Acquisition du Gripen - Réalités et dessous - Franz Betschon et Judith Barben
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© 2014 Editions Eikos, CH 5401 Baden Tous droits réservés verlag@eikos.ch www.eikos.ch eikôs (grec): grande authenticité, degré de confiance élevé (d’après Platon) Présentation: R. Hofmann Traduction de l’allemand: Snowtigertrad et Jean-Paul Vuilleumier Impression: Akeret Verlag + Druck AG wylandprint, Andelfingen Page de couverture: Saab Gripen devant le Cervin. © Armée suisse ZEM ISBN 978-3-9524324-1-9
Table des matières I. Introduction......................................................................................... 7 II. Le Gripen pour un espace aérien sûr................................................... 8 III. Attaque contre notre souveraineté................................................... 10 IV. La jeune génération soutient la Suisse............................................. 17 Les auteurs ........................................................................................... 21
I. Introduction En automne 2013, le peuple suisse a accepté à une majorité écrasante de maintenir l’obligation de servir.1 Personne n’aurait attendu une pro- fession de foi aussi claire. L’adhésion du citoyen envers l’armée a nette- ment augmenté ces dernières années, ce qui est remarquable.2 La majorité est consciente du fait que la sécurité de notre pays revêt une importance décisive. Sans sécurité, il n’y a pas de liberté, pas de paix, pas de stabilité et pas de bien-être! Le 18 mai 2014, nous devrons de nouveau nous prononcer sur une question de sécurité fondamentale: l’acquisition de 22 avions de com- bat du type «Saab Gripen E». L’achat de ces avions est nécessaire et pressant, car nos 54 «F-5 Tiger» vieux de près de 40 ans, sont techni- quement dépassés et ne répondent plus aux exigences opérationnelles requises actuellement. Ils doivent être remplacés.3 Le Conseil fédéral et le Parlement ont approuvé ce projet («loi sur le fonds Gripen») et recommandent au peuple de l’accepter. 1 73,2% des votants ont approuvé le maintien de l’obligation de servir lors de la votation fédérale du 22/9/13 2 Il y a 25 ans (en 1989), 64% des votants ont refusé l’initiative fédérale visant la suppression de l’armée. 3 C’est pourquoi ce projet est aussi appelé «remplacement partiel de la flotte de Tiger» (TTE). I. Introduction 7
II. Le Gripen pour un espace aérien sûr L’importance de forces aériennes L’importance des forces aériennes ne pourra jamais être surestimée. Les avions constituent le seul moyen de combat en mesure de défendre le pays dans les airs contre des opérations étrangères inattendues. Par ailleurs, les forces aériennes sont le toit sur l’armée et sur la Suisse. L’ar- mée ne peut remplir sa mission au sol et assurer notre sécurité que si cette toiture est imperméable. En tant que pays souverain et neutre, la Suisse a le devoir de défendre son territoire et son espace aérien.4 Elle ne peut déléguer cette tâche à des tiers. Des forces aériennes performantes sont donc indispensables. Pourquoi nous avons un besoin urgent du Gripen Actuellement, nos forces aériennes disposent de 32 avions de combat «F/A-18»5 entièrement opérationnels et de 54 «F-5 Tiger» qui doivent être remplacés. Avec les seuls 32 «F/A-18», notre flotte d’avions de com- bat est trop petite et doit être complétée le plus rapidement possible. A défaut, nos forces aériennes perdront leur capacité de combat et leur savoir-faire. C’est la raison pour laquelle l’acquisition des 22 avions de combat «Gripen E» est une nécessité. Pilotes d’essai en faveur du Gripen Lors du choix d’un nouvel avion de combat, la Suisse a examiné trois offres: le «Saab Gripen» suédois, le «Dassault Rafale» français et l’«Eu- rofighter», d’un consortium international. Les trois avions ont subi une évaluation complète avec de nombreux tests individuels. A la fin, les pilotes d’essai et les experts sont parvenus à la conclusion que les trois avions étaient à peu près équivalents. Ce sont donc avant tout des rai- sons économiques et politiques qui ont fait choisir «Gripen». Le «Gripen» est le moins cher et présente le meilleur rapport prix/ utilisation. Le fait que Saab soit l’un des constructeurs d’avions de com- bat les plus expérimentés en Europe et que l’Etat suédois sera notre 4 Convention de La Haye, art. 1 et 5 5 Les «F/A-18» ont déjà 20 ans mais peuvent encore servir pendant au moins 15 ans. 8 II. Le Gripen pour un espace aérien sûr
