Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED

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Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
sur place
               Édition N° 230 | Mars 2020

Une relation
de confiance
Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
«  Lors de mes nombreux voyages,
j'ai été témoin des conséquences
dévastatrices que la pauvreté
peut avoir sur la santé des per­
sonnes. C'est pourquoi je soutiens
FAIRMED et m'engage pour que
les populations les plus pauvres
du monde puissent elles aussi
vivre en bonne santé. »
André Lüthi, globe-trotter et PDG du groupe
éponyme, le Globetrotter Group
Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
Sommaire                                                               Chères lectrices, chers lecteurs

                                                                        La lèpre n'est depuis longtemps plus l'objec-
 3 | ÉDITORIAL                                                          tif principal de notre travail pour une meilleure
                                                                        santé des populations les plus pauvres d'Afrique
 4 | INSTANTANÉ                                                         et d'Asie. Cependant, dans tous les pays où nous
     De personne à personne                                             sommes présents, la lèpre reste une maladie fré-
                                                                        quente, particulièrement chez les plus démunis.
 8 | Guérir l’âme avant tout                                            Les personnes atteintes de la lèpre courent non
                                                                        seulement un grand risque de handicap, mais
10 | 10 ANS JUSQU'À 2030                    elles doivent également subir un long traitement aux effets secondaires
     Programme 2030 :                       divers, et s'en trouvent psychologiquement très éprouvées. Par conséquent,
     Objectifs mondiaux de                  de nombreuses personnes atteintes de la lèpre n'osent pas parler ouverte-
     développement durable                  ment de leur maladie car elles craignent l'exclusion de leur famille, de leurs
                                            voisins et de leurs amis.
12 | ACTUALITÉ
     Soixante ans d'une relation            Pour aider les personnes infectées par la lèpre à entreprendre les bonnes
     forte avec le Népal                    démarches de traitement et à persévérer, il faut un personnel de santé bien
                                            formé, doté de compétences sociales avérées, d'une grande ténacité et
14 | RENCONTRE                              d'une immense passion pour son métier. Je viens justement de me rendre
     « On peut se permettre de              dans l'État du Maharashtra pour visiter nos projets de lutte contre la lèpre,
     redistribuer »                         où j'ai pu voir de mes propres yeux comment les collaborateurs de ce pro-
                                            jet mené conjointement avec l'organisation indienne ALERT-INDIA, rendent
16 | VOTRE ENGAGEMENT                       possible l'impossible. Ils se rendent régulièrement au domicile des patients,
     Votre legs assure notre                les écoutent, gagnent leur confiance, les encouragent à surmonter leurs
     avenir                                 craintes d'exclusion, à parler ouvertement de leur affection, et à prendre les
                                            transports malgré leurs difficultés économiques, afin de se faire soigner au
                                            centre de santé le plus proche... Comment y parviennent-ils ? Ils instaurent
                                            une relation de confiance avec eux.

                                            C'est pourquoi nous serions ravis de continuer à vous compter parmi nos
                                            soutiens pour pouvoir poursuivre notre travail conjointement avec nos organi-
                                            sations partenaires en Asie et en Afrique, et permettre aux plus démunis de
                                            ce monde de mener eux aussi une existence saine et digne. Un grand merci !

                                            Saskia van Wijnkoop
Impressum                                   Communication de FAIRMED

Aarbergergasse 29
Case postale, CH-3001 Berne
Téléphone +41 (0)31 311 77 97
info@fairmed.ch
www.fairmed.ch

Rédaction : Saskia van Wijnkoop,
René Stäheli, Arno Meili
Photos :   Pravin Pagare, Sarthak Karki,
Karin Scheidegger, Simon Huber,
FAIRMED
Création :   graphicarts, Berne-Liebefeld
Impression :   Bruhin Spühler AG, Rüti ZH

Magazine trimestriel de FAIRMED.
Abonnement compris dans les dons à
partir de 5.– francs.
Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
Une relation
                                          de confiance
    « Les patients sont avant tout des
    êtres humains », indique Jivan,
    collaborateur du projet. « J’essaye
    en premier lieu d'établir une rela­
    tion amicale avec eux. »
                                          Il existe des histoires tristes et de belles histoires autour de
                                          la lèpre. Celle-ci se finit bien, même si Ganesh, le patient, a
                                          traversé deux années particulièrement difficiles. Si tout s'est
                                          bien terminé, malgré les revers, c'est grâce à Jivan, un membre
                                          du personnel de notre projet de lutte contre la lèpre.

