De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux

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De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
2017 - 2018

 Une saison
 de Rencontres
                      34e saison

En partenariat avec
De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
166 participations étudiantes à la saison 2017-2018 des Rencontres :
Grand oral de Bernard Guetta | 12.10.2017 | 37 élèves
AGHIOUAS Jamel, BARANOWSKI Lara, BEAUDOUIN Maiwen, BLONDIAUX Lucas, BOISSEAU--LALANDE Jules, BONNET Léonie,
BOULAY Valentin, BRECHETEAU Agathe, BUZARÉ, Margot, CARTIER Inès, CHUBILLEAU Claire, COULONT Clara, DESBOIS
Nolwenn, DUPUIS Sandrine, DUSACRE Eve, ESPINASSE Elliott, FEBVAY-CHOFFEL Sacha, FILIPPUCCI Anna, FIRIK Ridvan,
FUNALOT Pierre, GABENISCH Marie, GANNOUINI Nadia, GEORGIADES Jules, GRATIAN Paul, JACKOWSKI Nina, JEANNINGROS
Jeremy, JULIER Evaline, LAGARDE Nina-Louise, LEJEUNE Valentin, LUGAND Hortense, MANGIN Victor, PASQUIER Engueyrand,
PIGNARD Léa, SARAGOSA Inès, TAPIE Nina, THOMAS Agathe, VEGRINNE Lucie.

Grand oral de Denis MacShane | 23.11.2017 | 10 élèves
Mariane BLOUDEAU, Émile BOUJU, Sébastien BRACCO, Marie GABENISCH, Jules GEORGIADES, Alice HAMET, Aurélie HESS,
Adrien SARLAT, Nina TAPIE, Patricia TRGO.

Grand oral de François Hollande | 1.12.2017 | 48 élèves
ABOUD Bachar, AL AMIR Rim, ALAKÉ Safia, BALLESTERO Nicolas, BELTRAMI Amaury, BERTINOTTI Bertille, BIARNES Marie,
BOULAY Valentin, BRECHETEAU Agathe, CAMPORA Remi, CARON Julie, CARTIER Ines, CORADE Elise, CORRASCO Mattias,
COULBOIS Jaime, DELAVAUD Victor, DESCAMPS Geoffroy, DOUMBIA Mariam, DURAND Klara, EL JAI Reda, FIERE Gustav, FIRIK
Ridvan, GABENISCH Marie, GALIX Marion, GANNOUNI Nadia, GRATIAN Paul, HAMET Alice, HENRY Morgane, HESS Aurélie,
KERMEL Juliette, LECROSNIER Antoine, LEROY Anthony, MOISSET Jérôme, PAEMELAERE Juliette, PAGE Isabel, PRASZEZYNKI
Mathieu, PROD’HOMME Agathe, RAVON Audric, REYNARD Malo, SAMAROVA Tatjana, SEIGNOVERT Anna, SINTES Héloïse,
SOYDAS Asena, TALARICO Sophie, TAPIE Nina, TRGO Patricia, VILLARD Florent, VILLIERS-MORIAME Adrienne.

Grand oral de Sylvain Tesson | 14.12.2017 | 13 élèves
BERTE Félix, BOUJU Émile, BOULAY Valentin, BRACCO Antoine, BRIOLAY Violaine, FEDERSPIEL Madeleine, GABENISCH Marie,
LE GOUILL Léna, LONCEINT Paul, LUGAND Hortense, THIBAULT Lolaine, TRGO Patricia, TRINH Antoine.

Grand oral d'Alain Duhamel | 26.01.2018 | 16 élèves
AUBRY Marie-Charlotte, AZZOLINI Luigi, BIGOT Maxime, CARTIER Inès, CORADE Élise, CORRASCO Mattias, DURAND
Klara, FILIPPUCI Anna, FOURMAINTRAUX Maxime, GABENISCH Marie, GALIX Marion, LONCEINT Paul, MACCHIA Giorgia,
MENEGHELLO Téo, MENNELART Louis, PROD’HOMME Agathe.

Table ronde " Humour et Politique " | 8.02.2018 | 9 élèves
BELTRAMI Amaury, BERTE Félix, CAPUA Maurane, CARTIER Inès, CHAPUIS Maëlle, MENEGHELLO Téo, MOREAUD Nicolas,
SELLAROLI Gianni, TAPIE Nina.

Grand oral de Chantal Thomas | 8.03.2018 | 10 élèves
AVALOS Leslie, COCCHI Chiara, CORTET Théo, DURAND Klara, GIOVAGNONI Flora, LUGAND Hortense, MENEGHELLO Téo,
RIZZO Anna, SARLAT Adrien, TALARICO Sophie.

Rencontre décentralisée à La Rochefoucauld
" Le récit historique régional de Nouvelle-Aquitaine : fiction ou réalité ? " | 29.03.2018 | 11 élèves
AFONSO-MARQUES Victor, AKA Djoman, BONDU Zoé, CARTIER Inès, GABENISCH Marie, MENEGHELLO Téo, ONGARI Romain,
POIRIER CASTELLANI Giulia, RAZAFINDRABESOA Élodie, RIZZO Anna, TAN Coline.

Grand oral de Jean-Charles de Castelbajac | 12.04.2018 | 12 élèves
BALLESTERO Nicolas, CORTET Théo, DABADIE Thaïs, HENRY Noaïma, LAMOTHE Emma, LOUIT Jeanne, LÉVAL Inès, LUGAND
Hortense, MENEGHELLO Téo, RENAULT Maëlis, SALEUR Joséphine, SELLAROLI Gianni.
De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
Les Rencontres,
qu'est-ce que c’est ?

    Une dizaine de Rencontres entre les élèves et une (ou plusieurs) personnalité(s) organisées
    conjointement par le journal Sud Ouest et Sciences Po Bordeaux depuis 1984. Les élèves préparent
    et posent leurs questions, aidés par un journaliste. L'accès est gratuit et ouvert à tous.

