W+B - Wallonie-Bruxelles International

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W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                         ISSN 0773-4301 - BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X

                                                                                          >

                                                                 14 8
                                                                  ÉTÉ 2020

    W+B                                                  WALLON I E + B RUXEL L ES
                                                           R EVUE TRI MEST RI EL L E
                                                        IN TER N ATION A L E ÉDI T ÉE
                                                              PA R LA F ÉDÉRAT I ON
                                                           WA LLON IE - B RUX EL L ES
                                                                  ET LA WA L LON I E

                                                           ACTUALITÉ
                                PANDÉMIE : COMMENT LES CHERCHEURS
                               PEUVENT-ILS MIEUX PRÉVOIR CE RISQUE ?

                                                             JEUNESSE
                                                LA SOLIDARITÉ AU CŒUR
                                               DES PROJETS DES JEUNES

DOSSIER
L’EAU : UN OBJECTIF DURABLE,
UN SAVOIR-FAIRE WALLON
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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Pr Gaétan de Rassenfosse             Dr Catherine De Wolf                                Pr Tarik Roukny

Dr Aurélien Vander Straeten                         Dr Catherine Xhardez           Dr Thomas Grevesse

           LE LABORATOIRE DES IDÉES
           « Nos histoires peuvent être singulières mais notre destination est commune »
                                                                                Président Barack Obama, 2008

           Partant du principe qu’une crise mondiale demande une réponse réfléchie et
           coordonnée à l’échelle de la planète, Wallonie-Bruxelles International, grâce à son
           réseau d’Agents de Liaison Scientifique (ALS), a décidé de rassembler les idées et
           les travaux d’experts de tous les domaines scientifiques confondus.

           Ces experts sont des professeurs, des doctorants, des médecins, des ingénieurs, des économistes,
           des architectes, des éducateurs, des juristes, des designers, des psychologues. Ils proviennent et
           évoluent donc dans des univers très différents mais partagent deux caractéristiques communes :

           •	
             De par leur formation académique ou leur expérience professionnelle, ils sont liés aux
             institutions de recherche de la Fédération Wallonie-Bruxelles

           •	Leurs idées ont un impact direct ou indirect sur la compréhension, la réponse ou la relance vis-
              à-vis de la crise globale causée par l’épidémie de Covid-19

           Retrouvez tous leurs témoignages sur la page www.wbi.be/laboratoire-des-idees.
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                                                                                                                                                                                                                                        >

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                                                                                                                 WA L LO N IE + BRUX E LLES
                                                                                                                  R E V U E T R IMESTRIE LLE
                                                                                                                IN T E R N AT IO N ALE ÉD ITÉ E
                                                                                                                   PA R L A F ÉD É RATIO N
                                                                                                                 WA L LO N IE - BRUXE LLES
                                                                                                                      E T L A WALLO NIE

                                                                                                               04 ÉDITO
                                                                                                                    WALLONIE-BRUXELLES
                                                                                                                                                    06       DOSSIER
                                                                                                                                                             L’EAU : UN OBJECTIF DURABLE,
                                                                                                                                                                                             12      Actualité
                                                                                                                                                                                                     PANDÉMIE : COMMENT LES
                                                                                                                    AU SERVICE DE SES CITOYENS               UN SAVOIR-FAIRE WALLON                  CHERCHEURS PEUVENT-ILS
                                                                                                                    ET DU MONDE                              par Charline Cauchie                    MIEUX PRÉVOIR CE RISQUE ?
                                                                                                                                                                                                     par Vincent Liévin

                                                                                                                                                                                                                                        S OM M A I R E
                                                                                                               16   portrait                        18       Culture                         22      mode/design

                                                                                                                                                                                                                                        W+B 148
                                                                                                                    TOMAS CASANOVA BUSTOS -                  LA FONDATION FOLON                      VALENTINE WITMEUR LAB -
                                                                                                                    UNE VIE ENTRE LE CHILI                   A VINGT ANS !                           LE PULL OPTIMIST
                                                                                                                    ET LA BELGIQUE                           par Nadia Salmi                         par Marie Honnay
                                                                                                                    par Vinciane Pinte

                                                                                                                                                                                                                                          3
Photo couverture : Des jeunes du Centre La Bicoque, à Liège, sont partis au Québec grâce au BIJ © La Bicoque

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                                                                                                                    LA SOLIDARITÉ AU CŒUR
                                                                                                                                                    26       COOPÉRATION AU
                                                                                                                                                             DÉVELOPPEMENT
                                                                                                                                                                                             28      ENTREPRISE
                                                                                                                                                                                                     ODOO, LA START-UP
                                                                                                                    DES PROJETS DES JEUNES                   OBJECTIF Ô                              DEVENUE SCALE-UP
                                                                                                                    par Laurence Briquet                     par Laurence Briquet                    par Jacqueline Remits

                                                                                                               32   Innovation
                                                                                                                    XYLOWATT, DU GAZ VERT
                                                                                                                                                    36       Tourisme
                                                                                                                                                             VOYAGER DURABLE
                                                                                                                                                                                             38      survols
                                                                                                                    À PARTIR DE BIOMASSE                     EN WALLONIE
                                                                                                                    par Jacqueline Remits                    par Emmanuelle Dejaiffe

                                                                                                                                                  SECRÉTAIRE           COLLABORATION        CONCEPTION           ÉDITRICE
                                                                                                                                                  DE RÉDACTION         Marie-Catherine      Polygraph’           RESPONSABLE
                                                                                                                                                  Emmanuelle Stekke    Duchêne, Fanny       www.polygraph.be     Pascale
                                                                                                                                                  e.stekke@wbi.be      Tabart, Véronique                         Delcomminette
                                                                                                                             Téléchargez          02 421 87 34         Balthasart et Anne   IMPRESSION           Place Sainctelette 2
                                                                                                                             la revue sur                              Neuville             Graphius             B-1080 Bruxelles
                                                                                                                             www.wbi.be/rwb/                                                www.graphius.com
W+B - Wallonie-Bruxelles International
<

S

>

          Wallonie-Bruxelles
          au service de ses
          citoyens et du monde
É DI TO
W+B 148

 4

          L’eau, 6e Objectif de Développement Durable © SPW
W+B - Wallonie-Bruxelles International
<

                                   S

                                   >

Depuis quelques mois, nous
traversons une crise sanitaire
mondiale. Ce monde est bou-
leversé, et chacun avance
comme il le peut, abordant une
nouvelle façon de vivre et fai-
sant face aux drames humains
et économiques qui sont en
train de se jouer.

La Revue W+B ne pouvait évi-
demment pas passer au tra-
vers de cette période com-
pliquée sans y accorder toute
l’attention que cela mérite.
En Wallonie et à Bruxelles, de
nombreux secteurs se sont
mobilisés pour mettre leur
savoir-faire au service de la

                                   É DI TO
société.

Nous avons notamment tenu

                                   W+B 148
à mettre à l’honneur le secteur
de la recherche et sa grande
réactivité, en faisant un point
sur les leçons que nous allons
pouvoir tirer de cette crise, et
sur la manière dont nous pour-      5
rons, à l’avenir, anticiper ce
type de phénomène.

