conséquence un affaiblis-
d’autres sont devenus très dépendants du secteur non        sement continu des tissus productifs locaux.
14 THINK ACT
   Investissement public dans les territoires

   A cela s’ajoute la mondialisation des flux, qui accroît le                         Alors que dans une économie manufacturière la majo-
   poids des pôles métropolitains connectés entre eux et                              rité de la valeur ajoutée est captée par la production de
   insérés dans le système international, capables d’atti-                            masse (majoritairement située dans les zones périphé-
   rer et de retenir les facteurs de production (capital et                           riques) plutôt que par la phase de conception (dans les
   travail), au détriment des zones périphériques.                                    métropoles), ce n’est plus le cas dans la nouvelle écono-
       Les gains de productivité dans l’industrie ont éga-                            mie. Ce sont les lieux où se font les innovations (les mé-
   lement contribué à la polarisation économique des ter-                             tropoles), qui captent la majorité de la valeur ajoutée.
   ritoires. Depuis les années 1980, 17% des destructions
   d’emplois industriels sont directement liées aux gains                             Les dernières décennies ont été à l’inverse marquées
   de productivité. L’automatisation, alliée au développe-                            par la montée en puissance des effets d’agglomération
   ment de la sous-traitance industrielle, a profondément                             et de cluster, qui caractérisent une économie fondée
   bousculé les systèmes productifs locaux.                                           sur la connaissance et l’innovation, et pour partie si-
       Enfin, la tendance à la digitalisation et la dématé-                           tuée à la frontière technologique 1). Les effets d’agglo-
   rialisation croissante de l’économie a également des                               mération correspondent au regroupement dans un
   effets polarisants. Elle tend à accroître les besoins en                           même lieu d’entreprises et / ou de consommateurs en
   emploi qualifié. Par ailleurs, la dématérialisation des                            raison des bénéfices qu’ils peuvent en retirer. Ces effets
   prestations réduit les besoins en proximité physique                               produisent des externalités positives telles que le par-
   pour assurer la relation avec les clients, avec pour                               tage plus efficace des équipements, ou – dans le cas
   conséquence une concentration territoriale de la créa-                             d’un territoire spécialisé dans un ou des secteurs parti-
   tion de valeur autour des métropoles plus denses en                                culiers – une meilleure adéquation entre les besoins en
   compétences.                                                                       compétences des entreprises et les qualifications de la
                                                                                      main d’œuvre locale. Les effets d’agglomération per-
   Toutes ces dynamiques concourent à fragiliser le mo-                               mettent également de créer les conditions favorables à
   dèle territorial qui a prévalu de 1850 à 1980, fondé sur                           l’émergence de nouvelles connaissances et d’innova-
   des effets traditionnels d’entraînement, relayés par                               tions. De même, les effets de cluster, c’est-à-dire la ten-
   l’investissement public et l’aménagement du territoire.                            dance à la concentration dans une zone donnée d’en-
       Dans le cadre d’une économie manufacturière, les                               treprises liées entre elles par leurs activités – qu’elles
   effets d’entraînement « amont » tirés par les commandes                            soient concurrentes ou complémentaires – peuvent
   aux sous-traitants intégrés au système de production,                              conduire à plusieurs externalités positives telles que la
   irriguent et structurent l’économie des territoires. En                            facilitation de l’accès aux partenariats entre entre-
   1990, 70% de la valeur de la production automobile                                 prises, à des ressources humaines de meilleure qualité,
   provenaient ainsi de la valeur ajoutée d’autres secteurs.                          l’accroissement de la visibilité à l’international (effet
   En revanche, dans une économie fondée sur le secteur                               « marque » territoriale), ou encore l’amélioration du fi-
   tertiaire et les nouvelles technologies de l’information,                          nancement.
   les effets « amont » sont fortement réduits, en raison de
   la baisse du nombre et de la valeur des composants. Les                            Or l’organisation territoriale française n’a pas permis
   composants d’un ordinateur sont moins intenses en                                  de bénéficier pleinement des effets d’agglomération et
   travail que ceux d’une voiture.                                                    de cluster de la nouvelle économie car les clusters
       Les effets « aval », liés aux ventes réalisées par les                         français, de petite taille et peu spécialisés, tiennent
   secteurs moteurs de l’économie (par exemple le sec-                                rarement la comparaison face à leurs équivalents
   teur de l’énergie approvisionnant les usines), sont éga-                           européens. G
   lement réduits.                                                                        En effet, seuls trois clusters (deux en Ile-de-France
       De même, les effets liés au cycle de vie d’un produit                          et un dans le Sud-Ouest) figurent parmi les trente pre-
   (devenu beaucoup plus court) sont également réduits                                miers clusters européens en termes de taille de PIB.
   dans une économie fondée sur le secteur tertiaire.                                 Parallèlement, le cluster de Toulouse spécialisé dans

