THINK ACT - Pour un vrai choix stratégique d'investissement public dans les territoires
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THINK ACT BEYOND MAINSTREAM Octobre 2015 Pour un vrai choix stratégique d’investissement public dans les territoires Trois scénarios de contribution des territoires à la croissance française
2 THINK ACT Investissement public dans les territoires P LU S Cartog 3 r la répa aphie de rtit THE BIG compé ion des tences P.25 64% c’est le poids cumulé des 5 premières nouvelles régions dans le PIB français – contre 71% en Allemagne. Page 12 57% des emplois créés entre 2008 et 2012 en France l’ont été dans les 4 aires métropolitaines : la France se polarise. Page 13 1,1 POINT de pib annuel, soit 242 Mds Eur entre 2015 et 2025, c’est l’impact potentiel d’une stratégie de focalisation des investissements publics sur les principales métropoles. Page 22
THINK ACT 3 Investissement public dans les territoires La réforme territoriale en cours répond-elle aux enjeux de l’économie française ? La question mérite d’être posée, tant les collectivités Si la réforme permet des avancées institutionnelles et sont un contributeur à la croissance. Elles portent à de gouvernance notables, elle ne répond que partielle- elles seules 221 milliards d’euros de dépenses, dont 58 ment aux enjeux économiques. En effet, l’économie milliards d’euros d’investissement, soit les deux tiers française se polarise. L’emploi et les richesses tendent de l’investissement public. Ces flux d’investissement à se concentrer dans quelques zones dynamiques, plus produisent d’importants effets d’entraînement, que par le passé. Or, le modèle territorial français, puisqu’une grande partie est orientée vers la construc- même après la réforme, ne sera pas adapté à cette nou- tion de bâtiments et d’infrastructures. Dans les terri- velle donne. toires les moins dynamiques économiquement, les dépenses des collectivités représentent, encore plus Une réflexion ambitieuse s’impose donc concernant qu’ailleurs, un facteur structurant en termes de créa- l’orientation des investissements publics dans les ter- tions d’emplois et d’activité. ritoires. Plusieurs scénarios sont à cet égard possibles. Or, dans un contexte de crise des dépenses pu- L’un d’entre eux – plutôt iconoclaste – permet de ren- bliques, les collectivités locales sont confrontées à une forcer la croissance potentielle de la France à moyen et mise sous pression de leurs capacités financières, alors long terme en concertant davantage qu’aujourd’hui, et que le système territorial français reste particulière- à rebours d’une logique de péréquation, l’effort public ment stratifié et sous-critique par rapport aux stan- en direction d’un nombre restreint de « locomotives » dards européens. métropolitaines. La réforme territoriale engagée par le gouverne- ment a voulu apporter des réponses : faire émerger des ensembles de plus grande taille (régions et métro- poles) aux compétences claires et à la capacité d’action renforcée. Au-delà de l’angle politique et administratif, l’enjeu est donc celui du renforcement de la contribu- tion des territoires au moteur économique hexagonal, en termes de volumes d’investissement, d’orientation et de ventilation territoriale de ceux-ci. Et, in fine, d’im- pact sur le PIB.
4 THINK ACT Investissement public dans les territoires Un modèle territorial français sous pression. Le modèle territorial français est aujourd’hui sous néanmoins, comme le révèle le dernier rapport de la pression. Particulièrement complexe et stratifié, il est Cour des Comptes, un sérieux coup d’arrêt depuis 2014. depuis quelques années confronté à une probléma- Inadéquation entre les dépenses et les recettes : le tique de financement, du fait d’un accroissement des bloc communal (intercommunalités et communes) transferts des missions de l’Etat vers les collectivités. perçoit la majorité des recettes, via les impôts locaux, Parallèlement, alors que les projets et les politiques à alors même que les postes de dépenses les plus dyna- mener sont de plus en plus complexes, les collectivités miques – l’action sociale, l’enseignement, le transport territoriales peinent à accéder aux compétences adé- – relèvent des régions et des départements. quates, ce qui limite leur capacité de réponse aux en- Réduction programmée de la dotation générale de jeux auxquels elles sont confrontées. fonctionnement (DGF) attribuée aux communes par l’Etat : la diminution de 1,5 milliards d’euros décidée UN MODÈLE COMPLEXE ET STRATIFIÉ pour 2014 – et compensée par l’augmentation de la fis- L’organisation territoriale de la France est complexe et calité transférée – sera poursuivie par une réduction de difficilement lisible en comparaison de celle de ses voi- 11 milliards d’euros entre 2015 et 2017, soit 3,67 mil- sins. Les collectivités françaises sont très nombreuses, liards par an, répartis au prorata des ressources totales représentant 41% des collectivités européennes. A de chaque collectivité. Cette complexité se retrouve au niveau de la structure La dégradation de la situation financière des collec- des dépenses des administrations publiques locales tivités territoriales est d’autant plus problématique que (APUL), qui représentent pas moins de 21% de la dé- celles-ci sont – de longue date et encore aujourd’hui – pense des administrations en 2013, avec 220 milliards un acteur majeur de l’investissement public en France, d’euros de dépenses, dont 60% correspondent aux dé- en représentant plus des deux tiers. penses de fonctionnement, 13% aux dépenses sociales L’investissement public local concerne en outre des et 26% aux dépenses d’investissement (hors service de secteurs stratégiques, tels que la construction ou les la dette). Au sein de cet ensemble les communes infrastructures, mais également – et de plus en plus – comptent pour 43% (plus 13% pour les intercommu- des domaines clés en matière de cohésion sociale et de nalités, les départements 32% et les régions 12%). B préparation de l’avenir (éducation, santé, recherche). A cet égard, la diminution de leur capacité d’investisse- UNE MISE SOUS PRESSION FINANCIÈRE ment fait peser un risque sur le modèle économique et Les budgets des collectivités locales sont sous pres- social français. sion. Le taux d’endettement des collectivités locales est en hausse depuis 2006, sous l’effet combiné de la DES MISSIONS DE PLUS EN PLUS COMPLEXES hausse des dépenses et de la baisse de recettes : Depuis les années 1980, la réorganisation du modèle Hausse des dépenses d’investissements dans les com- territorial français se traduit par le transfert progressif munes et les régions, hausse des charges de fonction- de missions de l’Etat vers les collectivités. Mais les nement dans les EPCI, et hausse des dépenses sociales marges de manœuvre pour poursuivre cette dyna- (principalement dans les départements) qui a connu mique paraissent aujourd’hui étroites.