Au      programme        égale-
ment de ce numéro estival :
l’eau. Sixième Objectif de
Développement Durable (tels
que définis par les Nations
Unies), l’eau est une ressource
naturelle essentielle, deve-
nue matière d’expertise en
Wallonie et à Bruxelles.

Par ailleurs, nous vous parle-
rons des 20 ans de la Fondation
Folon, d’un chercheur chilien
qui collabore avec l’ULiège,
des projets solidaires chez les
jeunes ou d’une start-up deve-
nue un leader mondial.

Entre autres choses.

Bonne lecture ! 
W+B - Wallonie-Bruxelles International
<

S

>            L’eau :
             un objectif durable,
             un savoir-faire wallon
DOS S I ER
W+B 148

 6

             En Wallonie et à Bruxelles, les administrations sont tenues de
             respecter le suivi et l’atteinte d’une série d’objectifs désignés
             par l’acronyme ODD. “Les Objectifs de Développement Durable
             (ODD) sont la boussole du développement mondial”, nous explique
             Stéphan Plumat, directeur de l’APEFE (Association pour la
             Promotion de l’Education et de la Formation à l’Etranger).

             PAR CHARLINE CAUCHIE
W+B - Wallonie-Bruxelles International
<

                                                                                        S

                                                                                        >

D’où vient la définition d’Objec-      En quoi consistent exactement les
tifs de Développement Durable          ODD ? « Ils sont la boussole du dé-
(ODD) ? « Historiquement, ils re-      veloppement mondial et suivis par
montent aux années 1990. À cette       toutes les administrations et les
époque-là, trente ans après la         grandes agences. Ils ont comme
vague des indépendances dans les       horizon 2030. En anglais, on parle
pays dits en développement, se         de “sustainables goals”, donc d’un
pose la question de l’efficacité de    développement “soutenable” en
la coopération au développement.       ce qui concerne les ressources. Les
À l’époque, on ne voit rien avancer.   ODD sont comme un tissu, il y en a
Les Nations Unies et ses agences       17 et ils s’interpénètrent. Exemple

                                                                                        DOS S I ER
se demandent comment structu-          avec l’ODD 4 et l’ODD 8. C’est-
rer l’aide internationale et assurer   à-dire l’éducation d’un côté et la
une unité de vue sur les objec-        croissance économique de l’autre.
tifs à atteindre. Sont ainsi formu-    Ils se recoupent sur un thème

                                                                                        W+B 148
lés, au début du 3e millénaire, les    comme l’employabilité des jeunes.
“Objectifs du Millénaire pour le       Cette vision plus systémique
Développement” (OMD), qui cou-         que précédemment comporte
vriront la période 2001-2015 », rap-   également un objectif de méthode.
pelle Stéphan Plumat, directeur        C’est l’ODD 17 qui se concentre
de l’APEFE, « En 2015 quand ar-        sur la qualité des partenariats car,               7
rive le moment du bilan des OMD,       pour atteindre les 16 autres ODD,
naissent les ODD qui s’imposent à      il faut s’y mettre toutes et tous, al-
tous les pays. Le développement        ler dans la même direction, travail-
n’est alors plus uniquement l’af-      ler en complémentarité à la fois à
faire des pays du Sud ».               l’intérieur des pays mais aussi en
                                       coordination entre pays pour avoir
                                       une efficacité optimale ».

                                                                                © SPW
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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S
                     L’eau en Fédération Wallonie-         enchaîne Stéphan Plumat. L’eau      l’avenir. Autour de l’eau s’est dé-
>                    Bruxelles est une ressource deve-     est une des rares ressources na-    veloppé en Fédération Wallonie-
                     nue matière d’expertise de toute      turelles dont peut se targuer la    Bruxelles une expertise dans la
                     une chaîne d’acteurs publics et       Wallonie. Mais ce n’est pas n’im-   gestion des ressources, mais aus-
                     d’entreprises. Plongée au coeur       porte quelle ressource sur une      si dans la distribution, la gestion,
                     d’un savoir-faire qui s’exporte.      planète qui connaît le réchauffe-   ou encore l’épuration. « Il existe en
                                                           ment climatique et souffrira de     effet une véritable expertise wal-
                     « Le sixième ODD porte sur l’eau »,   plus en plus de stress hydrique à   lonne que nous tenons à mettre à
                                                                                               profit à l’international, une force
                                                                                               de frappe peu commune au ni-
             © SPW

                                                                                               veau du savoir-faire mais aussi de
                                                                                               la formation. C’est une pépite qu’il
                                                                                               faut promouvoir », insiste Stéphan
                                                                                               Plumat.

                                                                                                   “Nous avons une grande
                                                                                                 reconnaissance dûe à notre
                                                                                                investissement long-terme.”

                                                                                               Johan Derouane coordonne les
                                                                                               programmes de coopération in-
                                                                                               ternationale dans le secteur de
DOS S I ER

                                                                                               l’eau au sein de l’administration
                                                                                               wallonne (SPW). Son regard est
                                                                                               d’abord rétrospectif : « En Wallonie,
                                                                                               l’eau était déjà un secteur priori-
W+B 148

                                                                                               taire de la coopération internatio-
                                                                                               nale à la fin des années 1990, au
                                                                                               sein de la Direction des Relations
                                                                                               Internationales. WBI a poursui-
                                                                                               vi de manière continue depuis sa
             © SPW

  8                                                                                            création en 2008 ». Pourquoi his-
                                                                                               toriquement avoir fait de l’eau une
                                                                                               priorité de la coopération bilaté-
                                                                                               rale ? « Les ressources en eau wal-
                                                                                               lonnes sont abondantes, mais sou-
                                                                                               mises à de nombreuses pressions :
                                                                                               leur niveau élevé d’exploitation
                                                                                               et les enjeux de leur préservation
                                                                                               nous ont fait développer un haut
                                                                                               niveau de technicité. Puis, notre
                                                                                               modèle de gestion est resté entiè-
                                                                                               rement public dans un monde qui
                                                                                               tend vers la privatisation de l’eau,
                                                                                               ce qui est de plus en plus rare
                                                                                               et suscite donc l’intérêt de nos
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                                                                                               partenaires ».

