De Rencontres Une saison 2017 - 2018 - Sciences Po Bordeaux
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166 participations étudiantes à la saison 2017-2018 des Rencontres : Grand oral de Bernard Guetta | 12.10.2017 | 37 élèves AGHIOUAS Jamel, BARANOWSKI Lara, BEAUDOUIN Maiwen, BLONDIAUX Lucas, BOISSEAU--LALANDE Jules, BONNET Léonie, BOULAY Valentin, BRECHETEAU Agathe, BUZARÉ, Margot, CARTIER Inès, CHUBILLEAU Claire, COULONT Clara, DESBOIS Nolwenn, DUPUIS Sandrine, DUSACRE Eve, ESPINASSE Elliott, FEBVAY-CHOFFEL Sacha, FILIPPUCCI Anna, FIRIK Ridvan, FUNALOT Pierre, GABENISCH Marie, GANNOUINI Nadia, GEORGIADES Jules, GRATIAN Paul, JACKOWSKI Nina, JEANNINGROS Jeremy, JULIER Evaline, LAGARDE Nina-Louise, LEJEUNE Valentin, LUGAND Hortense, MANGIN Victor, PASQUIER Engueyrand, PIGNARD Léa, SARAGOSA Inès, TAPIE Nina, THOMAS Agathe, VEGRINNE Lucie. Grand oral de Denis MacShane | 23.11.2017 | 10 élèves Mariane BLOUDEAU, Émile BOUJU, Sébastien BRACCO, Marie GABENISCH, Jules GEORGIADES, Alice HAMET, Aurélie HESS, Adrien SARLAT, Nina TAPIE, Patricia TRGO. Grand oral de François Hollande | 1.12.2017 | 48 élèves ABOUD Bachar, AL AMIR Rim, ALAKÉ Safia, BALLESTERO Nicolas, BELTRAMI Amaury, BERTINOTTI Bertille, BIARNES Marie, BOULAY Valentin, BRECHETEAU Agathe, CAMPORA Remi, CARON Julie, CARTIER Ines, CORADE Elise, CORRASCO Mattias, COULBOIS Jaime, DELAVAUD Victor, DESCAMPS Geoffroy, DOUMBIA Mariam, DURAND Klara, EL JAI Reda, FIERE Gustav, FIRIK Ridvan, GABENISCH Marie, GALIX Marion, GANNOUNI Nadia, GRATIAN Paul, HAMET Alice, HENRY Morgane, HESS Aurélie, KERMEL Juliette, LECROSNIER Antoine, LEROY Anthony, MOISSET Jérôme, PAEMELAERE Juliette, PAGE Isabel, PRASZEZYNKI Mathieu, PROD’HOMME Agathe, RAVON Audric, REYNARD Malo, SAMAROVA Tatjana, SEIGNOVERT Anna, SINTES Héloïse, SOYDAS Asena, TALARICO Sophie, TAPIE Nina, TRGO Patricia, VILLARD Florent, VILLIERS-MORIAME Adrienne. Grand oral de Sylvain Tesson | 14.12.2017 | 13 élèves BERTE Félix, BOUJU Émile, BOULAY Valentin, BRACCO Antoine, BRIOLAY Violaine, FEDERSPIEL Madeleine, GABENISCH Marie, LE GOUILL Léna, LONCEINT Paul, LUGAND Hortense, THIBAULT Lolaine, TRGO Patricia, TRINH Antoine. Grand oral d'Alain Duhamel | 26.01.2018 | 16 élèves AUBRY Marie-Charlotte, AZZOLINI Luigi, BIGOT Maxime, CARTIER Inès, CORADE Élise, CORRASCO Mattias, DURAND Klara, FILIPPUCI Anna, FOURMAINTRAUX Maxime, GABENISCH Marie, GALIX Marion, LONCEINT Paul, MACCHIA Giorgia, MENEGHELLO Téo, MENNELART Louis, PROD’HOMME Agathe. Table ronde " Humour et Politique " | 8.02.2018 | 9 élèves BELTRAMI Amaury, BERTE Félix, CAPUA Maurane, CARTIER Inès, CHAPUIS Maëlle, MENEGHELLO Téo, MOREAUD Nicolas, SELLAROLI Gianni, TAPIE Nina. Grand oral de Chantal Thomas | 8.03.2018 | 10 élèves AVALOS Leslie, COCCHI Chiara, CORTET Théo, DURAND Klara, GIOVAGNONI Flora, LUGAND Hortense, MENEGHELLO Téo, RIZZO Anna, SARLAT Adrien, TALARICO Sophie. Rencontre décentralisée à La Rochefoucauld " Le récit historique régional de Nouvelle-Aquitaine : fiction ou réalité ? " | 29.03.2018 | 11 élèves AFONSO-MARQUES Victor, AKA Djoman, BONDU Zoé, CARTIER Inès, GABENISCH Marie, MENEGHELLO Téo, ONGARI Romain, POIRIER CASTELLANI Giulia, RAZAFINDRABESOA Élodie, RIZZO Anna, TAN Coline. Grand oral de Jean-Charles de Castelbajac | 12.04.2018 | 12 élèves BALLESTERO Nicolas, CORTET Théo, DABADIE Thaïs, HENRY Noaïma, LAMOTHE Emma, LOUIT Jeanne, LÉVAL Inès, LUGAND Hortense, MENEGHELLO Téo, RENAULT Maëlis, SALEUR Joséphine, SELLAROLI Gianni.
