Croix-Rouge suisse - DOMINIQUE GISIN
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150 ANS Croix-Rouge suisse DOMINIQUE GISIN ANNEMARIE TOUJOURS AU NÉPAL HUBER-HOTZ SUR LE QUI-VIVE «Joie et souffrance, «Nous sommes prêts à faire La CRS: 24 heures si proches l'une de l'autre.» plus pour les réfugiés.» d’engagement à travers la Suisse.
Christa Markwalder, présidente du Conseil national. «Un symbole de la Suisse humanitaire» Henry Dunant fut le premier volontaire de la Rouge suisse. Elle fait vivre cette tradition Croix-Rouge. Il était en déplacement professionnel humanitaire à laquelle nous tenons tant et incarne à Solferino, dans le nord de l’Italie, lorsqu’il fut la solidarité et la responsabilité. Elle fait également témoin de la terrible bataille qui s’y déroulait. Il rayonner ces valeurs dans le monde, où elle aide organisa immédiatement les secours pour les soldats les plus pauvres à vivre dans de meilleures blessés et s’investit personnellement. Depuis, conditions. En Suisse comme à l’étranger, elle beaucoup de gens ont suivi son exemple, entrant au encourage le respect mutuel et la cohabitation service de la Croix-Rouge pour aider celles et ceux pacifique. qui sont dans le besoin. Au cours de ses 150 ans d’existence, la Croix-Rouge Cela fait cent cinquante ans que des femmes et des suisse a grandi, sans jamais perdre de vue ses hommes s’engagent aussi dans la Croix-Rouge suisse. principaux objectifs: protéger la vie, la santé et la Comme Henry Dunant, elles et ils sont le ciment de dignité des êtres humains. De nouveaux besoins et la collectivité et permettent à nos systèmes social, de de nouvelles initiatives vont émerger, avec l’humanité santé et de sauvetage de fonctionner. Il est important et l’impartialité comme dénominateurs communs, de promouvoir le bénévolat. Voilà pourquoi je tiens à incarnant la Suisse humanitaire dans l’esprit de toutes et tous les féliciter chaleureusement, ainsi que Dunant. Je souhaite donc bonne chance aux les collaboratrices et collaborateurs de la Croix- volontaires, aux bénévoles et aux collaboratrices et Rouge suisse, pour ce 150e anniversaire. Au nom des collaborateurs de la Croix-Rouge et leur exprime mon Photo Michael Stahl autorités suisses, je vous remercie de tout cœur pour profond respect pour leur engagement. votre immense engagement. La Suisse et la Croix-Rouge sont intimement Christa Markwalder, liées. C’est particulièrement vrai pour la Croix- présidente du Conseil national L’ILLUSTRÉ 3
Sommaire 22 60 84 6 50 32 83 6 44 70 80 91 Gisin au Népal Une journée CRS en Suisse Markus Mader Sabine Hediger Novartis L’ambassadrice de la CRS a voulu La CRS est opérationnelle 24 h/24. Le directeur de la CRS met en garde Elle a parcouru les zones touchées par «Chili»: l’atelier de gestion des conflits suivre la reconstruction. contre les crises de longue durée. l’Ebola et a été élue Suissesse de l’année. de la CRS, que soutient Novartis. 50 18 Ambassadeurs 75 83 92 Impressum Annemarie Huber-Hotz Stan Wawrinka, Sarah Meier, le Allianz Suisse Les 7 principes Gala «Les 150 ans de la CRS» est publié comme supplément de «L’illustré» No 13 du 30 mars 2016. La présidente de la CRS présente rappeur Greis: tous s’engagent en Le CEO de l’assurance rencontre un Humanité, impartialité, neutralité... Les Le grand gala d’anniversaire a rassemblé L’illustré, Pont Bessières 3, case postale 7289 les points forts de la Croix-Rouge. faveur de la CRS. volontaire du service des transports. principes fondamentaux de la CRS. de nombreuses célébrités à Saint-Moritz. 1002 Lausanne, tél. 021 331 75 00, fax 021 331 70 01, illustre@ringier.ch 22 60 76 84 97 Direction/responsable des magazines Ringier: Urs Heller Rédacteur en chef: Michel Jeanneret Rédaction: Photos Remo Nögeli, SRK (4), Nathan Beck Monique Ryser (direction), Marcel Huwyler, Isabell Les 150 ans de la CRS Etranger Toni Frisch Fans Musée suisse des transports Rutschmann, Katharina Schindler Responsable des textes: Natascha Knecht Responsable des illustrations: L’humanité: une histoire à succès Reconstruction et prévention des Le vice-président de la CRS en La campagne des fans nous présente des Un voyage interactif à travers six Nicole Spiess, Martin Müller Layout: Simona Guarino unique. catastrophes dans le monde entier. déplacement au Honduras. bénévoles et des bénéficiaires de la CRS. pays aux côtés de la Croix-Rouge. Technique d’impression: Dominic Koch Infographie: Nigel Simmonds Correction: Valérie Bell, Celia Chauvy Traitement de l’image: Services de rédaction Ringier 32 69 79 89 98 Editeur: Ringier Axel Springer Schweiz AG, 8008 Zurich Head of Marketing: Thomas Passen Directrice Suisse Land Rover Coop Credit Suisse Agenda du marketing: Verena Baumann Directrice des annonces: Claudia Dippel Service des annonces: Esther Burger Qu’ils soient âgés, jeunes, étrangers 22 millions de dons à la Croix-Rouge: Le grand distributeur aide en four- Plus de 2300 bénévoles du CS Aperçu des événements Trittibach Responsable de production: Michael Passen Impression: Swissprinters, 4800 Zofingue ou du pays, la CRS est là pour eux. également pour la CRS au Soudan. nissant des aliments – et de l’argent. s’engagent pour la CRS. de l’année anniversaire. 4 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 5
Namasté Dévastation Dominique Un an après le terrible tremblement de terre au Népal, dans l’Himalaya, l’ancienne skieuse DOMINIQUE GISIN Dominique Gisin visite un quartier dévasté à Lapilang, un village de s’est rendue dans ce pays en ruine dans le cadre de sa mission montagne. d’ambassadrice CRS. Elle en est revenue impressionnée par la façon dont la population se reconstruit un avenir. 6 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 7
Pierre par pierre Ruines A Lapilang, on Sakuntala Thami construit la devant les murs première maison de ce qui fut modèle de la CRS. sa maison. Il ne On adapte lui reste que chacune de ses deux têtes pierres à la main. de bétail. Vie quotidienne Collaboration Dominique Gisin A Suspa aussi, passe la nuit à la population aide Charikot. Tôt le à construire matin, elle se rend la première maison au marché pour CRS. Le baraque- acheter des fruits. ment bleu abrite provisoirement l’école. 8 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 9
