Traitement de l'obésité de l'enfant et de l'adolescent: Une vision de santé publique - IUMSP
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Traitement de l’obésité de l’enfant et de l’adolescent: Une vision de santé publique Dre Nathalie Farpour-Lambert Médecin adjointe agrégée Responsable du programme Contrepoids et de la consultation de médecine du sport pédiatrique Service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques Département de médecine communautaire, de premier recours, et des urgences HUG IUMSP, le 24 octobre 2017
Définition OMS de l’obésité de l’enfant (2007) Surpoids > 90ème perc. ou + 1 DS Obésité > 97ème perc. ou +2 DS Obésité sévère 99.5 perc. ou +3 DS Les courbes OMS servent de référence pour la Société Suisse de Pédiatrie
Prévalence de l’obésité chez les enfants et les adolescents Trends in body-mass index, underweight, overweight, and obesity from 1975 to 2Worldwide 016: a pooled analysis of 2416 population-based measurement studies in 128·9 million children, adolescents, and adults The Lancet DOI: (10.1016/S0140- 6736(17)32129-3) 5
Prévalence du surpoids chez les enfants de moins de 5 ans (2015) Overweight children under the age of five, is estimated to be over 42 million 6
Prévalence du surpoids et de l’obésité en Suisse L’obésité touche: ~10 % des adultes ~ 5% des enfants Source: Office fédéral de la santé publique
Public Nombre Health estimé Crisis: d’enfants Increasinget Number of en d’adolescents surpoids Children with danstol’Union Obesity Treat Européenne (
L’obésité infantile est associée au développement prématuré des maladies non-transmissibles Hypertension Apnée du Athérosclérose sommeil Anxiété Obésité Dépression Dyslipidémie Stigma infantile Stéatose hépatique Intolérance au glucose non-alcoolique Pieds plats Diabète type 2 Genu valgum Hyperlordose Epiphysiolyse fémorale sup.
Athérosclérose 0-20 ans 20-30 ans Dès 40 ans Formation Thrombose Accumulation de lipides athérome Hématome Dysfonction des cellules endothéliales Source: J Am Cardiol 1998;82 (10) suppl 1 Berenson GS et al. Am J Cardiol 1992;70(9):851-858
Obésité et hypertension avant la puberté Hypertension 47 % Etude transversale 48 enfants obèses pré-pubères Age 8.9 ± 1.5 ans Prévalence de l’hypertension artérielle systolique mesurée pendant 24 heures Maggio A. et al. J Pediatr. 2008 Apr;152(4):489-93
Dysfonction artérielle chez les enfants avec obésité Endothelial function Smooth muscle cell Flow-mediated dilation (%) 12 function Nitroglycerin-mediated 10 40 dilation (%) 8 30 6 ** ** 20 4 2 ** p
Augmentation des coûts directs et indirects associés à l’obésité Coûts directs: 80% Europe: Increased costs (%) 70 milliards/an 46% Suisse: 27% 8 milliards/an Consultations/ coûts Frais Frais de médicaments ambulatoires d’hospitalisation Coûts indirects = 50% des coût totaux • Absentéisme • Incapacité de travail / Invalidité • Chômage • Perte de productivité Finkelstein et al. Health Affairs 2009;28:w822–31
L’espérance de vie diminue avec l’augmentation de l’IMC 100 IMC normal = ~80% de chance Proportion still alive (%) 80 d’atteindre 70 ans 60 IMC 35–40 = ~60% de chance 40 BMI range (kg/m2) d’atteindre 70 ans 22.5–25 25–30 30–35 20 35–40 IMC 40–50 = 40–50 ~50% de chance 0 d’atteindre 70 ans 35 40 50 60 70 80 90 100 Age (years) Data are based on male subjects; n=541,452 BMI, body mass index Prospective Studies Collaboration. Lancet 2009;373:1083–96. Reproduced with permission.
