Rare 2019 5 & 6 NOVEMBRE 2019 - Cité des Sciences et de l'Industrie - Fondation maladies rares
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rare PARTENAIRE 2019 les rencontres des maladies rares 5 & 6 NOVEMBRE 2019 Cité des Sciences et de l’Industrie Paris - France Supplément n° 2 au n° 274 Février 2020 rareparis.com/2019
Rencontres RARE 2019 ÉDiTO CO-PRÉSIDENTS DU COMITÉ D’ORGANISATION Chers lecteurs, DR “Les Rencontres RARE 2019” est un évènement organisé tous les 2 ans, pour la promotion Marie-Pierre d’une politique de santé et de recherche au service des personnes atteintes de maladies rares. Bichet, Vice-prési- dente de l’Alliance Il réunit tous les acteurs essentiels à savoir les décideurs publics, les professionnels de santé Maladies Rares. et de la recherche, les représentants de malades et les industriels du médicament et des produits de santé. Pour leur 6e édition (organisée à la Cité des sciences et de l’industrie les 5 et 6 novembre 2019), ces Rencontres RARE portaient essentiellement sur la recherche, dans toutes ses di- mensions au niveau français et européen, qu’il s’agisse du diagnostic, des essais cliniques, des thérapies innovantes, de la modification du génome, du repositionnement des médicaments, des sciences humaines et sociales ou encore du modèle économique des nouvelles thérapies. DR Autant de sujets où la rareté impacte directement les modèles habituels et où une collabo- Caroline ration forte entre tous les acteurs, en France et avec les autres pays, est essentielle pour re- Blanc-Crouzier, Vice-présidente lever les nombreux défis et trouver de nouveaux traitements et solutions pour les personnes du Comité maladies malades. La présence de Madame Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé rares du Leem. et sa prise de parole ont valorisé ce travail et cette mobilisation commune. Avec plus de 600 personnes présentes sur les 2 journées, ces Rencontres RARE 2019 ont été une fois de plus un succès. Elles ont participé à la mise en commun des savoirs, ont permis d’échanger et de débattre ensemble. Chacun a pu repartir avec une mois- son de rencontres et d’idées. Il est désormais important que ce dialogue puisse perdurer avec l’ensemble des parties prenantes, les travaux réalisés dans le cadre de la mise en œuvre du 3e Plan National Maladies Rares apparaissent comme le bon vecteur de celui-ci. DR Jean-Louis Mandel, Président de la Fondation Nous vous donnons rendez-vous en 2021 ! Maladies Rares. 2 SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Supplément n° 2 au n° 274 PR EDITIONS - Tour D2 17 bis, Place des Reflets 92400 Courbevoie, France - Tél. : +33 (0)1 73 20 40 00 e-mail : redaction@pharmaceutiques.com www.pharmaceutiques.com rare 2019 les rencontres des maladies rares FONDATEUR : Daniel Vial DIRECTEUR GÉNÉRAL DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Pierre Sanchez 61 RÉDACTEUR EN CHEF : Hervé Réquillart RÉDACTION : Fabien Nizon PUBLICITÉ : Frédérique Ronteix 5 & 6 NOVEMBRE 2019 Tél. : 01 73 20 50 01 Cité des Sciences et de l’Industrie Edouard Massé Paris - France Tel. : 01 73 20 46 13 ABONNEMENTS : Route 66 Tél. : 01 40 92 70 58 a.giacomatos@route66-agence.com MAQUETTE : Olivier Rive, Antoine Noiran IMPRESSION : Arts et Caractères 81500 Lavaur EDITEUR : PR Editions SAS (Société par Actions Simplifiées) Directeur général - Directeur de la publication : Pierre Sanchez Principal actionnaire : IQVIA HOLDINGS France SAS durée 50 ans à compter du 08/12/1992 Mensuel : dix numéros par an Abonnement (TVA : 2,10 %) France et UE : 260 euros TTC Etranger (Hors UE) : 270 euros (HT) Abonnements groupés rareparis.com/2019 (à partir de 10 abonnements) : nous consulter Prix au numéro : 28 euros TTC 4 • Un espace d’échange privilégié pour 9 • Modification du génome : Quelles la communauté maladies rares implications ? Quelles applications ? Numéro ISSN : 1240-0866 • Les maladies rares dans le débat • Et si l’avenir des maladies fréquentes Commission paritaire : 0220T81241 parlementaire passait par les avancées des maladies rares ? Supplément n° 2 au n° 274 de Pharmaceutiques. 5 • Progrès à venir pour le diagnostic et le dépistage ? 10 • Quel est l’impact des sciences humaines et sociales sur le parcours 6 • PNMR3, Plan France Médecine de vie des patients ? Génomique 2025 : où en sommes- • Perspectives européennes nous ? 11 • Thérapie génique : des preuves 7 • Maladies rares : quel avenir pour de concept pré-cliniques à la mise sur le repositionnement de médicament ? le marché • Essais cliniques : comment • Comment appréhender les enjeux promouvoir l’accès aux patients du modèle économique de la thérapie français ? génique ? 8 • La digitalisation est-elle une chance pour les maladies rares ? • De la recherche à l’accessibilité des thérapies innovantes 3 FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
