W+B - Wallonie-Bruxelles International
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> ISSN 0773-4301 - BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X S AUTOMNE 2018 141 W+B WALLON I E + B RUXEL L ES R EVUE TRI MEST RI EL L E IN TER N ATION A L E ÉDI T ÉE PA R LA F ÉDÉRAT I ON WA LLON IE - B RUX EL L ES ET LA WA L LON I E DOSSIER IGLOO : 40 ANS DE COMBAT POUR LA MUSIQUE PORTRAIT TYPH BARROW, EN TOUTE SIMPLICITÉ INNOVATION « DUMBOT » ET « BOTIBOUW » : LES CHAMPIONS D’EUROPE MONTOIS
< > W+B WA L LO N IE + BRUX E LLES R E V U E T R IMESTRIE LLE IN T E R N AT IO N ALE ÉD ITÉ E PA R L A F ÉD É RATIO N WA L LO N IE - BRUXE LLES E T L A WALLO NIE 04 ÉDITO 06 DOSSIER 14 PORTRAIT ENTRE MUSIQUE ET NATURE, IGLOO : 40 ANS DE COMBAT TYPH BARROW, DE WALLONIE-BRUXELLES POUR LA MUSIQUE EN TOUTE SIMPLICITÉ À L’INTERNATIONAL par Charline Cauchie par Emmanuelle Dejaiffe S OM M A I R E 16 Culture 20 ENTREPRISE 24 Innovation W + B 1 41 MAROC ET WALLONIE-BRUXELLES, WNM, LA COUPE DU MONDE « DUMBOT » ET « BOTIBOUW » : DES LIENS SANS CESSE DE L’AUDIO LES CHAMPIONS D’EUROPE RENOUVELÉS par Jacqueline Remits MONTOIS par Isabelle Plumhans par Vincent Liévin 3 28 COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT 30 Tourisme 32 Jeunesse GÉOPARC FAMENNE-ARDENNE : LE STAGE À L’ÉTRANGER ? BE MOR(E), SOIXANTE IDÉES UNE RECONNAISSANCE UNE EXPÉRIENCE D’ENTREPRISE MONDIALE QUI MÈNE À L’EMPLOI par Jean-François Pollet par Jean-Marie Antoine par Laurence Briquet Photo couverture : Typh Barrow, la nouvelle voix made in Wallonie-Bruxelles © Harry Fayt 34 mode/design 36 SOCIÉTÉ 38 survols MAISON MARCY, @HOME 18-24 : TOIT, SOUTIEN LE PYJAMA VISIONNAIRE ET AUTONOMIE par Marie Honnay par Catherine Callico SECRÉTAIRE COLLABORATION CONCEPTION ÉDITRICE DE RÉDACTION Marie-Catherine Polygraph’ RESPONSABLE Emmanuelle Stekke Duchêne, www.polygraph.be Pascale e.stekke@wbi.be Fanny Tabart, Delcomminette Téléchargez 02 421 87 34 Véronique Balthasart IMPRESSION Place Sainctelette 2 la revue sur et Anne Neuville Graphius B-1080 Bruxelles www.wbi.be/rwb/ www.graphius.com
< S > Entre musique et nature, de Wallonie-Bruxelles à l’international É DI TO W + B 1 41 4 Le Point de vue de la Roche à Tellin, un des joyaux du Geopark Famenne- Ardenne, reconnu par l’Unesco © Geopark Famenne-Ardenne
< S > Et nous voici déjà en automne… Pour ce numéro de septembre, la Revue W+B vous a concoc- té un petit sujet sur une thé- matique peu abordée, les labels musicaux de Wallonie- Bruxelles. A l’occasion du 40e anniversaire du label Igloo, un des fleurons du secteur, nous vous proposons de découvrir les rouages du milieu, et nous en profitons pour faire un petit tour d’horizon. En outre, nous vous invitons à la rencontre de Typh Barrow, jeune chanteuse bruxelloise à la voix chaude et envoûtante, É DI TO qui n’a pas fini de faire parler d’elle, et de la Maison Marcy, pour laquelle les pyjamas sont loin de ressembler aux pilous W + B 1 41 de nos grands-parents. Nous tenions également à mettre en valeur nos cham- pions d’Europe de robotique, 5 l’équipe de l’UMons, les « 7 Mons’quetaires », ainsi que le Géopark Famenne-Ardenne, labellisé par l’UNESCO. Bonne lecture !
< Igloo : S > 40 ans de combat pour la musique DOS S I ER W + B 1 41 6 Igloo Records est le fruit d’une amitié joyeuse et d’une passion sans bornes pour la musique alternative. 40 ans après sa création, grâce à des artistes qui en portent fièrement les couleurs, le label est toujours bien là pour défendre les genres musicaux situés “en-dehors de l’industrie et du commerce”, comme l’explique Daniel Sotiaux. Le fondateur d’Igloo a fait carrière dans la diplomatie, sans jamais perdre de vue son “bébé”. Retraité depuis l’an dernier, il revient avec nous sur l’histoire et les enjeux des labels indépendants en Fédération Wallonie-Bruxelles. PAR CHARLINE CAUCHIE
< S > Daniel Leon (ingénieur du son) et Eric Legnini pendant l’enregistrement de ‘Never let me go’ de J. Pelzer © Jacky Lepage C’est quoi Igloo des événements de Records ? sortie pour valoriser La philosophie du la- l’album. DOS S I ER bel a toujours été de favo- riser la diversité, de permettre aux La légende veut que Igloo ait été expressions musicales plus margi- fondé sur une sorte de hasard. nales d’être entendues et soute- Quelle est cette histoire ? nues dans un contexte musical me- Légende, c’est un grand mot ! En W + B 1 41 nacé d’uniformisation. Si le jazz est 1978, je m’intéresse au support devenu le domaine principal, Igloo discographique. Mon ami Jean- est resté ouvert aux créations plus Paul Ganty, un artiste que j’aimais « inclassables ». Il s’est aussi diver- beaucoup, cherche à sortir un al- sifié en intégrant, fin des années bum, mais aucune maison ne l’ac- 7 90, des projets issus de rencontres cepte. Tard dans la nuit, on s’est culturelles sous la bannière « Igloo dit : “Arrêtons de nous plaindre Mondo ». et faisons-le”. Le nom Igloo vient quant à lui d’un fanzine que l’on Comment Igloo choisit les ar- polycopiait avec des potes carolos. tistes qu’il produit ? Par un jeu surréaliste, on l’avait C’est important de dire que c’est appelé Igloo. La revue a disparu, d’abord les artistes qui nous mais j’ai repris ce nom par fidélité choisissent. Le jour où les artistes à quelque chose que j’avais beau- ne feront plus appel à nous pour coup aimé ! produire leur album, on n’existera plus. Nous recevons des dizaines On est alors dix ans après Mai 68. de propositions et nous en enre- Oui, nous, les baby-boomers ad- gistrons plus ou moins une sur ditionnés à cette période post- quatre. C’est le comité d’avis qui 68, cela donne un moment de sélectionne. Il est composé de création tous azimuts dans la journalistes, de programmateurs musique, le théâtre, le cinéma, qui ont des discussions approfon- l’audiovisuel. A l’époque, on en a dies sur l’originalité, la carrière de assez que la RTBF et les grandes l’artiste, la proposition musicale. institutions théâtrales accaparent Puis, c’est l’équipe, quatre per- la culture. Du coup, autour de manents à qui je rends ici hom- cet ‘establishment’ va naître un mage, qui travaille avec l’artiste : courant de réappropriation des pré-production, puis production, moyens de production : les radios promotion et suivi. Cette der- libres, les télés communautaires, nière tâche prend une impor- la jeune scène théâtrale (le Varia, tance grandissante car Igloo or- les Tanneurs, etc.) apparaissent à ganise de plus en plus souvent cette période.
