Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares

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Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
rare
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                                     2019
                  les rencontres des maladies rares

                  5 & 6 NOVEMBRE 2019
                  Cité des Sciences et de l’Industrie
                            Paris - France

Supplément n° 2
   au n° 274
 Février 2020
                       rareparis.com/2019
Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
Rencontres RARE 2019

                       ÉDiTO
CO-PRÉSIDENTS
DU COMITÉ
D’ORGANISATION

                       Chers lecteurs,
DR

                        “Les Rencontres RARE 2019” est un évènement organisé tous les 2 ans, pour la promotion
Marie-Pierre            d’une politique de santé et de recherche au service des personnes atteintes de maladies rares.
Bichet, Vice-prési-
dente de l’Alliance     Il réunit tous les acteurs essentiels à savoir les décideurs publics, les professionnels de santé
Maladies Rares.         et de la recherche, les représentants de malades et les industriels du médicament et des produits
                        de santé.

                        Pour leur 6e édition (organisée à la Cité des sciences et de l’industrie les 5 et 6 novembre
                        2019), ces Rencontres RARE portaient essentiellement sur la recherche, dans toutes ses di-
                        mensions au niveau français et européen, qu’il s’agisse du diagnostic, des essais cliniques,
                        des thérapies innovantes, de la modification du génome, du repositionnement des médicaments,
                        des sciences humaines et sociales ou encore du modèle économique des nouvelles thérapies.
DR

                        Autant de sujets où la rareté impacte directement les modèles habituels et où une collabo-
Caroline                ration forte entre tous les acteurs, en France et avec les autres pays, est essentielle pour re-
Blanc-Crouzier,
Vice-présidente         lever les nombreux défis et trouver de nouveaux traitements et solutions pour les personnes
du Comité maladies      malades. La présence de Madame Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé
rares du Leem.          et sa prise de parole ont valorisé ce travail et cette mobilisation commune.

                        Avec plus de 600 personnes présentes sur les 2 journées, ces Rencontres RARE 2019
                        ont été une fois de plus un succès. Elles ont participé à la mise en commun des savoirs,
                        ont permis d’échanger et de débattre ensemble. Chacun a pu repartir avec une mois-
                        son de rencontres et d’idées. Il est désormais important que ce dialogue puisse perdurer
                        avec l’ensemble des parties prenantes, les travaux réalisés dans le cadre de la mise en œuvre
                        du 3e Plan National Maladies Rares apparaissent comme le bon vecteur de celui-ci.
DR

Jean-Louis
Mandel, Président
de la Fondation                                                         Nous vous donnons rendez-vous en 2021 !
Maladies Rares.

 2
SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
Supplément n° 2 au n° 274
PR EDITIONS - Tour D2
17 bis, Place des Reflets 92400 Courbevoie,
France - Tél. : +33 (0)1 73 20 40 00
e-mail : redaction@pharmaceutiques.com
www.pharmaceutiques.com
                                                        rare                           2019
                                                        les rencontres des maladies rares
FONDATEUR :
Daniel Vial
DIRECTEUR GÉNÉRAL
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :
Pierre Sanchez
                 61

RÉDACTEUR EN CHEF :
Hervé Réquillart
RÉDACTION :
Fabien Nizon

PUBLICITÉ :
Frédérique Ronteix                                                                5 & 6 NOVEMBRE 2019
Tél. : 01 73 20 50 01                                                               Cité des Sciences et de l’Industrie
Edouard Massé                                                                                 Paris - France
Tel. : 01 73 20 46 13

ABONNEMENTS :
Route 66
Tél. : 01 40 92 70 58
a.giacomatos@route66-agence.com
MAQUETTE : Olivier Rive, Antoine Noiran

IMPRESSION : Arts et Caractères
81500 Lavaur
EDITEUR : PR Editions SAS
(Société par Actions Simplifiées)
Directeur général - Directeur de la publication :
Pierre Sanchez
Principal actionnaire : IQVIA HOLDINGS France
SAS durée 50 ans à compter du 08/12/1992
Mensuel : dix numéros par an
Abonnement (TVA : 2,10 %)
France et UE : 260 euros TTC
Etranger (Hors UE) : 270 euros (HT)
Abonnements groupés                                                                       rareparis.com/2019
(à partir de 10 abonnements) :
nous consulter
Prix au numéro : 28 euros TTC                       4    • Un espace d’échange privilégié pour        9     • Modification du génome : Quelles
                                                            la communauté maladies rares                        implications ? Quelles applications ?
Numéro ISSN : 1240-0866
                                                         • Les maladies rares dans le débat                 • Et si l’avenir des maladies fréquentes
Commission paritaire : 0220T81241
                                                            parlementaire                                       passait par les avancées des maladies
                                                                                                                rares ?
Supplément n° 2 au n° 274 de Pharmaceutiques.       5    • Progrès à venir pour le diagnostic
                                                            et le dépistage ?                          10 • Quel est l’impact des sciences
                                                                                                             humaines et sociales sur le parcours
                                                    6    • PNMR3, Plan France Médecine                      de vie des patients ?
                                                            Génomique 2025 : où en sommes-                • Perspectives européennes
                                                            nous ?
                                                                                                       11 • Thérapie génique : des preuves
                                                    7    • Maladies rares : quel avenir pour
                                                                                                             de concept pré-cliniques à la mise sur
                                                            le repositionnement de médicament ?
                                                                                                             le marché
                                                         • Essais cliniques : comment
                                                                                                          • Comment appréhender les enjeux
                                                            promouvoir l’accès aux patients
                                                                                                             du modèle économique de la thérapie
                                                            français ?
                                                                                                             génique ?
                                                    8    • La digitalisation est-elle une chance
                                                            pour les maladies rares ?
                                                         • De la recherche à l’accessibilité
                                                            des thérapies innovantes

                                                                                                                                                   3
                                                                                                 FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
Rencontres RARE 2019

