W+B - Wallonie-Bruxelles International

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W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                 ISSN 0773-4301 - BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X

                                                                                  S

                                             AUTOMNE 2018
                                                            141
        W+B                                      WALLON I E + B RUXEL L ES
                                                   R EVUE TRI MEST RI EL L E
                                                IN TER N ATION A L E ÉDI T ÉE
                                                      PA R LA F ÉDÉRAT I ON
                                                   WA LLON IE - B RUX EL L ES
                                                          ET LA WA L LON I E

DOSSIER
IGLOO : 40 ANS
DE COMBAT
POUR LA
MUSIQUE

PORTRAIT
TYPH BARROW,
EN TOUTE SIMPLICITÉ

INNOVATION
« DUMBOT » ET « BOTIBOUW » :
LES CHAMPIONS D’EUROPE MONTOIS
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                                                                             WA L LO N IE + BRUX E LLES
                                                                                              R E V U E T R IMESTRIE LLE
                                                                                            IN T E R N AT IO N ALE ÉD ITÉ E
                                                                                               PA R L A F ÉD É RATIO N
                                                                                             WA L LO N IE - BRUXE LLES
                                                                                                  E T L A WALLO NIE

                                                                                           04 ÉDITO                              06       DOSSIER                          14      PORTRAIT
                                                                                                ENTRE MUSIQUE ET NATURE,                  IGLOO : 40 ANS DE COMBAT                 TYPH BARROW,
                                                                                                DE WALLONIE-BRUXELLES                     POUR LA MUSIQUE                          EN TOUTE SIMPLICITÉ
                                                                                                À L’INTERNATIONAL                         par Charline Cauchie                     par Emmanuelle Dejaiffe

                                                                                                                                                                                                                      S OM M A I R E
                                                                                           16   Culture                          20       ENTREPRISE                       24      Innovation

                                                                                                                                                                                                                      W + B 1 41
                                                                                                MAROC ET WALLONIE-BRUXELLES,              WNM, LA COUPE DU MONDE                   « DUMBOT » ET « BOTIBOUW » :
                                                                                                DES LIENS SANS CESSE                      DE L’AUDIO                               LES CHAMPIONS D’EUROPE
                                                                                                RENOUVELÉS                                par Jacqueline Remits                    MONTOIS
                                                                                                par Isabelle Plumhans                                                              par Vincent Liévin

                                                                                                                                                                                                                        3

                                                                                           28   COOPÉRATION AU
                                                                                                DÉVELOPPEMENT
                                                                                                                                 30       Tourisme                         32      Jeunesse
                                                                                                                                          GÉOPARC FAMENNE-ARDENNE :                LE STAGE À L’ÉTRANGER ?
                                                                                                BE MOR(E), SOIXANTE IDÉES                 UNE RECONNAISSANCE                       UNE EXPÉRIENCE
                                                                                                D’ENTREPRISE                              MONDIALE                                 QUI MÈNE À L’EMPLOI
                                                                                                par Jean-François Pollet                  par Jean-Marie Antoine                   par Laurence Briquet
Photo couverture : Typh Barrow, la nouvelle voix made in Wallonie-Bruxelles © Harry Fayt

                                                                                           34   mode/design                      36       SOCIÉTÉ                          38      survols
                                                                                                MAISON MARCY,                             @HOME 18-24 : TOIT, SOUTIEN
                                                                                                LE PYJAMA VISIONNAIRE                     ET AUTONOMIE
                                                                                                par Marie Honnay                          par Catherine Callico

                                                                                                                               SECRÉTAIRE          COLLABORATION          CONCEPTION           ÉDITRICE
                                                                                                                               DE RÉDACTION        Marie-Catherine        Polygraph’           RESPONSABLE
                                                                                                                               Emmanuelle Stekke   Duchêne,               www.polygraph.be     Pascale
                                                                                                                               e.stekke@wbi.be     Fanny Tabart,                               Delcomminette
                                                                                                         Téléchargez           02 421 87 34        Véronique Balthasart   IMPRESSION           Place Sainctelette 2
                                                                                                         la revue sur                              et Anne Neuville       Graphius             B-1080 Bruxelles
                                                                                                         www.wbi.be/rwb/                                                  www.graphius.com
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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             Entre musique et nature,
             de Wallonie-Bruxelles
             à l’international
É DI TO
W + B 1 41

 4

             Le Point de vue de la Roche à Tellin,
             un des joyaux du Geopark Famenne-
             Ardenne, reconnu par l’Unesco
             © Geopark Famenne-Ardenne
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                   S

                                   >

Et nous voici déjà en automne…
Pour ce numéro de septembre,
la Revue W+B vous a concoc-
té un petit sujet sur une thé-
matique peu abordée, les
labels musicaux de Wallonie-
Bruxelles. A l’occasion du 40e
anniversaire du label Igloo, un
des fleurons du secteur, nous
vous proposons de découvrir
les rouages du milieu, et nous
en profitons pour faire un petit
tour d’horizon.

En outre, nous vous invitons à
la rencontre de Typh Barrow,
jeune chanteuse bruxelloise à
la voix chaude et envoûtante,

                                   É DI TO
qui n’a pas fini de faire parler
d’elle, et de la Maison Marcy,
pour laquelle les pyjamas sont
loin de ressembler aux pilous

                                   W + B 1 41
de nos grands-parents.

Nous tenions également à
mettre en valeur nos cham-
pions d’Europe de robotique,         5
l’équipe de l’UMons, les « 7
Mons’quetaires », ainsi que le
Géopark Famenne-Ardenne,
labellisé par l’UNESCO.

Bonne lecture ! 
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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             Igloo :
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             40 ans de combat
             pour la musique
DOS S I ER
W + B 1 41

 6

             Igloo Records est le fruit d’une amitié joyeuse et d’une passion sans bornes pour la
             musique alternative. 40 ans après sa création, grâce à des artistes qui en portent
             fièrement les couleurs, le label est toujours bien là pour défendre les genres
             musicaux situés “en-dehors de l’industrie et du commerce”, comme l’explique
             Daniel Sotiaux. Le fondateur d’Igloo a fait carrière dans la diplomatie, sans jamais
             perdre de vue son “bébé”. Retraité depuis l’an dernier, il revient avec nous sur
             l’histoire et les enjeux des labels indépendants en Fédération Wallonie-Bruxelles.

             PAR CHARLINE CAUCHIE
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                                                                                                              S

                                                                                                                              >

          Daniel Leon (ingénieur du son)
et Eric Legnini pendant l’enregistrement
         de ‘Never let me go’ de J. Pelzer
                         © Jacky Lepage

                                             C’est quoi Igloo                                         des événements de
                                             Records ?                                              sortie pour valoriser
                                             La philosophie du la-                              l’album.

