Tumeurs cérébrales - Edimark

La page est créée Cyril Pelletier
 
CONTINUER À LIRE
MISE AU POINT

                                       Tumeurs cérébrales
                                       Brain tumors
                                       O. Chinot*

                                       L
                                            e traitement des sujets âgés et la place des        Par ailleurs, S.A. Grossman et al. (abstr. 2013) ont
                                            traitements antiangiogéniques ont constitué         analysé, de façon prospective et multicentrique,
                                            les deux thèmes forts de cet ASCO 2010 en           l’immunosuppression associée à ce schéma à partir
                                       neuro-oncologie. Cependant, aucune étude ne              d’une cohorte de 96 patients. Une diminution des
                                       devrait changer les standards actuels. La place          lymphocytes CD4 inférieure à 300 et 200 par mm3
                                       de l’imagerie, conventionnelle ou multimodale,           était notée chez respectivement 73 et 40 % des
                                       devient majeure dans l’analyse des thérapeutiques,       patients, avec un nadir observé à 2 mois de l’instau­
                                       en particulier pour les traitements antiangio-           ration du traitement et une restauration très partielle
                                       géniques.                                                observée à 12 mois. Cette baisse était corrélée au
                                                                                                nombre de lymphocytes mais pas au nombre de
                                                                                                polynucléaires ou de leucocytes. Le nadir de CD4
                                       Glioblastome                                             présentait surtout une valeur pronostique forte,
                                       en première ligne :                                      avec une médiane de survie de 13,1 mois et de
                                                                                                19,7 mois pour un chiffre à 2 mois inférieur à 200
                                       actualités de la combinaison                             par mm3 versus supérieur ou égal à 200 par mm3
                                       radiothérapie-témozolomide                               ­respectivement.

                                       Aucune nouvelle donnée ne modifie ce standard (1),       À partir d’une analyse rétrospective portant sur
                                       et il faudra attendre la réunion de la Society for       359 patients porteurs d’un gliome et traités par
                                       Neuro-Oncology (SNO) en novembre prochain ou             chimiothérapie (CT), le risque leucémogène a été
                                       celle de l’ASCO en 2011 pour connaître les résultats     rapporté avec une incidence de 1,41 % (1 patient
                                       de l’étude de phase III analysant le bénéfice d’un       sur 71) sous TMZ, de 1,33 % (2 patients sur 63)
                                       schéma semi-continu intensifié du témozolomide           sous ACNU et de 3,17 % (3 patients sur 225) pour
                                       (TMZ) comparé à un schéma standard de 5 jours            ceux ayant reçu ACNU et TMZ (Momota H et al.,
                                       administré au décours de la séquence concomi-            abstr. 2046).
                                       tante radiothérapie (RT)-TMZ. Alors que la séquence
                                       adjuvante de ce schéma se limite en principe à
                                       6 cycles, elle est fréquemment prolongée en clinique,    Glioblastome des sujets âgés :
                                       sans rationnel solide.                                   radiothérapie
                                       J. Baurain et al. (abstr. 2044) ont présenté l’analyse   ou témozolomide ?
                                       intermédiaire d’une étude de phase II randomisée
                                       testant le bénéfice d’une prolongation de l’admi-        Pour les patients âgés porteurs d’un glioblastome
                                       nistration de TMZ jusqu’à la progression : l’analyse     (GBM), la prise en charge doit prendre en compte
                                       intermédiaire portant sur les 29 premiers patients       l’espérance de vie particulièrement faible (médiane de
                                       (pour un total prévu de 62 inclusions) rapporte un       survie de l’ordre de 4 à 8 mois), l’impact fonctionnel
* Service de neuro-oncologie, CHU de   taux de survie sans progression (SSP) à 6 mois de        de la maladie (la moitié des malades présente un
la Timone, Marseille ; UMR 911-CRO2,   70 % dans le bras expérimental versus 57 % dans le       indice de Karnofsky [KPS] inférieur ou égal à 60 lors
faculté de médecine Timone, univer-
sité de la Méditerranée, Marseille.    bras standard. Les résultats définitifs sont attendus    du diagnostic) et les contraintes des thérapeutiques,
                                       pour 2011.                                               afin de préserver au mieux la qualité de vie.