                                          C'est par une matinée ensoleillée, du bureau de FAIRMED à Berne. Nous
                                          radieuse et pas trop chaude, que         nous trouvons depuis six jours dans
                                          nous avons atteint le village de Cha- l'État du Maharashtra, où nous avons
                                          nora, dans l'État du Maharashtra. Sur    visité de nombreux villages, rencontré
                                          le seuil de la maison de Ganesh, ses     beaucoup de personnes atteintes de
                                          enfants, deux frères                                        la lèpre, et entendu
                                          jumeaux et une fille,                                      de nombreuses his-
                                          nous sourient déjà.
                                                                      « De nombreuses                toires. Beaucoup
                                          La maison, bien que personnes atteintes de étaient tristes car,
                                          modeste, est d'une
                                                                    la lèpre cachent leur bien que guéris de
                                          propreté incroyable.                                        la lèpre, les gens
                                          À l'intérieur sont dis-           maladie.   »             n'osaient pas se pré-
                                          posées trois chaises                                       senter comme d'an-
                                          en plastique, sur lesquelles nous        ciens lépreux. Certains étaient encore
                                          nous asseyons.                           déprimés ou ne s'étaient pas encore
                                                                                   remis du stress psychique causé par
                                          Dans la pièce, il y a Ganesh, le patient la maladie et la nécessité de cacher la
                                          guéri de la lèpre, Jivan, collaborateur  maladie à leur entourage par crainte
                                          du projet, Yogita, qui nous traduit les  d'être ostracisés. Mais pas Ganesh.
                                          propos de l'hindi en anglais, et moi, Un regard sur le visage souriant de

4    NSTANTANÉ
Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
cet homme de 35 ans, conducteur          se peut que je sois devenu moi-même
de tracteur, suffit pour savoir qu'on a  un modèle pour les autres lépreux −
affaire à une histoire qui se termine    mais cela n'aurait pas été possible si
bien.                                    Jivan ne m'avait pas soutenu à chaque
                                         fois que je me sentais mal ». Ganesh
Rechute au bout de deux ans              s'est vu diagnostiquer la lèpre il y a
Ganesh salue le collaborateur du pro- sept ans et a suivi avec succès un
jet, Jivan, comme un                                       traitement d'un an
ami de longue date. « Jivan m'a soutenu à basé sur une com-
Les deux rient et                                          binaison de divers
échangent quelques
                         chaque     fois que    je me      antibiotiques, mais
nouvelles, avant que           sentais mal. »              deux ans plus tard, il
Jivan ne se mette à                                        est retombé malade
raconter : « Ganesh est un patient de manière inattendue : « Trois de
exceptionnel. Malgré ses difficultés mes doigts se sont totalement rai-
financières, il a suivi assidûment son dis, j'ai perdu mon emploi parce que
traitement et aide désormais d'autres je ne pouvais plus conduire le trac-
patients à en faire de même. J'ai vu teur, j'étais déprimé. Pendant deux
comment il expliquait à ses compa- ans, je suis resté à la maison, à ne
gnons d'hôpital qu'ils devaient venir rien faire, alors que ma femme et ma
suivre leur traitement chaque semaine, mère devaient travailler d'arrache-pied
sinon celui-ci risquait d'échouer ». pour éviter que la famille ne meure
Ganesh s'empresse de répondre : « Il de faim ».

L'année dernière, dans son projet de lutte contre la lèpre dans
l'État du Maharashtra, FAIRMED a :  

                                950
                                   Asha
financé la formation de 950 auxiliaires de                                                            106
   santé bénévoles (31 cours de soins, de
consultation et de traitement des person-
                                                                                                      infirmiers qualifiés
                 nes atteintes de la lèpre).                                                          formé 106 infirmiers qualifiés
                                                                                                      au dépistage précoce et au
                                                                                                      traitement de la lèpre.
                         Maharashtra, Inde
                                                                                           31
                                                                                           anciens lépreux

                  2568
       visites à domicile
                                                                                           formé 31 anciens lépreux à constituer
                                                                                           et à diriger des groupes de soutien
                                                                                           pour les personnes souffrant de la
                                                                                           lèpre.

     effectué 2568 visites à domicile
  auprès de personnes atteintes de
    la lèpre, au cours desquelles les
  patients ont pu consulter et rece-
 voir le soutien de 13 coordinateurs
                              de bloc.
                                               Formation et   Aide à       Aide médicale
                                               personnel      l’entraide

                                                                                                                         INSTANTANÉ    5
Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
Qu'est-ce que la lèpre ?
     La lèpre, maladie infectieuse qui compte par­
     mi les maladies tropicales négligées, est cau­
     sée par le bacille Mycobacterium leprae (ou
     bacille de Hansen). Comme le bacille se multip-
     lie lentement, le temps d'incubation de la maladie
     est d'environ cinq ans. Jusqu'à vingt ans peuvent
     s'écouler avant l'apparition des premiers symp-
     tômes. La lèpre s'attaque à la peau, aux nerfs,
     aux muqueuses des voies respiratoires supérieu-
     res ainsi qu'aux yeux des personnes infectées.
     La maladie se déclare souvent par l'apparition
     de taches insensibles sur la peau. Celles-ci
     n'occasionnent ni douleur ni picotements, et
     passent donc fréquemment inaperçues ou sont
     considérées comme bénignes. En l'absence de
     traitement, des lésions nerveuses et de graves
     handicaps apparaissent.

     Les membres des personnes touchées de­
     viennent insensibles, notamment les mains
     et les pieds. Cette perte de sensibilité a pour
     conséquence que les patients ne remarquent pas
     leurs blessures ou les considèrent sans gravité,
     ce qui provoque des plaies ouvertes et des infec-
     tions. Plus tard dans l'évolution de la maladie, les
     lésions nerveuses entraînent une cécité et des
     difformités visibles, notamment au niveau du nez
     et des doigts.