                                                                                                                              DOS S I ER
                                             bel a toujours été de favo-
                                             riser la diversité, de permettre aux      La légende veut que Igloo ait été
                                             expressions musicales plus margi-         fondé sur une sorte de hasard.
                                             nales d’être entendues et soute-          Quelle est cette histoire ?
                                             nues dans un contexte musical me-         Légende, c’est un grand mot ! En

                                                                                                                              W + B 1 41
                                             nacé d’uniformisation. Si le jazz est     1978, je m’intéresse au support
                                             devenu le domaine principal, Igloo        discographique. Mon ami Jean-
                                             est resté ouvert aux créations plus       Paul Ganty, un artiste que j’aimais
                                             « inclassables ». Il s’est aussi diver-   beaucoup, cherche à sortir un al-
                                             sifié en intégrant, fin des années        bum, mais aucune maison ne l’ac-         7
                                             90, des projets issus de rencontres       cepte. Tard dans la nuit, on s’est
                                             culturelles sous la bannière « Igloo      dit : “Arrêtons de nous plaindre
                                             Mondo ».                                  et faisons-le”. Le nom Igloo vient
                                                                                       quant à lui d’un fanzine que l’on
                                             Comment Igloo choisit les ar-             polycopiait avec des potes carolos.
                                             tistes qu’il produit ?                    Par un jeu surréaliste, on l’avait
                                             C’est important de dire que c’est         appelé Igloo. La revue a disparu,
                                             d’abord les artistes qui nous             mais j’ai repris ce nom par fidélité
                                             choisissent. Le jour où les artistes      à quelque chose que j’avais beau-
                                             ne feront plus appel à nous pour          coup aimé !
                                             produire leur album, on n’existera
                                             plus. Nous recevons des dizaines          On est alors dix ans après Mai 68.
                                             de propositions et nous en enre-          Oui, nous, les baby-boomers ad-
                                             gistrons plus ou moins une sur            ditionnés à cette période post-
                                             quatre. C’est le comité d’avis qui        68, cela donne un moment de
                                             sélectionne. Il est composé de            création tous azimuts dans la
                                             journalistes, de programmateurs           musique, le théâtre, le cinéma,
                                             qui ont des discussions approfon-         l’audiovisuel. A l’époque, on en a
                                             dies sur l’originalité, la carrière de    assez que la RTBF et les grandes
                                             l’artiste, la proposition musicale.       institutions théâtrales accaparent
                                             Puis, c’est l’équipe, quatre per-         la culture. Du coup, autour de
                                             manents à qui je rends ici hom-           cet ‘establishment’ va naître un
                                             mage, qui travaille avec l’artiste :      courant de réappropriation des
                                             pré-production, puis production,          moyens de production : les radios
                                             promotion et suivi. Cette der-            libres, les télés communautaires,
                                             nière tâche prend une impor-              la jeune scène théâtrale (le Varia,
                                             tance grandissante car Igloo or-          les Tanneurs, etc.) apparaissent à
                                             ganise de plus en plus souvent            cette période.
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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S
             Igloo, c’est la même idée : se ré-
>            approprier la production de la
             musique.
             Tout à fait. Le support disque à
             cette époque-là est accaparé par
             quelques grandes multinationales,
             même pas basées en Belgique. Il
             n’y avait quasi pas moyen de faire
             un disque en Communauté fran-
             çaise. On n’était pas les premiers à
             lancer un label, et il y avait pas mal
             d’artistes qui s’auto-produisaient,
             mais cela avait ses limites… L’ASBL
             Igloo voulait créer l’interface entre
             les artistes et l’industrie de la mu-
             sique, en faisant la distribution,
             la diffusion, les contacts avec la
             presse, etc.

             40 ans plus tard, l’accaparement
             dans le secteur musical est plus
             que jamais une réalité...
DOS S I ER

             Il s’est déplacé de la production à
             la distribution et à la diffusion avec
             les plateformes de téléchargement
             et de streaming, Amazon, etc.
             Nous avions trouvé une alternative
W + B 1 41

             au niveau national. Aujourd’hui,
             il faudrait des alternatives à un
             échelon international. Ne diabo-
             lisons pas : de nos jours, on ac-
  8          cède plus aisément à la musique.
             Je peux acheter un album produit
             en Australie, cela a ses avantages.
             Mais, en même temps, cela signifie
             la disparition des revenus des ar-
             tistes qui ne peuvent plus vivre ni
             des droits d’auteur, ni de la vente
             des disques...
                                                 >>

                     Daniel Sotiaux,
                     fondateur du label Igloo
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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                                                                                                              S

                                                                                                              >
                                                              IGLOO RECORDS :
                                                   QUATRE DÉCENNIES DE SUCCÈS

1978
	Création du label dans l’effervescence culturelle de la fin des seventies. Dans un premier temps,
        le label produit de la poésie sonore, des musiques improvisées, etc. Igloo Records ne cessera de
        mettre en valeur les Objets Musicaux Non Identifiés comme la fanfare surréaliste Combo Belge
        à qui l’on doit le générique de l’émission Strip-tease ou, plus récemment, l’Ensemble Musique
        Nouvelles sous la direction de Stéphane Collin.

Années 80
	Fusion avec le label LDH et premières productions de jazz : Chet Baker, Philip Catherine, Jacques
   Pelzer, Michel Herr, Steve Houben, Charles Loos, etc. Autant de noms qui forgent la réputation
   d’Igloo à l’international et lui permettent de développer son ambition première : devenir une plate-
   forme pour les futurs talents. C’est ainsi que le label a mis en lumière la génération de Nathalie
   Loriers, Eric Legnini, Ivan Paduart, Manuel Hermia ; puis Mélanie de Biasio, Greg Houben, Pascal

                                                                                                              DOS S I ER
   Mohy, et bien d’autres.

Années 80 (encore)

                                                                                                              W + B 1 41
	 La chanson française « made in Belgium » garde une place importante avec le label Franc’Amour
        qui produit Maurane, Pascal Charpentier, Claude Semal, William Dunker (Disque d’Or 2000), etc.
        et suivra ensuite les pas de Marc Lelangue ou Christiane Stefanski, la chanson pour enfant avec
        Christian Merveille, puis Jean-Louis Daulne et Balimurphy.                                             9

Années 2000
	Igloo Records crée un label de musique du monde, IglooMondo, dédié aux collaborations mul-
  ticulturelles. Notamment Pierre Van Dormael avec le joueur de Kora sénégalais Soriba Kouyaté,
  Mâäk’s Spirit avec les Gnaouas Express ou encore Majid Bekkas avec Louis Sclavis et Minino
  Garay. Depuis sa création, de nombreux autres artistes l’ont enrichi : Wendo Kolosoy, père de la
  rumba congolaise, la bassiste ivoirienne Manou Gallo ou encore le Blues Touareg de Kel Assouf.

Années 2010
	 C’est la mise en valeur de la nouvelle vague du jazz parmi laquelle on compte Igor Gehenot,
        Antoine Pierre, Guillaume Vierset ou Jean-Paul Estiévenart, etc. Aujourd’hui, le label peut se pré-
        valoir de plus de 200 enregistrements représentant trois décennies de jazz en Belgique.

2013
	  Igloo records ouvre ses portes aux artistes d’expression francophone en général avec le label
        «Factice» dédié à musique d’expression francophone plus actuelle : Sacha Toorop, Mochélan,
        Mathias Bressan, Karim Gharbi, etc.
W+B - Wallonie-Bruxelles International
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             Philip Catherine © Jacky Lepage
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OÙ FÊTER                          >
LES 40 ANS D’IGLOO ?

