Typologie du paludisme en Afrique - CORE

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Typologie du paludisme en Afrique
     Jean Mouchet, Pierre Carnevale, Marc Coosemans,
   Didier Fontenille, Charles Ravaonjanahary, Alain Richard,
                         Vincent Robert

                                              dynamique des populations d’anophè-          d’âge les plus jeunes alors que le:
La diversité                                  les vecteurs.                                adultes sont peu touchés ;
du paludisme                                  Parmi les quatre espèces de Plasmo-          - les zones instables où le caractère
                                              dizm parasitant l’homme, P. fal’.;pa-        épisodique de la transmission ne per-
Les cartes du paludisme montrent sa           m m est, de loin, la plus importante         met pas le développement de la pré-
présence dans la majeure partie du            car elle peut causer des accès aigus         munition ; la maladie sévit sous forme
monde tropical et subtropical et plus         mortels en l’absence de traitement           d’épidémies meurtrières touchant tou-
de deux milliards d’êtres humains             médical. P. vivax n’entraîne que rare-       tes les classes d’âge ;
seraient sous sa menace [I]. Mais             ment la mort, mais provoque une              - les zones intermédiaires entre ces
l’impact de cette maladie en termes de        morbidité importante avec des réper-         deux situations.
santé publique, c’est-à-dire de morta-        cussions économiques sérieuses.              Cet indice dépend de l’anthropophi-
lité et de morbidité, varie considéra-        P. malariae, moins fréquent, a été           lie et de la longévité des vecteurs et
blement d’un pays à l’autre, d’une            accusé de troubles rénaux. P. ovale est      se calcule par la formule :
province à l’autre.                           considéré comme peu pathogène.
Cette diversité repose sur trois paramè-      Face à l’agression des parasites et, en
tres :                                        particulier, de P. falc$arum,les sujets
- les modalités de la transmission            vivant en zone d’endémie développent         I.St : indice de stabilité ;
liées à la présence de biotopes favora-       des défenses d’autant plus solides et pré-   a : nombre de repas pris sur l’homme par un
bles aux anophèles et à la qualité vec-       coces qu’ils sont régulièrement soumis       anophèle en 24 heures ;
trice des espèces présentes ;                 aux piqûres infectantes des anophèles.             1      : espérance de vie d’une popula-
- les espèces de Plasmodizm impli-            Cette prémunition, paix armée entre le         - log,]      tion d’anopheles où ] est le
quées ;                                       parasite et son hôte, se traduit par la      taux quotidien de survie d’une population
- les réactions de défense des êtres          présence d’un nombre très important de       d’anopheles.
humains face à l’agression.                   porteurs, sans signes cliniques, dans les    On admet que les seuils de 0,5 et 2,5
Plus de 50 espèces d’anophèles peu-           régions de forte transmission. Elle s’éta-   définissent, respectivement, les zones
vent assurer la transmission du palu-         blit au prix d’une mortalité infanto-        de paludisme instable, moyennement
disme de manière plus ou moins e%-            juvénile élevée mais, ensuite, les adul-     stable et stable [3].
cace suivant leur anthropophilie et leur      tes échappent plus ou moins aux effets       La prise en compte de ces indices, ainsi
longévité. Chaque espèce a une aire de        pathologiques du paludisme.                  que de l’incidence de la morbidité,
distribution bien délimitée dans              L’infection par le Plasmodium n’est          nous a amené à proposer une typolo-
l’ensemble biogéographique mondial.           pas synonyme’ de sujet cliniquement          gie du paludisme qui rende compte de
A l’intérieur de cette aire, les facteurs     malade. Or les indices, spléniques ou        son hétérogénéité épidémiologique .
climatiques, édaphiques et humains            parasitaires, les plus fréquemment uti-      Celle-ci résulte de la biodiversité de la
conditionnent la présence des gîtes lar-      lisés, mesurent l’infection parasitaire ou   planète sur laquelle se greffent les
vaires, donc de la densité, et de la          sa traduction splénique mais pas la          modifications apportées par l’homme.
                                              maladie, en particulier dans les régions     Elle se manifeste à différents niveaux
                                              de forte endémicité [2].                     et à différentes échelles :
J. Mouchet, D. Fontenille, V. Robert : ORS-
TOM, 213, rue La Fayette, 75010 Paris,
                                              Un autre indice, celui de stabilité          - au niveau intercontinental, où la
France.                                       déterminé par Macdonald [31, caracté-        présence des vecteurs est régie par la
P. Carnevale : DLMTIOMS, 121 1 Genève         rise a l’enracinement )> du paludisme et     répartition des faunes, donc la biogéo-
27, Suisse.                                   permet de distinguer :                       graphie ;
M. Coosemans : Institut de médecine tropi-
cale, Anvers, Belgique.                       - les zones de paludisme stable où la        - au niveau continental, où le palu-
Ch. Ravaonjanahary : OMS-Bureau régional      forte transmission entraîne une prému-       disme présente divers faciès épidémio-
pour l’Afrique, Brazzaville, Congo.           nition qui n’empêche pas les habitants       logiques suivant les grandes régions
A. Richard : Les Ulis, Yvelines, France.      d’être parasités mais limite les mani-       naturelles, définies par leur climat et
Tirés à part : J. Mouchet.                    festations pathologiques aux classes         leur végétation ;
- par rapport aux variations locales         en Afrique, soit 85 % de l'ensemble              Dans le reste du monde au contraire,
naturelles à l'intérieur des différents      des cas du monde pour 8 Yo de sa                 les foyers de paludisme sont plus ou
faciès ; les reliefs, les sols, le réseau    population. C'est avec précaution que            moins localisés, du fait de la disconti-
hydrographique modifient la réparti-         le chiffre de GOO O00 à 800 O00 décès            nuité de la répartition des vecteurs
tion, la dynamique et l'écologie des         par an a été avancé ; en effet, en               (tabhag 1).
vecteurs ;                                   l'absence quasi générale d'examen
- par rapport aux variations locales         microscopique, le diagnostic est impré-          Les parasites et l'homme
anthropiques créées par la déforesta-        cis, en particulier dans les zones de
tion, les modifications du réseau            forte endémicité.                                Les mélano-africains sont naturellement
hydraulique, l'urbanisation ;                                                                 résistants à P.vivax qui ne peut fran-
                                             Les vecteurs en Afrique
- par rapport aux phénomènes évé-                                                             chir la membrane de leurs hématies [i']
nementiels : cataclysmes, migrations,        La différence entre la région afrotropi-         en l'absence d'un facteur érythrocytaire
réfugiés, traitements insecticides, déve-    cale et le reste du monde est avant              pour lequel l'absence des antigènes tis-
loppement des transports.                    tout d'ordre biogéographique. Sa                 sulaires du groupe DufFy constirue un
Nous avons appliqué cette méthode            faune est caractérisée par la présence           marqueur. Ce parasite se rencontre
d'analyse à l'Afrique au sud du Sahara       d'excellents vecteurs du paludisme :             chez des populations allochtones :
et aux îles voisines qui forment, au         Anopheles fznestzls, An. gambiae,                Merina de Madagascar d'origine indo-
point de vue biogéographique, la             An. arabiensis. Partout sont présentes           nésienne, Indiens et Caucasiens des
région éthiopienne ou afrotropicale.         une ou plusieurs de ces espèces accom-           MascareigQes et d'Afrique du Sud, et
Elle peut constituer une base de départ      pagnées parfois d'An. mouheti et                 chez les Ethiopiens et les Soudanais.
pour une stratification, préalable indis-    An. nili, autres excellents vecteurs plus        Assez curieusement, il se retrouve chez
pensable à la mise en euvre de la            localisés (tableazl I ) [5, GI.                  les Boschimans du sud du continent,
lutte antipaludique [41.                     Cette ubiquité de Q bons D vecteurs fait         considérés comme les plus anciens
                                             de l'Afrique un énorme foyer ininter-            occupants de cette région, qui ne sont
                                             rompu de paludisme, de l'océan                   pas D d y négatifs (Hansford, comm.
                                             Atlantique à l'océan Indien, du Sahara           pers. ).
Le paludisme                                 au Kalahari. Seules quelques zones               P.malarzue se trouve chez 15 à 30 %
en Afrique tropicale                         d'altitude supérieure à 1 500 ou 2 O00           des sujets et P. ovale chez 2 à 5 %. Ils
                                             mètres sont exemptes de la maladie.              ne créent, apparemment, pas de pro-
et dans le reste                             Les îles de la région afrotropicale :            blème de santé publique important.
                                             Madagascar, les Comores, Maurice,                C'est donc sur P. falcipamm que por-
du monde                                     Sao-Tomé y Principe, Malabo, Anobon              tera essentiellement notre discussion.
                                             et les îles du Cap-Vert sont également           Présent chez 98 % des sujets impalu-
L'OMS [ I ] estime à 100 millions le         infectées. La maladie a totalement dis-          dés, il est à l'origine de désordres gra-
nombre de cas annuels de paludisme           paru de La Réunion.                              ves voire létaux [ 8 ] .

