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1001 facettes de la République démocratique du CONGO DU NOUVEAU CHEZ BIO DROIT DES ENFANTS AU BRÉSIL EZ RENOUVEL VOTRE ! ENT ABONNEM N° 2 / 2014 • TRIMESTRIEL AVRIL-MAI-JUIN 2014 P308613 • BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X
Sommaire AVRIL-MAI-JUIN 2014 25/28 > 30/31 > 34-35 > BIO: Rwanda: Coupe du monde: le secteur privé les 20 ans du TPIR les droits de pour le développement l’enfant hors-jeu ! R.D. CONGO RWAND MANIEMA KINSHASA BANDUNDU KASAÏ ORIENTAL Kasongo BURUND > DOSSIER R.D. CONGO Kikwit Kananga Mbuji-Mayi KATANGA Coopération en R.D. Congo : ANGOLA Lubumbashi Une pierre à l’édifice > 4 8-9 Soins de santé 16 Interview de 32-33 Un “coup de sport” au Congo : un modèle l’ambassadeur au développement et à la paix 10-11 Kinshasa : histoires 17 Urgence à l’Est du Congo de vie et de survie 36 Les Belges et la 18-19 Le bassin du Congo, coopération au 12-13 De la semence creuset de biodiversité développement à l’assiette 20-22 Mines: artisanat 37 Retour au Congo 14 L’enseignement versus industrie technique agricole : 38-39 Autour du Glo.be une filière d’avenir 23 Espoirs et défis d’Inga 40 Découvrez Glo.be 15 Des universitaires belges 24 Nature, homme et culture aux côtés de leurs confrères congolais 29 Move with Africa: au nom de la solidarité
Parce que le monde change, Dimension 3 devient POUR UN MONDE DURABLE e monde a changé, les anciens blocs ennemis sont tombés, des L pays jadis considérés comme pauvres comptent à présent comme émergeants ; le tiers-monde n’est plus… Dimension 3 change donc de nom : place maintenant à Glo.be ! Glo.be, c’est une vision globale et complexe, Un homme fait la file pour faire vacciner ses celle de la mondialisation et l’interdépendance qu’elle implique, avec ses bons et poules contre la maladie virale de Newcastle mauvais côtés : multiplication des moyens et de la vitesse des communications, par le vétérinaire Hangi dans sa clinique à circulation plus rapide des produits, des connaissances et des personnes mais Musienene (Nord-Kivu). aussi pollution, crise financière et économique, changements climatiques, © Tim Dirven / Vétérinaires Sans Frontières accroissement des inégalités sociales et de l’instabilité… Un monde qui devra être durable pour persister, tant dans l’hémisphère Sud que dans le Nord. Un monde dans lequel la Belgique et chacun d’entre nous a aussi son rôle à jouer. Parce que le monde a changé, la Coopération belge au Développement s’est également adaptée. Les bénéficiaires sont devenus des partenaires, les Objectifs Périodique trimestriel de du Millénaire qui balisent les grands thèmes de la lutte contre la pauvreté la Direction Générale de la deviendront probablement des “objectifs de développement durables” après Coopération au Développement 2015. Et si l’adjectif “durable” a été souvent galvaudé et utilisé à des fins très édito et de l’Aide humanitaire (DGD) diverses, c’est bien dans la coopération au développement plus que dans tout autre thème qu’il recouvre tout son sens. Car un développement “qui répond Rédaction : DGD aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des Rue des Petits Carmes 15 générations futures à répondre aux leur” (rapport Brundland) en tenant compte B-1000 Bruxelles des aspects économiques, sociaux et environnementaux, c’est bien là l’enjeu de Tél. +32 (0)2 501 48 81 notre coopération. E-mail : info.dgd@diplobel.fed.be www.diplomatie.be • www.dg-d.be Parce que notre environnement a changé, qu’il faut désencombrer et économiser, que le papier est remplacé peu à peu par le digital ; Glo.be prépare Secrétariat de rédaction : sa conversion vers le numérique. Votre magazine est fier de vous présenter son Elise Pirsoul, Chris Simoens et site web amélioré (www.glo-be.be) qui sera agrémenté de nouveautés entre 2 Mélissa Peeters numéros. La publication sera aussi disponible sous forme numérique pour iPad ou tablette Android. Nous en profitons également pour rafraichir notre banque Création et production : www.mwp.be de données d’adresses. Inscrivez-vous… Dans cette nouvelle aventure, nous aimerions encore vous compter parmi nos abonnés (voir ci-dessous). Les articles publiés ne représentent Pour un monde durable ! pas nécessairement le point de vue officiel de la DGD ou du gouvernement belge. La reproduction des articles est LA RÉDACTION autorisée pour autant que la source soit mentionnée et qu’une copie de la publication soit envoyée à la rédaction. Glo.be paraît 4 fois par an. Imprimé sur papier 100 % recyclé. Abonnement : Gratuit en Belgique. À l’étranger RENOUVELEZ VOTRE ABONNEMENT ! seulement en version électronique. Glo.be actualise sa banque de données. Si vous vous êtes abonné avant 2012, alors il faut vous réinscrire au risque de perdre votre abonnement. Pour ce faire, allez sur www.dg-d.be ou sur www.glo-be.be ou envoyez la carte qui se trouvait au centre du numéro précédent (Dimension3 1/2014).