Les Rencontres, qu'est-ce que c’est ? Une dizaine de Rencontres entre les élèves et une (ou plusieurs) personnalité(s) organisées conjointement par le journal Sud Ouest et Sciences Po Bordeaux depuis 1984. Les élèves préparent et posent leurs questions, aidés par un journaliste. L'accès est gratuit et ouvert à tous. Une dizaine Les élèves Un journaliste de de rendez-vous par an posent les questions Sud Ouest anime le débat Le principe Les différents formats Les élèves se documentent et préparent la Rencontre en • Grand oral amont, aidés par un journaliste du journal Sud Ouest, par un enseignant et/ou une personnalité extérieure. E n clin d’œil à l’épreuve bien connue des élèves de Sciences Po Bordeaux, ce format de Rencontre inverse les rôles. Un Ce jury étudiant prend le micro pour interroger l’invité dans un jury d’élèves interroge une personnalité sur son expérience, amphithéâtre de plus de 350 places, ouvert au grand public. l’actualité, un ou plusieurs grand(s) thème(s) de société... • Table ronde • Face-à-face • La Rencontre décentralisée Cette Rencontre se déroule hors des murs, sur une journée, autour d’une thématique en lien avec le lieu choisi. • Carte blanche Ils sont venus à la rencontre de nos élèves : 3
12 octobre 2017 Bernard Guetta ou la passion du témoin qui passe Chroniqueur de politique internationale à France Inter, Libération et la Repubblica, il a couvert pour Le Monde, la naissance de Solidarnosc en Pologne, l’essor du néolibéralisme dans l’Amérique de Reagan et l’effondrement communiste dans l’URSS de Gorbatchev et a dirigé les rédactions de L’Expansion et du Nouvel Observateur. 4
Rencontre du 12 octobre 2017 | En partenariat avec l'agence Erasmus + B ernard Guetta est né le 28 janvier 1951 à communiste, Bernard Guetta va se spécialiser dans les Boulogne - Billancourt. Son environnement « dissidences » au sein du « bloc de l’Est » comme on l’écrivait familial est celui du militantisme. Ses parents, à l’époque. S’appuyant sur les connaissances intimes fervents mendésistes, ont été très tôt sensibilisés et approfondies que pouvaient avoir des personnalités aux questions politiques. Sa mère, Francine comme le journaliste K.S. Karol ou le philosophe historien Bourla, a vécu la seconde guerre mondiale en Krzysztof Ponian, Bernard Guetta va faire la connaissance portant l’étoile jaune et en multipliant les actes audacieux de plusieurs grandes figures de la dissidence polonaise de « courrier » pour la Résistance. Son père, Pierre Guetta, dans les années 70. Ils s’appellent Adam Michnik, le futur appartient à une famille juive sépharade qui plonge fondateur du grand quotidien « Gazeta Wiborcza » ; Jacek ses racines au Maroc et en Tunisie. Comme nombre de Kuron, le créateur du KOR ou Bronislaw Geremek, immense militants engagés sous Mendès France, les parents de historien qui a soutenu sa thèse en France, dans les années Bernard Guetta rejoignent le Parti Socialiste Unifié à la toute 60, sur les indigents du Moyen-Âge sous la direction de fin des années 50. Le PSU d’alors est une ruche et une tour de Jacques Le Goff. Il en connaîtra d’autres en Tchécoslovaquie Babel. On y défend passionnément la cause de la rénovation ou en Hongrie. de toute la gauche non-communiste et l’appartement des Guetta, rue Gay-Lussac, au cœur du Quartier-Latin, tient à Et l’ordre va régner (pour un la fois du havre militant et du hall de gare tant y passent temps seulement) à Varsovie nombre de combattants de toutes les grandes espérances. À l’orée des années 60, les premières d’entre elles sont, bien En 1979, Bernard Guetta intègre la rédaction du « Monde », évidemment, les luttes anti-impérialistes et, au premier sollicité par le chef du prestigieux « service Étranger », rang de celles-ci, l’indépendance de l’Algérie aux côtés du Jacques Almaric, longtemps en poste à Moscou. Nommé à FLN. S’il est une enfance qui est celle d’un jeune militant en Vienne, au plus près du « rideau de fer », Guetta multiplie les herbe c’est bien celle de Bernard Guetta. contacts dans les « démocraties populaires ». C’est à cette occasion qu’il va être l’un des rares journalistes de la presse Quatre dates et un engagement à témoigner occidentale à être présent en Pologne lors de la grève qui secoue les chantiers Lénine de Gdansk, en août 1980. Un Sa vie va très vite devenir un répertoire historique où petit homme, volubile, nerveux, réactif en diable, juché sur les tempêtes du monde se mêlent aux vents du large les épaules d’ouvriers Polonais très costauds, va très vite emportant loin le futur spécialiste de géopolitique. être connu du monde entier. Son nom n’est pas facilement 8 février 1962, 3 mai 1968, 13 décembre 1981, prononçable et les Occidentaux ne parviendront d’ailleurs 9 novembre 1989. Bernard Guetta se souvient de ces dates jamais à l’énoncer correctement, mais sa moustache devient comme de centaines d’autres. La première date est celle rapidement une icône de la révolte : c’est de Lech Walesa de la manifestation contre l’OAS où l’on comptera neuf dont il s’agit. On n’oubliera pas la lecture, au jour le jour, des morts, tous, sauf un, militants communistes, écrasés contre papiers fiévreux de Bernard Guetta, en cet été 1980, écrits les grilles du métro Charonne. La deuxième correspond à dans la hâte et téléphonés au petit matin depuis l’hôtel l’occupation de la Sorbonne, prélude au « joli mois de mai Victoria de Varsovie, bravant les écoutes et le fameux message (68) », lui futur bachelier lance la grève à « H IV » (comprendre enregistré « Rozmowa Kontrolowana » (« Conversation le prestigieux « lycée Henri IV ») et, dans la foulée, embarque contrôlée »). On ressent encore, en lisant son témoignage, les filles de « Fénelon » dans le 37 ans plus tard, dans les pages de son mouvement. La troisième est dernier livre « Dans l’ivresse de l’Histoire », celle de la proclamation de l’état « Sa vie va très vite la même envie