L’obésité de l’enfant est une maladie chronique 15
Causes de l’obésité
Etiologie de l’obésité: une maladie systémique 24/10/2017 17
Génétique o 2 parents avec obésité: 80 % d’obésité chez l’enfant o 1 parent avec obésité: 40 % o 2 parents de poids normal : 10 % o Rares mutations identifiées qui n’expliquent pas l’épidémie: récepteur leptine, MC4R o Susceptibilité génétique: 30-80%
Le milieu intra-utérin est un facteur déterminant de l’obésité infantile • Obésité maternelle • Prise de poids excessive • Diabète gestationnel • Prématurité, • RCIU et macrosomie • Tabagisme • Stress chronique Koletzko B A J Clin Nutrition 2011
Le mode de vie de l’enfant dépend de sa famille et de son environnement Environnement Famille Enfant
Norme sociale 21
Représentation de l’obésité Fernando Botero « A Family Una familia », Columbia
Surpoids et obésité de l’enfant en Suisse selon la nationalité des parents
L’obésité est associée à un bas niveau socio-économique o Bas niveau d’éducation o Accès limité à des produits sains o Populations sensibles aux promotions alimentaires o Niveau d’activité physique bas o Manque d’opportunité pour l’activité physique o Insécurité Ball, Kylie and Crawford, David 2006, Socio-economic factors in obesity: a case of slim chance in a fat world?, Asia Pacific journal of clinical nutrition, vol. 15, no. Supplement, pp. 15-20. Drenowatz C et al. , BMC Public Health 2010, 10:214
Surpoids et obésité de l’enfant en Suisse selon le niveau de formation des parents (2010-12) Source: Promotion Santé Suisse août 2013
Les parents influencent les comportements des enfants o Achats alimentaires o Planification et préparation des repas o Taille des portions o Lieu pour manger (ex. TV) o Temps d’écran (TV, ordinateur) o Transports o Temps passé à l’extérieur o Participation au sport, loisirs et vacances Il est donc important d’inclure les parents dans les programmes de thérapie Ritchie LD 2005, Sallis J 2000
Sédentarité Boone JE, International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity 2007, 4:26
Parents: A model ?
Etude Sport Suisse 2014
Le temps passé devant les écrans est associé à l’obésité chez l’enfant Wahi G. Arch Pediatr Adolesc Med. 2011;165(11):979-986.
Le manque de sommeil est associé à l’obésité infantile Cappuccio FP; Taggart FM; Kandala NB; Currie A; Peile E; Stranges S; Miller MA. Meta-analysis of short sleep duration and obesity in children and adults. SLEEP 2008;31(5):619-626.
Augmentation de la consommation de produits transformés et de boissons sucrées Hawkes C. Globalization and health, 2006, 2:4 doi:10.1186/1744-8603-2-4.
Revue systématique de l’associations entre les boissons sucrées et le gain de poids ou d’IMC Prospective cohorts Trials (n=26) (n=4) 100% 80% 60% 40% 20% 0% Children Adults Children Adults (n=56340) (n=186012) (n=2059) (n=240) 97% de 30 études publiées pendant les 3 dernières années montrent que la consommation de sodas sucrés contribue à l’augmentation du poids ou de l’IMC chez les enfants et les adultes. Luger M. et al. 2016 (in press)
Droits de l’enfant ? o Limiter le marketing o Améliorer la composition des produits ( sucre ajouté, sel, graisses saturées) o Information brève sur le devant du paquet (logo) o Taxes ou mesures motivationnelles
Traitement de l’obésité infantile
Traitement de l’obésité infantile Seule maladie infantile pour laquelle les parents et/ou le médecin attendent parfois pour proposer un traitement que l’enfant soit motivé et lui demandent alors de se donner des soins à lui-même. L’absence de motivation (de l’enfant) est souvent le motif invoqué pour différer le traitement d’une obésité infantile, rarement d’une autre maladie. Explique que des parents s’abstiennent en toute bonne conscience de donner des soins à leur enfant trop gros bien que la maladie s’aggrave. Peut sembler pertinent à 17 ans, moins s’il en a 8 et encore moins s’il en a 4. Source: V. Boggio, Médecine & Enfance2014 : 34(7), 252-255
Bases du traitement Alimentation équilibrée: pas de régime restrictif ! Activité physique régulière Education thérapeutique du patient: changement de mode de vie de toute la famille Psychothérapie, thérapie de famille, thérapie cognitivo- comportementale
Objectifs du traitement • Augmenter l’activité physique et diminuer les activités sédentaires de la famille • Améliorer les habitudes alimentaires de la famille • Augmenter l’estime de soi et l’intégration sociale • Améliorer la cohésion familiale et diminuer les conflits • Créer des règles familiales et renforcer le rôle parental • Freiner la prise pondérale pendant la croissance (< 4 kg par an) et diminuer le percentile d’IMC. • Identifier les situations à risque et développer des stratégies de prévention • Maintenir les changements à long-terme
Croissance staturo- pondérale 40
Evolution de l’IMC pendant EVOLUTION DE L’IMC le traitement Obésité sévère 41
Evidences 2017 : Que savons-nous ? • Les interventions comportementales peuvent permettre une légère réduction de l’IMC/IMC z-score chez les enfants de tous les âges (2-18 ans) et sans risque. • Difficulté majeure: maintenance à long-terme. • Meilleur modèle de traitement pas identifié. • Chez les parents de jeunes enfants, perte pondérale concomitante possible. • Pas assez d’évidence pour établir des recommandations concernant la chirurgie bariatrique chez les adolescents. • Pas assez d’évidence sur l’efficacité et la sécurité à long-terme des médicaments chez les enfants et les adolescents pour établir des recommandations.