Du 25/09 au 19/10/18 :
Exposition « IGLOO – 40 ANS »
à la galerie Putsch de l’ERG
à Bruxelles

Le 4/10/18 :
LG Jazz Collective
et Stéphane Mercier
au Rideau rouge à Lasne

Le 6/10/18 :
Martin Salemi
et Jean-Paul Estiévenart
au JAZZ9 à Mazy

Le 12/10/18 :

                                  DOS S I ER
Jean-Paul Estiévenart,
Antoine Pierre Urbex
et Fabrizio Cassol
au PBA à Charleroi

                                  W + B 1 41
Le 12/10/18 :
Sacha Toorop
et Mathias Bressan
au Théâtre 140 à Bruxelles
                                   11
Le 20/10/18 :
Stéphane Mercier
et Julien Tassin
à l’An vert à Liège

Le 15/11/18 :
Lorenzo Di Maio,
Nathalie Loriers
et Jean-Paul Estiévenart
au CC La Louvière

Le 22/11/2018 :
Sacha Toorop
et Mathias Bressan
au Studio de l’Ermitage à Paris

Le 27/11/18 :
L’Orchestre du Lion
au Centre Wallonie-Bruxelles
à Paris

Le 29/11/18 :
Lorenzo Di Maio
et Eric Legnini
au Centre Wallonie-Bruxelles
à Paris
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             >>   Il reste les revenus liés aux pres-      laborer avec des festivals, comme    deux pistes. Le spectacle vivant,
                  tations sur scène...                     récemment avec le Gaume Jazz         la scène, on en a parlé. Puis, il me
                  Certes, il y a une démultiplica-         Festival, pour confirmer une lo-     semble qu’en 40 ans, on a perdu
                  tion des opportunités, mais, bien        gique de partenariat. On les in-     quelque chose qui était alors très
                  souvent, les festivals utilisent l’es-   forme plus d’un an à l’avance des    présent : l’entraide globale. Il y
                  sentiel de leur budget pour payer        sorties de disques pour leur per-    avait de grandes solidarités entre
                  de grandes stars. Alors, pour les        mettre de faire leur programma-      les acteurs de la culture. Pour nous,
                  autres, il ne reste pas grand-chose.     tion en fonction. Et inversement !   c’était avec les Lundis d’Hortense,
                  Pire, je ne les citerai pas, mais cer-   On peut envisager des projets        avec d’autres labels ou des centres
                  tains font même payer les artistes       d’album sur base de concerts ori-    culturels. On avait un but com-
                  en leur disant « vous allez vous         ginaux ou exclusifs.                 mun : faire émerger une culture à
                  faire connaître, c’est de la promo-                                           laquelle on croyait. Aujourd’hui, il y
                  tion pour vous ». C’est le piège         Comment envisagez-vous les 40        a plus d’individualisme. Si on ne re-
                  dans lequel l’artiste se retrouve        prochaines années d’Igloo ?          crée pas des solidarités à l’interne,
                  souvent.                                 Il va falloir retrouver un modèle    au sein de la Communauté fran-
                                                           économique adapté à la dispari-      çaise et à l’international, on y arri-
                  En tant que label, quels sont vos        tion du support physique. Il faut    vera pas. Il faut dépasser le chacun
                  liens avec les festivals ? Votre mé-     réfléchir à cela avec les artistes   pour soi.
                  tier évolue aussi, non ?                 sachant qu’à l’heure actuelle, on
                  Nous ne sommes pas des tour-             se heurte à des pouvoirs qui nous    Avez-vous un exemple de solida-
                  neurs ou des bookeurs, même si           dépassent. Faire plier ne sera pas   rité ?
                  on le fait au moment de la sortie        simple. Alors, ne nous contentons    Deux exemples. D’abord, le Belgian
                  de l’album. Cela nous amène à col-       pas du rapport de force. Je vois     Jazz Meeting. C’est un show-
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                                          Igor Gehenot © Cees van de Ven

                                                                                                                     DOS S I ER
                                          Quand IGLOO RECORDS se crée en 1978, il y a peu d’autres labels in-
                                          dépendants en Belgique.

                                          Dans les années 1980, naîtront :
                                          •	PLAY IT AGAIN SAM ! (PIAS), qui deviendra le plus gros des indé-

                                                                                                                     W + B 1 41
                                             pendants. Fondé par Kenny Gates et Michel Lambot, il a aujourd’hui
                                             des filiales en Allemagne, Espagne, Hollande, France et Angleterre.
                                          •	CRAMMED DISCS par le musicien Marc Hollander. Sa produc-
                                             tion éclectique mélange rock, musiques du monde et musique
                                             électronique.                                                           13
                                          •	SUB ROSA, qui produit une vaste anthologie de musiques concrètes,
Jean-Paul Estiévenart © Mael G. Lagadec
                                             bruitistes et électroniques. La maison publie également des archives
                                             de l’avant-garde (Marcel Duchamp, William Burroughs, etc.), des
                                             pièces de musiques électroniques anciennes (Henri Pousseur, Tod
                                             Dockstader) et certaines musiques traditionnelles.
 case organisé par la Flandre et la       •	LES DISQUES DU CRÉPUSCULE, qui ont continué leurs activités
 Fédération Wallonie-Bruxelles, qui          jusqu’en 2006. Le riche catalogue du label montre ses liens avec
 sélectionnent chacune six artistes          le Royaume-Uni. La scène belge est représentée par The Names,
 et invitent des acheteurs interna-          Marine, Isolation Ward, etc.
 tionaux à rencontrer le meilleur de
 notre scène. Ensuite, je peux citer      Dans les années 1990, apparaîtront :
 la réunion du réseau des festivals       •	CARBON 7, du jazz moderne à l’avant-garde, des musiques expéri-
 de jazz européens qui s’est dérou-          mentales à la world music. Plus de production depuis 2007.
 lée au Gaume Jazz Festival cette         •	CYPRES RECORDS, qui se spécialise d’abord dans l’édition disco-
 année. Conscients du problème,              graphique de musique contemporaine, puis qui s’ouvrira à la mu-
 les festivals de jazz créent des            sique ancienne ainsi qu’aux périodes classique, romantique et mo-
 échanges pour faire des écono-              derne. Le label Cypres édite aujourd’hui un répertoire de plus de 200
 mies d’échelle et toucher d’autres          titres de grande qualité.
 publics.                                •	HOMERECORDS, dont la particularité est la production d’une mu-
                                             sique essentiellement acoustique. Il produit et souhaite désormais
                                             réaliser des vidéos pour la promotion de chaque artiste du label.

                                          Et plus récemment, citons encore :
                                          •	OUTHERE, un groupe producteur et distributeur belge de musique
                                             classique qui intègre différents labels anciennement indépendants,
                                             dont certains sont spécialisés dans la musique ancienne. Outhere
                                             publie aussi du jazz.
                                          •	MOGNO MUSIC, fondé par le bassiste Henri Greindl et organisé en
                                             collections : roots, fusion, jazz et expérimental.
                                          •	QUETZAL (Patrick Bauwens) avec des disques de Charles Loos et
                                             Yvan Paduart.
<

S

>                                      Typh Barrow,
                                       en toute simplicité
                                       Alors qu’elle revient des Francofolies de Spa, que
                                       son dernier album Raw marche fort et qu’elle
                                       prépare bientôt ses concerts de l’automne, Typh
                                       Barrow consacre à W+B le temps d’une interview.
                                       On pourrait écouter la jeune artiste bruxelloise
                                       pendant des heures tant sa passion et ses
                                       convictions sont communicatives. Rencontre avec
                                       une musicienne sincère dont le défi est de vivre de
                                       et pour la musique.

