UN VOYAGE D'ETUDES EN SARDAIGNE

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REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE                      2ÇI

 UN VOYAGE D'ETUDES EN SARDAIGNE

    I. — CARACTÈRES GÉNÉRAUX, PHYSIQUES ET CLIMATIQUES
                     DE LA SARDAIGNE

   La Sardaigne est traversée par le ge degré de longitude Est (méri-
dien de Greenwich) et située approximativement entre les 39e et 41 e
degrés 5 de latitude Nord. Sa superficie est de 2 400 000 ha. Sa
plus grande longueur du Nord au Sud (de Sta Teresa au Cap Spar-
avento) mesure approximativement 260 km, sa largeur moyenne
Est-Ouest, 100 km. Elle est formée, pour la plus grande partie, de
collines et surtout de montagnes. Les deux principaux massifs sont
les monts Limbara au Sud-Est de Tempio, s'élevant à 1 362 m à
la Punta Balestrieri, et les monts Gennargentu au Sud de Nuoro
avec la P. Marmora (1 834 m) point culminant de l'île. Toutefois,
dans la partie Ouest se trouvent quelques plaines ou plateaux
peu élevés, dont les principaux sont les suivants : Tun au
Nord-Ouest, entre le Golfe d'Asinora et la rade d'Alghero occupe
la zone délimitée par les trois villes de Porto-Torres, Sassari et Al-
ghero; un autre, moins étendu, borde la côte sur une largeur
moyenne de 10 km, au sud dTglésias; enfin, le plus important,
s'étend dOschiri (à 25 km au sud de Tempio) à Cagliari, par Ma-
comer et Oristano sur près de 200 km, mais avec une largeur très
variable dépassant rarement 20 km.
   Les facteurs climatiques les plus importants de la Sardaigne sont
le vent et la sécheresse estivata
   En effet, la situation géographique de la Sardaigne l'expose à
deux vents particulièrement violents : vent d'Est et vent du Nord-
Ouest (mistral). Leur action est particulièrement marquée, et sou-
vent, même loin des côtes, la campagne est piquetée d'arbres com-
plètement déformés. Cette action limite en altitude la végétation
forestière et l'étage méditerranéo-montagnard est totalement dé-
pourvu d'arbres. Des pâturages arides et hiaigres recouvrent les
crêtes des montagnes.
   Les précipitations atmosphériques moyennes seraient normale-
ment suffisantes, pour une bonne végétation, compte tenu du peu
 de richesse du sol, si la répartition des pluies était plus régulière.
 Mais, pendant trois mois de l'année au moins (juin à septembre), la
quantité d'eau tombée est infime. Par exemple, au sud de Tempio,
 dans le massif des monts Timbara, durant cette période de Tan-
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née, il tombe au maximum, sur les sommets les plus élevés 120 mm
d'eau, et dans la zone immédiatement inférieure de 50 à 100 mm.
   En hiver, la température ne descend que rarement en dessous
de o°, en été, par contre, la chaleur atteint 40 o . La température
moyenne annuelle est, sur la côte, de 15 à 170.

       IL — CARACTÈRES POLITIQUES ET ETHNOGRAPHIQUES

   La Sardaigne était, aussi loin que Ton puisse remonter dans l'his-
toire (Ve siècle avant Jésus-Christ), une colonie phénicienne. Bien
que rattachée à l'Empire romain, puis au Saint-Siège, sa popula-
tion s'est constamment défendue, habitant les altitudes moyennes,
aussi bien contre les intrusions de Gênes ou de l'Espagne (Catalans),
que contre les attaques des barbaresques. On retrouve d'ailleurs,
dans l'intérieur du pays, au milieu des champs, des « pierres le-
vées » et d'anciennes tours de guet (nurhagi) au sommet desquelles
on allumait des feux pour prévenir de la venue sur les côtes deis
ennemis.
   A l'heure actuelle, elle s'est constituée en région autonome. Sa
population est environ de 1 200 000 habitants et croît régulièrement
par suite de la colonisation agricole. Il est à noter, en outre, que la
malaria, qui sévissait fortement, a presque entièrement disparu, grâ-
ce à une lutte méthodique. Elle est divisée en trois départements,
administrés chacun par un Préfet, et portant les noms de leurs
chefs-lieux :
   — Cagliari, la ville la plus importante (140000 habitants envi-
 ron), port principal d'où sont exportés du zinc et du plomb, ainsi
que le sel provenant des marais salants établis sur la côte. En effet,
près d'Iglesias, existent des minerais de plomb, de zinc, de manga-
nèse, de mercure, ainsi que du charbon. La délégation franco-ita-
lienne a pu jeter un coup d'oeil à la mine de Monte-Poni. La galène
et la calamine argentifères sont extraites de filons situés à 400 m
de profondeur, soit à 300 m au-dessous du niveau de la mer. Les
minerais sont traités sur place et envoyés en Italie en plaques de
plomb de 50 kg et de zinc de 25 kg.
   — Sassari (70000 habitants) où Ton peut assister une fois par
an, le jour de l'Ascension, à un défilé, absolument unique par la
richesse des costumes, l'originalité de la présentation, des nombreux
habitants de la plupart des villages de Sardaigne.
   — Nuoro (8000 habitants) au pied de l'Ortobene, au sommet
duquel a été élevée une statue en bronze du « Rédempteur » qui
domine et bénit la ville. « Grazia Deledda » a voulu se faire enter-
rer dans la Chapelle de la Solitude remise en état à cette occasion,
UN VOYAGE D ÉTUDES EN SARDAIGNE                     293