Rencontres RARE 2019 RARE 2019 : un espace d’échange privilégié pour la communauté maladies rares construit des dispositifs per- souhaitons également que l’excellence fran- tinents et utiles, au point çaise dans ce domaine puisse être défendue, d’être souvent considérée reconnue et renforcée. Pour les entreprises comme un modèle, nous du médicament, ces moments d’échanges partageons tous cette res- autour de solutions qui restent à construire ponsabilité de faire en sorte collectivement sont aussi une source d’ins- que la dynamique perdure. piration, qui donnent du sens aux projets Et que le troisième Plan mis en place au quotidien. » Maladies Rares, annoncé il y a un peu plus d’un an, soit un succès pour les malades Jean-Louis Mandel, Président de la Fondation Maladies Rares DR et les familles. » « La recherche sur les maladies rares est Marie-Pierre Bichet, Caroline Blanc-Crouzier, absolument nécessaire pour un diagnostic Vice-présidente de l’Alliance Vice-présidente du Comité plus rapide et précis des patients. Pour dé- Maladies Rares maladies rares du Leem velopper également de nouvelles molécules, « Depuis 20 ans, l’Alliance Maladies Rares « La recherche sur les maladies rares s’af- des thérapies géniques et cellulaires, et re- s’est donné pour objectif d’unir, de témoi- firme comme l’un des axes porteurs de l’in- positionner certains médicaments. Il s’agit gner, d’initier des dynamiques, de construire, novation de demain. Il faut s’assurer que aussi d’identifier où sont les progrès et où de mettre les forces en action et d’y entraî- l’environnement scientifique, économique, sont les verrous et obstacles à surmonter. ner tous les acteurs. Ce sont ces principes qui réglementaire et sociétal permette de sou- Par exemple, comment produire les quan- nous guident pour poursuivre la lutte contre tenir ces innovations de manière pérenne. tités de vecteurs de thérapies géniques qui les maladies rares. Ce sont aussi ces principes C’est aussi l’un des objectifs de cette nou- seront nécessaires, et à un prix abordable ? qui guident la réalisation de ces rencontres velle édition des rencontres RARE. Dans C’est un problème scientifique, technique RARE. Si la France peut être fière d’avoir un contexte économique contraint, nous et financier. » Les maladies rares dans le débat parlementaire Les députés Philippe Berta et Jean-Louis Touraine ont profité des Rencontres RARE pour témoigner leur soutien aux patients, à leurs familles et aux professionnels de santé. En les appelant également à se mobiliser pour peser dans le débat parlementaire. «A idez-moi à vous aider. » à tort et à travers, est utilisé comme un C’est l’appel du député Phi- moyen de bloquer toutes avancées. Mais il lippe Berta, président du ne faut pas confondre eugénisme et préven- groupe d’études sur les ma- tion de souffrance inutile. Ni une approche ladies rares de l’Assemblée Nationale, dans prudente et souhaitable avec une frilosité un message résolument incisif. « On aurait excessive, inhibitrice, qui nous empêche pu croire que trois millions de malades, d’avancer », insiste le député. dont 75 % d’enfants, qu’une communauté Autre point d’alarme, le budget 2020 de investie et dynamique, qu’une éclosion thé- la sécurité sociale (PLFSS), qui restreint le DR rapeutique suffiraient à sensibiliser les élus champ des autorisations temporaires d’utilisa- et à encourager un cadre législatif et réglementaire favorable. Et bien tion (ATU). Or ce dispositif d’accès précoce aux médicaments concerne la réponse est non. » de nombreuses personnes atteintes de maladies rares, pour lesquelles il La violence des débats autour de la loi éthique et le rejet des amen- n’existe aucune alternative thérapeutique. dements relatifs au diagnostic prénatal et préimplantatoire, pourtant Des orientations qui témoignent, selon les deux députés, de la néces- en ligne avec les orientations du 3e Plan National Maladies Rares, sité de mieux informer leurs confrères. « La bataille ne se déroule pas ont marqué Philippe Berta. Il regrette le manque de sensibilisation seulement à l’Assemblée, mais aussi au niveau des territoires. C’est des députés, face au lobbying des fondations, qui crient à l’eugé- en sollicitant les députés en circonscription, en donnant un visage nisme dès qu’il est question de diagnostic. Un constat partagé par aux maladies rares que nous pourrons faire évoluer la représentation l’immunologiste Jean-Louis Touraine. « Cet eugénisme, appliqué nationale », insiste Philippe Berta. n 4 SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Progrès à venir pour le diagnostic et le dépistage ? Les progrès thérapeutiques dans les maladies rares sont liés aux progrès dans le diagnostic et le dépistage néonatal, un domaine où la France accuse encore un retard important. Quelle évolution du dépistage néonatal ? Seules cinq maladies graves, bientôt six, sont dépistées en France à la naissance. Contre plus de 25 dans des pays comme l’Autriche, l’Espagne et l’Islande. Pourquoi un tel retard ? « Essentiellement pour des problèmes organisationnels », répond Fré- déric Huet, président de la Société Fran- çaise de Dépistage Néonatal. « Jusqu’à l’année dernière, il n’y avait encore aucune tutelle décisionnaire pour la mise en place de nouveaux dépistages, malgré la multi- tude d’intervenants. » Un Centre National de Coordination du Dépistage Néona- DR tal, qui s’appuie sur la HAS, coordonne D désormais tous les acteurs, avec également onner un nom à leur maladie est ments invasifs, et donc le risque de fausses la mission d’assurer une veille bibliogra- pour certains patients une épreuve couches », explique Juliette Nectoux, géné- phique et d’organiser les perspectives de la longue et difficile. Selon EUROR- ticienne moléculaire à l’hôpital Cochin politique de dépistage. DIS, 25 % des patients en Europe (AP-HP). Et offrent de nouvelles options Une démarche saluée par les experts, tant attendent un diagnostic, et donc la prise en thérapeutiques. « Des expérimentations les besoins sont urgents. Dans le cadre charge adéquate de leur maladie, entre cinq sont par exemple menées avec des injec- de l’amyotrophie spinale par exemple, les et trente ans. Pendant ce temps, 40 % ont tions de cellules souches chez les femmes dépistages mis