VOLAILLES ET ŒUFS Vers l'intégration des filières et la pénétration croissante des entreprises étrangères
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Chine – Volailles et œufs 115 VOLAILLES ET ŒUFS Vers l’intégration des filières et la pénétration croissante des entreprises étrangères par Madame Pascale Magdelaine Responsable service Économie et Madame Camille Deman Chargée d’études Institut Technique de l’Aviculture (ITAVI) et Abcis
116 Le DÉMÉTER 2017 Liste des illustrations TABLEAU 1 CHINE : PRINCIPALES PHASES DE DÉVELOPPEMENT DE L’AVICULTURE PAR FILIÈRES (VOLAILLES DE CHAIR ET ŒUFS) DEPUIS LES ANNÉES SOIXANTE TABLEAU 2 ÉVOLUTION DES EXPORTATIONS CHINOISES DE VIANDE DE VOLAILLES EN VOLUME ET EN VALEUR ENTRE 2001 ET 2014 CARTE 1 CHINE – VOLAILLES DE CHAIR : LA PRODUCTION CONCENTRÉE DANS LES PROVINCES CÔTIÈRES DE L’EST CARTE 2 CHINE – ŒUFS DE CONSOMMATION : LA PRODUCTION HISTORIQUEMENT CONCENTRÉE DANS LES PROVINCES PRODUCTRICES DE GRAINS GRAPHIQUE 1 CHINE − VOLAILLES : ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION DE 1961 À 2013 GRAPHIQUE 2 CHINE − ŒUFS : ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION DE 1961 À 2013 GRAPHIQUE 3 CHINE − VOLAILLES DE CHAIR : RÉPARTITION DE LA PRODUCTION DANS LES GRANDES PROVINCES PRODUCTRICES ET DYNAMIQUES D’ÉVOLUTION ENTRE 2003 ET 2012 GRAPHIQUE 4 CHINE − VOLAILLES DE CHAIR : ÉVOLUTIONS ENTRE 2002 ET 2010 DES VOLUMES PRODUITS SELON LA TAILLE DES FERMES GRAPHIQUE 5 CHINE − ŒUFS : RÉPARTITION DE LA PRODUCTION DANS LES GRANDES PROVINCES PRODUCTRICES ET DYNAMIQUES D’ÉVOLUTION ENTRE 2003 ET 2012 GRAPHIQUE 6 CHINE − ŒUFS DE CONSOMMATION : ÉVOLUTIONS ENTRE 2002 ET 2010 DES VOLUMES PRODUITS SELON LA TAILLE DES ÉLEVAGES GRAPHIQUE 7 CHINE − VOLAILLES : ÉVOLUTION DEPUIS 2001 DES ÉCHANGES EXTÉRIEURS DE VIANDE EN VOLUME GRAPHIQUE 8 CHINE − VOLAILLES : ÉVOLUTION DEPUIS 2001 DES ÉCHANGES EXTÉRIEURS DE VIANDE EN VALEUR
Chine – Volailles et œufs 117 GRAPHIQUE 9 CHINE : PARTS COMPARÉES DES PRINCIPAUX PRODUITS À BASE DE VIANDE DE VOLAILLES IMPORTÉS ENTRE 2009 ET 2014 GRAPHIQUE 10 CHINE − VOLAILLES : ÉVOLUTION EN VOLUME DES IMPORTATIONS DE VIANDES PAR PAYS D’ORIGINE ENTRE 2001 ET 2014 GRAPHIQUE 11 CHINE − VOLAILLES : ÉVOLUTION EN VALEUR DES IMPORTATIONS DE VIANDES PAR PAYS D’ORIGINE ENTRE 2001 ET 2014 GRAPHIQUE 12 CHINE : PARTS COMPARÉES DES PRINCIPAUX PAYS EXPORTATEURS DE VIANDE DE VOLAILLES SUR LES PÉRIODES 2007 – 2009 ET 2012 – 2014 GRAPHIQUE 13 CHINE − ŒUFS & OVOPRODUITS : ÉVOLUTION EN VALEUR DES EXPORTATIONS ENTRE 2005 ET 2014 GRAPHIQUE 14 ÉVOLUTION COMPARÉE DE LA CONSOMMATION TOTALE DE POULET EN CHINE ET AUX ÉTATS-UNIS ENTRE 1988 ET 2012 GRAPHIQUE 15 ÉVOLUTION COMPARÉE DE LA CONSOMMATION INDIVIDUELLE DE POULET EN CHINE ET AUX ÉTATS-UNIS ENTRE 1988 ET 2012 GRAPHIQUE 16 CHINE : STRUCTURE ET PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION À 2020 DES CIRCUITS DE DISTRIBUTION DES VOLAILLES SELON LA CHAÎNE MCDONALD’S
118 Le DÉMÉTER 2017 Sommaire de l’article INTRODUCTION 1. PRODUCTION AVICOLE : DYNAMIQUES, STRUCTURE ET LOCALISATION 1.1. LES PRINCIPALES PHASES : UN DÉVELOPPEMENT SPECTACULAIRE ET RÉCENT 1.2. LA PRODUCTION DE VOLAILLES DE CHAIR 1.2.1. Une production de poulets de chair issue de deux filières distinctes 1.2.2. Des structures de production en forte évolution 1.3. ZOOM SUR LA PRODUCTION DE CANARD 1.4. LA PRODUCTION D’ŒUFS DE CONSOMMATION : LOCALISATION ET STRUCTURES DE PRODUCTION 2. VERS L’INTÉGRATION DES FILIÈRES AVICOLES ET LA PÉNÉTRATION CROISSANTE DES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES 2.1. LA DÉPENDANCE CHINOISE EN MATIÈRES PREMIÈRES POUR L’ALIMENTATION ANIMALE ET EN GÉNÉTIQUE 2.1.1. Alimentation animale 2.1.2. Génétique aviaire 2.2. DES INDUSTRIES D’AVAL EN VOIE DE STRUCTURATION 2.3. CONTRATS DE PRODUCTION VERSUS INTÉGRATION ? 2.4. LES PRINCIPAUX ACTEURS INDUSTRIELS 3. LA CHINE IMPORTATRICE NETTE EN VOLAILLES, EXPORTATRICE EN ŒUFS ET EN OVOPRODUITS 3.1. UN FAIBLE DÉFICIT EN VOLAILLES DE CHAIR 3.2. UN SOLDE POSITIF EN ŒUFS ET OVOPRODUITS 4. LA CONSOMMATION INTÉRIEURE CHINOISE : DYNAMIQUES ET ENJEUX 4.1. UNE CONSOMMATION DE VOLAILLES DYNAMIQUE SUR LE LONG TERME 4.2. DES SEGMENTATIONS DE MARCHÉ ET DES CIRCUITS DE DISTRIBUTION VARIÉS SELON LES RÉGIONS ET EN FORTE ÉVOLUTION 4.3. UNE CONSOMMATION IMPACTÉE PAR LES SCANDALES SANITAIRES SUR LA PÉRIODE RÉCENTE 4.4. UNE CONSOMMATION D’ŒUFS ÉLEVÉE, MAIS ORIENTÉE À LA BAISSE SUR LA PÉRIODE RÉCENTE 5. CONCLUSIONS : PERSPECTIVES ET ENJEUX RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Chine – Volailles et œufs 119 INTRODUCTION 1. PRODUCTION AVICOLE : DYNAMIQUES, STRUCTURE Deuxième pays producteur de volailles et leader ET LOCALISATION mondial de la production d’œufs de consommation, la Chine a fortement développé son aviculture ces 1.1. Les principales phases : trente dernières années grâce à une demande inté- un développement rieure