         Une dizaine                                   Les élèves                             Un journaliste de
    de rendez-vous par an                          posent les questions                    Sud Ouest anime le débat

                       Le principe                                                    Les différents formats

Les élèves se documentent et préparent la Rencontre en            •  Grand oral
amont, aidés par un journaliste du journal Sud Ouest, par un
enseignant et/ou une personnalité extérieure.                        E n clin d’œil à l’épreuve bien connue des élèves de Sciences
                                                                      Po Bordeaux, ce format de Rencontre inverse les rôles. Un
Ce jury étudiant prend le micro pour interroger l’invité dans un      jury d’élèves interroge une personnalité sur son expérience,
amphithéâtre de plus de 350 places, ouvert au grand public.           l’actualité, un ou plusieurs grand(s) thème(s) de société...
                                                                   • Table ronde
                                                                   • Face-à-face
                                                                   •  La Rencontre décentralisée
                                                                     Cette Rencontre se déroule hors des murs, sur une journée,
                                                                     autour d’une thématique en lien avec le lieu choisi.
                                                                   • Carte blanche

                     Ils sont venus à la rencontre de nos élèves :

                                                                                                                                      3
De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
12 octobre 2017

    Bernard
     Guetta
       ou la passion du témoin qui passe
       Chroniqueur de politique internationale à France Inter, Libération et la Repubblica,
       il a couvert pour Le Monde, la naissance de Solidarnosc en Pologne, l’essor du
       néolibéralisme dans l’Amérique de Reagan et l’effondrement communiste dans l’URSS
       de Gorbatchev et a dirigé les rédactions de L’Expansion et du Nouvel Observateur.

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De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
Rencontre du 12 octobre 2017 | En partenariat avec l'agence Erasmus +

B
            ernard Guetta est né le 28 janvier 1951 à               communiste, Bernard Guetta va se spécialiser dans les
            Boulogne - Billancourt.   Son   environnement           « dissidences » au sein du « bloc de l’Est » comme on l’écrivait
            familial est celui du militantisme. Ses parents,        à l’époque. S’appuyant sur les connaissances intimes
            fervents mendésistes, ont été très tôt sensibilisés     et approfondies que pouvaient avoir des personnalités
            aux questions politiques. Sa mère, Francine             comme le journaliste K.S. Karol ou le philosophe historien
            Bourla, a vécu la seconde guerre mondiale en            Krzysztof Ponian, Bernard Guetta va faire la connaissance
portant l’étoile jaune et en multipliant les actes audacieux        de plusieurs grandes figures de la dissidence polonaise
de « courrier » pour la Résistance. Son père, Pierre Guetta,        dans les années 70. Ils s’appellent Adam Michnik, le futur
appartient à une famille juive sépharade qui plonge                 fondateur du grand quotidien « Gazeta Wiborcza » ; Jacek
ses racines au Maroc et en Tunisie. Comme nombre de                 Kuron, le créateur du KOR ou Bronislaw Geremek, immense
militants engagés sous Mendès France, les parents de                historien qui a soutenu sa thèse en France, dans les années
Bernard Guetta rejoignent le Parti Socialiste Unifié à la toute     60, sur les indigents du Moyen-Âge sous la direction de
fin des années 50. Le PSU d’alors est une ruche et une tour de      Jacques Le Goff. Il en connaîtra d’autres en Tchécoslovaquie
Babel. On y défend passionnément la cause de la rénovation          ou en Hongrie.
de toute la gauche non-communiste et l’appartement des
Guetta, rue Gay-Lussac, au cœur du Quartier-Latin, tient à          Et l’ordre va régner (pour un
la fois du havre militant et du hall de gare tant y passent         temps seulement) à Varsovie
nombre de combattants de toutes les grandes espérances.
À l’orée des années 60, les premières d’entre elles sont, bien      En 1979, Bernard Guetta intègre la rédaction du « Monde »,
évidemment, les luttes anti-impérialistes et, au premier            sollicité par le chef du prestigieux « service Étranger »,
rang de celles-ci, l’indépendance de l’Algérie aux côtés du         Jacques Almaric, longtemps en poste à Moscou. Nommé à
FLN. S’il est une enfance qui est celle d’un jeune militant en      Vienne, au plus près du « rideau de fer », Guetta multiplie les
herbe c’est bien celle de Bernard Guetta.                           contacts dans les « démocraties populaires ». C’est à cette
                                                                    occasion qu’il va être l’un des rares journalistes de la presse
Quatre dates et un engagement à témoigner                           occidentale à être présent en Pologne lors de la grève qui
                                                                    secoue les chantiers Lénine de Gdansk, en août 1980. Un
Sa vie va très vite devenir un répertoire historique où             petit homme, volubile, nerveux, réactif en diable, juché sur
les tempêtes du monde se mêlent aux vents du large                  les épaules d’ouvriers Polonais très costauds, va très vite
emportant loin le futur spécialiste de géopolitique.                être connu du monde entier. Son nom n’est pas facilement
8 février 1962, 3 mai 1968, 13 décembre 1981,                       prononçable et les Occidentaux ne parviendront d’ailleurs
9 novembre 1989. Bernard Guetta se souvient de ces dates            jamais à l’énoncer correctement, mais sa moustache devient
comme de centaines d’autres. La première date est celle             rapidement une icône de la révolte : c’est de Lech Walesa
de la manifestation contre l’OAS où l’on comptera neuf              dont il s’agit. On n’oubliera pas la lecture, au jour le jour, des
morts, tous, sauf un, militants communistes, écrasés contre         papiers fiévreux de Bernard Guetta, en cet été 1980, écrits
les grilles du métro Charonne. La deuxième correspond à             dans la hâte et téléphonés au petit matin depuis l’hôtel
l’occupation de la Sorbonne, prélude au « joli mois de mai          Victoria de Varsovie, bravant les écoutes et le fameux message
(68) », lui futur bachelier lance la grève à « H IV » (comprendre   enregistré  « Rozmowa  Kontrolowana »  (« Conversation
le prestigieux « lycée Henri IV ») et, dans la foulée, embarque     contrôlée »). On ressent encore, en lisant son témoignage,
les filles de « Fénelon » dans le                                                      37 ans plus tard, dans les pages de son
mouvement. La troisième est                                                            dernier livre « Dans l’ivresse de l’Histoire »,
celle de la proclamation de l’état       « Sa vie va très vite                         la même envie de connaître la suite, de
de guerre en Pologne mettant                                                           connaître le sort qui allait être réservé
fin à 18 mois de liberté naissante
                                         devenir un répertoire                         à ce premier syndicat libre au nom lui
depuis les chantiers navals de           historique                                    aussi imprononçable : « Solidarnosc »,
Gdansk à l’été 80. Et puis, comme                                                      soutenu par un improbable pape, Jean-
s’il fallait un aboutissement à          où les tempêtes du                            Paul II, prénommé Karol, élu deux ans
tout cela, quatrième date choc :         monde se mêlent                               plus tôt en octobre 1978, que les Polonais
la chute du mur de Berlin, que                                                         commençaient déjà à vénérer. La suite ?
d’aucuns ont cru, à tort, comme          aux vents du large                            La fin ? Ce fut celle, temporaire, de la
marquant la fin de l’Histoire.                                                         proclamation de l’état de guerre, le 13
                                         emportant loin le                             décembre 1981, dans le froid de gueux
Bernard Guetta a vécu ces                futur spécialiste de                          de Varsovie, de Cracovie à Gdansk et
événements « en direct », souvent                                                      de Katowice à Lublin. Ces villes que
sur place. Il n’y a pas seulement du     géopolitique.  »                              les Français, « à deux étapes du Tour
« Tintin reporter » dans le parcours                                                   de France » comme disait de Gaulle, si
professionnel, assez extraordinaire, de celui qui allait obtenir    près, si loin, apprenaient à situer sur la carte de l’Europe
le Prix Albert-Londres en 1981, il y a surtout une faculté          centrale avant de les découvrir vraiment, physiquement,
incomparable pour écrire et décrire des atmosphères, pour           charnellement, huit ans plus tard, après le 9 novembre
être là où les autres ne sont pas allés, pour comprendre et         1989. Après que le « Mur de la Honte » ait été abattu, sous les
faire comprendre. Journaliste, de 1970 à 1979, au « Nouvel          coups des marteaux des Berlinois de l’Est, débarrassés de la
Observateur », le grand hebdomadaire de la gauche non-              faucille des « Moscouvites », au son des notes éperdument