en place dans d’autres pays, reçu un diagnostic erroné. enceintes, pour réduire le risque de trans- comme la Belgique, prouvent leur effica- Selon Jean-Louis Mandel, président de la Fon- mettre une maladie monogénique. » cité. « Nous avons dépisté 55.000 enfants, dation Maladies Rares, de nombreuses choses Face à ces progrès technologiques majeurs, pour un coût de deux euros par test, et dia- sont à améliorer : « Une meilleure formation les chercheurs se heurtent cependant à une gnostiqué sept cas. Autrement dit 15.000 des médecins et de la population générale est question fondamentale : « Comment faire euros pour chaque patient diagnostiqué à nécessaire. Il faut aussi lutter contre les inéga- un diagnostic lorsque l’on ne sait pas ce que la naissance, qui va ainsi bénéficier d’un lités territoriales pour donner à chaque patient l’on recherche précisément ? », s’interroge traitement immédiat et de la possibilité accès aux techniques de pointe, comme le Alexandre Belot, co-animateur de la filière de vivre normalement, par rapport à ceux séquençage à haut débit de l’exome. » Fai2R. « Nous pouvons en effet considérer qui seront diagnostiqués à l’apparition que nous sommes au début de la recherche des symptômes, et qui vont alors souffrir Faire progresser le diagnostic scientifique et que nous ne regardons pas tou- d’un handicap majeur », explique Laurent des maladies rares ? jours du bon côté. Mais c’est aussi un élément Servais, responsable de la consultation de La recherche avance à grands pas. En 1981, intrinsèque à la question des maladies rares. » myologie pédiatrique au CHU de Liège. un seul gène lié à une maladie rare, la drépa- « Un grand nombre de pathologies rares nocytose, était connu. Ils sont aujourd’hui entrent progressivement dans le progrès 4.410. « Mais nous sommes encore loin de thérapeutique. Mais il faut les dépister dès la totalité », souligne Stylianos Antonara- la naissance pour traiter au plus tôt avant kis, professeur de médecine génétique à la l’apparition de symptômes non réver- Faculté de médecine de l’Université de Ge- sibles », abonde Christian Cottet, directeur nève. « Le séquençage permet aujourd’hui général de l’AFM-Téléthon. « C’est main- de faire un diagnostic médical de 0,33% tenant un consensus scientifique et médi- du génome. L’objectif est d’arriver dans les cal, qui correspond également à l’attente 10 à 15 ans à la totalité de l’exome, soit des malades et de leurs familles, qui en ont environ 2 % du génome. » compris les enjeux, non pas pour eux, mais Les progrès du séquençage du génome pour les générations futures. » n en période fœtale et néonatale facilitent également le diagnostic. « Ce sont des Modérateur : Jean-Louis MANDEL, techniques fiables et sûres. Elles réduisent Président, Fondation Maladies Rares drastiquement le nombre de prélève- DR 5 FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
Rencontres RARE 2019 PNMR3, Plan France Médecine Génomique 2025 : où en sommes-nous ? Porté par l’ensemble des acteurs, le 3e Plan National Maladies Rares s’attaque notamment à l’impasse diagnostique. Son articulation avec le Plan France Médecine Génomique 2025 laisse entrevoir de nouvelles perspectives pour les patients. qui sont en impasse diagnostique. Évi- demment, dans un certain nombre de cas il n’y aura pas d’interprétation immédiate des génomes. Il faut donc aussi trouver et développer de nouvelles méthodologies d’analyse », poursuit Anne Paoletti. Une ambition très forte portée par un budget de 20 millions d’euros. Avec l’objectif d’inscrire véritablement le parcours génomique dans le soin et le diagnostic, sans en faire une étape de la recherche, le Plan France Médecine Gé- DR P nomique vise d’abord à créer un réseau ourquoi faire un bilan du 3e Plan rares, à travers notamment deux grandes de plateformes de séquençage très haut National Maladies Rares (PNMR3), mesures. « D’une part le développement de débit en France. « Deux plateformes sont un peu plus d’un an après son lan- nouvelles bases de données interopérables et opérationnelles pour les maladies rares, cement ? « C’est l’occasion de nous réutilisables. C’est un point essentiel pour SEQOiA en Île-de-France et AURAGEN interroger et d’ajuster notre travail au jour approfondir les connaissances de toutes les en Auvergne-Rhône-Alpes. Nous recevons le jour. Notre engagement est quotidien », maladies rares, développer la recherche et déjà des trios – père, mère, enfant – pour assure Anne-Sophie Lapointe, adjointe à encourager de nouveaux essais cliniques. lesquels nous réalisons des analyses du gé- la mission « Maladies rares », au ministère Et d’autre part, le lancement d’une action nome entier, afin d’identifier les variations de la Santé (DGOS). Trois thématiques sur les impasses diagnostiques », explique génétiques qui vont expliquer la maladie transversales sont déclinées en 55 mesures, Anne Paoletti, directrice scientifique, sec- du patient », explique Damien Sanlaville, avec une enveloppe globale de 777 millions teur biologie santé, au ministère de l’Ensei- responsable de la plateforme AURAGEN. d’euros sur cinq ans : « Permettre un dia- gnement supérieur, de la Recherche et de Une étape essentielle pour de nombreux pa- gnostic rapide pour chacun ; innover pour l’Innovation -DGRI. tients, alors que la moitié des personnes at- traiter ; renforcer la formation de tous les teintes de maladies rares sont sans diagnos- acteurs. » Une connexion entre tic précis. Le travail de ces deux plateformes « Un grand nombre d’actions de ce les deux plans fera