Tous unis face à la crise - Touchés, mobilisés, solidaires et maintenant tournés vers l'avenir - Conseil départemental des ...
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#32 ÉTÉ 2020 Le magazine du Conseil départemental NUMÉRO SPÉCIAL Tous unis face à la crise Touchés, mobilisés, solidaires… et maintenant tournés vers l’avenir
MERCI POUR VOTRE COURAGE ET VOTRE ENGAGEMENT À tous les professionnels de santé, aux commerçants, aux transporteurs, aux agriculteurs, aux agents du service public, aux associations, aux bénévoles, aux donateurs de matériel de protection, aux confinés… À tous les Yvelinois. Merci ! Pierre BÉDIER Président du Département des Yvelines
SOMMAIRE 3 Actualité 4-9 POINT DE VUE 10 10 ENTRETIEN • Pierre Bédier : « Cest dans la proximité que tout se joue » 12 ACTIONS • Chronologie de la crise L’action au cœur de la crise 12 14 TÉMOIGNAGES • Paroles d’Yvelinois 15 BUDGET • Une aide de 27 M€ afin de « combler les trous 27 SOLIDARITÉ dans la raquette » 23 • Bulle de bonheur • Avec les masques, 16 MOBILISATION • S’adapter, collaborer et lutter le Département fait face • Les premières lignes à 30 PROXIMITÉ l’hôpital témoignent • Pas de gaspi, vive la solidarité ! 20 PRÉVENTION 31 SANTÉ • Des oreilles bienveillantes • Casser la chaîne de contamination pour les travailleurs • Soutenir les auxiliaires de vie 32 VIOLENCES CONJUGALES • Ehpad : dépistages à huis clos • Nom de code : « Masque 19 » 23 DIGITAL 33 RÉACTIONS • Le numérique au secours des confinés Et après ? 42 34 SOCIÉTÉ • Un choc majeur sur la société 36 ÉCONOMIE • Comment faire face à la crise ? 38 CONSOMMATION • Le monde agricole en plein changement 40 MOBILITÉS • Favoriser le vélo grâce à une offre adaptée aux besoins 42 ÉVASION • La culture à l’ère du numérique • Un été yvelinois Pratique 46 SUR LES RÉSEAUX 48 AGENDA La Villa Sapène, nichée au cœur de la forêt du Mesnil-le-Roi Vos élus REPORTAGES, PHOTOS, VIDÉOS : RETROUVEZ LA SUITE DES ARTICLES EN LIGNE #32 2 place André Mignot, 78000 Versailles - tél. : 01 39 07 78 78 Courriel : actu@ yvelines le département Instagram yvelines.fr Directeur de la publication : Pierre Bédier Rédacteur en chef : Cyril Morteveille Rédaction : Chloë Bringuier, Sophie Berguin, Sandrine Gayet, Marie-Camille Flickr LinkedIn Rigato-Sonally, Nicolas Théodet Photos : Nicolas Duprey (sauf mention indiquée) Création et mise en pages : Twitter 11729-MEP Impression : YvelinesCG78 Sib imprimerie ISSN : 2119-4467 Vous ne recevez pas le magazine ? Écrivez-nous : diffusion@yvelines.fr #32 été 2020
4 POINT DE VUE Orphelins Il était à la tête du Département des Hauts-de-Seine depuis 2007 et œuvrait depuis quatre ans pour fusionner son territoire avec celui des Yvelines. Première personnalité politique française victime de la pandémie de Covid-19, Patrick Devedjian (à dr.), décédé le 28 mars à 75 ans, laisse un grand vide derrière lui. « Il fut un gestionnaire avisé et un visionnaire passionné ; il était surtout mon ami, assure Pierre Bédier, Président du Département des Yvelines (à g.). Honorer sa mémoire, c’est poursuivre son combat. » Un combat à mener désormais avec Georges Siffredi, le nouveau Président des Hauts-de-Seine.
6 POINT DE VUE Distanciation Ne pas serrer sa petite-fille dans ses bras, se contenter d’un regard à travers une vitre. Pendant plus de deux mois, les Yvelinois ont dû tirer un trait sur tous liens directs avec leurs proches. Une distanciation imposée par le gouvernement pour éviter la propagation du virus, qui a isolé davantage les plus fragiles, comme les personnes âgées dépendantes. Pour y remédier, le Département et le Syndicat Seine et Yvelines Numérique ont déployé 400 tablettes dans les Ehpad pour assurer la poursuite du lien social avec les familles (lire p. 25). Il a aussi déployé un grand plan de dépistage dans les 90 établissements du territoire dès le 22 avril (lire p. 17). Et aussi apporté un peu de douceurs aux résidents en leur offrant des chocolats locaux pour Pâques, ou des fraises mi-juin.
8 POINT DE VUE Confinées Des artères vides, dénuées de toute présence humaine. Un silence étourdissant. Ces clichés irréels de nos villes confinées (ici, l’avenue de Paris à Versailles n’est plus que perspective menant, au loin, au Château) subjuguent autant qu’ils oppressent. Pendant 55 jours, du 17 mars au 11 mai, les Yvelines se sont figées et ont dévoilé leur face cachée. Angoissante pour les uns, magique pour les autres. Mais tous ont pris conscience de l’importance de la nature dans notre quotidien. Et de la nécessité d’agir pour la préserver.