soutenue et à l’industrialisation de sa filière. spectaculaire et récent Produit de substitution bon marché face à la forte Si l’aviculture est très ancienne en Chine, elle est hausse du prix de la viande de porc, la volaille est restée une production traditionnelle jusqu’au début aujourd’hui la deuxième viande consommée dans le des années quatre-vingt. Son développement est pays, après la viande porcine et loin devant la viande intervenu plus tardivement qu’aux États-Unis ou en bovine. Europe où il s’est produit à partir des années cin- Cependant, sur la dernière décennie, le dynamisme quante. Il a coïncidé avec la mise en œuvre des des filières avicoles s’est sensiblement affaibli, en réformes économiques de 1979 qui ont favorisé la relation avec une demande impactée par différents transition de l’économie chinoise vers une économie facteurs défavorables comme la succession d’épi- de marché et, d’autre part, l’augmentation des reve- sodes d’influenza aviaire et de scandales sanitaires, nus qui ont permis une augmentation de la demande ainsi qu’une hausse du coût des matières premières en protéines animales. importées. Les difficultés actuelles conduisent donc De 1979 à 1990, la croissance de la production s’est à s’interroger sur les évolutions structurelles et accélérée, avec des rythmes de + 7,5 % par an pour organisationnelles de la filière dans un contexte la viande de volailles (Graphique 1) et + 10 % pour international de plus en plus concurrentiel et mar- les œufs (Graphique 2). Cette dynamique a bénéficié qué par des embargos commerciaux pour raisons des mesures de l’État en faveur des investissements, sanitaires. de la formation et des transferts de technologie, Graphique 1 CHINE − VOLAILLES : évolution de la production de 1961 à 2013 (en millions de tonnes − Source : FAO) 17 2,99 0,003 0,003 16 15 2,95 2,80 14 2,72 Viande : dinde 0,004 2,62 13 2,52 1,87 0,005 2,31 12 Viande : canard 2,18 2,15 11 1,95 1,92 1,85 1,91 10 Viande : poulet 1,87 9 1,60 1,28 0,002 1,46 8 13,37 7 1,29 13,20 12,58 12,18 11,75 6 11,30 1,08 10,72 0,60 0,003 10,16 0,98 0,79 9,97 1,45 0,34 0,005 5 9,48 9,45 1,17 0,30 0,006 9,17 0,67 9,06 8,85 0,85 0,23 0,005 0,49 0,14 0,003 0,65 0,20 0,004 8,17 0,55 0,16 0,003 7,95 4 7,24 6,14 6,06 3 5,15 4,57 2 3,59 3,17 2,66 1 0 1961 1963 1965 1967 1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013
120 Le DÉMÉTER 2017 Graphique 2 CHINE − ŒUFS : évolution de la production de 1961 à 2013 (en millions de tonnes − Source : FAO) 30 29 4,34 28 4,32 4,24 27 4,17 4,14 4,08 26 25 Œufs d'autres volatiles 3,82 24 3,69 3,66 3,58 23 3,53 22 3,38 3,34 3,30 21 3,23 20 Œufs de poule en coquille 3,06 19 4,05 2,88 18 17 3,38 16 15 2,99 14 13 24,79 24,66 24,23 23,82 23,63 23,29 12 21,83 2,39 11 21,04 20,94 20,50 20,18 19,66 19,15 10 18,91 18,51 2,06 17,53 9 16,48 15,94 1,87 8 13,70 1,61 7 12,09 1,10 6 9,69 5 8,40 7,59 4 2,34 0,59 6,56 1975 1,83 0,48 3 0,31 1,53 0,40 1965 1,310,34 4,45 2 1 1,21 0 1961 1963 1967 1969 1971 1973 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 Tableau 1 Chine : principales phases de développement de l’aviculture par filières depuis les années soixante Contexte politique et économique Filière Volailles de Chair Filière Œufs et ovoproduits Basses-cours individuelles 1960 − 1978 : économie centralement planifiée Activité d’appoint pour les ménages ruraux Croissance annuelle moyenne : + 4,6 % + 3,3 % Développement rapide de la production 1979 − 1990 : émergence de l’économie Investissement et développement d’élevages industriels socialiste et ouverture du marché Importations de matériel et de technologies occidentales dans les outils de transformation (ovoproduits) Croissance annuelle moyenne : + 7,6 % + 10,0 % Développement explosif autour d’entreprises privées 1990 − 2000 : ouverture aux capitaux Spécialisation et agrandissement des élevages et aux technologies étrangères développement de l’intégration Croissance annuelle moyenne : + 12,8 % + 10,5 % 2000 − 2013 : intensification de la concurrence Croissance ralentie, consolidation sur le marché domestique et crises sanitaires Croissance annuelle moyenne : + 3,1 % + 2,1 % Sources : d’après FAO ; IATP, 2014 ; Yang, 2011