THINK ACT 5 Investissement public dans les territoires A COMPLEXITÉ L’organisation territoriale de la France est complexe et difficilement lisible en comparaison de ses voisins STRATES DES COLLECTIVITÉS # COMMUNES EN FRANCE ET DANS D’AUTRES PAYS EUROPÉENS LOCALES FRANÇAISES 36 658 36 658 communes 13 400 syndicats de communes 2 133 11 250 ~8 000 ~8 000 EPCI à fiscalité propre 589 101 départements France Allemagne Italie Espagne Belgique 22 41% Collectivités PART DES COLLECTIVITÉS 59% Collectivités régions métropolitaines françaises FRANÇAISES DANS des autres pays européens L’ENSEMBLE DES COLLECTIVITÉS DES 28 PAYS EUROPÉENS Source : presse, Roland Berger
6 THINK ACT Investissement public dans les territoires B RÉPARTITION DES DÉPENSES PUBLIQUES LOCALES [Mds Eur ; % ; 2013] 1 200 221 1) 221 21% Administrations 12% Régions 14% Achats et publiques locales charges externes 32% Départements 26% Frais de personnel 32% Administration centrale 30% Dépenses d’intervention 13% Intercommunalités 47% Administrations sociales 43% Communes 6% Subventions d’équipement 20% Dépenses d’équipement 4% Autres 1) Organismes divers à compétences spécialisées sur le territoire d’une commune ou d’un département et des chambres consulaires et hors remboursement de dettes liées aux dépenses d”investissements Source : Cour des comptes, Observatoire des finances publiques, Roland Berger Outre la pression qui pèse sur les finances publiques matière de logement, de transport, de gestion des es- locales, la plupart des collectivités ne dispose que d’un paces naturels…) impliquent des investissements sup- nombre restreint d’agents, et d’un personnel d’enca- plémentaires. De même que la prise en compte du drement limité. En dépit de la montée en compétences vieillissement de la population (transport, mobilier de leur personnel ces dernières années, seuls 9% de urbain, services de proximité…). Dans un contexte de leurs agents appartiennent à la catégorie A. Et si les contraintes budgétaires accrues, ces évolutions se tra- effectifs ont cru de 25% entre 2004 et 2014, l’âge moyen duisent également par un besoin de montages finan- des titulaires est de 45 ans et 36% ont plus de 50 ans, ciers plus complexes. ce qui préfigure un besoin de renouvellement impor- tant à moyen terme. Parallèlement, les collectivités font face à une diminu- tion de l’accès à l’expertise publique. Depuis le 1er jan- Or, les sujets à traiter par les collectivités territoriales vier 2012, les fonctions d’ingénierie technique ne sont sont de plus en plus divers et complexes, en raison de plus prises en charge par l’Etat. La loi dite « MURCEF » l’accroissement tendanciel de leurs compétences au du 11 décembre 2001 limite l’assistance technique cours des dernières décennies. A cela s’ajoutent des (AMO et maîtrise d’œuvre) à quelques cas dérogatoires. évolutions à la fois technologiques (la transition numé- Cette disparition de l’assistance technique publique rique), réglementaires (le développement de nouvelles n’a pas fait l’objet d’une compensation financière. normes environnementales), ou sociétales (le vieillis- C’est pour remédier aux principales faiblesses du sement), qui modifient aussi bien la nature des projets modèle territorial français que le gouvernement a en- à mener que les modes d’intervention à déployer. gagé début 2014 une importante réforme territoriale. Le développement des Smart cities et des Smart grids Mais, au regard des enjeux auxquels sont confrontés transforme en profondeur les besoins en matière d’ingé- les territoires, elle ne répond qu’en partie aux ten- nierie de construction et d’aménagement (intégration dances profondes que connaît l’économie française, et d’enjeux liés aux systèmes d’information). Les exigences en particulier à la dynamique de polarisation territo- en matières de rénovation et de mise à niveau des équi- riale qui tend à concentrer la création de richesses au- pements, ainsi que tous les enjeux de durabilité (en tour des grandes métropoles.