ensuite l’objet d’une évaluation médico- PNMR3, comme les Protocoles Natio- « C’est une mesure qui s’appuie notam- économique approfondie, pour évaluer leur naux de Diagnostic et de Soins (PNDS) ment sur le Plan France Médecine Géno- impact sur le parcours de soin des patients. ou l’Education Thérapeutique du Patient mique 2025, afin de repérer les patients (ETP), reposent sur les centres de référence Ne pas freiner la recherche des filières », explique Jean Pouget, vice- « Le génome va s’imposer de lui-même et président santé du Comité opérationnel trouver sa place dans le diagnostic », affirme du PNMR3. Autre point soulevé dans le Jean-François Deleuze, directeur du Centre plan : les réunions de concertation plu- National de Recherche en Génomique Hu- ridisciplinaire (RCP), qui nécessitent la maine d’Évry. « Il faut faire attention sur- présence d’un groupe de spécialistes pour tout à ne pas freiner ces évolutions. » Une discuter du dossier d’un patient. « Dans le révolution progressive, tant le décryptage domaine des maladies rares, ces réunions du génome est complexe. « Nous avons clai- sont intersites. Il faut donc construire un rement beaucoup plus d’informations que outil informatique qui permette la com- l’on en utilise. Il faut être patient, laisser les munication sécurisée et le déployer ensuite chercheurs et la science avancer, progresser dans l’ensemble des centres. » sur les connaissances biologiques, mais aussi sur la modélisation mathématique. » n Deux mesures fortes pour la recherche Modératrice : Le plan donne également une nouvelle Nathalie TRICLIN-CONSEIL, Présidente, Alliance Maladies Rares impulsion à la recherche sur les maladies DR 6 SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Maladies rares : quel avenir pour le repositionnement de médicament ? Le repositionnement de médicaments est une opportunité pour la recherche thérapeutique. Cependant des défis persistent, malgré des succès incontestables. DR I l est intéressant d’étudier plus systématiquement des molécules Avantages et inconvénients déjà existantes dans des pathologies non rares avec l’objectif de « L’investissement est beaucoup plus limité et le temps de développe- les repositionner dans les maladies rares. Une stratégie qui gagne ment divisé par trois par rapport à un médicament classique. De plus, du terrain : « Nous avons identifié plus de 250 projets d’innova- le repositionnement offre une plus grande probabilité de succès selon tion thérapeutique depuis 2012. Parmi eux, 50 % sont des reposi- les données dont nous disposons », explique Antoine Ferry, CTRS. Les tionnements de médicaments existants », explique Christine Fetro, nouvelles technologies de screening de molécules ouvrent de nouvelles responsable du Club POC, Fondation Maladies Rares. Une ten- perspectives. « Nous avons potentiellement accès à des traitements en dance que confirme Yann Le Cam, CEO d’Eurordis : « Selon une cours de développement, en cancérologie notamment, que l'on peut étude de la FDA, 73 médicaments avec des indications fréquentes repositionner sur les maladies monogéniques », ajoute Guillaume ont été développés dans des indications rares. Le potentiel et les Canaud, professeur à l’Hôpital Necker-Enfants malades, Université ressources sont énormes. » de Paris. Malgré tout certains défis persistent. « Développer de nou- velles indications peut parfois empiéter sur le modèle économique du Une piste contre l’alcaptonurie médicament dans sa première indication. Par ailleurs, il y a un risque Nick Sireau, président de l’Alkaptonuria Society, au Royaume- de concurrence déloyale dans certains pays avec des préparations hos- Uni, travaille au développement de la nitisinone, indiqué contre pitalières. Trop souvent, les payeurs valorisent assez peu ces stratégies », la tyrosinémie héréditaire, et repositionné contre l’alcaptonurie. regrette Antoine Ferry. Des incitations, un accompagnement et un Les résultats positifs d’un essai pivot ont été présentés en janvier. dialogue précoce sont à mettre en place avec les parties prenantes. La « Une demande d’autorisation de mise sur le marché en Europe a création d’un hub spécifique serait une piste d’amélioration. n été déposée. Mais ces résultats nous permettent déjà de prescrire le traitement à certains patients. » Modérateur : Antoine FERRY, Président, CTRS Essais cliniques : comment promouvoir l’accès aux patients français ? La recherche clinique dans les maladies rares reste dynamique en France. Portée par des outils spécifiques, mais aussi par les autorités de santé, à travers un cadre législatif plus attractif. L e nombre d’essais cliniques initiés en France a diminué de 13 % pour l’aboutissement des projets de recherche, face à la complexité par an entre 2015 et 2017. « Néanmoins, il y a des domaines administrative. » thérapeutiques sur lesquels la recherche française reste dyna- mique, et celui des maladies rares en fait partie », se félicite Tho- Un cadre réglementaire qui se réforme mas Borel, directeur des affaires scientifiques du Leem. Les plans L’organisation des essais cliniques en France est également pointée. « Le maladies rares ont renforcé l’attractivité du pays, tout comme les nouveau cadre règlementaire et le tirage au sort des comités de protec- centres de référence, qui ont acquis pour certains une renommée tion des personnes (CPP) ont nettement contribué au déclin de l’at- internationale. tractivité », déplore Géraldine Honnet, directrice du développement de Certains outils permettent aux industriels et chercheurs