< S Igloo, c’est la même idée : se ré- > approprier la production de la musique. Tout à fait. Le support disque à cette époque-là est accaparé par quelques grandes multinationales, même pas basées en Belgique. Il n’y avait quasi pas moyen de faire un disque en Communauté fran- çaise. On n’était pas les premiers à lancer un label, et il y avait pas mal d’artistes qui s’auto-produisaient, mais cela avait ses limites… L’ASBL Igloo voulait créer l’interface entre les artistes et l’industrie de la mu- sique, en faisant la distribution, la diffusion, les contacts avec la presse, etc. 40 ans plus tard, l’accaparement dans le secteur musical est plus que jamais une réalité... DOS S I ER Il s’est déplacé de la production à la distribution et à la diffusion avec les plateformes de téléchargement et de streaming, Amazon, etc. Nous avions trouvé une alternative W + B 1 41 au niveau national. Aujourd’hui, il faudrait des alternatives à un échelon international. Ne diabo- lisons pas : de nos jours, on ac- 8 cède plus aisément à la musique. Je peux acheter un album produit en Australie, cela a ses avantages. Mais, en même temps, cela signifie la disparition des revenus des ar- tistes qui ne peuvent plus vivre ni des droits d’auteur, ni de la vente des disques... >> Daniel Sotiaux, fondateur du label Igloo
< S > IGLOO RECORDS : QUATRE DÉCENNIES DE SUCCÈS 1978 Création du label dans l’effervescence culturelle de la fin des seventies. Dans un premier temps, le label produit de la poésie sonore, des musiques improvisées, etc. Igloo Records ne cessera de mettre en valeur les Objets Musicaux Non Identifiés comme la fanfare surréaliste Combo Belge à qui l’on doit le générique de l’émission Strip-tease ou, plus récemment, l’Ensemble Musique Nouvelles sous la direction de Stéphane Collin. Années 80 Fusion avec le label LDH et premières productions de jazz : Chet Baker, Philip Catherine, Jacques Pelzer, Michel Herr, Steve Houben, Charles Loos, etc. Autant de noms qui forgent la réputation d’Igloo à l’international et lui permettent de développer son ambition première : devenir une plate- forme pour les futurs talents. C’est ainsi que le label a mis en lumière la génération de Nathalie Loriers, Eric Legnini, Ivan Paduart, Manuel Hermia ; puis Mélanie de Biasio, Greg Houben, Pascal DOS S I ER Mohy, et bien d’autres. Années 80 (encore) W + B 1 41 La chanson française « made in Belgium » garde une place importante avec le label Franc’Amour qui produit Maurane, Pascal Charpentier, Claude Semal, William Dunker (Disque d’Or 2000), etc. et suivra ensuite les pas de Marc Lelangue ou Christiane Stefanski, la chanson pour enfant avec Christian Merveille, puis Jean-Louis Daulne et Balimurphy. 9 Années 2000 Igloo Records crée un label de musique du monde, IglooMondo, dédié aux collaborations mul- ticulturelles. Notamment Pierre Van Dormael avec le joueur de Kora sénégalais Soriba Kouyaté, Mâäk’s Spirit avec les Gnaouas Express ou encore Majid Bekkas avec Louis Sclavis et Minino Garay. Depuis sa création, de nombreux autres artistes l’ont enrichi : Wendo Kolosoy, père de la rumba congolaise, la bassiste ivoirienne Manou Gallo ou encore le Blues Touareg de Kel Assouf. Années 2010 C’est la mise en valeur de la nouvelle vague du jazz parmi laquelle on compte Igor Gehenot, Antoine Pierre, Guillaume Vierset ou Jean-Paul Estiévenart, etc. Aujourd’hui, le label peut se pré- valoir de plus de 200 enregistrements représentant trois décennies de jazz en Belgique. 2013 Igloo records ouvre ses portes aux artistes d’expression francophone en général avec le label «Factice» dédié à musique d’expression francophone plus actuelle : Sacha Toorop, Mochélan, Mathias Bressan, Karim Gharbi, etc.