   1) La frontière technologique désigne l’état le plus avancé en termes d’innovation. Les économies situées, sur certains secteurs, à la frontière technologique, ne
   disposent pas d’une vision sur les prochaines vagues d’innovations, à la différence des autres, qui peuvent s’engager dans des stratégies volontaristes
   (publiques ou privées) d’imitation.
THINK ACT 15
                                                                                                 Investissement public dans les territoires

F
POLARISATION DES TERRITOIRES
Répartition des zones d’emploi françaises en 6 profils selon leur situation économique

                                                                           Nord-
                                                                          Pas-de-
                                                                           Calais

                                                                               Picardie

                                                         Haute-
                                                        Normandie
                                              Basse-
                                             Normandie
                                                                          Ile-de-France                            Lorraine
                                                                                               Champagne-
                                                                                                Ardennes                      Alsace
                Bretagne

                                           Pays
                                        de la Loire
                                                                    Centre                                        Franche-
                                                                                                                   Comté
                                                                                               Bourgogne

                                               Poitou-
                                              Charentes
                                                                  Limousin
                                                                                    Auvergne                Rhône-Alpes

                                            Aquitaine

                                                                                           Languedoc-
                                                                                            Roussillon           Provence-Alpes
                                                               Midi-Pyrenées
                                                                                                                  -Côte d’Azur

                                                                                                                                       Corse

   Les territoires en difficulté
   Les territoires en recherche de cohérence économique
   Les territoires en restructuration
   Les territoires en croissance globale
   Les territoires à croissance fondée sur des spécificités locales
   Les territoires à croissance tirée parle portefeuille d’activités

Source : INSEE, AdCF, Intercommunalités 2013, Terra nova, Roland Berger
16 THINK ACT
   Investissement public dans les territoires