THINK ACT 7 Investissement public dans les territoires La réforme territoriale : une réponse à compléter face aux transformations de l’économie française. UNE RÉFORME COMPLEXE, AUX OBJECTIFS tariat d’Etat à la réforme territoriale), en limitant le AMBITIEUX nombre d’organismes de développement économique La réforme territoriale lancée par le gouvernement (75 par région en moyenne) et en fusionnant certaines Ayrault début 2014 poursuivait quatres objectifs com- structures régionales et départementales. plémentaires : La clarification des compétences, par la réduction Pour répondre à ces objectifs, la réforme territoriale a des strates administratives et la clarification de l’exer- été déclinée en trois lois : la loi de Modernisation de cice des compétences aux différents niveaux, afin de le l’action publique territoriale et d’affirmation des mé- rendre plus lisible pour les citoyens et élus locaux. tropoles (Maptam) de janvier 2014, qui créé notam- Le renforcement de la compétitivité des régions, à ment le nouveau statut des métropoles ; la loi relative travers l’accroissement de leur taille – permettant de à la délimitation des régions adoptée en décembre bénéficier d’écosystèmes plus larges propres à favoriser 2014, qui redessine la carte des régions françaises ; l’investissement et la croissance – et le développement la loi Nouvelle Organisation Territoriale de la Répu- de compétences nécessaires pour devenir des moteurs blique (NOTRe) approuvée par l’Assemblée le 10 mars du développement économique (soutien aux filières in- 2015, qui vise à clarifier les compétences des différents dustrielles, aides aux entreprises, infrastructures). niveaux de collectivités. C La mutualisation des moyens communaux, à tra- vers la montée en puissance des intercommunalités 1. LA LOI MAPTAM : (en atteignant des regroupements d’au moins 20 000 CLARIFICATION DES COMPÉTENCES habitants), ces nouvelles intercommunalités devenant ET RENFORCEMENT DES MÉTROPOLES l’échelon de l’action publique de proximité. Cet objec- Un certain nombre de dispositions de la loi Maptam tif se double de celui de continuer d’assurer les ser- vise à clarifier les responsabilités des collectivités lo- vices de proximité, en soutenant les 86% de communes cales, d’abord à travers une évolution de la gouver- de moins de 2 000 habitants de France dans la gestion nance. Une Conférence territoriale de l’action pu- des services de la vie quotidienne. blique est ainsi constituée dans chaque région afin de La réalisation d’économies budgétaires, en rédui- « favoriser un exercice concerté des compétences des sant les flux croisés de financement entre collectivités collectivités territoriales ». Cette instance rassemble le (qui s’élèveraient à 5,7 milliards d’euros selon le secré- président du Conseil régional, les présidents des
8 THINK ACT Investissement public dans les territoires Conseils départementaux, des représentants des inter- 2. LA LOI RELATIVE À LA DÉLIMITATION communalités et des communes, qui doivent débattre DES RÉGIONS ET LA REFONTE DE LA CARTE d’un pacte de gouvernance territoriale. RÉGIONALE La clarification des compétences et de leurs condi- Point phare de la réforme territoriale, la création de 13 tions d’exercice est ensuite prévue par l’institution de grandes régions est prévue par la loi relative à la déli- chefs de file. Aux Régions le développement écono- mitation des régions. D mique, le soutien à l’innovation, les aides aux entre- Rassemblant des zones géographiques très hétéro- prises, le développement de l’intermodalité, l’aména- gènes, cette loi accroît sensiblement la taille des ré- gement et développement durable. Aux départements gions françaises, en faisant passer leur nombre de 22 à l’action sociale, ce qui relève de l’autonomie des per- 13. Parallèlement, les lois Maptam et NOTRe prévoient sonnes et de la solidarité des territoires. Le bloc com- l’accroissement de leurs compétences, notamment sur munal est chef de file pour l’organisation des services le plan économique : monopole des décisions d’inter- publics de proximité, l’aménagement de l’espace, la vention économique dans leur territoire, de l’octroi des mobilité durable et la qualité de l’air. aides directes aux entreprises, instigation d’un schéma Enfin et surtout, la loi Maptam créé un nouveau régional prescriptif de développement économique, statut des métropoles. Les métropoles de Paris, Lyon, d’innovation et d’internationalisation. et Aix-Marseille-Provence sont dotées d’un régime spé- cifique, tandis que les critères suivants sont précisés 3. LA LOI NOTRe ET LA CLARIFICATION DES pour qu’un EPCI soit transformé en métropole : avoir ATTRIBUTIONS une fiscalité propre, former un ensemble de plus de Complétant les dispositions de la loi Maptam, la loi 400 000 habitants, être situé dans une aire urbaine de NOTRe vise à clarifier les attributions des différentes plus de 650 000 habitants, et avoir la possibilité de se types de collectivités locales. Elle supprime la clause de voir transférer l’exercice de certaines compétences du compétence générale pour les départements et les ré- département ou de la région. gions, et maintient les communes comme échelon de D’ici janvier 2016, 14 métropoles seront ainsi base de la République. Elle prévoit la montée en puis- créées, dont certaines se révèleront sans doute très sance des intercommunalités (en fixant le seuil de 20 complexes à gérer. En effet, 124 communes sont re- 000 habitants pour la création d’un EPCI) qui doivent groupées dans le Grand Paris, 93 à Aix-Marseille-Pro- assurer les services de proximité auprès des communes. vence et 71 à Rouen. Et si les communautés urbaines Les départements verront leur champ d’action recentré de Lille, Strasbourg, Lyon et Bordeaux ont été insti- sur les compétences relatives aux solidarités