< S OÙ FÊTER > LES 40 ANS D’IGLOO ? Du 25/09 au 19/10/18 : Exposition « IGLOO – 40 ANS » à la galerie Putsch de l’ERG à Bruxelles Le 4/10/18 : LG Jazz Collective et Stéphane Mercier au Rideau rouge à Lasne Le 6/10/18 : Martin Salemi et Jean-Paul Estiévenart au JAZZ9 à Mazy Le 12/10/18 : DOS S I ER Jean-Paul Estiévenart, Antoine Pierre Urbex et Fabrizio Cassol au PBA à Charleroi W + B 1 41 Le 12/10/18 : Sacha Toorop et Mathias Bressan au Théâtre 140 à Bruxelles 11 Le 20/10/18 : Stéphane Mercier et Julien Tassin à l’An vert à Liège Le 15/11/18 : Lorenzo Di Maio, Nathalie Loriers et Jean-Paul Estiévenart au CC La Louvière Le 22/11/2018 : Sacha Toorop et Mathias Bressan au Studio de l’Ermitage à Paris Le 27/11/18 : L’Orchestre du Lion au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris Le 29/11/18 : Lorenzo Di Maio et Eric Legnini au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris
< S > DOS S I ER W + B 1 41 12 >> Il reste les revenus liés aux pres- laborer avec des festivals, comme deux pistes. Le spectacle vivant, tations sur scène... récemment avec le Gaume Jazz la scène, on en a parlé. Puis, il me Certes, il y a une démultiplica- Festival, pour confirmer une lo- semble qu’en 40 ans, on a perdu tion des opportunités, mais, bien gique de partenariat. On les in- quelque chose qui était alors très souvent, les festivals utilisent l’es- forme plus d’un an à l’avance des présent : l’entraide globale. Il y sentiel de leur budget pour payer sorties de disques pour leur per- avait de grandes solidarités entre de grandes stars. Alors, pour les mettre de faire leur programma- les acteurs de la culture. Pour nous, autres, il ne reste pas grand-chose. tion en fonction. Et inversement ! c’était avec les Lundis d’Hortense, Pire, je ne les citerai pas, mais cer- On peut envisager des projets avec d’autres labels ou des centres tains font même payer les artistes d’album sur base de concerts ori- culturels. On avait un but com- en leur disant « vous allez vous ginaux ou exclusifs. mun : faire émerger une culture à faire connaître, c’est de la promo- laquelle on croyait. Aujourd’hui, il y tion pour vous ». C’est le piège Comment envisagez-vous les 40 a plus d’individualisme. Si on ne re- dans lequel l’artiste se retrouve prochaines années d’Igloo ? crée pas des solidarités à l’interne, souvent. Il va falloir retrouver un modèle au sein de la Communauté fran- économique adapté à la dispari- çaise et à l’international, on y arri- En tant que label, quels sont vos tion du support physique. Il faut vera pas. Il faut dépasser le chacun liens avec les festivals ? Votre mé- réfléchir à cela avec les artistes pour soi. tier évolue aussi, non ? sachant qu’à l’heure actuelle, on Nous ne sommes pas des tour- se heurte à des pouvoirs qui nous Avez-vous un exemple de solida- neurs ou des bookeurs, même si dépassent. Faire plier ne sera pas rité ? on le fait au moment de la sortie simple. Alors, ne nous contentons Deux exemples. D’abord, le Belgian de l’album. Cela nous amène à col- pas du rapport de force. Je vois Jazz Meeting. C’est un show-
< S > Igor Gehenot © Cees van de Ven DOS S I ER Quand IGLOO RECORDS se crée en 1978, il y a peu d’autres labels in- dépendants en Belgique. Dans les années 1980, naîtront : • PLAY IT AGAIN SAM ! (PIAS), qui deviendra le plus gros des indé- W + B 1 41 pendants. Fondé par Kenny Gates et Michel Lambot, il a aujourd’hui des filiales en Allemagne, Espagne, Hollande, France et Angleterre. • CRAMMED DISCS par le musicien Marc Hollander. Sa produc- tion éclectique mélange rock, musiques du monde et musique électronique. 13 • SUB ROSA, qui produit une vaste anthologie de musiques concrètes, Jean-Paul Estiévenart © Mael G. Lagadec bruitistes et électroniques. La maison publie également des archives de l’avant-garde (Marcel Duchamp, William Burroughs, etc.), des pièces de musiques électroniques anciennes (Henri Pousseur, Tod Dockstader) et certaines musiques traditionnelles. case organisé par la Flandre et la • LES DISQUES DU CRÉPUSCULE, qui ont continué leurs activités Fédération Wallonie-Bruxelles, qui jusqu’en 2006. Le riche catalogue du label montre ses liens avec sélectionnent chacune six artistes le Royaume-Uni. La scène belge est représentée par The Names, et invitent des acheteurs interna- Marine, Isolation Ward, etc. tionaux à rencontrer le meilleur de notre scène. Ensuite, je peux citer Dans les années 1990, apparaîtront : la réunion du réseau des festivals • CARBON 7, du jazz moderne à l’avant-garde, des musiques expéri- de jazz européens qui s’est dérou- mentales à la world music. Plus de production depuis 2007. lée au Gaume Jazz Festival cette • CYPRES RECORDS, qui se spécialise d’abord dans l’édition disco- année. Conscients du problème, graphique de musique contemporaine, puis qui s’ouvrira à la mu- les festivals de jazz créent des sique ancienne ainsi qu’aux périodes classique, romantique et mo- échanges pour faire des écono- derne. Le label Cypres édite aujourd’hui un répertoire de plus de 200 mies d’échelle et toucher d’autres titres de grande qualité. publics. • HOMERECORDS, dont la particularité est la production d’une mu- sique essentiellement acoustique. Il produit et souhaite désormais réaliser des vidéos pour la promotion de chaque artiste du label. Et plus récemment, citons encore : • OUTHERE, un groupe producteur et distributeur belge de musique classique qui intègre différents labels anciennement indépendants, dont certains sont spécialisés dans la musique ancienne. Outhere publie aussi du jazz. • MOGNO MUSIC, fondé par le bassiste Henri Greindl et organisé en collections : roots, fusion, jazz et expérimental. • QUETZAL (Patrick Bauwens) avec des disques de Charles Loos et Yvan Paduart.
