Vers des scènes plus vertes - Label THQSE Suisse

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Vers des scènes plus vertes - Label THQSE Suisse
Vers des scènes plus vertes - Le Courrier                       12.02.21 13:20

                SCÈNE

                Vers des scènes plus
                vertes
                Alors que les théâtres sont paralysés par
                la crise sanitaire, des initiatives naissent
                en Suisse romande pour encourager des
                pratiques écoresponsables. Un écolabel
                est lancé.
                JEUDI 11 FÉVRIER 2021 CÉCILE DALLA TORRE

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Le Théâtre Forum Meyrin a entamé une démarche écologique pour tenter de réduire ses émissions de gaz à effert de
serre. LUANA MASSARO

                ENVIRONNEMENT  En pleine pandémie, le secteur culturel lutte
                pour sa survie alors que tout est à l’arrêt et que les publics
                ne peuvent plus être accueillis, sur le territoire romand
                comme ailleurs; seule l’Espagne fait exception en gardant ses
                théâtres et cinémas ouverts grâce à un protocole sanitaire
                renforcé.

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                Mais la crise du Covid-19 n’a pas complètement éclipsé
                l’autre crise, celle que traverse notre planète, et que
                thématisent de plus en plus d’artistes sur les plateaux de
                théâtre. Comment dès lors agir pour enrayer la catastrophe
                écologique? Le metteur en scène François Gremaud, par
                exemple, Prix Suisse de théâtre 2019, invite chacun.e à
                réfléchir à des moyens d’action individuels en relayant la
                prise de conscience du chercheur français Aurélien Barrau,
                qu’il adapte pour la scène dans son spectacle Auréliens –
                 présenté jusque-là en streaming faute de mieux par le
                Théâtre de Vidy.

                Mutualiser les tournées
                Si la directrice du Théâtre Christian Liger de la Ville de
                Nîmes, Stéphanie Gainet, est en pourparlers avec la
                2b company pour programmer Auréliens dans sa salle, c’est
                aussi pour elle un moyen de ménager une place à la
                problématique environnementale dans sa programmation.
                En France, les théâtres commencent seulement à s’intéresser
                à la question, développe-t-elle. «La réflexion se trouve
                beaucoup du côté des compagnies, qui réfléchissent en
                termes de mutualisation. Les compagnies de cirque se
                déplacent souvent en semi-remorque et doivent chauffer des
                chapiteaux à fond. Une compagnie de rue nîmoise se pose
                actuellement la question de baisser ses coûts de cession pour
                sa prochaine création et obtenir quatre ou cinq dates de
                tournée dans une même région plutôt que de faire un one
                shot à un prix plus élevé.»

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                En France comme en Suisse, l’urgence climatique a fait
                surgir ces derniers mois des questionnements dans le milieu
                théâtral et des arts de la scène, gourmand en éclairage et en
                décors, et mobile du fait des tournées. Si l’on concevait une
                autre manière de faire des spectacles, plus écologique et
                solidaire, respectueuse du vivant? Nouveau médiateur du
                Théâtre du Jura, l’auteur Camille Rebetez n’a pas attendu la
                crise du coronavirus pour corédiger une Charte des artistes,
                acteurs et actrices culturelles pour le climat avec le
                dessinateur Tom Tirabosco et le dramaturge Pierre-Louis
                Chantre, conseiller artistique du Théâtre Forum Meyrin
                (TFM). Pour les corédacteurs, envisager l’avenir de manière
                plus verte commence par un bilan carbone des œuvres et
                créations artistiques.

                Celui du TFM a été initié par l’entreprise meyrinoise Maneco,
                qui officie depuis une quinzaine d’années principalement
                dans le secteur de l’environnement et la durabilité auprès
                des entreprises et des collectivités. «Dans le domaine
                culturel, nous avons entamé un ​projet-pilote au Théâtre
                Forum Meyrin, explique Laura Dias. Le processus est ralenti
                par la pandémie, mais l’idée est de réaliser une empreinte
                carbone du théâtre afin de réduire ses émissions de gaz à
                effet de serre. Nous effectuerons un bilan carbone pour une
                saison type mais de manière globale, toutes les données du
                théâtre et celles des compagnies étant prises en compte. Le
                plus intéressant est la question de la mobilité et des
                transports, et des matériaux utilisés pour les décors.»