partenaire contractuel pour cette acquisition, ce qui nous garantit un degré élevé de sécurité, parle en faveur de l’avion de combat suédois. Du point de vue politique, la Suède est elle aussi un Etat neutre et nous a toujours traité avec respect.6 La Suisse et la Suède entretiennent tra- ditionnellement de bonnes relations. Il est donc compréhensible que nous nous soyons finalement décidés en faveur du «Gripen». 6 On ne peut pas en dire autant de tous les autres pays. Ainsi, nous avons été traités de «verrue» par un député français et rendus de manière absurde responsables de la dette de l’Etat français. Christophe Darbellay, président du PDC, a déclaré justement: «Sarkozy ne rate aucune occasion de s’attaquer à la Suisse […]. Comment pourrait-il croire que la Suisse lui achèterait des avions de combat?» (Tages-Anzeiger du 5/3/09 et 8/2/12) Des représentants allemands nous traitent de «paradis fiscal», qu’il faut placer sur une «liste noire» et discipliner à l’aide du «fouet» et de la «cavalerie». Nous ne souhaitons pas avoir de tels partenaires contractuels. II. Le Gripen pour un espace aérien sûr 9
III. Attaque contre notre souveraineté Le véritable objectif de nos adversaires Il ressort de ce qui vient d’être dit qu’un Oui pour le «Gripen» est un Oui pour l’armée et pour la protection du pays et de sa population. Les cercles hostiles à l’armée ne veulent pas d’armée, donc pas de nouveaux avions de combat. Ils ont lancé le référendum contre l’achat des «Gripen». En première ligne, le «Groupe pour une Suisse sans ar- mée (GSsA)», suivi d’une partie des Socialistes, des Verts et des Vert’li- béraux. Le nom de «Groupe pour une Suisse sans armée» dit bien ce qu’il veut dire. Le parti socialiste a défini dans son programme l’objectif suivant: «Le parti socialiste s’engage pour la suppression de l’armée».7 Le parti écologiste va dans le même sens: «Les Verts veulent que la Suisse re- nonce […] à l’armée. »8 Seuls les Vert’libéraux se tiennent à couvert dans la question de l’armée. Ils ne se prononcent pas sur ce thème fondamen- tal dans les lignes directrices de leur parti.9 En revanche, ils prennent d’autant plus violemment parti contre le «Gripen». Quelles sont les rai- sons de cette contradiction? Les Vert’libéraux se taisent-ils à propos de l’«armée» pour éviter les discussions désagréables et ne pas mettre en danger leur image bourgeoise? Attaque contre notre souveraineté Outre les adversaires précités de l’armée, on trouve, de manière inatten- due, dans le camp des anti-«Gripen» certains représentants de l’armée. Leur opposition au «Gripen» repose soit sur de l’ignorance soit sur le fait qu’ils jugent encore judicieux d’abandonner la défense aérienne de la Suisse aux mains de l’UE et de l’OTAN: «La défense autonome du pays n’a pas de sens et n’est pas finan- çable.»10 Elle doit faire place à une «spécialisation des rôles et à une 7 Programme du PS, accepté à Lausanne en 2010 et à Lugano en 2012 8 www.gruene.ch 9 Lignes directrices des Vert’libéraux suisses. Décision du comité de fondation en 2007 10 Welti Philippe, cité dans: Zurlinden Urs. Les troupes de l’OTAN d’Adolf Ogi. Facts 25/2000. Welti a dirigé de 1998 à 2004 la Direction pour la politique de sécurité au DDPS et travaille actuelle- ment en qualité de conseiller stratégique. 10 III. Attaque contre notre souveraineté
concentration des ressources militaires nationales dans l’alliance euro- péenne». Cela implique un «abandon conscient de capacités militaires en faveur d’autres pays».11 Vu cette analyse, l’opposition au «Gripen» de ces «partisans» de l’ar- mée devient un peu plus compréhensible. La renonciation à la souve- raineté nationale et l’intégration de l’armée suisse à des forces armées étrangères ont réellement été soutenues dans certains cercles de l’ar- mée et circulent encore dans certains esprits. Elles sont plus proches des buts des adversaires roses-verts de l’armée que de la volonté popu- laire et de la Constitution fédérale: «La Suisse a une armée. […] Elle assure la défense du pays et de sa population».12 La suppression de l’armée par étapes Le référendum contre le «Gripen» n’est pas la première tentative des opposants à l’armée d’affaiblir nos forces aériennes en tentant de leur retirer les moyens financiers. En 1992 déjà, le «Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA)» a combattu l’achat des 34 «F/A-18» par une initiative populaire: les «F/A-18» étaient, disait-il, trop coûteux et inutiles. Mais la majorité des citoyens ont senti que l’initiative du GSsA n’était qu’un premier pas dans la «suppression de l’armée par étapes». L’initiative fut rejetée par la majorité des votants et les 34 «F/A-18» furent achetés conformément à la volonté du peuple. Cette attaque contre la capacité de défense et la souveraineté de la