Chine – Volailles et œufs 121 mais aussi de l’intéressement des petits éleveurs au la situation a été aggravée par différentes crises sani- résultat, alors que ceux-ci étaient auparavant salariés taires dont plusieurs épisodes successifs d’influenza des complexes d’État. Des fermes de sélection et de aviaire et des scandales alimentaires (mélamine dans multiplication des volailles, ainsi que de production les œufs et ovoproduits exportés vers Hongkong et le d’œufs de consommation ont été créées à proximité Japon en 2008) qui ont alimenté les inquiétudes des de grandes villes comme Pékin et Shanghai. Une nou- consommateurs. velle génération de managers, formée à la zootech- nie et aux sciences vétérinaires a rejoint ces unités 1.2. La production de production qui ont mobilisé les souches hybrides de volailles de chair importées en grande partie des États-Unis, les vac- cins et les nouvelles technologies en alimentation Avec 18,5 millions de tonnes (Mt) de volailles pro- animale. À partir de la fin des années quatre-vingt, duites en 2014 selon les données de l’Organisation le rythme de croissance s’est encore accéléré. Il a des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation dépassé les + 10 % par an, dynamisé par la large (FAO), la Chine est le deuxième pays producteur mon- implication des petits producteurs dans la production dial, derrière les États-Unis et elle représente près de commerciale et leur évolution vers des élevages plus 17 % de la consommation (Carte 1 et Graphique 3). performants et spécialisés. Elle produit essentiellement des gallus (poulets et poules de réforme) pour plus de 80 % et des pal- Le premier fléchissement de la production a été mipèdes (canards et oies) pour 18 %. La production enregistré en 1997, suite au premier épisode d’in- de dindes est très faible, de l’ordre de 3 000 tonnes. fluenza aviaire. Mais, depuis le début des années deux mille, le ralentissement est perceptible, avec des 1.2.1. Une production taux annuels de croissance de la production à peine de poulets de chair issue supérieurs à + 3 % en volailles de chair et + 2 % en de deux filières distinctes œufs (Tableau 1). Cette évolution résulte de l’intensi- fication de la concurrence et de la relative saturation Avec 13,4 Mt produites en 2013, la production de la consommation, notamment en œufs. De plus, chinoise de poulet reste supérieure à celle du Brésil Carte 1 Carte 1 Chine : la production de volailles de chair en 2014 Chine : la production de volailles de chair en 2014 © Le Déméter. Réalisation : Cyrille Suss Cartographe. www.cscarto.com – Mai 2016. LIAONING Part de la production Production de volailles de chair de volailles de chair par province SHANDONG en % (en millions de tonnes) 14,2 Production totale 17,51 HENAN JIANGSU 6,5 à 7,5 ANHUI dont : 5,0 à 5,6 Shandong 2,49 3,1 à 4,0 Guangdong 1,32 1,9 à 2,1 Liaoning 1,31 0,04 à 1,5 Guangxi 1,28 GUANGXI GUANGDONG Jiangsu 1,25 Henan 1,18 1 000 km Province Anhui 1,15 ne produisant pas de volailles de chair Autres 7,53 Source : Abcis d’après annuaire statistique des productions animales chinoises, 2015.
122 Le DÉMÉTER 2017 Graphique 3 CHINE − VOLAILLES DE CHAIR : répartition de la production dans les grandes provinces productrices et dynamiques d’évolution entre 2003 et 2012 (en millions de tonnes produites) (Source : Abcis, d’après annuaire statistique des productions animales chinoises, 2015) + 364 % 2,757 2,036 2012 2003 % d'évolution 1,535 1,461 1,36 1,303 1,222 1,141 1,121 1,036 + 65 % + 68 % 0,896 + 59 % 0,93 0,901 0,860 + 53 % 0,851 + 35 % + 37 % + 41 % 0,740 + 45 % 0,719 0,680 0,67 0,608 -6% 0,421 - 16 % 0,293 Shandong Guangdong Jiangsu Guangxi Liaoning Henan Anhui Sichuan Hebei Jilin Hubei (12,4 Mt 1), mais l’écart se réduit. En 2016, la produc- La production se concentre dans les provinces tion brésilienne devrait atteindre 13,5 Mt et dépasser côtières de l’est. Ce sont les plus fortement peuplées la production chinoise orientée, elle, à la baisse : le et celles où les revenus par habitant sont les plus ministère américain de l’Agriculture (USDA) anticipe élevés. Or, la production doit être proche des zones un repli à 12,7 Mt en 2016. de consommation du fait de l’insuffisance d’infras- La production chinoise est issue de deux filières dis- tructures permettant le respect de la chaîne du froid. tinctes : Mais ces fortes densités de volailles concentrées ◆ La production traditionnelle réalisée dans le sud- autour des grandes agglomérations, ainsi que leur est du pays, à partir de poulets de souches colorées proximité avec les hommes génèrent des problèmes locales et commercialisée essentiellement via des sanitaires (pollution de l’air et de l’eau, épizooties) circuits traditionnels (marchés de vif). et conduisent, selon certaines sources, à un usage ◆ La production de poulets blancs, localisée surtout intense des antibiotiques en élevage. dans le nord-est, dont la génétique est impor- tée. Elle se développe rapidement et représente 1.2.2. Des structures de production aujourd’hui près de 50 % de la production en en forte évolution nombre d’animaux abattus (5,5 milliards de pou- lets en 2014), mais plus des deux tiers en tonnage Comme nous l’avons dit, la production de volailles (10 Mt environ en 2014) en raison de poids car- de chair est restée une activité d’appoint mineure casse plus élevé. pour les ménages ruraux jusqu’au milieu des années quatre-vingt. Des millions de petits éleveurs déte- 1 - Données FAO et ABPA. naient au maximum quelques douzaines d’animaux.