                Impact écologique
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                Grâce à la politique énergétique proactive de la Ville de
                Meyrin, qui a obtenu à deux reprises le label Gold, la salle de
                spectacle a pu entreprendre une démarche écologique, se
                félicite Anne Bruschweiler. «Après avoir signé la Charte, je
                me suis demandé comment agir pour réduire notre impact
                écologique en tant que directrice d’un théâtre d’accueil. Il
                fallait partir d’un diagnostic sur la manière dont les
                compagnies travaillent et se déplacent, et étudier les
                déplacements des publics.» Ces enjeux majeurs préoccupent
                de plus en plus les structures culturelles et les pouvoirs
                publics qui les subventionnent. Situé dans les hauts du Parc
                La Grange, à Genève, le Théâtre de l’Orangerie (TO) s’est
                donné pour mission d’explorer les liens entre l’humain et la
                nature depuis qu’il est dirigé par Andrea Novicov – grâce
                aussi à l’impulsion de Delphine Avrial à ses côtés durant les
                deux premières saisons.

                Le TFM vient de faire don de son gradin à Matériuum. LDD

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                D’abord chargée de la communication du TO puis assistante
                de direction, elle implante aujourd’hui en Suisse romande
                l’écolabel THQSE dans le secteur culturel (lire interview ci-
                dessous) pour aider les institutions à opérer leur transition
                écologique en douceur. «Je m’investis sur le terrain en
                proposant des outils fédérateurs et en mutualisant les
                bonnes pratiques.»

                Privilégier les circuits courts et le local, par exemple, c’est
                déjà ce que fait le Poche/GVE, également précurseur en
                matière de langage épicène et inclusif. Cet aspect est aussi
                englobé dans la Responsabilité sociétale des entreprises
                (RSE), que l’écolabel THQSE aide à mettre en avant. Le
                Poche a par ailleurs innové en utilisant une scénographie
                unique pour plusieurs spectacles de sa saison. Sollicitée par
                le Poche et le TFM avant la pandémie, la Ville de Genève
                appuie ces dynamiques – elle avait émis un préavis favorable
                à la réalisation d’un même écobilan généralisé à toutes les
                institutions théâtrales placées sous sa tutelle. «La démarche
                reste une voie intéressante car elle permet d’agir vite et de
                manière ciblée», souligne Félicien Mazzola, collaborateur de
                Sami Kanaan, maire de Genève et magistrat en charge de la
                culture et de la transition numérique.

                Réemploi des décors

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                Du côté des compagnies indépendantes, la centralisation des
                décors à des fins de réemploi est l’une des principales pierres
                d’achoppement. Or cette solution permet de réduire
                considérablement le gaspillage et les déchets, ainsi que les
                trajets jusqu’à des lieux de stockage parfois éloignés.

                Selon la codirectrice technique du Grütli, Joana Oliveira, le
                coût prohibitif de location d’espaces de stockage empêche les
                efforts de mutualisation visant à faciliter le partage et la
                réutilisation. «Malgré les efforts déployés, aucune démarche
                n’a jamais abouti à cause du prix, de la difficulté de trouver
                un lieu et d’un manque de ressources humaines pour le
                gérer.» Eric Devanthéry, metteur en scène genevois, abonde.
                «Toutes les tentatives menées jusque-là se sont heurtées au
                prix du m2. Il faudrait qu’on puisse disposer de 300 ou
                400 m2 à l’abri pour pouvoir stocker nos décors.»

                Des questions soulevées dans le Manifeste pour un théâtre
                écologiquement responsable impulsé par sa compagnie
                Utopia. Initié à plusieurs mains, dont celles de l’auteure de
                ces lignes, le texte est un outil participatif, disponible en
                ligne, à l’adresse des compagnies désireuses de le faire
                évoluer et d’y ajouter leurs bonnes pratiques. «Un objet
                évolutif et transformable, enrichi par les épreuves du
                concret et nourri de ses résultats, quels qu’ils soient.»