RARE 2019 : un espace d’échange privilégié
pour la communauté maladies rares
                                                                   construit des dispositifs per-   souhaitons également que l’excellence fran-
                                                                   tinents et utiles, au point      çaise dans ce domaine puisse être défendue,
                                                                   d’être souvent considérée        reconnue et renforcée. Pour les entreprises
                                                                   comme un modèle, nous            du médicament, ces moments d’échanges
                                                                   partageons tous cette res-       autour de solutions qui restent à construire
                                                                   ponsabilité de faire en sorte    collectivement sont aussi une source d’ins-
                                                                   que la dynamique perdure.        piration, qui donnent du sens aux projets
                                                                   Et que le troisième Plan         mis en place au quotidien. »
                                                                   Maladies Rares, annoncé il y
                                                                   a un peu plus d’un an, soit
                                                                   un succès pour les malades       Jean-Louis Mandel, Président
                                                                                                    de la Fondation Maladies Rares
DR

                                                                   et les familles. »
                                                                                                    « La recherche sur les maladies rares est
Marie-Pierre Bichet,                               Caroline Blanc-Crouzier,                         absolument nécessaire pour un diagnostic
Vice-présidente de l’Alliance                      Vice-présidente du Comité                        plus rapide et précis des patients. Pour dé-
Maladies Rares                                     maladies rares du Leem                           velopper également de nouvelles molécules,
« Depuis 20 ans, l’Alliance Maladies Rares         « La recherche sur les maladies rares s’af-      des thérapies géniques et cellulaires, et re-
s’est donné pour objectif d’unir, de témoi-        firme comme l’un des axes porteurs de l’in-      positionner certains médicaments. Il s’agit
gner, d’initier des dynamiques, de construire,     novation de demain. Il faut s’assurer que        aussi d’identifier où sont les progrès et où
de mettre les forces en action et d’y entraî-      l’environnement scientifique, économique,        sont les verrous et obstacles à surmonter.
ner tous les acteurs. Ce sont ces principes qui    réglementaire et sociétal permette de sou-       Par exemple, comment produire les quan-
nous guident pour poursuivre la lutte contre       tenir ces innovations de manière pérenne.        tités de vecteurs de thérapies géniques qui
les maladies rares. Ce sont aussi ces principes    C’est aussi l’un des objectifs de cette nou-     seront nécessaires, et à un prix abordable ?
qui guident la réalisation de ces rencontres       velle édition des rencontres RARE. Dans          C’est un problème scientifique, technique
RARE. Si la France peut être fière d’avoir         un contexte économique contraint, nous           et financier. »

Les maladies rares dans le débat parlementaire
Les députés Philippe Berta et Jean-Louis Touraine ont profité des Rencontres RARE
pour témoigner leur soutien aux patients, à leurs familles et aux professionnels de santé.
En les appelant également à se mobiliser pour peser dans le débat parlementaire.

«A
                 idez-moi à vous aider. »                                                            à tort et à travers, est utilisé comme un
                 C’est l’appel du député Phi-                                                        moyen de bloquer toutes avancées. Mais il
                 lippe Berta, président du                                                           ne faut pas confondre eugénisme et préven-
                 groupe d’études sur les ma-                                                         tion de souffrance inutile. Ni une approche
ladies rares de l’Assemblée Nationale, dans                                                          prudente et souhaitable avec une frilosité
un message résolument incisif. « On aurait                                                           excessive, inhibitrice, qui nous empêche
pu croire que trois millions de malades,                                                             d’avancer », insiste le député.
dont 75 % d’enfants, qu’une communauté                                                               Autre point d’alarme, le budget 2020 de
investie et dynamique, qu’une éclosion thé-                                                          la sécurité sociale (PLFSS), qui restreint le
                                                  DR

rapeutique suffiraient à sensibiliser les élus                                                       champ des autorisations temporaires d’utilisa-
et à encourager un cadre législatif et réglementaire favorable. Et bien    tion (ATU). Or ce dispositif d’accès précoce aux médicaments concerne
la réponse est non. »                                                      de nombreuses personnes atteintes de maladies rares, pour lesquelles il
La violence des débats autour de la loi éthique et le rejet des amen-      n’existe aucune alternative thérapeutique.
dements relatifs au diagnostic prénatal et préimplantatoire, pourtant      Des orientations qui témoignent, selon les deux députés, de la néces-
en ligne avec les orientations du 3e Plan National Maladies Rares,         sité de mieux informer leurs confrères. « La bataille ne se déroule pas
ont marqué Philippe Berta. Il regrette le manque de sensibilisation        seulement à l’Assemblée, mais aussi au niveau des territoires. C’est
des députés, face au lobbying des fondations, qui crient à l’eugé-         en sollicitant les députés en circonscription, en donnant un visage
nisme dès qu’il est question de diagnostic. Un constat partagé par         aux maladies rares que nous pourrons faire évoluer la représentation
l’immunologiste Jean-Louis Touraine. « Cet eugénisme, appliqué             nationale », insiste Philippe Berta. n

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SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
Progrès à venir pour le diagnostic et le dépistage ?
Les progrès thérapeutiques dans les maladies rares sont liés aux progrès dans le diagnostic
et le dépistage néonatal, un domaine où la France accuse encore un retard important.

                                                                                                       Quelle évolution du dépistage
                                                                                                       néonatal ?​
                                                                                                       Seules cinq maladies graves, bientôt six,
                                                                                                       sont dépistées en France à la naissance.
                                                                                                       Contre plus de 25 dans des pays comme
                                                                                                       l’Autriche, l’Espagne et l’Islande. Pourquoi
                                                                                                       un tel retard ? « Essentiellement pour des
                                                                                                       problèmes organisationnels », répond Fré-
                                                                                                       déric Huet, président de la Société Fran-
                                                                                                       çaise de Dépistage Néonatal. « Jusqu’à
                                                                                                       l’année dernière, il n’y avait encore aucune
                                                                                                       tutelle décisionnaire pour la mise en place
                                                                                                       de nouveaux dépistages, malgré la multi-
                                                                                                       tude d’intervenants. » Un Centre National
                                                                                                       de Coordination du Dépistage Néona-
DR