0 BMI-z score units -0.1 -0.2 -0.3 -0.4 -0.5 -0.6 -0.7 0-5yrs vs NI parent only 12-17yrs NI 6-11yrs NI / / UC (5-11yrs) vs / UC / CT UC (n=4006) (n=202) NI (n=136) (n=2003) BMI-z score reduction in lifestyle interventions by age group: mean difference -0.4 -0.1 -0.06 -0.13 in favour of intervention at last available measure* NI: no intervention; UC: usual care; CT: concomitant therapy * this was 6-8 post intervention for preschool review Personal communication Louisa Ells, Teesside University www.tees.ac.uk
Reasearch gaps o Pas d’evidence dans les pays à bas revenus o Manque de données de coût-efficacité o Quelles interventions sont effectives chez des enfants avec troubles du développement, dans certaines ethnies, religions, etc…? o Quel est le rôle des parents pour chaque groupe d’âge ? o Quels sont les composants effectifs? o Quel est l’efficacité des interventions e-health ? o Comment limiter le drop-out? o Maintenance à long-terme ?
Programmes interdisciplinaires
Stratégie nationale 2007
Programmes de thérapie de groupe • Multidisciplinaire • Enfants et adolescents de 8 à 18 ans obèses ou en surpoids avec complications. • Objectifs: motiver, éduquer et soutenir les enfants et leurs parents • Durée 12 mois: une phase intensive (~4 mois) et une phase de suivi (8 mois) • Total heures de thérapie: 112 * 45 min sur un an • Remboursé par les caisses maladies (10% à la charge des parents)
Thèmes abordés • Habitudes familiales • L’image de soi et le regard des autres • L’équilibre alimentaire • La structure de l’alimentation et la gestion des portions • Le choix des aliments, trucs et astuces • Les grignotages • L’influence du marketing et de la publicité • L’activité physique: au quotidien et de loisirs • La télévision, les jeux vidéo et l’ordinateur • Les situations à risque • Comprendre et gérer les « rechutes » • Les entraves à la réussite 49
Swiss KIDSSTEP Study : BMI and waist- to-height ratio at 1 and 2 years 4 0.7 3 2.79** 2.55** Waist/Height (cm/cm) 2.46** 0.58** BMI-SDS 0.6 2 0.55** 0.55** 0.5 1 0 0.4 T0 T2 T3 T0 T2 T3 Legend: n=238, **= p
Swiss KIDSSTEP Study : Change in aerobic fitness at 2 years (n=112) 13 (20-m Leger Test duration - min) 12 11 9.70** 9.90** Aerobic fitness 10 8.50 9 8 7 6 5 4 * p< 0.05, ** p< 0.01 T0 T1 T2 At 1 and 2 years, changes were significant for all physical tests
Swiss KIDSSTEP Study : Health-related Quality of life at 1 and 2 years 65 Mean Scale Value 60 55 50 45 40 35 D. L’Allemand, E. Kirchoff, M. Bolten, A. Zunbrunn, R. Sempach, J. Laimbacher, N. Farpour-Lambert, FOPH 2013
• The first multidisciplinary program for the management of overweight and obese children in Tunisia. • School-based. • The programme enhanced the accessibility of care for children lacking time or money for medical consultations.