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                Tamara Fischer, comédienne et metteure en scène, a
                participé à l’élaboration du manifeste et l’a mis en pratique
                dès son lancement il y a quelques mois. Elle s’est parfois
                heurtée à des réflexes d’achat de matériaux neufs dans de
                grandes enseignes alors qu’elle préconisait la
                transformation de matériaux usagés sur un mode
                décroissant.

                Des artistes comme la danseuse et chorégraphe Marcela San
                Pedro ou le comédien Michel Lavoie ont manifesté leur
                intérêt à mettre le manifeste en œuvre en démarrant de
                futurs projets artistiques – Michel Lavoie, Jean Valjean dans
                la mise en scène des Misérables de la compagnie Utopia, est
                aussi à la tête de sa compagnie fribourgeoise.

                Des stocks de costumes
                Quid des costumes et accessoires scéniques? Ils n’échappent
                pas non plus aux problématiques de stockage. Favoriser leur
                réemploi en les centralisant et les inventoriant dans un
                même espace, c’est le cheval de bataille du Vestiaire, stock
                vestimentaire de l’association Costumières & Cie, qui
                regroupe plus d’une trentaine de professionnel.le.s des
                métiers du costume. Le Vestiaire est aujourd’hui à l’étroit
                dans ses murs genevois et cherche à s’agrandir.

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                «Pour une costumière, c’est terrible de mettre un costume à
                la poubelle, pour plein de raisons, entre autres écologiques.»
                La partie «costumes» du manifeste, à savoir recourir le plus
                possible au seconde-main et au fait-maison, n’est viable que
                s’il existe des stocks de costumes à disposition, explique la
                costumière Valentine Savary, également partie prenante du
                texte. «Plus il y a de stocks, mieux c’est! Plus un costume est
                utilisé, plus son bilan carbone se réduit. Pareil pour les
                chaussures, chapeaux, accessoires en tout genre.»

                A Genève, la MACO acccueille Matériuum. LDD

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                «Rien ne se perd, tout se transforme.» Le slogan de
                Matériuum vaut aussi pour le milieu théâtral, qui alimente
                cette précieuse ressourcerie genevoise créée en 2014 – et en
                bénéficie en retour dans une dynamique solidaire et
                participative. Donner une seconde vie aux matériaux grâce
                à la réutilisation et au réemploi? Panneaux de bois, matière
                brute, châssis, ferraille, tissus, moquette, décors de théâtre
                ou d’expo, l’organisme bénévole récupère ces éléments et les
                revend moitié prix de leur valeur neuve. Il vient par exemple
                de recevoir un don d’énormes miroirs du Théâtre de Vidy,
                300 m2 de plancher du Grand Théâtre de Genève ou un
                gradin et des rideaux rouges du Théâtre Forum Meyrin,
                nous confie Vincent Burais, l’un des bénévoles de l’équipe.

                Le concept a du succès, Matériuum ayant été lauréate de la
                Bourse cantonale du développement durable 2015 et
                finaliste du concours IDDEA (Idées de Développement
                durable pour les Entreprises d’Avenir). La ressourcerie vient
                de quitter ses 80 m2 au Vélodrome pour intégrer 320 m2
                dans la zone industrielle de Châtelaine. Elle y a rejoint le
                Grand atelier (de bricolage), la Manivelle (location d’objets),
                Sipy (troc de vêtements) et le Fab Lab Onl’fait (lieu de
                fabrication numérique) au sein de la MACO, Manufacture
                collaborative. L’économie circulaire sauvera-t-elle la
                planète?