10 ACTUALITÉ ENTRETIEN Pierre Bédier : « C’est dans la proximité que tout se joue » Le Président du Département des Yvelines revient sur la crise qu’a traversée le pays et insiste sur Au final, les services médicaux et sociaux qui sont de la l’importance des acteurs locaux pour apporter responsabilité du Département des solutions au plus vite et au plus près n’ont jamais cessé des citoyens. de fonctionner… C’était notre objectif. Il était hors de ques- Le Département des Yvelines tion de fermer nos portes au moment même a été proactif dès le début où les populations les plus fragiles avaient de la crise en mettant très tôt le plus besoin de nous. Souvent, les gens en place un plan d’urgence. s’interrogent sur les missions d’un Départe- Pouvez-vous nous en dire plus ? ment ; à travers nos réponses à cette crise, Plutôt que d’attendre les premiers cas et je pense que les Yvelinoises et les Yvelinois d’agir dans la précipitation, j’ai voulu mettre ont découvert une partie de ce que nous tout de suite nos services en position de crise. faisons et son utilité. J’espère que cela Nous avons activé, plusieurs jours avant le leur donnera un peu envie d’applaudir nos début du confinement, un plan de maintien en agents, ainsi que leurs partenaires, et de activité afin de conserver le service minimum remettre en cause leurs opinions parfois aux populations sans exposer inutilement nos légères sur le service public. Moi, je leur collaborateurs et leurs familles. dis à tous : « Chapeau bas » ! #32 été 2020
ENTRETIEN ACTUALITÉ 11 La crise a aussi mis en lumière compétence PMI ; et la tutelle complète de Mantes-la-Jolie ou de Houdan doit de belles actions de solidarité, des Établissements sociaux et médico- être secouru ! souvent soutenues sociaux, dont nous sommes déjà les tu- par le Département… teurs pour la partie sociale. Quels enseignements Vous avez raison de le souligner, de tirez-vous de cette crise ? nombreux acteurs privés ou publics ont Faut-il également engager une Remettre en cause la centralisation ex- vraiment donné le meilleur d’eux-mêmes réflexion sur les hôpitaux ? cessive des décisions, qui constitue un pendant cette crise. On a parlé beaucoup, J’y suis favorable. Loin de moi l’envie de mal français. Il faut aussi réfléchir à cette à juste titre, des hôpitaux et des soignants mondialisation qui nous a conduits à lais- mais ils n’étaient pas seuls. L’épidémie a « La crise a prouvé que ser partir tant d’industries et d’emplois été un défi pour les associations d’en- vers les pays à bas coûts au nom de l’ef- traide, pour nos pompiers qui ont fait un l’échelon départemental ficacité économique. La mondialisation, travail remarquable, pour nos travailleurs est le mieux placé pour c’est mettre de l’idéologie là ou seule l’ef- sociaux, et j’en oublie… Le Département ficacité devrait primer. À cette vision de la a essayé au maximum d’être aux côtés apporter des solutions » ville ultra-dense qui, là aussi, est défen- de tous ces acteurs en bouchant ce que due par beaucoup au nom d’une soi-di- j’appelle « les trous dans la raquette » des priver les maires de leur responsabilité sant efficacité. Cette épidémie remet les dispositifs nationaux ou régionaux, parfois dans ce domaine mais lorsque l’hôpital pendules à l’heure sur un certain nombre un peu éloignés des réalités. de Versailles a besoin d’acquérir un robot d’idées à la mode ! chirurgical, c’est vers le Département qu’il La livraison de masques en se tourne plutôt que vers la commune. La tissu aux communes a été crise a prouvé que le bloc « communes-Dé- « Remettre en cause particulièrement appréciée… partement » est le mieux placé pour appor- Je suis très heureux d’être parvenu à livrer ter des solutions au plus vite et au plus près la centralisation deux masques lavables par personne aux des citoyens. excessive » 225 communes de moins de 15 000 habi- tants avant le déconfinement. Le retour sur C’est-à-dire ? le terrain des élus locaux prouve que nous Lorsqu’il s’agit de conduire une action pu- avons eu raison d’agir. J’ai été très frappé blique opérationnelle, c’est dans la proxi- également par la part qu’a pu prendre mité que tout se joue. Pour prendre une notre syndicat, Seine & Yvelines Numé- métaphore inspirée par le tennis en double, rique, dans les solutions apportées à de je dirais que les maires ont fait le boulot en nombreux problèmes : continuité pédago- première ligne, au filet, mais, derrière, le gique, téléconsultation médicale ou main- Département a tenu le fond de court. tien du lien familial pour les communautés confinées comme les personnes âgées, Vous parlez du Conseil les personnes en situation de handicap ou départemental ? les enfants placés. Pas seulement. Quand je dis département, je parle aussi de la préfecture et de la dé- Vous souhaitez depuis légation yvelinoise de l’agence régionale longtemps que la santé de santé. Ensemble, sur un territoire que devienne une compétence nous connaissons bien, nous avons fait, départementale. Défendez- je crois, un bon travail. vous toujours cette position ? Oui. Soyons clairs, il ne s’agit pas de re- L’échelon régional ou vendiquer pour le plaisir de revendiquer ni national a parfois pu paraître de prétendre tout gérer dans le domaine davantage éloigné des de la santé. Mais il y a des évidences réalités… et j’en citerai trois : la lutte contre la dé- C’est exact. Je trouve désastreux que l’on sertification médicale, sur laquelle nous nous mette des bâtons dans les roues sommes très actifs mais sans que ce quand nous essayons d’aider nos petits rôle soit reconnu ; la médecine scolaire, commerces et nos artisans ; ce n’est pas Interview réalisée qui devrait être le prolongement de notre de Paris que l’on peut dire quel commerce par Sandrine Gayet et Cyril Morteveille #32 été 2020