de connaître la suite, de de guerre en Pologne mettant connaître le sort qui allait être réservé fin à 18 mois de liberté naissante devenir un répertoire à ce premier syndicat libre au nom lui depuis les chantiers navals de historique aussi imprononçable : « Solidarnosc », Gdansk à l’été 80. Et puis, comme soutenu par un improbable pape, Jean- s’il fallait un aboutissement à où les tempêtes du Paul II, prénommé Karol, élu deux ans tout cela, quatrième date choc : monde se mêlent plus tôt en octobre 1978, que les Polonais la chute du mur de Berlin, que commençaient déjà à vénérer. La suite ? d’aucuns ont cru, à tort, comme aux vents du large La fin ? Ce fut celle, temporaire, de la marquant la fin de l’Histoire. proclamation de l’état de guerre, le 13 emportant loin le décembre 1981, dans le froid de gueux Bernard Guetta a vécu ces futur spécialiste de de Varsovie, de Cracovie à Gdansk et événements « en direct », souvent de Katowice à Lublin. Ces villes que sur place. Il n’y a pas seulement du géopolitique. » les Français, « à deux étapes du Tour « Tintin reporter » dans le parcours de France » comme disait de Gaulle, si professionnel, assez extraordinaire, de celui qui allait obtenir près, si loin, apprenaient à situer sur la carte de l’Europe le Prix Albert-Londres en 1981, il y a surtout une faculté centrale avant de les découvrir vraiment, physiquement, incomparable pour écrire et décrire des atmosphères, pour charnellement, huit ans plus tard, après le 9 novembre être là où les autres ne sont pas allés, pour comprendre et 1989. Après que le « Mur de la Honte » ait été abattu, sous les faire comprendre. Journaliste, de 1970 à 1979, au « Nouvel coups des marteaux des Berlinois de l’Est, débarrassés de la Observateur », le grand hebdomadaire de la gauche non- faucille des « Moscouvites », au son des notes éperdument 5
Rencontre du 12 octobre 2017 | En partenariat avec l'agence Erasmus + graves et éternellement douces du violoncelle de Mstislav depuis 2001, les auditeurs de « France Inter », à 8h17, Rostropovitch, le 11 novembre 1989, au pied des premières reconnaissent le léger vibrato caractéristique de béances du rempart effondré. sa voix, toute en tension contenue. Spécialiste de géopolitique, Bernard Guetta décrit et analyse le De Reagan à Gorby, de « L’Expansion » à monde qui va comme il a pu l’écrire, jadis. « France Inter » : la conviction de l’Europe Fervent européen, certains diront « européolâtre », les C’est tout cela qu’a vécu Bernard Guetta. Il demeure en mêmes qui lui ont reproché son engagement actif à Pologne jusqu’à l’été 1983 et rejoint Washington pour l’antenne pour le « oui » au référendum sur le Traité quatre années passées à couvrir les « années Reagan » Constitutionnel Européen en 2005, Bernard Guetta et la grande révolution néo-conservatrice. Il en retirera est europhile de raison et d’intime conviction, pour aussi une série d’articles glaçant sur l’apparition d’une reprendre le titre de son avant dernier ouvrage. Il maladie totalement inconnue qui a littéralement n’était pas pro-européen, il l’est devenu. Comme a pu vidé le centre de San Francisco : le SIDA. Il se heurtera le devenir un enfant du XXe siècle, celui des tragédies, au scepticisme de son journal et fera, à nouveau, des génocides et des meurtres de masse. Aujourd’hui, l’expérience du grand reporter solitaire sur le terrain, confronté aux enjeux du terrorisme, du réchauffement confronté à l’éloignement et aux croyances (pour ne climatique, des grandes migrations potentielles à ve- pas dire aux stéréotypes ou aux présupposés) de ses nir, instable et de plus en plus insoutenable, le monde collègues demeurés « à Paris ». Ce sont les mêmes de Guetta est toujours fait de bruits et de fureurs. Lau- réactions qu’il retrouvera, quand, nommé à Moscou, réat de plusieurs grands prix qui couronnent sa pro- il suivra, de 1988 à 1990, la phase finale de l’Union fession (Albert-Londres, 1981 ; Mumm, 1989 ; Thucy- soviétique et l’accomplissement de la perestroïka dide, 2003 ; Prix européen de la presse, 2004), Bernard et de la glasnost chères à son « ami Gorby » (Mikhaïl Guetta s’adresse aux générations les plus jeunes « avec Sergueïevitch Gorbatchev). les partis pris et les enthousiasmes, les déceptions et Après onze années passées au « Monde », Bernard la subjectivité d’un enfant de l’après-guerre. (…) En Guetta entame une carrière de patron de rédaction message d’espoir aux générations montantes dont la qui va l’amener successivement à diriger les équipes tâche est immense, presque impossible, mais, au fond, rédactionnelles de « L’Expansion » (1990-1992) et pas plus qu’au début des années soixante où tout était, du « Nouvel Observateur » (1996-1999) mais aussi déjà, à reconstruire ». d’éditorialiste au « Nouvel Économiste » (1994-1996) puis à « L’Express » (1999-2006). Tous les matins, L’équipe des « Rencontres Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest » La saison démarre avec Bernard Guetta GRAND ORAL La saison des Rencontres démarre aujourd’hui avec un premier invité qui a vécu et vit encore " l’ivresse de l’histoire ". Pour leur 34e saison, les Rencontres Sciences-Po/Sud Ouest de la politique française (Alain Duhamel, le 26 janvier), proposent un plateau de neuf rendez-vous échelonnés une romancière (Chantal Thomas, le 8 mars) et deux tables du 12 octobre au 12 avril. Elles démarrent ce soir avec le rondes : " Humour et politique " (le 15 février) et l’autre, journaliste Bernard Guetta et s’achèveront au printemps décentralisée, à La Rochefoucauld (Charente) sur " Le récit avec le retour du couturier Jean-Charles de Castelbajac, historique régional de Nouvelle-Aquitaine : fiction ou qui se voit proposer une " carte blanche ", 28 ans après sa réalité ? " (le 29 mars). première apparition. Avec Bernard Guetta, chroniqueur et éditorialiste à France Entre-temps, elles auront accueilli un ancien ministre Inter, Challenges, l’Espresso et Internazionale, le public a britannique des Affaires européennes (Denis McShane, le rendez-vous avec un fervent partisan de la construction 23 novembre), un ex-président de la République (François européenne. Correspondant du " Monde " à Vienne, Hollande, le 1er décembre), un arpenteur du monde Varsovie, Moscou et Washington, Bernard Guetta a assisté (Sylvain Tesson, le 14 décembre), un illustre observateur aux événements qui ont provoqué et suivi la chute du 6