R.D. CONGO COOPÉRATION EN RDC : UNE PIERRE À L’ÉDIFICE © DGD/E. Pirsoul ELISE PIRSOUL chance, car il y a une route nationale gigantesque de quatre-vingt fois DGD –pratiquement la seule du pays- qui la Belgique, abritant plus de 200 permet de rejoindre la capitale en groupes ethniques, et traversé par Sur les pistes un jour, pour d’autres coopérants 3 climats (équatorial, tropical et de cabossées du perdus à l’intérieur des terres, cela montagne). Un pays au potentiel développement peut prendre des semaines !” extraordinaire : avec un taux de La voiture, une 4X4, s’est embourbée Le long de la route enfin reprise, des croissance de 8,5 %, une popu- à nouveau. Des hommes descendent camions abandonnés dont on a volé lation majoritairement jeune, un Aujourd’hui d’un petit camion coincé lui aussi et peu à peu les pièces attendent que climat propice à l’agriculture et l’APD (aide se mettent à creuser autour des roues la rouille les achève. Ces carcasses des sols regorgeant de ressources sans même demander notre avis. métalliques, victimes des mauvaises naturelles dont les revenus fiscaux publique Les roues dégagées, ils vont en aval routes et de la surcharge de mar- commencent seulement aujourd’hui au dévelop- égaliser la route, espérant recevoir chandises font partie du paysage. à profiter à l’État. pement) ne quelques dollars de notre part… Tout comme ces gros fils électriques Mais c’est aussi un pays où pénétrer représente Ce voyage de 30 km nous aura pris perchés haut dans le ciel et qui conti- à l’intérieur des terres peut prendre 3h. Riccardo sourit, il a l’habitude nuent au-delà de l’horizon : une ligne des semaines tant les distances sont plus que 15 % de ce genre de problème. Ici, être haute tension provenant du barrage longues et les routes mauvaises. du budget de coopérant, assistant technique dit- d’Inga et qui symbolise le dénuement Pays continent dont le budget ne l’État, contre on maintenant, c’est la débrouille injuste des gens du pays (p. 23). Car dépasse pas celui d’une grande ville 60 % avant.” et l’improvisation à chaque instant. cette ligne électrique traverse de part belge, le rendant incapable de payer Mais il est venu en connaissance de et d’autre la RD Congo pour alimenter décemment ses fonctionnaires ; pays Jean-Claude Mokeni cause. Avant son arrivée, la CTB a les mines de l’Est tandis que l’intérieur riche pourtant, surnommé “scandale Ataningamu mis longtemps à trouver du person- du pays est plongé dans l’obscurité. géologique”, regorgeant de dia- Sénateur, Président de nel expatrié qui accepte de travailler Seuls les plus nantis ont la possibilité mants, de cuivre, d’or et de cobalt. la Commission Relations à Kikwit, et pour cause : soins de de s’éclairer au générateur… État ravagé par la guerre et un long extérieures lors de la visite santé et écoles de qualité inexistants, chaos politique, où les anciens colo- du Ministre Labille en RDC. sécurité, électricité, approvision- Un géant aux pieds nisateurs sont un jour les coupables nement aléatoires. Riccardo a du d’argile de tous les malheurs, et l’autre les laisser sa femme et ses enfants en La République démocratique sauveurs d’un lendemain incertain. âge de scolarité à Kinshasa. “J’ai de la du Congo, c’est un territoire Pays-forêt, second poumon de la 4 AVRIL-MAI-JUIN 2014 I
PLUS D’ÉTATS FRAGILES EN 2014 Selon le Comité d’Aide au développement (CAD) de l’OCDE, “Un État est fragile lorsque le gouvernement et les instances étatiques n’ont pas les moyens et/ ou la volonté politique d’assurer la sécurité et la protection des citoyens, de gérer efficacement les affaires publiques et de lutter contre la pauvreté au sein de la population”. Ainsi l’OCDE estime essentiel “d’assurer l’instauration et le maintien en place d’un État légitime et capable de remplir les fonctions qui lui incombent.” Pour ce faire, des principes pour l’engagement international dans les États fragiles et les situations précaires ont été établis par le CAD. La liste des États fragiles reprend actuellement 51 pays à travers le monde dont une majorité se situe en Afrique Subsaharienne (29 pays). Parmi les 18 pays partenaires de la Belgique, six d’entre eux font partie des États fragiles à savoir, le Burundi, la République Démocratique du Congo, le Mali, le Niger, l’Ouganda et la Palestine. En 2014, le bilan s’est alourdi : huit pays ayant rejoint la liste des États fragiles : République Démocratique Populaire de Corée, Égypte, Syrie, Mali, Burkina Faso, Madagascar, Mauritanie et Tuvalu. Résultat : 1,4 milliards de personnes vivent dans un État fragile. http://www.oecd.org/fr/cad/incaf/lerenforcementdeletatdanslesetatsfragiles.htm http://www.oecd.org/dac/incaf/FSR-2014.pdf planète (après l’Amazonie) conte- peut prendre plus de 5 mois. Le gestion, c’est-à-dire l’appui adminis- nant 5 parcs nationaux inscrits sur la programme de coopération est en tratif d’un assistant technique dési- liste du patrimoine mondial en péril retard. Les conclusions d’une éva- gné par la Belgique au sein même et dont l’approximative conservation luation (voir encadré p. 38) sur des des différents ministères congolais. ne doit qu’à son enclavement (p. 4). projets d’enseignement technique Enfin, dernièrement, Belgique et sont assez critiques. La raison : le R.D. Congo se sont accordés sur un Coopérer dans un pays manque de matériel dans les écoles nouveau programme d’appui aux fragile, un défi et le peu de débouchés pour les infrastructures dans les Kivus tenant Pays riche et “fragile”, la République jeunes formés… Décourageant. compte des difficultés rencontrées démocratique du Congo représente Mais la coopération belge n’aban- et d’une volonté de stabilisation à elle seule toute la complexité du L’Europe donne pas pour autant son vieux des Kivus. développement… En choisissant a