     La lèpre se transmet par l'inhalation de gout­
     telettes infectieuses d'origine buccale ou
     nasale, lors de contacts étroits et fréquents
     avec une personne infectée. Dans de nom-
     breux pays, les malades sont victimes de discri-
     mination et exclus de la société et de leur cercle
     familial par crainte de la contagion. Des lois discri-
     minatoires visant à les exclure de la vie sociale
     existent encore dans certaines parties du monde.

8   SCHAUPLATZ
Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
Le transport à l'hôpital est hors
de prix
Au sein de la famille, les discus-
sions tournaient souvent autour de
l'argent durant cette période, poursuit
Ganesh : «  Pour me rendre chaque
lundi matin à l'hôpital, à 25 kilomètres
de là, je devais régulièrement deman-
der de l'argent à ma femme et à ma
mère. Parfois, elles ne voulaient pas
me le donner parce que le budget
était serré, et elles pensaient que
je pouvais me satisfaire d'une visite
                                                                      « Pour moi, il est important que mes enfants aillent à l'école
à l'hôpital une fois toutes les deux                                  et puissent apprendre un bon métier », explique Ganesh.
semaines ». Mais le collaborateur du
projet, Jivan, n'a cessé de lui répé-
ter, à chacune de ses visites, qu'il ne
pouvait en aucun cas manquer une           pieds, et ne sont pas en mesure de         amélioré la mobilité de ses doigts.
séance de physiothérapie. Ganesh           travailler. Ces personnes sont très        Ganesh a connu deux années très dif-
ajoute : « Heureusement que j'ai fait      malheureuses ».                            ficiles, mais il s'est surpassé, il a sur-
confiance à Jivan et que j'ai suivi ses                                               monté sa peur de la stigmatisation,
conseils. Aujourd'hui, je suis en bonne     Un cadeau pour les lecteurs               et est ainsi devenu un modèle et une
santé, je peux retourner au travail et     La thérapie a duré                                             source d’inspiration
m'occuper de ma famille. Je suis très       deux ans avant que                                            pour tous les autres
heureux ». Jivan acquiesce et explique     Ganesh ne retrouve
                                                                       « Heureusement que habitants du vil-
« J'ai vu de nombreux patients pré-         le plein usage de ses        j'ai fait confiance à            lage ». Une fois l'in-
sentant des symptômes similaires qui        mains. Jivan pour-                                            terview terminée,
                                                                       Jivan. Aujourd'hui, je
n'ont pas suivi la thérapie de manière      suit : « Il a appris les                                      Ganesh nous fait
assidue parce que les frais de trans-       exercices de physio- suis en bonne santé » visiter la maison −
port pour se rendre à l'hôpital étaient    thérapie qu'il devait                                          une toute petite
trop élevés, ou parce qu'ils avaient        reproduire chaque jour à la maison, pièce avec un lit dans laquelle toute
peur d'être reconnus comme lépreux.        et qu'il continue d'effectuer au quoti- la famille vit et dort, une cuisine
Aujourd'hui, ils présentent des handi-      dien. Il a pris des bains de cire et reçu modeste avec un petit compartiment
caps irréversibles aux mains et aux         des stimulations électriques, qui ont toilettes et une petite terrasse sur
                                                                                      le toit. Ganesh gagne 6000 roupies
                                                                                      (environ 80 francs suisses) par mois
                                                                                      comme conducteur de tracteur et vit
  Dépistage précoce et lutte contre la                                                donc en dessous du seuil de pau-
  stigmatisation                                                                      vreté avec sa famille. Pour nous don-
  Chaque année, la lèpre est diagnostiquée chez 200 000 per­                          ner cette interview, il a dû rater toute
  sonnes à travers le monde, dont plus de soixante pour cent en                       une   journée de travail qui ne lui sera
  Inde, et quatorze pour cent de ces cas proviennent de l'État in­                    donc pas payée. Nous lui proposons
  dien du Maharashtra. En collaboration avec l'organisation indienne                  de lui donner ces 300 roupies (envi-
  ALERT-INDIA, FAIRMED s'engage pour le dépistage précoce de la                       ron 4 francs suisses), mais il hoche la
  lèpre afin d'éviter tout dommage irréversible sur l'organisme des per-              tête  : « Je suis déjà très heureux que
  sonnes touchées. En outre, FAIRMED informe la population afin de                    vous racontiez mon histoire aux gens
  réduire les craintes suscitées par la lèpre et ainsi lutter contre la stig-         dans votre pays. Dites-leur que c'est
  matisation. Le projet compte environ 10 000 bénéficiaires dans les                  un cadeau que je leur fais pour qu'ils
  zones rurales de Dhule et de Jalgaon, qui souffrent de la lèpre ou de               nous soutiennent. »
  handicaps causés par celle-ci. L'équipement amélioré des centres de
  santé et la formation des auxiliaires de santé bénéficient également
  indirectement aux quelque 300 000 habitants de la zone du projet.

