Changer le monDe Dix technologies qui vont véhicules autonomes, robotique, nutrigénomique - EPFL Alumni
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Le magazine des diplômés de l'EPFL Décembre 2015 no 3 véhicules autonomes, robotique, nutrigénomique... Dix technologies qui vont changer le monde La section de Microtechnique p. 21 Des diplômés chez Google p. 12
Vos idées vous appartiennent Nous vous aidons à les protéger Brevets Marques Designs Veille technologique P&TS SA / Av. Jean-Jacques Rousseau 4 / Case postale 2848 / 2001 Neuchâtel 2 Tél. + 41 - 032 - 7271427 / Fax + 41 - 032 - 7271424 / info@patentattorneys.ch / www.patentattorneys.ch
Alumnist Préambule �L’EPFL trace sa propre voie � L’EPFL n’a pas vocation à imiter un modèle pré- défini. Elle trace sa propre voie, avec le génie propre qui la caractérise. Nous œuvrons dans ce sens afin que tout alumnus souhaitant contribuer par son engagement au développement de l’Ecole puisse s’investir dans un cadre qui lui convient. Au-delà des contri butions personnelles ou financières, de nombreuses autres manières de manifester son attachement existent. Participer bénévolement aux différents programmes de l’EPFL Alumni, que ce soit en animant une antenne locale ou en devenant le mentor d’un étudiant ou Chères diplômées, celui d’une start-up issue de l’Ecole. En étant tout simplement ambassadeur de chers diplômés, l’Ecole au quotidien, en la représentant fièrement dans vos vies professionnelles La visibilité dont bénéficie l’EPFL à et personnelles. l’international ne cesse de croître. Dernièrement, cette reconnaissance Cet attachement est déjà manifeste pour s’est de nouveau manifestée à travers de nombreux alumni. Nous en sommes le classement QS World University reconnaissants et espérons qu’il le sera Ranking, dans lequel notre Ecole occupe encore plus demain, afin de renforcer la 14e place des meilleures universités un peu plus les liens qui unissent notre au monde, intégrant même le top 10 Ecole à ses diplômés. || dans les domaines de la science et de la technologie. Elle se rapproche ainsi encore un peu plus des universités les plus renommées. L’attachement à son école et la notion de give back, aujourd’hui pratiquée aussi très largement en Europe, sont autant de valeurs ancrées dans la culture des grandes universités que l’EPFL côtoie désormais au sommet de ces classe- ments. Le dossier consacré au sujet dans ce numéro vous apportera un éclairage sur ces enjeux à travers le portrait de quatre de nos donateurs. Car c’est aussi à eux et à tous ses Patrick Aebischer, donateurs que l’Ecole doit son Président de l'EPFL développement spectaculaire. 3
Alumnist Edito Sommaire Edito Chères diplômées, chers diplômés, Deux ans se sont écoulés depuis l’intégration de l’EPFL Alumni en tant que département de l’Ecole. Deux années au cours desquelles nous avons œuvré afin de vous offrir une grande gamme de services en phase avec vos attentes. Ces acti vités, autofinancées à 75% par le biais des contri butions, n’existent que grâce vous. Nous vous en remercions chaleureusement. Au terme de ces deux années, nos regards sont plus que jamais tournés vers le futur. Le futur de l’EPFL Jean-Christophe Bott / Keystone 10 Alumni bien sûr, et vers de nouvelles manières de faire vivre le réseau de 30’000 diplômés dont vous faites partie. Mais également tournés vers le futur technologique. Dans une économie en mutation, où les évolutions techniques viennent bouleverser les habitudes, le dossier central de ce numéro vous propose un tour d’horizon de dix technologies qui contribuent et Le réseau d’Olivier Français contribueront à façonner le monde, les métiers, et L’homme politique vaudois, diplômé de l’EPFL en 1982, donc également la formation de demain. Les objets dévoile les personnalités qui composent son réseau. connectés, les énergies renouvelables, la robotique, l’économie de partage, ou encore la nutrigéno- mique sont quelques-unes des technologies que vous pourrez découvrir ou approfondir à travers ce panorama. Nous espérons que ce dossier, ainsi que les nombreux autres articles, photos, et témoi- gnages que vous découvrirez dans ce troisième numéro d’Alumnist, vous apporteront des nouvelles de la vitalité de votre Ecole, en même temps qu’un grand plaisir de lecture. || 24 DR Que sont devenus les diplômés de la volée Electricité 1992? D’anciens étudiants aux trajectoires très différentes Annelies Garcia, donnent de leurs nouvelles. directrice de l’EPFL Alumni 4
Alumnist Sommaire Walter Bieri / Keystone 12 Google emploie les ingénieurs de l’EPFL Quatre diplômés présentent leur travail au sein de la firme américaine. 21 Thierry Parel Zoom sur la section de Microtechnique Entre souvenirs d’études et carrière professionnelle, quatre alumni reviennent sur leur parcours. 28 30 Dossier: dix technologies qui vont Murielle Gerber changer le monde Alumnist dresse un panorama des évolutions techniques et scientifiques les plus prometteuses. Alumni Gold Garden Party 2015 Retour en images sur la première Garden Party, qui a réuni Patrick Aebischer et les alumni contributeurs Gold. 5
Alumnist Antennes n o t re r é seau à N e W Y o r k M A N H A TT A N 2 o c t o b re 2 0 1 5 Après avoir rencontré un grand succès en 2014, l’édition 2015 du «Swiss Alumni Event in New York» a eu lieu le 2 octobre à l’Hôtel Royalton, au cœur de Manhattan, et fut une nouvelle réussite. L’événement de cette année a rassemblé de nombreux anciens élèves de l’EPFL et de l’ETHZ, accueillant également la conférencière renommée Carine McCandless. Chris Isherwood 6