raté un compagnon, au contraire. Le ministre de faire de la R.D. Congo son pre- rendez- de la coopération belge insiste sur le Nouveau programme mier partenaire de coopération, la vous avec le fait que la “Belgique a le devoir moral de coopération : Belgique n’a pas choisi la facilité. d’agir” et a fait 3 visites de travail en Renforcer et stabiliser La volonté de travailler de façon printemps RDC en 2013 et 2 visites en 2014. La la coopération décentralisée, au plus près de “ceux arabe, elle ne coopération tente d’apprendre de Fin mars 2014, R.D. Congo et Belgique qui en ont besoin”, loin de la capitale doit pas rater ses erreurs, de sortir d’un pater- signent un programme indicatif de multiplie les défis. Les distances, nalisme dont il existe encore des développement (PIC, voir p.6). Ce la faiblesse des moyens de com- le décollage traces de nostalgie de part et d’autre programme défini par les 2 pays munication, d’infrastructures et de de l’Afrique” pour permettre à son “partenaire” partenaires prévoit les budgets, structures sociales et politiques de se construire “État de droit”, au locations et secteurs de la coo- demandent de tout reconstruire Jean-Pascal Labille, service de la population. Elle met pération au développement pour à chaque nouveau projet. Deux Ministre de la Coopération le paquet sur le renforcement de une période donnée est considéré au Développement ans après le début du programme, l’administration à travers le principe comme “intermédiaire” car il est le la CTB peine encore à trouver un du double ancrage : travailler au pont entre le PIC 2010-2013 qui a expert prêt à travailler dans le fin niveau de la population (l’hôpital) pris beaucoup de retard et un PIC fond du Maniema, les appels d’offre et de l’administration (le ministère plus conséquent à venir. D’un mon- ne trouvent pas de candidats et de la santé). On crée des UCAG, tant de 80 millions d’euros, il reprend l’acheminement des matériaux des unités conjointes d’appui à la les mêmes caractéristiques I AVRIL-MAI-JUIN 2014 5
R.D. CONGO LES MOTS LES L MO CLÉS CLÉ DU PROGRAMME DEE DÉVELOPPEMENT DÉV ÉV VEL E OPP 2014-2016 Montant : 80 millions d’euros Zones de concentration (sur la carte) : • Bandundu • Equateur • Province orientale • Maniema • Katanga • Kasaï oriental Secteurs (en euro): • Agriculture et développement rural : 19 millions • Enseignement technique et formation professionnelle : 12 millions • Santé : 23 millions • Secteurs transversaux de gouvernance/droits humains/climat : 10 millions • Réserve : 16 millions 23.000.000 € 19.000.000 € © DGD/E. Pirsoul 12.000.000 € 10.000.000 € que le programme précé- prioritaire, à la demande de la partie Stabiliser, à travers Le ministre dant avec, en plus, le retour notable congolaise qui considère que le une relance régionale autour belge vient de la santé dans les secteurs prio- pays requiert une main d’œuvre des Kivus ? rendre des ritaires (p. 8). qualifiée. Mais cette fois des centres Autre obstacle majeur au déve- La santé, secteur déjà très courtisé de ressources (de matériel) seront loppement du pays : la situation comptes à la par les donateurs avait été aban- appuyés et des synergies avec explosive de l’Est du pays. L’insta- population donné à la demande de la partie d’autres programmes de déve- bilité générée par 10 ans de conflits congolaise, congolaise. Mais le retrait de l’exper- loppement seront créées dans le rend difficile les projets de longue c’est tise belge s’avère douloureux. La domaine de l’agriculture (prodakk) haleine, la stabilité politique et l’at- presque éradication de la maladie ou l’enseignement (VVOB, voir traction des investisseurs privés. Un important” du sommeil et son retour en est p. 12 et p. 14). Autre grand domaine espoir est apparu cependant en une bonne illustration (p. 9). Mais choisi : l’agriculture, considérée de 2013 avec la signature de l’accord Jean-Claude Mokeni Ataningamu, l’institut tropical d’Anvers repren- concert avec le désenclavement des d’Addis Abbeba entre 11 pays de Sénateur dra le traitement… Par ailleurs, la zones rurales, le but étant d’aug- la région. Cet accord prévoit la non coopération belge consacrera 3 mil- menter la production afin de sortir ingérence des États signataires et lions à la réplication de l’expérience de l’économie de subsistance et une réforme de la sécurité du côté du Centre hospitalier Panzi dirigé de pouvoir écouler la marchan- congolais. La Banque Mondiale a par le désormais célèbre docteur dise (p. 12). Ce programme est alors promis alors une enveloppe Mukwege. Ce centre, bien connu la continuation du PIC 2010-2013, d’un milliard de dollars qui serait pour le traitement des séquelles avec, cependant, une augmentation consacrée aux travaux régionaux des violences sexuelles, pourra des budgets pour la province du d’infrastructure et d’énergie comme apporter un petit soulagement à Maniema, et un ajout du Katanga “dividendes de paix”. une des formes les plus graves de dans les zones d’intervention. La Sous l’adage “pas de prospérité violation ou d’abus des droits de Belgique contribuera également à sans paix”, le Ministre belge de la l’homme d’un individu. la lutte contre le changement clima- Coopération au Développement a L’enseignement technique et profes- tique, à travers des projets REDD+ saisi l’occasion au vol. Il a ainsi pro- sionnel continue d’être un secteur (p. 24). posé en 2013 “un plan de relance 6 AVRIL-MAI-JUIN 2014 I