«Le Népal est une terre de contrastes. Joie et tristesse sont omniprésentes» Esprit d’entreprise Un homme propose des balades en radeau aux touristes, sur une mare verte dans un faubourg de Katmandou. 10 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 11
Partager le fardeau Sur place, les femmes et les séniors mettent la main à la pâte, car beaucoup de jeunes gens travaillent à l’étranger. Architecture paysagère Les Népalais sont des paysans de montagne. Sur leurs champs en terrasses, ils font généralement pousser du riz et du colza. Grâce et Gamins destruction Les enfants sont Au milieu de nulle toujours les part, un temple premières victimes détruit par des catastrophes. le tremblement de terre. 12 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 13
Lapilang Tara Shrestha, 53 ans, devant les ruines de ce qui fut sa maison de trois étages. Son fils Sundar, 27 ans, porte Ritu, sa fille de 3 ans. TEXTE MARCEL HUWYLER Situé à 2000 mètres d’altitude, Dans un premier temps, grâce à la PHOTOS REMO NÄGELI Suspa est un village de montagne Chaîne du Bonheur, 500 d’entre L à l’ouest du Népal, à dix heures de elles sortiront de terre; 2000 sont e ciel, les montagnes, bus de Katmandou. En partant prévues. La reconstruction a pris la lumière et l’aridi- dans la direction opposée, on at- du retard, car les politiciens népa- té. Autant de choses teindrait la frontière chinoise, au lais ne parvenaient pas à s’en- qui, pour Domi- Tibet. Les paysans font pousser du tendre sur la répartition de l’aide nique Gisin, riz et du colza sur leurs coteaux en internationale. évoquent son chez-elle, à Engel- terrasses. Des rhododendrons Un homme serre la main de berg. La championne olympique sauvages s’épanouissent un peu Dominique Gisin et la salue d’un de descente, 30 ans, a accompagné partout. La Croix-Rouge suisse «Namasté!». Amicale et directe, la délégation suisse au Népal, dans est présente dans ce village de l’ambassadrice CRS engage la l’Himalaya. Depuis sa retraite 1500 habitants, dont neuf sont conversation. Ranga Bahadur est sportive, elle est ambassadrice bé- morts dans le tremblement de menuisier, il a 43 ans, mais en pa- névole pour la Croix-Rouge suisse. terre. Pratiquement tous les bâti- raît vingt de plus. Il porte un képi Le travail que réalise l’organisation ments se sont effondrés. Sakunta- usé et un épais coupe-vent. De à l’étranger lui tient très à cœur: la Thami n’a pas revu son mari, profonds sillons marquent son vi- «Humanitaire et durable, il a du menuisier à la capitale, depuis un sage et ses paumes. Le tremble- sens.» Cela fera bientôt un an que an. Pour gagner leur vie, beau- ment de terre a aussi détruit sa la terre a tremblé au Népal. Le coup d’hommes doivent partir à maison. Mais ce n’est pas son seul 25 avril 2015, une secousse d’une Katmandou ou plus loin encore, souci. Il soulève sa veste et montre magnitude de 7,8 s’est produite en Inde, en Malaisie et dans les un sac en plastique fixé à son tout près de Katmandou, la capi- Etats du Golfe. Hélas, maintenant, ventre avec une bande adhésive. Antisismique tale. Le 12 mai, un nouveau séisme c’est ici que l’on aurait besoin C’est une poche urinaire. Il souffre Dominique Gisin frappait cette fois l’ouest du pays. d’eux, pour tout reconstruire. Sa- de problèmes rénaux et doit se avec un ouvrier On dénombre 9000 morts, 3 mil- kuntala Thami a 38 ans et porte le rendre une fois par mois à l’hôpi- népalais devant l’une des nouvelles lions de sans-abris, 600 000 mai- tika rouge sur le front, signe de bé- tal à Katmandou. C’est loin et ce- maisons CRS. sons sont détruites. Les secousses nédiction des hindous. Elle a trois la coûte très cher. Deux mille doivent ont fait monter la ville d’un mètre enfants de 11, 16 et 18 ans. La mai- En mars 2015, Dominique Gi- être construites. et l’ont déplacée d’un mètre et de- son familiale n’existe plus. La pre- sin a annoncé sa retraite des pistes mi vers le sud. L’Everest a bougé de mière secousse en avait juste de ski. Bien sûr, il y a des jours où trois centimètres vers le sud- fendu les murs, la deuxième l’a je- elle rêverait de prendre le départ, ouest. Des œuvres d’entraide du tée à terre. «Nous nous sommes surtout quand ses ex-concur- monde entier sont sur place, dont précipités dehors et tout s’est ef- rentes postent des images évo- la Croix-Rouge suisse, présente au fondré derrière nous», se rap- quant l’ambiance en Coupe du Népal depuis quarante ans. Le pelle-t-elle. Sakuntala demande à monde sur Internet: «Là, cela me monde peut s’effondrer, pour les Dominique à quoi ressemble la démange!» Mais elle apprécie sa autochtones, la vie continue. Ils Suisse: «Nous avons également de nouvelle liberté. Elle a désormais acceptent les choses avec humili- magnifiques montagnes, mais le temps de voir spontanément ses té et croire à la prédestination leur elles sont à moitié moins hautes amis et n’a plus besoin de plani- permet de surmonter la catas- que les vôtres», répond la cham- fier la moindre soirée des mois à trophe. Ils sont habitués à man- pionne. S’il ne faisait pas aussi l’avance. Par ailleurs, elle reste en quer de tout et depuis longtemps brumeux, on aurait une vue im- contact avec le monde du ski la misère est la norme; les plus prenable sur les 8000. Avec la grâce à Michelle, 22 ans, et Marc, pauvres le sont devenus encore Croix-Rouge népalaise, la CRS 27 ans, sa sœur et son frère, égale- davantage. «Les gens sont réser- forme ici 540 ouvriers du bâti- ment skieurs professionnels. vés et chaleureux, mais ils sou- ment. Ils apprennent à construire «Quand tous les Gisin se re- rient malgré tout et personne ne des maisons modèles, avec des trouvent dans la maison familiale se plaint», s’émerveille Domi- matériaux traditionnels, qui ré- à Engelberg, on parle de ski pen- nique Gisin. sisteront à de futurs séismes. dant des heures.» u L’ILLUSTRÉ 15