428 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 7 - septembre 2010
Points forts                                                                                                              Mots-clés
»» Le standard de traitement des patients âgés en bon état fonctionnel atteints d’un glioblastome (GBM)                   Glioblastome
repose toujours sur la radiothérapie exclusive.                                                                           Sujet âgé
»» L’activité du bévacizumab pour les GBM en récidive est confirmée, mais dans des études non compara-                    Antiangiogéniques
tives. Son activité et sa tolérance, testées en première ligne en association avec un traitement standard,                Bévacizumab
justifient les essais de phase III actuellement en cours dans ce cadre.
»» La suspicion d’une modification péjorative du profil de progression sous bévacizumab n’est pas confirmée,
                                                                                                                          IRM multimodale
mais son étude doit être poursuivie.                                                                                      Keywords
»» La place de l’imagerie conventionnelle ou multimodale devient essentielle dans l’évaluation thérapeutique.             Glioblastoma
                                                                                                                          Elderly patients
                                                                                                                          Antiangiogenics
                                                                                                                          Bevacizumab

L’hétérogénéité de cette population est rapportée        National Cancer Institute of Canada (NCIC), teste le          Highlights
par une large étude issue du Mémorial, qui identifie,    bénéfice de l’adjonction du TMZ à une RT hypofrac-            ASCO 2010 meeting did not
à partir d’une population de 446 patients âgés de        tionnée.                                                      provided significant change on
70 ans ou plus, un KPS inférieur ou égal à 60, un                                                                      brain tumors standard treat-
                                                                                                                       ments. Definition of elderly
Mini Mental Status (MMS) altéré, une multifocalité
                                                                                                                       patients population vary among
et un envahissement du corps calleux comme               L’effet bévacizumab                                           studies with a lower limit of age
facteurs pronostiques indépendants (Scott JG                                                                           of 60 to 70 years; two phase III
et al., abstr. 2034). Dans ce contexte, pour les         Le rationnel pour développer une stratégie antiangio-         studies failed to modify the
patients âgés de 70 ans ou plus présentant un            génique dans les GBM, décrit dans les années 1990,            standard of care based on exclu-
                                                                                                                       sive radiotherapy for patients
état fonctionnel conservé, un essai conduit par          est particulièrement solide et justifie l’intérêt
                                                                                                                       harbouring a GBM with limited
l’Association des neuro-oncologues d’expression          croissant pour cette classe de molécules (3). Le              impact on their performance
française (ANOCEF) avait prouvé le bénéfice de la        bévacizumab a fait l’objet d’une très large majorité          score. The use of antiangiogenic
RT en termes de survie, et ce sans impact négatif        des études présentées, en raison de son activité déjà         therapies in GBM is based on
sur l’état fonctionnel ni sur la qualité de vie, par     bien documentée et de son autorisation par la FDA,            a strong preclinical rational.
                                                                                                                       Although no phase III is avail-
rapport à des soins palliatifs (2).                      mais en dépit du refus d’autorisation par l’EMEA,
                                                                                                                       able yet, particularly for recur-
                                                         motivé par l’absence de phase III à la récidive.              rent tumors, update of larges
Le groupe allemand a présenté les résultats de l’essai                                                                 phases II trials and new data
NOA 08 testant la non-infériorité du TMZ administré                                                                    were presented and confirmed
selon un schéma semi-continu par rapport à la RT         Bévacizumab en deuxième ligne                                 activity of bevacizumab both
                                                                                                                       at recurrence but also as part