Alumnist Antennes C ’ es t arr i v é pr è s de che z v o us SAN FRANCISCO 1 8 a o û t 2015 L’exposition «Inside Real Virtuality» est une plateforme immersive multi-utilisateurs, combinant espace réel et virtuel. Grâce à un casque de réalité virtuelle et à des capteurs de mouvement, les utilisateurs peuvent se déplacer librement dans l'espace physique tout en visitant virtuellement des environnements interactifs en 3D. Trente anciens élèves de l’EPFL et d'autres univer sités suisses se sont réunis à San Francisco swissnex pour découvrir et profiter de cette incroyable technologie. DR TUNISIE 6 a o û t 2015 L’été dernier a vu la création en Tunisie d’une nouvelle antenne de l’EPFL Alumni. Le premier événement organisé par l’antenne, en collabora- tion avec TUNES (Asso- ciation des Tunisiens universitaires en Suisse), 2015 FREITAG lab. ag fut la réception de son Excellence Madame Rita Adam, ambassadrice de Suisse en Tunisie, au Mövenpick de Gammarth. ZURICH Le discours de Madame 2 sep t em b re 2 0 1 5 Rita Adam fut suivi d’un L’Association EPFL Alumni cocktail. L’occasion pour DR Suisse orientale a invité les alumni de l’EPFL et ses membres à visiter la des différentes univer- fabrique de sacs Freitag, sités suisses vivant en le 2 septembre dernier Tunisie d’être rassemblés à Zurich (Oerlikon). Une pour la première fois. vingtaine d’alumni étaient réunis pour visiter cette entreprise suisse, qui produit environ 350’000 2015 FREITAG lab. ag accessoires par an en recyclant de vieilles bâches DR de camion, chambres à air de vélo, et ceintures de sécurité usagées. Une belle occasion d’en apprendre plus sur ces mythiques sacoches que l’on peut voir tous les jours dans la rue. La visite fut suivie d’un cocktail dînatoire. 7
Alumnist Parcours Une affaire de famille Au-delà du parcours individuel que chaque alumnus a connu à l’EPFL, c’est parfois l’histoire collective de sa famille qui rejoint celle de l’Ecole. Témoignages croisés de Texte: Arnaud Aubelle trois familles «made in EPFL». V ittorio Rossati est étudiant en troi- sième année de Génie Civil. Mais son histoire avec l’EPFL remonte à plus longtemps, lui qui a grandi entouré de son père Stefano et de son frère Marco, tous deux alumni. Lorsqu’on lui demande si leurs expériences ont joué dans le choix de son orientation, sa réponse est tranchée: «C’est indéniable! Au moment de choisir entre diverses universités, les expériences de mon père et de mon frère m’ont convaincu de venir me former à l’EPFL.» Son père confirme: «L’excellente formation reçue à l’EPFL il y a plus de trente ans était ancrée dans mon esprit. Je m’en suis fait l’écho auprès de mes fils.» Même cas de figure chez les Meylan: Edouard a grandi dans le monde de l’hor- logerie, dont son père Georges-Henri est l’une des grandes figures. «Le parcours de mon père m’a montré à l’époque que l’EPFL pouvait me permettre d’as- souvir cette passion avec une vision à 360 degrés. Je n’ai donc pas hésité.» James Rinaldi, diplômé en 1971, a pour sa part vu sa fille Tania et son fils Nils rejoindre l’Ecole quelques décennies plus tard. S’il affirme ne pas avoir cherché à influer sur leurs choix, il reconnaît avoir partagé avec eux ses excellents souvenirs d’étudiant. «Je ne sais pas si les expé- riences de mon père puis de mon frère ont été déterminantes, souligne Tania FAMILLE RINALDI Rinaldi. Mais le fait qu’ils parlent si bien de l’EPFL a bien sûr eu une influence James Rinaldi, diplômé positive.» en Electricité en 1971 et aujourd’hui retraité, est ex- Passage de relais consultant en informatique Suivre les mêmes études que d’autres chez TI Informatique. Sa fille membres de sa famille revient fréquem- Tania est professeure en neu- DR ment à partager des souvenirs communs rophysiologie à l’Université nés sur le campus. Tania Rinaldi et son souvenirs communs. «Si nous évoquons de Bâle et son fils Nils est époux Hadi Barkat se sont rencontrés du- des souvenirs de ce temps-là, c’est surtout Project Manager à l’EPFL. rant leur travail de fin d’études, quelques le côté social qui ressort: Satellite, Balélec, Hadi Barkat, époux de Tania mois avant d’être diplômés. Et c’est à Vivapoly, le Challenge…», indique Tania et postgrade en Management Satellite que Nils Rinaldi a fait la connais- Rinaldi. Vittorio Rossati évoque, quant à of Technology en 2002, est sance de Hadi, son futur beau-frère. lui, «la découverte de nouvelles cultures, CEO et fondateur d’Helvetiq Satellite, ainsi que les grands événements les parties de baby-foot à Satellite et la (éditeur de jeux, livres et qui rythment l’année, fait justement partie qualité de l’enseignement». La Magistrale objets design). des éléments fédérateurs faisant naître ces constitue l’autre grande occasion d’être 8
Alumnist Parcours réunis à l’EPFL comme le rappelle son continue de la constater au quotidien, père: «Le dernier souvenir commun en lui qui est aujourd’hui employé à l’EPFL: date reste la remise de diplôme en 2011 «Depuis la fin de mes études en 2000, le de Marco, qui a réuni la famille et trois nombre d’étudiants a doublé, le campus générations d’ingénieurs.» est devenu un véritable espace de vie, et beaucoup de professeurs internatio Le passage de relais d’une génération naux prestigieux ont été engagés.» à l’autre est aussi l’occasion de mesurer Même si d’autres choses ne changent le chemin parcouru par l’Ecole, et tous pas: «Quelques-uns de mes professeurs soulignent l’envol international pris étaient déjà ceux de mon père!» par l’EPFL au cours des dernières décen- nies. «Nous sommes passés d’une école Générations futures cantonale avec quelques