u La délégation CRS visite un autre village: Lapilang, à 1930 mètres d’altitude. Il y a de la «Les Népalais brume, il fait nuit et très froid. Des ponts suspendus relient les sont pour nous, les Suisses, versants les uns aux autres. Le village compte 1500 foyers. Ici, le très semblables» tremblement de terre a tué cinq habitants et la plupart des bâtiments se sont effondrés. Tara Shrestha montre sa maison, ou plutôt ce qu’il en reste, aux visiteurs de Suisse. De cette construction de trois étages, il ne subsiste aujourd’hui que quelques Elle fait des études de physique à moitié écroulés tantôt réduits en parties du rez-de-chaussée. Tara l’ETH à Zurich et, en parallèle, poussière. a 53 ans, son fils Sundar 27, et sa prépare sa licence de pilote Dans un cloître, on recueille fille Ritu 3; ils vivent désormais professionnelle. Où en est-elle des enfants des rues pour en faire dans un abri de fortune en tôle dans ce dernier projet, d’ailleurs? des moines. Les gamins au crâne Travail pénible A Charikot, ondulée, lattes de bois et bâches «J’ai acquis 86% de la partie rasé, en tenue lie-de-vin, ricanent beaucoup de femmes participent de plastique. A Lapilang, on est théorique», répond-elle avec une timidement. Spontanée, Domi- à la reconstruction. également en train de bâtir une pointe de résignation. Pour une nique Gisin les apprivoise. La maison modèle. Tout le village future physicienne, l’à-peu-près conversation s’engage. Les gamins met la main à la pâte, tout le n’existe pas, car le dilettantisme demandent ce qu’est le ski. Sur son monde veut savoir construire des est tout simplement dangereux téléphone portable, elle leur habitations capables de résister à quand on pilote un avion. Notre montre une vidéo d’une course. de futurs tremblements de terre. native d’Engelberg a depuis peu Les petits moines rigolent et l’en- A Lapilang, Dominique Gisin un appartement à Zurich. Au tourent, même les plus farouches. découvre Passa, un autre projet de début de ses recherches, elle «Namaskar. Dhanyabad!» Au re- la CRS. Sous la houlette de jouait la discrétion, s’annonçant voir. Et merci! Dominique Gisin collaborateurs de la Croix-Rouge comme «étudiante, 30 ans». Elle rentre chez elle. Elle ramène de népalaise, les habitants se n’a pas mis long à comprendre que cette semaine au Népal de fortes rencontrent pour évoquer le les bailleurs potentiels la impressions, entre rencontres cha- passé et l’avenir de leur village. considéraient comme une leureuses et températures gla- On se concerte pour déterminer éternelle étudiante pas forcément ciales. L’engagement humanitaire quels sont les constructions et les très solvable. Elle a donc parlé de de la CRS l’a beaucoup impres- achats les plus urgents: qu’est-ce ses victoires olympiques et, en sionnée, le Népal aussi: le pays, ses qui est nécessaire et accessoire, de quelques heures, elle avait son habitants, l’Himalaya la fascinent. quoi a-t-on vraiment besoin? chez-elle. «Quand on a vu le Népal de près, on Dominique Gisin participe à cette Pendant une semaine, la CRS en revient transformé», résume- assemblée villageoise. Sans en visite des villages de montagne, t‑elle. comprendre un mot – le Népal avant de rentrer à Katmandou. Le compte 124 langues et dialectes – long du chemin, des ruines et des elle sent à quel point les gens hommes assis devant attendent, ----- s’impliquent pour imaginer espérant un nouveau départ. Rencontrez Dominique Gisin! Dans le cadre de l’exposition l’avenir de Lapilang. Croire... Sur le retour, Dominique temporaire «Destination Croix-Rouge», En parlant d’avenir, notre Gisin visite d’antiques lieux saints elle raconte son voyage le mardi 5 avril championne a elle aussi dû des cités impériales. Temples, à la Luftfahrthalle du Musée suisse des transports de Lucerne. Dédicaces reconstruire sa vie. Désormais, pagodes, palais, souvent vieux de dès 16 h, soirée Népal dès 18 h. Trois petits tours et un vœu Dans la cour elle ne skie plus que par plaisir. plusieurs siècles, sont tantôt à http://exposition.redcross.ch du temple de Swayambunath, Dominique Gisin fait tourner les moulins à prières. 16 L’ILLUSTRÉ Quel vœu a-t-elle bien pu formuler?
Symbiose «La Croix-Rouge est étroitement liée à la Suisse», explique Annemarie Huber-Hotz. «Nous pouvons faire plus pour les réfugiés» En tant que présidente de la CRS, c’est elle qui définit la stratégie de l’organisation humanitaire la plus connue de Suisse. ANNEMARIE HUBER-HOTZ nous parle de la crise des réfugiés en Europe, des défis à venir et de coopération. INTERVIEW MONIQUE RYSER qui ont également mis en place des organiser le don de sang ou la for- L PHOTOS REMO NÄGELI principes visant à améliorer le sort mation du personnel soignant. Puis des militaires blessés. Le Conseil fé- d’autres activités ont suivi, comme a CRS est l’organisation déral de l’époque est étroitement la prise en charge des réfugiés, l’aide humanitaire la plus connue impliqué dans ce projet. Ensemble, aux malades, aux personnes âgées, de Suisse. Pourquoi nos ils ont non seulement posé les fon- aux familles et les services de sauve- compatriotes sont-ils si at- dements du mouvement de la Croix- tage. Tout cela s’est mis en place pro- tachés à la Croix-Rouge? Rouge, mais aussi ceux de la Suisse gressivement. Le réseau d’associa- Annemarie Huber-Hotz: L’histoire en tant qu’Etat dépositaire des tions cantonales nous permet d’être de la Suisse moderne est étroite- Conventions de Genève. Et le géné- proches des gens. Nous sommes ain- ment liée à la création de la Croix- ral Dufour, l’un des fondateurs de la si au courant des nouveaux besoins Rouge: lorsque, en 1863, la Croix- Croix-Rouge, créera aussi en 1866 la et des défis qui surgissent. Rouge est fondée sur l’initiative du Croix-Rouge suisse, en collabora- La CRS jouit d’une très grande crédi- Genevois Henri Dunant, l’Etat fédé- tion avec le conseiller fédéral Dubs. bilité. Le thème dominant en Europe ral a tout juste 15 ans. La Suisse En cent cinquante ans, la CRS n’a et en Suisse est l’afflux de réfugiés. cherche alors à se positionner en cessé de se développer et de s’adapter Quelle est la position de la CRS face tant qu’Etat neutre. L’idée de Du- aux nouveaux besoins. D’où vient à ce phénomène? nant et des autres fondateurs de la cette capacité d’adaptation? La CRS s’est toujours engagée en fa- Croix-Rouge de créer une organisa- L’évolution s’est faite en plusieurs veur des réfugiés. L’ensemble des so- tion neutre pour les soldats blessés étapes, mais sans à-coups. Après la ciétés de la Croix-Rouge et du Crois- à la guerre incarne l’esprit libéral Seconde Guerre mondiale, la CRS sant-Rouge présentes dans les pays ouvert et l’éthique protestante de s’est très rapidement concentrée sur concernés apportent leur aide aux l’époque. Ce sont eux qui, en 1864, des activités civiles. La CRS était réfugiés. Inutile de se le cacher: nous ont créé la Convention de Genève et mandatée par la Confédération pour ne pouvons pas accueillir toutes u 18 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 19