Variations du paludisme à I'échelle intercontinentale

        Région               Afrique              Asie          Nouvelle-Guinée      Europe
                                                                                                                Amériques
   biogéographique          tropicale          du Sud-Est         Australasie   néditerranéenne

Nombre annuel de cas    90 à 110 millions    5 à 10 millions       Inconnu        <  500000             1 à 2 millions Haïti, Brésil,
                                                                                    Turquie                 Amérique centrale
P. vivax               Très rare et localisé Dominant              Présent         Dominant                       Présent
                       sauf à Madagascar jéographiquement
P. falciparum               Ubiquiste        En foyers             Ubiquiste           Rare          En foyers (Haïti, Amazonie, etc.)
                                                                                                          Tendance à l'extension
Stabilité                   Très stable          Instable           Stable            Instable             Instable sauf foyers
                       sauf marges déserts    sauf foyers à
                          et montagnes        P. falciparum
Vecteurs principaux        An. funestus       An. minimus         An. farauti   An. labranchiae               An. albimanus
                           An. gambiae          An. dirus       An. punctulatus An. sacharovi                  An. darlingi
                          An. arabiensis     An. maculatus                       An. sergenti            An. pseudopunctipennis
                          An. moucheti        An. fluviatilis
                              An. nil¡        An. stephensi
                                             An. culicifacies
                                             An. sundaicus
                                              An. aconitus

Variation of malaria at the intercontinental level
,

    Depuis l’émergence de l’homme, le           sont mal cernés [ll].En outre, tous les                      infanto-juvénile. Elle semble moins
    paludisme est, en Afrique, une com-         sujets placés dans des conditions iden-                      élevée dans les zones de transmission
    posante de son environnement [9].           tiques d’infection ne présenteht pas les                     permanente que dans celles où la
    Chaque individu reçoit de 1 à               mêmes manifestations cliniques. Au                           transmission est saisonnière [ 141.
    1 O00 piqûres par an, de sa naissance       Congo, 70 YO des accès étaient répar-                        Dans les zones instables à faible trans-
    à sa mort ; seuls sont épargnés, et         tis chez 15 % des enfants ; certains                         mission ainsi que dans les villes, la
    encore pas toujours, ceux qui vivent        sujets présentaient des accès répétés                        prémunition de la population, peu
    dans les déserts et les montagnes. Dans     alors que d’autres n’étaient jamais                          soumise à l’infection, est faible ou
    ces conditions, pourtant défavorables,      malades [ 121. Le caractère génétique de                     inexistante. Lorsque des circonstances
    la population s’est développée et son       cette inégalité devant la maladie vient                      favorables permettent des bouffées de
    essor démographique est d’une brii-         d’être mis en évidence au Cameroun                           transmission, des épidémies meurtriè-
    lante actualité. Les Africains possèdent    où une enquête longitudinale a mon-                          res éclatent et touchent toutes les clas-
    une remarquable capacité à bâtir une        tré que 21 YO de la population est pré-                      ses d’âges.
    prémunition qui résulte probablement        disposée à avoir une infection plasmo-                       Le problème de santé publique n’est
    d’une sélection au cours de leur co-        diale élevée [13].                                           donc pas directement corrélé à l’inten-
    évolution avec le parasite.                 Cette prémunition s’acquiert au prix                         sité de la transmission, ni à la préva-
                                                d’une mortalité infantile, vraisembla-                       lence plasmodiale qui en découle,
    Une base génétique de la prémunition                                                                     puisque lorsqu’elle augmente, l’immu-
    a été avancée par Cox [IO] mais les         blement élevée mais difficile à évaluer
                                                parce que noyée dans la mortalité                            nité fait de même.
    mécanismes de défense de l’organisme

                                                                                                             Faciès
                                                                                                             épidémiologiques
                                                                                                             primaires
                                                                                                             du paludisme
                                                                                                             en Afrique
                                                                                                             Le concept de faciès épidémiologique
                                                                                                             a été établi pour l‘Afrique de l’Ouest
                                                                                                             par Carnevale et al, [15]. C’est une
                                                                                                             région, ou un ensemble de régions, où
                                                                                                             le paludisme présente, dans ses mani-
                                                                                                             festations pathologiques, des caractères
                                                                                                             communs liés aux modalités de trans-
                                                                                                             mission du parasite. Nous avons essayé
                                                                                                             de généraliser ce concept à l’ensemble
                                                                                                             de la région afrotropicale (tableau 2).
                                                                                                             I1 faut noter que l‘Afrique au nord du
                                                                                                             Sahara ne fait pas partie de la même
                                                                                                             région biogéographique ; elle appar-
                                                                                                             tient 2 la sous-région méditerranéenne
                                                                                                             de la région paléarctique. Le Sahara,
                                                                                                             qui marque une séparation des faunes,
                                                                                                             marque aussi une série de différences
                                                                                                             épidémiologiques. Aussi ne prendrons-
                                                                                                             nous pas en compte les pays africains
                                                                                                             à façade méditerranéenne.

                                                                                                             Les régions naturelles
                                                                                                             de l’Afrique
                                                                                                             au sud du Sahara
     IVCgéra+m arbustive médiceerran€enne
         Steppe mCditerranCetrne subdisenique
                                                                       0   Po
                                                                                %na
                                                                                  m
                                                                                      IMWOOW
                                                                                      7s   ,cm   tM   va,”
                                                                                                             L’Afrique peut se schématiser par une
        ’Oasis er vallle du Nil                                        c
                                                                                                             juxtaposition de grandes régions natu-
    Figure 1.   La vkgetation en Afrique.                                                                    relles dont les caractéristiques sont cli-
                                                                                                             matiques etlou phytogéographiques.
    Figure I . Vegetation in Africa.                                                                         On a coutume de les inventorier
4   Cliche 1. Forêt inondée au CameroiJn, sans vec-
                                                                                    teurs (cliché J. Mouchet).