Chine – Volailles et œufs 123 Seules quelques fermes d’État, localisées à proximité de 30 à 100 000 poulets selon les pays) ou américains des villes, géraient des élevages de taille commer- (autour de 100 000 poulets) et, donc, des niveaux de ciale. Pourtant, le secteur s’est rapidement conso- production annuels de 150 000 à 500 000 animaux, lidé autour de quelques entreprises privées et les sur la base de cinq bandes par an. fermes avicoles d’État ont complètement disparu dès Trois modèles de bâtiments coexistent en Chine : le milieu des années quatre-vingt. Néanmoins, les ◆ Des élevages au sol entreprises conservent des liens forts avec le Parti ◆ Des élevages sur caillebotis plastique qui facilitent communiste local et l’État contribue au soutien à la la ventilation et évitent les problèmes de litière filière en mettant fréquemment des terrains et des ◆ Des élevages en cage, très répandus pour l’élevage bâtiments à la disposition des industriels privés. des reproducteurs. Entre 2002 et 2012, le nombre de petites fermes Les performances techniques obtenues pour la pro- avicoles produisant moins de 2 000 têtes par an a été duction de poulets blancs sont très correctes, avec divisé par deux, passant de 52,4 millions à 24,3 mil- des poids vifs de 2,4 kg atteints en 39 jours et des lions. Parallèlement, le nombre d’élevages produisant indices de consommation inférieurs à 1,7. Mais les plus de 50 000 volailles par an a presque quintu- coûts de production sont peu compétitifs en raison plé, passant de 5 700 en 2002 à 27 300 en 2012. des prix élevés de l’aliment : en 2014, le coût sortie Résultat : ces élevages assuraient, en 2010, 33 % abattoir 2 aurait été de 1 400 €uros la tonne carcasse de la production nationale contre 15 % en 2002. en Chine contre 910 €uros au Brésil, 1 010 €uros aux Comme le montre le Graphique 4, la classe la plus États-Unis, 1 200 €uros en Pologne et … 1 440 €uros importante est celle des fermes produisant de 10 000 en France. Le coût de production des poulets colorés à 50 000 volailles par an : une taille faible comparée à celles des élevages européens (effectifs instantanés 2 - Données Veille internationale publiées par FranceAgriMer. Graphique 4 CHINE − VOLAILLES DE CHAIR : évolutions entre 2002 et 2010 des volumes produits selon la taille des fermes Source : Abcis, d’après annuaire statistique des productions animales chinoises, 2015) 3 325 Nombre d'animaux produits en millions 2002 2010 1 660 1 707 1 641 1 368 1 176 1 096 941 820 78 326 270 268 153 1- 2 000 10 000 50 000 100 000 500 000 > 1 million 1 999 - 9 999 - 49 999 - 99 999 - 499 999 - 999 999 Nombre d'animaux produits par an
124 Le DÉMÉTER 2017 est encore plus élevé en raison d’indices de consom- 1.4. La production d’œufs mation 3 beaucoup plus importants (2,5 versus 1,8 de consommation : localisation en moyenne) et de rendements en viande inférieurs. et structures de production 1.3. Zoom sur la production Avec 24,8 Mt d’œufs de poule produits en 2013, la de canard Chine est leader mondial de la production. La même année, le pays a aussi produit 4,3 Mt d’œufs d’autres La Chine est le premier producteur mondial de viande espèces, en particulier de canes. de canard, avec environ 3 millions de tonnes pro- Contrairement à celle de volailles de chair, la produc- tion d’œufs se concentre historiquement à proximité duites en 2013 4. La production est constituée à des zones de production de grains, c’est-à-dire dans 98 % de canards Pékin et à 2 % de canards mulards les provinces côtières du nord : Hebei, Shandong, pour le gavage, avec quelques acteurs spécialisés Henan, Liaoning, Jiangsu et Sichuan assurent envi- comme le groupe français Euralis installé en Chine ron les deux tiers de la production nationale (Carte 2 depuis plus de dix ans. et Graphique 5). Néanmoins, un développement Les canards Pékin sont élevés de façon intensive, géographique plus homogène de la production se avec un petit parcours extérieur constitué d’une cour fait jour, afin de diminuer les risques sanitaires liés à cimentée leur permettant de se baigner. Ils sont abat- de trop fortes concentrations d’animaux, mais aussi tus autour de 38 jours pour un poids vif de 3 kg, soit approvisionner les provinces très peuplées du sud de plus jeunes que la moyenne de leurs congénères sur la Chine. le marché international. La fermeture récente des marchés de vif a induit une baisse de la production En 2014, le cheptel s’élevait à environ 1,2 milliard de de canards « locaux » qui a été plus que compensée poules pondeuses 5, dont 70 % de souches brunes et par le développement de la production industrielle. 30 % de souches blanches. La part de ces dernières tend à progresser : elle est passée de 18 % en 2009 3 - Quantité d’aliments nécessaires pour produire 1 kilogramme de poulet. 4 - Données FAO. 5 - Données International Egg Commission (IEC). Carte 2 Chine : la production Carte 2d’œufs en 2014 Chine : la production d’œufs en 2014 © Le Déméter. Réalisation : Cyrille Suss Cartographe. www.cscarto.com – Mai 2016. LIAONING Part de Production d’œufs la production par province HEBEI d’œufs (en millions de tonnes) SHANDONG en % Production totale 28,94 12,5 à 14,0 HENAN JIANGSU dont : 9,7 ANHUI Henan 4,04 HUBEI 4,2 à 6,7 SICHUAN Shandong 3,88 2,9 à 3,4 Hebei 3,63 1,1 à 1,9 Liaoning 2,79 Jiangsu 1,95 0,02 à 0,9 Hubei 1,55 Sichuan 1,45 1 000 km Anhui 1,23 Autres 8,43 Source : Abcis d’après annuaire statistique des productions animales chinoises, 2015.
Chine – Volailles et œufs 125 Graphique 5 CHINE − OEUFS : répartition de la production dans les grandes provinces productrices et dynamiques d’évolution entre 2003 et 2012 (en millions de tonnes) (Source : Abcis, d’après annuaire statistique des productions animales chinoises, 2015) + 65 % 4,247 4,152 4,042 4,02 + 47 % 3,426 2012 2003 % d'évolution 3,262 2,799 + 24 % + 19 % + 20 % + 11 % 1,972 + 10 % +9% 1,882 1,695 +5% 1,464 1,394 1,336 -5% 1,226 1,174 1,120 1,082 1,002 0,952 0,903 0,900 - 17 % 0,646 Henan Shandong Hebei Liaoning Jiangsu Sichuan Hubei Anhui Heilongjiang Jilin Hunan à 30 % en 2014. Environ 90 % des pondeuses sont Selon une étude réalisée en 2008 6, il est possible élevés en cage, 9 % en « plein air » et 1 % en claus- d’établir une corrélation entre la taille des élevages et tration hors cages. les performances obtenues. La production moyenne était en effet de 14,8 kg d’œufs par poule dans les Les structures et les modes de production sont très plus petites exploitations, celles comptant moins de diversifiés, allant de petits élevages familiaux à des 2000 poules, alors qu’elle atteignait 17,2 kg – un unités de grande taille, modernes et intégrées. En niveau proche des standards occidentaux – dans les 2012, 35 % de la production étaient encore assu- élevages dépassant les 500 000 poules et mobilisant rés par les petits élevages comptant moins de génétique et techniques performantes. Néanmoins, 2 000 poules et pratiquant l’auto-renouvellement ces dernières années, malgré la progression tech- des cheptels, avec de faibles performances écono- nique, le coût de production à la ferme a fortement miques. À l’autre extrémité, une vingtaine de sites augmenté. Il est passé de 0,6 dollar la douzaine de production (17 en 2010, 23 en 2012) détenait d’œufs en 2009 à 0,9 dollar en 2013 et 2014 7, en lien plus de 500 000 poules. Près de 60 % de la produc- avec la forte hausse du prix de l’aliment (200 dollars tion sont cependant assurés par des exploitations de la tonne en 2006, 356 dollars en 2009 et 460 dollars taille intermédiaire, comptant entre 2 000 et 50 000 en 2014). La Chine se situe ainsi à un niveau de coût poules (Graphique 6). très proche de celui des Européens et très au-dessus des coûts nord-américains ou indiens. 6 - Yang, 2011. 7 - Source : International Egg Commission (IEC).