                    III. — CULTURE ET ÉLEVAGE

   La Sardaigne présentait, il y a encore 35 à 40 ans, un aspect par-
ticulièrement désolé car le maquis lui-même, sur ces sols générale-
ment pauvres et superficiels constamment incendiés pour « renou-
veler le pâturage » était profondément dégradé, de végétation lan-
guissante. On peut encore se faire une idée de ce que pouvait être
à cette époque l'aspect général de l'île, en parcourant la région au
sud de Monti vers Nuoro, qui offre au visiteur un paysage de soli-
tude et de désolation.
   Depuis 1931, une remise en valeur des terres fut poursuivie, sur-
tout du point de vue agricole, en y intéressant la population sarde
et en colonisant avec de la main-d'œuvre italienne, cependant que le
service forestier recevait des pouvoirs suffisants pour reboiser les
terres qui ne pouvaient être revendiquées par l'agriculture ou l'éle-
vage.
   Dès cette époque furent aménagés en Sardaigne, dans les plaines
et sur les collines, des villages entiers où sont groupés à la fois les
éléments de la vie sociale (église et son curé, mairie et son Con-
seil municipal, commerçants...) et ceux de la vie agricole (culti-
vateurs). Malgré les avantages sociaux présentés par cette organi-
sation, un des plus grands inconvénients résultait de Γ éloignement
des terres à cultiver ou à faire pâturer; les cultivateurs habitant
le village avaient, en 'effet, à parcourir, avant d'arriver à leurs ter-
res, en moyenne 3 ou 4 km. Cette méthode est actuellement aban-
donnée; on installe encore maintenant des « villages sociaux »,
mais les fermes des cultivateurs sont isolées et construites le plus
possible au centre des terres qui leur sont attribuées.
   La superficie de la Sardaigne, de 2 400 000 ha est actuellement
répartie comme suit:
       Cultures agricoles                           600 000 ha
       Pâturages permanents                        1 000 000 ha
       Pâturages maigres                            410 000 ha
       Terrains boisés                               300 000 ha
       Terrains improductifs
         (routes, villes, etc..)                      90 000 .ha

                                                   2400000 ha

           i° Cultures de plaines ou basses montagnes
    En plaine ou en basse montagne, les cultures alternant avec des
jachères pâturées sont installées dans les terres les plus riches de
l'île ou dans celles aménagées spécialement à cet effet. Tout le tra-
vail, étant donné le peu de profondeur du sol et les nombreux ro-
chers émergeant dans chaque champ, est effectué à la main. Les ren-
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 dements, malgré les apports d'engrais indispensables pour empêcher
 le sol de revenir à l'état de sable pur, sont extrêmement faibles (8
 quintaux à l'ha pour le blé).
    Il est curieux de remarquer dans toute l'île le zèle apporté par
 chaque cultivateur à entourer ses champs et ses pâturages, même
 de montagne, avec des murs de pierres sèches de 1,50 m de haut
 environ, construits avec un soin méticuleux et qui leur permettent
 de résister aux plus fortes poussées du gros bétail, et de s'opposer
 même au passage des animaux les plus agiles: les chèvres.
    Les différents sites que l'on peut embrasser en parcourant la route
 de Tempio à Cagliari par Sassari, Alghero, Macomer, donnent un
 aperçu fort intéressant de cette remise en valeur agricole:
    de Tempio à Sassari, il y a quatre ans seulement, la région pré-
 sentait encore un aspect complètement dénudé ; actuellement, de
 chaque côté de la route, s'étendent des champs de céréales et die
 légumineuses, des vignobles, installés directement sur la pente, plus
 rarement sur banquettes. Sur les terrains en jachères pâturent des
 moutons et quelques chèvres.
    de Sassari à Alghero et Macomer, l'aspect du paysage se modifie,
 bien que les cultures pratiquées soient sensiblement les mêmes. Dans
cette région, en effet, apparaisent des vergers de jeunçs oliviers, sur
 des étendues assez grandes, soigneusement cultivés. On rencontre
 même des oliviers greffés.
    au sud de Macomer, le terrain est plus pauvre, on n'y rencontre
 que de mauvais pâturages avec quelques chênes-lièges mal venants.
 A l'Ouest d'Abbasanta, un grand barrage a été construit sur le
 Lago del Tiso, pour permettre, durant la période sèche, l'irrigation
 des terres cultivées. On y remarque quelques rizières.
    au sud d'Oristano et jusqu'à Cagliari, ce sont toujours les mêmes
 cultures agrémentées de bosquets d'oliviers en mélange avec des
amandiers, mais la sécheresse s'affirme et le paysage devient afrn
cain.
    Une tentative de remise en culture particulièrement intéressante a
 été entreprise sur le bord du golfe d'Oristano dans la région d'Ar-
borea sur une superficie d'environ 9000 ha. Deux difficultés se
présentaient :
   a) le vent. Particulièrement violent dans cette région, il a nécessité
des travaux de défense dont il sera parlé plus loin.
   b) l'eau.
   Ce fut la plus grosse difficulté. Il s'agissait de sables arides dont
une partie se trouvait au-dessous du niveau de la mer. Pour cette
dernière zone, on a dû drainer et pomper la salure, tandis que pour
l'ensemble, il a fallu irriguer.
   Les travaux ont été commencés en 1934, avec les crédits de l'Etat,
par la Société d'Amélioration. A cette époque, les paysans étaient
chers émergeant dans chaque champ, est effectué à la main. Les ren-
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forme agraire, une Société d'Etat a acheté l'ensemble des terrains
et des réalisations de l'ancienne Société. Elle revend les terrains à
crédit aux cultivateurs à raison de 6 ha en moyenne par ferme.
   L'ensemble des cultivateurs est actuellement réuni en une sorte
de groupement coopératif qui fixe l'assolement pour les terres et im-
pose l'obligation à chaque paysan de fumer ses terres avec des
engrais, pour éviter le retour du sol au sable pur.