                                                                                                       tal, qui s’appuie sur la HAS, coordonne

D
                                                                                                       désormais tous les acteurs, avec également
            onner un nom à leur maladie est          ments invasifs, et donc le risque de fausses      la mission d’assurer une veille bibliogra-
            pour certains patients une épreuve       couches », explique Juliette Nectoux, géné-       phique et d’organiser les perspectives de la
            longue et difficile. Selon EUROR-        ticienne moléculaire à l’hôpital Cochin           politique de dépistage.
            DIS, 25 % des patients en Europe         (AP-HP). Et offrent de nouvelles options          Une démarche saluée par les experts, tant
attendent un diagnostic, et donc la prise en         thérapeutiques. « Des expérimentations            les besoins sont urgents. Dans le cadre
charge adéquate de leur maladie, entre cinq          sont par exemple menées avec des injec-           de l’amyotrophie spinale par exemple, les
et trente ans. Pendant ce temps, 40 % ont            tions de cellules souches chez les femmes         dépistages mis en place dans d’autres pays,
reçu un diagnostic erroné.                           enceintes, pour réduire le risque de trans-       comme la Belgique, prouvent leur effica-
Selon Jean-Louis Mandel, président de la Fon-        mettre une maladie monogénique. »                 cité. « Nous avons dépisté 55.000 enfants,
dation Maladies Rares, de nombreuses choses          Face à ces progrès technologiques majeurs,        pour un coût de deux euros par test, et dia-
sont à améliorer : «​ Une meilleure formation        les chercheurs se heurtent cependant à une        gnostiqué sept cas. Autrement dit 15.000
des médecins et de la population générale est        question fondamentale : « Comment faire           euros pour chaque patient diagnostiqué à
nécessaire. Il faut aussi lutter contre les inéga-   un diagnostic lorsque l’on ne sait pas ce que     la naissance, qui va ainsi bénéficier d’un
lités territoriales pour donner à chaque patient     l’on recherche précisément ? », s’interroge       traitement immédiat et de la possibilité
accès aux techniques de pointe, comme le             Alexandre Belot, co-animateur de la filière       de vivre normalement, par rapport à ceux
séquençage à haut débit de l’exome. »                Fai2R. « Nous pouvons en effet considérer         qui seront diagnostiqués à l’apparition
                                                     que nous sommes au début de la recherche          des symptômes, et qui vont alors souffrir
Faire progresser le diagnostic                       scientifique et que nous ne regardons pas tou-    d’un handicap majeur », explique Laurent
des maladies rares ?                                 jours du bon côté. Mais c’est aussi un élément    Servais, responsable de la consultation de
La recherche avance à grands pas. En 1981,           intrinsèque à la question des maladies rares. »   myologie pédiatrique au CHU de Liège.
un seul gène lié à une maladie rare, la drépa-                                                         « Un grand nombre de pathologies rares
nocytose, était connu. Ils sont aujourd’hui                                                            entrent progressivement dans le progrès
4.410. « Mais nous sommes encore loin de                                                               thérapeutique. Mais il faut les dépister dès
la totalité », souligne Stylianos Antonara-                                                            la naissance pour traiter au plus tôt avant
kis, professeur de médecine génétique à la                                                             l’apparition de symptômes non réver-
Faculté de médecine de l’Université de Ge-                                                             sibles », abonde Christian Cottet, directeur
nève. « Le séquençage permet aujourd’hui                                                               général de l’AFM-Téléthon. « C’est main-
de faire un diagnostic médical de 0,33%                                                                tenant un consensus scientifique et médi-
du génome. L’objectif est d’arriver dans les                                                           cal, qui correspond également à l’attente
10 à 15 ans à la totalité de l’exome, soit                                                             des malades et de leurs familles, qui en ont
environ 2 % du génome. »                                                                               compris les enjeux, non pas pour eux, mais
Les progrès du séquençage du génome                                                                    pour les générations futures. » n
en période fœtale et néonatale facilitent
également le diagnostic. « Ce sont des                                                                       Modérateur : Jean-Louis MANDEL,
techniques fiables et sûres. Elles réduisent                                                                Président, Fondation Maladies Rares
drastiquement le nombre de prélève-
                                                     DR

                                                                                                                                                  5
                                                                                            FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
Rencontres RARE 2019

PNMR3, Plan France Médecine Génomique 2025 :
où en sommes-nous ?
Porté par l’ensemble des acteurs, le 3e Plan National Maladies Rares s’attaque
notamment à l’impasse diagnostique. Son articulation avec le Plan France Médecine
Génomique 2025 laisse entrevoir de nouvelles perspectives pour les patients.
                                                                                                qui sont en impasse diagnostique. Évi-
                                                                                                demment, dans un certain nombre de cas
                                                                                                il n’y aura pas d’interprétation immédiate
                                                                                                des génomes. Il faut donc aussi trouver et
                                                                                                développer de nouvelles méthodologies
                                                                                                d’analyse », poursuit Anne Paoletti. Une
                                                                                                ambition très forte portée par un budget
                                                                                                de 20 millions d’euros.
                                                                                                Avec l’objectif d’inscrire véritablement
                                                                                                le parcours génomique dans le soin et le
                                                                                                diagnostic, sans en faire une étape de la
                                                                                                recherche, le Plan France Médecine Gé-
DR