                                                                                                                    INSTANTANÉ         7
Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
Tout d'abord
                                guérir l'âme
                                Jivan Ramesh Patil est l'un des treize coordinateurs de bloc
                                qui travaillent pour le projet FAIRMED contre la lèpre dans les
                                régions de Dhule et de Jalgaon. La mission des coordinateurs
                                de bloc est non seulement de coordonner le travail des auxi­
                                liaires de santé bénévoles (ASHA*) et du personnel des centres
                                de santé, mais aussi de soigner les patients atteints de la lèpre.
                                En tant que coordinateur de bloc, Jivan a déjà accompagné et
                                formé plus de mille patients atteints de la lèpre. Avant de deve­
                                nir coordinateur de bloc il y a six ans, cet homme de 47 ans
                                travaillait en tant que professeur de sport dans une école pri­
    Jivan Ramesh Patil,
    coordinateur de bloc pour
                                vée et ne s'était jamais intéressé de près au sujet de la lèpre.
    FAIRMED à Jalgaon et à
    Dhule, en Inde.
                                FAIRMED sur place : Qu'est-ce             Quand j'ai vu les autres candidats se
                                qui vous a poussé à quitter votre         présenter avec des livres et des clas-
                                poste de professeur pour devenir          seurs sur la lèpre, je me suis dit que je
                                coordinateur de bloc ?                    n'avais aucune chance. Mais ALERT
                                                                          m'a choisi. Ils ont estimé que j'étais
                                Jivan Ramesh Patil : Un ami à moi         la personne qu'il leur fallait.
                                qui travaillait dans le secteur de la
                                santé m'a informé d'un poste vacant       Nous vous avons accompagné
                                de coordinateur de bloc. J'y ai postulé   toute une journée sur votre tour­
                                sans savoir grand chose de la lèpre.      née d'un patient atteint de la lèpre

8    INSTANTANÉ
Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
à un autre. Nous avons été impres­         plus instruites de la région afin qu'elles     liés à la lèpre et coordonnons leurs
sionnés par votre naturel calme            soutiennent et influencent positive-           opérations.
et de voir les patients si heureux         ment le patient, par exemple en sur-
de votre visite. Ils semblaient            veillant la prise de médicaments et      Qu'est-ce qui vous motive à dédier
vous faire entièrement confiance           en effectuant régulièrement des exer-    une telle part de votre vie à la lutte
et suivre vos conseils. Comment            cices de physiothérapie.                 contre la lèpre ?
faites-vous ?                                                                       Je vais vous donner un exemple :  un
Quand j’ai débuté en tant que coor-        Y a-t-il également des patients qui jour, le médecin d'un centre de santé
dinateur de bloc, j'ai constaté que        ne suivent pas vos conseils ?            m'a appelé pour me dire qu'il avait dia-
le personnel soignant ne parlait que       Oui, mais très peu. Par exemple gnostiqué un cas de lèpre dans le vil-
des aspects médicaux avec les per-         Dipak, un jeune de seize ans. Il y a lage, que le malade n'était pas prêt à
sonnes atteintes de la lèpre, notam-       deux ans, il a reçu une thérapie combi- se rendre au centre de santé pour y
ment de leurs antécédents médicaux,        née de différents antibiotiques contre être soigné. J'y suis allé et ai discuté
des mesures de précaution à appli-         la lèpre. Il présentait une très grande avec le patient, Rajaram, mais il n'a
quer, des différentes étapes du traite-    plaie au niveau du pied, qu'il a remar- rien voulu entendre. J'ai rencontré le
ment et des médicaments à prendre.         quée bien trop tard à cause de l'en- chef du village, avec qui il était ami,
Personne ne semblait se soucier du         gourdissement des nerfs. Il aurait mais lui non plus n'est pas parvenu
fait que les patients sont avant tout      fallu qu'il se ménage pour permettre à le convaincre. Ce n'est qu'après
des êtres humains qui traversent une       à la blessure de guérir.                                       que j'ai trouvé la solu-
période difficile, aux lourdes répercus-   Mais comme il était «  La lèpre peut avoir tion ;   en demandant à
sions psychiques, car ils souffrent de     passionné de cricket,                                          un autre ami de Raja-
la lèpre.                                  il était hors de ques-    de   lourdes   répercus-             ram pourquoi il refu-
                                           tion pour lui d'arrêter sions psychiques. » sait de se faire soi-
Comment gérez-vous la grande               le sport. J'ai discuté                                         gner, j'ai appris qu'il
souffrance psychique des patients ?        avec son professeur et même avec avait peur des injections. Je me suis
J'essaye en premier lieu d'établir une     certains de ses amis avec lesquels il donc adressé à Rajaram et l'ai assuré
relation amicale avec le patient et sa     jouait au cricket pour qu'ils m'aident à que le traitement contre la lèpre se
famille. Pour y parvenir, je leur rends    le convaincre. Mais le garçon n'a pas prenait par voie orale, sous forme de
régulièrement visite et ne parle pas       écouté et présente toujours un gros comprimés à avaler avec de l'eau. Il a
seulement de la lèpre avec eux, mais       ulcère au pied. Je suis très triste de immédiatement accepté de commen-
de tout et de rien, de leurs occupa-       ne pas avoir pu sauver le pied de cet cer la thérapie, qu'il a terminée avec
tions. Durant les deux ou trois pre-       adolescent.                              succès au bout d'un an. Il est désor-
mières visites, la plupart ne s'ouvrent                                             mais pleinement guéri de la lèpre et
pas beaucoup, mais plus nous inte-         En Inde, des auxiliaires de santé ne souffre d'aucun handicap. C'est ce
ragissons, plus ils me font confiance      bénévoles (ASHA*) sont actives genre d'histoires qui me rendent heu-
et commencent à exprimer libre-            dans tout le pays pour surveiller reux de travailler en tant que coordi-
ment leurs sentiments. Dès lors, ils       la santé de la population au nom nateur de bloc.
se mettent généralement à me poser         du gouvernement. Quelle est alors
des questions d'eux-mêmes sur les          l'utilité des coordinateurs de bloc
                                                                                    *Les ASHA (Accredited Social Health Activists) sont
solutions existantes à leurs problèmes     comme vous ?                             des auxiliaires de santé bénévoles, reconnaissables
engendrés par la lèpre.                    Les ASHA ont de nombreuses res- à leur tenue bleue, qui sont payées par l'État indien.
                                           ponsabilités. Ils informent notamment
Est-ce que le niveau d'études des          la population des programmes natio-
patients joue un rôle en la matière ?      naux de lutte contre la tuberculose
En effet. J'ai remarqué que les per-       et le paludisme, de vaccination, de
sonnes dotées d'un certain niveau          santé maternelle et infantile, et ils ne
d'alphabétisation étaient plus récep-      travaillent que dans un seul village à
tives que les personnes non instruites.    la fois. Nous, coordinateurs de bloc,
Elles sont mieux à même de com-            sommes spécialement formés à la
prendre les effets et conséquences         lutte contre la lèpre et savons com-
de la lèpre. Quand je rends visite à des   ment gérer cette maladie tant stigma-
personnes sans formation, je veille        tisée. Nous soutenons et accompa-
toujours à impliquer des personnes         gnons les ASHA dans tous les aspects