< S > Typh Barrow, en toute simplicité Alors qu’elle revient des Francofolies de Spa, que son dernier album Raw marche fort et qu’elle prépare bientôt ses concerts de l’automne, Typh Barrow consacre à W+B le temps d’une interview. On pourrait écouter la jeune artiste bruxelloise pendant des heures tant sa passion et ses convictions sont communicatives. Rencontre avec une musicienne sincère dont le défi est de vivre de et pour la musique. PAR EMMANUELLE DEJAIFFE Te vois-tu comme une artiste P OR T R A I T engagée ? Sans être une chanteuse engagée – d’autres le font mieux que moi – je parle de sujets qui me touchent © François Leboutte et sur lesquels j’ai envie de m’ex- primer. Par exemple, la chan- W + B 1 41 son Taboo sur l’album évoque la question de l’homosexualité. Pour moi, la musique permet de trans- mettre des émotions, d’échapper 14 au quotidien, de sortir du réel. Quel est ton parcours ? J’ai commencé la musique à cinq, six ans avec un parcours Comment te définis-tu ? assez classique : solfège, piano… Comme une vieille âme dans un Vers douze ans, j’ai commencé à corps de jeune adulte (rire). C’est écrire mes propres textes. Avec difficile de se définir mais c’est ain- ma voix très androgyne, je n’ar- si que je le ressens. J’ai l’impres- rivais pas à chanter les grandes sion de ne pas avoir l’âge que j’ai. chanteuses de l’époque et j’avais travaillons en binôme depuis les De façon plus terre-à-terre, je suis besoin de m’exprimer. Ces chan- débuts de cette aventure. quelqu’un de très entier, de pas- sons étaient adaptées à ma tessi- sionné et d’impatient ! ture. Dès quatorze, quinze ans, j’ai Quelle est ton actualité ? eu l’opportunité de jouer dans des A la rentrée, je joue à l’Ancienne La musique, c’est… piano bars. J’y ai fait mes armes et Belgique le 5 octobre. Le concert Dans ma vie, la musique a toujours j’ai appris à apprivoiser un public. est sold out. Cela me touche énor- été une évidence. La soul des an- Cela a représenté une super école. mément. C’est un rêve, comme nées 60/70, le blues, le jazz sont l’était la sortie de Raw, en janvier les musiques avec lesquelles j’ai Et tes études ? dernier, notamment dans sa ver- grandi. J’ai très vite su que je vou- J’ai étudié au Conservatoire en sion vinyle ! Mon producteur m’en lais me diriger vers un mélange de section Jazz, qui m’a enseigné, a fait la surprise. Une date est ou- soul et pop. Dans Raw, je ne me entre autre, à dialoguer avec mes verte au Cirque Royal le 26 avril et prive pas pour autant d’explorer musiciens. Parallèlement, j’ai étu- je serai au Forum de Liège le 10 mes influences hip hop, ragga, dié le Droit avec une spécialisa- mai. Je commence aussi à travailler blues ou jazz. La musique, c’est tion en propriété intellectuelle. sur le prochain album. J’enchaîne aussi la scène qui reste toujours Enfin, au niveau professionnel, j’ai un peu tout en même temps sans un moment fort, j’y laisse un petit rapidement rencontré François m’arrêter ! Mais c’est très bien, j’es- bout de moi. Leboutte, mon producteur. Nous saie de vivre le présent à fond.
< S > P OR T R A I T W + B 1 41 15 © François Leboutte Et l’étranger ? Géorgie par exemple. On reçoit Un rêve, une envie profession- Doucement, cela commence à des commandes de CD à l’interna- nelle pour conclure l’entretien ? s’ouvrir. On a eu une date à Paris tional mais cela reste minime par J’en ai plein ! Il y a par exemple en mai. Une autre est prévue en rapport à ce qu’on vit ici. beaucoup d’artistes avec lesquels septembre en Italie. j’aimerais travailler sans citer de noms car j’en oublierais. L’un de Le numérique permet-il que les mes rêves est aussi de jouer avec frontières s’estompent ? un Orchestre symphonique. Oui. Tout à coup, l’artiste touche un public mondial en restant dans sa chambre derrière un écran d’ordinateur sans coût. Pour moi, cela s’est un peu passé ainsi. En Le site officiel où retrouver postant les premières vidéos sur l’agenda des concerts : YouTube pour donner du contenu typhbarrow.net aux internautes, on n’imaginait pas Raw (Deluxe Editions) - 2018 la résonnance que cela déclenche- rait à l’international. Des gens nous suivent partout, parfois depuis Pochette de l’album ‘RAW’ des zones inattendues, comme la © François Leboutte
< S > Vernissage du projet ‘Dialogue Gravé’ à Agadir © Ahmed Boutgaba for Action C ULT U R E Maroc et Wallonie-Bruxelles, W + B 1 41 des liens sans cesse renouvelés 16 PAR ISABELLE PLUMHANS La création est riche HABIB, GÄETAN ET HAKIMA, Hakima Moubsete, sont de l’aven- au Maroc. Elle se veut LA CULTURE ture de « Dialogue Gravé, une ouverte sur le monde et POUR TRANSMISSION amitié belgo-marocaine ». Amis sur l’autre. Mais parfois, d’enfance, les jeunes gens se sont il y est difficile de se L’histoire de ces trois-là illustre les retrouvés à Agadir, quand Gaëtan faire une place dans liens belgo-marocains. 1960, trem- était au chevet de sa grand-mère les réseaux officiels blement de terre à Agadir. Grâce à biologique, malade. A l’époque, du pays. Les artistes l’amitié belgo-marocaine, certains Gaëtan, réalisateur formé à l’In- créent alors dans des enfants de la ville sont accueil- sas, travaille à « 5 sur 5 », festival circuits alternatifs, lis par des familles belges. Habib à La Louvière. Hakima collaborera élaborant leurs propres Harem est de ceux-là. Il grandit réseaux de production dans sa famille d’accueil, étudie et diffusion. Réseaux la gravure à Saint-Luc, travaille qui passent parfois par dans une imprimerie du Brabant la Belgique. Nous avons Wallon, débute son travail d’artiste, rencontré quelques-uns enseigne à son tour son art et ex- des artistes qui font pose. Au cours d’un vernissage, il lien avec notre pays. rencontre Chantal Hardy, qui part entamer un dialogue avec des ar- tistes du Vietnam. Des résidences là-bas, entre artistes belges et viet- namiens, et des expositions, là et ici. Habib est de l’aventure, le pro- jet est un succès. En 2017, ils re- mettent ça, au Maroc cette fois. Le fils d’Habib, Gaëtan, et sa femme Habib Harem dans son atelier