Rencontre du 12 octobre 2017 | En partenariat avec l'agence Erasmus + communisme et durablement influencé l’évolution de l’Union européenne, avec l’intégration des pays de l’ex- bloc de l’Est. Comme il est d’usage, ce sont les étudiants de Sciences Po Bordeaux qui, avec le concours de leurs enseignants et d’un membre de la rédaction de " Sud Ouest ", ont préparé ces deux heures de Grand Oral. Lequel n’est pas un jury mais une conversation approfondie permettant de découvrir une personnalité et, avec celle-ci, d’éclairer l’actualité et d’enrichir la culture générale des auditeurs. Ouvertes à tous Rappelons que les Rencontres sont ouvertes à tous et d’accès libre. En règle générale, elles ont lieu à l’Institut le jeudi (deux exceptions cette année avec François Hollande et « Bernard Guetta a assisté Alain Duhamel qui interviendront le vendredi) dans les aux événements qui locaux de l’IEP à Pessac-Talence sauf exception (ainsi le grand oral de François Hollande aura lieu au TNBA de Bordeaux, ont provoqué et suivi la dans le cadre des " Tribunes de la presse "). chute du communisme Au fil des ans, des partenaires se sont associés aux et durablement influencé Rencontres : le CMSO (Crédit mutuel du Sud Ouest), le CIVB, la librairie Mollat, le Festival du film d’histoire de Pessac, les l’évolution de l’Union Tribunes de la presse… européenne. » Christophe Lucet, Sud Ouest, 12.10.2017 7
Rencontre du 12 octobre 2017 | En partenariat avec l'agence Erasmus + Bernard Guetta : l’Europe, l’Europe… DÉBAT C’est un hymne à l’Europe que le journaliste a proposé en ouverture des Rencontres Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest hier soir. Difficile de réussir un meilleur casting quand on veut faire maladresse souvent, d’un événement comme l’ouverture du programme des la bêtise parfois, mais « Ce président [Donald elle est la garante Rencontres Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest une sorte de la paix sur un Trump], dont on peut d’ouverture des Erasmus Days, journées consacrées à la mise en avant du programme européen d’éducation. continent qui, avant tout attendre, et sans Bernard Guetta est résolument pro européen. Le cela, connaissait un journaliste, chroniqueur sur France Inter, qui assume conflit majeur tous les doute le pire, pousse préférer l’honnêteté, qu’il a parfois payé cher, à l’objectivité, 15 ans en moyenne ". nos dirigeants à vouloir qu’il juge inatteignable car " nous sommes influencés par L’éditorialiste le plus notre culture " s’est d’abord fait connaître pour ses prises de écouté de France (en refonder, de manière positions contre le communisme. moyenne 1,8 millions d’auditeurs chaque urgente, l’Europe. » " Le pôle de stabilité " jour sur France Inter entre 8h16 et 8h19) a surpris hier soir l’auditoire de Sciences Et c’est précisément l’effondrement de l’URSS, " que j’avais Po Bordeaux en estimant que Donald Trump " sera peut-être senti car en arrivant à Moscou fin 1987, j’ai senti que dans un jour considéré comme un des pères fondateurs de l’Europe. la population, la peur du parti était tombée " qui va faire Ce président, dont on peut tout attendre, et sans doute le pire, comprendre au grand reporter " la nécessité absolue de pousse nos dirigeants à vouloir refonder, de manière urgente, l’unité de nos pays, de nos démocraties européennes les plus l’Europe. Même Marine Le Pen qui sait aujourd’hui qu’être abouties du monde. À Moscou à l’époque, j’ai pris comme un europhobe militant peut faire perdre des voix fait évoluer son coup de poing dans l’estomac cette conviction : l’Europe se doit discours sur la construction européenne… " d’être le pôle de stabilité de notre continent. " Depuis cette période, Bernard Guetta, qui se définit lui-même comme Une Europe à laquelle, selon lui, la Grande-Bretagne ne un " Rad-Soc modéré de chez modéré, à droite du PS et à va pas renoncer : " Il n’est pas certain qu’elle aille au bout gauche de la droite… Une sorte de juppéobayrouiste " s’est du processus de Brexit. Les négociations en panne entre ce fait défenseur acharné de la construction européenne. pays est l’Union Européenne en disent long sur les regrets qui commencent à poindre outre-Manche sur le choix du Brexit. " Une défense honnête : " Je sais qu’elle n’est pas parfaite cette Sud Ouest, 13.10.2017 construction, c’est évident, qu’elle se fait dans la difficulté, la 8
En partenariat avec le Denis MACSHANE Brexit or Not Brexit ? that is the question 23 novembre 2017 9
Rencontre du 23 novembre 2017 | En partenariat avec le Festival International du Film d'Histoire de Pessac « La Grande-Bretagne a besoin d’un Winston Churchill, mais elle n’a que Boris Johnson ! » L Denis MacShane es punchlines de Denis MacShane font les délices des observateurs de la chose politique au Royaume-Uni. Il faut dire que leur auteur a été lui- même journaliste à la BBC, député du Labour Party, clandestine du syndicat. La circonscription législative de secrétaire d’État aux Affaires européennes dans le Rotherham dont il est élu député pour la première fois le cabinet Blair et intervient régulièrement dans les médias 5 mai 1994 est essentiellement ouvrière. Cette partie de français pour commenter les différents épisodes de la vie l’Angleterre a pris de plein fouet la crise des années 1980 politique britannique. Avec un fighting spirit digne des et a particulièrement souffert de la politique néo-libérale