                                                                                                                                              5
De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
Rencontre du 12 octobre 2017 | En partenariat avec l'agence Erasmus +

    graves et éternellement douces du violoncelle de Mstislav                depuis 2001, les auditeurs de « France Inter », à 8h17,
    Rostropovitch, le 11 novembre 1989, au pied des premières                reconnaissent le léger vibrato caractéristique de
    béances du rempart effondré.                                             sa voix, toute en tension contenue. Spécialiste de
                                                                             géopolitique, Bernard Guetta décrit et analyse le
    De Reagan à Gorby, de « L’Expansion » à                                  monde qui va comme il a pu l’écrire, jadis.
    « France Inter » : la conviction de l’Europe                             Fervent européen, certains diront « européolâtre », les
    C’est tout cela qu’a vécu Bernard Guetta. Il demeure en                  mêmes qui lui ont reproché son engagement actif à
    Pologne jusqu’à l’été 1983 et rejoint Washington pour                    l’antenne pour le « oui » au référendum sur le Traité
    quatre années passées à couvrir les « années Reagan »                    Constitutionnel Européen en 2005, Bernard Guetta
    et la grande révolution néo-conservatrice. Il en retirera                est europhile de raison et d’intime conviction, pour
    aussi une série d’articles glaçant sur l’apparition d’une                reprendre le titre de son avant dernier ouvrage. Il
    maladie totalement inconnue qui a littéralement                          n’était pas pro-européen, il l’est devenu. Comme a pu
    vidé le centre de San Francisco : le SIDA. Il se heurtera                le devenir un enfant du XXe siècle, celui des tragédies,
    au scepticisme de son journal et fera, à nouveau,                        des génocides et des meurtres de masse. Aujourd’hui,
    l’expérience du grand reporter solitaire sur le terrain,                 confronté aux enjeux du terrorisme, du réchauffement
    confronté à l’éloignement et aux croyances (pour ne                      climatique, des grandes migrations potentielles à ve-
    pas dire aux stéréotypes ou aux présupposés) de ses                      nir, instable et de plus en plus insoutenable, le monde
    collègues demeurés « à Paris ». Ce sont les mêmes                        de Guetta est toujours fait de bruits et de fureurs. Lau-
    réactions qu’il retrouvera, quand, nommé à Moscou,                       réat de plusieurs grands prix qui couronnent sa pro-
    il suivra, de 1988 à 1990, la phase finale de l’Union                    fession (Albert-Londres, 1981 ; Mumm, 1989 ; Thucy-
    soviétique et l’accomplissement de la perestroïka                        dide, 2003 ; Prix européen de la presse, 2004), Bernard
    et de la glasnost chères à son « ami Gorby » (Mikhaïl                    Guetta s’adresse aux générations les plus jeunes « avec
    Sergueïevitch Gorbatchev).                                               les partis pris et les enthousiasmes, les déceptions et
    Après onze années passées au « Monde », Bernard                          la subjectivité d’un enfant de l’après-guerre. (…) En
    Guetta entame une carrière de patron de rédaction                        message d’espoir aux générations montantes dont la
    qui va l’amener successivement à diriger les équipes                     tâche est immense, presque impossible, mais, au fond,
    rédactionnelles de « L’Expansion » (1990-1992) et                        pas plus qu’au début des années soixante où tout était,
    du « Nouvel Observateur » (1996-1999) mais aussi                         déjà, à reconstruire ».
    d’éditorialiste au « Nouvel Économiste » (1994-1996)
    puis à « L’Express » (1999-2006). Tous les matins,                                                    L’équipe des « Rencontres
                                                                                                Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest »

    La saison démarre
    avec Bernard Guetta
    GRAND ORAL La saison des Rencontres démarre aujourd’hui avec un premier
    invité qui a vécu et vit encore " l’ivresse de l’histoire ".
    Pour leur 34e saison, les Rencontres Sciences-Po/Sud Ouest               de la politique française (Alain Duhamel, le 26 janvier),
    proposent un plateau de neuf rendez-vous échelonnés                      une romancière (Chantal Thomas, le 8 mars) et deux tables
    du 12 octobre au 12 avril. Elles démarrent ce soir avec le               rondes : " Humour et politique " (le 15 février) et l’autre,
    journaliste Bernard Guetta et s’achèveront au printemps                  décentralisée, à La Rochefoucauld (Charente) sur " Le récit
    avec le retour du couturier Jean-Charles de Castelbajac,                 historique régional de Nouvelle-Aquitaine : fiction ou
    qui se voit proposer une " carte blanche ", 28 ans après sa              réalité ? " (le 29 mars).
    première apparition.
                                                                             Avec Bernard Guetta, chroniqueur et éditorialiste à France
    Entre-temps, elles auront accueilli un ancien ministre                   Inter, Challenges, l’Espresso et Internazionale, le public a
    britannique des Affaires européennes (Denis McShane, le                  rendez-vous avec un fervent partisan de la construction
    23 novembre), un ex-président de la République (François                 européenne. Correspondant du " Monde " à Vienne,
    Hollande, le 1er décembre), un arpenteur du monde                        Varsovie, Moscou et Washington, Bernard Guetta a assisté
    (Sylvain Tesson, le 14 décembre), un illustre observateur                aux événements qui ont provoqué et suivi la chute du

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De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
Rencontre du 12 octobre 2017 | En partenariat avec l'agence Erasmus +

communisme et durablement influencé l’évolution de
l’Union européenne, avec l’intégration des pays de l’ex-
bloc de l’Est. Comme il est d’usage, ce sont les étudiants
de Sciences Po Bordeaux qui, avec le concours de leurs
enseignants et d’un membre de la rédaction de " Sud Ouest ",
ont préparé ces deux heures de Grand Oral. Lequel n’est
pas un jury mais une conversation approfondie permettant
de découvrir une personnalité et, avec celle-ci, d’éclairer
l’actualité et d’enrichir la culture générale des auditeurs.