                                                                                               Dans ce “marché” mondial de l’eau
                                                                                               toujours plus tourné vers la com-
                                                                                               mercialisation, le modèle wallon
                                                                                               inspire confiance : « Nous entrete-
                                                                                               nons des relations privilégiées avec
                                                                                               nos partenaires dans nos pays d’in-
                                                                                               tervention. Il n’y a pas d’agenda
                                                                                               caché et cette transparence per-
                                                                                               met la durabilité des partenariats
                                                                                               avec les pays bénéficiaires ». Au
                                                                                               fil du temps, le nombre de pro-
                                                                                               jets de coopération liés à l’eau a
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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        été multiplié par deux voire trois :           ces 5 prochaines années, alors que               semble et que c’est bénéfique pour
        « Le montant de l’enveloppe totale             notre apport ne dépassera pas un                 tout le monde », se réjouit Johan
        de Wallonie-Bruxelles n’augmente               million sur cette période. Mais y                Derouane. Joost Wellens, expert
        malheureusement pas, on va donc                étant depuis 1998, nous avons une                en gestion de l’eau à l’ULiège,

                                                                                                                                               DOS S I ER
        toujours plus vers l’eau au détri-             grande reconnaissance dûe à notre                ne peut que confirmer : « C’est
        ment d’autres secteurs. C’est un               investissement sur le long-terme ».              sûr qu’il faut rester modestes si
        choix stratégique que l’on retrouve                                                             l’on se compare aux budgets an-
        au niveau mondial : l’accès à l’eau            Cette implication sur la durée per-              nuels de la coopération française

                                                                                                                                               W+B 148
        potable, l’agriculture irriguée pour           met surtout une meilleure appro-                 ou allemande. Mais si l’on cumule
        l’auto-suffisance alimentaire et la            priation par les pays bénéficiaires :            les investissements de WBI et de
        gouvernance de l’eau sont des en-              « Les partenariats entre admi-                   l’APEFE depuis 20 ans de coopéra-
        jeux majeurs pour la communau-                 nistrations, exploitants de la res-              tion au Burkina Faso par exemple,
        té internationale », analyse Johan             source, universités et instituts de              nous n’avons pas à rougir de notre
        Derouane.                                      recherche donnent une plus-value                 intervention, elle a fait une réelle    9
                                                       à notre intervention. C’est propre               différence ».
        La liste des pays soutenus a peu               à notre modèle de coopération,
        évolué dans le temps, elle s’est au            tourné vers le renforcement des                  Quels sont les enjeux futurs ?
        contraire toujours plus concen-                capacités de nos partenaires insti-              « Nous sommes à fond tournés
        trée géographiquement sur des                  tutionnels, et le financement asso-              sur l’atteinte de l’ODD 6 : les res-
        partenaires historiques comme                  cié de programmes de recherche                   sources en eau doivent être mieux
        l’Afrique, dont le Burkina Faso ou             appliquée. Nous sommes dans le                   gérées. Il faut garantir l’accès à
        le Sénégal : « Dans le domaine de              relationnel. Cela détonne vraiment               l’eau (potable) à tout le monde »,
        l’eau, nous sommes à 80% tournés               par rapport aux autres approches                 affirme le chercheur. Comment tra-
        vers l’Afrique, tandis que nous nous           qui se résument souvent à l’exé-                 vaille l’ULiège pour les atteindre ?
        sommes peu à peu retirés d’Amé-                cution unilatérale d’un contrat ou               « Que ce soit au Maroc, en Tunisie,
        rique latine ces dernières années.             d’une mission de consultance. Ici,               au Sénégal, au Bénin, au Vietnam
        Il y a une volonté d’harmoniser                l’implication est totale dans les                ou en Haïti, nous sommes là pour
        la liste des pays partenaires avec             institutions renforcées », se félicite           former et apprendre ensemble.
        celle de la coopération fédérale               Johan Derouane.                                  L’Université recrute un doctorant
        (Enabel) avec qui nous sommes                                                                   local qui devient aussi chef de pro-
        naturellement complémentaires,                     “Une vraie plus-value                        jet. On voit que les personnes ain-
        eux étant plus tournés vers l’in-                  par rapport à d’autres                       si formées et devenues expertes
        frastructure et nous vers la gestion              modèles de coopération”                       font ensuite leur carrière dans le
        de la ressource et la formation des                                                             ministère et font profiter le pays
        acteurs de la filière ». Ces parte-            Tous les acteurs wallons de l’eau                de leurs connaissances acquises
        nariats dans la durée permettent               interviennent dans le projet : ges-              sur le long-terme. C’est une vraie
        à Wallonie-Bruxelles de se démar-              tionnaires publics (SPW, SPGE),                  plus-value par rapport à d’autres
        quer : « Au Ministère de l’Eau du              opérateurs publics (SWDE, inter-                 modèles de coopération où les
        Burkina Faso, par exemple, nous                communales), universités, et sec-                experts internationaux quittent le
        sommes assis à la table de travail             teur privé (cf. notre encadré sur la             pays après leur mission », conclut
        aux côtés de la Banque Mondiale,               société Eloy Water) : « On se rend               Joost Wellens. « Ici, la connais-
        qui apporte 350 millions d’euros               compte que l’on peut travailler en-              sance perdure ».
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                            Le groupe belge Eloy, avec sa            logies développées et tous les pro-      destiné à assainir l’eau. Dans les
>                           filière Eloy Water, est une suc-         duits commercialisés (notamment          objectifs pour l’avenir : « La réduc-
                            cess story wallonne méconnue.            des stations d’épuration de petite       tion de notre impact carbone. Vu
                            Présentation express.                    taille, ou de taille moyenne) sont fa-   que nous transportons beaucoup
                                                                     briqués à Sprimont près de Liège,        de pièces et de produits depuis la
                            Lorsque l’on cherche Eloy Water          dans un constant souci d’innova-         Belgique, nous avons à coeur de
                            sur le net, on trouve deux sites         tion et de durabilité : « Que ce soit    calculer et neutraliser notre im-
                            web différents. L’un se terminant        sur les aspects environnementaux         pact, par exemple en finançant la
                            par “.be” et centré sur les activités    ou sociaux, il y a un souci straté-      plantation d’arbres dans les pays
                            belges ; l’autre par “.com” et dis-      gique constant d’aller vers plus de      où nous intervenons ». 
                            ponible en anglais. On comprend          responsabilisation sociétale chez
                            dès lors que cette branche de l’en-      Eloy », nous explique Sandrine
                            treprise familiale belge Eloy, à moi-    Pierret, la nouvelle directrice mar-
                            tié centenaire et à présent dirigée      keting. Le premier partenariat avec
                            par les trois frères Eloy, ne fait pas   l’Université de Liège remonte à
                            l’économie d’adapter sa communi-         1995 et avait permis la création de
                            cation en fonction des besoins de        l’Oxybee, support bactérien utilisé
                            ses interlocuteurs. Et ils sont diver-   dans les stations d’épuration pro-
                            sifiés : Australie, Caraïbes, France,    duites à l’époque. Depuis, d’autres
                            Liban, Mexique, Nouvelle-Zélande,        inventions importantes sont ve-
                            Rwanda, Sénégal, Slovénie et             nues couronner les efforts en re-
                            Suède, pour un total de 35 pays          cherche appliquée : l’Oxyfix, une
DOS S I ER

                            dans lesquels la société apporte         micro-station d’épuration que l’on
                            des solutions pour le traitement         retrouve partout dans le monde,
                            des eaux usées. Toutes les techno-       ou le X-Perco, un filtre compact
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Station d’épuration
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>                 Pandémie :
                  Comment les
                  chercheurs
                  peuvent-ils mieux
                  prévoir ce risque ?
                  Au cours des trois derniers mois, les chercheurs à
                  Bruxelles et en Wallonie ont prouvé leur réactivité pour
                  apporter des solutions à leur niveau face à cette crise.