u les personnes qui aspirent à une cueil permet d’éviter les conditions Réfugiés vie meilleure en venant en Suisse. inhumaines. Annemarie Mais nous nous sommes engagés à Mais ces mesures ne consistent-elles Huber-Hotz a rendu visite leur fournir une aide d’urgence, un pas seulement à combattre les symp- à une famille lit, de la nourriture, un peu de calme. tômes? syrienne Cet hiver, nous avons reçu pour la Je pense que nous devrions informer réfugiée dans première fois une demande d’aide clairement les pays d’origine que le un camp au de la Croix-Rouge allemande. Nous droit d’asile est exclusivement ré- Liban. avons envoyé des bénévoles dans un servé aux personnes persécutées. centre d’accueil en Bavière. En outre, nous devrions être plus ré- Mais cela ne résout pas le fond du servés face au regroupement fami- problème. lial. Je ne suis pas convaincue que Je me suis récemment rendue dans cela soit toujours la bonne solution. un camp de réfugiés au Liban. La Si nous savons que les gens ne grande majorité de ceux qui y vivent peuvent pas rester chez nous à long ne souhaite qu’une chose: retourner terme, il est injuste de faire venir dans leur pays. Nous devons abso- leurs familles pour ensuite les ren- lument nous investir davantage voyer dans leur pays. pour permettre aux gens de rentrer chez eux, en leur donnant les Quelles mesures concrètes la CRS moyens financiers nécessaires. Car peut-elle prendre en Suisse? lorsqu’ils reviennent, leur village est Nous sommes prêts à faire plus détruit, et ils doivent tout recons- pour aider les réfugiés. Cela fait truire. La Croix-Rouge a également partie de nos compétences de base. pour mission de combattre les La CRS prend activement part à causes qui poussent les gens à fuir l’intégration des immigrantes et leur pays: la guerre, la pauvreté, le des immigrants. Nous sommes par manque de perspectives. A ce sujet, exemple mandatés par la Confédé- on assiste à un phénomène totale- ration pour offrir, aux réfugiés no- ment absurde: dans tous les pays tamment, des formations d’auxi- confrontés aujourd’hui à l’afflux de liaires de santé CRS. Cela permet de réfugiés, il y a des entreprises qui, un délester le personnel spécialisé de jour, ont livré des armes aux pays en certaines tâches, et contribue dans crise. Tout ça avec l’accord des auto- le même temps à lutter contre le rités. Nous fournissons des armes, manque de main-d’œuvre qualifiée. gagnons de l’argent et ensuite mobi- Nous savons qu’il existe en Suisse lisons des fonds afin d’en atténuer une pénurie de personnel soignant. les conséquences. C’est tout simple- Le fait de former chez nous des au- quante dernières années, nous domicile, les établissements de san- position particulière. La Suisse dis- bienvenus. La Croix-Rouge est ment cynique. xiliaires de santé est une façon avons montré que nous étions ca- té et les soins palliatifs. Par ailleurs, pose d’un siège permanent à la vice- l’une des principales organisations Comment la Croix-Rouge arrive-t-elle d’éviter que du personnel ne soit re- pables de répondre aux besoins en il ne faut pas oublier que les immi- présidence. Pourquoi cela? humanitaires. C’est elle qui pos- à faire entendre sa voix? cruté dans les pays les plus pauvres, créant de nouvelles offres. grantes et les immigrants vieilliront Tout simplement parce que la Fédé- sède la plus grande expérience. Par La Fédération internationale des cette mesure étant préjudiciable à La CRS veut être la principale organi- aussi et auront un jour également ration a son siège en Suisse. Par ail- ailleurs, elle dispose d’un vaste ré- sociétés de la Croix-Rouge et du ces pays. En Suisse, ces immi- sation humanitaire dans le domaine besoin d’être pris en charge. Et si, leurs, en tant qu’Etat dépositaire des seau mondial. Mais nous ne pou- Croissant-Rouge a lancé un plan grantes et ces immigrants consti- de la santé. Qu’est-ce que cela signi- à l’avenir, il y avait de plus en plus Conventions de Genève, la Suisse a vons pas tout faire. Le mouvement d’action le long des axes de migra- tuent pour nous un véritable po- fie? de musulmans dans les maisons une responsabilité particulière. En lui-même est divisé en plusieurs tion: des mesures doivent être tentiel, qu’il serait dommage de ne Que nous allons avoir besoin de de retraite? Voici également un défi outre, avec une contribution an- sections: le CICR intervient dans mises en place depuis les pays pas exploiter. beaucoup plus de personnel d’enca- auquel nous devons nous préparer. nuelle de 150 millions, elle est l’un les zones de conflit, la Fédération d’origine jusqu’aux pays d’accueil. Quels seront les prochains défis dans drement, non seulement dans les Je suis convaincue qu’une bonne des trois plus gros contributeurs du de la Croix-Rouge en cas d’épidé- Afin d’enrayer la fuite, et de réduire les années à venir? hôpitaux et les établissements de répartition du travail entre le per- CICR. mies et de catastrophes naturelles les situations d’urgence, il est né- Malheureusement, la pauvreté et le santé, mais aussi en privé. La CRS sonnel spécialisé et le personnel Il y a de plus en plus d’organisations ainsi que dans les projets de re- cessaire d’aider les réfugiés en dénuement existeront toujours, déleste les personnes qui prennent auxiliaire permettra de recourir humanitaires, aura-t-on encore be- construction. Nous devons tous amont. Aider le long des routes si- même en Suisse. Notre tâche en charge les soins d’un parent: elle davantage aux aides-soignants CRS. soin de la CRS à l’avenir? travailler main dans la main. On ne gnifie plus de sécurité et moins de consiste à identifier la misère et à la forme chaque année près de 4000 Au sein de la Fédération internatio- Oui, bien évidemment. Mais tous peut pas éradiquer la misère, seul misère. Aider dans les pays d’ac- réduire. Au cours des cent cin- auxiliaires de santé pour les soins à nale de la Croix-Rouge, la CRS a une ceux qui veulent aider sont les son visage change. 20 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 21