Ouvertes à tous

Rappelons que les Rencontres sont ouvertes à tous et
d’accès libre. En règle générale, elles ont lieu à l’Institut le
jeudi (deux exceptions cette année avec François Hollande et
                                                                          « Bernard Guetta a assisté
Alain Duhamel qui interviendront le vendredi) dans les                    aux événements qui
locaux de l’IEP à Pessac-Talence sauf exception (ainsi le grand
oral de François Hollande aura lieu au TNBA de Bordeaux,                  ont provoqué et suivi la
dans le cadre des " Tribunes de la presse ").                             chute du communisme
Au fil des ans, des partenaires se sont associés aux                      et durablement influencé
Rencontres : le CMSO (Crédit mutuel du Sud Ouest), le CIVB,
la librairie Mollat, le Festival du film d’histoire de Pessac, les
                                                                          l’évolution de l’Union
Tribunes de la presse…                                                    européenne. »
                              Christophe Lucet, Sud Ouest, 12.10.2017

                                                                                                                                                7
De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
Rencontre du 12 octobre 2017 | En partenariat avec l'agence Erasmus +

    Bernard Guetta :
    l’Europe, l’Europe…

    DÉBAT C’est un hymne à l’Europe que le journaliste a proposé en ouverture des Rencontres Sciences Po
    Bordeaux / Sud Ouest hier soir.

    Difficile de réussir un meilleur casting quand on veut faire              maladresse souvent,
    d’un événement comme l’ouverture du programme des                         la bêtise parfois, mais     « Ce président [Donald
                                                                              elle est la garante
    Rencontres Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest une sorte
                                                                              de la paix sur un
                                                                                                          Trump], dont on peut
    d’ouverture des Erasmus Days, journées consacrées à
    la mise en avant du programme européen d’éducation.                       continent qui, avant        tout attendre, et sans
    Bernard Guetta est résolument pro européen. Le                            cela, connaissait un
    journaliste, chroniqueur sur France Inter, qui assume                     conflit majeur tous les     doute le pire, pousse
    préférer l’honnêteté, qu’il a parfois payé cher, à l’objectivité,         15 ans en moyenne ".        nos dirigeants à vouloir
    qu’il juge inatteignable car " nous sommes influencés par                 L’éditorialiste le plus
    notre culture " s’est d’abord fait connaître pour ses prises de           écouté de France (en        refonder, de manière
    positions contre le communisme.                                           moyenne 1,8 millions
                                                                              d’auditeurs  chaque
                                                                                                          urgente, l’Europe.        »
    " Le pôle de stabilité "                                                  jour sur France Inter
                                                                              entre 8h16 et 8h19) a surpris hier soir l’auditoire de Sciences
    Et c’est précisément l’effondrement de l’URSS, " que j’avais              Po Bordeaux en estimant que Donald Trump " sera peut-être
    senti car en arrivant à Moscou fin 1987, j’ai senti que dans              un jour considéré comme un des pères fondateurs de l’Europe.
    la population, la peur du parti était tombée " qui va faire               Ce président, dont on peut tout attendre, et sans doute le pire,
    comprendre au grand reporter " la nécessité absolue de                    pousse nos dirigeants à vouloir refonder, de manière urgente,
    l’unité de nos pays, de nos démocraties européennes les plus              l’Europe. Même Marine Le Pen qui sait aujourd’hui qu’être
    abouties du monde. À Moscou à l’époque, j’ai pris comme un                europhobe militant peut faire perdre des voix fait évoluer son
    coup de poing dans l’estomac cette conviction : l’Europe se doit          discours sur la construction européenne… "
    d’être le pôle de stabilité de notre continent. " Depuis cette
    période, Bernard Guetta, qui se définit lui-même comme                    Une Europe à laquelle, selon lui, la Grande-Bretagne ne
    un " Rad-Soc modéré de chez modéré, à droite du PS et à                   va pas renoncer : " Il n’est pas certain qu’elle aille au bout
    gauche de la droite… Une sorte de juppéobayrouiste " s’est                du processus de Brexit. Les négociations en panne entre ce
    fait défenseur acharné de la construction européenne.                     pays est l’Union Européenne en disent long sur les regrets qui
                                                                              commencent à poindre outre-Manche sur le choix du Brexit. "
    Une défense honnête : " Je sais qu’elle n’est pas parfaite cette
                                                                                                                           Sud Ouest, 13.10.2017
    construction, c’est évident, qu’elle se fait dans la difficulté, la

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De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
En partenariat avec le

                               Denis
                         MACSHANE
                         Brexit or Not Brexit ?
                         that is the question
                                 23 novembre 2017

                                                    9
De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
Rencontre du 23 novembre 2017 | En partenariat avec le Festival International du Film d'Histoire de Pessac

                                                                                           « La Grande-Bretagne
                                                                                           a besoin d’un Winston
                                                                                           Churchill, mais elle n’a
                                                                                           que Boris Johnson ! »