                           20 Pâturages
  Les pâturages sont de deux sortes:
  à) Pâturages de jachères en plaine et en basse montagne ;
  b) Pâturages maigres et permanents en montagnes.
  La superficie d'ensemble de ces pâturages est environ de:
1 410 000 ha. Le cheptel de l'Ile s'élève à 3 700 000 têtes réparties
comme suit:
             Moutons                         3 000 000
             Chèvres                           500 000
             Bovins                            150 000
             Chevaux et ânes                    50 000

soit 2,6 têtes de bétail par hectare!
   Les chèvres sont en régression, les autres animaux en augmenta-
tion, en raison notamment du développement de l'industrie froma-
gère.
   Du point de vue zootechnique, il y a lieu de souligner les recher-
ches poursuivies pour obtenir de bonnes races laitière et de bou-
cherie. Un croisement de l'ancienne race sarde avec la Schwytz a
donné une race Sarde-Schwytz d'excellente qualité; en outre, des
Hollandaises pures importées dans l'Ile se sont parfaitement adap-
tées.
   Un troupeau d'une telle importance nécessiterait des prairies d'une
production en herbe suffisante pour conserver le bétail dans les
parties basses jusqu'au moment où les pâturages de montagne sont
suffisamment riches pour que les troupeaux puissent y être menés
directement selon une économie de transhumance normale, c'est là
un point essentiel de l'économie rurale sarde qui sera examiné plus
loin.
                            3° La forêt
                          Forêts existantes
   La superficie boisée, 300000 ha environ dont 26000 ha de fo-
rêts domaniales, correspond à un taux de boisement de 12 %. Il
n'existe pas de forêts résineuses spontanées mais 5000 ha de re-
boisement en pins (P. maritime, P. pignon), d'autre part, le châtai-
2φ                 REVUE FORESTIERE FRANÇAISE