                  PAR VINCENT LIÉVIN
AC T UA L I T É

                  Terrassé. Confiné. Chacun chez soi.      Pour le Professeur et chercheur
                  La pandémie du coronavirus a dé-         Fabrice Bureau, Vice-recteur en
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                  boulé comme une tempête sur le           charge de la Recherche à l’ULiège,
                  monde provoquant un drame sani-          l’anticipation sera la clé à l’avenir :
                  taire, humain et économique. Très        « Pour mieux gérer ce type d’évé-
                  tôt les voix de scientifiques se sont    nement, le secret c’est l’anticipa-
                  élevées pour attirer l’attention sur     tion et se poser les bonnes ques-
12                le fait qu’une partie de ce drame        tions avant les autres. A Liège, dès
                  aurait pu être anticipé. Dans la po-     le début, nous avons réindustrialisé
                  pulation, ils ont été nombreux à         de nombreux éléments pour être
                  rappeler qu’en 2015, Bill Gates évo-     autonomes (tests, écouvillons…).
                  quait  dans le New England Journal       On a pris des risques financiers
                  of Medicine (NEJM) les dangers           pour garantir cette autonomie et
                  d’une pandémie au cours des vingt        cela a été une réussite. Nous avons
                  prochaines années. Pour lui, un          eu de nombreuses demandes
                  virus ou le bioterrorisme pouvait        du monde entier parce que nous
                  faire plus de dégâts aujourd’hui         étions en avance sur les besoins          être entreprise. De nombreuses
                  qu’une guerre et il en voulait pour      qu’engendrait l’épidémie ».               personnes n’ont pas cru à la force
                  preuve la dernière épidémie d’Ebo-                                                 de ce virus au début et cela a ra-
                  la dans une partie de l’Afrique.
                                                           LE DANGER DU « DÉNI »

                                                           Comment les pays du monde en-
                                                           tier peuvent-ils être surpris quand
                                                           l’Organisation mondiale de la san-
                                                           té (OMS) rappelle depuis des an-
                                                           nées une liste de virus à surveil-
                                                           ler : Ebola, la fièvre de Lassa, Zika,
                                                           le MERS et le SARS (deux coro-
                                                           navirus). Pour Thomas Marichal,
                                                           chargé de cours, professeur de
                                                           recherche à l’ULiège, un travail de
                                                           conscience devra être mené chez
                                                           les scientifiques, les autorités sani-
                      Pr Fabrice Bureau, Vice-recteur en   taires et politiques : « Une réflexion        Pr Thomas Marichal, chargé de cours,
                      charge de la Recherche à l’ULiège    pour lutter contre le déni devra              professeur de recherche à l’ULiège
                      © 2019 Michel Houet - ULiège                                                       © Michel Houet - ULiège
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                                                                                                                          AC T UA L I T É
                                                                                                                          W+B 148
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lenti notre capacité de réaction.    l’ULB, François Fuks : « Tout cela          européen qui s’occupe des épi-
On doit être humble, en retenir      était prévisible. On doit à court           démies-pandémies pour avoir
les leçons et mieux anticiper pour   terme mettre en place un centre             une réaction mieux adaptée à
posséder sur notre sol les élé-                                                  notre échelle. Cela permettrait
ments essentiels à la lutte comme                                                d’avoir une réflexion plus cadrée à
les réactifs, les masques… »                                                     l’échelle du continent, que cela soit
                                                                                 pour les premières actions à en-
                                                                                 treprendre lorsque le virus arrive
UN CENTRE DE GESTION                                                             mais aussi après... pour le déconfi-
EUROPÉEN                                                                         nement, les masques, les réactifs...
                                                                                 il y a eu trop de réflexes locaux ».
Face à une telle crise, le manque                                                Il propose que l’on prenne exemple
de réactions concertées inter-                                                   sur le reste du monde : « En Asie, il
pelle Thomas Marichal : « Pour                                                   existe un tel centre. Cela nous au-
les prochaines épidémies ou pan-                                                 rait permis d’isoler plus vite les in-
démies, on doit absolument avoir                                                 dividus porteurs du virus pour ne
mis en place un schéma de testing                                                pas que la propagation soit aussi
à grande échelle ». Un avis que                                                  rapide ».
partage le chercheur et profes-          Pr François Fuks, chercheur et
seur spécialisé en épigénétique à        professeur specialisé en épigénétique
                                         à l’ULB
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AC T UA L I T É
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                  LE DÉFI LOGISTIQUE                                                               pour améliorer la lutte contre une
                                                                                                   éventuelle pandémie, les institu-
14                Pour lui, cette pandémie doit nous                                               tions européennes ou mondiales,
                  permettre aussi de mieux réfléchir                                               ou l’industrie pharmaceutique, ne
                  à notre logistique. « Si on réalise                                              doivent plus interrompre les finan-
                  mieux le risque, on réagira plus                                                 cements de médicaments et vac-
                  vite et mieux avec une réflexion                                                 cins « panviraux ». Ces dernières
                  logistique adaptée pour. Nous                                                    années, personne n’était prêt à
                  avons particulièrement pêché à ce                                                payer pour des vaccins qui ne ser-
                  niveau pour plusieurs raisons : à                                                viraient peut-être pas. François
                  l’intérieur de nos frontières parce                                              Fuks partage cette réflexion : « De
                  que nous avions des difficultés à                                                nombreuses recherches de vac-
                  approvisionner toutes les zones                                                  cins ont été arrêtées parce qu’elles
                  mais aussi parce que nous n’étions                                               coûtaient de l’argent et que la ma-
                  pas maîtres dans la production des       et ancestrales. Tout le monde a         ladie n’était pas présente... Cela a
                  éléments (médicaux : réactifs) et        été pris de cours. Par contre, l’épi-   été une erreur grave et il convient
                  techniques (masques...) sur notre        démiologie va être une discipline       de ne plus la commettre ».
                  territoire. Nous étions dépendants       centrale... sans oublier l’infectio-
                  d’autres pays qui avaient besoin         logie, pour mieux appréhender les
                  des mêmes choses que nous ».             prochaines épidémies ».                 LA BIOLOGIE DU VIRUS
                  ajoute François Fuks.
                                                                                                   Que cela soit sur des vaccins
                  La recherche devra aussi prou-           RECHERCHE ET PRÉVENTION                 ARNm ou d’autres, la recherche
                  ver son savoir-faire en la ma-           DE VACCIN                               doit reprendre et être financée, se-
                  tière comme l’explique Thomas                                                    lon lui. « Il faudra permettre aux
                  Marichal: « Malgré les nombreuses        Pour lui, « la priorité sera aussi de   chercheurs et à l’industrie pharma-
                  avancées technologiques que la           mettre en place des vaccins plus        ceutique de travailler sur les virus
                  recherche a faites ces dernières         rapidement, avec tous les proto-        inconnus, afin d’avoir des tests
                  années, en big data notamment,           coles nécessaires de sécurité sa-       sanguins adaptés pour permettre
                  j’ai l’impression que le réflexe a été   nitaire évidemment ». A ce niveau,      de ne plus bloquer le pays avec une
                  de revenir aux mesures classiques        les scientifiques sont unanimes         pandémie ». Parmi les recherches
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                                                                                                                          S
à poursuivre, il convient de conti-       mondial. Ce qui manque actuelle-       Fuks reconnaît que c’est un défi
nuer, en laboratoire, à se pencher        ment c’est de mieux comprendre         de santé publique. Les chercheurs        >
sur les études des agents patho-          la biologie du virus et c’est ce que   devront sensibiliser les décideurs
gènes, les virus zoonotiques... Ce        je fais » ajoute François Fuks.        à rester vigilants et cela sera diffi-
n’est en effet pas le premier virus                                              cile : « La prévention possède un
qui provient des chauves-souris                                                  coût, mais il est toujours moins
(Nipah, Hendra, SARS...). Il insiste      INVESTIR DANS                          élevé que de devoir combattre une
aussi sur la belle collaboration          LE TEMPS (OU PAS)                      pandémie à mains nues. Et surtout,
entre les chercheurs : « Moi je vois                                             il faut de la mémoire parce que la
un aspect instructif dans cette pan-      Pour les chercheurs, les déci-         prochaine pandémie aura lieu dans
démie, tous les scientifiques et les      deurs et les financiers doivent aus-   50 ans ou plus... mais il ne faut
experts sont à nouveau écoutés.           si comprendre « le temps » d’un        pas arriver avec un discours dans
Par ailleurs, cette pandémie a per-       virus. D’après l’OMS, « le temps »     quelques années du type « cela
mis aux scientifiques de travailler       des grippes dangereuses (environ       n’arrivera plus », et réduire les dé-
ensemble dans la plupart des cas.         39 ans) ne favorise pas toujours       penses de prévention... »
Il n’y a jamais eu une telle mise en      chaque pays à envisager des bons       Pendant ce temps, les chercheurs
commun. On a séquencé en deux             moyens de prévention des risques       auront découverts d’autres vaccins
semaines le génome au niveau              de contaminations. Le Pr François      et d’autres médicaments... 