                                                                                    Plate 1. Without vector breeding in a flooded
                                                                                    forest in Cameroon.

                                                                                    autour des blocs forestiers d'Afrique
                                                                                    centrale et occidentale @gzre I ) .
                                                                                    En Afrique de l'Ouest, les zones se
                                                                                    différencient très nettement. Du sud
                                                                                    au nord se succèdent forêts et savanes
                                                                                    postforestières à climat tétraorique
                                                                                    équatorial, puis savanes humides et
                                                                                    Sahel à une seule saison pluvieuse esti-
                                                                                    vale. Enfin, le passage graduel au
                                                                                    désert est marqué par l'amenuisement
                                                                                    des précipitations. La pluviométrie est
                                                                                    échelonnée : de 2 000 à 1200 mm
                                                                                    dans la forêt (clichél) et les savanes
                                                                                    humides guinéennes", de 1 200 à
                                                                                    600 mm dans les savanes soudaniennes
                                                                                    et sahélo-soudaniennes, de 600 à
                                                                                    250 mm au Sahel ; en bordure du
                                                                                    Sahara elle est inférieure 2 250 mm, et
                                                                                    même à 100 mm dans les déserts où
                                                                                    il y a des années sans pluies.
                                                                                    A l'est du bloc forestier centrafricain,
                                                                                    les zones s'orientent d'ouest en est. Les
                                                                                    savanes postforestières tendent à sup-
                                                                                    planter la forêt en Ouganda. Les sava-
                                                                                    nes humides, souvent modifiées par
                                                                                    l:altitude, se retrouvent au Soudan, en
                                                                                    Ethiopie, au Kenya, en Ouganda, en
                                                                                    Tanzanie. Elles sont prolongées par des
                                                                                    steppes arborces puis désertiques au
                                                                                    Soudan, en Ethiopie, en Somalie, à
                                                                                    Djibouti. Le long de la côte de l'océan
                                                                                    Indien, du Kenya au Mozambique, la
                                                                                    végétation revient à un type forestier
                                                                                    très dégradé.
                                                                                    Au sud de la forêt centrafricaine, les
                                                                                    homologues des régions soudaniennes
                                                                                    et sahéliennes se situent sur un plateau
                                                                                    d'une altitude de 1 0 0 0 m en
                                                                                    moyenne et qui s'étend du sud du
                                                                                    Zaïre et de l'Angola jusqu'à l'Afrique
                                                                                    du Sud. Une saison hivernale mar-
                                                                                     quée, avec gelies locales, s'observe en
                                                                                    juillet et août. Le désert de Kalahari
                                                                                    n'a rien de l'aridité du Sahara. C'est
                                                                                    plutôt une steppe arborée avec de
                                                                                     grandes réserves de faune au Botswana
                                                                                     et en Namibie.
                                                                                     Les montagnes au Cameroun, Burundi,
                                                                                     Rwanda, Ouganda, Kenya, Tanzanie,
                                                                                     Ethiopie et Afrique du Sud ont une
                                              Faci& sahelien                         flore et une faune très spécialisées.
                                              Facies sahMo-saharien
                                                                                    * Les botanistes et Bcologues ne s'accordent
Figure 2. Facies épidémiologiques du paludisme dans la région afrotropicale.        pas toujours sur une nomenclature fluctuante ;
                                                                                    nous avons utilisé les termes les plus usités
Figure 2. Epidemiological patterns of malaria in the afrotropical region.            par les entomologistes.

                                             Cahiers Sante' 1993 ; 3 : 220-38
Elles constituent un domaine phyto-          An, gambiae, dont les larves sont            forestier, au moins au Cameroun, mais
géographique particulier. Les mêmes          héliophiles, ne se développe pas dans        beaucoup moins en Côte-d’Ivoire [ 181.
régions naturelles se retrouvent à           le sous-bois (cliche’l) [16] ; il est        An. nili [19] et An. mowheti [16],
Madagascar, véritable sous-continent.        absent des huttes des Pygmées (di-           inféodés aux eaux courantes, complè-
Les îles périafricaines se rattachent plus   che.2) sous couvert forestier. I1 pénè-      tent dans le temps et l’espace, l’action
ou moins à l’un des types précédents         tre dans le bloc forestier le long des       d’An, gambiae s.s.*. A l’image de la
avec d’importants particularismes            grandes rivières et dans les défriche-       distribution des vecteurs, la transmis-
locaux.                                      ments (villages, pistes) (cliche’3). Dans    sion du paludisme présente une grande
Les faciès épidémiologiques primaires        un premier temps, il est inféodé aux         hétérogénéité. Près de 1 000 piqûres
Pgure 2) se superposent globalement          activités humaiys [ 171. Ensuite, lors-      infectées par homme adulte et par an
à ces régions naturelles.                    que la forêt a dlsparu, ses potentiali-      ont été enregistrées à Djoumouna
                                             tés de développement sont maximales,         (Congo) [20]. Dans la forêt du
Le faciès équatorial                                                                      Mayombe, au Congo, 397 piqûres
                                             plus encore que dans les savanes où la       infectées annuelles étaient relevées à
Il recouvre les zones de forêts et de        saison sèche est limitative. An. funes-      Kulila contre 80 à Makaba, distant
savanes postforestières.                     tus est, lui aussi, le plus souvent extra-   seulement de trois kilomètres. Cette
                                                                                          hétérogénéité n’était cependant pas
                                                                                          suffisante pour modifier le taux de
                                                                                          morbidité ni l’indice de stabilité du
                                                                                          paludisme, toujours supérieur à 2,5,
                                                                                          dans ces deux villages [21] étant donné
Faciès épidémiologiques primaires du paludisme en Afrique                                 les taux de survie et d’anthropophilie
                                                                                          élevés d’An. gambiae. Cette situation
Stable                                                                                    témoigne d’un état de saturation de la
                                                                                          transmission. Sur la côte de Tanzanie,
   I     Équatorial : forêt et savanes postforestières
         Transmission pérenne : An. gambiae, An. funestus, An. nili, An. moucheti
                                                                                          on notait 35 piqûres infectantes
         Prémunition forte dès 5 ans                                                      annuelles [22, 231.
         Morbidité : 30 à 50 % des cas fébriles, étalée sur toute l‘année                 Mais, partout, la transmission s’étale
         N.B. II n’y a pas d‘anophèles vecteurs dans le sous-bois e t ils n‘ont pas       sur toute l’année. Si elle baisse en sai-
         été récoltés dans les huttes des Pygmées                                         son sèche, elle ne s’interrompt pas
   2) Tropical : savanes humides                                                          pour autant car An. gumbiae est fré-
      Transmission régulière saisonnière longue > 6 mois : An. gambiae,                   quemment relayé par An. nili,
      An. arabiensis, An. funestus, An. nili                                              An. moucheti [17, 191 et, parfois,
      Prémunition établie à 10 ans                                                        An. funestus.
      Morbidité : 30 à 50 % des cas fébriles ; augmente en saison des pluies              L’estimation de la prévalence de P. fil-
      (transmission)                                                                      ciparum est liée aux techniques d’exa-
                                                                                          men dans la recherche des faibles para-
Intermédiaire                                                                             sitémies. Dans le Mayombe, elle variait
   3) Sahélien : savanes sèches et steppes                                                de 80 à 90 % et restait constante
      Transmission saisonnière courte < 6 mois : An. arabiensis, An. gambiae,             jusqu’à 10 ans avant de diminuer légè-
      An. funestus                                                                        rement [24]. Ces auteurs doutent qu’il
      Morbidité > 70 % des cas fébriles en saison de transmission (pluies)                y ait des sujets sans parasitémie, obser-
      Prémunition plus longue à s‘établir, liée à la régularité de la transmission        vation qui discrédite l’indice plasmo-
Instable
                                                                                          dique comme critère de santé publique
                                                                                          dans les zones de paludisme stable.
   4) Désertique : steppes sahélo-sahariennes ; déserts de la Corne de l‘Afrique          Les densités parasitaires caractéristiques
      Transmission courte ou aléatoire, grande différence d’une année à l’autre :         de l’accès palustre sont très élevées :
      An. arabiensis, An. gambiae
      Prémunition faible. Epidémies. Écotype mal connu
                                                                                          12 O00 parasites par mm3 chez les jeu-
                                                                                          nes enfants, mais elles diminuent avec
   5) Austral : plateaux du sud de l‘Afrique (Afrique du Sud, Swaziland,                  l’âge pour atteindre moins de 2 000
      Botswana, Namibie, Zimbabwe, Zambie, Mozambique)                                    par mm3 chez les adultes [ 121. La fré-
      Transmission saisonnière. L‘interruption de l’hiver s‘ajoute à celle de la          quence des accès palustres diminue
      longue saison sèche : An, arabiensis,, An. funestus (localement)
      Immunité apparemment peu solide. Epidémies                                          avec l’âge. Elle est la cause de 1.4 YO
                                                                                          des consultations des sujets de moins
   6) Montagnard : montagnes entre 1 O00 et 2 O00 m (suivant latitude)                    de 2 ans mais de 1,2 % seulement des
         Transmission limitée par la température (cap des 1 8 O C) et les pentes          adultes dans le Mayombe. Elle y est
         (gîtes) : An. funestus, An, arabiensis
         Peu ou pas d’immunité. Epidémies violentes (Burundi, Madagascar)
         Grandes variations inter-annuelles (température e t pluies).                       An. gambiae   S.S.   (sensu stricto) désigne
         Problème du réchauffement                                                        I‘espkce prise dans son   sens   restreint,   alors
                                                                                          que An. gambiae s./. (sensu lato) désigne
                                                                                          l’ensemble des espèces d u c o m p l e x e
Primary epidemiological patterns of malaria in Africa                                     An. gambiae.