                                                                                                                       INSTANTANÉ         9
Sur place - Une relation de confiance - FAIRMED
Encore 10 ans jusqu'à 2030
                                    Objectifs mondiaux de
                                    développement durable

                                    Il y a plus de quatre ans, les chefs d'État et de gouvernement
                                    ont adopté à l'unanimité le « Programme 2030 » des Nations
                                    unies. Au cœur de ce programme se trouvent les 17 objectifs
                                    de développement durable à atteindre d'ici 2030. Ceux-ci
                                    comprennent notamment l'éradication de la pauvreté, de la
                                    faim et la garantie d'une vie saine pour chaque être humain.
                                    Lors des prochaines publications de notre magazine, nous
                                    vous présenterons plus en détail les différents aspects du Pro­
                                    gramme 2030. Mais commençons par un bilan intermédiaire
                                    des réalisations passées et des réalisations à venir. Justement,
                                    l'ONU a récemment publié un rapport de situation qui donne
                                    quelques renseignements en la matière.

                                    « Nous devons nous demander si,           indique : « L’extrême pauvreté a dimi-
                                    aujourd’hui, nos actions mettent en       nué considérablement et une grande
                                    place les conditions pour atteindre les   majorité de la population mondiale a
                                    objectifs de développement durable ».     maintenant accès à l’électricité ». En
                                    Ainsi commence le rapport du Secré-       outre, les pays mènent des actions
                                    taire général des Nations unies,          concrètes pour protéger notre pla-
                                    António Guterres. Le rapport montre       nète et des progrès majeurs ont été
                                    que des évolutions favorables sont        accomplis pour améliorer la santé de
                                    observables dans certains domaines        millions de personnes. Les taux de
                                    clés. À ce sujet, António Guterres        mortalité maternelle et infantile ont

10   ENCORE 10 ANS JUSQU'À 2030 !
trées dans les pays et les groupes de     lisé un premier pas dans cette direc-
                                         personnes les plus pauvres et vul- tion. Dans une déclaration politique,
                                         nérables », écrit-il. Plus de 90 % des    les États membres des Nations unies
                                         décès maternels surviennent dans des déclarent qu'ils sont préoccupés par
                                         pays à faible revenu ou à revenu inter- la lenteur des progrès dans de nom-
                                         médiaire. Trois quarts                                     breux domaines du
                                         de tous les enfants          «  L'inégalité entre          Programme     2030. Ils
                                         présentant un retard                                       estiment que l’action
                                         de croissance vivent
                                                                    riches   et pauvres      ne     doit être accélérée
                                         en Asie du Sud et           fait qu’augmenter. » d’urgence à tous les
                                         en Afrique subsaha-                                        niveaux et par toutes
                                         rienne. Et au moins la moitié de la       les parties prenantes afin de réaliser la
                                         population mondiale n'a toujours pas     vision  et les objectifs du Programme
                                         accès à des soins santé de base.         2030.