                   LES REMORQUES DU THÉÂTRE DE LA
                   COLLINE

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                   Né au Liban et formé au Québec, le dramaturge et metteur en scène de
                   théâtre Wajdi Mouawad dirige le Théâtre de la Colline, à Paris, depuis
                   2016. Il a souhaité que la diversité culturelle et l’égalité femmes-hommes
                   soient inscrits dans l’ADN du lieu. «C’est une vision assez large de
                   l’écologie, qui touche aussi les aspects immatériels», raconte Arnaud
                   Antolinos, secrétaire général du théâtre. Cette institution publique,
                   productrice de spectacles, ne programme que des auteur-e-s
                   contemporain-e-s – Léonora Miano, Alexandra Badea, Valère Novarina,
                   etc. – et leur passe des commandes d’écriture. «Pirandello ou Shakespeare
                   n’ont pas besoin de nous. En revanche, quand un-e auteur-e de théâtre
                   n’est pas joué de son vivant, il ou elle n’a aucune chance de passer à la
                   postérité.» Hors crise sanitaire, quatre à cinq productions du théâtre
                   tournent en général chaque saison dans le monde, dont celle de son
                   directeur-artiste. «L’année de la Covid, nos spectacles devaient être joués
                   en Chine, au Japon, en Belgique, etc. Pour les tournées internationales,
                   nous utilisons volontiers un double décor. Le même décor est conçu une
                   fois, mais produit deux fois.» L’un part dans un pays pendant que le second
                   est envoyé ailleurs. Certains spectacles sont gardés dans les «stocks» de la
                   Colline. Produit en 2008, Seuls , solo autobiographique de Wajdi
                   Mouawad, a tourné pendant treize ans.

                   Le réemploi, le recyclage et le don de décors fabriqués dans l’atelier de
                   construction de la Colline sont courants. «Le concepteur d’un décor
                   réutilise des éléments d’un décor d’une précédente création: quincaillerie,
                   châssis, matériaux démembrés restent la propriété de nos ateliers.» S’il est
                   rare que les décors finissent à la benne ou qu’ils soient réutilisés tels quels
                   pour une autre création, ils sont souvent démantibulés pour en récupérer
                   les pièces. Ils seront désormais entreposés dans un lieu unique en région
                   parisienne, les deux espaces de stockage distincts du théâtre, dont un situé
                   à près de deux heures de route, ayant fusionné pour privilégier des circuits
                   courts. La Colline a aussi fait l’acquisition de remorques pour y stocker les
                   décors des productions prêtes à partir en tournée. CDT

                www.charteclimatculture.ch
                www.lespetitsvaincront.ch
                www.lamaco.ch

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                L’art du label culturel
                s’implante en Suisse
                VENDREDI 12 FÉVRIER 2021 CORINNE JAQUIÉRY

                Titulaire d’un doctorat en pharmacie, Delphine Avrial a
                choisi de travailler dans le secteur culturel et plus
                précisément dans le milieu théâtral. Pendant près de dix
                ans, elle est responsable de communication au Théâtre
                Equilibre-Nuithonie, à Fribourg. Par intérêt personnel,
                elle entreprend parallèlement un master en sciences de
                l’environnement. Devenue indépendante, chargée de
                projets sur mandat auprès de différentes organisations
                culturelles, cette affamée de savoir, attentive aux enjeux
                sociétaux, lance le premier label pour plus
                d’écoresponsabilité dans la sphère artistique romande. A
                terme, elle espère qu’il soit une référence pour la
                mutualisation des ressources et la formation dans ce
                domaine.

                Comment avez-vous eu envie de vous attaquer à la
                création complexe d’un label destiné aux structures
                culturelles romandes?

                Delphine Avrial: Au début de ma pratique de chargée de
                communication, j’ai pu observer que mon poste était un
                des premiers consommateurs de ressources de notre
                institution, avec la technique et la scénographie. Au
                quotidien, aucun service n’a autant d’impacts
                écologiques que le secteur de la communication

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                (utilisation de papier pour les programmes, affiches,
                flyers, dossiers de presse, encres, colles, etc.). J’ai
                commencé à me poser des questions sur les effets du
                fonctionnement d’un théâtre sur l’environnement. J’ai
                voulu suivre un master en sciences de l’environnement
                afin d’obtenir des bases solides pour agir et mettre des
                mesures en place dans le cadre de mon activité
                professionnelle. Puis, lors de la rédaction de mon
                mémoire, entre 2017 et 2018, j’ai commencé à
                questionner différents acteurs-trices culturel-le-s et
                politiques sur l’intérêt de la création d’une charte pour les
                aider à mettre en place des pratiques plus écologiques.
                Beaucoup y étaient favorables. Entre-temps, la Charte des
                artistes, acteurs et actrices culturelles pour le climat a été
                élaborée. J’ai décidé de rebondir et d’aller encore plus loin
                en développant un label qui propose des outils concrets.