acadé- Généthon. « Heureusement, les autorités ont réagi, pour mieux cibler miques de mobiliser plus rapidement les patients, comme la BND- les CPP selon leur expertise, mais aussi leur disponibilité. » L’ANSM MR, « qui collecte aujourd’hui les données de patients auprès de s’efforce de son côté d’accélérer ses procédures d’autorisation des nou- 80% des 2.228 sites maladies rares en France », explique son di- veaux essais. « Entre 2017 et 2018, elles ont augmenté de 10 %. Tout recteur opérationnel, Arnaud Sandrin. Et le programme RaDiCo n’est pas gagné, mais nous progressons », se félicite Christelle Ratignier- « Treize cohortes qui regroupent 67 pathologies ont été consti- Carbonneil, directrice générale adjointe de l’ANSM. tuées », précise Sonia Gueguen, sa directrice scientifique et opéra- Des avancées ont été faites, mais les efforts et la collaboration entre tionnelle. « Beaucoup nous envient cette organisation de réseaux, les acteurs doivent se poursuivre pour que la France reste une terre filières et recherche clinique », confirme Régis Peffault de Latour, attractive et d’excellence pour la mise en place des essais cliniques. n coordonnateur de la filière Maladies Rares Immuno-Hématolo- giques (MaRIH). « Mais de plus en plus d’industriels nous fuient Modératrice : Catherine RAYNAUD, Directrice affaires publiques, Pfizer 7 FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
Rencontres RARE 2019 Quel est l’impact des sciences humaines et sociales sur le parcours de vie des patients ? La recherche en Sciences Humaines et Sociales a aussi comme champ d’application les maladies rares, et aide ainsi le quotidien des patients, de leurs proches, et les professionnels de santé. F ace aux maladies rares, un mot revient « Il y a un temps nécessaire pour construire à Louvain (Belgique). Mais tout en saluant régulièrement « combat ». Un combat un langage commun et une action concer- ces demandes des médecins, Sébastien Ruf- scientifique, médical, mais aussi face tée », explique Pascale Molinier, professeure fié, maître de Conférences en Sciences so- au système de soins pour améliorer de psychologie sociale à l’Université Paris ciales à l’Université des Antilles, prévient : leur prise en charge et leur vie quotidienne. 13, et co-responsable du groupe “Santé et « Les demandes sont souvent faites avec des « J’ai mis sur pieds un projet pilote totale- sociétés” de l’alliance Athéna. orientations très précises, auxquelles nous ne ment novateur dans l’accompagnement des pouvons pas répondre. Les sciences sociales patients et de leurs proches, comprenant des Des réponses variées ne détiennent pas la vérité. Leur travail est axes coordination et formation », témoigne La recherche en SHS accompagne la santé d’appréhender des réalités très diverses sur Christine de Kalbermatten, fondatrice et di- et répond aux questions que se posent les le terrain et d’y répondre à travers un projet rectrice de l’association MaRaVal (maladies médecins, sur l’observance thérapeutique collectif. » rares Valais), Suisse. par exemple. « En tant que médecin, je me D’après Laura Guérin, sociologue, labora- félicite de voir des indicateurs qui montrent toire CeRies, les recherches en SHS consi- Des travaux multidisciplinaires un ralentissement de la maladie de mes pa- dèrent les individus dans leur globalité. « La Pour Laura Benkemoun, représentante de tients. Pourtant, au même moment, certains parole des patients est porteuse de sens. Par la Fondation Maladies Rares, les projets de se plaignent de douleurs plus importantes exemple, elles peuvent rendre compte que recherche en SHS doivent inclure toutes et d’une qualité de vie qui diminue. C’est les patients ne sont pas égaux face à la même les parties prenantes, chercheurs, cliniciens pour répondre à ces questions qu’il faut maladie rare. » n et associations de patients, afin de co- aussi poser un autre regard sur la maladie et construire les projets pour qu’ils répondent le patient », explique Yves Pirson, néphro- Modératrice : Paola DE CARLI, aux problématiques des patients. logue aux cliniques universitaires Saint Luc, Directrice scientifique, Vaincre la Mucoviscidose Perspectives européennes L’Union européenne joue un rôle essentiel dans la recherche et l’accès aux soins sur les maladies rares. Son action se déploie à travers plusieurs initiatives, comme les European Reference Network (ERN) et l’European Joint Programme on Rare Diseases (EJPRD). U ne part croissante des efforts de finance- ciations de patients. « L’objectif est de créer des liens du ment de la recherche sur les maladies est laboratoire jusqu’au patient pour assurer la traduction assurée aujourd’hui par la communauté rapide des résultats de recherche vers des applications européenne à travers de nombreux appels cliniques. » Outre la question du financement, l’EJ- à projets. « Les ressources sont importantes, et elles PRD intervient dans la formation, l’accès aux données, vont encore se renforcer à travers le programme et la recherche clinique. Horizon Europe. La communauté des maladies rares doit se saisir de ces opportunités », indique Des réseaux européens Daniel Scherman, directeur de la Fondation Mala- Inspirée du modèle des filières de santé maladies rares dies Rares. Mais entre les différents programmes, qui existent en France, la Commission Européenne a DR les infrastructures et les plates-formes existantes, lancé en mars 2017 les Réseaux européens de référence ces dispositifs manquent parfois de visibilité. European Reference Network (ERN). Au nombre de 24, ils bénéfi- cient