12 ACTUALITÉ ACTIONS Chronologie de la crise Le Conseil Le Département Au niveau national départemental convoque sa définit son « Plan première cellule Dans les Yvelines d’Urgence et de crise. Elle se de Maintien des tiendra tous les Activités » qui jours jusqu’au vise à adapter le 4 avril, puis un jour fonctionnement sur deux, jusqu’à des services sa clôture le 9 juin Lancement de pour assurer dernier. La cellule la distribution Les autorités les missions fait chaque jour de tablettes sanitaires chinoises essentielles pour le point sur la dans les annoncent les usagers, et à situation nationale EHPAD pour officiellement accompagner les et régionale en lien accompagner la la découverte services de l’État avec la préfecture communication d’un nouveau et la communauté et définit le plan des résidents coronavirus, en lien médicale et d’action et la avec leurs avec des cas de médicosociale communication La loi d’état familles, et aux pneumonie d’allure dans la lutte à adresser d’urgence enfants confiés virale dans la ville contre l’extension quotidiennement sanitaire est à l’Aide Sociale de Wuhan. de l’épidémie. aux Yvelinois. promulguée. à l’enfance. 7 JANVIER 5 MARS 13 MARS 23 MARS 6 AVRIL 25 FÉVRIER 12 MARS 18 MARS 25 MARS 9 AVRIL La première Le président de Collecte Les Dépar- Mise en victime est la République des denrées tements des place par le déclarée en annonce la périssables dans Yvelines et des Département France. Quatre fermeture les cantines Hauts-de-Seine de la gratuité jours plus tard, de toutes des collèges du mettent en place des loyers aux les 100 premiers les écoles et département et un dispositif professionnels cas sont universités à du matériel de d’urgence de santé libéraux dépassés. Le partir du lundi protection afin de pour faciliter et exerçant dans Gouvernement 16. Le Premier les distribuer aux accompagner la les maisons déclenche le ministre associations et sortie d’hospita- médicales « stade 2 » de annonce la établissements lisation des per- des Yvelines, son plan de lutte. fermeture des enfance, structures sonnes âgées propriétés des bars et des pour personnes et le maintien collectivités restaurants dès en situation des services à locales. le 14 à minuit. de handicap, domicile pour services d’aide les personnes à la personne, âgées dépen- résidences dantes durant séniors. cette période de pandémie. #32 été 2020
ACTIONS ACTUALITÉ 13 L’opérateur Début de la Le Département Seine et Yvelines campagne de commence Le Département, Numérique lance dépistage des la distribution l’État, l’Agence le programme soignants et des d’1 million régionale de santé « Amusez-vous » résidents au sein de masques Île-de-France et à destination des 90 Ehpad en tissu (deux la plateforme ter- des familles du territoire Cette par personne ) ritoriale d’appui, L’ensemble pour occuper les opération co-pilotée dans chaque APTA 78, du territoire enfants pendant avec l’ARS, a engagé commune inaugurent la est désormais les vacances sur le terrain des de moins cellule d’appui à Le parc Départe- placée en zone scolaires équipes médicales de 15 000 l’isolement pour mental de la Boucle verte, mais confinées. Face du SDIS78 et du habitants, et les personnes de Montesson et le les gestes à son succès, Département ainsi dans les autres contaminées et Domaine de Madame barrières l’opération est que les laboratoires communes qui pour tracer les Elisabeth à Versailles restent prolongée. yvelinois. en ont besoin. « cas contacts ». rouvrent leurs grilles. primordiaux. 10 AVRIL 22 AVRIL 5 MAI 12 MAI 30 MAI 15 JUIN 17 AVRIL 28 AVRIL 11 MAI 22 MAI 9 JUIN Le Conseil Le Premier Le Département Le Conseil départe- Dès le 1er jour de départemental ministre Édouard décide d’élargir mental désactive adopte en Philippe confirme déconfinement, son dispositif sa cellule de crise. Assemblée à le déconfinement les chantiers Yvelines Etudiants distance, un progressif de la routiers des Seniors en plan d’urgence France pour le Yvelines s’appuyant sur ses de 27 M€. lundi 11 mai. reprennent partenaires pour leurs activités rompre la solitude et les centres des personnes d’accueil âgées. Deux millions d’euros retrouvent ont été alloués au progressivement nouveau dispositif leurs horaires baptisé YES+. habituels. #32 été 2020
14 L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE TÉMOIGNAGES Paroles d’Yvelinois Bastien Versailles J’ai quitté la ville pour aller en famille à la campagne. Il n’y a eu aucune tension et nous sommes tous restés dans une relation saine. Pourtant, nous étions nombreux et étalés sur trois Robyn générations. Mais cela nous a permis Saint-Rémy-lès-Chevreuse de resserrer les liens et de nous J’ai vécu le confinement recentrer sur la cellule familiale. J’ai comme des vacances remarqué une chose, c’est que le temps rallongées, plutôt simples à vivre. passe vite en confinement. Le rythme est différent, d’autant plus qu’on En plus, confiné avec ma profite de plein de choses. Après, j’étais dans un cadre privilégié, compagne, cela nous a permis mais cela m’a permis de mieux me connaître, et de mieux cerner de plus nous rapprocher et ce que j’attends de la vie. » de créer une nouvelle affinité. Je rentre aussi dans une étape Gregory précise de ma vie entre la fin Versailles de mes études et l’entrée dans le monde du travail. La crise Cette période, inattendue pour économique annoncée ne me fait pas peur pour ma recherche chacun d’entre nous, a été une d’emploi. On est sur un territoire qui bouge beaucoup, vraie expérience de vie. Elle l’a été avec une population très active. » d’autant plus que nous sommes arrivés dans les Yvelines et sur Versailles à la veille du confinement, le samedi 14 mars. Cette période si particulière nous a donné du temps, beaucoup de temps, ce qui est Amélie une vraie chance. Cela