                                       PAR EMMANUELLE DEJAIFFE

                                                                                 Te vois-tu comme une artiste
P OR T R A I T

                                                                                 engagée ?
                                                                                 Sans être une chanteuse engagée
                                                                                 – d’autres le font mieux que moi –
                                                                                 je parle de sujets qui me touchent
                 © François Leboutte

                                                                                 et sur lesquels j’ai envie de m’ex-
                                                                                 primer. Par exemple, la chan-
W + B 1 41

                                                                                 son Taboo sur l’album évoque la
                                                                                 question de l’homosexualité. Pour
                                                                                 moi, la musique permet de trans-
                                                                                 mettre des émotions, d’échapper
14                                                                               au quotidien, de sortir du réel.

                                                                                 Quel est ton parcours ?
                                                                                 J’ai commencé la musique à
                                                                                 cinq, six ans avec un parcours
                                       Comment te définis-tu ?                   assez classique : solfège, piano…
                                       Comme une vieille âme dans un             Vers douze ans, j’ai commencé à
                                       corps de jeune adulte (rire). C’est       écrire mes propres textes. Avec
                                       difficile de se définir mais c’est ain-   ma voix très androgyne, je n’ar-
                                       si que je le ressens. J’ai l’impres-      rivais pas à chanter les grandes
                                       sion de ne pas avoir l’âge que j’ai.      chanteuses de l’époque et j’avais      travaillons en binôme depuis les
                                       De façon plus terre-à-terre, je suis      besoin de m’exprimer. Ces chan-        débuts de cette aventure.
                                       quelqu’un de très entier, de pas-         sons étaient adaptées à ma tessi-
                                       sionné et d’impatient !                   ture. Dès quatorze, quinze ans, j’ai   Quelle est ton actualité ?
                                                                                 eu l’opportunité de jouer dans des     A la rentrée, je joue à l’Ancienne
                                       La musique, c’est…                        piano bars. J’y ai fait mes armes et   Belgique le 5 octobre. Le concert
                                       Dans ma vie, la musique a toujours        j’ai appris à apprivoiser un public.   est sold out. Cela me touche énor-
                                       été une évidence. La soul des an-         Cela a représenté une super école.     mément. C’est un rêve, comme
                                       nées 60/70, le blues, le jazz sont                                               l’était la sortie de Raw, en janvier
                                       les musiques avec lesquelles j’ai         Et tes études ?                        dernier, notamment dans sa ver-
                                       grandi. J’ai très vite su que je vou-     J’ai étudié au Conservatoire en        sion vinyle ! Mon producteur m’en
                                       lais me diriger vers un mélange de        section Jazz, qui m’a enseigné,        a fait la surprise. Une date est ou-
                                       soul et pop. Dans Raw, je ne me           entre autre, à dialoguer avec mes      verte au Cirque Royal le 26 avril et
                                       prive pas pour autant d’explorer          musiciens. Parallèlement, j’ai étu-    je serai au Forum de Liège le 10
                                       mes influences hip hop, ragga,            dié le Droit avec une spécialisa-      mai. Je commence aussi à travailler
                                       blues ou jazz. La musique, c’est          tion en propriété intellectuelle.      sur le prochain album. J’enchaîne
                                       aussi la scène qui reste toujours         Enfin, au niveau professionnel, j’ai   un peu tout en même temps sans
                                       un moment fort, j’y laisse un petit       rapidement rencontré François          m’arrêter ! Mais c’est très bien, j’es-
                                       bout de moi.                              Leboutte, mon producteur. Nous         saie de vivre le présent à fond.
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                                                                                                                                    S

                                                                                                                                    >

                                                                                                                                    P OR T R A I T
                                                                                                                                    W + B 1 41
                                                                                                                                    15

                                                                                                              © François Leboutte

Et l’étranger ?                         Géorgie par exemple. On reçoit      Un rêve, une envie profession-
Doucement, cela commence à              des commandes de CD à l’interna-    nelle pour conclure l’entretien ?
s’ouvrir. On a eu une date à Paris      tional mais cela reste minime par   J’en ai plein ! Il y a par exemple
en mai. Une autre est prévue en         rapport à ce qu’on vit ici.         beaucoup d’artistes avec lesquels
septembre en Italie.                                                        j’aimerais travailler sans citer de
                                                                            noms car j’en oublierais. L’un de
Le numérique permet-il que les                                              mes rêves est aussi de jouer avec
frontières s’estompent ?                                                    un Orchestre symphonique. 
Oui. Tout à coup, l’artiste touche
un public mondial en restant dans
sa chambre derrière un écran
d’ordinateur sans coût. Pour moi,
cela s’est un peu passé ainsi. En                                             Le site officiel où retrouver
postant les premières vidéos sur                                              l’agenda des concerts :
YouTube pour donner du contenu                                                typhbarrow.net
aux internautes, on n’imaginait pas                                           Raw (Deluxe Editions) - 2018
la résonnance que cela déclenche-
rait à l’international. Des gens nous
suivent partout, parfois depuis
                                           Pochette de l’album ‘RAW’
des zones inattendues, comme la            © François Leboutte
<

S

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                 Vernissage du projet ‘Dialogue Gravé’ à Agadir © Ahmed Boutgaba for Action
C ULT U R E

              Maroc et Wallonie-Bruxelles,
W + B 1 41

              des liens sans cesse renouvelés
16            PAR ISABELLE PLUMHANS

              La création est riche                       HABIB, GÄETAN ET HAKIMA,                  Hakima Moubsete, sont de l’aven-
              au Maroc. Elle se veut                      LA CULTURE                                ture de « Dialogue Gravé, une
              ouverte sur le monde et                     POUR TRANSMISSION                         amitié belgo-marocaine ». Amis
              sur l’autre. Mais parfois,                                                            d’enfance, les jeunes gens se sont
              il y est difficile de se                    L’histoire de ces trois-là illustre les   retrouvés à Agadir, quand Gaëtan
              faire une place dans                        liens belgo-marocains. 1960, trem-        était au chevet de sa grand-mère
              les réseaux officiels                       blement de terre à Agadir. Grâce à        biologique, malade. A l’époque,
              du pays. Les artistes                       l’amitié belgo-marocaine, certains        Gaëtan, réalisateur formé à l’In-
              créent alors dans des                       enfants de la ville sont accueil-         sas, travaille à « 5 sur 5 », festival
              circuits alternatifs,                       lis par des familles belges. Habib        à La Louvière. Hakima collaborera
              élaborant leurs propres                     Harem est de ceux-là. Il grandit
              réseaux de production                       dans sa famille d’accueil, étudie
              et diffusion. Réseaux                       la gravure à Saint-Luc, travaille
              qui passent parfois par                     dans une imprimerie du Brabant
              la Belgique. Nous avons                     Wallon, débute son travail d’artiste,
              rencontré quelques-uns                      enseigne à son tour son art et ex-
              des artistes qui font                       pose. Au cours d’un vernissage, il
              lien avec notre pays.                       rencontre Chantal Hardy, qui part
                                                          entamer un dialogue avec des ar-
                                                          tistes du Vietnam. Des résidences
                                                          là-bas, entre artistes belges et viet-
                                                          namiens, et des expositions, là et
                                                          ici. Habib est de l’aventure, le pro-
                                                          jet est un succès. En 2017, ils re-
                                                          mettent ça, au Maroc cette fois. Le
                                                          fils d’Habib, Gaëtan, et sa femme              Habib Harem dans son atelier
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                                                                                                                               S

                                                                                                                               >

                                                                                                                               C ULT U R E
   Atelier Essaouira lors du projet ‘Dialogue Gravé’

                                                                                                                               W + B 1 41
                                                                                       Hakima, c’est celle de personnes
                                                                                       qui ont reçu la générosité en ca-
                                                                                       deau et qui veulent en faire profiter
                                                                                       d’autres, en transmission artistique.
                                                                                                                               17