gnier n'occupe qu'une surface extrêmement réduite, environ 2 000
ha, en presque totalité sous forme de taillis simple, par contre les
chênes (Ch. liège, ch. vert, ch. pubescent) couvrent une superficie
de 200 000 ha environ dont 60 % traités en futaie, 22 % en taillis-
sous-futaie et 18 % en taillis simple. Le surplus, soit près de 90 000
ha est constitué par du maquis exploité périodiquement en vue de
la production de bois de feu.
   Il est à noter que le déboisement paraît avoir sévi intensément en
Sardaigne durant le xix e siècle. Déjà vers 1865, l'Inspecteur des
forêts de Cagliari regrettait de voir les forêts de Tile dévastées par
les coupes abusives et un pâturage excessif, le phénomène ne s'est
guère ralenti par la suite puisqu'on estime que depuis cette date près
de 30 % de la surface réellement boisée a disparu. .
   Le chêne-liège est actuellement l'essence forestière la plus im-
portante. Il se rencontre surtout dans le Nord de l'Ile, dans la Gal-
lura, couvrant au total 100000 ha environ dont 50000 ha consti-
tuant des bois presque toujours pâturés, et 50 000 ha en équivalent,
c'est-à-dire en supposant réunis ou groupés l'ensemble des chênes-
lièges isolés.
   Dans les bois de chêne-liège pâturés de la Gallura, on estime la
production de liège à 2 quintaux - 2 quintaux et demi'à l'hectare et
par an. Ces bois, que la mission a pu visiter près de Tempio, sont le
plus souvent particuliers, quelquefois communaux. Aucune éclaircie
n'étant pratiquée, les peuplements sont généralement très serrés, et
les troncs insuffisamment éclairés.
   L'ensemble des chênes-lièges de l'Ile produit en moyenne 200 000
quintaux par an, qui sont en majorité exportés. Le reste de l'Italie
ne produit guère que 70 000 quintaux, la Sardaigne à elle seule four-
nit donc environ les 3/4 de la production italienne totale du chêne-
liège.
   En dehors du chêne-liège, les seules essences spontanées sont le
chêne vert, le chêne pubescent et dans une très faible mesure, le
châtaignier. Ces essences constituaient autrefois la plus grande partie
des massifs forestiers et fournissaient aux populations les fruits né-
cessaires â une partie de leur alimentation et à celle de leurs trou-
peaux. Elles constituent encore les massifs les plus élevés et les
moins accessibles, par exemple dans les monts Gennargentu où exis-
tent encore le mouflon et'l'âne sauvage, ainsi qu'à l'Ortebene domi-
nant Nuoro.
   Il y a 20 ans, le Mont Ortobene n'était recouvert que d'un mai-
gre pâturage, dégradé, parsemé de quelques arbrisseaux, vestige du
maquis disparu. Cependant, sur le versant nord moins escarpé subsis-
taient quelques reliques de l'ancien peuplement. En octobre 1933 fut
approuvé par le Sous-Secrétaire d'Etat à l'Aménagement et à l'As-
sainissement le premier projet de remise en valeur, et une zone de
2 500 ha a été entièrement soumise au régime forestier, constituant
Nuoro — Mont Ortobene (955 m)
                                   Forêt pâturée de chênes verts.

             ^ ^ ^ i l f ^ ^ V ^ ^ ; -λ ^

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                              Environs dObia - village d'Arzachena
                                        Paysage typique.
                                                                 (Clichés Roi.)
ìM í S i s a i i i i

Ε Κ : Λ^·.·'^" · - -     -      '

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ux VOYAGE D'ÉTUDES EN SARDAIGNE                            297

le périmètre de l'Ortebene. et la forêt naturelle de chênes vert et
pubescent a été reconstituée malgré les difficultés inhérentes au sol
granitique, parsemé de gros blocs et à la situation du « Monte » qui
en fait un but de promenade pour les habitants de Nuoro. Des colo-
nies de vacances recevant des centaines d'enfants y sont installées,
et chaque année, durant le pèlerinage du « Christ Rédempteur »,
de pieuses personnes campent, pendant plus d'une semaine, autour
du sommet. Aux altitudes inférieures de ce périmètre, des reboise-
ments résineux ont été effectués.
   En plus de la gestion des forêts existantes, le Service forestier
Sarde est également chargé à la fois des reboisements en montagne,
dans les terrains inutilisés par l'agriculture, en vue de lutter con-
tre l'érosion des sols, de la constitution de forêts « industrielles »
sur le littoral ou dans les plaines et des travaux de fixation des -sa-
bles de protection des cultures contre les vents.

                        Reboisements en montagne
   Dans cette île aux terrains très dégradés, des travaux de reboi-
sements ont été effectués dans les bassins des rivières et dans les
zones inutilisées par l'agriculture ou le pâturage. Suivant l'altitude
et l'exposition, ces peuplements sont constitués par du châtaignier,
du chêne-liège ou des essences nouvellement introduites : Cèdres,
Pin maritime de Corse, Pin laricio de Corse et de Calabre, et dans
les parties les plus basses, le Pin pignon.
   De belles réalisations de ces'travaux ont pu être visitées par les
délégations française et italienne.
   A i.=i km au sud de Tempio, dans la chaîne des Monts Limbara
qui culminent à 1 362 m, un reboisement de 800 ha avait été effec-
tué en 1932, 400 ha ont été incendiés en 1943. Les travaux ont été
repris en 1949, sur les crédits de la « Caisse du Midi » (*).
   On a construit des banquettes de 0,60 à 1 m de large, distantes
de 4 à 5 m en « démaquisant » toute la surface, y compris les in-
tervalles, de crainte que le maquis n'envahisse trop rapidement, par
la suite, les terrasses sur lesquelles les semis ou les plantations étaient
effectués.
   Les essences employées ont été: jusqu'à 600 m: Finns pïnea; au-
dessus : Finns pinaster ; puis : Finns laricio \est soumis ensuite au service du Plan qui, s'il l'accepte, ouvre les
crédits correspondants nécessaires sur la Caisse du Midi,
298 :             :· RÈVURV FORESTIÈRE FRANÇAISE