                                                  Cahiers Santé 1993 ; 3 : 220-38
plus élevée en saison des pluies (9,G %      marais où l'eau s'accumule en saison        Faciès sahélien
           de l'ensemble des consultations, tou-        des pluies et persiste ensuite plus ou
           tes classes d'âges confondues) qu'en         moins longtemps en saison sèche. Il         Le terme est un peu abusif puisque ce
           saison e sèche D (3,6 YO) [12].              prolonge l'action de An. gambiae            faciès dépasse le Sahel ouest-africain et
                                                        après les pluies [27, 351.                  englobe les savanes sèches d'Afrique de
           D'après le seul diagnostic clinique, cri-                                                l'Est.
           tère évalué par ailleurs et entaché de       Les indices sporozoïtiques de ces trois
           50 % d'erreur [25, 261, la moitié des        espèces sont, en général, compris entre     La saison des pluies se réduit de 5 à
           cas fébriles était attribuée au palu-        1,5 et 5 %.                                 2 mois. Les vecteurs appartiennent sur-
           disme à Zanzibar.                            La période de transmission s'étale sur      tout au complexe An. gambiae (cziché
           I1 est frappant de constater, en zone        G à 8 mois, allant au-delà de la saison     S), à savoir An. gambiae S.S. et An,
           rurale congolaise, la rareté relative des    des pluies, grâce à An. fznestzs. Elle      arabiensis avec une dominance de ce
           accès graves et pernicieux [ 12, 141 qui     se poursuit localement, à bas bruit,        dernier, sauf là où se rencontre la
           ne peut être attribuée au seul recours       pendant la majeure partie de la saison      forme Mopti d'An. gambiae s.s. (Mali,
           aux médicaments.                             sèche, en fonction de la persistance de     Burkina). An. finestas est plus rare et:
                                                        gltes larvaires.                            localisé aux marécages des cuvettes.
           La prémunition se développe progres-                                                     L'essentiel de la transmission est con-
           sivement jusqu'à 10 ans. Bien que            Les habitants de ces régions reçoivent
                                                        de 100 à 400 piqûres infectées par an       centré pendant les 2 ou 3 mois de
           l'incidence des accès diminue à partir                                                   vraies pluies. I1 est clair que la lon-
           de 2 ans, les densités parasitaires ne       au Burkina Faso [30] et au nord du
 1
                                                        Nigeria 1361, 200 piqûres au Siné-          gueur de la saison sèche, sans transrnis-
           chutent réellement qu'à partir de                                                        sion, sélectionne les souches de P. fal-
            15 ans. Cette coexistence d'une charge      Saloun (Sénégal) dont 17 % en saison
                                                        sèche en raison de la présence d'un         cipamm qui gardent leur pouvoir
           élevée de parasites et d'une prémuni-                                                    gamétocytogène pendant 10 .inois.
           tion clinique illustre la complexité des     marigot permaflent [37] et 97 piqûres
1                                                       à Gambella (Ethiopie) [29]. Ce taux         L'indice gamétocytake était encore de
3.
           mécanismes de protection.                                                                G % chez les moins de 9 ans en fm de
                                                        d'inoculation est similaire à celui enre-
                                                        gistré dans le faciès équatorial mais les   saison sèche, dans le Nord du Burkina
 S
           Le faciès tropical                                                                       Faso [ 4 2 ] .
                                                        infections sont concentrées dans la lon-
           I1 recouvre les savanes humides, gui-        gue saison des pluies.                      I1 y a une très grande hétérogénéité
e          néennes et soudaniennes (cLicSe.4) où        Partout où la stabilité du paludisme a      dans la transmission suivant la présence
           les précipitations se produisent pendant     été calculée, elle dépasse le seuil de      de points d'eau permanents ou tem-
.s         les six mois d'été, boréal ou austral sui-   2,5, au Burkina Faso, au Nigeria, au        poraires. Ce caractère est accentué par
           vant l'hémisphere. Ce régime climati-        sud Soudan, etc.                            les variations inter-annuelles des pré-
           que impose à la transmission un carac-       L'indice plasmodique des enfants, au        cipitations qui présentent des déficits
>,         tère régulier saisonnier [27, 281. Elle      minimum à la fin de la saison sèche,        considérables certaines années, surtout
           s'étale toujours sur plus de six mois.       augmente graduellement pendant la           depuis 1973. Dans la région de Dori,
I-         Les vecteurs sont An. gambiae,               saison des pluies pour culminer à la fin    au Burkina Faso, l'indice sporozoïtique
i-         An. arabiensis, An. fwestzs. bn. nili        de celles-ci, variant ainsi de 30 à         était seulement de 0,4 % du fait de
i-         est localement important, en Ethiopie        80 %. I1 diminue chez les adultes de        la zoophilie importante des anopheles
it         par exemple [ 2 9 ] .                        plus de 15 ans mais sans chute brutale.     confortée par l'abondance du bétail.
:e         Les deux espèces du complexe gambiae                                                     Dans ces conditions, le nombre de
                                                        La prévalence des fortes charges para-
:-         occupent des gîtes larvaires similaires et                                               piqûres infectées était de 21 par
                                                        sitaires suit les mêmes fluctuations sai-
il         sont donc sympatriques. Au Burkina           sonnières [ 2 7 , 35, 38-40].               homme et par an, concentré dans les
r-         Faso, An. gambiae s.s. était 9 fois plus                                                 trois mois de saison des pluies [ 4 3 ] .
                                                        La morbidité palustre globale, en zone
3-         abondant qu'An. arabiensis au repos          rurale du Burkina Faso, est de 30 %         Au sud de la Mauritanie et au nord
:e         dans les maisons [ 3 0 ] ,mais à Kisumu                                                  du Sénégal, on retrouve toujours ces
                                                        des fébricitants et de 6,3 % des con-
           (Kenya), les deux espèces se trouvaient      sultants. Elle est donc comparable à        indices sporozoïtiques très bas (de O, 3
es         à égalité numérique [31]. D'une façon                                                    à 0,5 YO).Dans la région du Ferla, au
                                                        celle observée dans le faciès équatorial
           générale, la proportion d'An. arabien-       mais elle est répartie différemment,        sud du fleuve Sénégal, la transmission
u-         sis augmente pendant la saison sèche                                                     était encore plus basse : 2 à 4 piqûres
                                                        88 ?h des accès survenant en saison des
CC
           [32-341. Dans le Siné-Saloum au Séné-        pluies lors de la pullulation des vec-      infectées par homme et par an [4Q].
IO         gal, en fin de saison sèche, An. ara-                                                    Au Kordofan dans le moyen-Soudan le
.e'-                                                    teurs. Cette morbidité diminue avec
           biensis est 7 fois plus abondant             l'âge : elle touche 44 % des fébrici-       paludisme présentait une stabilité
!.le       qu'An. gambiae dans les captures sur                                                     intermédiaire [40].
                                                        tants de 2 à 9 ans contre seulement
'3
           homme à l'extérieur des maisons, mais        7 % des adultes. Quelques accès per-        Dans la région de Dori, au Burkina
IS         seulement 2 fois plus abondant dans          nicieux ont été observés dans des dis-      Faso, la prévalence plasmodiale qui
ES
           les captures de faune résiduelle dans        pensaires ruraux, toujours chez des         atteint 69 % chez les enfants en fin de
:st        les chambres. Ces espèces sont le plus                                                   saison des pluies, est encore de 24 %
                                                        enfants de moins de 4 ans. En se
           souvent tributaires des pluies mais peu-     basant sur un seuil discriminatoire de      en fin de saison sèche, ce qui signe la
?e         vent aussi pulluler à contre-saison dans     10000 parasites par "3,       le nombre     longévité du parasite. Chez les. adul-
3r.s
:ne
           les mares résiduelles des cours d'eau en     annuel des cas estimé à 10 % de la          tes, la prévalence est de 24 % en fin
xe         décrue, dans les rizières, etc.              population est concentré chez les           de saison des pluies contre 2 % en fin
           An. fgnestus se développe dans les           enfants [ 4 1 ] .                           de saison sèche. Dans un dispensaire