126 Le DÉMÉTER 2017 Graphique 6 CHINE − ŒUFS DE CONSOMMATION : évolutions entre 2002 et 2010 des volumes produits selon la taille des élevages (Source : Abcis, d’après annuaire statistique des productions animales chinoises, 2015) 10,92 9,23 Millions de tonnes produites 6,41 5,90 5,66 2002 2010 5,06 4,83 1,34 1,12 0,19 0,16 0,84 0,03 0,14 1 500 2 000 10 000 50 000 100 000 > 500 000 - 499 - 1 999 - 9 999 - 49 999 - 99 999 - 499 999 Nombre de poules sur l'exploitation 2. VERS L’INTÉGRATION les performances (ratios de conversion des aliments). DES FILIÈRES AVICOLES Le soja importé a augmenté l’offre de protéines et ET LA PÉNÉTRATION CROISSANTE contribué à améliorer la productivité. Il a également DES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES permis aux agriculteurs de se spécialiser dans la pro- duction de maïs, qui est devenue la première culture 2.1. La dépendance chinoise chinoise en 2013. La production d’aliments compo- en matières premières sés a explosé, passant de 1,1 Mt en 1980 à 137 Mt pour l’alimentation animale en 2008, soit une croissance moyenne de près de et en génétique 19 % par an. Pourtant, ces dernières années, la Chine est passée 2.1.1. Alimentation animale 8 du statut d’exportateur de maïs à celui d’importateur net, à hauteur de 3 à 5 Mt par an depuis 2009. En Ces dernières décennies, la Chine a pu développer 2014, les autorités ont mis en place une nouvelle stra- ses productions d’élevage grâce à sa main-d’œuvre tégie pour assurer la sécurité alimentaire qui recon- familiale abondante et aux résidus de culture dispo- naît tacitement la nécessité d’importer des céréales nibles pour nourrir les animaux. fourragères. L’accent est mis en effet sur l’autosuffi- Mais, dès les années quatre-vingt, le soutien public sance en riz et en blé, moins en maïs. L’urbanisation à l’industrie de l’alimentation et aux importations de et l’élévation du niveau de vie, conjuguées au déve- matériel génétique productif a permis d’améliorer loppement d’une agriculture plus capitalistique dans des exploitations plus grandes devraient favoriser 8 - Sur l’évolution des productions chinoises de céréales et d’oléagineux, l’utilisation de céréales fourragères en remplacement ainsi que de la politique agricole menée par Pékin, cf. dans ce dossier les trois articles spécifiquement consacrés à ces sujets. des aliments d’origine locale.
Chine – Volailles et œufs 127 En maintenant les prix intérieurs au-dessus des cours 2.2. Des industries d’aval mondiaux, la politique de soutien des prix a contribué en voie de structuration à la forte augmentation des importations de céréales et d’oléagineux. La suppression du soutien des prix Malgré une industrialisation et une concentration du soja et du coton annoncée début 2014 pourrait progressives, le secteur chinois de l’abattage – trans- motiver davantage les agriculteurs à abandonner ces formation de volailles reste atomisé et fortement cultures en faveur du maïs. Sur ce sujet, les articles impacté par le poids élevé des circuits de distribution de ce dossier consacrés, l’un à la politique agricole traditionnels et, d’autre part, des moyens logistiques chinoise et l’autre, aux productions céréalières, peu développés, notamment une chaîne du froid peu apportent des éclairages intéressants performante. Le constat est identique concernant la filière œufs de 2.1.2. Génétique aviaire consommation. Le développement de la production d’ovoproduits date seulement des années quatre- Si la filière « poulets colorés » utilise des souches vingt-dix, avec l’importation de technologies et de locales, la filière industrielle « poulets blancs » matériel danois et demeure embryonnaire. En 2014, dépend fortement de la génétique importée prove- la Chine aurait produit 192 000 tonnes d’ovopro- nant des grands sélectionneurs nord-américains et duits liquides et 22 tonnes de poudre d’œufs, soit européens. Les importations se font uniquement sous environ 300 000 tonnes équivalent liquide, ce qui forme de grand-parentaux. Pourtant, celles-ci ont représente seulement 1,5 % de la production natio- chuté à moins de 1,2 million de têtes en 2014, puis à nale d’œufs 9. 700 000 en 2015 en raison du marché difficile, mais Contrairement au secteur très atomisé de condi- aussi de l’embargo sur la génétique américaine pour tionnement des œufs, celui des ovoproduits est très cause d’influenza aviaire. Cet embargo a largement concentré : la part des quatre premiers opérateurs profité aux sélectionneurs européens et notamment était de 84 % pour la poudre d’œufs et 80 % pour français. En 2015, Aviagen (Erich Wesjohann Group) les ovoproduits liquides en 2013 10. détenait la plus grosse part de marché (10 % pour Arbor Acres et 50 % pour Ross), suivi par Hubbard 2.3. Contrats de production du groupe Grimaud (environ 30 %) et enfin Cobb versus intégration ? avec (10 %). En canard, les principaux fournisseurs sont le britan- Traditionnellement, les volailles chinoises étaient pro- nique Cherry Valley (environ 60 %), puis les français duites par de petits éleveurs indépendants et ven- Grimaud Frères Sélection et Orvia devant l’américain dues à des abattoirs locaux qui les commercialisaient, Maple Leaf. Les quelques souches locales sont en via des intermédiaires, sur les marchés en volailles perte de vitesse depuis la fermeture des marchés de vivantes abattues sur place ou fraîchement abattues. vif. La prédominance de Cherry Valley est liée à son Mais, depuis les années quatre-vingt, la filière s’est centre de sélection sur place et à son ancienneté sur progressivement structurée avec des contrats de pro- le marché : en Chine, on dit un Cherry Valley pour duction entre éleveurs et industriels, à l’image de dire un canard Pékin. Les Français ont démarré plus l’organisation dominante aux États-Unis, au Brésil et récemment la sélection : Grimaud dispose de deux dans de nombreux États-membres européens. La structuration chinoise s’est faite autour de unités de multiplication, l’une dans le nord-ouest, quelques entreprises leaders : l’autre dans le sud-ouest, et le groupe exporte aussi ◆ Celles-ci contractualisent avec les éleveurs à qui des grands-parentaux en direct vers des opérateurs elles fournissent les intrants nécessaires (poussins, chinois. aliment, produits vétérinaires) à un prix donné. La génétique pondeuse est contrôlée par deux ◆ Les éleveurs engraissent les poulets et les vendent groupes européens : Erich Wesjohann Group (souches au prix fixé dans le contrat. Lohmann et Hyline) et Hendrix Genetics (souches Néanmoins, le fonctionnement de la filière diffère ISA). Erich Wesjohann disposerait de 60 % de part selon qu’il s’agit de poulets colorés ou blancs. Ainsi, de marché en Chine, l’importation des grands-paren- le leader chinois Wen, spécialisé en production de taux étant réalisée par Shandong Yisheng Livestock & poulets colorés, travaille avec des éleveurs sous Poultry Breeding Co. 9 - Données International Egg Commission (IEC). 10 - Liu, 2014.