ranéo-montagnard ne peut être réalisé et les sommets ont etê lais-
ses en pâturages.                             ·;
    Les 800 ha de reboisement sont répartis comme suit : 300 ha: Pin
pignon; 200 ha: Pins maritime/ laricio de • Corsé et de Calabre;
300 ha: Chêne-liège, Châtaignier. Il est bon de noter que les semis
de Pin pignon sont faits en place en août, septembre au plus tard,
la germination de ces semences ne pouvant se produire qu'à une
température supérieure à 190.
    Tout le travail a été effectué à la (main et est revenu à 300000
lires, soit environ 180 000 F à l'ha. Les services intéressés savent
parfaitement qu'un tel reboisement n'est pas rentable, mais de telles
réalisations sont poursuivies surtout dans un but social pour occuper
la main-d'œuvre disponible.
    Une place d'expériences a été établie à 1 100 m d'altitude. Les
essais ont porté sun un assez grand nombre d'essences : Cryptomeria
japónica, Abies ccphalonica, Thuya gigantea. Sequoia sempervirens,
Chamaecyparis lazvsoniana, Cèdres, Douglas. Les résultats obtenus
sont peu intéressants et peu concluants par suite du vent, sauf ce-
pendant pour les Sapins.
    A Prato Sardo, partie basse du périmètre de reboisement du Mont
Ortobene, 350 ha situés à une altitude moyenne de 500 m ont été
reboisés en 1951, par semis en place de chêne vert, pin pignon et pin
maritime. Ces semis ont été faits sur des banquettes de 0,60 m de
large, distantes entre elles de 5 m, le terrain ayant été préalable-
ment démaquisé, et par plantations de cyprès, châtaignier, robinier,
 frêne, peuplier et eucalyptus. Le pin pignon constitue l'arbre de
fond du reboisement. Les plantations ont été effectuées en quinconce
dans des potets de 0,40 X 0,40 X 0,40. Les résultats obtenus sont,
dans l'ensemble, excellents.
    Les reboisements les plus anciens de l'Ile sont ceux du Monte
 Olia, au sud de Monti, effectués il y a 35 à 36 ans par la métlhode
Allegretti. Actuellement, le contraste est saisissant avec le reste de
la région qui a conservé l'aspect désolé et désertique que présentait
toute la,Sardaigne il y a seulement 40 ans.
    Ce; reboisement, clôturé comme partout ailleurs par les habituels
murs de pierre s'étend sur 700 ha sur la rive droite du Rio de
 Ste-Elema de part et d'autre de la route de Monti à Nuoro. Il est
 situé à une altitude moyenne de 500 m, la cote la plus élevée étant
 700 m. Ce peuplement est domanial, le terrain ayant été acheté à
l'époque sur les crédits du Budget de l'Etat.
    Sans entrer dans trop de détails, rappelons que la méthode Alle-
 gretti consiste à arracher totalement le maquis ; on sème alors en
place, on travaille ensuite légèrement le sol (à 30 cm de profondeur
au maximum) pour enterrer la graine. Cette méthode a donné d'ex-
cellents résultats avec les' résineux ; la réussite a. par contre, été très
médiocre pour les. feuillus (chênes verts) qui occupent la partie
 Sud-Est du massif.
UN VOYAGE D'ÉTUbES EN SARDAIGNE                   2ÇÇ

   L'essence principale employée a été le Pin pignon, puis vient en-
suite le Pin maritime; quelques pieds isolés de Pin d'Alep se ren-
contrent dans le peuplement, provenant sans doute de quelques
graines mélangées aux précédentes. Le Cyprès pyramidal, intro-
duit en mélange dans les peuplements de pins pignons, atteint à
peine 3 à 4 m de hauteur et 10 cm de diamètre à 1,30 m; le Cyprès
horizontal aurait dû, semble-t-il, donner des résultats sensiblement
meilleurs. On trouve, également, quelques pins laricios et, au nord-
ouest, la partie la plus élevée du domaine a été réservée au Ppn.
sylvestre, qui a bien réussi.
   Sur les bords du Rio de Ste-Elema à Test de la route, quelques
peupliers plantés à la même époque sont très bien venants, bien que
trop serrés.
   Une éclaircie pratiquée l'an dernier, dans tout le massif, a fourni
un volume important de bois de mines.
   Ces reboisements de montagne ne peuvent être multipliés au ha-
sard, et disposés d'une manière anarchique, sans tenir compte des
nécessités de parcours du bétail : le « nomadisme » étant une ca-
ractéristique de l'élevage en Sardaigne. Il semble donc indispen-
sable, pour poursuivre avec plein succès cette.politique de reboise-
ment :
    i° de distinguer nettement pâturages et terrains à reboiser, les
terrains réservés au parcours du bétail étant évidemment choisis
parmi les plus riches.
   2° d'améliorer et d'enrichir à la fois-les prairies et les jachères
de plaines ou de basses collines ainsi que les pâturages de monta-
gne, surtout en zone aride.
    Ces améliorations, par introduction de graminées et de légumi-
neuses bien adaptées et sélectionnées pour donner un fourrage de
premier choix, permettraient de maintenir le bétail aux basses alti-
tudes jusqu'à la saison où les pâturages de montagne seraient en
pleine production et susceptibles de recevoir les troupeaux qui pour-
 raient alors y trouver une nourriture suffisante. Actuellement, les
animaux s'élèvent, progressivement en montagne au fur et à me-
sure du départ de la végétation dès qu'ils peuvent trouver un peu de
nourriture qu'ils broutent aussitôt.