                En quoi être labellisée peut-il aider une structure
                culturelle?

                Un label écoresponsable peut être complémentaire à une
                charte. Les actions engagées par l’organisation culturelle
                sont ainsi reconnues et structurées, et un suivi des
                démarches est mis en place. Cela peut inciter les
                structures à se fédérer autour d’enjeux communs et du
                partage de bonnes pratiques. Avec une valorisation des
                actions en toute transparence et la reconnaissance des
                efforts entrepris. Quant au public, il a l’assurance de
                fréquenter un lieu dont la direction et l’équipe portent des

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                valeurs éthiques et travaillent quotidiennement à intégrer
                des actions et des mesures vertueuses dans ses pratiques
                et ce, dans tous les domaines d’activités.

                «L’idée du label est d’être un outil incitatif qui anticipe la législation à
                venir» Delphine Avrial

                Vous avez choisi d’adapter le label THQSE français pour la
                Suisse. Qu’est-ce que cet acronyme signifie?

                Il existe beaucoup de labels en tous genres, mais pour
                qu’un label soit pérenne et de qualité, il est crucial qu’il
                suive des réglementations strictes et qu’il soit certifié par
                un organisme accrédité indépendant. C’est un travail de
                longue haleine pour parvenir à élaborer un outil
                pragmatique et pertinent. C’est le cas de THQSE, qui
                signifie Très haute qualité sociétale-sociale-sanitaire et
                environnementale. J’avais d’abord cherché ce qui existait
                en matière de label en responsabilité sociale réservé au
                domaine culturel en Suisse. Je n’en ai pas trouvé de
                spécifique. Il y a bien le label BCorp, importé des Etats-

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                Unis, qui atteste que les entreprises labellisées ne visent
                pas uniquement des objectifs de rentabilité, mais
                également de durabilité. Mais il est surtout adapté aux
                sociétés commerciales.

                En revanche, s’il y a pléthore d’outils proposés comme
                Boussole 21 ou la nouvelle plateforme fédérale
                d’évaluation de la durabilité, ils ne sont pas forcément
                relayés. Quant à la possibilité de suivre les normes
                ISO 26000 (responsabilité sociale et environnementale)
                et 14000 (management environnemental), c’est faisable,
                mais relativement complexe à mettre en place. J’ai donc
                noué un partenariat avec l’agence française Primum Non
                Nocere, experte en stratégie RSE (Responsabilité sociétale
                des entreprises), qui travaille au développement de cette
                démarche dans le milieu médical depuis dix ans et qui a
                également labellisé un premier théâtre en France en
                décembre 2019, à Béziers. Celui-ci a dû réaliser une série
                de procédures qui font partie intégrante de la démarche
                de labellisation: bilan carbone, évaluation de la qualité de
                l’air et des champs électromagnétiques, recherche des
                perturbateurs endocriniens, etc.

                Comment être labellisé-e?

                Les structures intéressées travaillent sur tous les champs
                de la responsabilité sociétale et de la santé
                environnementale. A la suite d’un audit à blanc, je leur
                soumets une stratégie RSE, des recommandations
                spécifiques ainsi que des objectifs concrets à atteindre.
                L’idée du label est d’être un outil incitatif qui anticipe la
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                législation à venir, avec des instruments dédiés de soutien
                à une démarche écoresponsable, tels que des guides ou
                des répertoires d’experts avec une plateforme en ligne. Le
                label peut être obtenu en un, deux ou trois ans, selon le
                niveau d’implication de l’organisation. Lors du processus
                de labellisation, la structure peut aussi être accompagnée
                in situ. Il y a plusieurs enjeux à considérer, qui
                s’articulent autour de quatre piliers centraux:
                économique, social, environnemental, sociétal, avec des
                pistes de solutions pour toutes ces thématiques.
                Plus d'informations sur : www.labelthqse.ch

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