Limites de la thérapie en groupe Famille • Distance par rapport à un programme spécialisé • Disponibilité des parents (travail, autres enfants) • Manque de motivation (lourdeur de la thérapie) • Problèmes psycho-sociaux • Langue Professionnels de la santé • Coordination - communication • Manque de temps et de formation • Multiples thérapeutes pour de multiples groupes
Programmes de groupe certifiés actifs Certifié Stoppé Moins de 1% des patients ont pu bénéficier d’un traitement depuis 2008 !
A. Programmes de groupe B. Thérapie individuelle modulaire 2014
Thérapies remboursées chez l’enfant et l’adolescent en Suisse Dans certains PHASE IV. cas, chirurgie (1-)5 ans suivi bariatrique si individuel ≈ croissance PHASE III. terminée ou *Répétition de trimestriel thérapie II. si pas hospitalière ? PHASE II. d’amélioration *3-6 mois thérapie individuelle multidisciplinaire * Si IMC >P99.5 ou présence de PHASE I. co-morbidité, passe tout de suite 6 psychothérapie en phase II. 6 mois thérapie 6 diététique •Si après phase I, il persiste une: individuelle (méd. 9 physiothérapie IMC 1er recours ) OU tour de taille / taille, Au plus: co-morbidités ou prob. 6 diététique *1(-2) ans thérapie multidisciplinaire psychosociaux, l’enfant passe 2 physio de groupe, patients de 8 à 18 ans en phase II ou répète la phase II (Groupe 4-7 ans, facturation Tarmed) (phase III)
Retour vers une vie physique autonome Activité physique régulière ↑des dépenses énergétiques Stabilisation / baisse de l’IMC ↑ capacités physiques / estime de soi Aisance dans la vie quotidienne
Objectifs pour l‘activité physique • Enfants: 60 min. AP modérée à intense/ jour • Activités variées à différentes intensités • Endurance, renforcement musculaire, vitesse, coordination, équilibre • Se déplacer à pied ou à vélo • Utiliser les escaliers • Profiter des vacances/ jours de congé • Limiter le temps devant les écrans Source: WHO January 2015
BMI Body fat Abdom. fat Syst. BP VO2max * p < 0.05, ** p < 0.01
Atherosclerosis: Effects of exercise on arterial function Exercice Témoin 0.52 Intima-media thickness 2000 0.51 Arterial stiffness 1800 [mm Hg/100] 0.5 1600 [mm] 0.49 1400 * 1200 * 0.48 1000 0.47 800 Baseline 6 mois Baseline 6 mois * p
Exercise and Vascular Function in Child Obesity: A Meta-Analysis Katrin A. Dias, Daniel J. Green, Charlotte B. Ingul, Toby G. Pavey, Jeff S. Coombes. Pediatrics 2015, volume 136 (3); DOI: 10.1542/peds.2015-061 Forest plot illustrating treatment effect of exercise on FMD compared with control. MD, mean difference. 63
Effect of exercise training on aerobic fitness Saveedra et al. 2011
Entrainement d’endurance continu ou à intervalle chez l’enfant ? ET group performed continuous exercise for 30-60 minutes at 80% of their respective heart rate. HIT group performed 3-6 sets of 60-second sprints at full-speed, followed by a 3-minute active recovery period that was 50% of the exercise velocity. Corte de Araujo AC, (2012) PLoS ONE 7(8): e42747. doi:10.1371/journal.pone.0042747 http://127.0.0.1:8081/plosone/article?id=info:doi/10.1371/journal.pone.0042747
Comment inciter les enfants en surpoids à bouger plus • Dédramatiser la difficulté, rassurer • Objectifs réalistes fixés par le patient (faire les petits trajets à pied, escaliers …) • Encourager les activités qui procurent du plaisir • Commencer doucement et éviter toute forme de contrainte au début • D’abord intensité modérée = confort • Identifier les moments disponibles pendant la semaine pour bouger • Avec les amis, la famille, dans un club
Fondation Sportsmile Chez les enfants malades et en surpoids: promouvoir l’activité physique favoriser la santé, qualité de vie et l’intégration sociale encourager une alimentation équilibrée apporter un soutien psychologique aux enfants et à leur famille www.sportsmile.ch
Importance du travail en réseau Pédiatres/ médecins généralistes Maîtres de Assistants Assistants Psychologues Diététiciens Physio sport sociaux médicaux Motiver et Monitoring et guider la évaluation famille Formation & Amélioration de la qualité des soins Communication
Formation de 80’000 médecins de premier recours en France
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