     L
                                                                                                                       Denis MacShane
             es punchlines de Denis MacShane font les
             délices des observateurs de la chose politique au
             Royaume-Uni. Il faut dire que leur auteur a été lui-
             même journaliste à la BBC, député du Labour Party,                      clandestine du syndicat. La circonscription législative de
             secrétaire d’État aux Affaires européennes dans le                      Rotherham dont il est élu député pour la première fois le
     cabinet Blair et intervient régulièrement dans les médias                       5 mai 1994 est essentiellement ouvrière. Cette partie de
     français pour commenter les différents épisodes de la vie                       l’Angleterre a pris de plein fouet la crise des années 1980
     politique britannique. Avec un fighting spirit digne des                        et a particulièrement souffert de la politique néo-libérale
     meilleurs « Crunchs ».                                                          de Margaret Thatcher qui a mené un combat frontal
                                                                                     contre les mineurs et les ouvriers métallurgistes. C’est
                                                                                     à Rotherham d’ailleurs que Peter Cattaneo va tourner,
     Un « bébé Erasmus » avant l’heure qui
                                                                                     en 1997, plusieurs scènes d’un film qui va vite devenir
     devient le député des « Full Monty »                                            culte : « The Full Monty ». La circonscription législative
                                                                                     est, typiquement, un rotten borough, autrement dit un
     Denis MacShane est un « bébé Erasmus » bien avant l’heure.
                                                                                     « bourg pourri », expression désignant une circonscription
     Son père, Josef Matyjaszek, échappe au massacre de la
                                                                                     « sûre » pour l’un des deux grands partis britanniques. Les
     quasi-totalité des officiers polonais à Katyn en s’enduisant
                                                                                     Travaillistes sont en terrain conquis dans cette partie du
     longuement les mains de boue et parvient à se faire passer
                                                                                     Yorkshire et Denis MacShane, fort de son expérience acquise
     pour un paysan. Il parvient, clandestinement, à rejoindre
                                                                                     au sein de l’organisation internationale des travailleurs de la
     le Royaume-Uni et combat dans les rangs de l’armée
                                                                                     métallurgie n’a aucun mal à se faire élire.
     polonaise aux côtés des Alliés. Sa mère, Isobel MacShane,
     mi-irlandaise, mi-écossaise, sera institutrice. Né le 21 mai
     1948, Denis est orphelin de père à l’âge de 10 ans. Il prend le
                                                                                     Un europhile blairiste soumis aux
     nom de sa mère quand il débute une carrière de journaliste                      aléas de la vie politique
     à la BBC.
                                                                                     MacShane est un proche de Tony Blair qui prend la tête du
     MacShane montre très tôt des dispositions fortes à                              Labour Party le 21 juillet 1994 et va engager sa formation
     l’engagement et au militantisme. Très actif pendant l’année                     politique dans une profonde mutation. Trois ans plus tard,
     1968, il fait partie de ceux qui bousculent la « grande                         le jeune et brillant dirigeant travailliste, âgé de 44 ans,
     université » britannique en tant qu’étudiant au Merton                          bat John Major lors des élections au Parlement et fait son
     Collège d’Oxford. Dès 1974, alors qu’il travaille encore à la                   entrée au 10, Downing Street, le 2 mai 1997. Il y reste 10 ans,
     BBC, il tente une première candidature aux « Communes »                         1 mois et 25 jours. MacShane, quant à lui va demeurer
     sous l’étiquette du Labour dans la circonscription de                           parlementaire pendant 18 ans, de mai 1994 à sa démission
     Solihull (West Midlands). Il est battu. Avant sa première                       le 5 novembre 2012, mis en cause dans l’affaire des « fausses
     élection en qualité de MP dans la circonscription de                            notes de frais » alors qu’il était suspendu le même jour par
     Rotherham dans le Yorkshire (non loin de Sheffield) en mai                      le Parti Travailliste. Condamné le 23 décembre 2013 à six
     1994, Denis MacShane va être successivement journaliste                         mois de prison, dont trois fermes, il ne restera incarcéré que
     à la BBC (1969-1977) et, après avoir été limogé de la BBC,                      six semaines avant que sa peine ne soit commuée.
     conseiller politique au sein de la Fédération internationale
     des travailleurs de la métallurgie dont le siège est à Genève,                  Denis MacShane est peut-être une des personnalités
     entre 1979 et 1992. C’est au cours de cette activité qu’il va                   politiques britanniques parmi les plus europhiles. Cela
     s’engager très fortement en faveur du syndicat Solidarnosc,                     ne tient pas seulement au fait qu’il a été Minister of State
     premier syndicat libre autorisé de l’autre côté du                              for Europe (Secrétaire d’État aux Affaires européennes) du
     « Rideau de Fer », entre septembre 1980 et décembre                             3 avril 2002 au 5 mai 2005 mais surtout à une véritable
     1981. Il sera même arrêté en 1982 par la police polonaise                       passion pour la construction européenne. Quand Jacques
     alors qu’il apporte son aide à la direction désormais                           Duplouich, pour Le Figaro (19 mai 2005) l’interroge pour

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Rencontre du 23 novembre 2017 | En partenariat avec le Festival International du Film d'Histoire de Pessac

savoir d’où vient l’enthousiasme qu’il nourrit à l’égard de              MacShane des formules qui font mouche et qui, plus d’une
l’Union européenne, MacShane répond : « De la paix, de la                fois, ont fait scandale, provoquant quelques ulcères aux
démocratie et de la prééminence de la loi qu’elle a instaurée            diplomates et générant plus d’une protestation. Son
et que, désormais, elle garantit sur notre territoire commun.            propre camp n’a pas été épargné : même Gordon Brown,
De la réponse politique qu’elle constitue aux catastrophes               successeur de Tony Blair, y a eu droit. Mais les « meilleurs
de deux guerres mondiales ».                                             adversaires » de l’ancien parlementaire travailliste sont,
                                                                         bien sûr, les Brexiters. C’est peu dire que les Johnson,
Parlant parfaitement la langue de Molière, connaissant                   Farage et Murdoch sont détestés par MacShane. Ils
tout le personnel politique français, Macshane a été                     portent la lourde responsabilité d’avoir amené le « oui »
régulièrement invité à intervenir dans le débat national, de             à l’emporter (51,9 %) lors du référendum britannique du
ce côté-ci du Channel. Souvent pour croiser le fer avec ses              23 juin 2016. Mais Cameron, le Premier ministre initiateur
« camarades » du Parti Socialiste. « Le Monde » daté du 3 mai            de cette consultation, n’est pas épargné non plus : « En
2005 rapporte une intervention de Denis MacShane lors                    démocratie, dit MacShane au « Monde » le 24 août 2016,
d’un meeting en faveur du « oui » au referendum sur le Traité            toute décision visant à changer l’ordre des choses constitue
Constitutionnel Européen… à Bordeaux. « Ce jour-là, le 24                un défi. Dans l’histoire constitutionnelle anglaise depuis
mars, il cloue au pilori, sous les rires, les « réactionnaires, les      Edmund Burke au XVIIIe siècle jusqu’à Margaret Thatcher au
néoconservateurs, les néocommunistes, les néocons qui                    XXe siècle, la doctrine de la démocratie par représentation
tentent de vous persuader que voter non est une bonne                    parlementaire a dominé tout populisme. Margaret Thatcher
chose » … Avant d’ajouter que « la maladie transmissible                 disait : « Les référendums sont les armes des dictateurs et
antieuropéenne a franchi la Manche et a infecté les                      des démagogues ». De ce fait, David Cameron est méprisé
responsables du PS français ». Le scandale est tel qu’Arnaud             pour avoir cédé à la demande du Parti pour l’indépendance
Montebourg, justement l’un des leaders socialistes français              du Royaume-Uni [UKIP, extrême droite europhobe et
favorables au « non », va demander des excuses officielles à             xénophobe] de recourir à un plébiscite, qui a plongé le
l’ambassadeur du Royaume- Uni… Il était presque question                 Royaume-Uni dans cette période d’instabilité ».
« d’ingérence » puisque MacShane était encore secrétaire
d’État britannique aux Affaires européennes quand il                     Vers un Brexit qui n’en serait pas tout à fait un ?
prononçait cette philippique, en France…
                                                                         S’il a été un des premiers parmi les Travaillistes, dès 2014,
Un polémiste qui a du flair pour comprendre                              à prédire que le « oui » au Brexit pouvait l’emporter dans
l’opinion publique britannique                                           l’hypothèse d’un référendum, Denis MacShane a publié
                                                                         au printemps 2017 un essai intitulé : Brexit, No Exit. Why
Il est comme ça, MacShane : cash et sans détour. C’est                   Britain Won’t Leave Europe. Résumant son analyse dans
le même qui, ces derniers jours à propos du scandale                     un entretien accordé au journal Ouest France, le 11 août
« Tariq Ramadan » interroge, depuis son compte Twitter                   dernier il disait : « Je crois que ce qui est possible, c’est de
qu’il alimente beaucoup, son université, Oxford, sur son                 quitter le traité, quitter l’UE, résilier les traités européens.
« silence pudique » alors qu’elle accueille le médiatique                Puis le Premier ministre pourra alors dire honnêtement :
théologien dans une chaire financée par le Qatar. C’est le               nous avons rempli le mandat du référendum ; nous sommes