                                                                                       YOUNES BABA ALI,
                                                                                       L’ART D’UNE VIE

                                                                                       Younes Baba Ali est né à Oujda, à
                                                                                       la frontière algérienne. Il quitte le
                                                                                       Maroc à 4 ans, avec sa mère, pour
                                                                                       Nantes. Son grand-père, malade,
                                                                                       les rejoint peu après. A l’époque,
                                                                                       il s’installe chaque jour au chevet
                                                                                       de ce grand-père qu’il admire, pour
                                                                                       dessiner. Ce grand père pousse
    Atelier ‘SOS Village’ durant le projet ‘Dialogue Gravé’
                                                                                       Younes à apprendre le dessin,
                                                                                       avec la voisine de palier. La famille
                                                                                       de Younes a l’esprit ouvert « tout
bientôt au festival international du            loin que le simple dialogue entre      le monde parle berbère, français,
documentaire d’Agadir. Ils créent               artistes marocains et de Wallonie-     espagnol. Mon grand-père, com-
une asbl.                                       Bruxelles, puisque des ateliers ont    merçant parti de rien, était énor-
                                                été organisés avec des enfants,        mément au contact des étran-
Leur rêve ? Créer un « 5 sur 5 » au             des orphelins, des femmes, des         gers. » Une ouverture qui permet
Maroc. « J’ai adoré la façon dont ce            personnes handicapées, dans une        à Younes de tracer sa route hors
festival permettait aux louviérois              volonté d’échange réel. Le rêve        des chemins classiques, dans la
de se réapproprier la ville. » Avant            désormais des deux jeunes gens?        culture. Dans un premier temps, il
ce projet d’ampleur, leur asbl a ac-            Créer ici une asbl wallonne ou         fait un CAP de dessinateur exécu-
cueilli « Dialogues gravés »: Gaëtan            bruxelloise qui permettrait de faire   tant en communication graphique
en était le directeur artistique et             le pont de façon pérenne entre ici     puis de technicien maquettiste.
technique, Hakima la coordinatrice              et là-bas, tout art confondu. Parce    En parallèle, émancipé, le jeune
générale. Et le projet a été plus               que l’histoire d’Habib, Gaëtan et      homme habite seul un studio. C’est
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                  L’œuvre commandée à Younes Baba Ali par le Kanal - Centre Pompidou, une revisite du vestiaire de l’ancien garage © Aude Tournaye
C ULT U R E

                                                                                                          cisme omniprésent – il découvre
                                                                                                          Bruxelles. « Une ville où il fait froid
W + B 1 41

                                                                                                          mais ouverte ». Il décide de s’y ins-
                                                                                                          taller pour travailler, tout en créant
                                                                                                          un lieu de création au Maroc.
                                                                                                          Concrètement, le trentenaire fut
18                                                                                                        notamment commissaire à l’expo-
                                                                                                          sition « Raw Poetry » à Bozar, dans
                                                                                                          le cadre du festival Moussem. Puis,
                                                                                                          jolie consécration, le Kanal-Centre
                                                                                                          Pompidou lui a commandé une
                                                                                                          œuvre pour ses collections per-
                                                                                                          manentes. L’installation? L’ancien
                                                                                                          vestiaire du garage, où il a don-
                                                                                                          né mouvement et son aux casiers
                                                                                                          qui y sont restés. L’installation
                  Younes Baba Ali a donné du mouvement et du son aux casiers de l’ancien vestiaire du
                                                                                                          évoque les passages de vies suc-
                  garage, devenu le Kanal - Centre Pompidou © Aude Tournaye
                                                                                                          cessifs dans ce lieu. Faire avec le
                                                                                                          temps, la matière, les souvenirs, le
              la vie de bohème, les amis artistes.         Comment l’art peut servir. J’essaie
              Une période faite de rencontres,             de me positionner : quel est mon
              « pas toujours stable, mais super            rôle en tant qu’artiste. Je me pose
              enrichissante. Beaucoup de fêtes,            ces questions depuis 12-13 ans. Un
              le contact avec la musique: c’était          artiste, c’est un kamikaze à sa fa-
              très stimulant. ».                           çon ». L’évolution de son art pas-
                                                           sera par l’intégration concrète du
              Peu à peu, il s’éloigne du gra-              son à sa production. « J’ai joué
              phisme trop restrictif et carré pour         avec des jazzmen, des rappeurs,
              travailler le verre, la céramique, le        des musiciens électro, un groupe
              bois, le métal, inscrivant la matière        de Kinshasa et je m’en suis inspi-
              dans l’espace. Il se réfugie dans des        ré ». Le voyage est omniprésent
              ateliers de peinture « les seuls en-         aussi. Après être passé, pour ses
              droits où il se sent bien ». « Ce qui        études, son travail artistique ou un
              est important, dans mon travail,             Erasmus, par Marseille, Strasbourg
              c’est voir l’endroit où je suis utile.       ou la Pologne – où il souffre du ra-                 Younes Baba Ali © Carlos Casteleira
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                                                                                                                                          S

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                                                                                                                                          W + B 1 41
   Dans cette installation, Younes Baba Ali évoque les anciens passages de vies successifs dans ce vestiaire de l’ancien garage Citroën
   © Aude Tournaye

son. Au fond, faire avec l’être et le         contacté par un festival de jazz                 ghrébine et écrite européenne.
monde dans ce qu’ils ont de plus              européen, Jazz aux Oudayas (ac-                  « Au contact des européens, j’ai           19
authentique et réel. Voilà la poé-            tuel Jazz au Chellah), pour coor-                acquis la rigueur de la musique. ‘Tu
sie concrète du travail de Younes             donner la partie marocaine de la                 es devenu plus européen que les
Baba Ali.                                     programmation. Une opportunité                   musiciens européens’, m’a d’ail-
                                              décisive et une rencontre avec le                leurs dit un musicien allemand »,
                                              jazz européen; par la suite le musi-             sourit-il. Celui qui affirme que la
MAJID BEKKAS, LA MUSIQUE                      cien entamera de nombreuses col-                 musique l’a choisi plus qu’il l’a choi-
COMME UN PONT                                 laborations avec les artistes d’Eu-              sie, pratique un art « qui lui permet
                                              rope. Manu Herbia, Peter Broxman,                d’être citoyen du monde et de par-
Majid Bekkas est né à Salé, à côté            Lewis Clovis sont de ceux-là. Son                tager sa culture avec le plus grand
de Rabat, dans une famille musi-              premier album, il l’édite chez Igloo,            nombre ». Les liens pour Majid
cienne. Dans les années 70, Nass              un label de Wallonie-Bruxelles. Un               Bekkas sont essentiels. Et cultu-
Eljhiwane est un groupe mythique.             peu par hasard: « Daniel Sotiaux,                rels. 
« Tous les musiciens étaient in-              qui travaillait alors à WBI, a assisté
fluencés par eux. C’était nos                 à un de mes concerts au Maroc et a
Beatles à nous », nous confie Majid.          voulu m’acheter un album. Je n’en
A l’époque il forme lui-même un               n’avais pas: ma musique n’était pas
groupe, qui jouait aux mariages,              commerciale. Il m’a aidé à faire en-
dans les écoles. Autodidacte                  registrer le disque ». Depuis, Majid
jouant d’instruments traditionnels            organise des ateliers pour faire
à ses débuts, il débute ensuite le            connaître le jazz européen et les
conservatoire : « 8 ans de solfège,           musiques traditionnelles maro-
8 ans de guitare classique. Puis              caines et faire dialoguer les deux. «
dans les années 80, j’ai commen-              La musique, c’est le métissage. Le
cé la soul. C’est venu après le jazz,         saxophone est belge, non ? »
dans mon parcours, poursuit-il.
J’assistais beaucoup aux concerts             Ce qui l’intéresse dans ces liens
de jazz à l’ambassade améri-                  entre Maroc et Europe, c’est se
caine de Rabat ». En 96, Majid est            faire rencontrer tradition orale ma-                   Majid Bekkas © Majid Bekkas
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E N T R EPR I S E