doit nous rappeler Andrésy à quel point il est important de profiter de chaque instant, et de prendre Le plus difficile a été de du temps pour soi. Elle nous aura aussi permis de prendre pleinement gérer au quotidien le suivi conscience de l’importance du lien social qui nous unit les uns aux pédagogique des enfants et le autres, et de l’importance de partager des moments ensemble. » télétravail. Enseigner est un métier et ça ne s’improvise pas. Tout au long de la crise nous Arnaud avons aussi été tout à fait Protection Civile des Yvelines transparents avec nos enfants En début de crise, on a eu 80 bénévoles spontanés qui sont en leur expliquant concrètement arrivés en 24 heures. C’est très bien de s’engager, mais durant ce qu’il se passait. Je suis assez convaincue qu’en étant cette crise, s’engager ce n’est pas seulement sur le terrain. Je me suis dit pleinement conscients et lucides sur le monde qui les entoure, peut-être qu’il y avait aussi moyen d’aider à proximité de chez soi. On se ils deviendront les adultes responsables, engagés, bienveillants doit d’être des exemples, et cela peut se traduire par de l’aide aux voisins et volontaires dont le monde de demain aura besoin. » ou aux personnes âgées victimes d’isolement à proximité de chez soi. » Anne-Marie Pierre-Louis Montigny-le-Bretonneux Conseil de Santé et médecin au Port-Marly Lors du confinement, il y a Le confinement a contribué à eu une phase de déni. En empêcher le développement du télétravail, je travaillais d’arrache- Covid-19. Des études ont été faites et pied comme si de rien n’était. je pense qu’on n’est pas loin de pouvoir Je me suis aussi transformée dire que 100 000 personnes ont été en super maman en action pour sauvées de la mort. L’Île-de-France a ma fille de 4 ans. Je lui ai créé payé un lourd tribut. D’ailleurs sur le un agenda et des routines pour territoire, la notion de déconfinement qu’elle ait des repères. Comme tout le monde, j’ai suivi les infos a plutôt été celle d’un déconfinement et les stats quotidiennes sur l’évolution de la maladie. Impuissante, adapté en comparaison des autres régions françaises. Cela est dû avant je me suis engagée avec ma boîte pour apporter notre aide tout à la densité et le brassage de la population propre à la région. Un et nous avons offert 40 ordinateurs pour équiper les EPAHD déconfinement structuré a permis de limiter la propagation et l’arrivée de ma commune. » de la deuxième vague. » #32 été 2020
BUDGET L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE 15 Une aide de 27 M€ afin de « combler les trous dans la raquette » Le Département a débloqué, dès le mois d’avril, un fonds d’urgence exceptionnel pour venir rapidement en aide aux plus démunis. E n cette période de crise, « Villes, Intercommunalités, Départements, Régions et État doivent être solidaires et travail- ler ensemble pour le bien de tous. » C’est avec ces mots que, le 17 avril dernier, Pierre Bédier, président du Département des Yvelines, a appelé les élus du Conseil départemental à voter un plan d’aide d’urgence de 27 M€ pour faire face aux défis immédiats que posait la pandémie. ciliter leur confinement au sein du Soutenir le personnel « Son principe vise à combler ce domicile familial. La même somme de santé du Département que j’appelle “les trous dans la ra- a permis la mise en application de Le Département s’est aussi mobili- quette”. Nous intervenons lorsque mesures en faveur de la protection sé pour le personnel de santé. Il a nous constatons que des choses de l’enfance. débloqué une aide de 2,25 M€ per- manquent », ajoute-t-il, insistant sur L’aide alimentaire aux foyers mo- mettant de soutenir le secteur sani- le fait que le Département ne s’est ja- destes les plus durement touchés taire, social et médico-social. Notam- mais substitué à l’État durant la crise. a été doublée et portée à deux mil- ment par l’acquisition de masques lions d’euros. FFP2, de masques chirurgicaux, de Une aide financière aux Face à la perte de revenus dont sont blouses et sur-blouses de protection, populations en difficulté victimes certains ménages durant la de sur-chaussures à usage unique, Cet investissement financier se ca- crise, le Conseil départemental des de charlottes, de gants et de gel ractérise avant tout par le soutien aux Yvelines acte le principe de la mo- hydroalcoolique nécessaires à la populations vulnérables. Un million bilisation d’une enveloppe de 3 M€ continuité et à l’exercice de l’activité. d’euros a bénéficié aux personnes visant à les accompagner en cas de en situation de handicap afin de fa- difficulté à honorer leur loyer. Nicolas Théodet 3 M€ 2 M€ 11 M€ L’enveloppe allouée aux ménages Le montant de l’aide alimentaire, Les surcoûts estimés des mesures les plus touchés par la crise pour les distribuée sous forme de bons de prévention sur les principaux accompagner en cas de difficulté à d’urgence, a été doublé pour faire face chantiers où le Département honorer le paiement de leur loyer. aux nouveaux besoins. assure la maîtrise d’ouvrage. #32 été 2020