Soulèvement hongrois de 1956 La CRS amène en Autriche des réfugiés hongrois dans des cars postaux suisses, depuis la frontière jusqu’aux camps de réfugiés situés à l’intérieur du pays. Photo: les anciens PTT mettent leurs cars postaux à la disposition de la CRS. 150 ans d’humanité Tout a commencé par la guerre et ses horreurs. Mais le Genevois HENRY DUNANT réalise que l’amour pour son prochain est un «dévouement tout spontané». La Croix-Rouge était née. Depuis, elle symbolise, aussi en Suisse, l’aide à autrui. Photo CRS 22 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 23
SOLFERINO La bataille de Solferino en juin 1859 a changé le monde: horrifié par le manque d’aide apportée aux blessés, le Genevois Henry Dunant commence par travailler dans des hôpitaux avant de mobiliser les puissants pour fonder une organisation humanitaire impartiale. C’est à cette occasion qu’il dresse un «compte-rendu» dans lequel il décrit les horreurs de la guerre. Images: bataille de Solferino et portrait d’Henry Dunant. SOINS INFIRMIERS En 1899, la CRS crée l’Ecole de soins infirmiers du Lindenhof à Berne. Pendant près d’un siècle, elle a été chargée de la formation et de la supervision des professions de la santé. Elle a marqué des générations de soignants. Au début, les jeunes diplômés recevaient également un livret de service, les opérations intervenant toujours dans le cadre d’un conflit. Photo: l’Ecole de soins infirmiers du Lindenhof. 1re INTERVENTION La première intervention a lieu en 1871, seulement cinq ans après la création de la CRS: l’organisation approvisionne et soigne 85 000 soldats de l’armée française du général Bourbaki, alors internés en Suisse (guerre franco- prussienne). A la fin du XIXe siècle, FONDATION les premières sections cantonales et régionales sont mises en place ainsi Henry Dunant, le général Guillaume-Henri Dufour et Photos IKRK, Bourbaki-Panorama, CRS que la Société suisse des troupes trois autres personnalités fondent à Genève en 1863 sanitaires (1881) et l’Alliance suisse l’actuel CICR (Comité international de la Croix-Rouge). des samaritains (1888). Le 17 juillet 1866, Dufour crée également avec Image: détail du le conseiller fédéral Jakob Dubs l’Association «Panorama Bourbaki» à Lucerne. de secours aux militaires suisses et à leurs familles, l’actuelle Croix-Rouge suisse. Image: portrait du général Dufour et exposition de la CRS et du Service sanitaire fédéral, Milan, 1906. 24 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 25
DON DE SANG Introduit pendant la guerre, il sera institutionnalisé après celle-ci: le don de sang est toujours une mission de la CRS. Il est basé sur le volontariat et la non-rémunération. Le don de sang est un pilier essentiel du système de santé. Image: affiche pour le don de sang de 1949; don de sang de la CRS, 1969. RECONSTRUCTION DE LOGEMENTS Le 28 décembre 1908, un tremblement de terre et un tsunami détruisent la région autour de Messine et de Reggio dans le sud de l’Italie. On dénombre près de 100 000 morts. La CRS envoie immédiatement SECONDE des secours et participe pour la première fois à un projet GUERRE MONDIALE de reconstruction: on construit 37 «chalets suisses» Une nouvelle guerre mondiale éclate quelques décennies pour 75 familles (soit un total de 410 personnes). seulement après la première. La Suisse est de nouveau Plus de cent ans plus tard, la reconstruction est l’une épargnée. La CRS soutient l’armée suisse et la population. des principales activités de la CRS à l’étranger. Les infirmières prêtent serment et interviennent Les chalets ont fait place à des bâtiments solides dans le cadre du service actif. La CRS lève des fonds qui s’intègrent à l’architecture locale. pour les enfants victimes de la guerre. L’argent est collecté Photo: village suisse à Messine. par les enfants suisses, qui font du porte-à-porte avec leur Beckeli (sorte de gobelet-tronc fermé en céramique) pour prélever la contribution hebdomadaire de solidarité. Photos: assermentation des infirmières; récipients de collecte de la CRS; les enfants brisant leur petit tronc en céramique. PREMIÈRE GUERRE MONDIALE Photos Archives Fondation La Source, Lausanne; CRS La Première Guerre mondiale s’étend de 1914 à 1918. La Suisse est épargnée, et la CRS assure le rapatriement à domicile de 80 000 soldats blessés: les blessés graves seront transportés dans des trains spécialement aménagés avec des civières. Vers la fin de la guerre, la CRS s’engage activement dans la lutte contre la grippe espagnole. Photo: transport de blessés d’un train à l’autre, à la gare de Zurich. 26 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 27
RÉFUGIÉS Après la révolution hongroise de 1956, 14 000 Hongrois se réfugient en Suisse. En 1961, après l’annexion du Tibet par la Chine, les premiers réfugiés tibétains arrivent en Suisse. Grâce à son organisation, à son expérience et à ses nombreux bénévoles, la CRS a été la principale organisation à gérer l’accueil des réfugiés. Depuis lors, la CRS est fortement impliquée dans l’aide aux réfugiés. Photo: des réfugiés tibétains reçoivent à Münchwilen leur premier repas en Suisse. AIDE AUX ENFANTS Les plus vulnérables pendant les enfants persécutés en France et gère guerres, les catastrophes et les acci- d’autres foyers d’enfants en Grèce. dents sont toujours les enfants. La CRS Photos: des enfants viennent en train en leur apporte une assistance prioritaire, Suisse pour un séjour de convalescence; pendant et après la guerre. Jusqu’au mi- garderie d’Annemasse, France, de 1942 lieu des années 50, 180 000 enfants à 1945; aide alimentaire dans un foyer viendront faire un séjour de convales- d’enfants à Nice; deux membres de la cence en Suisse. Pendant la Seconde CRS dans un foyer d’enfants en Grèce, Guerre mondiale, la CRS protège les vers 1943. AIDE QUOTIDIENNE ASSISTANCE La CRS a rapidement réalisé que la Suisse était elle aussi touchée par la souffrance et la TECHNIQUE pauvreté. A partir des années 50, elle s’investit En 1954, la CRS est chargée par le de plus en plus dans des programmes destinés Conseil fédéral d’envoyer une mission à faciliter la vie quotidienne: les enfants de médicale en Corée du Sud. L’objectif: paysans de montagne reçoivent des matelas. fournir une assistance technique Pour beaucoup, c’est leur premier lit. permettant le bon fonctionnement L’ergothérapie est l’un des soins proposés par d’un hôpital ainsi qu’un équipement la CRS, le système des «infirmières moderne. La mission durera jusqu’en communautaires», véritable innovation, a 1957. Cela aboutira à la coopération conduit à la création de l’actuel Spitex, la au développement de la CRS, qui vise généralisation de la voiture a entraîné le à améliorer les soins de santé. service de transport et les visites à domicile Photos: des médecins coréens se pour lutter contre la solitude. forment aux nouveaux appareils Photos CRS Photos: livraison du 1000e matelas; d’ophtalmologie et de radiologie; ergothérapie à Genève. les deux photos datent de 1954. 28 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 29