                    WNM,
                    la coupe du monde de l’audio
W + B 1 41

                    PAR JACQUELINE REMITS
20

                                                  «
                                                    L’
                    En captant le son des                     objectif consistait à       UNE LONGUE AVENTURE
                    matchs lors du mondial                    capter le plus de dé-
                    du football en Russie,                    tails sonores possibles,    L’aventure commence longtemps
                    la société WNM a              d’avoir des sons de ballon, de sen-     avant la Coupe du monde. « Le
                    remporté sa coupe du          tir l’atmosphère d’un stade, les        tout avait déjà été testé en condi-
                    monde pour la troisième       réactions des supporters, leurs         tions réelles, l’an dernier, dans le
                    fois. Active depuis           cris, d’entendre les joueurs se par-    stade de Saint-Pétersbourg pour
                    plus de vingt ans dans        ler dans le couloir d’avant-match.      la Coupe des confédérations,
                    l’audio, elle a équipé les    Des ingénieurs du son mixent            qui constitue un peu la répéti-
                    douze stades russes de        l’ensemble », commence Maxime           tion générale pour les meilleures
                    l’interphonie sans fil. Une   Van Gorp, directeur commercial          équipes du monde dans trois
                    nouvelle victoire pour        de WNM. Chaque stade compte             stades russes. » En février der-
                    l’entreprise liégeoise.       soixante micros. « Lors de la re-       nier, les équipes spécialisées de
                                                  transmission d’un événement spor-       la société font le tour des douze
                                                  tif d’une telle envergure, c’est tout   stades, alors inachevés. « Il faisait
                                                  cela que nous essayons de saisir        un très grand froid, moins 30 de-
                                                  pour le transmettre ensuite aux         grés en général. Nous avons ame-
                                                  différentes chaînes de télévision       né le matériel pour prendre au
                                                  du monde entier. Celles-ci viennent     moins quelques mesures dans les
                                                  alors rajouter leurs propres com-       différents stades. » En mai, une
                                                  mentaires. Le but est de donner au      vingtaine de palettes, avec tout le
                                                  téléspectateur      confortablement     matériel nécessaire (micros, inter-
                                                  assis dans son canapé, ou debout        phones, casques audio, tables de
                                                  devant un grand écran au milieu         mixage…), prennent la route de la
                                                  d’autres supporters, le maximum         Russie dans un camion semi-re-
                                                  d’émotions. »                           morque. Fin mai, douze ingénieurs
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                                                                                                                                   >

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                                                                                                                                   W + B 1 41
                                                                                                                           © WNM
        du son, un par stade à équiper et     WNM fournit l’intégralité des so-     gés de délivrer le signal interna-             21
        en charge de la gestion de ces        lutions d’interphonie sans fil dans   tional aux chaînes TV du monde
        systèmes au service des équipes       les douze stades russes, ainsi que    entier. « Au total, nous avons en-
        de production TV, ainsi que des       douze ingénieurs du son en charge     voyé huit équipements de maté-
        techniciens, se rendent sur place     de la gestion de ces systèmes. La     riel pour douze stades, car il reste
        et prennent la direction des diffé-   société liégeoise fournit également   toujours quatre stades qui ne pro-
        rents stades.                         six autres ingénieurs du son char-    duisent pas de match et huit qui
                                                                                    travaillent. »

                                                                                    EN CONTACT PARTOUT :
                                                                                    SOUS LES TRIBUNES,
                                                                                    DANS LES TUNNELS…

                                                                                    Enfin, la Coupe du monde com-
                                                                                    mence. Lors des matchs, diffé-
                                                                                    rents techniciens, du caméraman
                                                                                    à l’ingénieur du son, s’activent,
                                                                                    tous connectés par un système
                                                                                    qui leur permet de se parler entre
                                                                                    eux et de communiquer avec la
                                                                                    régie. « Via ce système, le réali-
                                                                                    sateur est en contact avec les dif-
                                                                                    férentes équipes, précise Maxime
                                                                                    Van Gorp. C’est grâce à ce sys-
                                                                                    tème d’interphonie que toutes
                                                                                    ces personnes que l’on voit avec
© WNM

                                                                                    un casque micro sur les oreilles
                                                                                    peuvent se parler, que ce soit à
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                                                                                                                                             © WNM
22                          l’intérieur du stade entre les dif-   déplace alors avec le matériel,     monde en Afrique du Sud en 2010
                            férents corps de métier, mais         tandis qu’une autre reste dans le   et au Brésil en 2014.
                            aussi à l’arrivée du bus, sous les    stade.
                            tribunes, dans les tunnels, les       Si la France a remporté la Coupe
                            vestiaires. Ce n’est pas possible     du monde 2018 en Russie, cette      D’AUTRES ACTIVITÉS
                            avec de la téléphonie mobile          troisième édition pour WNM est      QUE LE SPORT
                            classique. » Une fois un match        également une victoire pour l’en-
                            achevé, une partie de l’équipe se     treprise, après les Coupes du       Fondée en 1995 par Gaëtan
                                                                                                      Crenier, ingénieur du son, et ins-
                                                                                                      tallée à Seraing, WNM est spécia-
                                                                                                      lisée dans les systèmes d’interpho-
                                                                                                      nie et de transmission analogique
                                                                                                      et numérique. La société propose
                                                                                                      différents services audiovisuels
                                                                                                      broadcast dédiés aux grands évé-
                                                                                                      nements sportifs. Depuis 2008,
                                                                                                      elle est prestataire pour ces grands
                                                                                                      rendez-vous que sont les cham-
                                                                                                      pionnats d’Europe de football,
                                                                                                      l’Euro, et depuis 2010, les Coupes
                                                                                                      du monde. Elle y fournit l’ensemble
                                                                                                      des solutions d’interphonie sans fil
                                                                                                      dans les stades, pour le personnel,
                                                                                                      ainsi que pour les tâches liées à la
                                                                                                      production télévisée. WNM prend
                                                                                                      également en charge le son pour
                                                                                                      le signal international aux chaînes
                    © WNM

                                                                                                      de TV du monde entier, c’est-à-
                                                                                                      dire celui reçu par le téléspecta-
<

                                                                                        S
teur lors d’un match, mais aus-
si à de nombreuses productions                                                          >
audiovisuelles.
Si l’entreprise est spécialisée dans
la prise de son TV pour des capta-
tions sonores sur des événements
sportifs, ce n’est pas là son seul
cœur de métier. Elle se consacre
également à l’installation de stu-
dios radios et TV pour différentes
chaînes un peu partout dans le
monde. « Nous travaillons beau-
coup pour la télévision, souligne
Maxime Van Gorp. Nous réfléchis-
sons à l’architecture du studio
en matière d’audio. Nous réali-
sons de la vente d’équipement en
Belgique, en France, un peu par-
tout en Europe, au Moyen-Orient…
La part de notre chiffre d’affaires
à l’exportation est d’au moins

                                                                                        E N T R EPR I S E
50 %. » WNM crée aussi des évé-
nements particuliers pour des en-
treprises privées, des organismes
et des services publics. Ainsi, elle
s’occupe, notamment, de la partie
audio des Magritte du Cinéma.