RÉP. CENTRALE AFRICAINE SOUDAN DU SUD Doruma CAMEROUN Aketi Isiro PROVINCE ORIENTALE OUGANDA GUINÉE ÉQUATORIALE Kisangani ÉQUATEUR CONGO GABON R.D. CONGO RWANDA MANIEMA BANDUNDU KASAÏ ORIENTAL BURUNDI KINSHASA Kasongo Kikwit TANZANIE Kananga Mbuji-Mayi KATANGA 16.000.000 € ANGOLA Lubumbashi ZAMBIE pour les Grands Lacs”. Tandis que une augmentation significative de afin de “créer les conditions néces- la Belgique y alloue une somme de l’aide aux pays des Grands Lacs. La saires à une meilleure protection des 30 millions d’euros (non comprise R.D. Congo bénéficiera de 620 mil- Il faut soigner citoyens et de leurs droits”, selon les dans le PIC) sur 3 ans, elle invite lions d’euros pour la période 2014- le cœur : l’Est termes de Piebalgs. Un programme les autres bailleurs à se regrouper 2020. Les fonds seront utilisés pour du Congo” visant à lutter contre les violences à autour d’un plan d’action commun lutter contre la pauvreté en favorisant caractère sexiste en RDC obtiendra pour les Kivus. Avec ce budget, la une croissance durable et inclusive, un budget de 20 millions €. Jean-Pascal Labille Belgique propose de créer des pour renforcer la démocratie et les Le conflit déstabilise, le conflit fait dividendes de paix en lançant de droits de l’homme et contribuer à la mal, le conflit fait peur. “Les investis- gros travaux d’infrastructure (dans paix et à la stabilité dans la région. sements permettent de développer les secteurs de l’eau, de l’énergie La réforme du secteur de la sécurité, plus que l’aide au développement. et des routes) à haute intensité de (notamment les forces de police), Le problème est que les investis- main d’œuvre afin de “montrer que ainsi que le système de défense et seurs ne sont pas intéressés par le la paix est meilleure que la guerre et le système judiciaire en RDC béné- Congo” déclarait le sénateur congo- de donner du travail aux démobilisés” ficiera d’une attention particulière lais Mokeni : trop d’instabilité, pas (déclaration du ministre Labille). assez de services de base chassent Hors budget “plan de relance”, le les affaires. Or, la R.D. Congo pour PIC prévoit également 3 millions s’accomplir a besoin d’investisse- d’euros destinés à un fond fiduciaire ments et d’efforts énormes. Le pays- international qui appuiera les futures continent, riche et fragile a certes un réformes élaborées par le gouver- énorme potentiel –renforcé par ses nement congolais conformément 8,5 % de croissance- mais pour être aux accords d’Addis Abeba. économiquement, politiquement et © DGD/E. Pirsoul L’Europe se rallie à son tour à la socialement durable, il doit recons- relance congolaise : en mission truire ses structures de base. Puisse en RDC avec le ministre belge, le la Belgique apporter sa pierre à commissaire Piebalgs annonce l’édifice… I AVRIL-MAI-JUIN 2014 7
R.D. CONGO SOINS DE SANTÉ AU CONGO : un modèle pour le monde paiement d’une quote-part pour les CHRIS SIMOENS DGD soins reçus. La population construit des bâtiments supplémentaires quand les dispensaires sont trop La Belgique coloniale vieux ou exigus, avec des briques a organisé en RDC des artisanales. La Coopération belge au développement contribue en soins de santé devenus bois, tuiles et savoir-faire technique. un modèle du genre dans le monde. Notre pays Alma Ata Le système sanitaire congolais était s’investit de nouveau tellement réussi que le congrès pleinement sur place. historique de l’Organisation mon- diale de la santé (OMS) de 1978, au © DFID P our comprendre les Kazakhstan, l’a donné en exemple. soins de santé au La Déclaration d’Alma Ata a établi Congo, il faut retourner Ainsi, seuls les Belges pouvaient que les soins de santé de base à l’époque coloniale, être médecins. La population était devaient être apportés via un réseau avec la création par la Belgique de par ailleurs tenue de coopérer, ce de dispensaires et d’hôpitaux. Sous “cercles médicaux”. Ces réseaux qui a porté ses fruits dans la lutte la présidence Mobutu, le pays que de 10 à 15 centres sanitaires (dis- contre la maladie du sommeil (les l’on appelait alors Zaïre a même été pensaires) s’articulaient autour d’un autochtones étaient contraints de le premier à élaborer une stratégie hôpital. Chaque dispensaire pour- se faire examiner, permettant de nationale pour ce type de soins. Les voyait les soins de première ligne à repérer cette maladie contagieuse à “cercles médicaux” furent rebapti- quelque 10.000 personnes. Infirmiers un stade précoce). Après 20 ans, la sés “zones de santé”. congolais mais aussi sages-femmes, maladie avait pratiquement disparu Malheureusement, les 32 années assistants médicaux, etc. s’occu- La Déclaration (voir encadré). sous Mobutu (1965-1997) ont été paient des soins de base (accou- marquées par un ralentissement chements, soins pré- et postnatals, d’Alma Ata Acteurs à part entière de l’économie nationale. Peu à peu, maladies générales, etc.). Pour les a établi que Le système a perduré après l’indé- le salaire du personnel soignant se soins plus complexes, les patients les soins de pendance du Congo, en 1960, avec réduisit à la portion congrue, sous étaient renvoyés vers un hôpital néanmoins des variations. Lovanium, le coup de l’inflation entre autres, et où des médecins et spécialistes santé de base qui deviendra l’université de Kin- le travail d’appoint devint la règle belges officiaient avec leur personnel devaient être shasa, diplôme les premiers méde- pour survivre. Dans les zones où la congolais. Les principaux acteurs de apportés via cins congolais, dans les années 60, Belgique était présente, une part ce système étaient l’Église, avec ses un réseau de et permet aux assistants médicaux croissante de l’aide servit à com- missions, et l’Institut de médecine congolais de décrocher leur diplôme pléter la rémunération du personnel. tropicale (IMT). dispensaires de médecin. Sur place, les médecins Le système a cependant continué et d’hôpitaux, belges ont le statut de coopérant de à fonctionner relativement bien. Paternalisme comme l’Office de la coopération au déve- Chaque donateur s’est spontané- Le système reposait évidemment au Congo” loppement de l’époque (ancêtre de ment