128 Le DÉMÉTER 2017 contrat à qui il fournit assistance technique, aliment bâtiment : elle fournit alors le caneton et l’aliment, et poussin (sa sélection est réalisée à partir de souches la famille élève les canards et rembourse progressive- locales). Mais il n’abat qu’environ 10 % des animaux ment l’emprunt à l’entreprise. produits : l’essentiel est commercialisé sur les mar- De façon générale, la filière ponte est plus concen- chés traditionnels de vif via une centaine de centres trée et plus intégrée que la filière volaille de chair, de collecte. Les producteurs livrent leurs animaux à avec une part importante de la production provenant ces centres où sont constitués des lots permettant de quelques grandes sociétés. de répondre à la demande des clients. L’entreprise assure la commercialisation (plus rarement l’abattage 2.4. Les principaux acteurs industriels et la transformation) des poulets auprès des détail- lants, des restaurants et des acheteurs institution- ◆ Wen’s Food Group est le leader chinois en produc- nels (hôtels et restaurants des écoles et des usines). tion de volailles (850 millions de poulets colorés Certains éleveurs sont regroupés en coopératives à produits en 2013, 714 millions en 2015 12) et de l’échelon d’un village et le contrat est alors passé porcs (10 millions par an). Quatrième producteur entre la coopérative et l’entreprise industrielle 11. mondial de volailles, le groupe réalise un chiffre Pour réduire les coûts de transaction, les entreprises d’affaires de 4,4 milliards d’€uros. Il travaille avec leaders tendent à privilégier les contrats de produc- 53 000 exploitations familiales sous contrat et tion avec les grands élevages produisant en moyenne commercialise ses produits dans toute la Chine. 30 000 poulets par an, mais le chiffre peut aller La famille détient 20 % du capital de l’entreprise. jusqu’à 100 000. Le prix payé à l’éleveur est basé soit Cotée en Bourse depuis 2015, celle-ci compte sur un prix de marché, soit sur une marge éleveur 7 000 actionnaires parmi lesquels des producteurs négociée entre ce dernier et l’entreprise. travaillant pour elle. Plus récemment, en particulier pour la production ◆ New Hope Group est l’une des plus grandes entre- de poulets blancs, se sont développées des filières prises agro-industrielles chinoises. Elle est impli- totalement intégrées : les outils de production appar- quée notamment dans l’élevage, l’alimentation tiennent en propre à l’industriel et emploient des et la santé animale. Sa filiale avicole, New Hope éleveurs salariés. Fujian Sunner, CP, Shandong Nine- Liuhe, abat 700 millions de poulets et de canards Alliance possèdent ainsi leurs fermes de reproduc- par an et travaille également avec des éleveurs sous teurs, leurs couvoirs, leurs usines d’aliment et leurs contrats. En novembre 2012, la société a annoncé outils d’abattage et de transformation, mais aussi son intention de se développer en Europe centrale, leurs installations d’élevage. Ce modèle se développe en Afrique du Sud et en Égypte : son objectif est notamment pour approvisionner les compagnies de produire 2 milliards de poulets et 2 millions de américaines de fast-food comme KFC et McDonald’s canards par an 13. car la maîtrise totale de la chaîne d’approvisionne- ◆ Sunner Development Co. Ltd. abat environ ment permet en théorie une meilleure maîtrise sani- 280 millions de volailles par an et commercialise taire. Deux éléments limitent actuellement le déve- essentiellement du poulet congelé auprès de la loppement du système : la difficulté à acquérir les restauration rapide et la transformation alimen- terres nécessaires aux élevages et la pénurie de main- taire. C’est l’un des trois premiers fournisseurs de d’œuvre compétente. Par ailleurs, la contractualisa- KFC en Chine. En 2014, l’entreprise d’investisse- tion avec des éleveurs demeure économiquement ment KKR a acquis une participation de 18 % dans plus intéressante pour les industriels et plus souple la société pour 400 millions de dollars. Sunner a en termes de gestion des volumes que l’intégration aussi formé une joint-venture avec le groupe amé- totale avec main-d’œuvre salariée en élevage. ricain OSI. Sous le nom de Sun OSI, celle-ci est La filière canard fonctionne elle aussi avec des éle- totalement intégrée verticalement et devait être veurs sous contrat. Les industriels intègrent le plus pleinement opérationnelle en 2015. souvent différents maillons : alimentation animale, ◆ Chia Tai Group est une société d’investissement multiplication et, plus récemment, abattage. Une du groupe leader thaïlandais Charoen Pokphand entreprise regroupe sur le même site plusieurs implantée dans vingt pays. Elle abat 275 mil- dizaines de bâtiments, une famille étant en charge lions de volailles via différentes sociétés : Beijing de la production dans un ou deux bâtiments. Parfois, Poultry Breeding, Wuhan Chia Tai, Ningbo Chia Tai, l’entreprise conclut le prêt pour la construction du 12 - Wattagnet, 2016. 11 - IATP, 2014. 13 - Wattagnet, 2016.