                                                 Cahiers Sante' 1993 ; 3 : 220-38
       t
4   Cliché 2. Camp de          :s en RCA ( c iichB
                                                                                            P. Carnevale).

                                                                                            Plate 2. Pygmy camp in CAR.

                                                                                            de l’ouladan, dans la partie sahélienne
                                                                                            de ce même pays, le paludisme justi-
                                                                                            fiait 16 Yo des consultations des moins
                                                                                            de 9 ans, 9 % des enfants de 10 ans
                                                                                            à 15 ans et 1 % des adultes. Les accès
                                                                                            pernicieux ont été notés chez des
                                                                                            moins de 4 ans. Le paludisme pourrait
                                                                                            constituer IO % de la mortalité infan-
                                                                                            tile [45].La réduction des indices para-
                                                                                            sitaires et la faible morbidité chez les
                                                                                            adultes montrent le développement
                                                                                            d’une prémunition importante malgré
                                                                                            une transmission réduite.

                                                                                            Faciès subdésertique
                                                                                            et désertique
                                                                                            Au nord et à l’est du continent afri-
                                                                                            cain, les savanes sèches sont bordées
                                                                                            par une bande subdésertique, transi-
                                                                                            tion avec le désert lui-même. Les .pré-
                                                                                            cipitations irrégulières sont absentes
                                                                                            certaines années, abondantes certaines
                                                                                            autres où elles remontent assez profon-
                                                                                            dément dans le sud du Sahara.
                                                                                            An. gambiae S.S., associé à An. aia-
                                                                                            biensis, a été signalé au nord du
                                                                                            20’ parall’ele dans le Sahara malien [46,
                                                                                            471 et au nord du Niger jusque dans
                                                                                            l’kir, alors que Stafford-Smith [48] ne
                                                                                            signalait que le seul An. arabiensis au
                                                                                            Niger. Ces deux espèces, du complexe
                                                                                            An. gambiae, calquent leur extension
Cliché 3. Gîtes B An. gambiae sur une piste de forêt au Cameroun (cliché J. Mouchet).       sur celle des pluies. Au Soudan, la
                                                                                            limite nord d’An. arabiensis se situait
Plate 3. Breeding areas of An, gambiae along a forest trail in Cameroon.                    entre 150 et 200 km de la frontière
                                                                                            égyptienne, suivant les années [ 2 6 ] . A
                                                                                            Djibouti, en 1970, i1 n’y avait ni vec-
                                                                                            teur ni paludisme autochtone [49].
                                                                                            Mais en 1973, An. gambiae           était
                                                                                            signalé [SO], sa présence a été conco-
                                                                                            mitante d’une épidémie de paludisme.
                                                                                            Depuis cette date, cet anophèle s’est
                                                                                            maintenu et occupe une grande variété
                                                                                            de gîtes anthropiques. Si son invasion
                                                                                            peut s’expliquer par une année plu-
                                                                                            vieuse, les facteurs qui ont permis son
                                                                                            implantation durable sont mal cernés.
                                                                                            On comprend l’inquiétude des pays du

                                                                                        4   Cliché 4. Village de la savane soudanienne,
                                                                                            Cameroun (cliché J. Mouchet).