dans un essai de phase III ayant inclus 412 patients
                                                                                                                       of first line standard treatment
(373 randomisés) âgés de 65 ans ou plus et porteurs      Une actualisation des résultats de l’étude BRAIN, sur         with radiotherapy (RT) and
d’un astrocytome anaplasique ou d’un glioblastome.       laquelle reposait l’enregistrement du bévacizumab             temozolomide (TMZ). The results
Les patients traités par TMZ (MS = 8,1 mois) présen-     en monothérapie dans les GBM en récidive auprès               presented justifies the large
taient un risque de décès majoré (HR : 1,24) et un       de la FDA, a été présentée. Cette étude de phase II           ongoing phases III, including a
                                                                                                                       registration trial, that analyse the
taux plus élevé d’effets secondaires comparati-          randomisée non comparative testait le bévacizumab
                                                                                                                       benefit of adding bevacizumab
vement aux patients traités par RT (MS = 9,7 mois)       (n = 85) en monothérapie ou combiné à l’irinotécan            to RT and TMZ. Based on the
[Wick W et al., abstr. LBA2001).                         (n = 82), rapporté à un contrôle historique externe.          results of 3 retrospective studies
                                                         Les médianes de survie étaient de 9,3 mois (IC95 :            using different approaches, the
Un autre essai européen de phase III à trois bras        8,2-11,8) et de 8,9 mois (IC95 : 7,9-11,9) respecti-          infiltrating pattern of progres-
                                                                                                                       sion with negative impact on
a comparé une RT conventionnelle de 60 Gy en             vement, conformément aux données déjà connues ;
                                                                                                                       survival, which was previously
30 fractions à une RT de 34 Gy en 10 fractions et à      les taux de survie à 12, 18 et 24 mois étaient de 38,         attributed to bevacizumab,
une CT par TMZ (schéma standard de 5 jours) chez         24, et 16 % dans le bras bévacizumab, et de 38, 18, et        failed to be clearly identified.
des patients âgés de 60 ans ou plus, porteurs d’un       17 % pour l’association (4). Les données de toxicité          Other compounds that target
GBM. Sur une population de 342 patients inclus           étaient également en accord avec les données                  different biologic pathways
                                                                                                                       known to be important in GBM,
(290 randomisés), les médianes de survie étaient         décrites dans les autres indications et publiées
                                                                                                                       were presented in the context
respectivement de 6 mois, 7,5 mois et 8 mois dans        dans les GBM, incluant (tous grades confondus) 3 %            of phases I and II studies, with
les bras RT 60, RT 34 et CT, sans différences signifi-   d’hémorragies cérébrales, 3 et 4 % d’événements               some activity observed for
catives (Malmstrom A et al., abstr. LBA2002).            thrombo-emboliques veineux et artériels respecti-             CT-322, XL-184, cillengitine
                                                         vement, et 5 % de troubles de cicatrisation, dans le          and CDX-110 vaccine that
                                                                                                                       target VEGFR2, VEGFR2 and
La limite d’âge choisie constitue l’un des éléments      bras bévacizumab.
                                                                                                                       MET, αvβ3/5 integrins or EGFRvIII
discutables de ces études, sans rationnel solide,                                                                      respectively. Giving the impact
susceptible d’influencer les résultats observés,         Les résultats de l’étude initiale de Duke University          of antiangiogenic agents on
alors que la combinaison RT-TMZ est applicable aux       (Durham) ont également été actualisés (5). Dans               contrast tumor enhancement ,
patients jusqu’à 70 ans. Les schémas de RT (dans         cette étude de phase II portant sur 35 patients traités       the use of new RANO response
                                                                                                                       criteria’s, and development of
l’essai nordique) ou de TMZ (dans l’essai allemand)      par bévacizumab-irinotécan, un taux de réponse
                                                                                                                       multimodal imaging appear to
peuvent également être discutés. L’étude inter-          de 57 % et une survie médiane de 9,7 mois étaient             be determinant in the assess-
nationale actuellement en cours, conduite par le         rapportés (Desjardins A et al., abstr. 2045).                 ment of targeted agents in GBM.