< S > C ULT U R E Atelier Essaouira lors du projet ‘Dialogue Gravé’ W + B 1 41 Hakima, c’est celle de personnes qui ont reçu la générosité en ca- deau et qui veulent en faire profiter d’autres, en transmission artistique. 17 YOUNES BABA ALI, L’ART D’UNE VIE Younes Baba Ali est né à Oujda, à la frontière algérienne. Il quitte le Maroc à 4 ans, avec sa mère, pour Nantes. Son grand-père, malade, les rejoint peu après. A l’époque, il s’installe chaque jour au chevet de ce grand-père qu’il admire, pour dessiner. Ce grand père pousse Atelier ‘SOS Village’ durant le projet ‘Dialogue Gravé’ Younes à apprendre le dessin, avec la voisine de palier. La famille de Younes a l’esprit ouvert « tout bientôt au festival international du loin que le simple dialogue entre le monde parle berbère, français, documentaire d’Agadir. Ils créent artistes marocains et de Wallonie- espagnol. Mon grand-père, com- une asbl. Bruxelles, puisque des ateliers ont merçant parti de rien, était énor- été organisés avec des enfants, mément au contact des étran- Leur rêve ? Créer un « 5 sur 5 » au des orphelins, des femmes, des gers. » Une ouverture qui permet Maroc. « J’ai adoré la façon dont ce personnes handicapées, dans une à Younes de tracer sa route hors festival permettait aux louviérois volonté d’échange réel. Le rêve des chemins classiques, dans la de se réapproprier la ville. » Avant désormais des deux jeunes gens? culture. Dans un premier temps, il ce projet d’ampleur, leur asbl a ac- Créer ici une asbl wallonne ou fait un CAP de dessinateur exécu- cueilli « Dialogues gravés »: Gaëtan bruxelloise qui permettrait de faire tant en communication graphique en était le directeur artistique et le pont de façon pérenne entre ici puis de technicien maquettiste. technique, Hakima la coordinatrice et là-bas, tout art confondu. Parce En parallèle, émancipé, le jeune générale. Et le projet a été plus que l’histoire d’Habib, Gaëtan et homme habite seul un studio. C’est
< S > L’œuvre commandée à Younes Baba Ali par le Kanal - Centre Pompidou, une revisite du vestiaire de l’ancien garage © Aude Tournaye C ULT U R E cisme omniprésent – il découvre Bruxelles. « Une ville où il fait froid W + B 1 41 mais ouverte ». Il décide de s’y ins- taller pour travailler, tout en créant un lieu de création au Maroc. Concrètement, le trentenaire fut 18 notamment commissaire à l’expo- sition « Raw Poetry » à Bozar, dans le cadre du festival Moussem. Puis, jolie consécration, le Kanal-Centre Pompidou lui a commandé une œuvre pour ses collections per- manentes. L’installation? L’ancien vestiaire du garage, où il a don- né mouvement et son aux casiers qui y sont restés. L’installation Younes Baba Ali a donné du mouvement et du son aux casiers de l’ancien vestiaire du évoque les passages de vies suc- garage, devenu le Kanal - Centre Pompidou © Aude Tournaye cessifs dans ce lieu. Faire avec le temps, la matière, les souvenirs, le la vie de bohème, les amis artistes. Comment l’art peut servir. J’essaie Une période faite de rencontres, de me positionner : quel est mon « pas toujours stable, mais super rôle en tant qu’artiste. Je me pose enrichissante. Beaucoup de fêtes, ces questions depuis 12-13 ans. Un le contact avec la musique: c’était artiste, c’est un kamikaze à sa fa- très stimulant. ». çon ». L’évolution de son art pas- sera par l’intégration concrète du Peu à peu, il s’éloigne du gra- son à sa production. « J’ai joué phisme trop restrictif et carré pour avec des jazzmen, des rappeurs, travailler le verre, la céramique, le des musiciens électro, un groupe bois, le métal, inscrivant la matière de Kinshasa et je m’en suis inspi- dans l’espace. Il se réfugie dans des ré ». Le voyage est omniprésent ateliers de peinture « les seuls en- aussi. Après être passé, pour ses droits où il se sent bien ». « Ce qui études, son travail artistique ou un est important, dans mon travail, Erasmus, par Marseille, Strasbourg c’est voir l’endroit où je suis utile. ou la Pologne – où il souffre du ra- Younes Baba Ali © Carlos Casteleira
< S > C ULT U R E W + B 1 41 Dans cette installation, Younes Baba Ali évoque les anciens passages de vies successifs dans ce vestiaire de l’ancien garage Citroën © Aude Tournaye son. Au fond, faire avec l’être et le contacté par un festival de jazz ghrébine et écrite européenne. monde dans ce qu’ils ont de plus européen, Jazz aux Oudayas (ac- « Au contact des européens, j’ai 19 authentique et réel. Voilà la poé- tuel Jazz au Chellah), pour coor- acquis la rigueur de la musique. ‘Tu sie concrète du travail de Younes donner la partie marocaine de la es devenu plus européen que les Baba Ali. programmation. Une opportunité musiciens européens’, m’a d’ail- décisive et une rencontre avec le leurs dit un musicien allemand », jazz européen; par la suite le musi- sourit-il. Celui qui affirme que la MAJID BEKKAS, LA MUSIQUE cien entamera de nombreuses col- musique l’a choisi plus qu’il l’a choi- COMME UN PONT laborations avec les artistes d’Eu- sie, pratique un art « qui lui permet rope. Manu Herbia, Peter Broxman, d’être citoyen du monde et de par- Majid Bekkas est né à Salé, à côté Lewis Clovis sont de ceux-là. Son tager sa culture avec le plus grand de Rabat, dans une famille musi- premier album, il l’édite chez Igloo, nombre ». Les liens pour Majid cienne. Dans les années 70, Nass un label de Wallonie-Bruxelles. Un Bekkas sont essentiels. Et cultu- Eljhiwane est un groupe mythique. peu par hasard: « Daniel Sotiaux, rels. « Tous les musiciens étaient in- qui travaillait alors à WBI, a assisté fluencés par eux. C’était nos à un de mes concerts au Maroc et a Beatles à nous », nous confie Majid. voulu m’acheter un album. Je n’en A l’époque il forme lui-même un n’avais pas: ma musique n’était pas groupe, qui jouait aux mariages, commerciale. Il m’a aidé à faire en- dans les écoles. Autodidacte registrer le disque ». Depuis, Majid jouant d’instruments traditionnels organise des ateliers pour faire à ses débuts, il débute ensuite le connaître le jazz européen et les conservatoire : « 8 ans de solfège, musiques traditionnelles maro- 8 ans de guitare classique. Puis caines et faire dialoguer les deux. « dans les années 80, j’ai commen- La musique, c’est le métissage. Le cé la soul. C’est venu après le jazz, saxophone est belge, non ? » dans mon parcours, poursuit-il. J’assistais beaucoup aux concerts Ce qui l’intéresse dans ces liens de jazz à l’ambassade améri- entre Maroc et Europe, c’est se caine de Rabat ». En 96, Majid est faire rencontrer tradition orale ma- Majid Bekkas © Majid Bekkas