                                                                                            Plate 4. Village in the Sudanese savannah, Came-
                                                                                            roon.
froides, serait facilitée par son estiva-
                                                                                                   tion [ 5 2 ] , mais ce phénomène n'a été
   Summary                                                                                         observé nulle part ailleurs. On ne peut
                                                                                                   éliminer l'hypothèse de déplacements
                                                                                                   anémochores lors de la remontée du
   rypology of malaria in Africa                                                                   front intertropical, à partir de giltes
   1. Mouchet, P. Carnevale,    M. Coosemans, et   u!,
                                                                                                   plus au sud. Ce phénomène est bien
                                                                                                   connu dans le cas de Simulium dam-
  The highly variable outcomes of malaria campaigns have highlighted the                           nosum. Les Touaregs ont observé
  disease 's epidemiological diversity and the need to tailor intervention strate-                 depuis longtemps une augmentation
  pies to various situations. This variability of outcome is due in part to dzfe-                  des piqûres d e moustiques avant les
  rences in the species of parasite and responses of populatiom to infection.                      pluies, ce qui ne contredit aucune des
  [ts major cause, however, is the dzfferent f o m s of transmission, which pro-                   deux hypothèses.
  voke morbidity and defence reKtions, depending on the circumstances. Trans-
  mission depends on the presence of more-or-less competent vectors, and their                     On a peu d'informations sur l'épidé-
  abundance and seasonal distribution; these in turn depend to vaving degrees                      miologie du paludisme dans cette région
  on the environment.                                                                              prédésertique, si ce n'est son instabilité
  At intercontinental level, biogeography govems the dzstribution of Anophe-                       dans le nord du Soudan [40]qui se tra-
  les mosquitoes. An. gambiae S.S., An. arabiensis and An. funestus are ubi-                       duit par des épidémies les années plu-
  quitous in intertropical Africal and ofien occur sympatrical/'. This explains                    vieuses, entraînant une forte augmen-
  why Afn'ca is a continuous focus of P. falciparum; Africa accounts for just                      tauon des accès dans les centres de santé.
  8 % of the world's population, but 8s % of all cases of malaria.                                 Mais, à vrai dire, on ignore l'incidence
  At the regional level, malarza in intertropical Afbca has several epidemiologi-                  de la maladie, dans une population sou-
  cal patterns:                                                                                    vent nomade ainsi que sa répartition par
  - in equatorial and tropical areus, the entire population is afecte4 but mala-                   classe d'âge et par ethnie.
  ria is stable and immunity develops in the early years of life. However, high                    Dans le Sahara au sud du Hoggar,
  infant-adolescent mortality is the pn'ce paid for the relutive immunity of sur-                  d'affinité biogéographique afrotropicale
  viving adults;                                                                                   (alors que le nord est paléarctique
  - in sahalian areasl malaria shows intermediate stability ;                                      méditerranéen), les eaux de surface des
  - in sahalo-Saharan, austral and mountain areas, malaria is anstable: its ive-                   gueltas et des puits sont fortement
  gular transmission precludes the development of immunity; consequently, epi-                     minéralisées. Leur faune anophélienne
  demics affecting people of all ages can spread in years when environmen.tal                      est essentiellement composée par
  conditions (wet andlor hot) favour mosquito prolzjreration.                                      A n . dthali, non vecteur. Mais cette
  Four of these f o m s of transmission OtCUT in Madaguscar, while the other p e k -               situation est susceptible d'être modi-
  frican islands fall into one o f these categonés.                                                fiée par les forages comme à Djibouti
  At the Local level, the above patterns can be modzjçed by local conditions                       et à Bilma, au Niger (Julvez, comm.
  such as water cöurses, relief and soiZ type.                                                     pers. ).
   Concerning man and the environment, human activity mod$es vegetation
  cover (especially deforestation) and water systems (dnlling, dams, imgation),                    Le faciès austral
  and is accompanied by urbanization. Because malaria transmission is lower                        Il recouvre les plateaux d'altitude au
  in urban than in mral areas, town-dwellers develop little immunity ; if infected                 sud du bloc forestier centrafricain.
  they ofien develop serious malaria,                                                              L'altitude et la latitude se conjuguent
  Malanh can be affected by events szlch as natural Asusters, climate changes,                     pour entraîner une baisse de tempéra-
  migration of workers and political refugees, and insecticide campaigns. The                      ture en hiver, qui est aussi la saison
  increase in rapid transport risks dispersing parasites and vectors throughout                    sèche. La transmission est complète-
   the world.                                                                                      ment interrompue soit par absence de
   The impact of events is dependent on the areas where they occur. The intro-                     vecteurs soit par leur incapacité à trans-
  duction of imgated rice fields triggered a malaria epidemic in Bumndi (which                     mettre P. falcz$amm au-dessous d'un
  lies in a mountain area where the disease is unstable), whereas it had little                    seuil de température moyenne de
   effect in Burkina Faso (a tropical area, where malaria is stable).                              18-20 "C. Le caractère saisonnier du
   The strata of diversiJication observed in Afn'ca also occur on other continents.                paludisme est plus nettement marqué
                                                                                                   que dans les zones homologues de
   Cahiers Santé 1993 ; 3 : 220.38.
                                                                                                   l'hémisphère Nord, de même latitude
                                                                                                   mais de moindre altitude.
                                                                                                   Le complexe A n , gambiae est surtout
                                                                                                   représenté par An, arabiensis (cliché Gj
  Maghreb et de I'Égypte devant les ris-                 s.l. 2 mois par an, sans qu'il y ait      et An. quadnànnulatus. Ce dernier,
  ques d'implantation d'An. gambiae                      apparemment transmission locale.          zoophile, n'est pas vecteur. An. gam-
  5.1.                                                   Le seul vecteur identifié au nord du      bine S.S., bien que signalé dans tous
..CAFayat-Largeau, au Tchad, Riom [51]                   Soudan est A n . arabiensis. Sa survie,   les pays [ 2 6 ] , semble peu fréquent et
  rapporte la présence d'An. gambiae                     pendant les longues périodes sèches et    a un rôle effacé.
,

Au Zimbabwe, An. gambiae s.l. et              température est le facteur limitatif de                        comme l'.ont suggéré Fontenille er al.
An, funestzcs disparaissent des hautes        la transmission. Les vecteurs y pallient                       [61] à Madagascar.
terres durant l'hiver mais pullulent          par leur endophilie, l'intérieur des                           Dans ces conditions, on doit s'interro-
dans les vallées basses d'où ils remon-       maisons constituant un microclimat                             ger sur les possibles relations enrre
tent en altitude pendant l'été [53]. Un       plus (< chaud B qui a permis la trans-                         l'explosion épidémique du paludisme
comportement analogue a été observé           mission jusqu'à 2 600 m au Kenya                               en montagne, voire son apparition
en République sud-africaine [ 6 ] . Les       [58-601. La présence de bétail intrado-                        dans des zones considérées comme
vallées ont donc une importance con-          miciliaire est également de nature à
.      ,

                                                                                                                                                                  --

    Cllch6 7 . Les montagnes du Burundi (clich6 M. Coosemans).                Cliché 8. Rizibres et villages des plateaux de Madagascar (clich6 J. Mouchet).