TEXTE MONIQUE RYSER qu’avaient eue les habitants de Guerre mondiale, la CRS fournit «A Solferino face aux soldats blessés: un secours alimentaire aux per- h! Monsieur, à l’automne 1863, les représen- sonnes souffrant de famine et met que je souffre! tants de 16 pays se réunissent en en place des garderies d’enfants à me disaient conférence internationale à Ge- l’étranger. De la Seconde Guerre quelques-uns nève. Ils décident de créer des so- mondiale jusqu’aux années 50, de ces infor- ciétés nationales de secours dans elle prend en charge et aide tunés, on nous abandonne, on chaque pays et de garantir un sta- 180 000 enfants. Aider où le be- nous laisse mourir misérable- tut de neutralité aussi bien aux soin est le plus grand: voici le fil ment, et pourtant nous nous volontaires qu’aux blessés sur les conducteur de la CRS. sommes bien battus!» Dans Un champs de bataille. Une croix Avec ses sections cantonales, la souvenir de Solferino, Henry Du- rouge sur fond blanc – les cou- Croix-Rouge suisse est présente nant décrit en 1862 la souffrance leurs inversées du drapeau suisse dans toute la Confédération. L’en- des soldats blessés après la ba- – est adoptée comme emblème de semble du pays soutient la CRS taille de Solferino. Le contenu et protection. avec des dons, des parrainages, les descriptions de ce livret fe- Les autres fondateurs du CICR mais aussi en permettant à des en- raient pâlir les thrillers les plus sont le général suisse Guillaume- fants étrangers de profiter de sé- macabres de Hollywood: corps Henri Dufour et le conseiller fé- jours de convalescence. écrasés, coups de baïonnette dans déral Jakob Dubs. Ils créent à Après la Seconde Guerre mon- le ventre, douleur et désespoir, Berne la Croix-Rouge suisse le diale, la CRS se focalise de plus en puanteur et saleté. Se peut-il que 17 juillet 1866. Dufour était géné- plus sur l’aide civile et les besoins les gens aient besoin de s’infliger ral en chef des troupes confédé- de santé. La CRS a joué un rôle les pires souffrances pour faire rales durant la dernière guerre ci- particulièrement important dans ressortir le meilleur en eux? Hen- vile, la guerre du Sonderbund. Il le domaine de la santé. Elle a for- ry Dunant décrit comment, dans ordonne à ses troupes de suivre sa mé des générations d’infirmières un village, les femmes et les devise: «Il faut sortir de cette lutte et d’infirmiers. Le système de hommes aident les blessés, de non seulement victorieux, mais soins à domicile Spitex est égale- façon désintéressée et sans ré- encore sans reproche.» ment l’une des «inventions» de la serve. «Tutti fratelli», répétaient- La Croix-Rouge est née de la CRS, tout comme l’implication elles avec émotion», écrit le guerre. A l’origine, les sociétés dans le service des transports, la chroniqueur de Genève dans son nationales de la Croix-Rouge sont garde d’enfants ou le système rapport, qu’il envoie aux puis- créées pour porter secours en d’alarme. La CRS a toujours sou- sants de l’époque. Un principe temps de guerre. Quand on pense tenu les demandeurs d’asile, les dont il fait sa devise, lorsqu’il en aux conflits qui allaient bientôt migrantes et les migrants. Elle a appelle à la création d’une organi- ensanglanter le monde, on se dit aussi mis en place des pro- sation neutre, qui apporte un mi- que c’est là une grande chance. grammes de gestion de catas- SAUVETAGE nimum de soutien et d’humanité Pour la Croix-Rouge suisse, il trophes et d’aide à la reconstruc- Le sauvetage, l’aide et les soins sont étroitement liés. aux victimes de la guerre quelles y aura aussi une «première fois». tion. De plus, elle s’est engagée C’est pour cette raison que la CRS a toujours coopéré que soient leur nation et leur ap- Sa première intervention, durant sans relâche dans la coopération avec les organisations de secours. La société de sauvetage Rega, l’Alliance suisse des samaritains, partenance. Dunant est persuadé l’hiver 1871, consiste à approvi- au développement à l’étranger. Au la société suisse pour chiens de recherche que chez l’humain, le «dévoue- sionner et à soigner 85 000 sol- sein du vaste réseau mondial que et de sauvetage REDOG et la Société suisse des ment tout spontané à aider son dats de l’armée française du géné- constituent la Croix-Rouge et le troupes sanitaires font maintenant partie de la CRS. prochain» est plus fréquent ral Bourbaki alors internés Croissant-Rouge, la CRS est au- Images et photos: Championnat suisse des maîtres nageurs que ce qu’on croit, et il serait in- en Suisse. Durant les deux guerres jourd’hui l’une des sociétés les sauveteurs, Schaffhouse, 1972; maîtres-chiens sensé de ne pas en profiter. L’ave- mondiales de 1914-1918 et de 1939- plus actives. avec leurs chiens de sauvetage, 1977; Hermann Geiger à bord du premier hélicoptère de la Rega, 1957; sauvetage nir lui donnera raison: en février 1945, l’organisation se focalise L’histoire de la CRS, qui s’inscrit «destiné à la haute montagne» tiré d’un manuel 1863, son idée voit le jour: le Co- sur le secours aux victimes. La dans la volonté de répondre de l’Alliance suisse des samaritains. mité international de secours aux CRS porte secours aux blessés aux besoins des gens, n’a pas fini blessés est créé à Genève. Le futur et aide les enfants. Durant la de s’écrire, même après cent Photos SLRG, Rega, CRS Comité international de la Croix- Première Guerre mondiale, on cinquante ans. Le «dévouement Rouge (CICR) est né. Cet engage- aménage des wagons qui servi- tout spontané à aider son pro- ment en faveur de l’humanité dé- ront à rapatrier dans leur pays chain» semble vraiment être clenche chez beaucoup de gens la quelque 80 000 soldats grave- quelque chose de profondément même réaction que celle ment blessés. Durant la Seconde humain. 30 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 31