   l’aéronautique est le seul en France à présenter un de-       TROIS SCÉNARIOS DE FINANCEMENT POUR
   gré de spécialisation élevé. La taille sous-critique et le    L’AVENIR DU MODÈLE TERRITORIAL FRANÇAIS
   manque de spécialisation des systèmes productifs lo-          Trois scénarios ont été bâtis par le Roland Berger Insti-
   caux français ne leur permettent pas, à l’exception de        tute, qui offrent des voies contrastées d’évolution de
   l’Ile-de-France, de bénéficier à plein de ces effets d’en-    l’investissement public dans les territoires, et donc du
   traînement. Si bien que, depuis les années 1980, la           modèle territorial français.
   croissance économique et les créations d’emplois se               Le premier scénario, qui se situe dans la continuité
   font, en France, dans un nombre de territoires et de          des tendances actuelles, peut être qualifié de scénario
   secteurs d’activités trop restreints. La croissance du        de « DISPERSION ». Il se caractérise par le maintien
   PIB s’est ainsi concentrée sur l’Ile-de-France, le Sud-       d’un investissement public réparti en direction de
   Est et le pourtour méditerranéen ainsi qu’à l’Ouest.          nombreux territoires, dans une logique de correction
   Entre 1982 et 2008, la part du PIB représentée par l’Ile-     des inégalités territoriales. On fait l’hypothèse que
   de-France a crû de 2,3 points passant de 26,9% à 29,2%        l’évolution du PIB se maintient au niveau de la crois-
   alors que la part de sa population n’augmentait que de        sance potentielle de long terme (1% à 1,5%). Les zones
   0,2 points de 18,6% à 18,8%.                                  périphériques continuent à se maintenir en dépit de la
                                                                 perte d’attractivité, sur la base des transferts et de l’in-
   DES DISPARITÉS TERRITORIALES POUR                             vestissement public. Ces territoires restent sous la me-
   L’INSTANT COMPENSÉES PAR DES DÉPENSES                         nace de la crise des finances publiques et de ses consé-
   SOCIALES ÉLEVÉES                                              quences. H
   Jusqu’à présent, les différences de revenus entre les ter-        Un second scénario peut être qualifié de scénario
   ritoires français sont demeurées limitées au regard des       d’« ÉQUILIBRE ». Il se caractérise par une orientation de
   disparités de créations de richesses, notamment en            l’investissement public vers les 20 agglomérations les
   raison de l’importance des transferts sociaux, qui            plus importantes, avec pour objectif le renforcement
   constituent aujourd’hui un des principaux instru-             de clusters de taille mondiale et européenne. Ce scéna-
   ments d’aménagement du territoire. Les dépenses so-           rio se traduit par un surcroît modéré de PIB. Les villes
   ciales publiques représentent 32% du PIB en 2012. Ce          moyennes continuent à bénéficier d’investissements
   sont souvent elles qui permettent à des territoires peu       publics dynamiques, et la péréquation entre centre et
   productifs de maintenir un certain niveau de popula-          périphérie est régionalisée. Dans cette configuration
   tion et d’emploi.                                             les flux démographiques et économiques sont locaux.
       La dépense publique est, en France, largement faite       A l’échelle régionale, les territoires périphériques
   de transferts sociaux. En comparaison, l’investisse-          perdent en population et en emplois. I
   ment public est relativement modeste, représentant                Enfin, un troisième scénario, peut être qualifié de
   moins de 3% du PIB. Dans un contexte où la péréqua-           scénario de « POLARISATION ». Il se caractérise par une
   tion est largement prise en charge par la politique so-       focalisation volontariste de l’investissement public sur
   ciale, il paraît peu pertinent de mobiliser l’investisse-     le Grand Paris et 5 à 7 métropoles. Il se traduit par une
   ment public sur la compensation des inégalités                accélération de la croissance économique dans les mé-
   territoriales, en injectant des financements dans des         tropoles cibles et le renforcement des « effets de clus-
   territoires peu productifs au regard des caractéris-          ters ». Dans ce scénario, les territoires périphériques se
   tiques de la nouvelle économie.                               trouvent davantage dépendants des transferts sociaux,
       D’autres approches doivent être envisagées, notam-        tandis que la polarisation des flux démographiques et
   ment celles qui consistent à concentrer les investisse-       financiers s’accélère vers les métropoles. Il est le plus
   ments sur des pôles métropolitains capables de créer          prometteur en termes de création de richesse et d’em-
   de la richesse et des emplois, des « locomotives » territo-   plois et, au global libère de la ressource fiscale, pour
   riales, seuls susceptibles de faire bénéficier l’économie     financer davantage de transfert sociaux. Mais il im-
   française dans son ensemble d’effets de cluster et d’ag-      plique de déployer des politiques d’attractivité sur les
   glomération significatifs.                                    zones métropolitaines devenues très denses, pour y
                                                                 réduire les effets de congestion. J
THINK ACT 17
                                                                                                        Investissement public dans les territoires