aligné sur la stratégie natio- sur un motif socio-économique. l’AGCD et de la DGD). Les ONG nale et les coopérants ont travaillé Les colonies avaient en effet besoin (Action Damien, Memisa, etc.) et les dans les hôpitaux aux côtés de d’une force de travail solide, autre- organisations multilatérales (l’Unicef, leurs collègues zaïrois, bien avant ment dit d’une population en bonne par exemple) soutiennent de plus en la Déclaration de Paris en 2005, qui santé, pour faire tourner l’économie. plus les soins de santé. érigera en principe l’alignement sur Les soins médicaux ne suffisaient De simples spectateurs, les Congolais les stratégies nationales1. néanmoins pas : alimentation saine, deviennent acteurs à part entière du éducation, eau propre et installa- système de soins. On leur explique Retour de la Belgique tions sanitaires étaient tout aussi la responsabilité qu’ils portent envers En 2009, à la demande du Congo, la importants. leur santé, soit dans les comités sani- Belgique a mis un terme à sa coopéra- Un système paternaliste, certes. taires des dispensaires, soit par le tion gouvernementale en matière de 8 AVRIL-MAI-JUIN 2014 I
© Endre Vesvik /Flickr soins de santé. La coopération via les Les moyens de la nation congolaise acteurs indirects (ONG, universités, ne suffisent cependant pas. La Bel- IMT) et multilatéraux s’est poursuivie, gique a donc décidé, sur proposition représentant 60 % du volume initial. du Congo, de renouer avec la tradi- Notre pays occupe ainsi encore la 6e tion de l’aide au secteur de la santé. à 8e place du groupe des donateurs, Notre pays encouragera donc plus et y reste actif. que jamais une meilleure coopération L’État congolais est progressivement entre les donateurs et les acteurs parvenu à mieux tirer parti de sa belges sur place, pour optimiser croissance économique et à étayer l’efficacité de l’aide. son budget grâce à l’imposition. Les fonctionnaires reçoivent en outre leur 1 salaire directement sur un compte, La Déclaration de Paris tente d’améliorer l’effica- cité de l’aide par l’application de cinq principes : sans intermédiaires, ce qui garantit appropriation, harmonisation, alignement, gestion un meilleur revenu au personnel axée sur les résultats et responsabilité mutuelle soignant. (www.oecd.org/dac). MALADIE DU SOMMEIL, ENCORE ET TOUJOURS… 30.000 cas Trois épidémies depuis 1896, une éradication presque totale grâce aux investissements 2013 belges et pourtant la maladie du sommeil ou trypanosomiase humaine africaine (THA) 37.991 cas 17.616 cas est encore sujet d’actualité. En effet, selon 1998 2004 6.743 cas le rapport de l’OMS, la maladie avait presque 2011 disparu dans les années soixante. Mais depuis 9.878 cas une trentaine d’années, les contaminations 2009 par la mouche tsé-tsé ressurgissent. Sur le continent africain, 36 pays la Belgique. La première épidémie depuis juin 2013, l’OMS a estimé sont concernés par la maladie du avait touché l’Ouganda et le bassin du 30.000 cas effectifs et 70 millions sommeil. Parmi les plus touchés Congo de 1896 à 1906. Une seconde de personnes exposées à la THA. figure la RD. Congo avec 70 % des s’était abattue en 1920 et s’étendait cas notifiés ces dix dernières années. dans d’autres pays d’Afrique. Une À L’AVENIR… La THA se transmet principalement dernière épidémie eut lieux dans les La récente politique de renforcement par piqûres de mouches tsé-tsé. Les années 70 après une baisse d’atten- du système de santé a permis le renou- populations les plus exposées sont tion et de vigilance.* vellement de l’appui belge pour la lutte celles situées près de point d’eau contre la THA en RDCongo pour une stagnante, les populations rurales QUELQUES CHIFFRES période de 4 ans et notamment avec la qui vivent de pêche, d’agriculture, Entre 1998 et 2004 le nombre de participation de l’IMT d’Anvers (Institut d’élevage ou encore de chasse.* cas de trypanosomiase est passé de Médecine Tropicale). MP De ce fait, les personnes malades de 37.991 à 9.878 en 2009 après se trouvent souvent dans des zones d’importantes actions. Un progrès * Sources : http://www.who.int/mediacentre/factsheets/ /fact ctsshe ct he eets ets/ éloignées où l’accès aux soins, la considérable qui s’est poursuivi en miasse se humaine fs259/fr/ ; Centre des médias, Trypanosomiase humai hu ma m ai ainne e prise en charge ou encore la préven- 2011 avec 6.743 cas notifiés. Mais, africaine, OMS, Aide-mémoire N°259, Juinn 2013. 2013 0133. © DGD/ M.Warck tion sont compromis. En l’absence de traitements, la trypanosomiase Le long des rivières de la province de Bandundu des pièges à mouches tsé-tsé jalonnent l’eau. Ce sont est mortelle. précisément des piégeages sélectifs à base communautaire qui réduisent le contact de l’homme avec les Depuis les premières colonies belges mouches porteuses de la maladie du sommeil. Attirées par les couleurs foncées, elles entrent par la base du au Congo, la maladie du sommeil traquenard et restent coincées à l’intérieur dans la partie supérieure. constitue un véritable combat pour I AVRIL-MAI-JUIN 2014 9
R.D. CONGO Michée et sa maman ont été installées dans l’unité kangourou. A Kinshasa, les enfants prématurés ou avec un trop petit poids de naissance ne peuvent pas être placés en couveuse. La maman va garder son bébé peau à peau jusqu’à ce qu’il dépasse les 2 kg. KINSHASA : HISTOIRES DE VIE ET DE SURVIE Être un enfant handicapé au Congo, c’est être confronté au rejet des autres ou de sa famille, ne pas être scolarisé, avoir un avenir hypothéqué. Pour Handicap International, il faut donc agir sur plusieurs fronts. Diagnostiquer, soigner, rééduquer les membres paralysés. Aider ces enfants à être le plus autonome pos- sible et à intégrer une école. Parce qu’il y a toujours de l’espoir. AURORE VAN VOOREN - HANDICAP INTERNATIONAL PHOTOS : © Johanna de Tessières – Handicap International Un bon suivi des enfants après la naissance permet de détecter des problèmes de santé chez l’enfant et éviter des séquelles invalidantes. Le défi des agents de santé formés par Handicap International reste d’encourager les mamans à venir aux consultations. 10 AVRIL-MAI-JUIN 2014 I