Chine – Volailles et œufs 129 Kunming Chia Tai, Qingdao Chia Tai, Beijing Dafa 3. LA CHINE Chia Tai, Heilongjiang Chia Tai, Qinhuangdao Chia IMPORTATRICE NETTE EN VOLAILLES, Tai, Jilin Deda et Hefei Chia Tai. Elle dispose d’un EXPORTATRICE site de 3 millions de pondeuses dans le district de EN ŒUFS ET EN OVOPRODUITS Pinggu Beijin. Elle possède également 16 couvoirs et 16 usines d’aliments, huit abattoirs et une usine 3.1. Un faible déficit de transformation qui lui permettent de couvrir en volailles de chair un large panel de production : poulets, canards, dindes et poulettes reproductrices. La Chine est importatrice nette de viande de volailles Par ailleurs, l’implantation des firmes étrangères en en volume et en valeur. En 2014, elle a ainsi importé Chine se développe. Les principaux acteurs mondiaux 469 000 tonnes pour une valeur de 878 millions de sont présents en aviculture, à l’exception notable du dollars (Graphique 7 et Graphique 8). Mais ces impor- numéro un mondial, le brésilien JBS. Leur implanta- tations ont tendance à décliner depuis leur point haut tion passe le plus souvent, au moins dans un pre- de 2008. De plus, elles ne représentent qu’environ mier temps, par des associations avec des opérateurs 3 % de la consommation nationale. chinois et par le développement de filières totale- ment intégrées verticalement : Comme le montre le Graphique 9, les 469 000 tonnes ◆ L’américain Tyson Food, numéro deux mondial, importées en 2014 étaient constituées à 94 % de s’est implanté en Chine dès 2001 et y a développé viandes et d’abats de poulets (les pattes congelées un modèle complètement intégré. Il possède représentant 41 % du volume, les ailes 34 % et les deux filières totalement intégrées : Jiangsu Tyson abats 14 %) et à 6 % de viandes et d’abats de dinde. Foods Co (50 millions de poulets par an) et Tyson Comme en poulet, les importations de viande de Shandong (100 millions). En 2011, Tyson a com- canard sont constituées de sous-produits : pattes, plètement repris Tyson Shandong (anciennement langues, cuisses plus appréciées que les magrets. Tyson Xinchang Group), une grande entreprise de transformation de viande. La société est enga- Les origines des viandes de volailles importées par gée dans la transformation des aliments (400 000 les Chinois ont évolué au gré des conflits tarifaires : tonnes par an), l’abattage et la transformation notamment avec les États-Unis, premier fournisseur (220 000 tonnes de volailles et produits cuits). Elle du pays à hauteur des trois quarts des volumes impor- commercialise sa production auprès de groupes tés jusqu’en 2009 15 (Graphique 10 et Graphique 11). comme Wal-Mart et KFC et exporte également des En septembre 2010, la Chine a en effet imposé des produits cuits vers le Japon et la Corée 14. droits anti-dumping sur les viandes en provenance ◆ Le groupe brésilien Marfrig s’est implanté en des États-Unis, puis, le mois suivant, des droits com- Chine en 2011 via une joint-venture entre sa filiale pensateurs sur les produits américains à base de pou- Keystone et Chinwhiz (60 % – 40 %). Il s’agit éga- let au motif que ceux-ci avaient été subventionnés lement d’une intégration totale d’une capacité de par Washington avant d’être exportés en Chine à 200 000 volailles par jour (50 millions de volailles un prix très faible. Face au préjudice dont il estimait par an). Les principaux clients de Keystone sont des victime sa filière avicole, Pékin a relevé ses droits de restaurants à Hongkong, en Chine et au Japon. La douanes de 50,3 % à 105,4 % et affirmé qu’il avait reprise de Marfrig par JBS n’a pas inclus les actifs le droit à recourir à de telles mesures car elles étaient étrangers de Keystone. compatibles avec les règles de l’Organisation mon- ◆ Le groupe américain Cargill est également pré- diale du commerce. Mais, dès septembre 2011, les sent en Chine via une joint-venture, Cargill Animal États-Unis ont fait appel à l’Organe de règlements des Protein, qui dispose de 12 fermes de sélection, 35 différends de l’OMC, remettant en cause le préjudice fermes de production, d’un abattoir, d’une usine subi par les aviculteurs chinois aussi bien que le calcul d’aliment et deux unités de transformation. des nouveaux droits de douanes. Comme le prévoit ◆ Enfin, Brasil Foods (BRF) a également créé une la procédure, l’OMC a alors convoqué un Groupe joint-venture (50 % – 50 %) en 2014, avec Dah spécial pour juger sur le fond, les traités OMC n’auto- Chong Hong Holdings Ltd pour commercialiser risant un État à appliquer – en respectant un schéma des produits frais de volailles, de porc et de bœuf. strictement défini – des mesures anti-dumping ou 14 - Wattagnet, 2016 ; IATP, 2014. 15 - Avec une part importante de pattes congelées.