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Rencontre du 23 novembre 2017 | En partenariat avec le Festival International du Film d'Histoire de Pessac

     partis de l’UE. Notre parlement décide désormais de toutes                      avons créé. Donc, on va mettre en place des contrôles plus
     les lois. Donc nous sommes libres et indépendants. Cela                         rigoureux sur le marché du travail pour encourager l’accès
     dit, nous sommes le pays le plus pragmatique, axé sur                           au travail pour les citoyens britanniques, et on va continuer
     le commerce, une nation de boutiquiers, comme disait                            à payer les cotisations, au lieu de payer une énorme ardoise.
     Napoléon. Une bonne partie des règlements de l’Europe a                         Mais on resterait dans le marché unique ».
     été écrite par nous, par Mme Thatcher et les autres premiers
     ministres, pour avoir une Europe plus libérale et adaptée                                                     L’équipe des « Rencontres
     à notre commerce. Nous n’allons pas rejeter ce que nous                                             Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest »

     Quelles perspectives pour l'après-Brexit ?
     DÉBAT C'est le thème du Grand Oral de Denis MacShane, ex-ministre des Affaires européennes
     de Tony Blair, aujourd'hui à Pessac.

     L'ancien ministre des Affaires européennes de Tony Blair                        près de Bordeaux, dans le cadre du Festival international du
     (avril 2002 - mai 2005) est l'un des rares politiques britan-                   film d'histoire, dont le thème est cette année " So Bristih ".
     niques à avoir prédit dès 2014 une sortie du Royaume-                           À en croire son dernier livre, intitulé "Brexit, no exit", le
     Uni de l'Union européenne en cas de référendum.                                 Royaume-Uni pourrait quitter l'Union européenne, mais
     Mais, ce n'est en réalité qu'aujourd'hui, un an après le                        pas le marché unique... " Sans quoi, on perd toute influence
     Brexit, que les nombreux Britanniques eurosceptiques                            sur la future géopolitique de l'Europe. Nous aurons le
     commencent à mesurer et à s'inquiéter des conséquences                          même rapport à l'Europe que celui qu'a le Mexique avec
     d'une telle décision. En particulier l'impact économique                        Washington ", explique Denis MacShane. Difficile à imaginer
     de la sortie du marché unique, qui offre de précieux                            pour un pays si pragmatique et axé sur le commerce.
     avantages commerciaux. De son côté, à l'image du pays, le
     gouvernement conservateur paraît plus divisé que jamais                         Un étonnant parcours
     sur le cap à suivre dans les négociations sur le Brexit.
                                                                                     Son regard aiguisé, sa franchise et son sens des punchlines
     Peut-on faire machine arrière ?                                                 devraient plaire aux étudiants, qui reviendront aussi sur le
                                                                                     brillant et étonnant parcours de ce travailliste.
     Le malaise est tel que certains se prennent à rêver que
     le Royaume-Uni fasse machine arrière et organise un                             Né en 1948 d'un père combattant polonais dans les rangs de
     deuxième référendum sur le sujet. Mais, est-ce réellement                       l'armée britannique et d'une mère irlandaise, cet europhile,
     envisageable ?                                                                  à l'aise avec la langue de Molière, a d'abord commencé sa
                                                                                     carrière comme journaliste à la BBC, durant 8 ans, avant
     C'est l'une des nombreuses questions que lui poseront les                       d'en être licencié et de gravir ensuite les échelons au sein
     étudiants de Sciences Po Bordeaux aujourd'hui, à partir de 17                   du Parti Travailliste. Un parti qu'il a grandement contribué à
     heures, lors de cette Rencontre Sciences Po Bordeaux / Sud                      faire évoluer dans les années 1990.
     Ouest, qui se déroulera au cinéma Jean-Eustache de Pessac,
                                                                                                                    Nicolas César, Sud Ouest, 22.11.2017

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Rencontre du 23 novembre 2017 | En partenariat avec le Festival International du Film d'Histoire de Pessac

" So British ", et si européen
PESSAC Denis MacShane, ancien ministre de Tony Blair, a évoqué hier son parcours, le Brexit, la gauche,
devant les étudiants de Science Po Bordeaux.