notamment du Clinical Patient Management System (CPMS), Coordonner les acteurs un système de télémédecine mis à disposition par l’Europe, qui doit « Il est grand temps d’assurer une meilleure structuration et de lier permettre à chaque patient, où qu’il soit, de bénéficier de l’expertise l’ensemble des acteurs. D’où l’intérêt de l’European Joint Programme européenne », précise le Pr Guillaume Jondeau, coordonnateur du Rare Disease, né en 2019 », souligne Yanis Mimouni, senior project réseau européen VASCERN, dédié aux maladies vasculaires rares. manager du programme. Financé à hauteur de 80 millions d’euros, il est dédié aux projets transnationaux, incluant au minimum quatre Modérateur : Daniel SCHERMAN, partenaires, avec pour la première fois la possibilité d’inclure les asso- Directeur, Fondation Maladies Rares 10 SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Thérapie génique : des preuves de concept pré-cliniques à la mise sur le marché La thérapie génique consiste à introduire un gène manquant ou un gène thérapeutique dans des cellules des patients, à l’aide de vecteurs, afin de corriger durablement le défaut génétique ou améliorer la fonction des cellules. «U n saut énorme a été réalisé en développement du vecteur humain en 2013, Comment ? », s’interroge la chercheuse. 1999 avec l’isolation du virus avec une société américaine pour amener en- Vient enfin la question de l’autorisation de du sida comme vecteur de suite ce produit vers la recherche clinique. » mise sur le marché. « Une AMM condition- transfert de gènes », explique Un essai a débuté en 2017 auprès de 12 nelle peut être obtenue avec les résultats posi- Nathalie Cartier, directrice de recherche à patients. « Sept patients respirent désormais tifs d’un seul essai clinique, face à certaines l’Inserm. Son équipe s’est appliquée à mettre par eux-mêmes, sans assistance respiratoire, maladies sévères et ultra-rares », explique au point une thérapie génique dans l’adréno- plusieurs se tiennent debout et l’un d’eux Géraldine Honnet, directrice du développe- leucodystrophie et à démontrer sa sécurité, marche », se félicite Ana Buj Bello. ment de Généthon. « C’est une étape impor- pour débuter les essais cliniques en 2006. tante, mais il faut alors continuer à suivre les Fort de ses premiers résultats positifs, un essai Des questions à résoudre patients et collecter des données pour consti- de phase III auprès de 32 patients est désor- L’équipe d’Hélène Puccio, chercheuse à tuer sur un dossier complet et s’assurer de mais en cours de finalisation, avec l’appui du l’IGBMC, s’est attaquée à la mise au point l’efficacité du traitement à long terme. » laboratoire bluebird bio. d’une thérapie génique dans l’Ataxie de Frie- Jean-Antoine Ribeil, directeur médical de dreich. Malgré de bons résultats obtenus sur bluebirdbio, a indiqué que le laboratoire a Des traitements révolutionnaires des souris, des questions restent à résoudre obtenu l’autorisation conditionnelle de mise Contre la myopathie myotubulaire, Ana Buj avant de passer chez l’homme. « Quelle quan- sur le marché pour un produit dans la béta- Bello, chercheuse au centre de recherche Gé- tité de traitement faut-il pour assurer son thalassémie. n néthon, témoigne « Les tests ont débuté en efficacité sans dangerosité ? Peut-on l’admi- laboratoire en 2004. Nous avons entamé le nistrer à tous les tissus ? Avec quels vecteurs ? Modératrice : Nathalie CARTIER, INSERM Comment appréhender les enjeux du modèle économique de la thérapie génique ? Espoir pour de nombreux patients, la thérapie génique est vue comme un défi pour les payeurs, face au succès de l’arrivée de ces nouveaux traitements, dont le coût dépasse parfois le million d’euros à ce stade. L es thérapies géniques ne sont pas des mé- traités pendant toute leur vie. » Autant de est un outil qui s’applique à des maladies dicaments comme les autres. Complexes spécificités qui imposent, selon les labo- et des contextes très différents. Le modèle à développer, mais aussi à produire, elles ratoires, la mise en place d’un nouveau ne peut être le même s’il s’agit par exemple répondent à d’importants besoins médi- modèle économique. « Il faut une vision de soigner tous les malades à un moment caux non satisfaits, avec des résultats remar- beaucoup plus globale de l’impact médico- donné ou quelques-uns chaque année. » quables. « Elles ont l’ambition avec une seule économique de ces traitements, y compris Un débat passionné conclu malgré tout dose de restaurer une fonction. Nous sortons sur la création de savoirs et de l’outil indus- par une certitude partagée : « Nous nous donc de l’innovation incrémentale, mais aussi triel en France », estime Sylvain Forget, pré- retrouvons sur la nécessité de transparence des systèmes habituels d’évaluation », souligne sident co-fondateur de BlueDil. sur ces questions de prix, qui est insuffisante Paul Lévesque, président du groupe maladies aujourd’hui en France, et sur la nécessité rares du laboratoire Pfizer. Des patients inquiets d’élaborer un modèle économique conjoin- Eric Baseilhac, directeur des Affaires écono- Les associations redoutent toutefois cette tement entre les parties pour permettre miques du Leem, met également en avant flambée des prix qui pourrait menacer l’accès le plus large aux patients », souligne l’incertitude qui entoure ces traitements. l’accès de tous les patients à ces thérapies. Jean-Pierre Gaspard. n Les résultats obtenus vont-ils se maintenir Christophe Duguet, directeur des Affaires dans la durée ? « L’industriel doit intégrer publiques de l’AFM-Téléthon, rejette l’idée Modérateur : Jean-Pierre GASPARD, cette incertitude et ne plus regarder seule- d’un modèle économique spécifique aux Directeur général, AFM-Téléthon et Directeur ment son produit, mais aussi les patients thérapies géniques. « La thérapie génique opérationnel, Institut des Biothérapies 11 FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