                                                                                                                          AC T UA L I T É
« La prévention
possède un coût,
mais il est toujours
moins élevé que de
devoir combattre une

                                                                                                                          W+B 148
pandémie à mains nues ».

                       Pr François Fuks
                                                                                                                          15
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>                Tomas Casanova Bustos -
                 Une vie entre le Chili
                 et la Belgique
                 Tomas Casanova Bustos est un chercheur chilien en
                 sciences vétérinaires qui a mené sa thèse de doctorat
                 chez nous, à l’Université de Liège, grâce à une bourse
                 octroyée par Wallonie-Bruxelles International (WBI). Le
                 parcours de ce trentenaire a toujours été étroitement
                 lié à la Belgique. Né à Bruxelles, il cultive des liens
                 forts avec notre pays, tant au niveau personnel que
                 professionnel. Rencontre.

                 PAR VINCIANE PINTE
P OR T R A I T

                 « Mes parents se sont réfugiés         COLLABORATION
                 en Belgique dans les années 80,        BELGO-CHILIENNE
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                 comme bon nombre de Chiliens
                 qui fuyaient la dictature militaire    En 2011, bien avancé dans ses                   Tomas Casanova Bustos – Liège
                 de Pinochet. Ce qui explique que       études au sein de la prestigieuse
                 je suis né et ai passé ma petite en-   Universidad       de   Concepción
                 fance à Bruxelles », explique d’em-    (UdeC) en faculté de Médecine vé-
16               blée Tomas. Certains membres de        térinaire, c’est tout naturellement
                 sa famille sont retournés au pays à    que Tomas se tourne vers la
                 la fin de la dictature dans les an-    Belgique pour mener à bien sa
                 nées 90, d’autres sont restés en       thèse de doctorat. Il rejoint la Cité   Professeur Daniel Desmecht. « En
                 Belgique. Tomas a donc très vite       Ardente, dont la faculté vétérinaire    plus de me garantir les conditions
                 pris l’habitude de faire la navette    jouit d’une très bonne réputation,      pour que ma recherche aboutisse
                 entre les deux pays.                   et le Département de Pathologie du      au meilleur terme possible, Daniel
                                                                                                Desmecht me propose, comme
                                                                                                promoteur de thèse, l’un des meil-
                                                                                                leurs chercheurs du laboratoire,
                                                                                                Mutien Garigliany. C’est comme ça
                                                                                                qu’est née notre collaboration uni-
                                                                                                versitaire belgo-chilienne », se ré-
                                                                                                jouit Tomas.

                                                                                                Pendant 4 ans, Tomas se consacre
                                                                                                donc à sa thèse, qui aborde les
                                                                                                facteurs impliqués dans la résis-
                                                                                                tance/sensibilité à l’infection par
                                                                                                un virus. « De même que dans la
                                                                                                population humaine, il existe, chez
                                                                                                les animaux, des individus plus
                                                                                                sensibles à certains pathogènes,
                                                                                                comme le virus influenza, la
                                                                                                tuberculose ou même le Covid-19.
                                                                                                Moi j’ai utilisé le modèle murin – un
                                                                                                type d’expérimentation qui utilise
                                                                                                la souris – pour étudier les pneu-
                                                                                                monies au virus influenza ».
<

                                                                                                                          S
                                                                                    Tomas, vous avez vécu en
                                                                                    Belgique plusieurs années.
                                                                                    Quelles sont les forces de notre      >
                                                                                    pays, selon vous ?
                                                                                    Le peuple belge est très solidaire,
                                                                                    ouvert et chaleureux. Je me suis
                                                                                    toujours senti très bien accueilli
                                                                                    lors de mes différents séjours
                                                                                    ici. La Belgique, c’est aussi
                                                                                    l’expérience de mes parents en
                                                                                    tant que réfugiés chiliens dans les
                                                                                    années 80, et celle de nombreux
                                                                                    Chiliens.

                                                                                    Et ses faiblesses ?
                                                                                    Je ne sais pas si c’est une
                                                                                    faiblesse, mais le Belge est très
                                                                                    modeste et ça se sent fort parmi
                                                                                    les pays « plus fiers ».

                                                                                    À l’heure de boucler cet article,
                                                                                    la Belgique entame sa 2e phase

                                                                                                                          P OR T R A I T
                                                                                    de déconfinement. Quelles
                                                                                    réflexions vous inspire cette crise
                                                                                    sanitaire ?
                                                                                    Nous sommes en train d’entamer
                                                                                    une nouvelle époque, avec de

                                                                                                                          W+B 148
                                                                                    nouvelles priorités : l’éducation
                                                                                    renforcée à la santé, un
                                                                                    financement accru de la recherche
                                                                                    scientifique et une plus grande
                                                                                    solidarité entre citoyens. Nous
                                                                                    sommes assez mûrs pour retenir        17
                                                                                    ces leçons, je pense.

                                         Tomas Casanova Bustos en plein séminaire
Aujourd’hui enseignant et cher-
cheur au sein de son alma mater
chilienne, Tomas poursuit sa col-
laboration avec ses homologues
de l’Université de Liège. « Pour
le moment, nous étudions ce qui
modifie de manière négative l’ef-
ficacité des antibiotiques. Il s’agit
d’établir des modèles in vitro pour
réduire et remplacer l’utilisation
d’animaux par des cultures cellu-
laires. Les premiers résultats sont
très positifs. Pour cet objectif, nous
travaillons à nouveau avec Mutien
Garigliany, qui a une grande expé-
rience dans les modèles in vitro ».