P
                                                                                                nomique vise d’abord à créer un réseau
       ourquoi faire un bilan du 3e Plan        rares, à travers notamment deux grandes         de plateformes de séquençage très haut
       National Maladies Rares (PNMR3),         mesures. « D’une part le développement de       débit en France. « Deux plateformes sont
       un peu plus d’un an après son lan-       nouvelles bases de données interopérables et    opérationnelles pour les maladies rares,
       cement ? « C’est l’occasion de nous      réutilisables. C’est un point essentiel pour    SEQOiA en Île-de-France et AURAGEN
interroger et d’ajuster notre travail au jour   approfondir les connaissances de toutes les     en Auvergne-Rhône-Alpes. Nous recevons
le jour. Notre engagement est quotidien »,      maladies rares, développer la recherche et      déjà des trios – père, mère, enfant – pour
assure Anne-Sophie Lapointe, adjointe à         encourager de nouveaux essais cliniques.        lesquels nous réalisons des analyses du gé-
la mission « Maladies rares », au ministère     Et d’autre part, le lancement d’une action      nome entier, afin d’identifier les variations
de la Santé (DGOS). Trois thématiques           sur les impasses diagnostiques », explique      génétiques qui vont expliquer la maladie
transversales sont déclinées en 55 mesures,     Anne Paoletti, directrice scientifique, sec-    du patient », explique Damien Sanlaville,
avec une enveloppe globale de 777 millions      teur biologie santé, au ministère de l’Ensei-   responsable de la plateforme AURAGEN.
d’euros sur cinq ans : « Permettre un dia-      gnement supérieur, de la Recherche et de        Une étape essentielle pour de nombreux pa-
gnostic rapide pour chacun ; innover pour       l’Innovation -DGRI.                             tients, alors que la moitié des personnes at-
traiter ; renforcer la formation de tous les                                                    teintes de maladies rares sont sans diagnos-
acteurs. »                                      Une connexion entre                             tic précis. Le travail de ces deux plateformes
« Un grand nombre d’actions de ce               les deux plans                                  fera ensuite l’objet d’une évaluation médico-
PNMR3, comme les Protocoles Natio-              « C’est une mesure qui s’appuie notam-          économique approfondie, pour évaluer leur
naux de Diagnostic et de Soins (PNDS)           ment sur le Plan France Médecine Géno-          impact sur le parcours de soin des patients.
ou l’Education Thérapeutique du Patient         mique 2025, afin de repérer les patients
(ETP), reposent sur les centres de référence                                                    Ne pas freiner la recherche
des filières », explique Jean Pouget, vice-                                                     « Le génome va s’imposer de lui-même et
président santé du Comité opérationnel                                                          trouver sa place dans le diagnostic », affirme
du PNMR3. Autre point soulevé dans le                                                           Jean-François Deleuze, directeur du Centre
plan : les réunions de concertation plu-                                                        National de Recherche en Génomique Hu-
ridisciplinaire (RCP), qui nécessitent la                                                       maine d’Évry. « Il faut faire attention sur-
présence d’un groupe de spécialistes pour                                                       tout à ne pas freiner ces évolutions. » Une
discuter du dossier d’un patient. « Dans le                                                     révolution progressive, tant le décryptage
domaine des maladies rares, ces réunions                                                        du génome est complexe. « Nous avons clai-
sont intersites. Il faut donc construire un                                                     rement beaucoup plus d’informations que
outil informatique qui permette la com-                                                         l’on en utilise. Il faut être patient, laisser les
munication sécurisée et le déployer ensuite                                                     chercheurs et la science avancer, progresser
dans l’ensemble des centres. »                                                                  sur les connaissances biologiques, mais aussi
                                                                                                sur la modélisation mathématique. » n
Deux mesures fortes
pour la recherche                                                                                                 Modératrice :
Le plan donne également une nouvelle                                                                       Nathalie TRICLIN-CONSEIL,
                                                                                                       Présidente, Alliance Maladies Rares
impulsion à la recherche sur les maladies
                                                DR

 6
SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
Maladies rares : quel avenir pour
                                             le repositionnement de médicament ?
                                             Le repositionnement de médicaments est une opportunité
                                             pour la recherche thérapeutique. Cependant des défis
                                             persistent, malgré des succès incontestables.
DR

I
   l est intéressant d’étudier plus systématiquement des molécules            Avantages et inconvénients
   déjà existantes dans des pathologies non rares avec l’objectif de          « L’investissement est beaucoup plus limité et le temps de développe-
   les repositionner dans les maladies rares. Une stratégie qui gagne         ment divisé par trois par rapport à un médicament classique. De plus,
   du terrain : « Nous avons identifié plus de 250 projets d’innova-          le repositionnement offre une plus grande probabilité de succès selon
tion thérapeutique depuis 2012. Parmi eux, 50 % sont des reposi-              les données dont nous disposons », explique Antoine Ferry, CTRS. Les
tionnements de médicaments existants », explique Christine Fetro,             nouvelles technologies de screening de molécules ouvrent de nouvelles
responsable du Club POC, Fondation Maladies Rares. Une ten-                   perspectives. « Nous avons potentiellement accès à des traitements en
dance que confirme Yann Le Cam, CEO d’Eurordis : « Selon une                  cours de développement, en cancérologie notamment, que l'on peut
étude de la FDA, 73 médicaments avec des indications fréquentes               repositionner sur les maladies monogéniques », ajoute Guillaume
ont été développés dans des indications rares. Le potentiel et les            Canaud, professeur à l’Hôpital Necker-Enfants malades, Université
ressources sont énormes. »                                                    de Paris. Malgré tout certains défis persistent. « Développer de nou-
                                                                              velles indications peut parfois empiéter sur le modèle économique du
Une piste contre l’alcaptonurie                                               médicament dans sa première indication. Par ailleurs, il y a un risque
Nick Sireau, président de l’Alkaptonuria Society, au Royaume-                 de concurrence déloyale dans certains pays avec des préparations hos-
Uni, travaille au développement de la nitisinone, indiqué contre              pitalières. Trop souvent, les payeurs valorisent assez peu ces stratégies »,
la tyrosinémie héréditaire, et repositionné contre l’alcaptonurie.            regrette Antoine Ferry. Des incitations, un accompagnement et un
Les résultats positifs d’un essai pivot ont été présentés en janvier.         dialogue précoce sont à mettre en place avec les parties prenantes. La
« Une demande d’autorisation de mise sur le marché en Europe a                création d’un hub spécifique serait une piste d’amélioration. n
été déposée. Mais ces résultats nous permettent déjà de prescrire le
traitement à certains patients. »                                                            Modérateur : Antoine FERRY, Président, CTRS

Essais cliniques : comment promouvoir l’accès
aux patients français ?
La recherche clinique dans les maladies rares reste dynamique en France. Portée par des outils
spécifiques, mais aussi par les autorités de santé, à travers un cadre législatif plus attractif.