< S > E N T R EPR I S E WNM, la coupe du monde de l’audio W + B 1 41 PAR JACQUELINE REMITS 20 « L’ En captant le son des objectif consistait à UNE LONGUE AVENTURE matchs lors du mondial capter le plus de dé- du football en Russie, tails sonores possibles, L’aventure commence longtemps la société WNM a d’avoir des sons de ballon, de sen- avant la Coupe du monde. « Le remporté sa coupe du tir l’atmosphère d’un stade, les tout avait déjà été testé en condi- monde pour la troisième réactions des supporters, leurs tions réelles, l’an dernier, dans le fois. Active depuis cris, d’entendre les joueurs se par- stade de Saint-Pétersbourg pour plus de vingt ans dans ler dans le couloir d’avant-match. la Coupe des confédérations, l’audio, elle a équipé les Des ingénieurs du son mixent qui constitue un peu la répéti- douze stades russes de l’ensemble », commence Maxime tion générale pour les meilleures l’interphonie sans fil. Une Van Gorp, directeur commercial équipes du monde dans trois nouvelle victoire pour de WNM. Chaque stade compte stades russes. » En février der- l’entreprise liégeoise. soixante micros. « Lors de la re- nier, les équipes spécialisées de transmission d’un événement spor- la société font le tour des douze tif d’une telle envergure, c’est tout stades, alors inachevés. « Il faisait cela que nous essayons de saisir un très grand froid, moins 30 de- pour le transmettre ensuite aux grés en général. Nous avons ame- différentes chaînes de télévision né le matériel pour prendre au du monde entier. Celles-ci viennent moins quelques mesures dans les alors rajouter leurs propres com- différents stades. » En mai, une mentaires. Le but est de donner au vingtaine de palettes, avec tout le téléspectateur confortablement matériel nécessaire (micros, inter- assis dans son canapé, ou debout phones, casques audio, tables de devant un grand écran au milieu mixage…), prennent la route de la d’autres supporters, le maximum Russie dans un camion semi-re- d’émotions. » morque. Fin mai, douze ingénieurs
< S > E N T R EPR I S E W + B 1 41 © WNM du son, un par stade à équiper et WNM fournit l’intégralité des so- gés de délivrer le signal interna- 21 en charge de la gestion de ces lutions d’interphonie sans fil dans tional aux chaînes TV du monde systèmes au service des équipes les douze stades russes, ainsi que entier. « Au total, nous avons en- de production TV, ainsi que des douze ingénieurs du son en charge voyé huit équipements de maté- techniciens, se rendent sur place de la gestion de ces systèmes. La riel pour douze stades, car il reste et prennent la direction des diffé- société liégeoise fournit également toujours quatre stades qui ne pro- rents stades. six autres ingénieurs du son char- duisent pas de match et huit qui travaillent. » EN CONTACT PARTOUT : SOUS LES TRIBUNES, DANS LES TUNNELS… Enfin, la Coupe du monde com- mence. Lors des matchs, diffé- rents techniciens, du caméraman à l’ingénieur du son, s’activent, tous connectés par un système qui leur permet de se parler entre eux et de communiquer avec la régie. « Via ce système, le réali- sateur est en contact avec les dif- férentes équipes, précise Maxime Van Gorp. C’est grâce à ce sys- tème d’interphonie que toutes ces personnes que l’on voit avec © WNM un casque micro sur les oreilles peuvent se parler, que ce soit à
< S > E N T R EPR I S E W + B 1 41 © WNM 22 l’intérieur du stade entre les dif- déplace alors avec le matériel, monde en Afrique du Sud en 2010 férents corps de métier, mais tandis qu’une autre reste dans le et au Brésil en 2014. aussi à l’arrivée du bus, sous les stade. tribunes, dans les tunnels, les Si la France a remporté la Coupe vestiaires. Ce n’est pas possible du monde 2018 en Russie, cette D’AUTRES ACTIVITÉS avec de la téléphonie mobile troisième édition pour WNM est QUE LE SPORT classique. » Une fois un match également une victoire pour l’en- achevé, une partie de l’équipe se treprise, après les Coupes du Fondée en 1995 par Gaëtan Crenier, ingénieur du son, et ins- tallée à Seraing, WNM est spécia- lisée dans les systèmes d’interpho- nie et de transmission analogique et numérique. La société propose différents services audiovisuels broadcast dédiés aux grands évé- nements sportifs. Depuis 2008, elle est prestataire pour ces grands rendez-vous que sont les cham- pionnats d’Europe de football, l’Euro, et depuis 2010, les Coupes du monde. Elle y fournit l’ensemble des solutions d’interphonie sans fil dans les stades, pour le personnel, ainsi que pour les tâches liées à la production télévisée. WNM prend également en charge le son pour le signal international aux chaînes © WNM de TV du monde entier, c’est-à- dire celui reçu par le téléspecta-