                         Fixation des dunes
   Le long du littoral occidental de la Sardaigne, existent en cer-
tains points quelques dunes mouvantes par transport éolien ; les
travaux de fixation que les membres de la mission ont pu visiter ont
été effectués, d'une part à Vignola, à l'ouest de Santa Teresa et
dans la zone d'Is Arenas au Nord-Ouest d'Oristano.
   A Vignola, les sables étaient poussés par le vent jusqu'à près de
3 km à l'intérieur des terres et l'ensemble couvrait une superficie
de 800 ha,
300                 REVUE; 'FORESTIÈRET FRANÇAISE

   ί ;es travaux de consolidation sont entièrement terminés surr6oo ha.
Us consistent' à arrêter le sable ]>ar des cloisonnements· de .très .faible
superficie délimités par des claies- en cistes et protégés* par'une ligne
frontale, plus haute, plus large et par conséquent d'une 'résistance
plus· grande au vent. Λ l'intérieur des surfaces ainsi cloisonnées, on·
fixe le sable par plantations : de Gourbet puis on introduit le pin
pignon par voie de semis. Les travaux ainsi effectués sur ces 600 ha
ont nécessité 80 000 journées d'ouvriers : confection des claies, plan-'
tatiö'n de Gourbet, semis de Pimi s pine a. Chaque hectare de fixation
a donc demandé en moyenne 120 journées d'ouvriers.
   Les sables d'Is Arenas avancent de 30 m par an.. La méthode em-
ployée est la même qu'à Vignola. Un essai cîe constitution de dune
littorale par des clayonnages de front superposés a été tenté, mais
eu réalité, .cette; dune est peu visible. Les travaux ont porté égale-
ment sur 675 ha, mais ont exigé 150000 journées d'ouvriers, soit
en moyenne 230 journées d'ouvriers par ha. Le résultat est satis-
faisant; le mouvement des dunes est arrêté ; le reboisement en Pin
pignon semble être assuré.

                       Protection contre le vent
   Le vent joue, en Sardaigne, un rôle capital. Sa vitesse dépasse
parfois 100 km à l'heure et sa fréquence est d'environ 200 jours par
an, (le plus, il entraîne de nombreuses particules salées. Les cultures
agricoles subissent ainsi un' double dommage causé d'une part par
l'action physique du vent qui emporte la terre arable, couche et
brise les végétaux, d'autre part par l'apport d'eau salée qui se dé-
pose et brûle les tissus encore jeunes. Pour éviter de tels dégâts,
des rideaux boisés ont été constitués le long du littoral et des forêts
industrielles ont été créées.
   Les membres de la mission ont visité les travaux ainsi exécutés à
Arborea, Pula. Iglesias.
   A Arborea, pour préserver contre le vent les cultures installées
après la mise en valeur de cette région, une étendue de 450 ha a été
reboisée en 1934 sur le bord de la mer. Les essences employées ont
été les Eucalyptus yomphocephala et camalduiensis et Pinus pinea.
Cette dernière espèce résiste parfaitement au vent ; sa végétation est
bonne, elle pousse droite et les fûts demeurent rectilignes. Ces peu-
plements sont susceptibles de fournir des produits de valeur en po-
teaux de mines et sciage. Derrière ce rideau brise-vents, des champs
rectangulaires de 1 à 2 ha sont délimités par des bandes d'eucalyp-
tus. ··-                                                             ·:'
   Au Sud-Ouest de la Sardaigne, sur une longueur d'environ 75 km,
entre le Cap de Pula et le Cap Aitano, la défense contre le vent
a été également poursuivie par la création de bandes d'eucalyptus;
en outre, des reboisements importants ont été réalisés.
UN VOYAGE D'ÉTUDES EN SARDATGNE                      301