G
DEGRÉ DE CONCENTRATION ET DE SPÉCIALISATION DU TOP 30 DES CLUSTERS EUROPÉENS EN PIB

     Indice de concentration

     10,0

                            Ile-de-France - Services financiers
           Nord-Westphalie
           Industrie manufacturière -
           Métaux                          Bade-Wurtemberg
                                           Automobile           Bade-Wurtemberg
                                                                Technologies de production
           Nord-Ouest italien          Bavière - Automobile
           Industrie manufacturière -
           Métaux                         Bavière
                    Bavière               Technologies de production
                    TIC             Nord-Est italien                                                 Hambourg - Aéronautique
                                    Technologies de production
                                    Nord-Westphalie                                                  Sud-Ouest France - Aéronautique
           Nord-Ouest italien Technologies de production
           Technologies de production
           Nord-                   Bade-Wurtemberg
           Westphalie              Dispositifs médicaux Bade-Wurtemberg
           Plastiques                                       Instruments
                          Nord-Est
       1,0                italien
Nord-Ouest italien        Machines outils
Plastiques                               Nord-Est italien
             Nord-Westphalie             Dispositifs médicaux                                SEULS 3 CLUSTERS
             Produits chimiques            Bavière - Instruments                     (2 en IDF et 1 dans le Sud-Ouest)
                            Bavière - Dispositifs médicaux
Nord-Westphalie                                                                         sont dans le top 30 européen
Equipement électrique          Bavière - Aérospatial
                                      Bavière - Production
                                                                                           en termes de taille du PIB
                                      et transmission d’électricité
Nord-Ouest italien              Bade-Wurtemberg - Production                                SEUL LE CLUSTER DE
                                et transmission d’électricité
Equipement électrique                                                                         L’AÉRONAUTIQUE
                       Ile-de-France - TIC
                                                                                                    AUTOUR DE TOULOUSE
                             Nord-Westphalie                                                           présente un degré
                             Pétrole et gaz
                                                                                                     de spécialisation élevé

                                                 Sud-Est UK
                                                 Biotech

       0,1
             1           2           3            4           5            6            7           8            9           10          11           12

   Allemagne             France           Grande-Bretagne               Italie                                            Indice de spécialisation

Nota bene : pour des raisons méthodologiques, les données de l’Union Européennes n’identifient pas le cluster londonien des services financiers.
Néanmoins, celui-ci représente un des principaux clusters européens.

Nota : Concentration : part de l’emploi national dans un secteur donné situé dans la région concernée - Spécialisation : poids du secteur dans l’emploi régional

Source : European Cluster Observatory, Roland Berger
18 THINK ACT
   Investissement public dans les territoires

   H
    LE SCÉNARIO DE DISPERSION
    EVOLUTION DU PIB DANS LE SCÉNARIO CONSIDÉRÉ
    [Mds Eur ; 2015-2025]

                                                         +134 Mds Eur
                                                                CROISSANCE / AN

       2 400
                                                     FRANCE
                                                                       0,6%               Ralentissement de la croissance
                                                                                          par rapport à la tendance
                                                                                          historique

       2 200

       2 000

        1 800
                     Maintien de
                     mécanismes
                     de péréquation
                                                    Grand Paris +
                                                    5 à 7 métropoles   1,4%               Ralentissement de la
                                                                                          croissance par rapport à la
                                                                                          tendance historique par
                                                                                          manque d’attractivité
        1 600        nationaux

        1 400

        1 200
                                                    12 villes
                                                    intermédiaires     0,9%               Ralentissement de la croissance
                                                                                          par rapport à son niveau historique

        1 000

         800
                     Croissance
                     économique fondée
                                                    Territoires
                                                    périphériques      0,1%               Maintien de la croissance du
                                                                                          PIB à son niveau actuel
                     sur l’emploi public                                                  Effets de péréquation
                     et l’économie                                                        maintenus au niveau national
         600                                                                              et transferts sociaux massifs
                     résidentielle
                                                                                          permettant une croissance
                                                                                          fondée sur l’économie
         400                                                                              résidentielle