spécialités Etre alumni au même titre que ses techniques à un établissement global parents ou ses enfants renforce par de réputation mondiale, grâce, surtout, ailleurs l’attachement à l’EPFL, qui se au travail réalisé par Patrick Aebischer traduit de différentes manières. Edouard et son équipe», estime Georges-Henri Meylan s’investit dans la vie des alumni: Meylan. Même écho chez James Rinaldi: «Nous avons par exemple organisé une «L’Ecole s’est ouverte au monde. Mes visite de mon entreprise (H. Moser & deux enfants ont eu la possibilité d’effec Cie) pour des alumni de l’EPFL en 2014.» tuer une de leurs années d’études à Dans le cadre de son activité, Stefano l’étranger, ce que je n’avais même pas Rossati a créé, pour sa part, une struc- envisagé à l’époque. Sa structure même ture proche de l’EPFL, avec pour double DR s’est complètement modifiée.» Sa fille objectif de recruter des ingénieurs issus Tania note, quant à elle, le nombre de l’Ecole et de développer de nouvelles grandissant d’étudiantes, ainsi que la technologies avec ses laboratoires. Son reconnaissance dont l’EPFL jouit à fils Vittorio manifeste cet attachement présent à l’international: «Ce n’était en retournant chaque année dans son pas une université inconnue pour les lycée français pour présenter l’EPFL personnes que je croisais lorsque je aux futurs bacheliers. vivais à Boston.» Hadi Barkat, son mari, se réjouit de voir l’Ecole endosser son Quant à savoir si les prochaines généra- FAMILLE MEYLAN rôle entrepreneurial en plus de ceux de tions étudieront à leur tour à l’EPFL, le recherche et d’enseignement. «J’espère processus a déjà débuté pour la famille Georges-Henri Meylan, que dans les années à venir, des start-up Meylan, puisqu’un neveu de Georges- diplômé de Génie Mécanique fortes écloront à un rythme encore Henri a rejoint la section de Physique en en 1969, a dirigé Audemars plus grand.» Cette évolution, Nils Rinaldi septembre dernier. Chez les Rinaldi, la Piguet pendant plus de possibilité est également ouverte, mais vingt ans. Il est aujourd’hui Tania et Hadi insistent sur le fait que les président du conseil d’admi- études de leurs filles dépendront avant nistration de la holding tout de leurs propres choix. Idem pour familiale MELB, propriétaire les enfants de Nils, même si Theo (3 ans des marques horlogères FAMILLE ROSSATI et demi) et Noah (1 an) fréquentent déjà Hautlence et H. Moser & Cie. le campus, puisqu’ils passent trois jours Son fils Edouard est diplômé Stefano Rossati est issu de par semaine à la garderie Polychinelle, de Microtechnique depuis la promotion 1985 de Génie près du Rolex Learning Center. Et leur 2000. Après s’être occupé Mécanique. Il est aujourd’hui grand-père James de conclure: «Si l’EPFL de la distribution en Asie du dirigeant de l’entreprise Le garde le niveau d’excellence qui est le groupe Desco, il est devenu Gaz Intégral. Marco Rossati, sien actuellement, je verrais d’un très bon en mai 2013 le directeur diplômé en 2011 en Génie œil un échelon de plus dans la lignée des de H. Moser & Cie. Mécanique, travaille actuelle- Rinaldi, alumni EPFL.» || ment chez Amstein+Walthert, bureau d’ingénieurs-conseils en énergie à Genève, en tant que chef de projet/consultant en énergie et environnement. Vittorio Rossati est étudiant en 3e année de Bachelor en Génie civil. DR 9
Alumnist Réseau Le réseau de 120 60 0 Olivier Français Politicien, ingénieur EPFL, sportif chevronné et président du Festival international du film alpin des Diablerets, Olivier Français (GC’82) mène une carrière façonnée par ses nombreux centres d’intérêt. Il dévoile les personnalités qui forment son réseau. Texte: Séverine Géroudet L ausanne lui doit son métro et l’accès par un tunnel souterrain de 4 kilomètres à l’usine de traitement des déchets de Tridel. Olivier Français a su combiner son engagement politique et ses compétences d’ingénieur civil pour les mettre au service de la 1955 Naissance à Metz, France communauté. Après l’obtention de son diplôme à 1982 Obtient son diplôme d’ingénieur l’EPFL, il devient assistant du professeur Edouard civil géotechnicien à l’EPFL où il devient assistant Recordon et côtoie la recherche fondamentale. Il travaille ensuite deux ans dans un bureau de géo- 1986 Ouvre une succursale du groupe Zschokke technique, avant d’être engagé par une entreprise de – aujourd’hui Implenia – construction du groupe Zschokke. «Fort de ces expé- à Lausanne riences, j’ai pu prendre la succession d’un bureau 1992 Prend la direction d’un bureau d’ingénieurs en géotechnique en le rachetant.» En d’ingénieurs en géotechnique parallèle, sa carrière politique au sein du Parti libéral- à Lausanne, Karakas & radical décolle. D’abord conseiller communal en Français 1994, il est élu au Grand Conseil vaudois en 1998, puis 1994 Elu au Conseil communal de devient conseiller municipal de la Ville de Lausanne Lausanne en 2000, où il est à la tête de la Direction des travaux. 