< S teur lors d’un match, mais aus- si à de nombreuses productions > audiovisuelles. Si l’entreprise est spécialisée dans la prise de son TV pour des capta- tions sonores sur des événements sportifs, ce n’est pas là son seul cœur de métier. Elle se consacre également à l’installation de stu- dios radios et TV pour différentes chaînes un peu partout dans le monde. « Nous travaillons beau- coup pour la télévision, souligne Maxime Van Gorp. Nous réfléchis- sons à l’architecture du studio en matière d’audio. Nous réali- sons de la vente d’équipement en Belgique, en France, un peu par- tout en Europe, au Moyen-Orient… La part de notre chiffre d’affaires à l’exportation est d’au moins E N T R EPR I S E 50 %. » WNM crée aussi des évé- nements particuliers pour des en- treprises privées, des organismes et des services publics. Ainsi, elle s’occupe, notamment, de la partie audio des Magritte du Cinéma. W + B 1 41 La société, qui emploie aujourd’hui une dizaine de personnes, fait ré- gulièrement appel à son réseau d’indépendants spécialistes du son, selon l’ampleur de l’événe- 23 ment. « Pour la Coupe du monde, qui demande beaucoup de res- sources pendant de nombreuses © WNM semaines, nous avons évidemment fait appel à l’ensemble de notre réseau. » SUR LES STARTING-BLOCKS partis en Indonésie pour les Asian POUR LA COUPE DU MONDE Games, les jeux olympiques asia- AU QATAR tiques, pour fixer l’ambiance de certaines compétitions. Du foot, il Pour cette entreprise impliquée y en a partout en Europe, du bas- dans les grands rendez-vous spor- ket aussi. Cela se joue beaucoup tifs comme les Jeux olympiques, sur la réputation. La qualité du l’Euro, la Coupe du monde, une an- travail est là, les clients nous font née paire est synonyme de plus de confiance. Nous espérons être en- travail, de notoriété et de revenus. core dans les rails pour la Coupe « Nous avons pour habitude de du monde au Qatar en 2022 », dire qu’il y a les années paires avec conclut le directeur commercial de plus d’événements sportifs et les WNM. années impaires, en général un peu plus calmes. Quand ce n’est pas une année de Coupe du monde, nous faisons la même chose, mais à plus petite échelle. Ainsi, nous © WNM étions présents lors de l’Euro. En août, des ingénieurs du son sont
< S > « Dumbot » et « Botibouw » : les champions d’Europe montois Pour la première fois, la Belgique règne sur l’Europe de la robotique grâce au concours des étudiants de la Polytech (UMons). I N N OVAT I O N PAR VINCENT LIÉVIN W + B 1 41 24
< S > E n mai dernier, l’Universi- té de Mons a arboré fière- ment les couleurs du dra- peau européen. Sept étudiants se sont drapés de bleu, la tête dans les étoiles, après avoir ga- gné le concours international « Eurobot ». Sabre en bandoulière, les « 7 Mons’quetaires » ont em- brassé leurs créations « Dumbot » et « Botibouw », après avoir vain- cu 35 équipes. La Belgique est championne d’Europe de robo- tique pour la première fois depuis la création du concours en 1998 ! Les 7 Mons’quetaires © UMons I N N OVAT I O N UN DOUBLE TITRE dée et mixte. En effet, parmi les « 7 Mons’quetaires », on compte Les « 7 Mons’quetaires » ont ajou- deux femmes passionnées par té un second titre à leur tableau ce métier d’ingénieur. Voici le dé- après que la Polytech de Mons a tail de l’équipe d’étudiants ingé- W + B 1 41 remporté en mars dernier, à l’Uni- nieurs civils mécaniciens de mas- versité de Namur, le titre natio- ter 1 de la FPMs : Flavio Palmeri nal (les 24 et 25 mars). Robotix’s, (Chef d’équipe / programmation), la finale de la Coupe de Belgique François Bovart (Adjoint au chef de robotique, s’y déroulait dans le et responsable planning / pro- 25 cadre du Printemps des Sciences. grammation), Soufiane El Fani Pourtant, lorsqu’ils ont posé le (Responsable communication et pied les 12 et 13 mai derniers à La sponsoring / Mécanicien), Maxime Roche-sur-Yon, les Montois avaient Maton (Secrétaire / Mécanicien), encore tout à prouver à ce niveau Daphné Bureau (Responsable lo- comme l’explique Soufiane El gistique / Mécanicienne), Adeline Fani (Responsable communica- Lefevre (Intermédiaire avec les tion et sponsoring / Mécanicien) : organisateurs du concours / « Nous venions de gagner le titre Électronicienne) et David Kasavuli en Belgique et nous avions beau- (Trésorier / Électronicien). « La coup travaillé pour être prêts pour création de l’équipe a été très inté- ce concours européen. Sur place, ressante. De semaines en semaines, c’était évidemment stressant et nous avions de plus en plus d’affi- excitant comme lorsqu’on parti- nités. Nous améliorions la coordi- cipe à une compétition sportive. » nation entre les différents corps de métier qui la composaient: pro- grammation, responsable plan- UNE TRADITION MONTOISE ning, électromécaniciens, mécani- DE QUALITÉ ET DE RIGUEUR ciens, informatique... », se souvient Soufiane El Fani. Pour lui, un autre Devant les Belges de Wallonie- aspect a joué un rôle central dans Bruxelles se dressent des pays leur victoire : « Cela fait 15 ans des quatre coins de l’Europe... et que les étudiants en polytech de du monde, comme les équipes Mons participent au concours et marocaines, tunisiennes, algé- cela permet de profiter d’une ex- riennes ou encore canadiennes. périence importante des profes- Face à tous ces pays, les Montois seurs et des anciens élèves pour proposent une équipe très sou- préparer au mieux les épreuves. »
< S > I N N OVAT I O N W + B 1 41 Les 7 Mons’quetaires et les robots qui les ont menés à la victoire © UMons 26 En effet, chaque année, à Mons, la Polytech (le service de Génie Mécanique) donne la possibilité aux étudiants qui veulent s’inves- tir de prendre part à la coupe de robotique. Les étudiants ont donc pu bénéficier de la réputation et chaque année, de l’expérience de leurs aînés. Pour à Mons, la rappel, au niveau belge, l’année pré- Polytech (le cédente, en 2017, l’équipe « Space service de Génie MONSters » avait gagné la finale Mécanique) face à l’UCL et en 2016, l’équipe « VaMons a la playa » avait aussi donne la remporté le titre national. « Tout possibilité aux ceci témoigne d’une dynamique étudiants qui positive et collaborative réelle au veulent s’investir sein de la Faculté Polytechnique, de prendre part au cœur du plan ENG’UP : créer à la coupe de et se créer », insistait le Doyen de robotique. la Faculté Polytechnique, Pierre Dehombreux, sur le site de l’Uni- versité de Mons lors de la récep- tion des champions d’Europe. En effet, au travers de ce Plan ENG’UP, l’université souhaite que chaque étudiant s’interroge sur sa future vie professionnelle et