L
      e nombre d’essais cliniques initiés en France a diminué de 13 %         pour l’aboutissement des projets de recherche, face à la complexité
      par an entre 2015 et 2017. « Néanmoins, il y a des domaines             administrative. »
      thérapeutiques sur lesquels la recherche française reste dyna-
      mique, et celui des maladies rares en fait partie », se félicite Tho-   Un cadre réglementaire qui se réforme
mas Borel, directeur des affaires scientifiques du Leem. Les plans            L’organisation des essais cliniques en France est également pointée. « Le
maladies rares ont renforcé l’attractivité du pays, tout comme les            nouveau cadre règlementaire et le tirage au sort des comités de protec-
centres de référence, qui ont acquis pour certains une renommée               tion des personnes (CPP) ont nettement contribué au déclin de l’at-
internationale.                                                               tractivité », déplore Géraldine Honnet, directrice du développement de
Certains outils permettent aux industriels et chercheurs acadé-               Généthon. « Heureusement, les autorités ont réagi, pour mieux cibler
miques de mobiliser plus rapidement les patients, comme la BND-               les CPP selon leur expertise, mais aussi leur disponibilité. » L’ANSM
MR, « qui collecte aujourd’hui les données de patients auprès de              s’efforce de son côté d’accélérer ses procédures d’autorisation des nou-
80% des 2.228 sites maladies rares en France », explique son di-              veaux essais. « Entre 2017 et 2018, elles ont augmenté de 10 %. Tout
recteur opérationnel, Arnaud Sandrin. Et le programme RaDiCo                  n’est pas gagné, mais nous progressons », se félicite Christelle Ratignier-
« Treize cohortes qui regroupent 67 pathologies ont été consti-               Carbonneil, directrice générale adjointe de l’ANSM.
tuées », précise Sonia Gueguen, sa directrice scientifique et opéra-          Des avancées ont été faites, mais les efforts et la collaboration entre
tionnelle. « Beaucoup nous envient cette organisation de réseaux,             les acteurs doivent se poursuivre pour que la France reste une terre
filières et recherche clinique », confirme Régis Peffault de Latour,          attractive et d’excellence pour la mise en place des essais cliniques. n
coordonnateur de la filière Maladies Rares Immuno-Hématolo-
giques (MaRIH). « Mais de plus en plus d’industriels nous fuient                Modératrice : Catherine RAYNAUD, Directrice affaires publiques, Pfizer

                                                                                                                                                     7
                                                                                            FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
Rencontres RARE 2019

Quel est l’impact des sciences humaines et sociales
sur le parcours de vie des patients ?
La recherche en Sciences Humaines et Sociales a aussi comme champ d’application les maladies
rares, et aide ainsi le quotidien des patients, de leurs proches, et les professionnels de santé.

F
       ace aux maladies rares, un mot revient        « Il y a un temps nécessaire pour construire     à Louvain (Belgique). Mais tout en saluant
       régulièrement « combat ». Un combat          un langage commun et une action concer-           ces demandes des médecins, Sébastien Ruf-
       scientifique, médical, mais aussi face       tée », explique Pascale Molinier, professeure     fié, maître de Conférences en Sciences so-
       au système de soins pour améliorer           de psychologie sociale à l’Université Paris       ciales à l’Université des Antilles, prévient :
leur prise en charge et leur vie quotidienne.       13, et co-responsable du groupe “Santé et         « Les demandes sont souvent faites avec des
« J’ai mis sur pieds un projet pilote totale-       sociétés” de l’alliance Athéna.                   orientations très précises, auxquelles nous ne
ment novateur dans l’accompagnement des                                                               pouvons pas répondre. Les sciences sociales
patients et de leurs proches, comprenant des        Des réponses variées                              ne détiennent pas la vérité. Leur travail est
axes coordination et formation », témoigne          La recherche en SHS accompagne la santé           d’appréhender des réalités très diverses sur
Christine de Kalbermatten, fondatrice et di-        et répond aux questions que se posent les         le terrain et d’y répondre à travers un projet
rectrice de l’association MaRaVal (maladies         médecins, sur l’observance thérapeutique          collectif. »
rares Valais), Suisse.                              par exemple. « En tant que médecin, je me         D’après Laura Guérin, sociologue, labora-
                                                    félicite de voir des indicateurs qui montrent     toire CeRies, les recherches en SHS consi-
Des travaux multidisciplinaires                     un ralentissement de la maladie de mes pa-        dèrent les individus dans leur globalité. « La
Pour Laura Benkemoun, représentante de              tients. Pourtant, au même moment, certains        parole des patients est porteuse de sens. Par
la Fondation Maladies Rares, les projets de         se plaignent de douleurs plus importantes         exemple, elles peuvent rendre compte que
recherche en SHS doivent inclure toutes             et d’une qualité de vie qui diminue. C’est        les patients ne sont pas égaux face à la même
les parties prenantes, chercheurs, cliniciens       pour répondre à ces questions qu’il faut          maladie rare. » n
et associations de patients, afin de co-            aussi poser un autre regard sur la maladie et
construire les projets pour qu’ils répondent        le patient », explique Yves Pirson, néphro-                Modératrice : Paola DE CARLI,
aux problématiques des patients.                    logue aux cliniques universitaires Saint Luc,       Directrice scientifique, Vaincre la Mucoviscidose

Perspectives européennes
L’Union européenne joue un rôle essentiel dans la recherche et l’accès aux soins sur les maladies
rares. Son action se déploie à travers plusieurs initiatives, comme les European Reference
Network (ERN) et l’European Joint Programme on Rare Diseases (EJPRD).