Secourir Traumatisme de guerre sans relâche Ce dessin est l’œuvre d’un La CRS apporte son aide AU QUOTIDIEN enfant en traitement au dans les domaines de la santé, Service ambulatoire CRS. de l’intégration, du sauvetage et de l’allégement des souffrances. SERVICE AMBULATOIRE CRS Aide aux victimes de torture Traumatisme de guerre: les personnes qui ont fui en Suisse depuis des régions de guerre ou ont été victimes de torture souffrent souvent de lourdes séquelles dans leur santé. Les douleurs sont multiples: maux physiques, crises de panique, dépression, isolement social, stress post-trau- matique. Au Service ambulatoire pour victimes de la tor- ture et de la guerre de la CRS, les personnes de tout âge trouvent de l’aide grâce à une thérapie qui combine diver- ses possibilités de traitement. L’équipe est formée de médecins, de psychologues et de travailleurs sociaux. Les proches sont intégrés à la thérapie. L’offre comprend psy- chothérapie de groupe, formation et formation continue pour les spécialistes, une collaboration professionnelle entre les centres thérapeutiques de Genève, Lausanne. Berne, Zurich et Saint-Gall au sein du groupement Sup- port for Torture Victims (www.torturevictims.ch). Chaque année, plus de 3000 patient(e)s sont traité(e)s, parmi lesquels beaucoup d’enfants. Un local leur est spé- cialement réservé à la centrale de Berne: dans un décor pastel jaune-orange, il y a beaucoup de jouets, mais tous doivent toujours rester à la même place. En effet, les en- fants traumatisés ont avant tout besoin de fiabilité. Comme le dit Silvan Holzer, pédopsychologue à la CRS, «les chan- gements inattendus désorientent les enfants et leur font peur. En tant que thérapeutes, nous devons leur commu- niquer que, dans ce local, ils sont en lieu sûr.» Il doit être là pour eux, de manière aussi fiable que possible pour vé- rifier ce qu’ils osent faire. La thérapie des enfants ne se fonde pas en premier lieu sur des entretiens. «Le jeu est le langage des enfants.» Ou le dessin. Il n’y a que «de petites fenêtres sur l’âme», qui s’ouvrent parfois et permettent au Illustration: CRS thérapeute de deviner des expériences de vie pénibles. Mais elles indiquent aussi des étapes vers la guérison (voir dessin à gauche). 32 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 33
450 millilitres Offrir ACTION 2 x NOËL C’est ce qui est prélevé Des aides bénévoles Paquets à chaque don de sang. (en haut) à l’œuvre. Parmi du cœur elles, Barbara Une aide qui arrive à destination: Egger, «Quand les temps sont durs, rien ne conseillère vaut un bon gâteau pour vous requin- d’Etat bernoise; quer», assure Mila Radic, une Bos- Susanne Ruoff, niaque grabataire gratifiée d’un pa- CEO de quet de 2 x Noël. Aux collaboratrices La Poste; de la CRS qui lui apportaient son pa- Franziska quet, elle a servi une tranche de Teuscher, gâteau Equilibre, dont elle avait in- conseillère venté la recette pendant la guerre municipale avec quelques denrées alimentaires à Berne; Sonja disponibles: ce n’est là qu’une des Hasler, anecdotes qui sous-tendent l’action journaliste 2 x Noël. En 2016, pour la 19e année (au centre, de cette action, 72 000 paquets ont de g. à dr.); été livrés à des personnes dans le be- et l’ancienne soin. La SSR, la Croix-Rouge suisse conseillère et La Poste sont les piliers de cette municipale collecte populaire. Les paquets ont bernoise été triés et recomposés au centre lo- Joy Matter gistique de la CRS à Wabern. Puis, à (en bas). partir de fin janvier, la CRS a entre- pris d’acheminer les paquets, à raison d’une moitié pour la Suisse, l’autre pour l’Europe de l’Est (Biélorussie, Moldavie, Bosnie-Herzégovine et Arménie), à des personnes seules et à des familles dans le besoin ainsi qu’à des institutions sociales. Les journées de tri sont devenues une légende, avec des people qui, année après année, prennent plaisir à se mettre à disposition. L’action 2 x Noël a pris une place importante dans la tradition de Noël en Suisse. TRANSFUSION CRS SUISSE La devise est: céder quelque chose Le sang et les cellules souches sanguines sauvent des vies de son superflu et de son plaisir. Bien des Suisses qui jouent le jeu pré- voient leur paquet 2 x Noël dès leurs La victime polytraumatisée d’un ac- vice de don du sang. Transfusion CRS sont souvent l’ultime espoir pour les préparatifs des fêtes de fin d’année. cident nécessite jusqu’à 60 poches de Suisse est une société anonyme indé- personnes souffrant de maladies du Pour trier ensuite les marchandises sang. Transfusion CRS Suisse existe pendante, d’utilité publique. La majo- sang malignes comme la leucémie. offertes, un millier de bénévoles s’ac- afin que ce sang soit disponible en cas rité des actions appartient à la CRS, le Swiss Blood Stem Cells (SBSC), un dé- tivent gratuitement. Les sociétés de besoin. En 1939 déjà, peu après reste est aux mains des douze services partement de Transfusion CRS Suisse, cantonales se chargent de la réparti- l’éclatement de la Seconde Guerre régionaux de transfusion sanguine. se charge du recrutement et de l’enre- tion en Suisse. L’action est soutenue mondiale, le médecin-chef de l’armée Tant l’organisation faîtière que les ser- gistrement des donneurs en Suisse et par le distributeur Coop, Allianz chargea la Croix-Rouge suisse de vices régionaux sont des organisations assure la liaison avec les patients, y Suisse, Credit Suisse et d’autres recruter des donneurs de sang dans la à but non lucratif. compris à l’étranger. Actuellement, entreprises. population civile. Fin 1945, la Croix- Chaque année, en Suisse, plus de quelque 80 000 donneurs sont enre- ----- Rouge américaine offrit aux autorités 100 000 litres de sang sont ainsi donnés. gistrés en Suisse; l’objectif est d’ac- La recette du gâteau Equilibre: sanitaires suisses plus de 13 000 unités A chaque don, 450 millilitres de sang croître encore ce nombre. Il est pos- www.redcross.ch/fr/node/7101 de plasma séché, qui furent réparties sont prélevés. Toutes les personnes en sible de s’enregistrer en ligne. Un kit de Photos: SRK, Remo Nägeli (3) dans les hôpitaux via la CRS. Celle-ci bonne santé, de 18 ans révolus et d’un cotons-tiges sert à déterminer le saisit l’occasion de ce don pour mettre poids de plus de 50 kilos, peuvent groupe tissulaire (test sur la muqueuse en place un service civil de don du sang. devenirs donneuses. Les hommes buccale). Ce n’est que quand les carac- Le don de sang doit être bénévole et peuvent donner leur sang quatre fois téristiques tissulaires correspondent à gratuit. Ce principe reste en vigueur par an, les femmes trois fois. un patient que l’on passe aux étapes aujourd’hui et constitue la base du ser- Les dons de cellules souches du sang suivantes. 