1994-1995 Dirige les cellules de crise mises en place lors Depuis 2007, il siège aussi au Conseil national. des catastrophes naturelles de Veytaux et Pissot Son parcours polyvalent amène Olivier Français à 1995-1997 Préside la Société rencontrer une foule de personnalités actives dans suisse des ingénieurs et des des domaines différents, tels que la politique, bien architectes (SIA) vaudoise sûr, la culture, l’économie et le sport, qu’il pratique 1998 Elu au Grand Conseil vaudois lui-même assidûment. «Deux qualités relient les 2000 Elu à la Municipalité de la Ville personnes qui forment mon réseau: la rigueur et de Lausanne l’engagement. Fondateurs d’événements sportifs 2007 Elu au Conseil national Jean-Christophe Bott / Keystone ou culturels, dirigeants d’entreprise, acteurs de 2010 Devient membre de l’Académie nouvelles avancées technologiques, nombre d’entre suisse des sciences eux se sont lancés dans des projets un peu fous, techniques (SATW) avec à la clé une réussite avérée.» || 2015 Candidat au Conseil des Etats Son réseau culturel daniel rossellat, fondateur du jean-philippe rapp, journaliste et ancien animateur Paléo Festival Nyon, syndic de TV. «Jean-Philippe Rapp est directeur du Fes- Nyon, indépendant. «Daniel tival international du film alpin des Diablerets. Rossellat est également le Lorsqu’il m’a demandé d’en prendre la prési- coordinateur du festival musi- dence en octobre 2014, je n’ai pas hésité une cal lausannois Label Suisse. seconde. C’est une chance de participer à cette Nous avons collaboré dans ce belle aventure culturelle avec une personnalité cadre en 2008, lorsque l’inauguration aussi talentueuse, qui sait mettre ses interlocuteurs du métro M2 a été couplée avec cette en confiance.» manifestation. Il a réussi avec brio à faire de ces deux événements une «Nous avons sollicité Olivier Français, car c’est un seule et grande fête pour le public. grand sportif qui possède une puissance de travail Daniel fait partie de ces personnes extraordinaire, raconte de son côté Jean-Philippe Rapp. qui partagent leur passion et donnent Il possède cette rigueur et cette faculté d’adaptation ainsi l’occasion à chacun de vivre propres aux diplômés de l’EPFL, deux qualités utiles des événements culturels fabuleux.» pour présider un festival de montagne. Son engage- ment est sans limite et il est généreux dans ses efforts.» 120 60 0 10
Alumnist Réseau 60 120 180 Ses relais politiques didier burkhalter, conseiller corina eichenberger, jacques bourgeois, conseiller fédéral, PLR. «J’ai fait sa conseillère nationale, national, PLR, Fribourg. «Nous connaissance lorsqu’il PLR, Argovie. «Je consi- sommes assis côte à côte au était membre exécutif de dère Corina comme ma parlement depuis 2007 et je le la Ville de Neuchâtel, où référence suisse aléma- considère comme mon frère il a réalisé de nombreux nique. Elle représente jumeau idéologique. C’est un projets. J’ai pu apprécier un excellent relais et lobbyiste que j’admire. Dans sa personnalité et son efficacité possède une grande expérience le cadre privé, nous partageons une en le côtoyant ensuite comme dans les domaines juridique, passion pour les sports d’endurance.» conseiller aux Etats. Sa maîtrise bancaire et de la construction. des dossiers et son aisance en Corina a été la première femme toute situation sont des exemples à présider le Grand Conseil pascal broulis, conseiller d’Etat dans l’exercice de mes fonctions. d’Argovie. Elle a la stature vaudois en charge du Départe- Ensemble, nous parlons de nos d’une conseillère fédérale.» ment des finances, PLR. «Nous projets actuels et futurs.» avons siégé ensemble au Grand Conseil vaudois. A son poste de chef des finances du gouver- nement vaudois, il a su relever le canton de son déficit financier de manière admirable.» Les entrepreneurs qui l’inspirent bertrand cardis, directeur de Décision, entreprise ac- philippe hebeisen, directeur général de tive dans la construction de structures innovantes la Vaudoise Assurances. «Contre à base de matériaux composites. «Bertrand Cardis vents et marées, Philippe Hebeisen a est l’un des acteurs des réussites de Solar Impulse conservé les valeurs de son entreprise et d’Alinghi, dont il a construit les bateaux. Je le et l’a fait prospérer tout en la main- compare au professeur Tournesol, car il ose entre- tenant à taille humaine. Sa stratégie prendre dans les domaines de l’impossible.» intelligente s’avère payante puisque la Vaudoise s’est implantée avec succès en Pour Bertrand Cardis, Olivier Français est un visionnaire. Suisse alémanique.» «Dans les années 1990, lorsque je travaillais sur un proto- type de véhicule automatique qui n’a pas abouti, Olivier cristina gaggini, directrice était l’une des rares personnes à croire en ce projet. romande d’economie- Plusieurs points communs nous rapprochent: nous suisse. «Généreuse et sommes tous deux assez sportifs et ingénieurs EPFL.» disponible, Cristina Gaggini est un relais précieux et de proximité au sein d’economie- Ses alliés dans le monde du sport suisse. Elle maîtrise et synthétise avec brio ses dossiers.» jacky delapierre, fondateur d’Athletissima, meeting Ses amis proches d’athlétisme lausannois. «Quinze athlètes il y a 40 ans, 300 aujourd’hui. Athletissima doit sa stefan nellen,président et jean-marc probst, CEO et président renommée actuelle à Jacky administrateur délégué de l’entreprise Probst Maveg, Delapierre. Génération après géné- de l’usine d’incinération active dans la vente de machines ration, il a su gagner la confiance Tridel, à Lausanne. de chantier et d’équipements des sportifs. Son engagement «Stefan m’a accompagné pour la construction. «Ingénieur et sa réussite m’impressionnent.» tout au long du projet mécanicien de formation, de construction de l’usine Jean-Marc a su élever la petite sacha weibel, chris wolf et patrick de preux, le Tridel. Il est très talentueux et entreprise familiale au rang de leader. «triumvirat» du Lausanne Hockey Club. fiable dans l’exercice de ses fonc- C’est lui qui m’a convaincu de m’engager «Ce sont eux qui font vivre le LHC, tions, et toujours de bon conseil.» au sein du Parti radical-démocratique, et par là même leur ville et leur région, il y a bientôt 30 ans.» en mettant leur talent