16 L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE ACCOMPAGNEMENT MOBILISATION PIC DE LA CRISE 16 © Marion Fourniès S’adapter, collaborer et lutter efficacement contre la propagation du virus Les équipes de sécurité sanitaire des Yvelines ont front face à un ennemi d’un genre nouveau. Leur capacité d’adaptation, leur collaboration et leur engagement ont permis d’assurer la sécurité de tous. F aire face à 13 000 appels et 280 interventions au « Une plateforme organisait de la télésurveillance. quotidien. Au plus fort de la crise, le SAMU, les Gérée par l’APHP (Assistance Publique – Hôpitaux de sapeurs-pompiers, la Croix-Rouge, l’Ordre de Paris), elle s’occupait des patients touchés par le Co- Malte et la Protection Civile des Yvelines ont uni leurs vid-19 mais qui ne nécessitaient pas un transport vers forces pour faire front. C’est cette collaboration qui a l’hôpital. Un questionnaire leur était envoyé et si leur état permis d’offrir une réponse efficace à la crise sanitaire devenait grave, nous étions recontactés », précise-t-elle. qui touche la France depuis mars. « L’idée, c’était que toutes les procédures soient communes », ex- plique le Docteur Laurence Berton, médecin au SAMU du Centre hospitalier de Versailles, qui rappelle que l’enjeu « était à la fois la sécurité des patients et des équipes en intervention ». Cette sécurité ne commence pourtant pas sur le ter- rain. « Il y a eu un renfort, des médecins retraités, des chirurgiens, des médecins non praticiens se sont portés volontaires. Sans oublier le renfort en secrétariat pour les prises de rendez-vous », rappelle le docteur Berton. © SDIS 78 Derrière le téléphone, les équipes s’activent et le SAMU assure la coordination des équipes d’intervention. #32 été 2020
MOBILISATION L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE 17 Coordonnées par le centre d’appels du SAMU, les interventions dans les Yvelines ont été nombreuses. Près de 5 500 interventions pour des sus- picions de Covid-19 rien que pour le SDIS. Le centre d’appels du SAMU « submergé » « Le centre d’appels du SAMU a été complètement submergé, déclare le colonel Stéphane Millot, directeur du Service départemental d’incendie et de secours des Yvelines (SDIS78), si bien que nous avons eu une certaine autonomie d’action avec nos méde- © Croix Rouge des Yvelines cins et infirmiers pour aiguiller les pa- tients vers les hôpitaux. Nous sommes Croix-Rouge, SDIS 78 et SAMU ont collaboré étroitement. Une alliance restés sous l’autorité du SAMU, mais solidaire et efficace qui a permis de nous avons adapté nos actions à cette sauver de nombreuses vies. situation exceptionnelle. » « Nos équipes étaient engagées de les pompiers, la crainte était similaire. Dans les Yvelines, aucun des 8h du matin à minuit », se rappelle « Nous avions bien évidemment les membres du SDIS n’a été contaminé pour sa part Cédric Robin, coordina- protections individuelles, c’est-à-dire lors d’une intervention. Preuve de teur Covid-19 pour la Croix-Rouge blouses, masques, gants… précise l’efficacité des opérations entre- des Yvelines. Leur principale préoc- le colonel Stéphane Millot. Afin de gé- prises par les équipes préhospita- cupation étant la sécurité des équipes rer le stock, nous avons mis en com- lières qui, malgré la difficulté de la intervenantes. « Il était hors de ques- mun notre matériel avec les autres période, démontrent leur capacité tion que l’on mette nos bénévoles en SDIS d’Île-de-France pour assurer la à mettre en place rapidement et ef- danger dans ce type de missions. sécurité de tous les engagés. Nous ficacement une réponse opération- Nos bénévoles étaient protégés au avons aussi reçu beaucoup d’aides nelle pour la sécurité des habitants. même titre que les équipes médi- de la part des bénévoles et des col- « Ce n’est pas uniquement une cales du SAMU, c’était la règle dès le lectivités, comme le Département qui crise sanitaire. C’est une crise ex- départ », appuie Cédric Robin. Chez nous a offert du matériel. » ceptionnelle car elle touche toutes les couches de la société, tout le pays. Pour cela il a fallu réinventer des modèles de travail pour s’adap- ter. C’est aussi ça notre métier », analyse le colonel Millot. Nicolas Théodet 5 500 Le nombre d’interventions réalisées rien que par les pompiers des Yvelines pour des suspicions de Covid-19. © SDIS 78 Les interventions en tenue accentuaient ce sentiment anxiogène. Mais elles ont permis de protéger les bénévoles et les engagés sur le terrain. Du jamais vu en si peu de temps. #32 été 2020
18 L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE MOBILISATION Les premières lignes à l’hôpital témoignent Quand le tsunami épidémique arrive sur l’Île-de-France, les hôpitaux et cliniques des Yvelines se réorganisent pour accueillir les malades du Covid les plus critiques. Les services sont confrontés à une médecine de catastrophe. O n a eu des formations après les du territoire national. Nous avons activé nos hôpitaux pour ne pas saturer nos capacités « attentats de 2015 mais on ne cellules de crise et réorganisé les services de traitement aigu. » s’est jamais trouvés confrontés à en prévision des afflux de malades, mais L’adaptabilité, ce fut donc la réorganisa- une telle situation », raconte Stéphanie, au-delà de nos plans, ce que je retiens c’est tion des services. Certains ont changé de infirmière à l’hôpital de Poissy. Frappés l’éblouissante cohésion des hospitaliers en vocation, du personnel a été réaffecté, cer- de plein fouet, quatre professionnels France », explique Yann Scotte, directeur tains patients ont été renvoyés chez eux hospitaliers reviennent sur leur quotidien de l’hôpital du Vésinet (Direction commune précocement, des interventions moins au plus fort de la crise. des centres hospitaliers de Versailles, Plai- urgentes furent reportées. Des “unités co- sir, Viroflay et Le Vésinet). S’agissant de la vid” ont été créées afin d’isoler ces patients Yann, directeur hospitalier : gestion des flux de patient, il n’hésite pas à des autres. « Adaptabilité permanente » comparer la situation vécue au plus fort de En cellule de crise, tous les jours, Yann « Collectivement, le pays n’avait pas pris la la crise à de la médecine de guerre. Un su- Scotte a été aux côtés des blouses bleues, mesure de l’ampleur de la crise qui arrivait. jet qu’il connaît bien pour avoir été infirmier blanches et vertes et en lien permanent Aux premiers jours de l’épidémie, il y a eu anesthésiste dans l’armée et couvert à ce avec le SAMU 78 et les autorités sanitaires. un décalage entre ce que la population vi- titre plusieurs théâtres d’opérations. « La Dispatcher les malades selon les lits dispo- vait dehors et ce que les soignants affron- médecine de catastrophe implique une nibles en réa relevait de la prouesse d’au- taient d’heure en heure. À l’hôpital, nous adaptabilité permanente et l’application tant que les malades graves, qui souffrent avons très tôt compris que c’était grave et d’une procédure préalablement établie, d’un syndrome de détresse respiratoire que nos moyens risquaient d’être dépas- dite de damage control, bien connue des aiguë, restent au moins une dizaine de sés car on suivait ce qu’il se passait hors urgentistes visant à ne pas engorger les jours en réanimation. #32 été 2020