sociales et tuées à la fin des années 1960 et bénéficient donc d’une territoriales, et les régions disposeront de nouvelles longue expérience de gestion, celles de Toulouse ou de prérogatives en matière de développement écono- Nice ne datent que de la fin des années 2000. mique, de transport et d’aménagement du territoire. La loi Maptam prévoit la possibilité du transfert d’une DES RÉPONSES PARTIELLES, proportion significative de compétences aux métro- QUI LAISSENT LE MODÈLE TERRITORIAL poles. Par exemple, pour les communes, ce qui relève FRANÇAIS AU MILIEU DU GUÉ de l’aménagement de l’espace métropolitain, la poli- En dépit d’avancées significatives qui vont incontesta- tique locale de l’habitat (PLH), la politique du loge- blement dans le bon sens, les transformations opérées ment, ou la politique de la ville. Concernant les compé- par ces réformes laissent le modèle territorial français tences départementales, la métropole peut, par au milieu du gué. D’abord car la simplification des ni- convention passée avec le département, prendre en veaux des compétences entre collectivités – et des coûts charge l’attribution des aides au titres du fonds de so- afférents – n’est pas encore pleinement clarifiée. Mal- lidarité pour le logement, ou encore la gestion des gré les évolutions apportées par les lois Maptam et routes. Elles pourront également exercer des compé- NOTRe, les lignes de partage demeurent encore com- tences de gestion de lycées ou de développement éco- plexes notamment concernant l’éducation (gestion des nomique dévolues aux Régions. collèges dévolue aux départements, gestion des lycées aux régions) ou encore les transports. ANNEXES
THINK ACT 9 Investissement public dans les territoires C IMPLICATIONS DE LA RÉFORME TERRITORIALE La Réforme territoriale comprend 3 volets dont le déploiement courra jusqu’en 2020 VOLET 1 VOLET 2 VOLET 3 CRÉATION DU NOUVEAU CARTE RÉGIONALE CLARIFICATION STATUT DE MÉTROPOLES Loi relative à la délimitation DES COMPÉTENCES Loi Maptam 1) des régions 2) Loi NOTRe 3) 16 décembre 2010 Création du statut de métropole 1er janvier 2012 Création de la métropole Nice Côte-d’Azur Janvier 2014 15 décembre 2014 Loi de Modernisation de l’action Adoption par le Sénat de la carte à publique territoriale et 13 régions d’affirmation des métropoles (MAPTAM) →→ Création d’un nouveau statut pour les métropoles afin de clarifier l’exercice des compétences au niveau local →→ Renforcement des compétences des intercommunalités 1er janvier 2015 10 mars 2015 Création des métropoles de Rennes, Approbation par l’Assemblée du Bordeaux, Toulouse, Nantes, Brest, projet de loi NOTRe (Nouvelle Lille, Rouen, Grenoble, Strasbourg, Organisation Territoriale de la Montpellier et Lyon. Cette dernière Avant fin 2015 République), visant à clarifier les étant une collectivité territoriale à Elections régionales avec la compétences des différents part entière disposant d’un statut nouvelle carte de France échelons territoriaux (régions, particulier départements, intercommunalités, communes) 1er janvier 2016 Janvier 2016 Création des métropoles du Grand Passage de 22 régions 22 et 29 mars 2015 Paris et d’Aix-Marseille-Provence à 13 régions Elections départementales 2016 - 2019 Possibilité pour les départements 1er janvier 2017 de changer de région Relèvement du seuil (« droit d’option ») d’intercommunalité de 5 000 à 20 000 habitants Janvier 2017 Réforme des sous-préfectures par la création de maisons de l’Etat regroupant les services administratifs et assurant une présence sur le territoire Janvier 2020 Mise en place de Conseils départementaux 1) Loi Maptam : Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles 2) Loi relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral 3) Loi NOTRe : Loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République Source : gouvernement.fr, presse, Roland Berger
10 THINK ACT Investissement public dans les territoires D CRÉATION DE 13 GRANDES RÉGIONS GÉOGRAPHIQUES HORS DROM ET COM Nord- Métropole européenne 85 1,2 Pas-de- de Lille Calais 71 0,5 Rouen- 1 Normandie Picardie 2 3 Haute- 8 0,2 Normandie Basse- Grand Paris 124 6,7 Normandie Eurométropole Brest Ile-de-France Champagne- Lorraine Strasbourg Rennes Ardennes Alsace Bretagne 28 0,5 43 0,4 Pays 4 de la Loire Centre Franche- 24 0,6 Nantes Comté Bourgogne Poitou- Charentes 5 Limousin Auvergne 6 Grand Lyon Rhône-Alpes 59 1,3 Grenoble-Alpes 49 0,4 28 0,7 Bordeaux Aquitaine Languedoc- Roussillon 7 Midi-Pyrenées Provence-Alpes -Côte d’Azur Nice Côte d’Azur Toulouse Montpellier Méditerranée 49 0,5 37 0,7 31 0,4 Aix-Marseille-Provence 93 1,8 Corse Nombre de communes Nombre d’habitants (en milllions) Métropole créée le 01/01/2015 Métropole créée le 01/01/2016 Métropole déjà créée
THINK ACT 11 Investissement public dans les territoires NOUVELLES RÉGIONS ET PIB PAR HABITANT DES ANCIENNES RÉGIONS [k Eur ; 2011] 7 RÉGIONS +11% +8% +19% sont créées au travers de la fusion de 16 régions 29 28 27 25 24 23 24 Basse- Haute- Nord- Picardie Alsace Champ.- Lorraine Norm. Norm. Pas-de-Calais Ardennes 1 2 3 +5% +17% +24% +14% 31 27 27 26 25 25 24 23 24 Bourgogne Fr.- Aquitaine Limousin Poitou- Auvergne Rhône- Languedoc- Midi- Comté Charentes Alpes Roussillon Pyrenées 4 5 6 7 6 RÉGIONS 51 restent inchangées 29 27 26 25 25 Ile-de- PACA Pays de Centre Bretagne Corse France la Loire Source : INSEE, gouvernement.fr, Roland Berger