D’autres projets professionnels
inter-universités sont envisagés.
« On a des possibilités énormes,
mais l’amitié fait aussi partie de ces
collaborations », conclut Tomas. 
<

S

>                  La Fondation Folon
                   a vingt ans !
C ULT U R E

                                                                                                                                      © Folon
W+B 148

              C’est le bel âge, celui de tous les possibles. Et ce n’est
              rien de le dire vu toutes les œuvres qui sont venues
              compléter la collection de l’artiste et qui s’impatientent
              d’être révélées au monde entier.
18
              PAR NADIA SALMI

              Son esprit est toujours là, dans ce     ce legs riche de 5500 œuvres et
              musée qu’il a pensé comme un            documents d’archives, raconte la
              voyage... A peine entré en effet, on    présidente de la Fondation Folon,
              est pris par la main, et si on la re-   Stéphanie Angelroth. Nous avons
              garde bien, on se rend vite compte      découvert des trésors, notam-
              que c’est la sienne. Un miracle vi-     ment ses premiers dessins au
              suel et sensoriel aussi. Car Jean-      trait, qui nous ont permis de voir
              Michel Folon nous chuchote à            la cohérence de son travail de-
              l’oreille que ses œuvres sont sans      puis les premières années ainsi
              défense et qu’il ne faut par consé-     que la construction de sa pensée
                                                                                                        Jean-Michel Folon
              quent pas les toucher autrement         visuelle. Tous ces croquis, il les a
              qu’avec les yeux…                       fait vivre après dans les différentes
                                                      techniques qu’il a acquises tout
              Couvertures de magazines et de          au long de sa vie, y compris dans
              livres, aquarelles, sérigraphies,       la sculpture. C’est vraiment un           Né le 1er mars 1934 à Uccle, Jean-
              sculptures, tout est exposé. Enfin      travail complet ». De quoi se de-         Michel Folon se passionne très vite
              presque. Le 28 octobre 2000, l’ar-      mander pourquoi Folon avait es-           pour les arts, sans toutefois aller
              tiste décide de mettre en avant         quivé cette partie-là, ses débuts…        jusqu’au bout de ses études. C’est
              quelque quatre cent œuvres repré-       Souhaitait-il ne pas montrer ce qui       un homme libre qui ne supporte
              sentatives de son art, toutes réali-    l’avait construit ? « C’est difficile à   pas l’idée d’être étiqueté ou défi-
              sées des années 70 jusqu’en 1998,       dire, précise celle qu’il avait mise à    ni, son moteur étant le question-
              date de sa donation. Pourquoi ce        la tête de sa fondation. Peut-être        nement. Ce dernier est d’ailleurs
              choix ? Qu’avait-il d’autre dans ses    qu’il voulait passer à autre chose,       omniprésent dans son œuvre… « Il
              tiroirs ? « Ce n’est qu’après la mort   être reconnu comme un artiste             suffit de voir ses têtes ouvertes,
              de son épouse, en 2015, que nous        à part entière et pas uniquement          ses terrains en friche, ses scènes
              sommes entrés en possession de          comme un illustrateur ? ».                vides qui évoquent le mystère
<

                                                                                                                                 S
                                                                                    20 ans,
                                                                                    20 événements                                >

                                                                                    Pour célébrer cet anniversaire
                                                                                    spécial, la Fondation a
                                                                                    imaginé vingt moments. Mais
                                                                                    certains (comme l’exposition
                                                                                    au Musée Vatican en Italie ou
                                                                                    la nouvelle installation de « La
                                                                                    Mer, ce grand sculpteur » à
                                                                                    Knokke) ont dû être reportés,
                                                                                    la faute au coronavirus. Des
                                                                                    beaux livres sont aussi prévus.

                                                                                                                                 C ULT U R E
                                                                                                                                 W+B 148
                                                                                                                                 19
© Folon

          ou l’évasion, continue Stéphanie     dément ancrée en lui, ce qui lui a
          Angelroth. Folon aimait répéter à    aussi posé problème… Comme il
          qui voulait l’entendre « chacune     ne faisait pas partie d’un courant
          de mes images est le point de dé-    spécifique (même s’il y a du sur-
          part de l’imagination de chacun ».   réalisme en lui), il manque dans
                                                                                                                       © Folon

          La notion de liberté était profon-   l’histoire de l’art ».
© Folon

                                                                                                                       © Folon
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C ULT U R E
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                                                                                                                                                  © Folon
20                      Inclassable, Jean-Michel Folon           de rencontres. Il a commencé la          perçues. Il a pu transcender cette
                        avait néanmoins une famille d’es-        sculpture de manière très timide…        vision du handicap… Aujourd’hui,
                        prit dont il se nourrissait pour évo-    C’est César qui lui a conseillé de       François vient encore souvent ici
                        luer dans son travail. Tour à tour, il   passer au bronze pour faire vivre        avec sa mère, Colette Portal, qui
                        côtoie l’écrivain Jorge Semprun, le      ses créations en extérieur et mettre     est la première épouse de Folon.
                        réalisateur Alain Resnais, le sculp-     ses personnages en trois dimen-          Rester en contact avec sa famille
                        teur César… Autant d’amis que            sions. Le résultat est magnifique et     est très important pour nous ».
                        l’on retrouve dans ses archives et       pourtant, il ne se sentait pas sculp-
                        qui apportent un nouvel éclairage.       teur. Il estimait apprendre chaque       Car la Fondation Folon a pour vo-
                        « Folon était vraiment un homme          jour ».                                  lonté de toujours rester fidèle à la
                                                                                                          vision de l’artiste. Et aujourd’hui
                                                                                                          qu’elle a accès à tout son patri-
                                                                 FOLON, UN GRAND                          moine, il lui faut penser plus grand
                                                                 AQUARELLISTE                             et être à la hauteur. « L’espace
                                                                                                          est devenu petit et puis, nous
                                                                 L’aquarelle est sa technique de pré-     aimerions proposer des exposi-
                                                                 dilection. Là, il travaille seul, avec   tions plus riches et plus pointues
                                                                 ses couleurs et son vécu. Jusqu’à        car il n’y a pas que sa Déclaration
                                                                 sa mort en 2005, Jean-Michel             universelle des droits de l’homme
                                                                 Folon aime faire passer des mes-         à voir ». Jolie conclusion aux al-
                                                                 sages sur le monde, par le biais de      lures de promesse. Et Stéphanie
                                                                 la poésie. Mais derrière la légèreté     Angelroth sait de quoi elle parle,
                                                                 apparente se cache des drames in-        elle qui fête aussi vingt ans de pré-
                                                                 times, comme la mort en bas âge          sidence. « Je m’investis d’autant
                                                                 de sa petite fille et l’autisme de       plus qu’il m’a fait confiance ». 
                                                                 son fils. « C’était quelqu’un de po-
                                                                 sitif malgré tout. Il disait souvent
              © Folon

                                                                 que François lui avait fait voir des
                                                                 choses qu’il n’aurait peut-être pas
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                                                           S
                    Secrets d’histoire
                                                           >
                     L
                       a Fondation Folon aurait pu
                      voir le jour sur une lagune
                      à Venise ou en Provence si
                      le gouvernement wallon de
                      l’époque n’avait pas eu vent de
                      ce projet et décidé de proposer
                      le parc du domaine Solvay
                      (qui a une vocation culturelle)
                      à l’artiste. Touché ! Jean-
                      Michel Folon, qui avait quitté
                      la Belgique à 21 ans, y a vu un
                      joli retour aux sources, le site
                      faisant partie de ses souvenirs
                      d’enfance. Pendant la guerre,
                      il vivait en effet au bord du lac
                      de Genval et venait souvent
                      se cacher dans ce domaine
                      occupé par les Allemands.