                                                                                   La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 7 - septembre 2010 |   429
MISE AU POINT
                                          Tumeurs cérébrales

                                   D’autres combinaisons ont été testées en cas de            survie n’est pas encore atteinte. La toxicité de ce
                                   récidive de GBM : l’association bévacizumab-erlotinib      schéma apparaît importante, avec 1 hémorragie
                                   a été testée dans une étude de phase II portant sur        cérébrale, 9 accidents thrombo-emboliques,
                                   57 patients et montre un taux de SSP à 6 mois de           17 toxicités hématologiques de grade 4, 1 perfo-
                                   29 % pour les GBM (n = 24) et de 44 % (n = 32) pour        ration digestive et 1 leucémie secondaire. De plus,
                                   les gliomes anaplasiques. La survie médiane était de       le bénéfice de l’adjonction d’irinotécan ne pourra
                                   10,3 mois pour les GBM, pour lesquels un taux de           encore pas être analysé dans cette étude. En cas
                                   réponse de 50 % est observé.                               de pronostic fonctionnel altéré, la réalisation du
                                                                                              schéma RT-TMZ est souvent difficile.
                                   Le bévacizumab a été combiné au sorafénib,
                                   inhibiteur tyrosine kinase du récepteur 2 du VEGF,         Dans une analyse rétrospective portant sur
                                   afin d’amplifier l’activité antiangiogénique du bévaci-    12 patients présentant un IK inférieur à 60, l’équipe
                                   zumab (Galanis E et al., abstr. 2018) : dans cette étude   de Cloughesy a testé le bénéfice du bévacizumab
                                   de phase II conduite par le North Central Cancer           administré avant (n = 8) ou pendant (n = 4) la RT
                                   Treatment Group (NCCTG), 39 patients ont reçu              concomitante : 5 réponses partielles et 5 stabili-
                                   l’association bévacizumab 5 mg/kg toutes les               sations ont été observées, avec une SSP médiane
                                   2 semaines et sorafénib 200 mg × 2/j, J1-J5 toutes         de 5,2 mois et une survie globale (SG) de 8 mois
                                   les semaines. Le taux de réponse était de 37 %             (Green RM et al., abstr. 2059).
                                   (7 patients sur 19). Cependant, la toxicité, analysée
                                   sur les 19 premiers patients, a été substantielle, avec    L’étude prospective française de phase II randomisée
                                   36,8 % de toxicités de grade 3-4, incluant fatigue,        TemAvir, actuellement en cours, teste cette question
                                   thrombose, hypophosphatémie et faiblesse muscu-            de façon plus formelle, avec des résultats attendus
                                   laire, conduisant à une interruption prématurée du         dans deux ans.
                                   traitement dans 37 % des cas et à un refus de parti-
                                   cipation pour 10,5 % des patients. Une diminution
                                   de la dose de sorafénib à 200 mg/j a été appliquée         Bévacizumab et profil de progression
                                   aux patients suivants, ce qui a permis de ramener à
                                   15,4 % le taux de toxicité de grade 3-4.                   À la suite de travaux contradictoires déjà publiés,
                                                                                              suggérant pour certains une facilitation de l’invasion
                                                                                              tumorale sous bévacizumab avec développement
                                   Bévacizumab en première ligne                              d’une progression diffuse similaire à ce qui est
                                                                                              observé dans les gliomatoses, 3 études ont porté
                                   Considérant les données précliniques en faveur             sur le profil de réponse et/ou de progression sous
                                   d’une radiosensibilisation des cellules endothéliales      bévacizumab.
                                   par le bévacizumab, ainsi que la bonne tolérance
                                   d’une réirradiation hypofractionnée associée à             Une première étude a analysé, pour 80 patients,
                                   cette molécule, A.M. Omuro et al. ont testé, pour          le profil radiologique dès le diagnostic initial et à
                                   les patients présentant un GBM de petit volume             chaque progression successive, jusqu’à la quatrième
                                   (< 60 cc), une RT hypofractionnée en 6 fractions           ligne thérapeutique. Les 4 classes proposées par
                                   étalées sur 2 semaines, associée au TMZ (J1-J15) et        W.B. Pope et al. (6) ont été utilisées :
                                   au bévacizumab 10 mg/kg tous les 15 jours, suivie          ➤➤ Lors du diagnostic initial, les GBM étaient locaux
                                   d’une séquence adjuvante TMZ-bévacizumab. Les              (87,5 %), distants (6,3 %), multifocaux (3,8 %) et
                                   résultats, encore très préliminaires et portant sur        diffus (2,5 %).
                                   13 patients, rapportent 2 réponses complètes (RC),         ➤➤ Lors de la progression sous RT-TMZ, les GBM
                                   8 réponses partielles et 3 maladies stables.               étaient locaux (80,0 %), distants (7,5 %), multifocaux
                                                                                              (6,25 %) et diffus (6,3 %).
                                   J.J. Vredenburgh et al. (abstr. 2023) ont testé            ➤➤ Lors de la deuxième progression, après admi-
                                   l’addition de bévacizumab au schéma standard               nistration de bévacizumab, le profil était peu
                                   RT-TMZ, avec introduction de l’irinotécan en               modifié, avec 71,25 % de formes locales, 8,75 % de
                                   complément de l’association TMZ-bévacizumab                formes distantes, 8,75 % de formes multifocales et
                                   au décours de la séquence concomitante. Dans               11,25 % de formes diffuses. Les modifications du
                                   cette phase II portant sur 125 patients, la médiane        profil apparaissaient encore limitées à la troisième
                                   de SSP était de 14 mois, alors que la médiane de           progression (Chamberlain MC et al., abstr. 2021).