Rencontres RARE 2019 La digitalisation est-elle une chance pour les maladies rares ? La digitalisation du système de santé bouleverse le quotidien des patients, des professionnels de santé et des chercheurs. équipe soignante, ses prochains rendez-vous, décloisonner les réunions de concertation ses notes ou encore son traitement, afin de pluridisciplinaire (RCP). Elles permettent favoriser l’observance », explique Nizar Ma- aux médecins d’avoir accès à des experts hlaoui, responsable du centre de référence situés parfois à plus de 1.000 km de l’hôpi- déficits immunitaires héréditaires de l’enfant tal ! », poursuit Pierre Espinoza, de la So- et de l’adulte (CEREDIH). ciété française de santé digitale. L’ARS Au- vergne-Rhône-Alpes a par exemple adopté Des données pour la recherche SARA, un système qui permet d’organiser DR L La recherche bénéficie également de ces des web-conférences pour les RCP. « Réu- es maladies rares n’échappent pas à la outils. Jean-Louis Mandel, médecin cher- nir dans la même salle tous les spécialistes révolution digitale. « Nous sommes cheur en génétique, a ainsi initié en 2014 le pour discuter du dossier d’un patient est résolument optimistes. La digitalisation projet GenIDA, pour améliorer la connais- très compliqué. Mais l’outil numérique permet de mieux connaître la maladie sance clinique des déficiences intellectuelles permet de le faire », se félicite Éric Hachul- rare et le malade. Elle favorise son autonomi- monogéniques, qui affectent plus de 1 % de la, coordonnateur de la filière de FAI²R. sation. À condition cependant de respecter la population. Des malades qui sont souvent Des dispositifs similaires sont développés un impératif de co-construction. Les outils suivis par leur médecin généraliste, d’où un au niveau européen, à travers les réseaux de digitaux ne seront opérationnels que si les manque de données scientifiques. « Nous référence maladies rares (ERN). « Ils per- patients se les approprient pleinement », sou- avons mis en place une plateforme digitale, mettent d’apporter l’expertise au malade, ligne Jean Philippe Plançon, administrateur où les parents peuvent répondre à des ques- plutôt que de l’obliger à se déplacer dans de l’Alliance Maladies Rares. tions, qui explorent à peu près toutes les dys- un autre pays pour trouver des solutions », L’hôpital Necker propose à ses jeunes patients fonctions possibles. » Disponible en cinq lan- souligne Christine Bodemer, coordinatrice une application mobile, baptisée « La Suite gues, le dispositif a déjà recueilli 750 dossiers. de l’ERN-SKIN. n Necker », pour les préparer à la transition de la médecine pédiatrique vers la médecine Un bouleversement pour les RCP Modératrice : Caroline BLANC-CROUZIER, pour adultes. « Elle permet d’enregistrer son « Les outils numériques permettent de Vice-Présidente, Comité Maladies Rares du LEEM De la recherche à l’accessibilité des thérapies innovantes Tout en saluant les innovations françaises et mondiales, Alain Fischer, professeur au Collège de France, médecin à l’institut Imagine (hôpital Necker) attire l’attention sur des prix devenus insoutenables pour les systèmes de santé. Des bonnes nouvelles de dollars. D’après l’ICER (Institute for Clinical « Un état des lieux montre qu’aujourd'hui la thérapie and Economic Review), si demain 1 % des patients génique a prouvé son efficacité pour 12 maladies, sur atteints de maladies génétiques ou maladies rares du long terme (depuis 20 ans) ou plus récemment. avaient une thérapie génique pour un prix moyen Ces progrès, qui découlent des considérables efforts de 1 million de dollars, les États-Unis devraient fournis par la recherche fondamentale, ont abouti à doubler leur budget de médicament. C’est une si- des médicaments approuvés et disponibles pour six tuation intenable. » maladies : SCID-ADA, amaurose de Leber, bêta-tha- lassémie, amyotrophie spinale, leucémie aiguë lym- De nouvelles propositions phoblastique B et lymphome B à grandes cellules. De « Il faut un accès à tous aux nouveaux traitements, nombreuses autres études sont en cours, notamment aussi chers soient-ils, sans brider l’initiative ni le sa- dans le domaine des maladies rares, et de nouveaux voir-faire des entreprises. Les prix doivent avoir des DR produits seront certainement développés. » critères de fixation qui peuvent être le “value based pricing” s’il est considéré comme un maximum et étalé dans le Des préoccupations économiques temps. Les coûts doivent être transparents, en R&D mais aussi en « Le prix des médicaments est généralement conditionné par des marketing. Les apports du monde académique sans profit doivent critères d’efficacité et par le nombre de malades à traiter dans le être considérés à leur juste place. Enfin, la négociation des prix monde. Mais on observe une inquiétante escalade des prix pour doit être transparente et l’Europe doit agir de manière unie pour les maladies héréditaires qui coûtent de 600.000 à 2,1 millions de meilleures négociations. » n 8 SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES - FÉVRIER 2020