                                                                                        W + B 1 41
La société, qui emploie aujourd’hui
une dizaine de personnes, fait ré-
gulièrement appel à son réseau
d’indépendants spécialistes du
son, selon l’ampleur de l’événe-                                                        23
ment. « Pour la Coupe du monde,
qui demande beaucoup de res-
sources pendant de nombreuses

                                                                                © WNM
semaines, nous avons évidemment
fait appel à l’ensemble de notre
réseau. »

SUR LES STARTING-BLOCKS                 partis en Indonésie pour les Asian
POUR LA COUPE DU MONDE                  Games, les jeux olympiques asia-
AU QATAR                                tiques, pour fixer l’ambiance de
                                        certaines compétitions. Du foot, il
Pour cette entreprise impliquée         y en a partout en Europe, du bas-
dans les grands rendez-vous spor-       ket aussi. Cela se joue beaucoup
tifs comme les Jeux olympiques,         sur la réputation. La qualité du
l’Euro, la Coupe du monde, une an-      travail est là, les clients nous font
née paire est synonyme de plus de       confiance. Nous espérons être en-
travail, de notoriété et de revenus.    core dans les rails pour la Coupe
« Nous avons pour habitude de           du monde au Qatar en 2022 »,
dire qu’il y a les années paires avec   conclut le directeur commercial de
plus d’événements sportifs et les       WNM. 
années impaires, en général un peu
plus calmes. Quand ce n’est pas
une année de Coupe du monde,
nous faisons la même chose, mais
à plus petite échelle. Ainsi, nous
                                                                                © WNM

étions présents lors de l’Euro. En
août, des ingénieurs du son sont
<

S

>

                   « Dumbot » et « Botibouw » :
                   les champions d’Europe
                   montois
                   Pour la première fois, la Belgique règne sur l’Europe de la robotique
                   grâce au concours des étudiants de la Polytech (UMons).
I N N OVAT I O N

                   PAR VINCENT LIÉVIN
W + B 1 41

24
<

                                                                                                                   S

                                                                                                                   >

E
       n mai dernier, l’Universi-
       té de Mons a arboré fière-
       ment les couleurs du dra-
peau européen. Sept étudiants
se sont drapés de bleu, la tête
dans les étoiles, après avoir ga-
gné le concours international
« Eurobot ». Sabre en bandoulière,
les « 7 Mons’quetaires » ont em-
brassé leurs créations « Dumbot »
et « Botibouw », après avoir vain-
cu 35 équipes. La Belgique est
championne d’Europe de robo-
tique pour la première fois depuis
la création du concours en 1998 !        Les 7 Mons’quetaires © UMons

                                                                                                                   I N N OVAT I O N
                                     UN DOUBLE TITRE                       dée et mixte. En effet, parmi les
                                                                           « 7 Mons’quetaires », on compte
                                     Les « 7 Mons’quetaires » ont ajou-    deux femmes passionnées par
                                     té un second titre à leur tableau     ce métier d’ingénieur. Voici le dé-
                                     après que la Polytech de Mons a       tail de l’équipe d’étudiants ingé-

                                                                                                                   W + B 1 41
                                     remporté en mars dernier, à l’Uni-    nieurs civils mécaniciens de mas-
                                     versité de Namur, le titre natio-     ter 1 de la FPMs : Flavio Palmeri
                                     nal (les 24 et 25 mars). Robotix’s,   (Chef d’équipe / programmation),
                                     la finale de la Coupe de Belgique     François Bovart (Adjoint au chef
                                     de robotique, s’y déroulait dans le   et responsable planning / pro-          25
                                     cadre du Printemps des Sciences.      grammation), Soufiane El Fani
                                     Pourtant, lorsqu’ils ont posé le      (Responsable communication et
                                     pied les 12 et 13 mai derniers à La   sponsoring / Mécanicien), Maxime
                                     Roche-sur-Yon, les Montois avaient    Maton (Secrétaire / Mécanicien),
                                     encore tout à prouver à ce niveau     Daphné Bureau (Responsable lo-
                                     comme l’explique Soufiane El          gistique / Mécanicienne), Adeline
                                     Fani (Responsable communica-          Lefevre (Intermédiaire avec les
                                     tion et sponsoring / Mécanicien) :    organisateurs du concours /
                                     « Nous venions de gagner le titre     Électronicienne) et David Kasavuli
                                     en Belgique et nous avions beau-      (Trésorier / Électronicien). « La
                                     coup travaillé pour être prêts pour   création de l’équipe a été très inté-
                                     ce concours européen. Sur place,      ressante. De semaines en semaines,
                                     c’était évidemment stressant et       nous avions de plus en plus d’affi-
                                     excitant comme lorsqu’on parti-       nités. Nous améliorions la coordi-
                                     cipe à une compétition sportive. »    nation entre les différents corps
                                                                           de métier qui la composaient: pro-
                                                                           grammation, responsable plan-
                                     UNE TRADITION MONTOISE                ning, électromécaniciens, mécani-
                                     DE QUALITÉ ET DE RIGUEUR              ciens, informatique... », se souvient
                                                                           Soufiane El Fani. Pour lui, un autre
                                     Devant les Belges de Wallonie-        aspect a joué un rôle central dans
                                     Bruxelles se dressent des pays        leur victoire : «  Cela fait 15 ans
                                     des quatre coins de l’Europe... et    que les étudiants en polytech de
                                     du monde, comme les équipes           Mons participent au concours et
                                     marocaines, tunisiennes, algé-        cela permet de profiter d’une ex-
                                     riennes ou encore canadiennes.        périence importante des profes-
                                     Face à tous ces pays, les Montois     seurs et des anciens élèves pour
                                     proposent une équipe très sou-        préparer au mieux les épreuves. »
<