430 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 7 - septembre 2010
MISE AU POINT

Ce profil de progression sous bévacizumab a aussi été      Ce taux d’hémorragie grave apparaissait supérieur
étudié sur une série de 40 patients traités pour un        à celui observé dans la population non traitée par
GBM récidivant et comparé à celui d’une population         anti­coagulant, où la fréquence de cet événement
appareillée de 40 patients traités par cytostatique.       était observée chez 2 patients sur 218 (0,9 % ;
Le taux de progression à distance (analysé en T1 avec      p = 0,025) [Bartolomeo J et al., abstr. 2043].
injection de gadolinium et FLAIR) était de 22 % sous
bévacizumab et de 18 % dans la population contrôle
(Platten M et al., abstr. 2064).                           Autres traitements ciblés
L’évolution de ce profil a également été analysée, de      D’autres agents antiangiogéniques ont été testés.
façon différente, sous bévacizumab administré en           Le CT-322, protéine se fixant sur le domaine extra-
première ligne, combiné à la RT et au TMZ (Gruber ML       cellulaire du VEGFR2, a été expérimenté, à 2 niveaux
et al., abstr. 2020). La recherche d’une progression       de dose (1 et 2 mg/kg), associé ou non à l’irinotécan,
invasive diffuse (définie par un envahissement de          en phase II chez 42 patients présentant un GBM
plusieurs lobes avec ou non franchissement de la           en récidive (57 % en première ligne de récidive).
ligne médiane) a été conduite : 25 patients sur 60         La tolérance semblait acceptable, avec toutefois
ont progressé de façon invasive diffuse. Cependant,        57 % de cas de fatigue, 36 % de diarrhées et 34 %
ce mode de progression ne semblait pas associé à           de nausées ainsi qu’un cas d’hémorragie cérébrale.
un pronostic plus péjoratif.                               Au premier niveau de dose, les SSP à 6 mois étaient
                                                           de 21,4 % avec CT-322 en monothérapie et de 57,1 %
Enfin, une étude du MD Anderson Cancer Center              en combinaison avec l’irinotécan. La différence entre
(Houston) a étudié l’évolution du profil de réponse        ces deux groupes, impliquant des petits nombres de
des GBM multifocaux ou multicentriques pour                patients, apparaît surprenante au regard des données
31 patients issus d’une série de 179 patients traités      connues pour l’irinotécan en monothérapie (Schiff D
par bévacizumab pour un GBM en récidive. Cette             et al., abstr. 2011).
étude souligne principalement que les formes               L’enzastaurine, inhibiteur de la voie PI3/AKT, a fait
multicentriques et multifocales présentent, sous           l’objet d’une étude de phase III versus CCNU dans
bévacizumab, une évolution plus péjorative que les         les GBM en récidive, dont les résultats, négatifs, ont
formes unifocales, et que, dans ces formes, il n’est       été récemment publiés (8).
pas retrouvé de corrélation entre la réponse et la         Une étude de phase II, conduite à la University of
SSP ou la SG, contrairement à ce qui avait été décrit      California-San Francisco (UCSF), a testé l’enzas-
pour les formes (principalement unifocales) incluses       taurine associée au schéma standard RT-TMZ chez
dans l’étude BRAIN (Ong SS et al., abstr. 2019). Ces       66 patients présentant un GBM nouvellement
données déjà informatives mais utilisant des critères      diagnostiqué. La SSP médiane était de 8,4 mois, celle
non standardisés ne permettent cependant pas de            à 6 mois était de 65 % et la SG était de 17,6 mois.
conclure formellement quant à l’absence d’impact           Le signal d’activité est cependant confus quand on
négatif du bévacizumab sur la progression tumorale,        rapporte ces données aux données historiques de
justifiant donc la poursuite de cette analyse, en parti-   l’institution (Butowski NA et al., abstr. 2050).
culier dans le cadre d’études contrôlées prospectives.     Le cédiranib a fait l’objet d’une présentation dont
                                                           l’objectif était de comparer, dans l’étude de phase II
Une analyse du risque hémorragique associé à une           en récidive déjà publiée (9), les critères McDonald et
prescription concomitante de bévacizumab et d’anti-        les critères RANO, récemment proposés en particulier
coagulant, qui avait fait l’objet d’une première publi-    pour l’évaluation des traitements antiangiogéniques
cation suggérant son innocuité (7), a été réévaluée        (TAA). L’application des critères RANO aurait conduit
à partir d’une cohorte de 282 patients traités par         à modifier très sensiblement les résultats de l’étude et
bévacizumab, incluant 64 patients ayant reçu un            à interrompre le traitement de façon prématurée chez
anticoagulant (warfarine : 20,3 % ; énoxaparine :          11 patients contrôlés (Gerstner ER et al., abstr. 2063).
78,1 %). Un syndrome hémorragique a été observé            Les résultats de l’étude de phase III conduite dans
chez 13 patients (20,3 %), incluant 7 hémorragies          les GBM en récidive versus CCNU sont en attente.
intracrâniennes (10,9 %). Une hémorragie grave de
grade 3 ou plus a été observée dans 4 cas (6,3 %) :        XL184, inhibiteur multicible de MET, VEGFR2 et RET,
hémorragie intracrânienne dans 2 cas, gastro-­             a été testé en phase II dans les GBM en récidive,
intestinale dans 1 cas, et épistaxis dans 1 cas.           prétraités ou non par bévacizumab. Une analyse inter-