Ancien journaliste à la BBC, ardent francophile, " so British "         l'apartheid... Une histoire de la gauche affleure à travers ces
dans son expression urbaine et caustique, Denis MacShane                souvenirs. " On voulait changer le monde. Dans une certaine
a répondu avec gourmandise, hier après-midi, aux questions              mesure, on a réussi. Quand j'ai commencé ma carrière, on
des étudiants de Sciences Po Bordeaux. Cette rencontre,                 envoyait des gays en prison, les femmes n'avaient pas le
conduite par Nicolas César, journaliste à Sud Ouest, avait              droit d'avorter... "
lieu dans le cadre du Festival international du film d'histoire.
                                                                        Cette génération a poussé le devoir de s'engager jusqu'à
Denis MacShane fut ministre de Tony Blair aux affaires                  " l' erreur " : la guerre en Irak en 2003, qu'il a soutenue comme
européennes, de 2002 à 2005. Cet Européen convaincu n'a                 ministre, et qu'il regrette. " Ma génération, issue de mai 68,
jamais mis le drapeau bleu étoilé dans sa poche, malgré                 a regardé avec indignation la non-intervention au Rwanda
la vigueur de l'euroscepticisme dans son pays. Comment                  ou à Srebrenica. Face à ces tragédies, on a conçu le devoir
explique-t-il qu'une majorité de ses compatriotes aient,                d'ingérence. Mais en Irak, puis plus tard en Libye, le prix des
en juin 2016, fait le choix du Brexit ? " C'est l'expression            interventions est nettement plus élevé que les gains, hélas ".
soudaine d'un nationalisme anglais qui n'avait quasiment
pas d'existence politique ces cinquante dernières années "                                                     Julien Rousset, Sud Ouest, 24.11.2017
a-t-il estimé.

S'engager jusqu'à l'erreur
Ce vote contre l'Union européenne était aussi un vote
" anti-immigrés " selon Denis MacShane, qui invite à parler
de Brexit " au pluriel ". " Plusieurs scénarios sont possibles.
Je ne crois pas que les élites du parti conservateur soient
prêtes à un tel suicide. Je pense que le Royaume-Uni va
bien sortir, politiquement, de l'Union européenne : plus de
députés, plus de commissaire... Mais une forte intégration
économique sera maintenue. Pour Theresa May, premier
ministre, c'est compliqué. Elle doit gérer son parti, l'opinion
publique... Sa situation me rappelle celle du général de
Gaulle au sujet de l'Algérie, à la fin des années 1950 ".

Questionné sur son parcours, Denis MacShane est revenu
sur les événements qui ont fondé son engagement à
gauche, comme celui de ses camarades " Cohn-Bendit,
Kouchner ". Le soutien à Solidarnosc en Pologne, l'arrivée de
François Mitterrand au pouvoir en 1981, le combat contre

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#7

     DE LA PRESSE

           1er décembre 2017

         François
         HOLLANDE
         le monde ne suffit jamais
14
A
             llez savoir pourquoi ? Les relations internationales, vues
             depuis les «  grands de ce monde », ce sont d’abord
             des images. Et ce n’est pas nouveau… Peut-être que
             le jeune François Hollande, délaissant sa collection
             de petites voitures et abandonnant, pour un temps
seulement, ses crampons et son ballon de foot, a contemplé, dans
son Rouen natal, l’hôtel de Bourgtheroulde et ses bas-reliefs en
pierre représentant le Camp du Drap d’Or. En juin 1520, près de
Calais, trois jeunes hommes de moins de 30 ans, trois chefs d’État,
se rencontrent. Comme quoi, il en fut, certes jadis, des plus jeunes
qu’aujourd’hui… On dirait un titre inspiré de Sautet : François,
Henri, Charles… sans les autres. François, 25 ans c’est le Français.
Henri, l’Anglais, va fêter ses 29 ans à la fin du mois et Charles,
l’Espagnol, est le benjamin du trio : il a 20 ans. Il finira Empereur. Ils
sont beaux, ils sont brillants, ils se toisent, ils se combattront. Des
images… dont le pouvoir ne cesse d’interroger.

Des images et puis des mots : la mémoire
des relations internationales

Trois vieux messieurs, engoncés dans leur pardessus. Il fait froid.
On est en février. Même en Crimée, il fait froid en février. Sur la
gauche de la photo, le plus âgé : Churchill, 71 ans, son éternel
«  N°3 » entre les doigts. Celui du milieu mourra dans deux mois et
un jour, c’est pourtant le plus jeune : Roosevelt, 63 ans. À droite,
assis comme un soudard, la moustache broussailleuse et le regard
narquois. Il est en grand uniforme de l’Armée rouge, il trône et
plastronne. Normal, il « joue  » à domicile : Staline, 67 ans. Ils sont à
Yalta, ils viennent de se partager le monde, leur ordre durera près
de 45 ans. Un ordre dur, stable, où les superpuissances se battront
en sous-traitance. Un temps de ruines, un temps de peurs, mais
aussi un temps d’équilibre de la terreur. Le temps dans lequel
grandit celui qui va diriger son pays pendant cinq ans et qui devra
le conduire au milieu des récifs des relations internationales :
François Hollande. Des images on vous dit… Celles du général
de Gaulle en Pologne, en 1967… La foule est en liesse du début
à la fin de son voyage qui dure… une semaine entière du 6 au 12
septembre. Des images… Mais aussi des mots parfois étranges :
«  Vive Zabrze, la ville la plus silésienne de toute la Silésie, c’est-
à-dire la plus polonaise de toutes les polonaises  ». Personne ne
comprend vraiment. Mais c’est du de Gaulle, donc c’est sublime,
forcément sublime. On avait mieux compris quelques semaines
plus tôt, le 24 juillet, le fameux : « Vive le Québec libre ! » au balcon
de l’hôtel de ville de Montréal. Le gouvernement fédéral canadien
aussi avait parfaitement compris le message. Le général était arrivé
sur le croiseur «  Colbert », il repart en avion, sans passer par la
case «  Ottawa ». Il arrive que les relations internationales tournent
court…

Des images encore… Reykjavik, 31 mai 1973. Un homme au
visage bouffi, Georges Pompidou, descend la passerelle de l’avion
présidentiel. Les Français découvrent que leur président n’a pas la
grippe, qu’il est très malade. Il décèdera le 2 avril 1974. Huit mois
plus tard, au bord de la piscine, en décembre 1974, Giscard et Ford
sirotent un cocktail. Ils sont en train d’inventer le G7, préfiguration
de la mondialisation des échanges à venir. Il fait chaud, il fait beau,
les corps luisent. Pendant ce temps-là, à Paris, le premier ministre
Chirac est en train de prendre d’assaut le parti gaulliste. Et de
préparer sa guerre de trente ans contre VGE. Des images toujours.
Cancún (Mexique) 22 et 23 octobre 1973. Paroles de Régis Debray,
musique de Jack Lang, à la baguette le maestro Mitterrand. La
Sierra Maestra, berceau du castrisme voisin, semble avoir envahi
le Yucatan. Quand la France parle au tiers-monde, elle se met en