Suisse avait fait long feu. La situation actuelle est très comparable. En réalité, les adversaires roses-verts du «Gripen» utilisent cet avion pour atteindre leur but de toujours, la disparition pure et simple de l’armée suisse. Bien entendu, ils ne le disent pas ouvertement, préférant camoufler leurs objectifs. Ainsi, lors d’une des émissions de télévision «Arena», la conseillère nationale socialiste Evi Allemann a rejeté le reproche d’être hostile à 11 Borchert Heiko, Eggenberger René. Autoblocage ou nouveau départ? La politique de sécurité et de défense commune de l’UE, un défi pour l’Armée suisse. Revue militaire autrichienne, janvier/ février 2002, p. 6 et 13s. Borchert était conseiller au DDPS pour Armée XXI. René Eggenberger était colonel à l’Etat-major général et chef de la division Planification prospective au DDPS. 12 Constitution fédérale, art. 58. Notamment la votation précitée du 22/9/13 prouve que ces plans ne sont pas compatibles avec la volonté populaire. III. Attaque contre notre souveraineté 11
l’armée en jouant les indignées – comme si elle n’avait pas lu le pro- gramme de son parti politique.13 Manipulation au lieu d’arguments objectifs Le fait que les citoyens aient des opinions diverses ne pose aucun pro- blème en démocratie. Mais en Suisse, il est de coutume de les présenter de manière correcte et argumentée. Ce n’est malheureusement pas le cas dans la campagne anti-«Gripen». Les adversaires du «Gripen» opèrent à l’aide de manipulation et de propagande.14 Ils tentent par exemple de faire croire qu’il existe un «consensus» contre le «Gripen». A cette fin, ils ont fait «monter au front» certains Vert’libéraux (anciennement membres des Verts15) qui, grâce à leur image bourgeoise, devaient faire monter des parlementaires bourgeois à bord du camp anti-«Gripen».16 Raté! «Les Vert’libéraux n’ont guère trouvé de personnalités pour leur lutte contre le «Gripen», dixit Der Bund.17 Les parlementaires bour- geois ont voté presque sans exception en faveur du «Gripen».18 Un truc de propagande Un autre truc de propagande des Verts a consisté à lancer le slogan «Krippen statt Gripen» [«Des crèches plutôt que des Gripen»].19 Les rimes ont toujours un effet hypnotisant [en l’occurrence, ça ne joue qu’en allemand, ndt.]. Ce slogan pleurnichard est censé apporter un caractère «émotionnel» à la discussion et la faire dévier du vrai su- jet. Le mot «Krippen» provoque une représentation de bienveillance à l’encontre des enfants et des familles tandis que le nom «Gripen», par son opposition artificielle au nom «Krippen» place automatiquement l’avion militaire sous une lumière négative. Cette opposition est évi- 13 Emission «Arena» au sujet du «Gripen» de la Télévision suisse alémanique SRF du 20/12/13 14 Voir aussi à ce sujet: Barben Judith. Les Spin Doctors du Palais fédéral. Comment la manipulation et la propagande compromettent la démocratie directe. Vevey, Xenia 2010 15 Verena Diener et Martin Bäumle, tous deux pendant de longues années membres dirigeants des Verts, ont fondé en 2004 avec d’autres Verts le parti des «Vert’libéraux». 16 Neue Zürcher Zeitung du 19/9/13 17 Der Bund du 6/11/13 18 Neue Zürcher Zeitung du 19/9/13 19 Jeunes Verts Suisses. Conférence de presse à Berne au sujet du «référendum sur les Gripen» du 8/10/13 12 III. Attaque contre notre souveraineté
demment un non-sens. Des forces aériennes aptes à défendre le pays servent au bien commun, tout comme une offre suffisante en places de crèches. Le fait que les adversaires de l’armée doivent recourir à des trucs émotionnels bon marché montre qu’ils ne disposent pas d’argu- ments objectifs. Ridiculiser – une technique psychologique Le fait de ridiculiser une chose (ou une personne) est une autre tech- nique de manipulation visant à dissimuler les faits.20 Les adversaires de l’armée ridiculisent le «Gripen» en parlant d’«avion en papier».21 En réalité, l’avion de combat suédois a été présenté en automne 2012 lors d’une démonstration remarquable et satisfaisante à tous égards.22 A cette occasion, le «Gripen» s’est révélé être le résultat d’un travail d’ingénierie convaincant, offrant une relation prix/prestation excel- lente. Il s’agit d’un avion polyvalent de haut niveau et contenant déjà dans son ordinateur de bord les logiciels nécessaires à assurer des mis- sions diverses (observation, chasse, soutien de combats au sol). Déjà lors de l’achat des «F/A-18», la version testée n’était pas celle qui fut livrée ultérieurement. Pour autant, on n’a jamais parlé d’«avion en papier». Un tel processus est habituel pour des avions de ce genre, car, durant leur utilisation – comme durant la période