                                         « Ce rapport met aussi en avant l’im-      FAIRMED, quant à elle, s'engage à
                                         portance d’investir dans les données       faire en sorte que personne ne souffre
                                         pour appliquer intégralement le Pro-       ou ne meure d'une maladie curable.
                                         gramme 2030. Dans la plupart des           Pour ce faire, même les personnes
                                         pays, et pour plus de la moitié des        en situation d'exclusion doivent pou-
                                         indicateurs mondiaux, les données ne       voir accéder aux soins de santé. L'un
                                         sont pas recueillies régulièrement. En     des indicateurs permettant d'identi-
                                         effet, le manque de données précises       fier ces personnes est notamment la
                                         et actualisées portant sur de nom-         présence de maladies tropicales négli-
                                         breux groupes et individus margina-        gées comme la lèpre, la cécité des
                                         lisés les rend “invisibles” et aggrave     rivières ou diverses maladies parasi-
                                         leur vulnérabilité », poursuit M. Liu.     taires.

été réduits, l’espérance de vie conti- Nécessité d'instaurer une coopéra­           En effet, ces maladies apparaissent
nue d’augmenter dans le monde et la tion internationale                             avant tout dans les régions où le sys-
lutte contre certaines maladies infec- En conclusion du rapport, il souligne        tème de santé est particulièrement
tieuses a régulièrement progressé. l'importance de la coopération inter-            fragile. En d'autres termes, là où les
« Il ressort clairement qu’il faut réagir nationale pour atteindre les objectifs    soins médicaux, l'hygiène et l'eau
d’une manière plus approfondie, rapide du Programme 2030. « Les problèmes           potable propre font défaut. C'est là
et ambitieuse afin de                                       mis en évidence         que FAIRMED intervient pour faire
provoquer une trans-                                        dans ce rapport sont    en sorte que les services de santé
                           « Il faut réagir d’une                                   locaux répondent aux besoins de la
formation sociale et                                        des problèmes mon-
économique néces- manière plus rapide. » diaux qui requièrent                       population.
saire pour réaliser les                                     des solutions mon-
objectifs 2030 », conclut le secrétaire diales. Les pays ou les individus ne
général des Nations unies.                peuvent pas les résoudre de manière
                                          isolée. Il nous reste encore du temps
Inégalité croissante entre les pays pour atteindre ces objectifs de déve-
et à l’intérieur des pays                 loppement durable si nous agissons
Selon son collègue Liu Zhenmin, Secré- maintenant et ensemble, en tirant
taire général adjoint aux affaires écono- parti des nombreuses synergies du
miques et sociales, le domaine d’action Programme 2030. »
prioritaire concerne les changements
climatiques. « L’autre problème déter- Fin 2019, le Forum politique de haut
minant de notre époque est l’inégalité niveau pour le développement durable,
croissante entre les pays et à l’inté- organe central des Nations unies pour
rieur des pays. La pauvreté, la faim et la coordination de la politique mon-
les maladies continuent d’être concen- diale de développement durable, a réa-

                                                                                            ENCORE 10 ANS JUSQU'À 2030 !       11
Soixante ans
                                    d'une relation forte
                                    avec le Népal
                                    L'année 1959 a marqué la fondation de FAIRMED et du par­
                                    tenariat de développement suisse avec le Népal. À l'occasion
                                    de ce double anniversaire, FAIRMED a organisé un événe­
                                    ment d'information à Zurich intitulé « Coup de projecteur sur
                                    le Népal ». Thomas Gass, ambassadeur et vice-directeur de la
                                    Direction du développement et de la coopération (DDC), y a
                                    donné un aperçu de la relation privilégiée entre les deux pays.

                                    « Durant mes années de service en Mais le partenariat de développement
                                    tant qu'ambassadeur à Katmandou, j'ai qui lie les deux pays depuis six décen-
                                    pu établir et renforcer de nombreux nies ne s'arrête pas là : « La coopéra-
                                    liens. Des liens d'amitié étroits entre tion a commencé avec la production
                                    les deux pays »,                                               de fromage et
                                    déclare Thomas « Le fédéralisme constitue la fabrication de
                                    Gass au sujet                                                  tapis tibétains »,
                                    de ses fonctions
                                                          une    opportunité       historique      a poursuivi l'am-
                                    d'ambassadeur                  pour le Népal. »                bassadeur. « Par
                                    au Népal, qu'il a                                              la suite, nous
                                    assumées jusqu'en 2013. Mais nous nous sommes concentrés sur la trans-
                                    n'avons pas seulement établi des mission de connaissances techniques
                                    passerelles d'amitié. « Au cours des et la construction d'infrastructures. »
                                    soixante dernières années, la Suisse
                                    a également contribué à la construc- De la monarchie au fédéralisme
     Thomas Gass,                   tion de plus de 8 000 ponts », ajoute le Aujourd'hui, la Suisse soutient égale­
     vice-directeur de la DDC et    vice-directeur de la DDC et directeur ment le développement démocra-
     ancien ambassadeur au Népal.
                                    du Domaine Coopération Sud.                tique du pays qui, depuis 2015, est
                                                                               organisé en État fédéral et s'est doté
                                    « Au quotidien, ces ponts ont permis de d'une nouvelle constitution. « Le fédé-
                                    réduire les déplacements de plusieurs ralisme constitue une opportunité his-
                                    heures pour les populations des zones torique pour le développement du
                                    rurales reculées. Ce qui leur permet de Népal », indique Thomas Gass avec
                                    se rendre plus rapidement à l'école ou optimisme. Toutefois, un élément sus-
                                    au centre de santé le plus proche, et ceptible de compromettre le déve-
                                    leur offre davantage de temps pour loppement réussi du Népal est l'inex-
                                    le travail, l'éducation et les loisirs. En périence des politiques locaux. En
                                    outre, les ponts ouverts à la circulation effet, dans le cadre de la nouvelle
                                    des véhicules ont fortement contribué structure décentralisée, 753 gouver-
                                    à la création d'emplois et à la baisse nements locaux et 7 provinces ont
                                    des coûts de production », indique été créés, et des milliers de Népa-
                                    Thomas Gass.                               lais aux parcours socio-économiques