RUBRIQUE Un traitement de kinésithérapie aide les enfants avec une infirmité motrice cérébrale à retrouver une certaine autonomie pour s’habiller, manger seul, ... En collaboration avec les Cliniques Universitaires de Kinshasa ces enfants reçoivent une prise en charge adaptée. Grâce a dû être amputée à cause d’une infection à la jambe. Son école participe au projet d’éducation inclusive à Kinshasa. Il a fallu beaucoup travailler pour persuader ses parents de scolariser leur fille. Ils avaient honte de son handicap. Sandy accompagne souvent sa petite sœur Ngila, qui doit suivre un traitement de kinésithérapie aux Cliniques universitaires de Kinshasa. Ngila est née prématurément et ne marche que difficilement. Les kinésithérapeutes formés par Handicap International s’efforcent d’améliorer sa mobilité. I AVRIL-MAI-JUIN 2014 11
De la semence PROJET DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE EN RDC © DGD/E.Pirsoul Production et circulation : voilà les mots clés qui caractérisent le programme de développement agricole et de désenclavement dans le Bandundu. Reportage. ELISE PIRSOUL Quant aux deux tiers de la popula- DGD tion qui survit grâce à l’agriculture En bref, les différentes étapes prévues familiale, elle est condamnée à une dans la stratégie de relance agricole CTB : Un cercle vicieux humble production de subsistance. Sur la route nationale, les camions La valeur ajoutée de cette activité 1. Amélioration 5. Transformation surchargés se succèdent. Ils amènent ne dépasse pas 200 $ (contre 870 des semences de la production de quoi nourrir la capitale, Kinshasa, en Côte d’Ivoire). ville modeste il y a 50 ans (de 400.000 Le gouvernement congolais voudrait 6. Évacuation des produits habitants) devenue tentaculaire avec atteindre une sécurité alimentaire 2. Diversification agricoles via la construction- ses presque 10 millions d’âmes. acceptable. Pour ce faire, il veut aug- des cultures réhabilitation des routes- Des routes aussi bonnes, il n’y en a menter la production vivrière afin pistes-voies fluviales pas beaucoup et il n’est pas rare de d’améliorer les revenus des pay- croiser des carcasses abandonnées sans et nourrir les villes. C’est dans 3. Amélioration de la fertilité des sols 7. Accès aux marchés sur des pistes hasardeuses. ce cadre que la CTB (coopération Le paysage est verdoyant. On est technique belge) a mis au point le loin ici des terres sablonneuses et programme prodakk/prodekk dans 4. Appui aux organi- 8. Appui à la Province et aux sations paysannes services de l’agriculture, arides du Sahel. Pourtant la faim la province du Bandundu. Un projet et aux cadres du développement rural et existe : le problème est structurel. intégré qui a démarré depuis peu de concertation du genre L’agriculture de subsistance est et qui touche différentes étapes, de tellement limitée que la faim rode la semence à l’assiette. au moindre problème. congolais de l’agriculture et du déve- Les infrastructures routières défail- Augmenter la loppement rural, le pilier de la relance lantes isolent la population rurale productivité du secteur agricole. Pour ce faire, la avec comme conséquence une Comment augmenter le rendement CTB a passé contrat avec l’institut pauvreté entretenue par l’incapa- vivrier ? En améliorant l’accès aux fac- national d’étude et de recherche cité d’écouler les produits agri- teurs de production, à la technologie, en agriculture (INERA) qui produit coles. Les grandes villes comme et à la formation. Mais également en les semences de pré-base qui sont Kinshasa importent d’Europe, d’Asie développant les activités de stockage, données aux agromultiplicateurs. De ou d’Amérique les denrées de base de conservation, de transformation la récolte, une partie est destinée aux à prix d’or alors que la terre congo- et de commercialisation… paysans et le reste est gardé pour la laise suffirait largement à nourrir À la base de la base : des semences vente et le métayage. Wivine Mikandu ses habitants. de qualité. Ce serait, selon le ministère est l’une de ces multiplicatrices 12 AVRIL-MAI-JUIN 2014 I
R.D. CONGO à l’assiette FICHE PROJET : PRODEKK/PRODAKK © DGD/E.Pirsoul DANS LA PROVINCE DU BANDUNDU PIC 2010-2013 et 2014-2016 Objectifs : • L’amélioration de l’évacuation de la production des exploitations familiales dans le Kwilu et le Kwango(Bandundu) vers les points d’évacuation et les centres de consommation (PRODEKK). • La réduction du déficit alimentaire et de la pauvreté dans les districts du Kwilu et du Kwango via la relance durable du secteur agricole (PRODAKK). Maître d’oeuvre : Coopération technique belge (CTB) Maître d’ouvrage : Ministère provincial de l’Agriculture, du Développement rural du Genre, de la Famille et de l’Enfant Localisation : Territoires de Bagata, Kenge et Masi-Manimba, dans les districts du Kwilu et du Kwango, province du Bandundu Début des programmes : 2012 et 2013 Durée des programmes : 48 mois pour le PRODEKK et 72 mois pour le PRODAKK Budget : 20 000 000 € pour le PRODEKK et 20 000 000 € pour le PRODAKK Ce programme est prolongé de 2 ans dans le nouveau PIC. Des projets similaires sont en cours ou prévus dans la Province orientale, le Maniema, le Kasaï et le Katanga. Bénéficiaires de la multiplication semences Prodakk qui semble en apprécier la qua- graines à Kikwit mais les camions La marchandise déplacée, il faudra lité : “Avant, nous semions 75 kg de restent encore bloqués” explique également trouver des marchés : à semences sur