MOBILISATION L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE 19 des vêtements pour le personnel Pour sa part, Marie, infirmière à l’hôpi- soignant qui a fortement grimpé en tal de la Porte Verte, fait partie des soi- effectif… Tout ça a été le fruit d’une gnants qui ont été touchés par le virus. réactivité exemplaire de l’hôpital. « On Elle a eu la chance de ne pas être a transformé les lieux en seulement hospitalisée, contrairement à l’une de huit jours, c’est extraordinaire. Je suis ses collègues…À peine remise, elle admiratif des moyens qui ont été mis a repris le chemin de l’hôpital et le à notre disposition par la direction. rythme à 100 à l’heure, crise oblige. Des anciens de la réanimation, des « Il y a une excellente ambiance infirmières d’autres services, ce sont entre les soignants et une entraide au moins 15 personnes qui sont ve- incroyable. C’est nécessaire et appré- nues en renfort nous aider volontai- ciable dans ce contexte. À mon retour rement. Nous sommes environ un à la Porte Verte, j’ai commencé par un effectif de 115-120 personnes. Il ne “2 x 12 h” et je suis passée de 500 pas faut d’ailleurs pas oublier les hôpitaux par jour à 14 000 d’un coup, c’est privés qui ont ouvert leurs portes sur assez épuisant », admet-elle. le territoire. Quand il a fallu qu’ils ré- Et quand elle rentre chez elle, chaque pondent à la demande sanitaire, ils geste compte ! Douche systématique ont été là et ont joué leur rôle. C’est puis désinfection de celle-ci : tout est une gymnastique et un parcours du calculé et millimétré depuis plus d’un combattant du quotidien. » mois. Tout est scrupuleusement net- toyé avant la prochaine garde. Stéphanie et Marie : Son seul regret ? Devoir éviter tout « Une entraide incroyable » contact physique avec ses enfants. Certaines choses ont changé radica- « Tant pis, nuance-t-elle. Je me rat- Dr Jean- Pierre Bedos lement. « On passe énormément de traperai en bisous quand tout ça sera Jean-Pierre, temps à s’habiller et se déshabiller. Il faut derrière nous. Mes enfants ont intérêt chef d’un service compter 45 minutes, contre 20 minutes à courir vite ! » réanimation : « Tripler habituellement. Et on doit intervenir au- notre capacité d’accueil » près de patients qui arrivent non-stop », Sandrine Gayet (avec Nicolas Le Dr Jean-Pierre Bedos, chef du décrit Stéphanie de l’hôpital de Poissy. Théodet et Marie-Camille Rigato) pôle réanimation du CH de Versailles, expliquait le 6 avril dernier que le nombre de lits dédiés à la réanimation Marie et ses collègues de l’Hôpital a été fortement augmenté, comme de la Porte Verte (Marie est au centre, en arrière plan, elle porte dans tous les établissements de des lunettes et une charlotte) santé. « Habituellement, nous avons en moyenne une vingtaine de lits en réanimation, mais là nous avons dû utiliser des lits habituellement dédiés à d’autres activités pour augmenter les places disponibles en réa, 51 au total. C’est une organisation considé- rable qui a nécessité une logistique humaine et matérielle extrêmement compliquée afin d’assurer la prise en charge des patients, atteints ou non du Ccvid-19, en coordonnant des transferts de patients et d’activités avec tous nos établissements parte- © Marie Boucard naires publics et privés. » Tout ce qui tourne autour des équi- pements, mais aussi des outils et #32 été 2020
20 L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE PRÉVENTION Des oreilles bienveillantes pour les travailleurs Dès le début de la crise, le Département a épaulé les travailleurs des Services d’Aide à Domicile. Outre la distribution de matériel, l’accès à un numéro vert ou le maintien des versements APA sur trois mois, une cellule de soutien psychologique a été mise en place. Alain Berjonval était l’un des psychothérapeutes au bout du fil. Il raconte ces deux mois à l’écoute des Yvelinois. Avez-vous fait face à une s’est inquiété à un degré différent. La mort dizaine d’années je mène beaucoup vague d’angoisse parmi les en face était clairement un rappel à l’ordre. d’accompagnements auprès de per- appels ? Avez-vous retrouvé Certains ont eu du mal à se défaire de ce sonnes victimes de burn-out. Les situa- des peurs communes parmi climat anxiogène. D’autres se sont posé tions de stress sont courantes et si l’on vos interlocuteurs ? la grande question : « Quel est le sens de prend le temps d’en parler, de s’écouter, Oui, très clairement. La peur commune ma vie ? ». Cette période n’a laissé per- nous pouvons les maîtriser. Il me semble était celle de la maladie et de la mort, sonne indifférent. Beaucoup cherchent à bien naturel que les auxiliaires de vie et qu’importe l’âge de mes interlocuteurs. changer de vie, pour certains cela a été que le personnel soignant en général Beaucoup appelaient dans un état de pa- un accélérateur. Une chose est certaine, puisse bénéficier d’une écoute tout au nique totale, incapables de faire quoi que les managers et les entreprises vont de- long de l’année et pas seulement en ce soit. L’angoisse est bien naturelle, en voir revoir leur fonctionnement. Chacun