                                                                                      La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 7 - septembre 2010 |   431
MISE AU POINT
                                                   Tumeurs cérébrales

                                           médiaire porte sur 124 patients. À la dose de 175 mg/j,                      lation n’a été observée pour les autres marqueurs,
                                           la SSP était de 21 %, suggérant une activité intéres-                        mais l’expression en IHC tendait à diminuer entre
                                           sante. Le taux de réponse objective était de 21 % pour                       le diagnostic initial et la récidive. Ces résultats,
                                           les patients non prétraités par TAA, et de 8 % pour                          surprenants au regard de l’évolution de la réponse
                                           les patients prétraités, avec des durées de réponse                          aux alkylants entre la première et la deuxième ligne,
                                           encourageantes. Les résultats sont similaires à la                           peuvent conduire à considérer que la méthylation
                                           dose de 125 mg/j. Une modulation des biomarqueurs                            de MGMT n’est pas directement impliquée dans la
                                           cibles circulants est mise en évidence (10). L’analyse                       chimiorésistance, ou alternativement que la technique
                                           de l’étude de phase II randomisée dans les GBM en                            d’analyse n’est pas appropriée. L’intérêt potentiel
                                           récidive testant le cilengitide, inhibiteur sélectif des                     d’autres marqueurs a été suggéré.
                                           intégrines αvβ3/5 à 2 niveaux de dose, a été actua-                          Dans ce même contexte de comparaison entre statut
                                           lisée. Un effet-dose a été mis en évidence, avec des                         initial des GBM et statut à la récidive, une analyse en
                                           taux de survie supérieurs, à la dose de 2 000 mg, à                          IHC de l’expression de CD133 a permis d’objectiver
                                           37,3 % (12 mois), 22,5 % (24 mois), 15 % (36 mois) et                        une majoration de cette expression par un facteur
                                           10 % (48 mois) respectivement. Sa bonne tolérance                            de 2 en moyenne. Une expression élevée de CD133 à
                                           est confirmée (Fink K et al., abstr. 2010).                                  la récidive présentait de façon surprenante une valeur
                                           CDX-110 est un vaccin dirigé contre le variant REGFvIII,                     pronostique favorable (Cenci T et al., abstr. 2028).
                                           exprimé dans les GBM. Il fait notamment l’objet                              Par ailleurs, l’analyse quantitative par RT-PCR de
                                           d’une étude multicentrique de phase II monobras                              CD133, réalisée sur une cohorte de 133 patients et
                                           en première ligne, associé au schéma RT-TMZ, dont                            associée au statut de MGMT, permettrait de définir
                                           l’analyse intermédiaire a été présentée cette année                          3 groupes pronostiques distincts avec une forte signi-
                                           (Lai R et al., abstr. 2014). Cette analyse portant sur 40                    ficativité (Metellus P et al., abstr. 2027).
                                           des 81 patients inclus objective une SSP à 5,5 mois                          Une délétion hétérozygote du gène suppresseur du
                                           de 70 %, superposable à celle de l’étude monocen-                            facteur nucléaire NFKBIA, localisé en 14q13, observée
                                           trique conduite à la Duke University. L’absence de                           dans 25 % des GBM et mutuellement exclusive d’une
                                           bras placebo fragilise toutefois ces résultats.                              amplification du REGF, apparaît associée à une survie
                                                                                                                        péjorative (Bredel M et al., abstr. 2025).
                                                                                                                        Citons enfin l’influence potentielle du polymor-
                                           Études translationnelles                                                     phisme du VEGF, susceptible d’interagir avec la
                                                                                                                        réponse aux antiangiogéniques (Linassier C et al.,
                                           Certains marqueurs ont été analysés. L’évolution des                         abstr. 2047) et la diminution des cellules endothé-
                                           marqueurs de chimiorésistance entre le diagnostic                            liales circulantes corrélée à la réponse au bévaci-
                                           initial et la récidive a été conduite sur une série de                       zumab (Eoli M et al., abstr. 2067).
                                           80 patients (Tonn J et al., abstr. 2076). L’analyse du                       Enfin, de nombreuses études translationnelles
                                           statut MGMT a été réalisée par PCR (Polymerase Chain                         portant sur l’imagerie multimodale soulignent
                                           Reaction) non quantitative spécifique de la méthy-                           que ce domaine d’étude est en forte expansion,
                                           lation et par pyroséquencage. L’analyse du statut                            permettant de mieux analyser la pseudo-progression
                                           de MLH1, MSH2, MSH6, et PMS2 a été réalisée en                               (Heidemans-Hazelaar C et al., abstr. 2026 ; Melguizo I
                                           pyroséquencage et ou en immuno­histochimie (IHC).                            et al., abstr. 2079), la progression (Galbán CJ et al.,
                                           La méthylation du promoteur de MGMT, observée                                abstr. 2068 ; Li Y et al., abstr. 2078 ; Hu LS et al.,
                                           dans 39 % des cas, ne variait pas entre le diagnostic                        abstr. 2081) et la réponse aux TAA (Jalilian L et al.,
                                           initial et la récidive dans 95 % des cas. Aucune méthy-                      abstr. 2090).                                       ■