au service de la georges zünd, directeur de la collectivité. Ils sont l’âme de ce club Fédération vaudoise des Jean-Marc Probst décrit Olivier Français et ont su monter une équipe durable.» entrepreneurs. «Georges est comme quelqu’un de fidèle et disponible. une personnalité hors norme. «Nous partageons les mêmes valeurs: A propos d’Olivier Français, Chris Wolf, C’est un homme de réseau, le respect, le travail, la générosité et la directeur commercial et marketing du doté d’une grande force morale confiance, ainsi que les mêmes ambitions LHC, déclare: «Nous avons rapidement et de beaucoup de bon sens. pour notre pays. Olivier est l’une des sympathisé avec cet ingénieux sportif. Il est très généreux, notam- personnes les plus intelligentes que je Olivier est franc et a toujours répondu ment dans le temps qu’il me côtoie.» à nos attentes en nous apportant ses consacre.» idées et sa vision.» 60 120 180 11
Alumnist Entreprise Depuis Zurich, Google attire les talents de l'EPFL Présente depuis plus de dix ans dans la plus grande ville de Suisse, l’entreprise américaine emploie de nombreux diplômés de l’Ecole lausannoise. Texte: William Türler Quatre d’entre eux racontent. «G oogle est à la recherche de Google Suisse est aujourd’hui le plus de passions et pas uniquement de gens intelligents, axés sur le grand centre de recherche de l’entre- compétences isolées, ajoute Veronika travail d’équipe et capables prise en dehors des Etats-Unis. Lors Striessnig. Nous voulons aussi nous de faire avancer les choses», résume des entretiens d’embauche, les connais- assurer que la personne possède une Veronika Striessnig, spécialiste des sances liées au poste à pourvoir sont expérience et un background qui lui programmes universitaires au sein du évidemment évaluées, mais également permettront d’être couronnée de succès groupe à Zurich. Installé depuis plus les compétences en leadership et plus dans chaque aspect de son rôle.» Les de dix ans sur les bords de la Limmat, globalement la «Googleyness» soit, selon candidats en ingénierie sont testés sur la terminologie maison, la compatibilité leurs compétences en termes de codage du candidat avec la culture de la firme et d’autres domaines d’expertise tech- américaine. niques. Parmi les postulants, de nom- breux alumni de l’EPFL correspondent «Nous recherchons des collaborateurs aux profils recherchés et deviennent disposant d’une variété de forces et collaborateurs. || Burak Emir 38 ans, ingénieur logiciel équipe Burak Emir a fait ses études de premier Laboratoire des méthodes de program- cycle à l’Université technique de mation (LAMP), qu’il termine en 2007. Rhénanie-Westphalie à Aix-la-Chapelle (RWTH Aachen). Durant son cursus, il En tant que chef, il doit maintenir son a effectué une année d’échange à l’EPFL équipe et les codes «à jour» au regard en 1999/2000. Après avoir obtenu son de l’évolution de la technologie et des diplôme à la RWTH Aachen, il revient à changements constants en matière de l’EPFL en 2002 et entame un doctorat au commerce, aussi bien traditionnel qu’en ligne. Il doit en outre «améliorer l’expé- rience» des utilisateurs, qu’il s’agisse de marchands ou d’annonceurs, mais aussi coordonner avec d’autres équipes «C’est uniquement au travers le développement de nouvelles fonc- de la collaboration et grâce tionnalités expérimentales et aider les à des perspectives diverses membres les plus récents de l’équipe à accroître la diffusion des connaissances que les grandes réalisations concernant l’infrastructure. peuvent voir le jour.» Au-delà des bases techniques qui lui DR permettent d’apporter une contribution 12
Alumnist Entreprise personnelle et de comprendre plus rapide- Une démarche réfléchie qu’il estime ratoire ou à distance avec des collègues ment les nouvelles technologies, il relève nettement meilleure que de se focaliser basés ailleurs. Il y a une limite à ce qu’une avoir appris deux choses fondamentales sur le court terme. «J’ai également appris personne seule peut entreprendre et lors de sa formation. D’abord, le fait que l’importance des aspects sociaux qui accomplir. C’est uniquement au travers la poursuite de buts abstraits et ambitieux sous-tendent tous les travaux scienti- de la collaboration et grâce à des perspec- demande du temps, de l’engagement, fiques et techniques. Il faut apprendre à tives diverses que les grandes réalisations de l’écoute et de la communication. travailler avec une équipe dans un labo- peuvent voir le jour.» «Notre activité affecte des produits partout dans le monde, c’est très excitant.» DR Richard Ekwall 35 ans, ingénieur logiciel Richard Ekwall est titulaire d’un Master différence avec les personnes provenant en informatique obtenu à l’EPFL en 2002, d’autres universités ou avec celles suivi cinq ans plus tard d’un doctorat en ne disposant pas d’une formation en informatique. Il travaille aujourd’hui en informatique, mais en mathématiques tant qu’ingénieur logiciel manager pour ou en physique par exemple.» De plus, la division Google Maps. «Mon travail il bénéficie encore aujourd’hui du réseau est constitué d’un mélange de tâches ma- que l’EPFL lui a permis de construire: nagériales, de conception de nouveaux «Je connais beaucoup d’alumni de l’EPFL systèmes et d’écriture de codes. Nous qui travaillent actuellement chez Google, interagissons avec plusieurs équipes dans cela me permet de rester informé différents bureaux chez Google. Notre sur divers événements ou opportunités activité affecte des produits partout dans intéressants.» le monde, c’est très excitant.» Sa formation l’a aidé à acquérir des compétences fondamentales en génie logiciel, notamment en termes d’ana- lyse et de programmation. Elle lui a également apporté de solides bases en mathématiques. «Je vois clairement une 13