un champ de 3 hectares. l’agricultrice. Un CLER travaille cet effet, la CTB appuie les organi- On récoltait alors 623 kg de maïs. Avec sur plusieurs villages et il y a en sations paysannes afin de donner les nouvelles semences, nous avons tout environ 1.350 km de piste à une valeur ajoutée aux produits récolté cette année 2 tonnes de maïs entretenir pour le PRODEKK dans agricoles provenant des exploita- par hectare”. le Bandundu. tions familiales et d’assurer leur La tâche de Wivine ne s’arrête pas Les grandes commercialisation. là : elle anime à la radio une émission villes comme de sensibilisation pour encourager Améliorer la les paysans à utiliser les semences Kinshasa gouvernance de qualité. Elle est active dans la cou- importent L’efficacité du projet dépend éga- pole des organisations paysannes du les denrées de lement de la capacité de la pro- Bandundu (Fopaband) appuyées par base à prix vince du Bandundu à tenir un rôle les ONG belges (AGRICONGO). Elle Réhabilitation moteur dans le projet. C’est dans coordonne également un groupe d’or alors des voies fluviales ce contexte qu’un appui direct à la de CLERs (Comité local d’entretien que la terre province et aux services de l’agri- Routier) qui réhabilitent les pistes congolaise Sur la rivière Kwilu, le petit bateau de culture, du développement rural et des environs. la CTB se fraye un chemin à travers du genre est mené au niveau du suffirait les pirogues. Le long de l’eau, les chef-lieu de la province ainsi que Transformation et largement à habitants occupés à leur toilette ou des territoires et secteurs d’inter- commercialisation nourrir ses leur lessive saluent l’engin à moteur. vention. Un travail de proximité La piste qui mène du champ de habitants” Le pilote calcule à chaque instant la pour accompagner les paysans et Wivine à la ville la plus proche est à profondeur afin de ne pas chavirer. les responsabiliser par rapport aux peine praticable, à condition d’avoir Les voies fluviales sont à l’étude pour actions mises en place. une bonne voiture. Nous y croisons le transport de marchandises. Les un groupe de cantonniers, la pelle à trois plus importants cours d’eau la main. “Ils réhabilitent les 15 km qui navigables que compte la région me séparent de la route nationale qui pourraient donner accès à des villages ONLINE mène à Kikwit et reçoivent un petit très reculés. Mais pour l’instant, faute Voir le Dimension 3 spécial paiement selon leurs performances. d’aménagement, les pirogues sont agriculture sur Moi, maintenant, je peux écouler mes seules reines de la rivière. www.dimension-3.be I AVRIL-MAI-JUIN 2014 13
R.D. CONGO L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE AGRICOLE : UNE FILIÈRE D’AVENIR Un enseignement et des formations professionnelles de qualité, priorités de la VVOB. Manque d’enseignants, des professeurs sous-payés et démotivés, pénurie de matériel didactique, des méthodes d’enseignement inadaptées aux évolutions pédagogiques… Pour faire face à ces nombreux défis, le gouvernement congolais a défini depuis 2010, les contours d’une nouvelle politique éducative, plus cohérente. Le but ? Mieux orienter les budgets de l’Etat et les apports des donateurs dont la Belgique, très impliquée dans le secteur de l’enseignement technique et de la formation professionnelle en RDC. Reportage. MARTINE WARCK la formation continue des enseignants Autre point important : l’augmenta- DGD et des inspecteurs du secondaire tion des vocations pour les métiers agricole, ainsi que dans le dévelop- agricoles, notamment chez les filles. Le contexte pement d’outils et de programmes Ces dernières seraient 60 % à suivre Malgré les difficultés qu’il traverse, d’enseignement agricole, un véri- les cours de l’enseignement tech- le secteur de l’éducation en RDC table programme axé sur le déve- nique agricole plutôt que les filières bénéficie d’une attention récente loppement par compétences tant classiques (pédagogie, langues, qui incite à un optimisme prudent. théoriques que pratiques. sciences, culture générale). Une En effet, le gouvernement congolais tendance suivie également à Isingu © DGD/M. Warck et les bailleurs de fonds conjuguent (+20 %), surtout depuis le séjour de depuis quelques années leurs efforts deux étudiantes belges en agro- en vue du redressement du secteur. nomie durant l’été. “J’aimerais être Ainsi, depuis 2010, les frais de fonc- ingénieur agronome, car c’est le tionnement des écoles qui étaient métier qui offre le plus d’opportunités à la charge des parents, faute de dans l’agriculture”, explique avec budget du Ministère, sont désormais fierté, Thérèse KOMINA, élève en 4e gratuits dans l’enseignement pri- des Humanités Technique Agricole maire. Dans le même temps, et première de sa classe. des travaux ont été Sur le terrain Durant la période 2008-2013, la Au village d’Isingu, dans la province VVOB a appuyé l’Inspection de de Bandundu, germoirs, cultures l’Enseignement au niveau national diversifiées, bananeries, verger ou qui à son tour, a accompagné 1.500 encore potager ainsi que le bétail écoles des techniques agricoles entamés pour élaborer une straté- sont observables. La vie du village dans l’ensemble du pays. Dans le gie sectorielle budgétisée, cette s’est transformée depuis que le tra- Bandundu, l’appui à l’Inspection dernière comprenant égale- vail agricole s’est professionnalisé. provinciale a permis d’atteindre près ment des objectifs et des axes “Avant, nous étions dans le néant”, de 400 écoles, avec une moyenne de d’intervention pour le déve- résume le chef du village. Isingu est 6 classes par école et de 70 élèves loppement du sous-secteur de appuyé par la VVOB depuis 2011 et par classe. Le nouveau programme © DGD/M. Warck l’enseignement technique et de la les bénéficiaires du programme y de la VVOB qui est