34 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 35
ORGANISATIONS DE SECOURS 1 Ils sauvent des vies Dans les airs, sur l’eau et sur terre Des chiens de recherche sont Rega: La Garde aérienne suisse de prises et institutions. En outre, l’ASS tations et lieux de baignade. Avec ses engagés en Suisse sauvetage (Rega) a été fondée en assure des services sanitaires et des 129 sections et 27 000 membres dans et à l’étranger. Des 1952 et elle est membre de la CRS interventions d’urgence et soutient tout le pays, la SSS travaille dans l’es- bénévoles assurent depuis 1981. C’est une fondation in- les patrouilles de sauvetage profes- prit de la Croix-Rouge. En permet- leur dressage. dépendante d’utilité publique dont le sionnelles dans les situations excep- tant de pratiquer la nage de sauve- 2 Nageurs- but est d’aider les personnes en dé- tionnelles. tage en tant que sport, elle stimule sauveteurs tresse selon les principes de la Croix- Société suisse des troupes sani- l’engagement humanitaire, en parti- Exercice à la SSS. Rouge. La Rega apporte vingt- taires: la Société suisse des troupes culier auprès de nombreux enfants et Leur tâche est quatre heures sur vingt-quatre de sanitaires (SSTS) a été fondée adolescents. la prévention l’aide médicale d’urgence par la voie en 1881 et fait partie de la CRS Chiens de recherche et de sauve- et le sauvetage des airs. Elle transporte plus de depuis 1982. Elle compte quelque tage: réaliser avec des chiens quelque dans l’eau. 10 000 patients par an au fil de mis- 800 membres et se compose de chose d’utile, qui aide l’être humain, 3 Rega sions de sauvetage et de transferts 23 sections dans tout le pays. La SSTS c’était le but de conducteurs de chiens Secours d’hôpital à hôpital ou apporte son s’engage dans le cadre de services d’avalanche à la fin des années 1960, et rapatriement secours en cas d’urgence à l’étranger sanitaires coordonnés. Ses tâches: qui étaient certes bien entraînés mais de l’étranger 1 par son conseil médical et ses vols de organisation régulière de formations ne voyaient guère le moyen d’interve- par la voie des airs. rapatriement. continues en et hors service au sein nir au-dessus de leur plaine. Il n’y avait Alliance suisse des samaritains: en du service sanitaire, organisation de pas de formation méthodique. Ces Suisse, plus de 27 000 samaritains cours d’aide d’urgence et en réanima- conducteurs de chiens ont créé des s’engagent par le biais de plus de tion cardiaque et pulmonaire, ser- formes d’exercices et des obstacles 1000 sections locales de vices sanitaires lors de manifestations, ainsi qu’un profil d’exigences pour les samaritains et de groupes de jeunes formation et formation continue chiens de catastrophe. Une première samaritains Help. L’ASS a été fondée d’instructeurs de l’armée et du SCR, intervention couronnée de succès a en 1888 et est membre de la CRS de- promotion de la neutralité de l’armée eu lieu en 1969 lors d’un glissement de puis 1948. Elle encourage l’engage- suisse, organisation d’un camp de terrain. L’Association suisse des chiens ment de bénévoles dans les formation d’une semaine pour les de catastrophe a été fondée en 1971, domaines du sauvetage, de la santé jeunes de 13 à 22 ans (AULA). elle s’appelle désormais REDOG. et du social. Elle veille à ce que les Société suisse de sauvetage: la Depuis 1982, REDOG est un parte- personnes accidentées ou malades Société suisse de sauvetage (SSS, naire de la chaîne de sauvetage suisse. reçoivent les premiers secours et un fondée en 1933, membre de la CRS Depuis sa fondation, on compte soutien et contribue à ce que le plus depuis 1982) est la plus grande orga- 34 interventions sur séisme et 17 sur grand nombre puisse bénéficier nisation suisse de sécurité dans l’eau. d’autres catastrophes naturelles en d’aide de proximité. Elle forme les Organisation d’utilité publique label- Suisse, au cours desquelles REDOG non-initiés à l’aide d’urgence et, par lisée Zewo, elle vise à la prévention s’est engagée dans la recherche de ses interventions de prise en charge d’accidents dans l’eau ou au bord de personnes accidentées. REDOG et de soins spontanées ou complé- l’eau, ainsi qu’à la formation de na- peut être alertée gratuitement par les mentaires, elle comble une brèche geurs-sauveteurs. La SSS s’engage familles, vingt-quatre heures sur dans le réseau du système social. Son dans divers projets de prévention vingt-quatre, pour la recherche de offre de cours comprend une forma- d’accidents aquatiques, propose des personnes disparues. Plus de 2 3 tion et une formation complémen- cours de sécurité et de sauvetage et 700 membres répartis en douze taire en premiers secours pour la po- assure des services de surveillance et groupes régionaux entraînent leurs 4 Société suisse pulation au sens large, pour les entre- de sécurité dans de multiples manifes- capacités une fois par semaine. des troupes sanitaires Exercice lors d’un camp de forma- tion pour jeunes (AULA). 30 000 samaritaines 5 Samaritains Il n’y a pas de Photos: SRK (3), Andri Pol, Remo Nägeli, Rega grandes manifes- et samaritains assurent tations sans samaritains! Ils les premiers secours. assurent les pre- miers secours. Ils organisent aussi des cours de se- cours d’urgence et instruisent la population. 36 L’ILLUSTRÉ L’ILLUSTRÉ 37
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