U
          ne part croissante des efforts de finance-                                        ciations de patients. « L’objectif est de créer des liens du
          ment de la recherche sur les maladies est                                         laboratoire jusqu’au patient pour assurer la traduction
          assurée aujourd’hui par la communauté                                             rapide des résultats de recherche vers des applications
          européenne à travers de nombreux appels                                           cliniques. » Outre la question du financement, l’EJ-
à projets. « Les ressources sont importantes, et elles                                      PRD intervient dans la formation, l’accès aux données,
vont encore se renforcer à travers le programme                                             et la recherche clinique.
Horizon Europe. La communauté des maladies
rares doit se saisir de ces opportunités », indique                                         Des réseaux européens
Daniel Scherman, directeur de la Fondation Mala-                                           Inspirée du modèle des filières de santé maladies rares
dies Rares. Mais entre les différents programmes,                                          qui existent en France, la Commission Européenne a
                                                         DR

les infrastructures et les plates-formes existantes,                                       lancé en mars 2017 les Réseaux européens de référence
ces dispositifs manquent parfois de visibilité.                              European Reference Network (ERN). Au nombre de 24, ils bénéfi-
                                                                             cient notamment du Clinical Patient Management System (CPMS),
Coordonner les acteurs                                                       un système de télémédecine mis à disposition par l’Europe, qui doit
« Il est grand temps d’assurer une meilleure structuration et de lier        permettre à chaque patient, où qu’il soit, de bénéficier de l’expertise
l’ensemble des acteurs. D’où l’intérêt de l’European Joint Programme         européenne », précise le Pr Guillaume Jondeau, coordonnateur du
Rare Disease, né en 2019 », souligne Yanis Mimouni, senior project           réseau européen VASCERN, dédié aux maladies vasculaires rares.
manager du programme. Financé à hauteur de 80 millions d’euros,
il est dédié aux projets transnationaux, incluant au minimum quatre                            Modérateur : Daniel SCHERMAN,
partenaires, avec pour la première fois la possibilité d’inclure les asso-                     Directeur, Fondation Maladies Rares

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SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
Thérapie génique : des preuves de concept
pré-cliniques à la mise sur le marché
La thérapie génique consiste à introduire un gène manquant ou un gène
thérapeutique dans des cellules des patients, à l’aide de vecteurs, afin de corriger
durablement le défaut génétique ou améliorer la fonction des cellules.

«U
                n saut énorme a été réalisé en      développement du vecteur humain en 2013,            Comment ? », s’interroge la chercheuse.
                1999 avec l’isolation du virus      avec une société américaine pour amener en-         Vient enfin la question de l’autorisation de
                du sida comme vecteur de            suite ce produit vers la recherche clinique. »      mise sur le marché. « Une AMM condition-
                transfert de gènes », explique      Un essai a débuté en 2017 auprès de 12              nelle peut être obtenue avec les résultats posi-
Nathalie Cartier, directrice de recherche à         patients. « Sept patients respirent désormais       tifs d’un seul essai clinique, face à certaines
l’Inserm. Son équipe s’est appliquée à mettre       par eux-mêmes, sans assistance respiratoire,        maladies sévères et ultra-rares », explique
au point une thérapie génique dans l’adréno-        plusieurs se tiennent debout et l’un d’eux          Géraldine Honnet, directrice du développe-
leucodystrophie et à démontrer sa sécurité,         marche », se félicite Ana Buj Bello.                ment de Généthon. « C’est une étape impor-
pour débuter les essais cliniques en 2006.                                                              tante, mais il faut alors continuer à suivre les
Fort de ses premiers résultats positifs, un essai   Des questions à résoudre                            patients et collecter des données pour consti-
de phase III auprès de 32 patients est désor-       L’équipe d’Hélène Puccio, chercheuse à              tuer sur un dossier complet et s’assurer de
mais en cours de finalisation, avec l’appui du      l’IGBMC, s’est attaquée à la mise au point          l’efficacité du traitement à long terme. »
laboratoire bluebird bio.                           d’une thérapie génique dans l’Ataxie de Frie-       Jean-Antoine Ribeil, directeur médical de
                                                    dreich. Malgré de bons résultats obtenus sur        bluebirdbio, a indiqué que le laboratoire a
Des traitements révolutionnaires                    des souris, des questions restent à résoudre        obtenu l’autorisation conditionnelle de mise
Contre la myopathie myotubulaire, Ana Buj           avant de passer chez l’homme. « Quelle quan-        sur le marché pour un produit dans la béta-
Bello, chercheuse au centre de recherche Gé-        tité de traitement faut-il pour assurer son         thalassémie. n
néthon, témoigne « Les tests ont débuté en          efficacité sans dangerosité ? Peut-on l’admi-
laboratoire en 2004. Nous avons entamé le           nistrer à tous les tissus ? Avec quels vecteurs ?     Modératrice : Nathalie CARTIER, INSERM

Comment appréhender les enjeux du modèle
économique de la thérapie génique ?
Espoir pour de nombreux patients, la thérapie génique est vue comme un
défi pour les payeurs, face au succès de l’arrivée de ces nouveaux traitements,
dont le coût dépasse parfois le million d’euros à ce stade.

L
     es thérapies géniques ne sont pas des mé-      traités pendant toute leur vie. » Autant de         est un outil qui s’applique à des maladies
     dicaments comme les autres. Complexes          spécificités qui imposent, selon les labo-          et des contextes très différents. Le modèle
     à développer, mais aussi à produire, elles     ratoires, la mise en place d’un nouveau             ne peut être le même s’il s’agit par exemple
     répondent à d’importants besoins médi-         modèle économique. « Il faut une vision             de soigner tous les malades à un moment
caux non satisfaits, avec des résultats remar-      beaucoup plus globale de l’impact médico-           donné ou quelques-uns chaque année. »
quables. « Elles ont l’ambition avec une seule      économique de ces traitements, y compris            Un débat passionné conclu malgré tout
dose de restaurer une fonction. Nous sortons        sur la création de savoirs et de l’outil indus-     par une certitude partagée : « Nous nous
donc de l’innovation incrémentale, mais aussi       triel en France », estime Sylvain Forget, pré-      retrouvons sur la nécessité de transparence
des systèmes habituels d’évaluation », souligne     sident co-fondateur de BlueDil.                     sur ces questions de prix, qui est insuffisante
Paul Lévesque, président du groupe maladies                                                             aujourd’hui en France, et sur la nécessité
rares du laboratoire Pfizer.                        Des patients inquiets                               d’élaborer un modèle économique conjoin-
Eric Baseilhac, directeur des Affaires écono-       Les associations redoutent toutefois cette          tement entre les parties pour permettre
miques du Leem, met également en avant              flambée des prix qui pourrait menacer               l’accès le plus large aux patients », souligne
l’incertitude qui entoure ces traitements.          l’accès de tous les patients à ces thérapies.       Jean-Pierre Gaspard. n
Les résultats obtenus vont-ils se maintenir         Christophe Duguet, directeur des Affaires
dans la durée ? « L’industriel doit intégrer        publiques de l’AFM-Téléthon, rejette l’idée            Modérateur : Jean-Pierre GASPARD,
cette incertitude et ne plus regarder seule-        d’un modèle économique spécifique aux                 Directeur général, AFM-Téléthon et Directeur
ment son produit, mais aussi les patients           thérapies géniques. « La thérapie génique                 opérationnel, Institut des Biothérapies

                                                                                                                                                   11
                                                                                            FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
Rencontres RARE 2019

La digitalisation est-elle une chance pour les maladies rares ?
La digitalisation du système de santé bouleverse le quotidien des patients, des professionnels de
santé et des chercheurs.