                                                                             15
Rencontre du 1er décembre 2017 | En partenariat avec les Tribunes de la Presse

     scène. Quand elle dit que « la maison brûle et que nous                        matière d’images et de mots : la voilà la martingale, la ligne
     regardons ailleurs  » par la voix de son président Chirac, elle                claire, l’émotion parvenue à son acmé. Les cris, les drapeaux,
     se veut universelle. C’est à Johannesburg, le 2 septembre                      la foule… Presque comme de Gaulle sur les Champs, le
     2002.                                                                          26 août 1944 : «  Ah !... C’est la mer !  ». Alors cet homme si
                                                                                    pudique, si maître de ses émotions, ce François Hollande
     François Hollande, président dans                                              que tous s’accordent à dire impénétrable, insaisissable,
     un monde dangereux                                                             plus que secret, mutique sur lui autant qu’il est drôle et
                                                                                    bavard sur tout, ce président qui n’a encore rien connu
     Toutes ces images, François Hollande, le président qui ne                      du régalien, qui a pris, trois semaines plus tôt, seul et en
     fut jamais ministre (le seul depuis que la Ve République                       quelques heures la décision de frapper les pick-up d’AQMI
     existe), les connaît par cœur. Parce qu’il est féru d’histoires.               qui fonçaient sur Bamako, cet homme se lâche et dit :
     Celle du Camp du Drap d’Or comme celle de Mitterrand                           « C’est le jour le plus important de ma vie politique  ».
     et Kohl main dans la main à Douaumont ; celle de Yalta                         Pourquoi dit-il cela au fait ? L’a-t-il jamais avoué ?...
     comme celle des milliers de Berlinois de l’Est marchant sans                   « On ne devrait jamais revenir de Tombouctou ».
     but dans les rues de Berlin Ouest un soir de novembre. Le
     premier soir du nouveau monde qui naît le 9 novembre                           Surtout pour connaître
     1989. Et une question hantera François Hollande tout le                        le sang et les larmes, les
     long de son mandat, peut-être encore aujourd’hui : « quelle                    tragédies à l’état brut :  « Comment voit-on
     image retiendra-t-on de moi en matière de relations                            du 7 janvier 2015 au 14
     internationales ? ».                                                           juillet 2016 en passant
                                                                                                               la mondialisation depuis
                                                                                    par la terrible nuit du    le perron de l’Élysée ?
     Dans « Un monde en pleine (r)évolution », thème des 7e                         13 novembre. Des
     Tribunes de la Presse, dont Sciences Po Bordeaux est encore                    assassinats antisémites    François Hollande
     une fois partenaire, comment voit-on la mondialisation                         de l’Hyper Casher          va répondre à cette
     depuis le perron de l’Élysée ? François Hollande va répondre                   au meurtre du père
     à cette question directrice et à toutes celles que lui poseront                Hamel. Mais il y eut       question directrice et
     les élèves de l’Institut bordelais. Mais pour ce qui concerne                  aussi les 44 chefs d’État
     la trace, l’irrémédiable, l’inaccessible trace, celle qu’il aura               et de gouvernement,
                                                                                                               à toutes celles que lui
     voulu laisser dans l’histoire des relations internationales de                 venus du monde entier      poseront les élèves de
     la France, il n’aura pas forcément la réponse. Tant il est vrai                le 11 janvier 2015, à
     que l’on ne peut être juge et partie.                                          ses côtés, l’entourant,    l’Institut bordelais. »
                                                                                    comme on enlace un
     Dans un monde totalement interdépendant, où les menaces                        ami dans le malheur.
     des « États-puissances » rivalisent désormais avec celles du                   La Chancelière, toute de douceur et de compassion, sa tête
     terrorisme mondialisé et les périls des conflits asymétriques,                 sur l’épaule de l’ami François. Et ce vieux pays qui tient le
     si tout est politique, tout relève aussi des relations                         coup malgré tout. Des images et des visages… La mort qui
     internationales. Parce que tout est lié. Le jury étudiant                      rôde tout le temps autour de la Présidence.
     abordera les grands chapitres des relations de la France
     avec le monde entier : l’écologie, la défense, l’économie,                     La trace, François H., toujours la trace…
     les voies de l’influence. Le président Hollande, du 15 mai
     2012 au 14 mai 2017, pendant ces cinq ans moins un jour,                       Au final, au temps du bilan, que retiendra l’Histoire ?
     a sillonné le monde entier. Nathalie Guibert et Marc Semo,                     L’Europe : coup de main à la Grèce ou coup manqué pour
     deux des meilleurs spécialistes de «  l’international  » au                    le « couple franco-allemand » ? La COP 21 : coup de com’
     « Monde », pas vraiment du genre à se laisser impressionner,                   ou coup de maître diplomatique pour la planète ? La
     tant ils en ont vu, précisent dans un article publié à la toute                Syrie : coup perdu par lâchage d’Obama et coup gagnant
     fin du quinquennat (11 mai 2017), que François Hollande                        pour Poutine ? L’Ukraine : coup d’épée dans l’eau de la mer
     a battu un record : « 260 voyages » écrivent-ils. Ils sont                     Noire ? La Centrafrique : le génocide évité (de justesse) ?
     même tellement bluffés, nos deux grands experts des                            La finance internationale et l’argent fou des « Panama
     «  affaires étrangères  » comme on disait jadis, qu’ils en                     papers  » : coups tordus et/ou coups fourrés ? La politique
     inversent les chiffres : en réalité il s’agit de 206 déplacements,             de défense : coups commerciaux et coup d’arrêt à la
     dans 77 pays, soit 23 % de plus que son prédécesseur (« Le                     réduction des dépenses militaires ? Les « actions homos » :
     Monde », 27 mars 2017).                                                        coups au but contre les leaders de DAESH ou coups montés
                                                                                    pour rassurer les Français ? Tout cela : coups de pouce au
     Grandeur et solitude d’une                                                     destin ou coups de bluff au poker international ? La trace,
     présidence tragique                                                            François H., toujours la trace… Le temps qui passe ne signifie
                                                                                    pas que les traces passent avec le temps. Elles surgissent
     On connaît la réplique. C’est du Audiard dans le dialogue                      parfois des profondeurs de l’oubli. Et l’on comprend alors
     des « Tontons » : « Il ne faudrait jamais quitter Montauban  ».                combien elles étaient marquées, droites et profondes.
     Peut-être que François Hollande, de retour en France après
     le 2 février 2013, s’est fait, à lui-même, ce doux reproche : « Il                                          L’équipe des «  Rencontres
     ne faudrait jamais revenir de Tombouctou  ». Car enfin, en                                        Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest  »

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