12 THINK ACT Investissement public dans les territoires Plus fondamentalement, cette réforme n’aura qu’un effet limité en termes d’optimisation des dépenses des E collectivités locales, alors que les économies budgé- PIB DES 5 PLUS GRANDES RÉGIONS EN FRANCE, taires en étaient initialement un objectif central. ALLEMAGNE ET ITALIE [Mds Eur courants ; 2011] En effet les dépenses de personnel des régions – dont le nombre diminue – demeurent faibles au regard FRANCE des autres collectivités. La création des grandes régions AVANT LA RÉFORME n’aura à cet égard qu’un impact minime. Par ailleurs la 601 Nombre de régions : réforme ne permettra pas de diminuer significative- 22 en France métropolitaines ment les postes qui sont aujourd’hui les plus lourds. Poids cumulé des 5 premières régions : Ainsi les dépenses des communes liées aux achats et 1 038 Mds – 57% du PIB aux frais de personnel représentent en 2013 52,5 mil- 194 Ø 227 141 liards d’euros soit 32% des frais globaux de fonctionne- 102 99 ment. Leurs dépenses d’équipement représentent 24,9 milliards d’euros soit 42% des frais d’investissement. Ile-de- Rhône- PACA Nord Pays de On peut attendre que la montée en puissance des EPCI France Alpes -Pas-de- la Loire Calais permette d’en rationaliser l’utilisation, mais seulement APRÈS LA RÉFORME à la marge. De même, les dépenses sociales, portées à PIB 601 Nombre de régions : +22% 97% par les départements, ne seront pas affectées. 13 en France métropolitaines Enfin et surtout, le poids économique des régions Poids cumulé des 5 premières régions : françaises restera sous-critique – à l’exception de l’Ile 1 267 Mds – 63% du PIB de France – comparé aux régions de nos voisins. Avant 227 Ø 254 la réforme, le poids cumulé des 5 premières régions 150 147 146 françaises était de 1 137 milliards d’euros, soit 57% du PIB. Après réforme il sera de 1 271 milliards d’euros et Ile-de- Auvergne/ Aquitaine, Nord Champagne représentera 64% du PIB, soit une hausse de 22%. France Rhône- Limousin -Pas-de- -Ardennes / Mais, par comparaison, le poids cumulé des 5 premiers Alpes et Poitou- Calais, Lorraine / Charentes Picardie Alsace Länders allemands est de 1 874 milliards d’euros, soit 72% du PIB allemand. E ALLEMAGNE Nombre de länders : 16 Les nouveaux ensembles présentent en outre un ni- Poids cumulé des 5 premières régions : 576 1 874 Mds – 72% du PIB veau d’hétérogénéité considérable. Ainsi, le différen- 459 tiel de PIB par habitant entre l’Auvergne et Rhône-Alpes 385 Ø 375 est de 24%, celui qui sépare l’Alsace et la Lorraine de 19%. La constitution de stratégies de développement 228 226 économiques cohérentes pour chacun de ces nouvelles collectivités représente un véritable défi. C’est d’autant plus vrai que le contexte dans lequel s’inscrira l’action Nordrhein- Bayern Baden- Hessen Nieder- des futurs exécutifs régionaux relativise la pertinence Westfalen Württemberg sachsen des schémas traditionnels d’aménagement, en particu- ITALIE Nombre de régions : 20 lier du fait de la tendance lourde à la polarisation du Poids cumulé des 5 premières régions : territoire et à l’épuisement des effets d’entraînement 927 Mds – 59% du PIB 337 économiques traditionnels. 172 Ø 186 150 143 126 Lombardia Lazio Veneto Emilia Piemonte -Romagna Source : Eurostat, Insee, Roland Berger
THINK ACT 13 Investissement public dans les territoires Repenser en profondeur l’investissement public dans les territoires, au service de la croissance. L’économie française se polarise. L’emploi et les ri- marchand pour maintenir leur niveau de revenu. Les chesses tendent à se concentrer dans les métropoles. disparités entre zones géographiques se sont, par Or, le modèle territorial français est largement inadapté conséquent, creusées – et ce malgré un effort constant à cette nouvelle donne, et la réforme n’a pas permis de de péréquation par l’Etat et les Collectivités. F traiter cet enjeu adéquatement. Avec trop peu de L’analyse des dynamiques de création d’emplois clusters de niveau mondial ou européen, les territoires entre 2008 et 2012 illustre bien le phénomène de pola- français ne bénéficient pas des effets d’entraînement risation des territoires. Si l’on considère les zones de la nouvelle économie. ayant enregistré des créations nettes d’emplois entre Les inégalités territoriales ont été jusqu’ici com- décembre 2008 et décembre 2012, il apparaît que 57% pensées par les politiques sociales, qui constituent de- de ces créations ont eu lieu dans les aires urbaines de facto l’outil majeur d’aménagement du territoire tandis Toulouse Bordeaux, Nantes et Montpellier. Et au sein que la contribution de l’investissement public à cet de ces aires urbaines, les créations sont très majoritai- objectif est limitée. Avec la dynamique inéluctable de rement concentrées dans quelques communes cen- la polarisation, il est nécessaire de concentrer ce der- trales des métropoles. 89% des emplois créés sur l’aire nier dans quelques métropoles « locomotives », qui as- urbaine de Toulouse l’ont été dans la communauté ur- sureront la croissance de l’économie française, plutôt baine de Toulouse. Cette part monte à 94% pour l’aire que de le disperser dans une logique de péréquation urbaine de Nantes. A la polarisation géographique territoriale. s’ajoute une polarisation sectorielle. A Nantes, 13 sec- teurs concentrent 55% des créations d’emplois. Les UNE ORGANISATION TERRITORIALE 45% restant étant dispersés sur plus de 700 secteurs. INADAPTÉE DANS UNE ÉCONOMIE DE PLUS EN Cette polarisation territoriale doit être reliée à plu- PLUS POLARISÉE sieurs tendances économiques de long terme. Depuis les années 1980, l’économie française, à l’instar L’internationalisation des entreprises tout d’abord. de la plupart des pays matures, se polarise, tant en Avec plus de 55% du chiffre d’affaires des entreprises termes de croissance que de contribution au PIB. françaises du CAC 40 réalisés à l’international, les ou- La création de richesses et d’emplois tend à se concen- tils de production ont été massivement transférés vers trer massivement sur certains territoires, tandis que les marchés cibles, avec pour conséquence un affaiblis- d’autres sont devenus très dépendants du secteur non sement continu des tissus productifs locaux.