a période de crise. À travers ce travail je Occident nous avons un certain sens du un peu plus pris conscience de qui il était. donne une boîte à outils à mes interlo- contrôle. Au début de la crise, nous étions cuteurs et je leur explique comment les face à un virus invisible et méconnu. Grâce Quels conseils donneriez- êtres humains fonctionnent. Je les aide à de l’écoute et de l’échange, je tente d’ex- vous aux angoissés pour faire à être à la fois plus libre et plus respon- pliquer aux personnes que nos peurs sont face à « l’après » où le virus sables. Finalement, la vie ne sert qu’à souvent des illusions : les attaques de pa- circule toujours ? être vécue ! nique ne sont que la peur de la peur. À Il faut se respecter. Prendre soin de son force de conversations et de soutien, les corps et de son cerveau. Depuis une Chloë Bringuier choses finissent par s’apaiser grâce à des exercices. Qu’avez-vus mis en place, notamment avec les auxiliaires de vie qui avaient accès à cette cellule ? Les auxiliaires de vie font un travail extraor- dinaire. Elles existent en étant utiles auprès des autres. Prendre soin de leur santé pa- raît évident. Lorsqu’elles m’appelaient je les écoutais tout en leur expliquant qu’elles avaient en elles les ressources nécessaires pour faire face à la situation. En plusieurs séances au téléphone nous avons travaillé sur la relation corps-cerveau qui est la clef pour apprendre à s’apaiser. Ce travail sert d’ailleurs au-delà du Covid. Pensez-vous que cette épidémie a fragilisé l’équilibre des français ? Oui et non. Ceux qui avaient déjà un terrain fragile en ont forcément souffert. Chacun #32 été 2020
PRÉVENTION L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE 21 Soutenir les auxiliaires de vie L es personnels des ser- vices d’accompagnement à domicile qui passent de maisons en maisons avec des personnes vulnérables ont été en première ligne durant cette période. Des aides ont vu le jour pour faciliter leur quotidien et leur permettre de vivre la situation en sécurité. « Un peu d’écoute, c’est toujours bienvenu » C’est une chose à laquelle les soi- gnants s’attendent : la santé men- tale constituera probablement une dernière vague à la suite de cette pandémie. À la fin du mois de mars 2020, l’anxiété chez les Français a augmenté de 26,7 % selon les chiffres de Santé Publique France. Le confinement, la solitude, la peur du virus ou de la mort ont mis à mal les Français. Prendre soin de soi pour prendre soin des autres l’écoute qu’elle retrouvera sa force. l’année afin d’accompagner au Si les citoyens confinés étaient an- Une fois par semaine, elle échange mieux celles qui adoucissent la vie goissés, on ne peut qu’imaginer la avec le psychologue de la cellule : de nos aînés à domicile. situation de ceux qui ont continué à « Il m’a donné des exercices que je fais travailler. Virginie et Brigitte sont auxi- chaque jour. Finalement, j’avais besoin Ne pas baisser la garde liaires de vie à domicile dans le nord d’écoute, pas de médicaments. » Si l’épidémie semble maîtrisée, le du département. Les deux femmes Brigitte, quant à elle, ne ressentait Conseil départemental ne baisse pas n’ont pas vécu la période de la même pas ce besoin de parler. Mais appre- la garde et continue de soutenir les manière mais ont toutes les deux fait nant que le service était accessible, personnes âgées et en situation de appel à la cellule d’écoute mise en elle s’est laissée tenter : handicap comme il l’a toujours fait. place par Invie pour le Conseil dé- « Un peu d’écoute, c’est toujours bien- Cet été 2020 voit une version ampli- partemental. venu. Cela m’a permis d’échanger, de fiée du dispositif YES. 500 jeunes et « Dès le 28 mars, quand j’ai appris parler mais aussi de m’apaiser. » demandeurs d’emplois sont recrutés qu’une proche d’une patiente avait En effet, Virginie et Brigitte se doivent pour lutter contre l’isolement de 5 000 eu le Covid, j’ai commencé à avoir d’être toujours en forme lors de leurs seniors yvelinois. Durant ces visites, des crises d’angoisse pour la pre- visites. Souvent, elles sont l’unique les professionnels peuvent utiliser mière fois de ma vie. » lien avec l’extérieur pour les per- DomYcile : un boîtier visant à conser- Virginie ne dort plus. Elle a peur de sonnes âgées ou/et handicapées ver les informations d’accompagne- transmettre le virus à sa fille mais dont elles s’occupent. Si cette cellule ment. Ce boîtier est gratuit, sécurisé aussi à ses patients, particulièrement a été mise en place durant la crise, mais surtout confidentiel. fragiles. Si son médecin lui a pres- Brigitte se demande si ce dispositif crit des médicaments, c’est dans ne pourrait pas être disponible toute Chloë Bringuier #32 été 2020
22 L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE PRÉVENTION PERSONNES ÂGÉES Ehpad : dépistages à huis clos Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ont été particulièrement touchés. Dès le mois d’avril, le Département des Yvelines a organisé une vaste campagne de dépistage pour limiter la propagation du virus. L ’opération, en collaboration avec l’ARS, a été menée dans les 90 Ehpad du territoire pour les résidents mais aussi pour les professionnels qui y tra- vaillent. En moins d’un mois, cette vaste campagne a pu être menée grâce au dé- vouement de vingt personnes. Médecins, infirmières, pompiers, logisticiens… Tous étaient sur le pont, comme en témoigne Sylvie Gonin, médecin du Département, qui a participé au bon déroulement des dépistages : « Il a fallu travailler à distance avec des gens qui ne se connaissaient pas. Tout s’est passé très vite et chacun a été engagé et réactif. » ces situations angoissantes, ils savent avec tous les intervenants au milieu d’une expliquer calmement le déroulement de crise sans précédent et qui