< S adopte le parcours de formation avaient quatre tâches prévues que « Nos robots avaient le mieux adapté à sa personna- nous avions répétées avant notre quatre tâches prévues > lité. Une vision assumée par la arrivée. » ajoute Soufiane El Fani. que nous avions Faculté Polytechnique de l’UMONS Elles étaient les suivantes : ranger répétées avant notre (Polytech Mons) qui forme des in- des cubes de couleur (représen- arrivée : ranger des génieurs polytechniciens depuis ter la construction de logements), 1837! Elle délivre le diplôme de mettre des balles dans un réservoir cubes de couleur Master Ingénieur civil dans cinq (symboliser le recyclage de l’eau), (représenter la spécialités : Chimie-Science des avec un dispositif mécanique, faire construction de Matériaux, Électricité, Informatique exploser un ballon (une abeille qui logements), mettre et Gestion, Mécanique, Mines et butine) et allumer un interrupteur des balles dans un Géologie ainsi qu’un diplôme de (l’alimentation énergétique). réservoir (symboliser Master Ingénieur civil Architecte. Concrètement, les étudiants mon- le recyclage de l’eau), tois avaient programmé leurs ro- avec un dispositif bots pour réaliser ces actions mécanique, faire C’EST QUOI LA ROBOTIQUE bien définies qui devaient se dé- exploser un ballon rouler sur une table de 2 x 3 m. L’auteur de science-fiction Isaac « La précision et la fiabilité sont (une abeille qui Asimov, voici 75 ans, créa les lois des éléments essentiels qui nous butine) et allumer de la robotique. Il y précisait no- ont permis de gagner », ajoute un interrupteur (l’alimentation I N N OVAT I O N tamment qu’un robot ne peut Soufiane El Fani. Nul doute que porter atteinte à un être humain, les prochains étudiants montois énergétique). » ni permettre, en restant passif, de Master 1 qui participeront à la qu’un être humain soit exposé au compétition voudront atteindre le danger... Des lois inhérentes au même résultat... concours de La Roche-sur-Yon. Là-bas, les robots des montois de- W + B 1 41 vaient construire de nouvelles villes Plus d’infos sur : avec pour objectif la préservation www.facebook.com/ de l’environnement sur la théma- Les7Monsquetaires2018/ Les 7 Mons’quetaires, champions tique « Robot Cities ». « Nos robots d’Europe de robotique, entourés 27 de l’équipe de l’UMons © UMons
< S > Be Mor(e), soixante idées d’entreprise pour rapprocher Wallonie- Bruxelles et le Maroc Fin juin dernier, soixante CO OP ÉR AT I O N AU DÉVE LO PPE M E NT candidats entrepreneurs marocains et belges défendaient à Molenbeek leur projet, devant un jury d’experts réuni à l’initiative de l’APEFE et de Wallonie-Bruxelles International. Leur point commun ? La volonté de mettre à profit les © Apefe relations privilégiées entre Wallonie-Bruxelles et le Maroc en développant une activité originale et viable. 2.0, exécuté par l’APEFE1 sous fi- Administrateur du Programme au nancement de la coopération Maroc, tant aux femmes non sco- W + B 1 41 belge, promeut, avec ses huit par- larisées qu’aux diplômées, tant tenaires publics et privés locaux, à celles vivant en milieu rural ou l’entrepreneuriat féminin. montagneux qu’urbain, tant aux PAR JEAN-FRANÇOIS POLLET détentrices d’idées innovatrices 28 « Min Ajliki signifie en arabe dialec- que de femmes entreprenant dans tal marocain “pour toi femme“ pré- les secteurs formel et informel. En D es idées plein la tête et cise Luc Ameye, responsable géo- cinq ans, le programme a notam- des étoiles dans les yeux, graphique à l’APEFE. Il s’agit d’une ment sensibilisé 60.000 femmes, les porteurs de projet ont initiative en grande partie portée formé 4.000 d’entre elles et favori- « pitché » devant un jury de pro- par le Maroc qui la finance à 60 %. sé la création de 500 entreprises. » fessionnels belges et marocains, Nous apportons un complément, en une minute seulement, leurs d’un peu moins d’un million d’eu- Le récent par- projets entrepreneuriaux. Les ros par an. » tenariat avec vingts meilleurs projets ont en- Molengeek, suite été enrichis, peaufinés et Le programme est également qui a abrité améliorés par des équipes mixtes soutenu par Wallonie-Bruxelles le week-end constituées séance tenante, durant International, et plus particuliè- Be Mor(e), tout le week-end. L’événement, à rement la Fédération Wallonie- représente la fois compétitif, structurant et Bruxelles, qui, dans le cadre de son un pas sup- convivial, s’est déroulé du 22 au 24 programme bilatéral de coopé- plémentaire juin, dans les locaux de Molengeek, ration, a inscrit l’organisation an- dans la promotion incubateur d’entreprises et espace nuelle de deux « boot camps », un de l’auto-emploi. « Be de coworking et formation, niché en Belgique et un au Maroc. Mor(e)2, l’événement que nous or- dans la commune de Molenbeek. ganisons ensemble, reprend Luc PROMOTION DE LA FEMME Ameye, veut soutenir les initiatives Une des originalités de cet hac- d’entrepreneurs des deux rives de kathon est qu’il ait rassemblé une Min Ajliki 2.0 vise la promotion de la Méditerranée soucieux de valori- dizaine de jeunes entrepreneurs la femme marocaine par l’affirma- ser leurs relations et leurs connais- marocains, dont une majorité de tion de ses compétences et de sa sances mutuelles. » Be Mor(e) est jeunes femmes, sélectionnés dans capacité à créer et développer son organisé à l’image d’un startup le cadre du programme Min Ajliki entreprise. « Nous nous adressons weekend qui se donne trois jours 2.0 en partenariat avec l’organisa- à toutes les femmes maro- pour ficeler un projet d’entreprise tion « Start Up Maroc ». Min Ajliki caines, précise Benoit Stiévenart, pertinent et pérenne.
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