14 THINK ACT Investissement public dans les territoires A cela s’ajoute la mondialisation des flux, qui accroît le Alors que dans une économie manufacturière la majo- poids des pôles métropolitains connectés entre eux et rité de la valeur ajoutée est captée par la production de insérés dans le système international, capables d’atti- masse (majoritairement située dans les zones périphé- rer et de retenir les facteurs de production (capital et riques) plutôt que par la phase de conception (dans les travail), au détriment des zones périphériques. métropoles), ce n’est plus le cas dans la nouvelle écono- Les gains de productivité dans l’industrie ont éga- mie. Ce sont les lieux où se font les innovations (les mé- lement contribué à la polarisation économique des ter- tropoles), qui captent la majorité de la valeur ajoutée. ritoires. Depuis les années 1980, 17% des destructions d’emplois industriels sont directement liées aux gains Les dernières décennies ont été à l’inverse marquées de productivité. L’automatisation, alliée au développe- par la montée en puissance des effets d’agglomération ment de la sous-traitance industrielle, a profondément et de cluster, qui caractérisent une économie fondée bousculé les systèmes productifs locaux. sur la connaissance et l’innovation, et pour partie si- Enfin, la tendance à la digitalisation et la dématé- tuée à la frontière technologique 1). Les effets d’agglo- rialisation croissante de l’économie a également des mération correspondent au regroupement dans un effets polarisants. Elle tend à accroître les besoins en même lieu d’entreprises et / ou de consommateurs en emploi qualifié. Par ailleurs, la dématérialisation des raison des bénéfices qu’ils peuvent en retirer. Ces effets prestations réduit les besoins en proximité physique produisent des externalités positives telles que le par- pour assurer la relation avec les clients, avec pour tage plus efficace des équipements, ou – dans le cas conséquence une concentration territoriale de la créa- d’un territoire spécialisé dans un ou des secteurs parti- tion de valeur autour des métropoles plus denses en culiers – une meilleure adéquation entre les besoins en compétences. compétences des entreprises et les qualifications de la main d’œuvre locale. Les effets d’agglomération per- Toutes ces dynamiques concourent à fragiliser le mo- mettent également de créer les conditions favorables à dèle territorial qui a prévalu de 1850 à 1980, fondé sur l’émergence de nouvelles connaissances et d’innova- des effets traditionnels d’entraînement, relayés par tions. De même, les effets de cluster, c’est-à-dire la ten- l’investissement public et l’aménagement du territoire. dance à la concentration dans une zone donnée d’en- Dans le cadre d’une économie manufacturière, les treprises liées entre elles par leurs activités – qu’elles effets d’entraînement « amont » tirés par les commandes soient concurrentes ou complémentaires – peuvent aux sous-traitants intégrés au système de production, conduire à plusieurs externalités positives telles que la irriguent et structurent l’économie des territoires. En facilitation de l’accès aux partenariats entre entre- 1990, 70% de la valeur de la production automobile prises, à des ressources humaines de meilleure qualité, provenaient ainsi de la valeur ajoutée d’autres secteurs. l’accroissement de la visibilité à l’international (effet En revanche, dans une économie fondée sur le secteur « marque » territoriale), ou encore l’amélioration du fi- tertiaire et les nouvelles technologies de l’information, nancement. les effets « amont » sont fortement réduits, en raison de la baisse du nombre et de la valeur des composants. Les Or l’organisation territoriale française n’a pas permis composants d’un ordinateur sont moins intenses en de bénéficier pleinement des effets d’agglomération et travail que ceux d’une voiture. de cluster de la nouvelle économie car les clusters Les effets « aval », liés aux ventes réalisées par les français, de petite taille et peu spécialisés, tiennent secteurs moteurs de l’économie (par exemple le sec- rarement la comparaison face à leurs équivalents teur de l’énergie approvisionnant les usines), sont éga- européens. G lement réduits. En effet, seuls trois clusters (deux en Ile-de-France De même, les effets liés au cycle de vie d’un produit et un dans le Sud-Ouest) figurent parmi les trente pre- (devenu beaucoup plus court) sont également réduits miers clusters européens en termes de taille de PIB. dans une économie fondée sur le secteur tertiaire. Parallèlement, le cluster de Toulouse spécialisé dans 1) La frontière technologique désigne l’état le plus avancé en termes d’innovation. Les économies situées, sur certains secteurs, à la frontière technologique, ne disposent pas d’une vision sur les prochaines vagues d’innovations, à la différence des autres, qui peuvent s’engager dans des stratégies volontaristes (publiques ou privées) d’imitation.