S

>
I N N OVAT I O N
W + B 1 41

                     Les 7 Mons’quetaires et les robots qui les ont menés à la victoire © UMons

26

                                                            En effet, chaque année, à Mons,
                                                            la Polytech (le service de Génie
                                                            Mécanique) donne la possibilité
                                                            aux étudiants qui veulent s’inves-
                                                            tir de prendre part à la coupe de
                                                            robotique. Les étudiants ont donc
                                                            pu bénéficier de la réputation et
                   chaque année,                            de l’expérience de leurs aînés. Pour
                   à Mons, la                               rappel, au niveau belge, l’année pré-
                   Polytech (le                             cédente, en 2017, l’équipe « Space
                   service de Génie                         MONSters » avait gagné la finale
                   Mécanique)                               face à l’UCL et en 2016, l’équipe
                                                            « VaMons a la playa » avait aussi
                   donne la
                                                            remporté le titre national. « Tout
                   possibilité aux                          ceci témoigne d’une dynamique
                   étudiants qui                            positive et collaborative réelle au
                   veulent s’investir                       sein de la Faculté Polytechnique,
                   de prendre part                          au cœur du plan ENG’UP : créer
                   à la coupe de                            et se créer », insistait le Doyen de
                   robotique.                               la Faculté Polytechnique, Pierre
                                                            Dehombreux, sur le site de l’Uni-
                                                            versité de Mons lors de la récep-
                                                            tion des champions d’Europe.
                                                            En effet, au travers de ce Plan
                                                            ENG’UP, l’université souhaite que
                                                            chaque étudiant s’interroge sur
                                                            sa future vie professionnelle et
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                                                                                                                 S
adopte le parcours de formation         avaient quatre tâches prévues que      « Nos robots avaient
le mieux adapté à sa personna-          nous avions répétées avant notre       quatre tâches prévues             >
lité. Une vision assumée par la         arrivée. » ajoute Soufiane El Fani.    que nous avions
Faculté Polytechnique de l’UMONS        Elles étaient les suivantes : ranger   répétées avant notre
(Polytech Mons) qui forme des in-       des cubes de couleur (représen-
                                                                               arrivée : ranger des
génieurs polytechniciens depuis         ter la construction de logements),
1837! Elle délivre le diplôme de        mettre des balles dans un réservoir
                                                                               cubes de couleur
Master Ingénieur civil dans cinq        (symboliser le recyclage de l’eau),    (représenter la
spécialités : Chimie-Science des        avec un dispositif mécanique, faire    construction de
Matériaux, Électricité, Informatique    exploser un ballon (une abeille qui    logements), mettre
et Gestion, Mécanique, Mines et         butine) et allumer un interrupteur     des balles dans un
Géologie ainsi qu’un diplôme de         (l’alimentation énergétique).          réservoir (symboliser
Master Ingénieur civil Architecte.      Concrètement, les étudiants mon-       le recyclage de l’eau),
                                        tois avaient programmé leurs ro-       avec un dispositif
                                        bots pour réaliser ces actions         mécanique, faire
C’EST QUOI LA ROBOTIQUE                 bien définies qui devaient se dé-
                                                                               exploser un ballon
                                        rouler sur une table de 2 x 3 m.
L’auteur de science-fiction Isaac       « La précision et la fiabilité sont
                                                                               (une abeille qui
Asimov, voici 75 ans, créa les lois     des éléments essentiels qui nous       butine) et allumer
de la robotique. Il y précisait no-     ont permis de gagner », ajoute         un interrupteur
                                                                               (l’alimentation

                                                                                                                 I N N OVAT I O N
tamment qu’un robot ne peut             Soufiane El Fani. Nul doute que
porter atteinte à un être humain,       les prochains étudiants montois        énergétique). »
ni permettre, en restant passif,        de Master 1 qui participeront à la
qu’un être humain soit exposé au        compétition voudront atteindre le
danger... Des lois inhérentes au        même résultat... 
concours de La Roche-sur-Yon.
Là-bas, les robots des montois de-

                                                                                                                 W + B 1 41
vaient construire de nouvelles villes      Plus d’infos sur :
avec pour objectif la préservation         www.facebook.com/
de l’environnement sur la théma-           Les7Monsquetaires2018/
                                                                               Les 7 Mons’quetaires, champions
tique « Robot Cities ». « Nos robots                                           d’Europe de robotique, entourés
                                                                                                                 27
                                                                               de l’équipe de l’UMons © UMons
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S

>                                         Be Mor(e),
                                          soixante idées d’entreprise
                                          pour rapprocher Wallonie-
                                          Bruxelles et le Maroc
                                          Fin juin dernier, soixante
CO OP ÉR AT I O N AU DÉVE LO PPE M E NT

                                          candidats entrepreneurs
                                          marocains et belges
                                          défendaient à Molenbeek
                                          leur projet, devant un
                                          jury d’experts réuni à
                                          l’initiative de l’APEFE et
                                          de Wallonie-Bruxelles
                                          International. Leur point
                                          commun ? La volonté
                                          de mettre à profit les

                                                                                                                                                                  © Apefe
                                          relations privilégiées entre
                                          Wallonie-Bruxelles et le
                                          Maroc en développant une
                                          activité originale et viable.          2.0, exécuté par l’APEFE1 sous fi-       Administrateur du Programme au
                                                                                 nancement de la coopération              Maroc, tant aux femmes non sco-
W + B 1 41

                                                                                 belge, promeut, avec ses huit par-       larisées qu’aux diplômées, tant
                                                                                 tenaires publics et privés locaux,       à celles vivant en milieu rural ou
                                                                                 l’entrepreneuriat féminin.               montagneux qu’urbain, tant aux
                                          PAR JEAN-FRANÇOIS POLLET
                                                                                                                          détentrices d’idées innovatrices
28                                                                               « Min Ajliki signifie en arabe dialec-   que de femmes entreprenant dans
                                                                                 tal marocain “pour toi femme“ pré-       les secteurs formel et informel. En

                                          D
                                                  es idées plein la tête et      cise Luc Ameye, responsable géo-         cinq ans, le programme a notam-
                                                  des étoiles dans les yeux,     graphique à l’APEFE. Il s’agit d’une     ment sensibilisé 60.000 femmes,
                                                  les porteurs de projet ont     initiative en grande partie portée       formé 4.000 d’entre elles et favori-
                                          « pitché » devant un jury de pro-      par le Maroc qui la finance à 60 %.      sé la création de 500 entreprises. »
                                          fessionnels belges et marocains,       Nous apportons un complément,
                                          en une minute seulement, leurs         d’un peu moins d’un million d’eu-        Le récent par-
                                          projets     entrepreneuriaux.    Les   ros par an. »                            tenariat    avec
                                          vingts meilleurs projets ont en-                                                Molengeek,
                                          suite été enrichis, peaufinés et       Le programme est également               qui a abrité
                                          améliorés par des équipes mixtes       soutenu par Wallonie-Bruxelles           le week-end
                                          constituées séance tenante, durant     International, et plus particuliè-       Be     Mor(e),
                                          tout le week-end. L’événement, à       rement la Fédération Wallonie-           représente
                                          la fois compétitif, structurant et     Bruxelles, qui, dans le cadre de son     un pas sup-
                                          convivial, s’est déroulé du 22 au 24   programme bilatéral de coopé-            plémentaire
                                          juin, dans les locaux de Molengeek,    ration, a inscrit l’organisation an-     dans la promotion
                                          incubateur d’entreprises et espace     nuelle de deux « boot camps », un        de l’auto-emploi. « Be
                                          de coworking et formation, niché       en Belgique et un au Maroc.              Mor(e)2, l’événement que nous or-
                                          dans la commune de Molenbeek.                                                   ganisons ensemble, reprend Luc
                                                                                 PROMOTION DE LA FEMME                    Ameye, veut soutenir les initiatives
                                          Une des originalités de cet hac-                                                d’entrepreneurs des deux rives de
                                          kathon est qu’il ait rassemblé une     Min Ajliki 2.0 vise la promotion de      la Méditerranée soucieux de valori-
                                          dizaine de jeunes entrepreneurs        la femme marocaine par l’affirma-        ser leurs relations et leurs connais-
                                          marocains, dont une majorité de        tion de ses compétences et de sa         sances mutuelles. » Be Mor(e) est
                                          jeunes femmes, sélectionnés dans       capacité à créer et développer son       organisé à l’image d’un startup
                                          le cadre du programme Min Ajliki       entreprise. « Nous nous adressons        weekend qui se donne trois jours
                                          2.0 en partenariat avec l’organisa-    à toutes les femmes maro-                pour ficeler un projet d’entreprise
                                          tion « Start Up Maroc ». Min Ajliki    caines, précise Benoit Stiévenart,       pertinent et pérenne.
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