                     J
                       ean-Michel Folon a choisi

                                                           C ULT U R E
                      Stéphanie Angelroth comme
                      présidente de sa Fondation,
                      après qu’elle lui ait envoyé
                      une lettre disant son envie d’y

                                                           W+B 148
                      travailler. En 20 ans, elle a vu
                      défiler un million de visiteurs.

                     C
                       oncernant son travail, l’artiste
                      aimait bien utiliser la devise
                      de Ludwig Mies van der Rohe :        21
                      « Less is more ».
© Folon

          © Folon

                                               © Folon
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>                    Valentine Witmeur Lab -
                     Le pull optimist
                     Ce qui aurait pu s’apparenter à un projet éphémère
                     s’est mué en un petit business pas prêt de
                     s’effilocher. Gros plan sur l’un des labels de maille
                     les plus enthousiasmants du royaume.

                     PAR MARIE HONNAY

                     Elle est Bruxelloise, détentrice d’un    faille souligner le caractère durable
                     bachelier en communication com-          des mailles du label : partiellement
                                                                                                                Valentine Witmeur
                     plété par un Master en manage-           composées de matières upcyclées
                     ment du luxe et plutôt calée quand       et de coton organique certifié avec,
                     il s’agit de faire le buzz sur les ré-   dans le viseur, la volonté d’arriver à   femmes qui aiment son style et la
                     seaux sociaux. Elle est aussi une tra-   80% de fil écolo d’ici l’été 2021. Un    suivent sur Instagram. La force de
M O DE / DE S I GN

                     queuse de tendances, très en phase       peu de tout ça, très probablement.       Valentine, c’est son côté pragma-
                     avec son temps et les attentes du        Car avant de se lancer, Valentine        tique. Il suffit d’observer la manière
                     marché. Voilà, en substance, com-        Witmeur avait déjà suffisamment          dont ses collections évoluent et
                     ment on pourrait qualifier Valentine     exploré l’univers du luxe pour en        s’affinent pour comprendre com-
                     Witmeur, une trentenaire, fonda-         comprendre les rouages et cerner         ment elle a habilement construit
                     trice d’un label éponyme centré sur      les besoins des boutiques où sa          l’identité de la griffe. De saison en
W+B 148

                     les vêtements tricotés.                  marque est présente : en Belgique,       saison, ses designs aux noms intri-
                                                              évidemment, mais aussi à l’interna-      gants (Bigamist, un pull bicolore,
                     Mais si on veut expliquer le suc-        tional, chez The Webster à Miami,        Oldish, un tricot zippé esprit vin-
                     cès de ce laboratoire de la maille       Los Angeles et New-York, entre           tage, Illusionist, un classique aux
                     créé en 2014, peut-être faut-il al-      autres.                                  proportions revisitées ou encore
22                   ler chercher un peu plus loin. Du                                                 Fusionist, un modèle color block
                     côté du produit proprement dit :                                                  récemment lancé) affichent une
                     dessiné à Bruxelles, fabriqué au         VALENTINE, LA PRAGMATIST                 identité de plus en plus marquée.
                     Portugal dans un atelier à taille hu-                                             Preuve que l’entrepreneuse est
                     maine et distribué dans un réseau        Il y a 6 ans, après un début de car-     aussi un fin stratège, passé maître
                     d’enseignes haut-de-gamme ? Ou           rière en tant que responsable mar-       dans l’art de ménager ses effets.
                     de celui de son image, pointue           keting pour une enseigne de luxe,
                     et léchée, un registre dans lequel       la Belge lance sa marque en s’ap-        A l’instar de ses créations lu-
                     Valentine excelle ? A moins qu’il ne     puyant sur une communauté de             diques qui mixent les couleurs, re-
                                                                                                                                                © Valentine Witmeur Lab
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                                                                                                                                                                             >
© Valentine Witmeur Lab

                                                                                                                                                                             M O DE / DE S I GN
                          visitent les volumes et réinventent
                          le concept même du tricot, un
                          genre souvent classique, Valentine
                          Witmeur aime s’inviter là où on ne
                          l’attend pas. A l’aise dans le design

                                                                                                                                                                             W+B 148
                          et dans la création d’une image de
                          marque, elle a choisi de bien s’en-
                          tourer, histoire de pérenniser son
                          label. Arthur Spaey, son associé,
                          assure désormais le volet finan-
                          cier, administratif et logistique du                                                                                                               23
                          projet. Un soutien précieux qui lui

                                                                                                                                                   © Valentine Witmeur Lab
                          permet de se recentrer sur son
                          core-business. Le résultat ? Des
                          collections de plus en plus ins-
                          pirées. Cette saison, des franges
                          twistent le bas de la robe bustier
                          Pacifist et du pull Philatelist au vo-
                          lume amplifié. Avec son encolure
                          bateau exagérée et ses poignets
                          terminés par de petits bouts de
                          foulard à l’esprit facétieux, le body    de designer comme un marathon           projet et collaborer, entre autres,
                          Trapezist est presque insolent tant      et privilégie les synergies avec        avec une agence de presse en
                          il est sexy. Amples et joliment cou-     d’autres talents de sa génération.      Allemagne, un marché où le label
                          pés, les deux modèles de pantalon        Tout récemment, dans le cadre de        réalise déjà de très bons résultats
                          de l’été 2020 jouent la carte du vê-     son Fashion Program, un projet          en ligne.
                          tement d’intérieur porté pour sor-       de soutien accordé aux marques
                          tir. A moins que ça soit l’inverse.      de mode émergentes, Wallonie-           A l’image du nom de sa griffe, un
                          Pensée dans un esprit tailoring, la      Bruxelles Design Mode (WBDM)            petit laboratoire de la maille en
                          veste Upperist, toujours en maille,      lui a décerné une bourse d’accom-       constante évolution, la designer
                          revisite le blazer en alliant allure     pagnement, la plus importante           belge aux ambitions internatio-
                          chic et cool attitude.                   parmi celles accordées cette an-        nales construit son projet avec in-
                                                                   née. Preuve de la maturité de cette     telligence sans se départir de cet
                                                                   griffe dont le produit, l’image, mais   esprit fantaisiste qui le rend telle-
                          VALENTINE,                               aussi la stratégie de développe-        ment irrésistible. 
                          LA FASHIONALIST                          ment à l’international, tiennent
                                                                   plus que jamais la route. Valentine
                          Appliquée, enthousiaste et par-          compte profiter de ce soutien pour        www.valentinewitmeurlab.com
                          tageuse, Valentine voit le métier        structurer encore davantage son
<

S

>               La solidarité
                au cœur des projets des jeunes
                Géré par la Direction générale de la Culture et Wallonie-Bruxelles International,
                le Bureau International Jeunesse (BIJ), à travers différents programmes
                d’éducation non formelle, mise sur la mobilité internationale des jeunes dans un
                but d’apprentissage avec, en toile de fond, une valeur centrale : la solidarité.