Alumnist Entreprise Mihajlo Velimirovic 28 ans, ingénieur logiciel senior Mihajlo Velimirovic a obtenu en 2009 la fonction consiste à s’assurer que les un Master en informatique à l’EPFL, annonces dans les résultats de recherche avec spécialisation en «Foundations of sont les plus utiles et pertinentes Software». Il travaille aujourd’hui au sein possibles. Pour ce faire, l’équipe utilise de l’équipe «Search Ads Quality», dont diverses techniques d’apprentissage automatique afin que les publicités amé- liorent l’expérience des usagers faisant des recherches sur Google. «Après mes études, «Ma formation à l’EPFL m’a permis d’établir ma crédibilité très rapidement je disposais de solides au sein de la première équipe dans bases en cryptographie, laquelle j’ai travaillé chez Google, se en réseaux et en algo- souvient Mihajlo Velimirovic. Après rithmes, des domaines mes études universitaires, je disposais de solides bases en cryptographie, en essentiels pour travailler réseaux et en algorithmes, des domaines sur des systèmes à essentiels pour travailler sur des systèmes grande échelle.» à grande échelle. Par ailleurs, je suis très content d’avoir pu acquérir des connais- sances plus larges que mon seul domaine d’étude durant mon cursus à l’EPFL. J’ai trouvé par exemple les cours ‘Intelli- gent agents’ et ‘Game theory’ très utiles.» Google à Zurich Google est actif en Suisse depuis 2004. Avec plus de 1500 collaboratrices et collaborateurs issus de plus de 75 pays, son centre de recherche et de dé- veloppement de Zurich est le plus grand de Google en dehors des Etats-Unis. En Suisse, les ingénieurs DR de Google développent des produits et des services destinés aux utilisateurs du monde entier. 14
Alumnist Entreprise «J’ai appris durant ma formation à l'EPFL à aborder des problématiques plus vastes et à faire face à l’inconnu.» Pascal Fleury 45 ans, ingénieur logiciel senior Pascal Fleury a obtenu en 1994 un Pascal dispose de solides bases en diplôme en Systèmes de communica- mathématiques, mais aussi en infor- tion à l’EPFL, qu’il a ensuite complété matique et en analyse numérique. par un doctorat au sein du Laboratoire Des compétences qu’il a pu acquérir de traitement des signaux (LTS). Chez lors de sa formation à l’EPFL. «Je peux Google, il est aujourd’hui à la fois ingé- m’appuyer sur ces outils en tout temps. nieur logiciel et responsable d’équipe. De plus, j’ai appris durant mes études «De nombreux projets chez Google sont à aborder des problématiques plus basés sur des classifications de toutes vastes et à faire face à l’inconnu. Tout sortes et sur l’exploration de données. cela nous permet, à moi-même et à mon Nous utilisons ces deux procédés pour équipe, de rester bien équipés pour construire un système qui puisse formu- faire face aux différents défis techniques ler des réponses significatives à partir auxquels nous sommes confrontés tous de données structurées.» les jours chez Google.» Walter Bieri / Keystone Alessandro Della Bella / Keystone DR 15
Alumnist Investissement Enjeux du développement à l'EPFL: investir et s'investir De nombreux projets et chaires de l’EPFL n’existent que grâce aux donations privées. Cette culture du give back, profondément ancrée dans la vie universitaire anglo-saxonne, reste néanmoins méconnue en Suisse. Quatre donateurs de l’EPFL s’expriment et nous offrent un tour d’horizon du sujet. Texte: Arnaud Aubelle L a donation effectuée par Swissquote d’être recrutés dans le futur, tous sou- damentale et dans la philanthropie. Ce en 2008 a permis la création de la lignent également leur simple volonté don permettait donc de faire d’une pierre «Swissquote Chair in Quantitative de contribuer au pôle d’excellence deux coups», indique Antoine Firmenich. Finance». Marc Bürki (EL’87), qu’est l’EPFL. «Notre famille a une forte Pour les alumni de l’Ecole, c’est bien sûr cofondateur et CEO de l’entreprise, est, croyance à la fois dans la recherche fon- aussi un signe de reconnaissance envers avec son associé Paolo Buzzi (MT’88), à l’origine de ce don. «Tout est parti d’une discussion avec Patrick Aebischer sur notre difficulté à trouver des ingénieurs Les donations à l’EPFL par des dons jusqu’à concurrence de 20% formés dans les métiers de la finance, se de leurs revenus nets. De son côté, l’EPFL souvient Marc Bürki. L’idée d’un Master Les activités de l’EPFL sont aujourd’hui, génère selon les années 10 à 100 millions en ingénierie financière s’est rapidement comme dans toutes les grandes universités de signatures de contrats de sponsoring de imposée comme une évidence.» mondiales, soutenues par des donations mécènes, de fondations ou d’entreprises, réalisées par des personnes individuelles là où les dix plus grandes universités amé- Comme dans le cas de Swissquote, comme en témoignent les alumni cités ricaines génèrent entre 400 et 930 millions une donation naît bien souvent de la ici, via des entreprises ou des fondations de dollars par an. C’est ce qui permet à des rencontre entre la volonté forte d’un d’utilité publique, comme la fondation de la géants comme l’Université de Stanford de donateur d’offrir à l’EPFL les moyens famille Bertarelli. Ces donations permettent fonctionner avec des budgets dépassant de ses ambitions et un projet ciblé. de financer des projets de recherche les 5 milliards de dollars, soit près de six Antoine Firmenich, administrateur du comme le