    Plate 7 . Mountains of Burundi.                                           Plate 8 . Paddy-fields and villages ’of the Madagascar plateaux.

    d’autant que nombre de climatologues              les domaines floristique et faunistique,           (diche’¿?) au-dessus de 900-1 O00 m ;
    prédisent un réchauffement général de             le paludisme présente, à Madagascar,               l’anophèle dominant est An. arabien-
    la planète.                                       un caractère très a africain B. La grande          sis, à tendance zoophile, mais
    Les zones d’altitude ne sont pas homo-            île mérite bien son appellation de                 An, funestus, plus anthropophile,
    gènes ; elles sont en général constituées         sous-continent et les homologues des               occupe les cuvettes mal drainées ;
    de plateaux ou de montagnes plus ou               faciès majeurs de l’Afrique s‘y retrou-            An. gambiae s.s. se raréfie avec l’alti-
    moins abruptes entrecoupées de                    vent, se traduisant par une très grande            tude et sa présence sur les plateaux au-
    dépressions où se collectent les eaux.            hétérogénéité de la transmission [69] :            dessus de 1 O00 m est mise en doute
    Sur les plateaux ou les sommets, le               - forêt tropicale très arrosée, avec               [711*
    paludisme est très instable, éminem-              tous ses stades de dégradation, sur la             Les vecteurs, An. gambiae S.S.,
    ment épidémique à forte mortalité. En             côte orientale ; les vecteurs sont                 An. arabiensis et An. fanestus sont
    Ethiopie, en 1958, une épidémie qui               An. gambiae s.s. et A n , funestus ; la            identiques à ceux du continent, ce qui
    s’est déroulée entre 1 600 et 2 150 m             transmission est continue avec environ             plaiderait en faveur de leur installation
    d’altitude a provoqué 3 O00 000 de cas                                                               a récente s, soit par transport anémo-
                                                      100 piqûres infectées par homme et
    et 150 O00 décès [62]. Le vecteur est             par an [70] ;                                      chore, soit par transport par l’homme
    surtout An, arabiensis, dont l’indice             - savanes humides sur la côte occi-                à l’époque historique. Une seule
    spor9zoïtique est faible : 0 , l à 0,3 Yo         dentale (au nord de Tulear) et sur les             espèce endémique, An. mascarensis (ou
    en Ethiopie [63, 641, moins de 1 %                pentes des plateaux ; les vecteurs sont            une espèce jumelle) a été trouvée
    au Burundi (Cdiche‘7) [65] et de l’ordre          An, gambiae S.S., An. arabiensis et                infectée mais ne joue qu’un rôle très
    de 0,l YO sur les plateaux de Madagas-            An. funestus ;                                     effacé et localisé [72].
    car [bl].                                         - savanes sèches dans le Sud ; le vec-             Le paludisme, très stable sur les côtes,
    Dans les dépressions souvent mal drai-            teur est A n , arabiensis ;                        perd graduellement cette stabilité avec
    nées, se forment des zones marécageu-             - plateaux à caractère montagnard                  l‘altitude et la latitude (au sud-ouest).
    ses, à dense végétation herbacée dres-
    sée, excellents gîtes pour An. funestus
    [66, 671. Ces dépressions constituent                                                                          Hauts plateaux
    des enclaves de paludisme endémique
    mais peu stable [68]. Ces vallées sont
    activement mises en valeur, ce qui
    change la végétation et favorise le
    développement d’An. arabiensis [ 651.
    Les travailleurs venus souvent de la
Sur les plateaux, il avait disparu après     et du Prince étaient vierges lors de leur   nion, les preuves manquent pour sou-
les traitements insecticides des an-         découverte mais le paludisme s’y ins-       tenir cette hypothèse.
nées 50. Il s’est progressivement réins-     talla immédiatement. Il est de type         Les quatre îles de l’archipel des Como-
tall6 25 ans plus tard et, à partir de       stable et le seul vecteur est An. gum-      res présentent un paludisme stable, de
1983, a pris une allure épidémique           biae. L’île de Malabo était déjà peu-       type équatorial avec quelques varian-
touchant toutes les classes d’âge. Cette     plée lorsque Fernando-PÔ la visita et le    tes locales, notamment à Anjouan [79,
reprise de la transmission ne semble         paludisme y sévissait. I1 est stable, de    841. A la Grande Comore, le seul vec-
pas due à une cause unique. Plusieurs        type équatorial [761.                       teur est An. gambiue s.s. I1 s’est déve-
facteurs ont été évoqués :                                                               loppé surtout depuis 1920, dans les
- Ies cyclones, notamment ceux’de               Les îles de l’océan Indien               citernes et les bassins d’ablution en
1982, 1983 et 1984 qui auraient con-         Les Seychelles sont indemnes de palu-       l’absence d’eau de surface naturelle.
tribué à la prolifération d’An. urubien-     disme [77], à l’exception des petites       Dans les autres îles, cet anophele est
sis et favorisé l’installation d’An. fa-     îles d’Aldabra et d’Assomption où des       accompagné d’An. fanestus [85].
nestax qui semblait avoir disparu lors       microépidémies ont été rapportées en        L’île yéménite de Socotra, au large de
des traitements intradomiciliaires [ 731 ;   1908 et 1931 à la suite du passage de       la Somalie, fait transition avec l’Asie.
- une diminution numérique du                bateaux. An. gumbiue s.l. a été signalé     Le paludisme y est transmis par
bétail et sa stabulation dans les mai-       à Aldabra [78].                             An. calicifcies, espèce orientale [26].
sons par suite de l’insécurité favorisant    Les Mascareignes (Maurice, La Réunion
le contact d’An. arabiensis avec             et Rodrigue) étaient inhabitées lors de
l’homme [Gl]. De plus, la présence           leur découverte. Jusqu’au milieu du
des animaux augmente la température          XM“ siècle elles étaient un havre sani-     Les faciès
ambiante des maisons et autorise             taire pour les navigateurs et les Créo-     secondaires
l’accomplissement du cycle sporogoni-        les vivant dans les îles impaludées. Les
que ;                                        anophèles furent introduits à Maurice       A l’intérieur de &acun de ces faciès,
- une augmentation de la tempéra-            en 1865 ou 1866, peut-être à la suite       le paludisme est loin d’être homogène
ture moyenne [74].                           de la mise en service de la navigation      (tubleau 3), pas plus que ne le sont les
La prévention des épidémies étant un         à vapeur ; ils ne gagnèrent La Réunion
                                                                                         reliefs, les sols et l’hydrographie.
des objectifs de la stratégie mondiale       qu’en 1868 ou 1869 et pourraient être
 de la lutte contre le paludisme, la         venus de Maurice par déplacement            Les reliefs
recherche des déterminants des épidé-        anémochore. Rodrigue, à l’écart des
mies devient une priorité. Le cas de         lignes de navigation et qui n’est pas         Outre les grandes zones de montagnes
Madagascar montre la complexité de           sous le vent, est toujours indemne            qui constituent un faciès individualisé,
l’approche.                                  1791.                                         dans chacune des autres zones, les
                                             L’arrivée des anophèles fut suivie de        reliefs modifient l’épidémiologie du
Les îles périafricaines                      violentes épidémies de paludisme puis        paludisme. Les pentes sont peu favo-
                                             la maladie s’installa dans les deux îles      rables à l’établissement des gîtes lar-
Les îles voisines de la côte ne présen-      sur un mode endémo-épidémique. Elle          vaires. Dans le faciès tropical des
tent aucun caractère daérentiel vis-à-       fut éliminée dans les années 50 à La         Monts Mandara, au Cameroun, autour
vis du continent (Zanzibar, Lamu,            Réunion [80] et à Maurice [81]. Ces           de nombreux villages de crête il n’y a
Paté, Sainte-Marie). Celles situées plus     campagnes d’éradication ont tellement        pas de gîte à anophèles ; ceux-ci vien-
au large étaient, en général, inhabitées     modifié la faune et le développement          nent du piémont, et pour une courte
donc indemnes de paludisme lors de           a changé l’environnement à tel point         saison, entraînant un paludisme
leur découverte par les navigateurs ara-     qu’il est impossible de rapporter le          endémo-épidémique [351.
bes ou européens. Si l’importation du        paludisme du début du siècle à l’un          Dans les régions de paludisme stable
parasite fut presque immédiate,              des schémas continentaux.                     d’Afrique de l’Ouest et du Centre, les
l’implantation des vecteurs a été plus       Actuellement, le seul vecteur présent         reliefs peu accusés, inférieurs à
ou moins dsérée. Leur introduction           à Maurice comme à La Réunion est            ’ 1 500 m, ne semblent guère changer
peut résulter d’un déplacement ané-          An. arabiensis. A Maurice, il pullule        l’expression du paludisme, comme au
mochore mais aussi d’un transport par        dans les terrasses des toits après les       Fouta Djalon, en Guinée, ou sur le
l’homme.                                     pluies [82], à La Réunion il est exo-        plateau Bamoun au Cameroun [86].
                                             phile [26] et n’est plus vecteur pour         Mais, dans les montagnes Bamiléké et
   Les îles atlantiques                      l’heure [83]. L’hypothèse a été égale-        le Manengouba, au Cameroun, les for-
Sainte-Hélène, Madère et les Açores          ment émise qu’An. gumbiue s . ~ .aurait       tes pentes confinaient le paludisme aux
sont restées vierges d’anophèles et de       été importé à Maurice et aurait été le       fonds des vallées où le vecteur était
paludisme. Les îles du Cap-Vert, inha-       responsable de l’épidémie initiale puis      An. fanestas, les sommets étant
bitées lors de leur découverte en 1460,      éliminé lors des opérations de lutte,         indemnes [GG]. I1 semble que cette
étaient infectées dès 1507. Le vecteur       mais ceci est contesté. I1 semble bien        situation ait évolué ces dernières
est An. arabiensis et le paludisme y est     qu’à Maurice au moins, An. fanestax           années et que le paludisme soit bien
instable, de type sahélien, ce qui est       ait fait partie de la faune anophélienne      installé sur certains sommets comme à
en accord avec les faibles précipitations    [81] et qu’il ait été éliminé par les         Dschang, naguère station climatique
(200 mm) [75]. Les îles de Sao Tomé          traitements domiciliaires. A La Réu-          [87]. An. gambiue S.S., vecteur princi-
biensis, une grande partie de l'année,
                                                                                        comme au bord du Niger [89] ('di-
Facteurs secondaires de variation du paludisme en Afrique                               ché9), du Logone au Tchad, du Nil
                                                                                        au Soudan [90], de 1'Uebbe Shebelli
A) Facteurs naturels                                                                    en Somalie.
   Reliefs : pentes                                                                     Dans les régions de forêt tropicale,
   Grands fleuves : An. gambiae et An. arabiensis ;                                     avant toute intervention humaine, les
   allongement de la saison de transmission                                             fleuves constituent des trouées par les-
   Lagunes saumâtres : An. melas 3 l'ouest, An. merus A l'est ;                         quelles s'introduisent les vecteurs hélio-
   mauvais vecteurs du paludisme                                                        philes (An. gambiae S.S. et An. moa-
   Sols : perméabilité et absence d'eaux de surface                                     cheti) qui se trouvent ainsi à pied
B) Facteurs anthropiques                                                                d'ceuvre lorsque l'homme s'installe.
*   Modifications des couverts vkgktaux
    Déforestatilon : pénétration des espèces héliophiles : An. gambiae                  Les lagunes saumâtres
    Désertification : gîtes de piétinement : An. arabiensis                             Elles constituent les sites de dévelop-
    Modifications du réseau hydrographique                                              pement d'espèces halophiles :
    Barrages et irrigation, prolifération des anophèles surtout An. gambiae et          An. melas (cZiche'10) sur la côte occi-
    An. arabiensis :
         -   zone stable ; volant d'inertie de la prémunition absorbe variations        dentale et An. mems sur la côte orien-
       locales                                                                          tale, Ce sont de mauvais vecteurs du
        - zone instable ; création de situations épidémiques ou endémisation            paludisme qui entrent en compétition
      plus forte                                                                        avec les espèces dulçaquicoles du com-
    Forages citernes : établissement de vecteurs                                        plexe An. gambiae. Aussi, du fait de
*   Urbanisation                                                                        Ia présence de ces dernières, le palu-
    Diminution des surfaces disponibles pour les gîtes : An. gambiae, An. arabiensis    disme garde-t-il une forte stabilité à
    Pollution des eaux de surface                                                       Cotonou [91]. Mais à Lobito (Angola)
    Baisse de la transmission et de la prémunition                                      où An. melas semblait le seul vecteur,
    Cas moins nombreux mais souvent sévères. Adultes touchés, se comportent             l'indice parasitaire n'était que de 2 %
    comme migrants non immuns
    Habitat et modes de stabulation du bétail                                           [921*
*   Facteurs événementiels                                                              Les sols
    Catastrophes naturelles ; changements climatiques
    Lutte antipaludique                                                                 Au Congo et au Zaïre, les sols aréni-
    Migrations de population : problème des réfugiés                                    coles des plateaux Batéké, très perméa-
    Développement des transports aériens et terrestres ; l'implantation de nouveaux     bles, ne donnent qu'une végétation
    vecteurs pourrait être favorisée par des modifications climatiques OU               steppique. Les eaux de surface sont
    anthropiaues                                                                        limitées à des dépressions. La transmis-
                                                                                        sion est très basse par rapport aux
Secondary factors accounting for malaria variation in Africa                            zones environnantes [93], mais ceci ne
                                                                                        change pas fondamentalement le pro-
                                                                                        blème de santé publique.