 •-Au-pied, de la Punta Eva, un reboisement de Pins pignons semés
sur banquettes a été effectué en 1931. On trouve également en mé-
lange, dans le peuplement, des Eucalyptus et du Robinier. Ces tra-
vaux ont été financés sur le budget de l'Etat. Près de la mer, une
station d'essai de Pinas canariensis a été établie sur 0,5 ha ; les ré-
sultats semblent déjà satisfaisants. Cette essence présente l'avantage
de rejeter de souche après incendie, il suffit alors de procéder aux
recépages nécessaires..
   Λ 2 km environ de cette jeune forêt, un autre reboisement a
été réalisé en 1951 avec les crédits de la Caisse du Midi. Les semis
ou les plantations ont été exécutés soit sur des bandes démaquisées,
soit sur des banquettes ou plates-formes préparées à l'avance à cet
effet. Le travail de préparation du sol a été entièrement fait à la
main ; des graines de Pinus pinea ont été semées en août-septembre.
On nettoie également à la main, deux fois par an pendant 4 ou 5
années; puis, on bine à une faible profondeur; ces travaux         sont
absolument indispensables pour supprimer la concurrence vitale et
assurer une humidité suffisante ; en interrompant en surface la ca-
pillarité du sol, ils arrêtent l'évaporation de l'eau par le vent et la
chaleur.
   Dans ce reboisement, les intervalles entre les bandes ou les gra-
dins n'ont pas été travaillés, le maquis a été laissé en place comme
abri contre le vent et pour réduire l'évaporation, mais les cistes
((ni constituent l'élément essentiel du maquis absorbent de grosses
(luantités d'eau et exercent ainsi une forte concurrence vitale vis-à-
vis des autres végétaux. Certains membres des deux délégations ont
été d'avis qu'un « démaquisage » total aurait été préférable, bien
que la station soit située à peu de distance de la mer et, par consé-
quent, dans une zone à état hygrométrique élevé. Il eut été inté-
ressant de pouvoir comparer les résultats obtenus avec les d e u x mé-
thodes.
  L'ensemble de ces deux reboisements · représente une superficie
de 500 ha environ.
    Près des mines de St-Giovanni, de St-Giorgio et Seddas, à 4 km
 environ au Sud-Ouest d'Iglesias, a été constitué, il y a 2 ans. un
 (c chantier de chômeurs » sur terrains particuliers. En effet, les dis-
positions législatives italiennes peuvent permettre, sous certaines con-
 ditions, la remise en valeur de terrains particuliers. Dès que le peu-
 plement forestier peut être considéré comme constitué, soit après
 4 ou 5 ans, il est laissé en toute propriété aux propriétaires de cha-
 que terrain, mais cependant reste soumis au contrôle du Service F o -
 restier. Le. salaire des ouvriers est payé par le Ministère du Travail
 tandis que matériel et fournitures (graines, clôtures, etc..) sont
 financés sur la « Caisse du Midi »..Le Service forestier donne un
.complément de salaire aux ouvriers à titre de prime de rendement,
$02                 REVUE F O R E S T I È R E   FRANÇAISE

et organise des cours pratiques dans le but d'obtenir une titularisa-
tion de main-d'œuvre spécialisée.
   Ces reboisements âgés de 2 ans, nécessitent de fréquents binages
pour arracher la « folle avoine » qui envahit les banquettes et ris-
que d'étouffer les jeunes plants.

                                 Pépinières
     Le programme de reboisement de la Sardaigne a nécessité la
. création de pépinières. Elles sont établies sur des surfaces de 2 à
  3 ha. Le sol est complètement défoncé, les plates-bandes réservées
  aux semis et aux repiquages sont installées sur gradins, et les terres
 sont maintenues par des murettes. L'arrosage se fait à l'aide d'appa-
  reils à obus. Une habitation construite en dur est prévue pour le
  logement du chef pépiniériste; des dépendances, également en ma-
 çonnerie, permettent de stocker les semences et le matériel. Les
  frais de première installation sont en moyenne de un à deux mil-
  lions de lires par hectare suivant le terrain ; les dépenses d'entretien
 s'élèvent à 500 000 lires par hectare et par an, la journée d'ouvrier
 valant environ 1 000 lires.
     La pépinière de Tempio a une superficie en culture de 3 ha. Sa
  production cette année a été, en plants de i-i, de:
               600 000   Pins laricios de Corse.
                50000    Pins pignons
              • 40000    Pins maritimes,
                50000    Châtaigniers, Robiniers, Cèdres.
   Celle d'Oristano, d'une surface de 2 ha, est orientée principale-
ment vers les peupliers et les eucalyptus.
   Située au Nord-Est de Macomer, la pépinière de Funtanamela,
en plus des plants utilisés par le Service forestier, produit égale-
ment des plants qui sont délivrés aux particuliers à titre de subven-
tions en nature. Elle renferme un grand nombre d'essences : Peu-
pliers, Robinier, Cyprès, Cèdre, Pin laricio, etc..
   Une autre pépinière, dite de Su Pinu, est actuellement en créa-
tion sur 3 ha près de Nuoro.
   Il y a lieu de souligner que les semis d'Eucalyptus et le Cèdre
sont effectués en plein, en pépinière, la mise en place définitive des
plants réussit ensuite parfaitement.
   Les semis d'Eucalyptus sont pratiqués très tard : mi-juin, et la
plantation a lieu en août-septembre : les sujets sont alors petits et
les racines n'ont encore pu atteindre un fort développement.
   Pour le Cèdre, les terrains à reboiser sont travaillés à la main
très soigneusement. L'arrachage des plants est exécuté avec les plus
grandes précautions, sans casser ni couper les racines ; leur mise
en place est faite dans des trous suffisamment profonds, en instai-
UN VOYAGE D'ÉTUDES EN SARDAIGNE                     $03