Références bibliographiques
1. Stupp R, Mason WP, van den Bent MJ et al. Radiotherapy plus concomitant and adjuvant           7. Nghiemphu PL, Green RM, Pope WB, Lai A, Cloughesy TF. Safety of anticoagulation use
temozolomide for glioblastoma. N Engl J Med 2005;352(10):987-96.                                  and bevacizumab in patients with glioma. Neuro Oncol 2008;10(3):355-60.
2. Keime-Guibert F, Chinot O, Taillandier L et al. Radiotherapy for glioblastoma in the           8. Wick W, Puduvalli VK, Chamberlain MC et al. Phase III study of enzastaurin compared
elderly. N Engl J Med 2007;356(15):1527-35.                                                       with lomustine in the treatment of recurrent intracranial glioblastoma. J Clin Oncol
3. Kim KJ, Li B, Armanini M et al. Inhibition of vascular endothelial growth factor-induced       2010;28(7):1168-74.
angiogenesis suppresses tumour growth in vivo. Nature 1993;362(6423):841-4.                       9. Batchelor TT, Duda DG, di Tomaso E et al. Phase II study of cediranib, an oral pan-vascular
4. Friedman HS, Prados MD, Wen PY et al. Bevacizumab alone and in combination with                endothelial growth factor receptor tyrosine kinase inhibitor, in patients with recurrent
irinotecan in recurrent glioblastoma. J Clin Oncol 2009;27(28):4733-40.                           glioblastoma. J Clin Oncol 2010;28(17):2817-23.
5. Vredenburgh JJ, Desjardins A, Herndon JE 2nd et al. Bevacizumab plus irinotecan in recurrent   10. Wen PY, Macdonald DR, Reardon DA et al. Updated response assessment criteria for
glioblastoma multiforme. J Clin Oncol 2007;25(30):4722-9.                                         high-grade gliomas: response assessment in neuro-oncology working group. J Clin Oncol
6. Pope WB et al., ASCO, 2009.                                                                    2010;28(11):1963-72.

432 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 7 - septembre 2010
Vous pouvez aussi lire