axé sur l’ensei- formation professionnelle. voient une vraie valeur ajoutée : les gnement technique et la formation J’aimerais C’est dans ce contexte que le gou- enseignants participants ont parfait professionnelle agricole pour la vernement congolais et la VVOB* leurs connaissances, ce qui leur période 2014-2016 est déjà en cours être ingénieur ont signé en 2006, un accord permet d’encadrer leurs collègues de mise en œuvre. agronome, car de coopération ayant abouti à moins formés, ainsi que les élèves c’est le métier l’élaboration d’un programme** sortants qui développent leur propre (*) De Vlaamse Vereniging voor Ontwikkelings- de six ans, pour soutenir les potager et par conséquent, leur samenwerking en Technisch Bijstand – VVOB qui offre le plus En français: Association Flamande de Coopérati- sous-secteurs du primaire et “business” comme on dit ici. L’argent d’opportunités du secondaire agricole. Ce des récoltes leur permet de payer on au Développement et d’Assistance Technique) (**) Programme “Contribution à l’amélioration dans l’agriculture” n’est pas tout : la VVOB appuie du matériel adapté et d’épargner de la qualité de l’Enseignement Secondaire également le Ministère dans pour des études supérieures. Technique Agricole 14 AVRIL-MAI-JUIN 2014 I
R.D. CONGO DES UNIVERSITAIRES BELGES © Thomas Vervisch (VLIR-UOS) AUX CÔTÉS DE LEURS CONFRÈRES CONGOLAIS Les temps sont durs pour les universités de la Ces établissements ne manquent ni choisi Kisangani et Bukavu, et l’ARES, de talents ni de motivation, raison Kinshasa et Lubumbashi. Cette coo- République démocratique du Congo. Heureuse- pour laquelle les universités belges pération institutionnelle couvre un ment, elles peuvent compter sur un personnel tiennent à soutenir leurs confrères vaste champ d’actions : formation des motivé et le soutien croissant des autorités congolais. L’an dernier, la RDC a été doctorants, renforcement de l’adminis- locales mais aussi sur les universités belges. le principal partenaire de l’ARES tration, amélioration des programmes (réseau d’universités francophones) d’études, etc. Son objectif ? Rendre et le deuxième partenaire de VLIR- les universités autonomes. UOS (pendant flamand). Les universités font aussi de la re- CHRIS SIMOENS DGD cherche scientifique afin de résoudre Internet et intranet certains problèmes concrets. Des P endant des années, les L’ARES et VLIR-UOS se sont unis études sont actuellement menées universités congolaises pour installer l’intranet et internet pour identifier des plantes sauvages ont reçu peu de soutien de manière performante dans sept et savoir si elles peuvent être cultivées. de la part des autorités. universités congolaises dont quatre À Bukavu, la recherche est axée entre Une situation qui a bel et bien changé à Kinshasa ainsi que dans une faculté autres sur le travail décent, pour une en 2012 avec l’arrivée d’Augustin burundaise. Ces établissements valorisation des droits des nombreux Matata au poste de premier ministre. L’an dernier, fonctionnaient jusqu’à ce jour sans creuseurs qui tentent de survivre Le nouveau gouver nement a la RDC a été messagerie électronique et l’inscrip- grâce à l’extraction de minerais, par conscience du rôle prépondérant le principal tion des étudiants se faisait sur des leurs propres moyens. À Lubumbashi, que jouent les universités dans le partenaire fiches en papier. les scientifiques étudient des plantes développement. Elles forment en En collaboration avec d’autres par- capables d’accumuler du cuivre conta- effet les experts – ingénieurs, méde- de l’ARES et tenaires, la plus grande bibliothèque minant le sol et susceptibles, par cins, agriculteurs, etc. – qui parti- le deuxième universitaire de l’Afrique centrale a conséquent, de dépolluer les terres. cipent à l’édification de la société. partenaire de pu être inaugurée à Kinshasa avec D’autres analyses sont également me- Peu à peu, l’Etat congolais profite plus de 14.000 volumes et un accès nées pour les entreprises minières afin VLIRUOS” mieux de sa croissance économique aux revues en ligne. Les formations de déterminer les minerais existants. (8,5 % en 2013) en prélevant plus relatives aux TIC pour les huit uni- Grâce à l’étroite collaboration avec les d’impôts. Les universités voient donc versités s’y tiennent également. ONG et les ministères concernés, les leurs budgets augmenter, avec une résultats des travaux de recherche rémunération des professeurs et Recherche appliquée sont communiqués à la population. l’octroi de fonds pour le fonctionne- Tant VLIR-UOS que l’ARES coopèrent En outre, différents acteurs ont veillé ment et la rénovation des bâtiments. sur le plan institutionnel avec plusieurs à ce que les formations soient adap- universités, une coopération qui s’étale tées au marché du travail. Même si Une motivation sur dix à douze ans. Ainsi,VLIR-UOS a certains diplômés préfèrent voir si sans faille l’herbe est plus verte en Afrique du Cependant, la rémunération des assis- Coopération universitaire avec le Congo Sud ou aux États-Unis. tants et des professeurs associés est (2003-2013) toujours trop faible. En conséquence, VLIR-UOS ARES 1 ces derniers doivent avoir un tra- Budget total (en millions d’euros) 17 42 Académie de recherche et d’enseignement Étudiants boursiers congolais 112 1 040 supérieur (remplace le CIUF-CUD) vail d’appoint supplémentaire pour 2 Doctorants belges 5 0 Vlaamse Interuniversitaire Raad – Universitaire survivre. Cela ne décourage pas Ontwikkelingssamenwerking (conseil interuni- pour autant leur engagement envers Bourses de voyage pour des étudiants belges versitaire flamand chargé de la coopération 144 140 (travail de fin d’études) l’université. universitaire au développement) I AVRIL-MAI-JUIN 2014 15
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