lant avec un· soin méticuleux les racines, et en tassant régulièrement
la terre autour d'elles pour éviter leur dessiccation.
   Les moyens de communication ont été grandement améliorés,' soit
par la création de routes comme celle de St-Antonio à Arzachena,
soit par le goudronnage de routes à grande circulation comme celle
d'Alghero à Cagliari.
   Les incendies ont presque complètement disparu grâce à une pro-
pagande intense qui a donné à la population un tel respect de l'ar-
bre et de la forêt que, même à" Noël, personne n'arrache ou ne
coupe un jeune plant. Toutefois, dans les reboisements, des pare-
feux ont été aménagés et des tours de guet installées ; la Safdaigne
a en outre été dotée d'un hélicoptère.
   Des maisons vastes, bien situées, aux pièces spacieuses et claires,
au centre d'un jardin d'agrément bien entretenu, ont été édifiées
pour l'installation des bureaux, le logement des Officiers.
   Celle de Tempio, construite récemment sur un plan établi par
M. CAMAITI, actuellement Directeur Général des Forêts, comporte
un logement d'Officier et 3 appartements de 4 pièces chacun pour
les familles des gardes. Elle a un étage et est recouverte d'un toit
à une seule pente. La dépense totale a été 15000000 de lires, soit
environ 9000000 de francs.
                            CONCLUSION

   En conclusion, il est opportun de rappeler d'abord les caractéristi-
ques essentielles de la Sardaigne :
. — les vents, soufflant avec violence et pendant de longues pério-
des, gênent considérablement les cultures et limitent en altitude la
végétation forestière.
   — l'existence d'une saison sèche et chaude de près de quatre
mois.
   — autre caractère très important de la Sardaigne, le nomadisme ;
« nomadisme » des troupeaux, très nombreux et dont le nombre va
constamment en augmentant ; « nomadisme » des cultures, l'assole-
ment des terres cultivées comportant de longues périodes de ja-
chère ; « nomadisme » même de la forêt qui se déplace au fur et à
mesure des besoins du pâturage.
   La résultante de ces différents facteurs était une intense dégrada-
tion du sol, et l'Ile présentait, il y a 40 ans encore, un aspect isolé,
dénudé et désertique. La plus grande partie · était couverte d'un
maquis méditerranéen peu développé composé de cistes, genêts, len-
tisque, bruyères, genévriers, myrte, arbousier, et de maigres pâtu-
rages où dominent thym, férule et asphodèles. Les seules forêts
naturelles qui avaient pu se maintenir, souvent en très mauvais état,
étaient celles susceptibles de donner des produits de transformation
comme le liège ou des fruits capables de fournir un appoint pour
la nourriture du bétail: chênes verts et chênes pubescents.
3ö4                 REVUE F O R E S T I È R E FRANÇAISE

    Depuis une trentaine d'années, d'importantes réalisations ont été
 faites. Le Service forestier a poursuivi un double b u t :
    a) en montagne, dans les bassins des rivières et dans les zones
inutilisées pour l'agriculture ou le pâturage, il est constitué des fo-
 rêts de châtaignier, de chêne-liège et de résineux à croissance ra-
pide, tels que Cèdres, Pin laricio et Pin maritime de Corse.
    Cette politique de reboisement doit toutefois se concilier avec les
besoins de l'élevage, par une délimitation nette des'zones à reboiser
et (de celles à maintenir en pâture.
    b) Sur le littoral et dans les plaines, le Service forestier s'efforce
de constituer des peuplements à l'aide d'essences susceptible de four-
nir en peu de temps des produits pouvant'être transformés sur place.
Ces travaux ont aussi pour but, soit de fixer les sables, soit de pro-
téger contre le vent l'arrière pays et surtout d'utiliser la main-d'œu-
vre existante.
   En effet, la population sarcle est dense et la nécessité de donner du
travail à une telle main-d'œuvre a conduit le Service forestier à exé-
cuter ses travaux de reboisement sans rechercher la rentabilité des
peuplements ainsi constitués. Il était indispensable d'employer les
chômeurs et de constituer une source de produits industriels suscep-
tibles de permettre, dans l'avenir, l'installation d'usines de trans-
formation, dont le fonctionnement nécessitera un nombre impor-
tant d'ouvriers.
   Le problème le plus important qui reste actuellement à résoudre
en Sardaigne paraît être .la recherche d'un équilibre agro-sylvo-pas-
toral qui ne pourra être obtenu que par une amélioration de la pro-
duction herbagère permettant de réduire ^e nomadisme des trou-
peaux et de modifier les assolements dont les nombreuses années de
jachère, ne peuvent se concilier avec la meilleure utilisation des ter-
res permettant d'obtenir les plus hauts rendements.
                                                          L.   PERRAULT.
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