                                                 équipe soignante, ses prochains rendez-vous,         décloisonner les réunions de concertation
                                                 ses notes ou encore son traitement, afin de          pluridisciplinaire (RCP). Elles permettent
                                                 favoriser l’observance », explique Nizar Ma-         aux médecins d’avoir accès à des experts
                                                 hlaoui, responsable du centre de référence           situés parfois à plus de 1.000 km de l’hôpi-
                                                 déficits immunitaires héréditaires de l’enfant       tal ! », poursuit Pierre Espinoza, de la So-
                                                 et de l’adulte (CEREDIH).                            ciété française de santé digitale. L’ARS Au-
                                                                                                      vergne-Rhône-Alpes a par exemple adopté
                                                 Des données pour la recherche                        SARA, un système qui permet d’organiser
DR

L
                                                 La recherche bénéficie également de ces              des web-conférences pour les RCP. « Réu-
      es maladies rares n’échappent pas à la     outils. Jean-Louis Mandel, médecin cher-             nir dans la même salle tous les spécialistes
      révolution digitale. « Nous sommes         cheur en génétique, a ainsi initié en 2014 le        pour discuter du dossier d’un patient est
      résolument optimistes. La digitalisation   projet GenIDA, pour améliorer la connais-            très compliqué. Mais l’outil numérique
      permet de mieux connaître la maladie       sance clinique des déficiences intellectuelles       permet de le faire », se félicite Éric Hachul-
rare et le malade. Elle favorise son autonomi-   monogéniques, qui affectent plus de 1 % de           la, coordonnateur de la filière de FAI²R.
sation. À condition cependant de respecter       la population. Des malades qui sont souvent          Des dispositifs similaires sont développés
un impératif de co-construction. Les outils      suivis par leur médecin généraliste, d’où un         au niveau européen, à travers les réseaux de
digitaux ne seront opérationnels que si les      manque de données scientifiques. « Nous              référence maladies rares (ERN). « Ils per-
patients se les approprient pleinement », sou-   avons mis en place une plateforme digitale,          mettent d’apporter l’expertise au malade,
ligne Jean Philippe Plançon, administrateur      où les parents peuvent répondre à des ques-          plutôt que de l’obliger à se déplacer dans
de l’Alliance Maladies Rares.                    tions, qui explorent à peu près toutes les dys-      un autre pays pour trouver des solutions »,
L’hôpital Necker propose à ses jeunes patients   fonctions possibles. » Disponible en cinq lan-       souligne Christine Bodemer, coordinatrice
une application mobile, baptisée « La Suite      gues, le dispositif a déjà recueilli 750 dossiers.   de l’ERN-SKIN. n
Necker », pour les préparer à la transition
de la médecine pédiatrique vers la médecine      Un bouleversement pour les RCP                        Modératrice : Caroline BLANC-CROUZIER,
pour adultes. « Elle permet d’enregistrer son    « Les outils numériques permettent de                 Vice-Présidente, Comité Maladies Rares du LEEM

De la recherche à l’accessibilité des thérapies innovantes
Tout en saluant les innovations françaises et mondiales, Alain Fischer, professeur au Collège de
France, médecin à l’institut Imagine (hôpital Necker) attire l’attention sur des prix devenus
insoutenables pour les systèmes de santé.
Des bonnes nouvelles                                                                         de dollars. D’après l’ICER (Institute for Clinical
« Un état des lieux montre qu’aujourd'hui la thérapie                                        and Economic Review), si demain 1 % des patients
génique a prouvé son efficacité pour 12 maladies, sur                                        atteints de maladies génétiques ou maladies rares
du long terme (depuis 20 ans) ou plus récemment.                                             avaient une thérapie génique pour un prix moyen
Ces progrès, qui découlent des considérables efforts                                         de 1 million de dollars, les États-Unis devraient
fournis par la recherche fondamentale, ont abouti à                                          doubler leur budget de médicament. C’est une si-
des médicaments approuvés et disponibles pour six                                            tuation intenable. »
maladies : SCID-ADA, amaurose de Leber, bêta-tha-
lassémie, amyotrophie spinale, leucémie aiguë lym-                                           De nouvelles propositions
phoblastique B et lymphome B à grandes cellules. De                                         « Il faut un accès à tous aux nouveaux traitements,
nombreuses autres études sont en cours, notamment                                           aussi chers soient-ils, sans brider l’initiative ni le sa-
dans le domaine des maladies rares, et de nouveaux                                          voir-faire des entreprises. Les prix doivent avoir des
                                                         DR

produits seront certainement développés. »                                                  critères de fixation qui peuvent être le “value based
                                                                            pricing” s’il est considéré comme un maximum et étalé dans le
Des préoccupations économiques                                              temps. Les coûts doivent être transparents, en R&D mais aussi en
« Le prix des médicaments est généralement conditionné par des              marketing. Les apports du monde académique sans profit doivent
critères d’efficacité et par le nombre de malades à traiter dans le         être considérés à leur juste place. Enfin, la négociation des prix
monde. Mais on observe une inquiétante escalade des prix pour               doit être transparente et l’Europe doit agir de manière unie pour
les maladies héréditaires qui coûtent de 600.000 à 2,1 millions             de meilleures négociations. » n

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SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Modification du génome : Quelles implications ?
Quelles applications ?
Les nouvelles techniques de modification du génome ont des implications considérables
dans la recherche. Elles ouvrent la voie à de nouveaux traitements.