meilleurs « Crunchs ». de Margaret Thatcher qui a mené un combat frontal contre les mineurs et les ouvriers métallurgistes. C’est à Rotherham d’ailleurs que Peter Cattaneo va tourner, Un « bébé Erasmus » avant l’heure qui en 1997, plusieurs scènes d’un film qui va vite devenir devient le député des « Full Monty » culte : « The Full Monty ». La circonscription législative est, typiquement, un rotten borough, autrement dit un Denis MacShane est un « bébé Erasmus » bien avant l’heure. « bourg pourri », expression désignant une circonscription Son père, Josef Matyjaszek, échappe au massacre de la « sûre » pour l’un des deux grands partis britanniques. Les quasi-totalité des officiers polonais à Katyn en s’enduisant Travaillistes sont en terrain conquis dans cette partie du longuement les mains de boue et parvient à se faire passer Yorkshire et Denis MacShane, fort de son expérience acquise pour un paysan. Il parvient, clandestinement, à rejoindre au sein de l’organisation internationale des travailleurs de la le Royaume-Uni et combat dans les rangs de l’armée métallurgie n’a aucun mal à se faire élire. polonaise aux côtés des Alliés. Sa mère, Isobel MacShane, mi-irlandaise, mi-écossaise, sera institutrice. Né le 21 mai 1948, Denis est orphelin de père à l’âge de 10 ans. Il prend le Un europhile blairiste soumis aux nom de sa mère quand il débute une carrière de journaliste aléas de la vie politique à la BBC. MacShane est un proche de Tony Blair qui prend la tête du MacShane montre très tôt des dispositions fortes à Labour Party le 21 juillet 1994 et va engager sa formation l’engagement et au militantisme. Très actif pendant l’année politique dans une profonde mutation. Trois ans plus tard, 1968, il fait partie de ceux qui bousculent la « grande le jeune et brillant dirigeant travailliste, âgé de 44 ans, université » britannique en tant qu’étudiant au Merton bat John Major lors des élections au Parlement et fait son Collège d’Oxford. Dès 1974, alors qu’il travaille encore à la entrée au 10, Downing Street, le 2 mai 1997. Il y reste 10 ans, BBC, il tente une première candidature aux « Communes » 1 mois et 25 jours. MacShane, quant à lui va demeurer sous l’étiquette du Labour dans la circonscription de parlementaire pendant 18 ans, de mai 1994 à sa démission Solihull (West Midlands). Il est battu. Avant sa première le 5 novembre 2012, mis en cause dans l’affaire des « fausses élection en qualité de MP dans la circonscription de notes de frais » alors qu’il était suspendu le même jour par Rotherham dans le Yorkshire (non loin de Sheffield) en mai le Parti Travailliste. Condamné le 23 décembre 2013 à six 1994, Denis MacShane va être successivement journaliste mois de prison, dont trois fermes, il ne restera incarcéré que à la BBC (1969-1977) et, après avoir été limogé de la BBC, six semaines avant que sa peine ne soit commuée. conseiller politique au sein de la Fédération internationale des travailleurs de la métallurgie dont le siège est à Genève, Denis MacShane est peut-être une des personnalités entre 1979 et 1992. C’est au cours de cette activité qu’il va politiques britanniques parmi les plus europhiles. Cela s’engager très fortement en faveur du syndicat Solidarnosc, ne tient pas seulement au fait qu’il a été Minister of State premier syndicat libre autorisé de l’autre côté du for Europe (Secrétaire d’État aux Affaires européennes) du « Rideau de Fer », entre septembre 1980 et décembre 3 avril 2002 au 5 mai 2005 mais surtout à une véritable 1981. Il sera même arrêté en 1982 par la police polonaise passion pour la construction européenne. Quand Jacques alors qu’il apporte son aide à la direction désormais Duplouich, pour Le Figaro (19 mai 2005) l’interroge pour 10
Rencontre du 23 novembre 2017 | En partenariat avec le Festival International du Film d'Histoire de Pessac savoir d’où vient l’enthousiasme qu’il nourrit à l’égard de MacShane des formules qui font mouche et qui, plus d’une l’Union européenne, MacShane répond : « De la paix, de la fois, ont fait scandale, provoquant quelques ulcères aux démocratie et de la prééminence de la loi qu’elle a instaurée diplomates et générant plus d’une protestation. Son et que, désormais, elle garantit sur notre territoire commun. propre camp n’a pas été épargné : même Gordon Brown, De la réponse politique qu’elle constitue aux catastrophes successeur de Tony Blair, y a eu droit. Mais les « meilleurs de deux guerres mondiales ». adversaires » de l’ancien parlementaire travailliste sont, bien sûr, les Brexiters. C’est peu dire que les Johnson, Parlant parfaitement la langue de Molière, connaissant Farage et Murdoch sont détestés par MacShane. Ils tout le personnel politique français, Macshane a été portent la lourde responsabilité d’avoir amené le « oui » régulièrement invité à intervenir dans le débat national, de à l’emporter (51,9 %) lors du référendum britannique du ce côté-ci du Channel. Souvent pour croiser le fer avec ses 23 juin 2016. Mais Cameron, le Premier ministre initiateur « camarades » du Parti Socialiste. « Le Monde » daté du 3 mai de cette consultation, n’est pas épargné non plus : « En 2005 rapporte une intervention de Denis MacShane lors démocratie, dit MacShane au « Monde » le 24 août 2016, d’un meeting en faveur du « oui » au referendum sur le Traité toute décision visant à changer l’ordre des choses constitue Constitutionnel Européen… à Bordeaux. « Ce jour-là, le 24 un défi. Dans l’histoire constitutionnelle anglaise depuis mars, il cloue au pilori, sous les rires, les « réactionnaires, les Edmund Burke au XVIIIe siècle jusqu’à Margaret Thatcher au néoconservateurs, les néocommunistes, les néocons qui XXe siècle, la doctrine de la démocratie par représentation tentent de vous persuader que voter non est une bonne parlementaire a dominé tout populisme. Margaret Thatcher chose » … Avant d’ajouter que « la maladie transmissible disait : « Les