a soulevé de « La complémentarité était la clef » l’opération. » Le professionalisme des infir- nombreuses interrogations. Sortir de sa En effet, les infirmières des PMI et les pom- mières est également à saluer. Elles savent zone de confort n’est jamais chose aisée. piers du SDIS ont travaillé main dans la poser des sondes gastriques sur des nour- Les plus de 4 000 dépistages en cinq se- main, comme une réelle équipe. Sylvie Go- rissons : l’écouvillon à glisser dans le nez maines dans les EHPAD, résidences auto- nin n’hésite pas à rappeler le climat extrê- n’a donc aucun secret pour elles. nomie et autres foyers prouvent le succès mement anxiogène dans lequel les équipes « Ces dépistages ont permis un travail du travail d’équipe. de la « Mission dépistage » arrivaient : d’équipe efficace. Chacun a mis son ego de « L’image des pompiers rassurait beau- côté et a ajouté sa plus-value au service de Des gestes « presque » naturels coup les résidents et le personnel soi- la mission. La complémentarité était la clef. » Prise de température, masque, gel hydro- gnant. Les pompiers ont l’habitude de Sylvie Gonin a été en contact constant alcoolique… Tous ces gestes que nous fai- sons aujourd’hui « presque » naturellement sont primordiaux dans les Ehpad. Lors des dépistages, l’angoisse était palpable. Le plus stressant ? « L’attente de 48 heures pour avoir les résultats » ou « la sensation très dé- sagréable du test » pour l’équipe de nuit de l’EHPAD Léopold Bellan à Mantes-la-Jolie, premiers à être testés. Si ces dépistages ont pu avoir lieu aussi ra- pidement, c’est grâce au plan d’urgence de maintien des activités (PUMA) adopté par l’Assemblée départementale dès le 17 avril. Au total, ce PUMA représente 27 millions d’euros apportés aux concitoyens. Chloë Bringuier #32 été 2020
DIGITAL L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE 23 GARDER LE LIEN Le numérique au secours des confinés Qu’aurions-nous fait sans le numérique durant cette crise ? Vous êtes-vous déjà posé la question ? S’informer, garder le lien, faciliter notre quotidien, travailler, se divertir… La connexion Internet dans les foyers n’a jamais été aussi précieuse que durant ces 55 jours de confinement. C ’est le numérique qui a permis au Conseil dé- les sites et réseaux sociaux, organisation et maintien partemental des Yvelines d’assurer ses mis- des services, continuité pédagogique, déploiement sions à distance et de protéger les Yvelinois. du Wi-fi… Tout a été mis en place rapidement, intelli- Distribution de tablettes, informations en continu via gemment et sereinement. #32 été 2020
24 L’ACTION AU CŒUR DE LA CRISE DIGITAL Si certains étaient habitués aux usages numériques, c’était loin d’être le cas de tous. Au-delà de cette problématique, les familles où chacun dispose d’un ordinateur sont assez rares. Chaque foyer a dû s’organiser avec ses moyens, ses capacités ainsi que ses connais- sances. Zoom sur quelques ini- tiatives mises en place par Seine- et-Yvelines Numérique (SYN) durant la crise. Une continuité pédagogique primordiale Dès le 16 mars, le président de la République annonce l’ordre, comme en témoigne Hugo, élève de 4e : « J’ai la fermeture des écoles, une première. L’avenir est flou, appris à utiliser l’ENT dès la 6e. Passés les premiers jours le deuxième trimestre n’est même pas achevé. Dès d’embouteillage, j’avais accès à tout. » la première semaine de confinement, SYN, opérateur Tous les élèves ne disposaient pas des mêmes outils numérique du Conseil départemental, était en mesure et chaque professeur a tenté de s’adapter. Marjorie de garder le lien entre les élèves et leurs professeurs. Bertrand est professeure de mathématiques au collège Dans un premier temps, il s’agissait de prendre des de la Couldre à Montigny-le-Bretonneux. Elle confesse nouvelles et de s’assurer que chacun puisse travailler que de son côté aussi les débuts ont été compliqués : dans de bonnes conditions. Rapidement, grâce à l’Es- « Le plus complexe a été de tout réadapter au format pace Numérique de Travail (ENT) que tous les collégiens numérique. Les professeurs avaient tendance à donner connaissent, les devoirs ont pu reprendre. Ces contacts beaucoup de devoirs, oubliant qu’ils n’étaient pas seuls. » réguliers ont permis de garder les élèves proches de l’école. Au début du confinement, SYN a également dis- tribué des tablettes aux enfants ne disposant pas d’ou- « Les plateformes n’étaient tils numériques. Cela représente environ 1 500 tablettes tout simplement pas créées prêtées aux familles. Dès les premiers jours, 75 % de connexions journalières ont été enregistrées : un très pour gérer autant de trafic ! » bon score. Si Hugo avait des classes virtuelles chaque jour, Antonin « Les premiers jours, c’était stressant car je n’arrivais lui n’en a eu qu’une seule. Bon nombre des collégiens pas à me connecter à la plateforme », nous explique interrogés s’accordent à dire que la charge de devoirs Constance, jeune élève de 6e. Elle n’est d’ailleurs pas était conséquente. « Ce n’était pas facile de travailler la seule. Cyril Chambon, directeur technique et services seule » pour Constance. « Se concentrer alors que tout chez Seine-et-Yvelines Numérique, a une explication très nous distrait dans notre chambre, c’est dur » pour Hugo. simple : « Les plateformes n’étaient tout simplement pas Emma, élève de 4e, préférait les classes virtuelles aux do- créées pour gérer autant de trafic ! C’était + 500 % de cuments déposés sur l’ENT : « Pour poser des questions, connexions les premiers jours ! » Il a donc fallu optimiser c’est bien plus simple. », mais la jeune fille aimerait tout la plateforme. Une semaine plus tard, tout rentrait dans de même retrouver l’agitation du collège. #32 été 2020
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