THINK ACT 15 Investissement public dans les territoires F POLARISATION DES TERRITOIRES Répartition des zones d’emploi françaises en 6 profils selon leur situation économique Nord- Pas-de- Calais Picardie Haute- Normandie Basse- Normandie Ile-de-France Lorraine Champagne- Ardennes Alsace Bretagne Pays de la Loire Centre Franche- Comté Bourgogne Poitou- Charentes Limousin Auvergne Rhône-Alpes Aquitaine Languedoc- Roussillon Provence-Alpes Midi-Pyrenées -Côte d’Azur Corse Les territoires en difficulté Les territoires en recherche de cohérence économique Les territoires en restructuration Les territoires en croissance globale Les territoires à croissance fondée sur des spécificités locales Les territoires à croissance tirée parle portefeuille d’activités Source : INSEE, AdCF, Intercommunalités 2013, Terra nova, Roland Berger
16 THINK ACT Investissement public dans les territoires l’aéronautique est le seul en France à présenter un de- TROIS SCÉNARIOS DE FINANCEMENT POUR gré de spécialisation élevé. La taille sous-critique et le L’AVENIR DU MODÈLE TERRITORIAL FRANÇAIS manque de spécialisation des systèmes productifs lo- Trois scénarios ont été bâtis par le Roland Berger Insti- caux français ne leur permettent pas, à l’exception de tute, qui offrent des voies contrastées d’évolution de l’Ile-de-France, de bénéficier à plein de ces effets d’en- l’investissement public dans les territoires, et donc du traînement. Si bien que, depuis les années 1980, la modèle territorial français. croissance économique et les créations d’emplois se Le premier scénario, qui se situe dans la continuité font, en France, dans un nombre de territoires et de des tendances actuelles, peut être qualifié de scénario secteurs d’activités trop restreints. La croissance du de « DISPERSION ». Il se caractérise par le maintien PIB s’est ainsi concentrée sur l’Ile-de-France, le Sud- d’un investissement public réparti en direction de Est et le pourtour méditerranéen ainsi qu’à l’Ouest. nombreux territoires, dans une logique de correction Entre 1982 et 2008, la part du PIB représentée par l’Ile- des inégalités territoriales. On fait l’hypothèse que de-France a crû de 2,3 points passant de 26,9% à 29,2% l’évolution du PIB se maintient au niveau de la crois- alors que la part de sa population n’augmentait que de sance potentielle de long terme (1% à 1,5%). Les zones 0,2 points de 18,6% à 18,8%. périphériques continuent à se maintenir en dépit de la perte d’attractivité, sur la base des transferts et de l’in- DES DISPARITÉS TERRITORIALES POUR vestissement public. Ces territoires restent sous la me- L’INSTANT COMPENSÉES PAR DES DÉPENSES nace de la crise des finances publiques et de ses consé- SOCIALES ÉLEVÉES quences. H Jusqu’à présent, les différences de revenus entre les ter- Un second scénario peut être qualifié de scénario ritoires français sont demeurées limitées au regard des d’« ÉQUILIBRE ». Il se caractérise par une orientation de disparités de créations de richesses, notamment en l’investissement public vers les 20 agglomérations les raison de l’importance des transferts sociaux, qui plus importantes, avec pour objectif le renforcement constituent aujourd’hui un des principaux instru- de clusters de taille mondiale et européenne. Ce scéna- ments d’aménagement du territoire. Les dépenses so- rio se traduit par un surcroît modéré de PIB. Les villes ciales publiques représentent 32% du PIB en 2012. Ce moyennes continuent à bénéficier d’investissements sont souvent elles qui permettent à des territoires peu publics dynamiques, et la péréquation entre centre et productifs de maintenir un certain niveau de popula- périphérie est régionalisée. Dans cette configuration tion et d’emploi. les flux démographiques et économiques sont locaux. La dépense publique est, en France, largement faite A l’échelle régionale, les territoires périphériques de transferts sociaux. En comparaison, l’investisse- perdent en population et en emplois. I ment public est relativement modeste, représentant Enfin, un troisième scénario, peut être qualifié de moins de 3% du PIB. Dans un contexte où la péréqua- scénario de « POLARISATION ». Il se caractérise par une tion est largement prise en charge par la politique so- focalisation volontariste de l’investissement public sur ciale, il paraît peu pertinent de mobiliser l’investisse- le Grand Paris et 5 à 7 métropoles. Il se traduit par une ment public sur la compensation des inégalités accélération de la croissance économique dans les mé- territoriales, en injectant des financements dans des tropoles cibles et le renforcement des « effets de clus- territoires peu productifs au regard des caractéris- ters ». Dans ce scénario, les territoires périphériques se tiques de la nouvelle économie. trouvent davantage dépendants des transferts sociaux, D’autres approches doivent être envisagées, notam- tandis que la polarisation des flux démographiques et ment celles qui consistent à concentrer les investisse- financiers s’accélère vers les métropoles. Il est le plus ments sur des pôles métropolitains capables de créer prometteur en termes de création de richesse et d’em- de la richesse et des emplois, des « locomotives » territo- plois et, au global libère de la ressource fiscale, pour riales, seuls susceptibles de faire bénéficier l’économie financer davantage de transfert sociaux. Mais il im- française dans son ensemble d’effets de cluster et d’ag- plique de déployer des politiques d’attractivité sur les glomération significatifs. zones métropolitaines devenues très denses, pour y réduire les effets de congestion. J