pal, y est abondant (Petrarca, comm.        cette décrue se produit, en général, en     Les faci&
pers.).                                     saison sèche, il y a un allongement de
En Afrique de l'Est, sur un plateau         la saison de transmission dans tous les     anthropiques
d'une altitude moyenne de 1 O00 m,          faciès. Au Sud Cameroun, le lit de la
la présence de reliefs plus élevés          Sanaga est un site de production            Depuis cinq à six millénnaires, l'homme
entraîne une diminution de l'endémie        d'An. gambiae S.S., de janvier à mars,      a modifié l'environnement pour ses
et, localement, son instabilité.            la transmission est alors très réduite en   activités agricoles et sociales (ta-
                                            dehors des abords du fleuve [19, 881.       bleaa 3). Le processus s'est beaucoup
Dans les îles de La Réunion, Maurice,       Mais ceci n'a guère de traduction épi-      accéléré depuis le début du siècle et
Mayotte, Anjouan, les zones d'altitude      démiologique dans cette région de           surtout depuis 1950. L'expansion
sont souvent indemnes de paludisme          pludisme stable. A Gambella, en             démographique entraîne une demande
et ont serai ,de stations climatiques.      Ethiopie, dans une zone de savanes          de produits vivriers et de biens de con-
                                            humides, le même phénomène produit          sommation tant de la part des autoch-
Les cours d'eau                             une transmission de saison sèche [29].      tones que des pays industrialisés du
Ils ont une double influence. Au            Dans les zones sahéliennes et sahélo-       Nord. I1 s'ensuit une extension, des
moment de Ba décrue, les mares rési-        sahariennes, les abords des fleuves         zones cultivées aux dépens du milieu
duelles qu'ils laissent constituent des     constituent des
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