         200

             0
             2015         2016         2017         2018        2019   2020      2021       2022        2023       2024         2025

         Croissance potentielle de la France suivant le maintien des équilibres actuels

   Source : Centre d’analyse économique, INSEE, Roland Berger
THINK ACT 19
                                                                             Investissement public dans les territoires

Correspondant à la poursuite des tendances actuelles,
le scénario de dispersion est porteur, à terme, d’un risque
de ralentissement de la croissance économique française.
Moins créateur de richesses, il est de surcroit soumis à
l’aléa de la dynamique de l’endettement public.

En matière d’investissements publics, le scénario se         Les effets attendus de ce scénario sont : (i) une crois-
caractérise par le maintien de la situation actuelle, im-    sance faible au niveau national et des grandes aires
pliquant : (i) le soutien au développement d’activités       urbaines, stagnante dans les zones périphériques du
économiques sur l’ensemble des territoires, sans diffé-      fait du maintien de la péréquation et des transferts ; (ii)
rentiation selon la performance et la compétitivité ; (ii)   une légère croissance de l’emploi dans les 20 grandes
la focalisation sur le développement de chaque terri-        aires urbaines, ainsi que le maintien d’une partie de
toire et non sur la maximisation de la croissance au         l’emploi public dans les aires urbaines intermédiaires
niveau national ; (iii) une péréquation des investisse-      et dans les zones périphériques ; (iii) une légère aug-
ments élaborée au niveau national.                           mentation de la population dans les aires urbaines, et
                                                             une légère baisse de la population dans les territoires
En matière de transferts sociaux, il repose sur : i) le      périphériques.
maintien de la péréquation nationale des transferts               Ce scénario, qui consiste à préserver au maximum
sociaux ; (ii) le maintien du niveau actuel des transferts   les équilibres géographiques et économiques actuels
sociaux.                                                     – ou plutôt à éviter leur trop rapide dégradation, est
                                                             néanmoins très risqué. Ne permettant pas l’adaptation
                                                             du modèle territorial au contexte économique actuel, il
                                                             est par ailleurs dépendant de l’évolution de l’endette-
                                                             ment public.
20 THINK ACT
   Investissement public dans les territoires

    I
    LE SCÉNARIO D’ÉQUILIBRE
    EVOLUTION DU PIB DANS LE SCÉNARIO CONSIDÉRÉ
    [Mds Eur ; 2015-2025]
                                                                                                      +93 M
                                                                                                                 D
                                                                                                       PA R R S E U R
                                                                                                              A
                                                          +227 Mds Eur                               À L A T P P O RT
                                                                                                            E N DA
                                                                                                                   NCE

                                                                 CROISSANCE / AN

        2 400
                                        FRANCE
                                                                 1,0%          Croissance potentielle en ligne
                                                                               avec les estimations actuelles

        2 200

        2 000

        1 800
                                        Grand Paris +
                                        5 à 7 métropoles         2,3%          Croissance légèrement
                                                                               supérieure à la tendance
                                                                               récente (1,9%)

        1 600

        1 400

        1 200
                                        12 villes
                                        intermédiaires           1,6%          Croissance en légère hausse vs.
                                                                               tendance historique (1,2%)

        1 000

         800
                                        Territoires
                                        périphériques            0,2%          Très légère hausse du PIB par
                                                                               rapport à la croissance
                                                                               historique (0,1%)

                                                                               Effets de péréquation
         600                                                                   maintenus au niveau régional
                                                                               entre villes intermédiaires et
                                                                               territoires périphériques
         400

         200

             0
              2015         2016         2017         2018        2019   2020      2021       2022         2023       2024   2025

          Croissance potentielle de la France si les équilibres actuels se maintiennent

    Source : Centre d’analyse économique, INSEE, Roland Berger
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