Modification du génome : Quelles implications ? Quelles applications ? Les nouvelles techniques de modification du génome ont des implications considérables dans la recherche. Elles ouvrent la voie à de nouveaux traitements. D epuis 2012, l’avènement du sys- molécules. Pour aller au bout de notre objectif, tème CRISPR-Cas9, caractérisé par qui est de proposer un traitement à tous les sa très grande simplicité et son coût patients, notre recherche s’intéresse aussi à la modeste, révolutionne l’édition thérapie génique », explique Gabriel Martin, génomique. « Son utilisation est énorme. directeur général de Vertex France. Une voie Elle remplace tous les systèmes d’édition des que le laboratoire pourrait rapidement ouvrir gènes existants », explique Alain Hovnanian, à de nouvelles aires thérapeutiques, comme la dermatologue, spécialiste des maladies géné- bêta-thalassémie et la drépanocytose. tiques cutanées à l’Hôpital Necker, interrogé Mais si la recherche préclinique avance à DR par Alexandre Méjat, AFM, Eurordis. « On grande vitesse, notamment dans le domaine l’utilise tous les jours pour invalider un gène tements par Car-T Cells, par exemple pour des maladies géniques de la peau, les cher- et comprendre ainsi sa fonction dans la mala- traiter des hémopathies malignes. » cheurs restent prudents sur l’étape suivante. die, à travers un système cellulaire in vitro ou « Avant de passer à l’homme, il faut s’assurer in vivo chez la souris. » Une piste contre la mucoviscidose de l’absence d’effets “hors-cible” non désirés, Si l’outil permet en effet de créer de nou- Spécialiste de la mucoviscidose, le laboratoire mais aussi de l’efficacité de la correction », veaux modèles dans les laboratoires, com- Vertex s’est associé avec CRISPR Therapeu- souligne Alain Hovnanian. « Mais les re- ment peut-il se transposer ensuite dans une tics pour trouver de nouvelles applications. cherches sont nombreuses et l’espoir de trai- application thérapeutique? « Plusieurs essais « Nos traitements ont aujourd’hui le potentiel ter certaines maladies est bien là. » n cliniques utilisent aujourd’hui le système de traiter 90 % des patients. Mais 10 % des CRISPR-Cas9, comme en Chine. C’est une patients ne synthétisent pas la protéine à l’ori- Modératrice: Anne-Sophie CHALANDON, technologie appliquée notamment aux trai- gine de la maladie, et qui est la cible de nos Responsable affaires publiques, Sanofi Genzyme Et si l’avenir des maladies fréquentes passait par les avancées des maladies rares ? La recherche sur les maladies rares peut bénéficier à des maladies plus fréquentes, notamment par l’identification de mécanismes biologiques partagés. L ’accélération fulgurante des techno- De la maladie rare à Traiter les maladies logies de séquençage du génome a Alzheimer du vieillissement permis aux chercheurs de multiplier Olivier Hermine, hématologue à Autre exemple, les tra- les études pour tenter de comprendre l’hôpital Necker, spécialiste des mas- vaux de Nicolas Lévy, DR les maladies les plus courantes, sans pour tocytoses, un groupe d’hémopathies généticien à l’hôpital autant « percer des voies biologiques pour malignes rares, a élargi ses recherches après de la Timone (AP-HM), qui a découvert aller au-delà dans l’explication, et ainsi avoir constaté un lien entre la prolifération de le gène du vieillissement prématuré des permettre la voie thérapeutique. » En re- mastocytes dans les tissus et des troubles neu- enfants atteints de progéria. Un traitement vanche, « en travaillant sur des phénotypes ropsychiatriques. Le masitinib, un traitement est actuellement testé au sein de la start-up exceptionnels, parfois très uniques, les spé- contre les mastocytoses, développé au sein de ProGeLife, qu’il a cofondée. « Les premiers cialistes des maladies rares sont parvenus la start-up AB Science, a ainsi démontré, lors résultats sont encourageants et nous envisa- à élucider certaines voies génétiques de des essais en cours chez l’homme, des effets po- geons parallèlement d’adapter le traitement maladies, ouvrant ainsi de nouvelles pistes sitifs sur le cerveau des patients. « Nous avons à d’autres types de pathologies », explique- de recherche », souligne Stanislas Lyonnet, alors pensé que le traitement pourrait avoir t-il. D’autres maladies génétiques liées à un directeur général de l’Institut Imagine. des applications potentielles dans les maladies vieillissement prématuré sont ciblées, mais « Ce contraste, assez criant, pousse les neuropsychiatriques avec des troubles cogni- aussi des pathologies plus courantes, comme chercheurs à se demander si ces phéno- tifs, voir des troubles dépressifs », explique Oli- le VIH ou en oncologie. n types extrêmes ne peuvent pas élucider ou vier Hermine, qui a notamment lancé l’évalua- éclairer des champs entiers de pathologies tion clinique du traitement chez des patients Modérateur : Stanislas LYONNET, beaucoup plus communes. » atteints de la maladie d’Alzheimer. Directeur Général, Institut Imagine 9 FÉVRIER 2020 - SUPPLÉMENT PHARMACEUTIQUES
PARTENAIRES GOLD Le Comité d’organisation remercie vivement tous les intervenants et participants qui ont contribué au succès de ces deux journées d’échanges, ainsi que tous nos partenaires sans lesquels ce congrès n’aurait pas pu avoir lieu. Nous remercions également nos prestataires et particulièrement Clémentine Vallet de l’agence Hopscotch et toute l’équipe de la Cité des Sciences pour leur accompagnement. Vous pourrez retrouver sur le site internet www.rareparis.com toutes les vidéos des sessions, les posters et les présentations des intervenants.
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