                PAR LAURENCE BRIQUET

                « Pour le BIJ, la mobilité internatio-        rité soutient des jeunes volontaires
                nale n’est pas une fin en soi mais            à l’étranger et en Belgique ainsi que
                bien un outil d’apprentissage par             des projets de solidarité qui sont
                l’expérience, et la solidarité en fait        des initiatives locales de jeunes.
                partie. Certains programmes sont              A titre d’exemple, depuis 5 mois,
                axés sur cette valeur essentielle,            une jeune fille travaille comme vo-
                comme le volontariat et les « projets         lontaire au sein d’un centre qui ac-
J E UN ES S E

                de solidarité » du Corps européen             cueille des femmes demandeuses
                de solidarité. Ceux qui ne le sont            d’asile vulnérables et qui les aide
                pas directement font souvent ap-              à gagner en autonomie et à re-
                paraître la solidarité dans les expé-         prendre confiance en elles.
                riences vécues », explique Laurence                                                           Grâce au Corps européen de solidarité,
                                                                                                              Margot est volontaire depuis 5 mois
W+B 148

                Hermand, directrice du BIJ.                   Les      programmes        Tremplins            dans un centre d’accueil pour femmes
                Le BIJ met l’accent sur les valeurs           Jeunes et Bel’J permettent à des                demandeuses d’asile © BIJ
                et a créé un outil pédagogique in-            jeunes de mener des projets d’im-
                titulé « Libres Ensemble » qui ex-            mersion linguistique ou profes-
                plore les valeurs de la solidarité,           sionnelle en se mettant au service         A LA RENCONTRE
24              du respect et de la liberté. Un outil         du projet d’une association située         DES MIGRANTS
                très pratique qui permet aux ac-              à l’étranger (Tremplins Jeunes)
                compagnateurs de jeunes de leur               ou dans une autre communauté               Le BIJ lance, chaque année, 2 ap-
                faire prendre conscience de ces               belge (Bel’J). Sans oublier les pro-       pels à projets : l’appel « Droits so-
                valeurs par l’expérimentation de si-          jets de groupes de jeunes via les          ciaux, droits de l’homme » et l’ap-
                tuations concrètes.                           programmes Axes Sud (lire par              pel « Citoyens d’Europe ».
                                                              ailleurs), Erasmus+ : Jeunesse en
                                                              Action et Québec, qui sont autant          L’an passé, dans le cadre de « Droits
                CITOYENNETÉ ACTIVE                            d’occasions de favoriser l’appren-         sociaux, droits de l’homme », il
                                                              tissage interculturel, le développe-       y a, par exemple, eu le projet
                Parmi les programmes gérés par le             ment d’une citoyenneté active et           « Front’hier et demain ? », porté
                BIJ, le Corps européen de solida-             du sens de la solidarité.                  par 3 associations (la Maison des

                   Cinq jeunes et leur animatrice sont partis au Sénégal             Dans le cadre du projet « Citoyens d’Europe », les jeunes
                   avec l’association Jeunes et Citoyens, grâce au                   ont organisé une marche à Bruxelles pour l’accueil et la
                   programme Axes Sud © JEC                                          justice migratoire © FMJ
<

                                                                                                                                   S
cultures de Saint-Gilles, la Maison
                                                Du Québec au Sénégal
de quartier le Bazar et le Cemome               Le Centre de jeunes et de quartier La Bicoque, à Liège, dispose d’un               >
asbl). Dans ce cadre, neuf adoles-              atelier photo. Les jeunes de cet atelier ont voulu participer à la dé-
cents âgés de 12 à 17 ans sont par-             marche citoyenne. Ils se sont mobilisés en participant aux marches
tis pour rencontrer des migrants                climatiques, en interviewant et photographiant les autres jeunes.
et des accueillants de la ville de              Dans le cadre du programme Québec « Our blue home », ils sont
Briançon (France). Dans cette ville,            ensuite partis rencontrer de jeunes Québécois engagés et découvrir
les bénévoles s’organisent pour                 des initiatives éco-citoyennes. De ces rencontres et découvertes, les
venir en aide aux migrants qui                  jeunes ont réalisé des vidéos et photos en vue de créer un montage
traversent les frontières monta-                vidéo qui rassemble leur point de vue sur le « mouvement des jeunes
gneuses à pied, été comme hiver,                pour un monde durable ».
de jour comme de nuit, entre l’Ita-             Autre continent, autre projet avec le pro-
lie et la France. Les jeunes ont pu             gramme Axes Sud qui a permis à Elise
échanger et comparer leurs vécus,               Lecocq, animatrice, d’accompagner 5
avec respect et humilité, par rap-              jeunes au Sénégal, avec l’association
port à ces voyageurs qui ne font                Jeunes et Citoyens. « Le projet consis-
que passer.                                     tait à surpasser ses préjugés pour aller
                                                à la rencontre de l’autre, grâce à la ren-
Du côté du projet « Citoyens d’Eu-              contre interculturelle », explique Elise
rope », les jeunes ont imaginé une              qui est partie au Sénégal en avril 2019.
marche à Bruxelles pour l’accueil               « Les jeunes ont logé dans des familles,

                                                                                                                                   J E UN ES S E
et la justice migratoire. Le parcours           ont échangé avec elles, vécu comme les          Dépasser ses préjuges et aller
était agrémenté de 5 happenings                 habitants et sont ressortis grandis de          à la rencontre de l’autre, c’est
                                                                                                ce qu’ont realisé les jeunes
créés par eux pour partager leurs               cette expérience qui leur a donné une           partis au Sénégal © JEC
messages via des formes artis-                  autre vision du monde », conclut-elle.
tiques (danse, musique ou théâtre).

                                                                                                                                   W+B 148
L’an passé, ce sont plus de 5.000
jeunes qui ont bénéficié d’un sou-
tien du BIJ et plus de 800 projets
qui ont été financés. 

		                                                                                                                                 25
   Infos : www.lebij.be

                                                                    Le projet « Front’hier et demain », dans le cadre de l’appel
                                                                    « Droits sociaux, Droits de l’Homme » © asbl Cemome

   Les jeunes du Centre de Jeunes et de Quartier La Bicoque,        Le parcours de la marche dans le cadre du projet « Citoyens
   à Liège, sont partis au Québec dans le cadre du Programme        d’Europe » était agrémenté de happenings pour partager les
   ‘Our Blue Home’ © La Bicoque                                     messages via des formes artistiques © FMJ
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