130 444 051 706 650 596 813 402 750 2001 2001 - 303 900 152 762 Import 426 421 574 335 327 977 Import 400 797 2002 2002 - 25 624 - 246 358 461 820 643 757 275 656 319 511 2003 2003 - 368 101 Export - 142 309 Export 153 703 185 471 2004 119 365 2004 144 848 - 66 106 - 8 855 334 378 383 408 Solde 157 451 Solde 2005 194 424 2005 - 139 954 - 225 957 462 346 588 472 2006 167 087 135 961 2006 - 295 259 - 452 511 945 039 803 936 261 487 2007 165 265 2007 - 683 552 - 638 671 1 087 744 832 954 2008 323 878 167 974 2008 - 664 980 Graphique 8 Graphique 7 - 763 866 984 097 749 663 335 684 2009 173 807 2009 Le DÉMÉTER 2017 - 648 413 - 575 856 962 914 542 034 427 637 2010 205 938 2010 - 336 096 (NC 0207 en tonnes - Source : TradeMap) - 535 277 872 299 420 937 524 187 2011 210 859 2011 - 348 112 - 210 078 (NC 0207 ; en milliers de dollars − Source : TradeMap) 955 892 521 719 502 260 2012 193 956 2012 - 453 632 - 327 763 1 005 509 584 172 2013 515 342 203 113 2013 - 490 167 - 381 059 878 298 468 846 CHINE − VOLAILLES : évolution depuis 2001 des échanges extérieurs de viandes en valeur CHINE − VOLAILLES : évolution depuis 2001 des échanges extérieurs de viande en volume 576 966 2014 225 227 2014 - 301 332 - 243 619
Chine – Volailles et œufs 131 Graphique 9 a et 9 b Année CHINE 2009 : parts comparées des principaux produits à base de viande de volailles (Total : 749 663 tonnes) Année 2014 importés entre 2009 et 2014 (Source : TradeMap) (Total : 468 846 tonnes) Année 2009 (Total : 749 663 tonnes) Année 2014 (Total : 468 846 tonnes) Abats Découpes Abats congelées congelés : Découpes congelés : 15 % avec os : congelées 14 % avec os : 11 % 26 % Ailes congelées : 34 % Ailes congelées : Pattes congelées : 6% 41 % Pattes congelées : 53 % des droits compensateurs que s’il prouve que le dum- nuggets et autres préparations avant d’être… réim- ping existe et porte préjudice à son économie. En portés aux États-Unis. L’opération est rentable grâce septembre 2013, celui-ci a donné gain de cause aux aux faibles coûts de la main-d’œuvre chinoise et du États-Unis, considérant que la Chine n’avait pas res- transport résultant de la chute du prix du pétrole. pecté certains articles de l’Accord anti-dumping, tout Mais elle inquiète les consommateurs en termes de en reconnaissant les subventions américaines. Suite à sécurité sanitaire, d’autant qu’aucune mention rela- ce verdict, la Chine a eu jusqu’au 9 juillet 2014 pour tive à l’origine ne sera précisée. Pourtant, elle pourrait mettre sa politique en conformité. À l’heure actuelle constituer la première étape vers des échanges plus Il est trop tôt pour déterminer si les initiatives prises poussés, autorisant notamment la Chine à exporter par celles-ci ont atteint l’objectif. ses propres volailles sur les États-Unis. Enfin, il faut noter qu’en janvier 2015, la Chine a Dans ce contexte, comme le prouvent les Graphiques imposé un embargo sur les importations de volailles 10, 11 et 12, les importations chinoises de volailles américaines ont nettement diminué depuis 2010. et d’œufs américains en raison des épidémies d’in- Le Brésil s’est rapidement positionné grâce à ses très fluenza aviaire : les exportations auraient chuté de faibles coûts de production. En valeur, le constat est 223 000 tonnes en 2014 à moins de 10 000 tonnes encore plus flagrant : le Brésil assure désormais 56 % en 2015 16. des importations contre seulement 32 % pour les En termes d’exportations, la Chine a expédié, en États-Unis. Cette perte partielle de marché s’avère 2014, 225 200 tonnes de viande de volailles 17 pour problématique pour les Américains car la Chine une valeur de 577 millions de dollars. Après la forte offrait un gros débouché pour leurs morceaux et baisse enregistrée au début des années deux mille abats de poulets congelés : le pourcentage a chuté, suite à la perte du marché japonais 18, les exporta- en moyenne, de 24 % des exportations de ces pro- tions chinoises sont plutôt orientées à la hausse. Les duits entre 2005 et 2009 à 18 % entre 2010 et 2014, principaux clients sont Hongkong, la Malaisie et le sachant que ce chiffre inclut les exportations sur Kirghizistan (Tableau 2). Hongkong majoritairement réexpédiées sur la Chine. Début 2014, le ministère américain de l’Agriculture 16 - Données TradeMap. 17 - NC 0207. (USDA) a autorisé l’exportation de poulets élevés aux 18 - La Chine a exporté un peu plus de 215 000 tonnes sur le Japon en États-Unis vers la Chine où ils sont transformés en 2001, 128 000 t en 2002, 74 000 t en 2003 et 6 000 t en 2004.
132 Le DÉMÉTER 2017 Graphique 10 CHINE − VOLAILLES : évolution en volume des importations de viandes par pays d’origine depuis 2001 (NC 0207 ; en tonnes − Source : TradeMap) 10 443 18 528 0 00 Autres France 102 090 13 799 608 Pologne Chili 0 192 254 68 440 Argentine États-Unis Brésil 265 7 376 0 666 3 633 1 260 0 262 5 171 27 702 12 491 2 647 2 307 0 2 043 23 767 15 808 1 621 17 999 5 903 48 274 2 050 129 927 3 052 12 395 534 284 72 27 602 2 062 16 294 0 24 188 57 165 348 151 407 431 639 023 108 155 221 248 623 387 204 108 611 599 85 228 565 937 543 164 208 225 0 0 42 586 285 688 258 628 230 298 216 789 79 916 191 898 143 501 142 812 163 482 61 948 27 793 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 3.2. Un solde positif 4. LA CONSOMMATION INTÉRIEURE : en œufs et ovoproduits DYNAMIQUES ET ENJEUX Si la Chine est importatrice nette de volailles de 4.1. Une consommation de volailles chair, elle est, par contre, exportatrice nette d’œufs dynamique sur le long terme et d’ovoproduits. En 2014, ses exportations ont atteint 146 millions de dollars (Graphique 13) et c’est La Chine est le plus important consommateur de le troisième exportateur mondial, assez loin cepen- volailles au monde avec 19,8 Mt en 2014 19, assez dant derrière l’Union européenne (383 millions) et loin devant les États-Unis (16,5 Mt), l’Union euro- les États-Unis (320 millions). Les exportations d’œufs péenne (12,6 Mt), et le Brésil (9 Mt). en coquille représentent 83 % du total. Les princi- La consommation individuelle a quadruplé sur les paux clients sont des pays asiatiques – Hongkong vingt dernières années, passant de 3 kg par habi- tant en 1992 à 13 kg aujourd’hui (dont 10 kg de (79 % des exportations chinoises), Macao (9 %) et viande de poulet ; Graphiques 14 et 15), soit près de Singapour (3 %) – suivis par les États-Unis (3 %) et le 20 % de la consommation totale de viande par per- Canada (2 %). Les exportations chinoises sont globa- sonne. Ce niveau demeure cependant très inférieur lement en hausse sur la période récente, malgré une à celui atteint dans les pays voisins comme Taïwan, chute en 2009 consécutive à la crise de la mélamine Singapour ou Hongkong dont les régimes alimen- dans les œufs et ovoproduits, puis en 2012. taires sont proches et où la consommation approche Les importations chinoises sont très faibles les 30 kg par habitant. (508 000 dollars en 2014) et composées essentielle- ment d’ovalbumines ou d’œufs entiers séchés. 19 - Données FAO.
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