12    ACTUALITÉ
Un paysan récolte du riz dans le district de Sindhulpalchok, région au pied de l'Himalaya,
                                       où FAIRMED a fourni une aide d'urgence après le grave tremblement de terre.

divers ont été nommés à des fonc-        Soins de santé sur place                     jeunes mères de se rencontrer régu-
tions publiques. Cependant, un grand     Dans ses différents projets au Népal,        lièrement et d'obtenir des informa-
nombre d'entre eux ne disposent pas      FAIRMED veille également à ce que            tions utiles sur les questions de plan-
des connaissances nécessaires pour       les populations sur place aient accès        ning familial, de vaccination chez les
endosser de telles responsabilités.      aux services de santé. Nous nous             enfants en bas âge et de suivi médi-
                                         assurons que les structures de santé         cal pendant la grossesse.
C'est pourquoi la Suisse soutient, par disposent toutes des équipements
le biais de la DDC, les fonctionnaires dont elles ont besoin, et formons le
et les élus dans le renforcement des     personnel soignant afin qu'il dispose
capacités afin d'assurer la qualité des des connaissances médicales néces-
services à la population. Le conseil saires. Nous mettons en œuvre des
et la formation des responsables mesures de sensibilisation pour infor-
locaux constituent                                        mer les femmes
également un pilier                                       enceintes et les
important du tra-
                        « Le Népal est le pays jeunes mères des
vail de FAIRMED au        d'Asie du Sud où la avantages que pré-
Népal. Nous aidons
                         mortalité maternelle sentent les soins de
les responsables                                          santé profession-
de la santé, au sein      est  la   plus élevée.    »     nels. En effet, le
des communautés,                                          Népal est le pays
à mieux planifier et mettre en œuvre d'Asie du Sud où la mortalité mater-
leurs programmes sanitaires. En nelle est la plus élevée. Pour ce faire,
outre, nous formons les directeurs FAIRMED fonde et réactive des
de structures de santé à planifier et à groupes d'aide aux mères afin de per-
budgétiser leurs activités.              mettre aux femmes enceintes et aux

                                                                                                                   ACTUALITÉ        13
© Tibor Nad | www.visualmoment.ch

                                                     « On peut se permettre
                                                     de redistribuer »

                                                     Patti Basler explore les contradictions linguistiques et politiques de
                                                     notre époque avec justesse et talent. C'est par ces mots que le jury
                                                     suisse a déclaré à l'unanimité la poétesse de scène, auteure et artiste
                                                     de cabaret vainqueur du Salzburger Stier 2019. Patti Basler a ainsi rem­
                                                     porté le plus grand prix de cabaret de l'espace germanophone − mais
                                                     pourquoi « notre professeure à tous », comme la surnomme l'Aargauer
                                                     Zeitung, est-elle devenue ambassadrice de FAIRMED ?

                                                     FAIRMED sur place (après la repré­     peu d'amour, et les gens nous disent
                                                     sentation de « Nachsitzen » − en       que ça leur plaît. Les gens qui nous
                                                     retenue − dans la cave culturelle      trouvent bêtes ont la décence de ne
                                                     du restaurant Bären à Biglen/BE) :     pas le dire et partent généralement
                                                     Félicitations pour cette soirée très   rapidement. C'est pourquoi la plupart
                                                     réussie. On a beaucoup ri. Com­        d'entre eux sont déjà partis.
                                                     ment te sens-tu ?
                                                                                            Je crois plutôt qu'ils sont tous par­
                                                     Patti Basler : Je me sens complè-      tis parce qu'on t'a un peu accapa­
                                                     tement sous endorphine ; c'est pour    rée pour l'interview. Ton spectacle
                                                     ça qu'on vit, nous, les artistes. On   actuel s'intitule « Nachsitzen », le
                                                     se mêle au public pour en tirer un     public est la classe, et toi l'ensei­