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           epuis 2012, l’avènement du sys-                                                               molécules. Pour aller au bout de notre objectif,
           tème CRISPR-Cas9, caractérisé par                                                             qui est de proposer un traitement à tous les
           sa très grande simplicité et son coût                                                         patients, notre recherche s’intéresse aussi à la
           modeste, révolutionne l’édition                                                               thérapie génique », explique Gabriel Martin,
génomique. « Son utilisation est énorme.                                                                 directeur général de Vertex France. Une voie
Elle remplace tous les systèmes d’édition des                                                            que le laboratoire pourrait rapidement ouvrir
gènes existants », explique Alain Hovnanian,                                                             à de nouvelles aires thérapeutiques, comme la
dermatologue, spécialiste des maladies géné-                                                             bêta-thalassémie et la drépanocytose.
tiques cutanées à l’Hôpital Necker, interrogé                                                            Mais si la recherche préclinique avance à
                                                   DR

par Alexandre Méjat, AFM, Eurordis. « On                                                                 grande vitesse, notamment dans le domaine
l’utilise tous les jours pour invalider un gène    tements par Car-T Cells, par exemple pour             des maladies géniques de la peau, les cher-
et comprendre ainsi sa fonction dans la mala-      traiter des hémopathies malignes. »                   cheurs restent prudents sur l’étape suivante.
die, à travers un système cellulaire in vitro ou                                                         « Avant de passer à l’homme, il faut s’assurer
in vivo chez la souris. »                          Une piste contre la mucoviscidose                     de l’absence d’effets “hors-cible” non désirés,
Si l’outil permet en effet de créer de nou-        Spécialiste de la mucoviscidose, le laboratoire       mais aussi de l’efficacité de la correction »,
veaux modèles dans les laboratoires, com-          Vertex s’est associé avec CRISPR Therapeu-            souligne Alain Hovnanian. « Mais les re-
ment peut-il se transposer ensuite dans une        tics pour trouver de nouvelles applications.          cherches sont nombreuses et l’espoir de trai-
application thérapeutique? « Plusieurs essais      « Nos traitements ont aujourd’hui le potentiel        ter certaines maladies est bien là. » n
cliniques utilisent aujourd’hui le système         de traiter 90 % des patients. Mais 10 % des
CRISPR-Cas9, comme en Chine. C’est une             patients ne synthétisent pas la protéine à l’ori-      Modératrice: Anne-Sophie CHALANDON,
technologie appliquée notamment aux trai-          gine de la maladie, et qui est la cible de nos        Responsable affaires publiques, Sanofi Genzyme

Et si l’avenir des maladies fréquentes passait
par les avancées des maladies rares ?
La recherche sur les maladies rares peut bénéficier à des maladies plus fréquentes, notamment
par l’identification de mécanismes biologiques partagés.

L
      ’accélération fulgurante des techno-         De la maladie rare à                                                        Traiter les maladies
      logies de séquençage du génome a             Alzheimer                                                                   du vieillissement
      permis aux chercheurs de multiplier          Olivier Hermine, hématologue à                                             Autre exemple, les tra-
      les études pour tenter de comprendre         l’hôpital Necker, spécialiste des mas-                                     vaux de Nicolas Lévy,
                                                                                             DR

les maladies les plus courantes, sans pour         tocytoses, un groupe d’hémopathies                                         généticien à l’hôpital
autant « percer des voies biologiques pour         malignes rares, a élargi ses recherches après         de la Timone (AP-HM), qui a découvert
aller au-delà dans l’explication, et ainsi         avoir constaté un lien entre la prolifération de      le gène du vieillissement prématuré des
permettre la voie thérapeutique. » En re-          mastocytes dans les tissus et des troubles neu-       enfants atteints de progéria. Un traitement
vanche, « en travaillant sur des phénotypes        ropsychiatriques. Le masitinib, un traitement         est actuellement testé au sein de la start-up
exceptionnels, parfois très uniques, les spé-      contre les mastocytoses, développé au sein de         ProGeLife, qu’il a cofondée. « Les premiers
cialistes des maladies rares sont parvenus         la start-up AB Science, a ainsi démontré, lors        résultats sont encourageants et nous envisa-
à élucider certaines voies génétiques de           des essais en cours chez l’homme, des effets po-      geons parallèlement d’adapter le traitement
maladies, ouvrant ainsi de nouvelles pistes        sitifs sur le cerveau des patients. « Nous avons      à d’autres types de pathologies », explique-
de recherche », souligne Stanislas Lyonnet,        alors pensé que le traitement pourrait avoir          t-il. D’autres maladies génétiques liées à un
directeur général de l’Institut Imagine.           des applications potentielles dans les maladies       vieillissement prématuré sont ciblées, mais
« Ce contraste, assez criant, pousse les           neuropsychiatriques avec des troubles cogni-          aussi des pathologies plus courantes, comme
chercheurs à se demander si ces phéno-             tifs, voir des troubles dépressifs », explique Oli-   le VIH ou en oncologie. n
types extrêmes ne peuvent pas élucider ou          vier Hermine, qui a notamment lancé l’évalua-
éclairer des champs entiers de pathologies         tion clinique du traitement chez des patients              Modérateur : Stanislas LYONNET,
beaucoup plus communes. »                          atteints de la maladie d’Alzheimer.                         Directeur Général, Institut Imagine

                                                                                                                                                     9
                                                                                             FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
PARTENAIRES GOLD

Le Comité d’organisation remercie vivement tous les
intervenants et participants qui ont contribué au succès de
ces deux journées d’échanges, ainsi que tous nos partenaires
sans lesquels ce congrès n’aurait pas pu avoir lieu. Nous
remercions également nos prestataires et particulièrement
Clémentine Vallet de l’agence Hopscotch et toute l’équipe de
la Cité des Sciences pour leur accompagnement.

         Vous pourrez retrouver sur le site internet
                     www.rareparis.com
         toutes les vidéos des sessions, les posters
           et les présentations des intervenants.
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