THINK ACT 17 Investissement public dans les territoires G DEGRÉ DE CONCENTRATION ET DE SPÉCIALISATION DU TOP 30 DES CLUSTERS EUROPÉENS EN PIB Indice de concentration 10,0 Ile-de-France - Services financiers Nord-Westphalie Industrie manufacturière - Métaux Bade-Wurtemberg Automobile Bade-Wurtemberg Technologies de production Nord-Ouest italien Bavière - Automobile Industrie manufacturière - Métaux Bavière Bavière Technologies de production TIC Nord-Est italien Hambourg - Aéronautique Technologies de production Nord-Westphalie Sud-Ouest France - Aéronautique Nord-Ouest italien Technologies de production Technologies de production Nord- Bade-Wurtemberg Westphalie Dispositifs médicaux Bade-Wurtemberg Plastiques Instruments Nord-Est 1,0 italien Nord-Ouest italien Machines outils Plastiques Nord-Est italien Nord-Westphalie Dispositifs médicaux SEULS 3 CLUSTERS Produits chimiques Bavière - Instruments (2 en IDF et 1 dans le Sud-Ouest) Bavière - Dispositifs médicaux Nord-Westphalie sont dans le top 30 européen Equipement électrique Bavière - Aérospatial Bavière - Production en termes de taille du PIB et transmission d’électricité Nord-Ouest italien Bade-Wurtemberg - Production SEUL LE CLUSTER DE et transmission d’électricité Equipement électrique L’AÉRONAUTIQUE Ile-de-France - TIC AUTOUR DE TOULOUSE Nord-Westphalie présente un degré Pétrole et gaz de spécialisation élevé Sud-Est UK Biotech 0,1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Allemagne France Grande-Bretagne Italie Indice de spécialisation Nota bene : pour des raisons méthodologiques, les données de l’Union Européennes n’identifient pas le cluster londonien des services financiers. Néanmoins, celui-ci représente un des principaux clusters européens. Nota : Concentration : part de l’emploi national dans un secteur donné situé dans la région concernée - Spécialisation : poids du secteur dans l’emploi régional Source : European Cluster Observatory, Roland Berger
18 THINK ACT Investissement public dans les territoires H LE SCÉNARIO DE DISPERSION EVOLUTION DU PIB DANS LE SCÉNARIO CONSIDÉRÉ [Mds Eur ; 2015-2025] +134 Mds Eur CROISSANCE / AN 2 400 FRANCE 0,6% Ralentissement de la croissance par rapport à la tendance historique 2 200 2 000 1 800 Maintien de mécanismes de péréquation Grand Paris + 5 à 7 métropoles 1,4% Ralentissement de la croissance par rapport à la tendance historique par manque d’attractivité 1 600 nationaux 1 400 1 200 12 villes intermédiaires 0,9% Ralentissement de la croissance par rapport à son niveau historique 1 000 800 Croissance économique fondée Territoires périphériques 0,1% Maintien de la croissance du PIB à son niveau actuel sur l’emploi public Effets de péréquation et l’économie maintenus au niveau national 600 et transferts sociaux massifs résidentielle permettant une croissance fondée sur l’économie 400 résidentielle 200 0 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 Croissance potentielle de la France suivant le maintien des équilibres actuels Source : Centre d’analyse économique, INSEE, Roland Berger
THINK ACT 19 Investissement public dans les territoires Correspondant à la poursuite des tendances actuelles, le scénario de dispersion est porteur, à terme, d’un risque de ralentissement de la croissance économique française. Moins créateur de richesses, il est de surcroit soumis à l’aléa de la dynamique de l’endettement public. En matière d’investissements publics, le scénario se Les effets attendus de ce scénario sont : (i) une crois- caractérise par le maintien de la situation actuelle, im- sance faible au niveau national et des grandes aires pliquant : (i) le soutien au développement d’activités urbaines, stagnante dans les zones périphériques du économiques sur l’ensemble des territoires, sans diffé- fait du maintien de la péréquation et des transferts ; (ii) rentiation selon la performance et la compétitivité ; (ii) une légère croissance de l’emploi dans les 20 grandes la focalisation sur le développement de chaque terri- aires urbaines, ainsi que le maintien d’une partie de toire et non sur la maximisation de la croissance au l’emploi public dans les aires urbaines intermédiaires niveau national ; (iii) une péréquation des investisse- et dans les zones périphériques ; (iii) une légère aug- ments élaborée au niveau national. mentation de la population dans les aires urbaines, et une légère baisse de la population dans les territoires En matière de transferts sociaux, il repose sur : i) le périphériques. maintien de la péréquation nationale des transferts Ce scénario, qui consiste à préserver au maximum sociaux ; (ii) le maintien du niveau actuel des transferts les équilibres géographiques et économiques actuels sociaux. – ou plutôt à éviter leur trop rapide dégradation, est néanmoins très risqué. Ne permettant pas l’adaptation du modèle territorial au contexte économique actuel, il est par ailleurs dépendant de l’évolution de l’endette- ment public.
20 THINK ACT Investissement public dans les territoires I LE SCÉNARIO D’ÉQUILIBRE EVOLUTION DU PIB DANS LE SCÉNARIO CONSIDÉRÉ [Mds Eur ; 2015-2025] +93 M D PA R R S E U R A +227 Mds Eur À L A T P P O RT E N DA NCE CROISSANCE / AN 2 400 FRANCE 1,0% Croissance potentielle en ligne avec les estimations actuelles 2 200 2 000 1 800 Grand Paris + 5 à 7 métropoles 2,3% Croissance légèrement supérieure à la tendance récente (1,9%) 1 600 1 400 1 200 12 villes intermédiaires 1,6% Croissance en légère hausse vs. tendance historique (1,2%) 1 000 800 Territoires périphériques 0,2% Très légère hausse du PIB par rapport à la croissance historique (0,1%) Effets de péréquation 600 maintenus au niveau régional entre villes intermédiaires et territoires périphériques 400 200 0 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 Croissance potentielle de la France si les équilibres actuels se maintiennent Source : Centre d’analyse économique, INSEE, Roland Berger
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