                                    14   RENCONTRE
gnante. Tu as en effet été profes­        sommes produits 130 fois. Et mainte-

                                                                                                                                           © Geri Born | www.geriborn.ch
seure par le passé. Es-tu nostal­         nant, nous voilà repartis pour un tour.
gique de cette époque ?                   J'écris aussi des chroniques pour
Non, absolument pas Contrairement         l'émission « Arena » sur SRF, ainsi que
aux écoliers, les gens viennent voir      des sketches pour des congrès ou des
mon spectacle librement, ils me           tables rondes, donc j'ai une production
payent de leur propre poche plutôt que    assez importante: en moyenne, j'écris
via les impôts, et ils m'applaudissent    chaque semaine des textes pour envi-
après chaque leçon Et les horaires        ron une heure et demie de représenta-
d'artiste me conviennent bien mieux       tion en tout. Ensuite, je jette ces notes,
je dois dire : j'avais énormément de      et je garde le meilleur en tête.
mal à me lever tôt le matin, c'était au
moins aussi dur que pour les enfants.     Quand tu n'es pas la Patti Basler
La première heure de cours n'était        officielle, qu'est-ce que tu fais ?
autre qu'un grommellement mutuel.         Sur scène, je suis la même qu'en
                                          privé. En vérité, j'ai fait de mon dia-
Ce soir, ta représentation était tout gnostic ma profession. Tout d'abord,                         Patti Basler préfère travailler
                                                                                                   tard le soir, et faire la grasse
sauf un grommellement. As-tu eu je peux me laisser aller pleinement                                matinée.
le trac ?                                 à la procrastination, et tout faire à la
Oui, quand je suis montée sur scène, dernière minute − pour mes chro-
pendant les cinq premières secondes, niques sur SRF, je fais de l'improvi-
comme toujours. Ensuite, je me sens sation totale, le texte s'écrit sur le             Et pourtant, tu as accepté de deve­
comme un poisson dans l'eau. Je suis moment. Et les émissions de radio et              nir ambassadrice de FAIRMED.
bien sûr nerveuse quand j'ai l'impres- de télévision, ainsi que la scène, me           Pourquoi ?
sion que, pour une raison ou pour une permettent de véritablement prendre              Je suis incroyablement privilégiée :  
autre, je n'y arrive pas, quand je trouve position : les études que je cite ne         je ne vis pas particulièrement saine-
que l'atmosphère n'est pas bonne. Il sont pas inventées. Elles sont réelles.           ment, et pourtant je suis en bonne
y a des jours où j'ai                                         Et les choses que        santé. J'ai rarement besoin de médi-
le sentiment d'être                                           je raconte sont          caments et pour le moment, je ne
vraiment        mau-
                        «  Un  malade     doit   pouvoir      sérieuses et me          suis pas encore dépendante de la
vaise. Mais je sais        bénéficier d'une aide tiennent à cœur.                      médecine. Mais les choses peuvent
aussi que le public                                                                    changer, il se peut aussi qu'un jour,
                         médicale sans entraves Dans ma tête, je
s'en rend moins                                               suis toujours en         je n'aie plus aucun succès dans mon
compte que moi.               administratives.       »        train d'écrire ma        métier. Je connais beaucoup de per-
Que voulez-vous,                                              biographie, mon          sonnes qui, du jour au lendemain,
il faut faire avec, on ne peut pas être journal, mais sur scène, je suis moi,          sont tombées malades et ont som-
parfaitement uniforme de jour en jour. tout simplement. Et dans mon temps              bré dans le cercle vicieux de la pau-
                                          libre ? Je dors beaucoup, pour vider le      vreté. Nous devrions construire un
Tiens, puisqu'on parle de jours... disque dur.                                         monde dans lequel toutes les per-
Où te vois-tu dans dix ans ?                                                           sonnes qui tombent malades puissent
Je pourrais probablement m'arrê- Dans ton spectacle « Nachsitzen »,                    bénéficier d'une aide médicale rapide-
ter dès maintenant. Au Salzburger tu ironises à un moment sur les                      ment, sans entraves administratives.
Stier, j'ai déjà remporté le meilleur dons.                                            Nous devrions surtout veiller à ce que
prix de cabaret. C'est un prix qu'on Oui. Aujourd'hui, on pollue l'en­vi­ron­          les personnes qui ne vont pas bien
ne reçoit qu'une fois dans une vie, ou nement, on se désolidarise les uns              reçoivent l'aide nécessaire. On vit
deux pour récompenser l'ensemble des autres, pour ensuite faire des dons               dans une telle abondance qu'on peut
de la carrière. En vérité, je pourrais et essayer de réparer le mal qu'on              se permettre de redistribuer un peu.
m'arrêter dès maintenant et attendre a fait. On gagne beaucoup d'argent
d'avoir 80 ans... Non, je rigole. J'es- sur le dos des pauvres pour ensuite
père que ça continuera comme ça. ne redistribuer qu'une infime part de
Mon compagnon de scène, Philip cette richesse aux pauvres. Et ensuite
Kuhn, et moi avons fait une première on joue aux philanthropes. C'est l'in-
tournée durant laquelle nous nous dulgence moderne.

                                                                                                                   RENCONTRE          15
Investissez dans l’avenir.
Votre legs sauve des vies.

                                              Avec votre legs, vous permettez à des personnes
                                              défavorisées en Asie et en Afrique de continuer
                                              à bénéficier de soins médicaux. Vous faites une
Nous sommes heureux de vous conseiller :      bonne action au-delà de votre vivant en trans­
Paul Tschurtschenthaler, collecte de fonds,   mettant une partie de votre héritage à FAIRMED.
tél. 031 310 55 67,
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                                              Merci vivement pour votre confiance  
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