référendums sont les armes des dictateurs et antieuropéenne a franchi la Manche et a infecté les des démagogues ». De ce fait, David Cameron est méprisé responsables du PS français ». Le scandale est tel qu’Arnaud pour avoir cédé à la demande du Parti pour l’indépendance Montebourg, justement l’un des leaders socialistes français du Royaume-Uni [UKIP, extrême droite europhobe et favorables au « non », va demander des excuses officielles à xénophobe] de recourir à un plébiscite, qui a plongé le l’ambassadeur du Royaume- Uni… Il était presque question Royaume-Uni dans cette période d’instabilité ». « d’ingérence » puisque MacShane était encore secrétaire d’État britannique aux Affaires européennes quand il Vers un Brexit qui n’en serait pas tout à fait un ? prononçait cette philippique, en France… S’il a été un des premiers parmi les Travaillistes, dès 2014, Un polémiste qui a du flair pour comprendre à prédire que le « oui » au Brexit pouvait l’emporter dans l’opinion publique britannique l’hypothèse d’un référendum, Denis MacShane a publié au printemps 2017 un essai intitulé : Brexit, No Exit. Why Il est comme ça, MacShane : cash et sans détour. C’est Britain Won’t Leave Europe. Résumant son analyse dans le même qui, ces derniers jours à propos du scandale un entretien accordé au journal Ouest France, le 11 août « Tariq Ramadan » interroge, depuis son compte Twitter dernier il disait : « Je crois que ce qui est possible, c’est de qu’il alimente beaucoup, son université, Oxford, sur son quitter le traité, quitter l’UE, résilier les traités européens. « silence pudique » alors qu’elle accueille le médiatique Puis le Premier ministre pourra alors dire honnêtement : théologien dans une chaire financée par le Qatar. C’est le nous avons rempli le mandat du référendum ; nous sommes 11
Rencontre du 23 novembre 2017 | En partenariat avec le Festival International du Film d'Histoire de Pessac partis de l’UE. Notre parlement décide désormais de toutes avons créé. Donc, on va mettre en place des contrôles plus les lois. Donc nous sommes libres et indépendants. Cela rigoureux sur le marché du travail pour encourager l’accès dit, nous sommes le pays le plus pragmatique, axé sur au travail pour les citoyens britanniques, et on va continuer le commerce, une nation de boutiquiers, comme disait à payer les cotisations, au lieu de payer une énorme ardoise. Napoléon. Une bonne partie des règlements de l’Europe a Mais on resterait dans le marché unique ». été écrite par nous, par Mme Thatcher et les autres premiers ministres, pour avoir une Europe plus libérale et adaptée L’équipe des « Rencontres à notre commerce. Nous n’allons pas rejeter ce que nous Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest » Quelles perspectives pour l'après-Brexit ? DÉBAT C'est le thème du Grand Oral de Denis MacShane, ex-ministre des Affaires européennes de Tony Blair, aujourd'hui à Pessac. L'ancien ministre des Affaires européennes de Tony Blair près de Bordeaux, dans le cadre du Festival international du (avril 2002 - mai 2005) est l'un des rares politiques britan- film d'histoire, dont le thème est cette année " So Bristih ". niques à avoir prédit dès 2014 une sortie du Royaume- À en croire son dernier livre, intitulé "Brexit, no exit", le Uni de l'Union européenne en cas de référendum. Royaume-Uni pourrait quitter l'Union européenne, mais Mais, ce n'est en réalité qu'aujourd'hui, un an après le pas le marché unique... " Sans quoi, on perd toute influence Brexit, que les nombreux Britanniques eurosceptiques sur la future géopolitique de l'Europe. Nous aurons le commencent à mesurer et à s'inquiéter des conséquences même rapport à l'Europe que celui qu'a le Mexique avec d'une telle décision. En particulier l'impact économique Washington ", explique Denis MacShane. Difficile à imaginer de la sortie du marché unique, qui offre de précieux pour un pays si pragmatique et axé sur le commerce. avantages commerciaux. De son côté, à l'image du pays, le gouvernement conservateur paraît plus divisé que jamais Un étonnant parcours sur le cap à suivre dans les négociations sur le Brexit. Son regard aiguisé, sa franchise et son sens des punchlines Peut-on faire machine arrière ? devraient plaire aux étudiants, qui reviendront aussi sur le brillant et étonnant parcours de ce travailliste. Le malaise est tel que certains se prennent à rêver que le Royaume-Uni fasse machine arrière et organise un Né en 1948 d'un père combattant polonais dans les rangs de deuxième référendum sur le sujet. Mais, est-ce réellement l'armée britannique et d'une mère irlandaise, cet europhile, envisageable ? à l'aise avec la langue de Molière, a d'abord commencé sa carrière comme journaliste à la BBC, durant 8 ans, avant C'est l'une des nombreuses questions que lui poseront les d'en être licencié et de gravir ensuite les échelons au sein étudiants de Sciences Po Bordeaux aujourd'hui, à partir de 17 du Parti Travailliste. Un parti qu'il a grandement contribué à heures, lors de cette Rencontre Sciences Po Bordeaux / Sud faire évoluer dans les années 1990. Ouest, qui se déroulera au cinéma Jean-Eustache de Pessac, Nicolas César, Sud Ouest, 22.11.2017 12