soutien à des activités sociales fois plus que l’EPFL. géant de la parfumerie Firmenich Inter- ou la construction de bâtiments. national, confirme: «La neuroscience Les montants apportés à l’EPFL peuvent est aujourd’hui le nouvel enjeu majeur Le «fundraising» académique, l’activité de aller de 1'000 à 10’000 francs suisses pour dans le secteur de la parfumerie, et récolte de ces donations, se profession- des prix étudiants, à 100'000 francs pour l’EPFL est à la pointe dans le domaine. nalise de plus en plus pour permettre aux la rénovation d’un auditoire et jusqu’à La création de notre chaire faisait donc grandes universités de se développer. En quelques millions de francs suisses pour sens.» Autre exemple: les donations effec- Europe, ce sont près de 85% des Universi- sponsoriser une chaire de recherche (par- tuées par Philippe Petitpierre (GR’75) à tés, qui ont recours au «fundraising» alors ticipation au financement d’un laboratoire), travers ses différentes entreprises du que dans le monde anglo-saxon c’est une la construction d’un bâtiment ou un projet secteur énergétique, justifiées par la qua- pratique quasi automatique soutenue à emblématique de l’Ecole. Ces donations lité du répondant trouvé à l’EPFL dans la fois par une fiscalité des donations très représentent aujourd’hui, après l’exclusion les domaines de l’énergie en général et avantageuse et par une culture du give partielle de la Suisse des budgets de du gaz en particulier. back beaucoup plus poussée. Il est ainsi recherche européens (Horizon 2020) et très courant que les alumni américains les tensions sur les finances publiques, Différence de culture redonnent à leur Université d’origine une l’indispensable instrument pour maintenir Si chaque donateur espère une forme partie de leurs gains. la formidable marche en avant de l’Ecole. de retour indirect à travers les progrès scientifiques réalisés ou la formation En Suisse et selon les cantons, une entre- Pour tout renseignement: contact d’ingénieurs de qualité susceptibles prise ou une personne individuelle peuvent Jérôme Grosse, directeur du défiscaliser et diminuer l’assiette fiscale Développement (jerome.grosse@epfl.ch) 16
Alumnist Investissement l’institution qui les a formés, et une influencer les domaines de recherche de étudié à Stanford, invoque l’aspect manière d’affirmer leur volonté de voir l’Ecole par la donation. Il faut veiller à la culturel: «Il y a une culture de l’héritage sa tradition d’excellence se perpétuer. liberté académique et accompagner des plus forte en Suisse: on veut transmettre programmes plutôt que de les inciter.» le fruit de son travail. C’est moins le cas Daniel Borel (PH’73), cofondateur de aux Etats-Unis, où on transmet une par- Logitech, a effectué plusieurs dons à tie plus réduite de son patrimoine à ses travers son entreprise et ses fondations, enfants, et où les donations extérieures permettant la création de deux chaires Une donation naît bien sont plus fréquentes.» «Il manque en interfaces cerveau-machine et en souvent de la rencontre encore un peu l’esprit campus, ajoute neuro-ingénierie clinique (financées via entre la volonté forte Marc Bürki. Cette période très spéciale la fondation Defitech), et d’une chaire d’un donateur d’offrir dans la culture anglo-saxonne où l’on dédiée à la promotion des talents fémi- quitte le foyer familial pour vivre des nins dans le domaine de l’ingénierie à l’EPFL les moyens expériences inoubliables et exaltantes.» (via la fondation swissUp). Ses dons ont de ses ambitions également contribué à la construction et un projet ciblé. Le sport universitaire, l’importance de du Rolex Learning Center ou au Montreux la cérémonie de remise des diplômes, Jazz Digital Project. Reconnaissant ou encore la difficulté des concours envers l’EPFL pour l’enseignement qu’il Cette volonté de participer financière- d’accès, propres à cette culture anglo- y a reçu, Daniel Borel a souhaité, via ment au développement présent et futur saxonne, nourrissent également le l’Ecole, investir dans des projets qui de son université est totalement ancrée sentiment de fierté et d’attachement à le passionnent. Il souligne par ailleurs dans les pays anglo-saxons, notamment son école, qui sont les moteurs premiers combien il est essentiel pour l’EPFL aux Etats-Unis. En revanche, l’Europe et de toute donation. Daniel Borel et Marc de conserver une totale indépendance la Suisse en particulier n’ont pas encore Bürki notent également que le finan- dans ses choix. Marc Bürki renchérit: atteint ce stade. Comment expliquer cement public des universités suisses, «Le plus important est de ne pas vouloir cet écart? Daniel Borel, qui a également a contrario de celui principalement MARC BÜRKI Marc Bürki, né en 1961, est le CEO de Swissquote Group Holding SA et de Swissquote Bank SA depuis 2002. Il obtient son diplôme d’ingénieur électricien en 1987 à l’EPFL. Jusqu’en 1990, il occupe le poste de spécia- liste en télécommunications auprès de l’European Space Agency (ESA) à Nordwijk (Hollande), puis de cofonda- teur et cogérant de Marvel Communications Ltd. Il compte parmi les membres fondateurs de Swissquote, au sein de laquelle il exerce différentes fonctions au conseil d'administration et à la Direction générale. La donation effectuée par Swissquote en 2008 a permis la création de la «Chaire Swissquote en Finance Quanti- tative», dirigée depuis 2010 par le professeur Damir Filipovic. DR 17