Rencontre du 23 novembre 2017 | En partenariat avec le Festival International du Film d'Histoire de Pessac " So British ", et si européen PESSAC Denis MacShane, ancien ministre de Tony Blair, a évoqué hier son parcours, le Brexit, la gauche, devant les étudiants de Science Po Bordeaux. Ancien journaliste à la BBC, ardent francophile, " so British " l'apartheid... Une histoire de la gauche affleure à travers ces dans son expression urbaine et caustique, Denis MacShane souvenirs. " On voulait changer le monde. Dans une certaine a répondu avec gourmandise, hier après-midi, aux questions mesure, on a réussi. Quand j'ai commencé ma carrière, on des étudiants de Sciences Po Bordeaux. Cette rencontre, envoyait des gays en prison, les femmes n'avaient pas le conduite par Nicolas César, journaliste à Sud Ouest, avait droit d'avorter... " lieu dans le cadre du Festival international du film d'histoire. Cette génération a poussé le devoir de s'engager jusqu'à Denis MacShane fut ministre de Tony Blair aux affaires " l' erreur " : la guerre en Irak en 2003, qu'il a soutenue comme européennes, de 2002 à 2005. Cet Européen convaincu n'a ministre, et qu'il regrette. " Ma génération, issue de mai 68, jamais mis le drapeau bleu étoilé dans sa poche, malgré a regardé avec indignation la non-intervention au Rwanda la vigueur de l'euroscepticisme dans son pays. Comment ou à Srebrenica. Face à ces tragédies, on a conçu le devoir explique-t-il qu'une majorité de ses compatriotes aient, d'ingérence. Mais en Irak, puis plus tard en Libye, le prix des en juin 2016, fait le choix du Brexit ? " C'est l'expression interventions est nettement plus élevé que les gains, hélas ". soudaine d'un nationalisme anglais qui n'avait quasiment pas d'existence politique ces cinquante dernières années " Julien Rousset, Sud Ouest, 24.11.2017 a-t-il estimé. S'engager jusqu'à l'erreur Ce vote contre l'Union européenne était aussi un vote " anti-immigrés " selon Denis MacShane, qui invite à parler de Brexit " au pluriel ". " Plusieurs scénarios sont possibles. Je ne crois pas que les élites du parti conservateur soient prêtes à un tel suicide. Je pense que le Royaume-Uni va bien sortir, politiquement, de l'Union européenne : plus de députés, plus de commissaire... Mais une forte intégration économique sera maintenue. Pour Theresa May, premier ministre, c'est compliqué. Elle doit gérer son parti, l'opinion publique... Sa situation me rappelle celle du général de Gaulle au sujet de l'Algérie, à la fin des années 1950 ". Questionné sur son parcours, Denis MacShane est revenu sur les événements qui ont fondé son engagement à gauche, comme celui de ses camarades " Cohn-Bendit, Kouchner ". Le soutien à Solidarnosc en Pologne, l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981, le combat contre 13
#7 DE LA PRESSE 1er décembre 2017 François HOLLANDE le monde ne suffit jamais 14
A llez savoir pourquoi ? Les relations internationales, vues depuis les « grands de ce monde », ce sont d’abord des images. Et ce n’est pas nouveau… Peut-être que le jeune François Hollande, délaissant sa collection de petites voitures et abandonnant, pour un temps seulement, ses crampons et son ballon de foot, a contemplé, dans son Rouen natal, l’hôtel de Bourgtheroulde et ses bas-reliefs en pierre représentant le Camp du Drap d’Or. En juin 1520, près de Calais, trois jeunes hommes de moins de 30 ans, trois chefs d’État, se rencontrent. Comme quoi, il en fut, certes jadis, des plus jeunes qu’aujourd’hui… On dirait un titre inspiré de Sautet : François, Henri, Charles… sans les autres. François, 25 ans c’est le Français. Henri, l’Anglais, va fêter ses 29 ans à la fin du mois et Charles, l’Espagnol, est le benjamin du trio : il a 20 ans. Il finira Empereur. Ils sont beaux, ils sont brillants, ils se toisent, ils se combattront. Des images… dont le pouvoir ne cesse d’interroger. Des images et puis des mots : la mémoire des relations internationales Trois vieux messieurs, engoncés dans leur pardessus. Il fait froid. On est en février. Même en Crimée, il fait froid en février. Sur la gauche de la photo, le plus âgé : Churchill, 71 ans, son éternel « N°3 » entre les doigts. Celui du milieu mourra dans deux mois et un jour, c’est pourtant le plus jeune : Roosevelt, 63 ans. À droite, assis comme un soudard, la moustache broussailleuse et le regard narquois. Il est en grand uniforme de l’Armée rouge, il trône et plastronne. Normal, il « joue » à domicile : Staline, 67 ans. Ils sont à Yalta, ils viennent de se partager le monde, leur ordre durera près de 45 ans. Un ordre dur, stable, où les superpuissances se battront en sous-traitance. Un temps de ruines, un temps de peurs, mais aussi un temps d’équilibre de la terreur. Le temps dans lequel grandit celui qui va diriger son pays pendant cinq ans et qui devra le conduire au milieu des récifs des relations internationales : François Hollande. Des images on vous dit… Celles du général de Gaulle en Pologne, en 1967… La foule est en liesse du début à la fin de son voyage qui dure… une semaine entière du 6 au 12 septembre. Des images… Mais aussi des mots parfois étranges : « Vive Zabrze, la ville la plus silésienne de toute la Silésie, c’est- à-dire la plus polonaise de toutes les polonaises ». Personne ne comprend vraiment. Mais c’est du de Gaulle, donc c’est sublime, forcément sublime. On avait mieux compris quelques semaines plus tôt, le 24 juillet, le fameux : « Vive le Québec libre ! » au balcon de l’hôtel de ville de Montréal. Le gouvernement fédéral canadien aussi avait parfaitement compris le message. Le général était arrivé sur le croiseur « Colbert », il repart en avion, sans passer par la case « Ottawa ». Il arrive que les relations internationales tournent court… Des images encore… Reykjavik, 31 mai 1973. Un homme au visage bouffi, Georges Pompidou, descend la passerelle de l’avion présidentiel. Les Français découvrent que leur président n’a pas la grippe, qu’il est très malade. Il décèdera le 2 avril 1974. Huit mois plus tard, au bord de la piscine, en décembre 1974, Giscard et Ford sirotent un cocktail. Ils sont en train d’inventer le G7, préfiguration de la mondialisation des échanges à venir. Il fait chaud, il fait beau, les corps luisent. Pendant ce temps-là, à Paris, le premier ministre Chirac est en train de prendre d’assaut le parti gaulliste. Et de préparer sa guerre de trente ans contre VGE. Des images toujours. Cancún (Mexique) 22 et 23 octobre 1973. Paroles de Régis Debray, musique de Jack Lang, à la baguette le maestro Mitterrand. La Sierra Maestra, berceau du castrisme voisin, semble avoir envahi le Yucatan. Quand la France parle au tiers-monde, elle se met en 15
Rencontre du 1er décembre 2017 | En partenariat avec les Tribunes de la Presse scène. Quand elle dit que « la maison brûle et que nous matière d’images et de mots : la voilà la martingale, la ligne regardons ailleurs » par la voix de son président Chirac, elle claire, l’émotion parvenue à son acmé. Les cris, les drapeaux, se veut universelle. C’est à Johannesburg, le 2 septembre la foule… Presque comme de Gaulle sur les Champs, le 2002. 26 août 1944 : « Ah !... C’est la mer ! ». Alors cet homme si pudique, si maître de ses émotions, ce François Hollande François Hollande, président dans que tous s’accordent à dire impénétrable, insaisissable, un monde dangereux plus que secret, mutique sur lui autant qu’il est drôle et bavard sur tout, ce président qui n’a encore rien connu Toutes ces images, François Hollande, le président qui ne du régalien, qui a pris, trois semaines plus tôt, seul et en fut jamais ministre (le seul depuis que la Ve République quelques heures la décision de frapper les pick-up d’AQMI existe), les connaît par cœur. Parce qu’il est féru d’histoires. qui fonçaient sur Bamako, cet homme se lâche et dit : Celle du Camp du Drap d’Or comme celle de Mitterrand « C’est le jour le plus important de ma vie politique ». et Kohl main dans la main à Douaumont ; celle de Yalta Pourquoi dit-il cela au fait ? L’a-t-il jamais avoué ?... comme celle des milliers de Berlinois de l’Est marchant sans « On ne devrait jamais revenir de Tombouctou ». but dans les rues de Berlin Ouest un soir de novembre. Le premier soir du nouveau monde qui naît le 9 novembre Surtout pour connaître 1989. Et une question hantera François Hollande tout le le sang et les larmes, les long de son mandat, peut-être encore aujourd’hui : « quelle tragédies à l’état brut : « Comment voit-on image retiendra-t-on de moi en matière de relations du 7 janvier 2015 au 14 internationales ? ». juillet 2016 en passant la mondialisation depuis par la terrible nuit du le perron de l’Élysée ? Dans « Un monde en pleine (r)évolution », thème des 7e 13 novembre. Des Tribunes de la Presse, dont Sciences Po Bordeaux est encore assassinats antisémites François Hollande une fois partenaire, comment voit-on la mondialisation de l’Hyper Casher va répondre à cette depuis le perron de l’Élysée ? François Hollande va répondre au meurtre du père à cette question directrice et à toutes celles que lui poseront Hamel. Mais il y eut question directrice et les élèves de l’Institut bordelais. Mais pour ce qui concerne aussi les 44 chefs d’État la trace, l’irrémédiable, l’inaccessible trace, celle qu’il aura et de gouvernement, à toutes celles que lui voulu laisser dans l’histoire des relations internationales de venus du monde entier poseront les élèves de la France, il n’aura pas forcément la réponse. Tant il est vrai le 11 janvier 2015, à que l’on ne peut être juge et partie. ses côtés, l’entourant, l’Institut bordelais. » comme on enlace un Dans un monde totalement interdépendant, où les menaces ami dans le malheur. des « États-puissances » rivalisent désormais avec celles du La Chancelière, toute de douceur et de compassion, sa tête terrorisme mondialisé et les périls des conflits asymétriques, sur l’épaule de l’ami François. Et ce vieux pays qui tient le si tout est politique, tout relève aussi des relations coup malgré tout. Des images et des visages… La mort qui internationales. Parce que tout est lié. Le jury étudiant rôde tout le temps autour de la Présidence. abordera les grands chapitres des relations de la France avec le monde entier : l’écologie, la défense, l’économie, La trace, François H., toujours la trace… les voies de l’influence. Le président Hollande, du 15 mai 2012 au 14 mai 2017, pendant ces cinq ans moins un jour, Au final, au temps du bilan, que retiendra l’Histoire ? a sillonné le monde entier. Nathalie Guibert et Marc Semo, L’Europe : coup de main à la Grèce ou coup manqué pour deux des meilleurs spécialistes de « l’international » au le « couple franco-allemand » ? La COP 21 : coup de com’ « Monde », pas vraiment du genre à se laisser impressionner, ou coup de maître diplomatique pour la planète ? La tant ils en ont vu, précisent dans un article publié à la toute Syrie : coup perdu par lâchage d’Obama et coup gagnant fin du quinquennat (11 mai 2017), que François Hollande pour Poutine ? L’Ukraine : coup d’épée dans l’eau de la mer a battu un record : « 260 voyages » écrivent-ils. Ils sont Noire ? La Centrafrique : le génocide évité (de justesse) ? même tellement bluffés, nos deux grands experts des La finance internationale et l’argent fou des « Panama « affaires étrangères » comme on disait jadis, qu’ils en papers » : coups tordus et/ou coups fourrés ? La politique inversent les chiffres : en réalité il s’agit de 206 déplacements, de défense : coups commerciaux et coup d’arrêt à la dans 77 pays, soit 23 % de plus que son prédécesseur (« Le réduction des dépenses militaires ? Les « actions homos » : Monde », 27 mars 2017). coups au but contre les leaders de DAESH ou coups montés pour rassurer les Français ? Tout cela : coups de pouce au Grandeur et solitude d’une destin ou coups de bluff au poker international ? La trace, présidence tragique François H., toujours la trace… Le temps qui passe ne signifie pas que les traces passent avec le temps. Elles surgissent On connaît la réplique. C’est du Audiard dans le dialogue parfois des profondeurs de l’oubli. Et l’on comprend alors des « Tontons » : « Il ne faudrait jamais quitter Montauban ». combien elles étaient marquées, droites et profondes. Peut-être que François Hollande, de retour en France après le 2 février 2013, s’est fait, à lui-même, ce doux reproche : « Il L’équipe des « Rencontres ne faudrait jamais revenir de Tombouctou ». Car enfin, en Sciences Po Bordeaux / Sud Ouest » 16
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