Alumnist Investissement Marcin Wichary privé aux Etats-Unis, rend le sponsoring moins bien perçu, alors même qu’il est DANIEL BOREL essentiel (voir encadré Les donations à l’EPFL). Antoine Firmenich insiste Daniel Borel, né en 1950, est diplômé de l’EPFL et de enfin sur les différences légales entre la l’Université de Stanford. Il est le cofondateur de Logitech, Suisse et les Etats-Unis. «L’une des prin- société qu’il a présidée de 1982 à 2008. Il a également créé cipales limites est l’absence en Suisse la Fondation Defitech, qui contribue à la recherche et au de système d’endowment, ou fonds de développement de technologies destinées à venir en aide dotation. Ce système permet d’investir aux personnes handicapées, ainsi que la Fondation swissUp les dons dans des placements à plus dédiée à l’excellence de la formation en Suisse. forts rendements. L’un de nos dons au MIT de Cambridge a généré 14% La société Logitech a participé au financement du Rolex de rendement annuellement pendant Learning Center, via un don effectué en 2006, et du les 35 dernières années, tandis que la Montreux Jazz Digital Project dans le cadre du projet prudence du système suisse empêche Under One Roof, via un don effectué en 2014. de dépasser les 2 ou 3%. Il faudrait un changement de législation.» La donation effectuée en 2007 par la fondation swissUp a pour vocation de valoriser les femmes ingénieures. La Le défi du sponsoring professeure Carlotta Guiducci est l’actuelle titulaire de la Si le chemin semble encore long, l’espoir Chaire swissUp. Enfin, les donations effectuées en 2008 de voir cette culture du give back se et en 2014 par la Fondation Defitech ont permis la création développer en Suisse est néanmoins réel. de la «Chaire Fondation Defitech en interfaces cerveau- «J’en ai la conviction profonde, assure machine», dirigée par le professeur José del R. Millán, ainsi Philippe Petitpierre. Une donation est que de la «Chaire Fondation Defitech en neuro-ingénierie une manière de s’identifier, de faire clinique et interactions homme-machine», actuellement part de sa fierté d’avoir une Haute Ecole en cours de recrutement. polytechnique de cette qualité.» Pour Daniel Borel, les évolutions de l’EPFL 18
Alumnist Investissement ces dernières années vont dans le bon de sponsoring reste peu connue des jouer, en permettant aux anciens sens: «L’agrandissement du campus, entreprises suisses ou implantées. non seulement de s’identifier, mais l’augmentation de la proportion d’étu- «Une communication plus généralisée aussi de se reconnaître avec fierté diants étrangers, les nouveaux logements avec des propositions de programmes dans l’EPFL et son évolution», note étudiants, tout cela contribue à dévelop- ‘à la carte’ et non seulement limités Philippe Petitpierre. Avant d’ajouter per le sentiment d’appartenance. Tout au versement d’un montant fixe serait que les projets susceptibles d’intéresser comme la progression de l’EPFL dans les certainement un bon moyen de mieux les donateurs, liés aux industries d’au- classements mondiaux des meilleures faire connaître notre Ecole et de déve- jourd’hui et de demain, ne manquent universités.» «De plus en plus d’étudiants lopper ses performances en matière de pas, entre les nouvelles constructions partent aux Etats-Unis où ils découvrent sponsoring.» du campus, l’énergie, la protection de cette culture du give back, ajoute Antoine l’environnement, les techniques médi- Firmenich. Cela se fera doucement, Daniel Borel relève également l’écart cales et pharmaceutiques, ou les techno- mais il y a donc un vrai espoir que cette entre l’image des donateurs aux Etats- logies de l’information (voir l’encadré mentalité se développe.» Unis, où la reconnaissance est forte, «A chaque donation sa motivation»). et en Suisse, où le don est considéré comme «normal» lorsque l’on a du La culture du give back à l’EPFL est-elle Le sentiment de fierté succès. Marc Bürki abonde dans ce sur le point de prendre son envol? Pour et d’attachement à son école sens: «Il faudrait mettre en place des Marc Bürki, tous les éléments sont en programmes pour valoriser les dona- tout cas réunis: «Les entrepreneurs, le se retrouve parmi les teurs. Le geste a beau être totalement tissu économique, les success stories, moteurs premiers de toute altruiste, celui-ci a quand même envie l’esprit d’entreprise insufflé par Patrick donation. d’être reconnu par ses pairs pour la Aebischer à plusieurs générations d’étu- donation faite à l’Ecole.» Les notions de diants.» Intégrer les enseignements du fierté et de sentiment d’appartenance monde universitaire anglo-saxon, tout L’EPFL a également son propre rôle à reviennent également dans le discours en trouvant une voie qui lui soit propre, jouer dans cette évolution. Philippe des différents donateurs. «C’est là que tel est donc le défi du sponsoring pour Petitpierre souligne que cette notion l’EPFL Alumni a un rôle fondamental à l’EPFL de demain. || PHILIPPE PETITPIERRE Philippe Petitpierre est diplômé de l’EPFL en Génie Rural. Il est le président du conseil d’administration des sociétés du groupe Holdigaz SA. Il préside aussi les socié- tés Gaznat SA, Petrosvibri SA, Unigaz SA et Fingaz SA. La donation effectuée en 2010 par la société Petrosvibri a permis la création de la «Chaire Gaz Naturel», tenue depuis 2012 par le professeur Lyesse Laloui. En 2014, les donations effectuées par la société Gaznat SA ont permis la création de deux nouvelles chaires: la «Chaire Gaznat sur la réduction des émissions de CO2», qui sera dirigée par le professeur Kumar Agrawal dès l’été 2016, et la «Chaire Gaznat en géo-énergies», tenue par le professeur Brice Lecampion depuis juin 2015. DR 19
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