d’acquisition – ils subissent continuellement des améliorations. Si ce n’était pas le cas, le GSsA aurait dénoncé l’acquisition de vieux clous! C’est pourquoi, au moment de leur livraison, les «Gripen» disposeront de la technologie la plus récente. Connaissances spécialisées simulées Un autre truc que les adversaires de l’armée utilisent pour tromper le public consiste à utiliser des termes spécialisés et des détails techniques 20 Une présentation systématique des techniques psychologiques de manipulation se trouve dans: Barben Judith. Les Spin Doctors du Palais fédéral. Comment la manipulation et la propagande compromettent la démocratie directe. Vevey, Xenia 2010 p. 57sqq. 21 Le Vert Joe Lang a fait usage de cette manipulation lors de l’émission «Arena» de la Télévision suisse alémanique SRF du 20/12/13. Lang est membre fondateur du «Groupe pour une Suisse sans armée/GSsA» et en même temps vice-président des Verts suisses. 22 La présentation a été organisée par «AVIA-Forces aériennes/Société des officiers des Forces aé- riennes» les 8 septembre et 12 octobre 2012 à Zurich et Emmen. III. Attaque contre notre souveraineté 13
même s’ils n’ont pas la moindre connaissances en la matière: ils peuvent compter sur le fait que la plupart des gens ont tout aussi peu de connais- sances qu’eux-mêmes. La politicienne socialiste Evi Allemann objecta lors de l’émission «Arena» dans une tirade donnant l’impression qu’elle était une connaisseuse: «Et il n’a qu’un seul réacteur!». Elle considéra le public d’un air triomphant.23 En réalité, le fait que le «Gripen» n’ait qu’un seul réacteur ne pose aucun problème à la Suisse. Seuls les avions de la marine doivent posséder deux réacteurs, pour répondre à certains scé- narii d’urgence propres à de tels avions. En règle générale, les avions des forces aériennes n’ont qu’un réacteur. Le fait que le Gripen n’ait qu’un seul réacteur constitue un avantage pour la Suisse, en ce que cela contri- bue au prix relativement avantageux de cet avion. Un autre point fort du réacteur du «Gripen» est le fait que son réac- teur soit pratiquement identique à celui des «F/A-18» que nous utili- sons déjà, ce qui est un avantage important pour la logistique. Lui reprocher d’être monoplace est tout aussi absurde. Ce n’est pas un problème pour un avion de combat. Ce type d’avion n’a besoin de deux sièges que pour l’instruction. Avec le «Pilatus PC-21», nous disposons déjà d’un système d’instruction révolutionnaire sur lequel les pilotes d’avions à réacteur peuvent être formés. Il suffit d’adapter le logiciel à un avion de combat monoplace. Le «Gripen» monoplace correspond parfaitement aux besoins de la Suisse et réduit de surcroît son prix. Jeu d’embrouille avec les chiffres Dire que le «Gripen» est trop cher relève aussi de la propagande. Le «Gripen» est non seulement le plus avantageux des trois avions éva- lués, mais son financement sera alimenté, à l’aide du «fonds Gripen», pendant dix ans par le budget régulier de l’armée. Pas de suppléments pour le contribuable! Afin d’empêcher le «remplacement partiel des Tiger», les adversaires du «Gripen» répandent des chiffres inventés. Ils prétendent que l’avion ne coûte pas les 3,126 milliards de francs officiels mais dix milliards.24 Ils parviennent à ce montant vertigineux en intégrant les frais d’exploi- 23 Emission «Arena» au sujet du «Gripen» de la Télévision suisse alémanique SRF du 20/12/13 24 Emission «Arena» au sujet du «Gripen» de la Télévision suisse alémanique SRF du 20/12/13 14 III. Attaque contre notre souveraineté
tation et d’entretien pendant 30 (!) ans. Les adversaires de l’armée savent parfaitement qu’on ne calcule jamais ainsi. Leur jeu d’embrouille avec ces chiffres n’a qu’un but, celui d’insécuriser les électeurs. On doit espérer que la plupart des Suisses ont suffisamment les pieds sur terre pour ne pas tomber dans ces artifices bon marché. Alliance contre nature Personne ne sait exactement d’où provient la rumeur que le choix du «Gripen» était entaché de corruption.25 Ce qui est certain, c’est qu’une lettre anonyme a été remise aux médias, il y a quelques mois, lettre qui contenait cette accusation. Elle était rédigée en français et plusieurs noms suisses-alémaniques comportaient des erreurs, ce qui fait penser à des auteurs français. Certains politiciens, spécialistes de la politique de la sécurité, supposent que l’entreprise Dassault, voulant nous vendre le «Rafale», pourrait en être l’instigateur.26 S’agirait-il d’une «complici- té objective» entre l’alliance gauche-verte des adversaires de l’armée et certains cercles financiers et économiques internationaux? Qui tire les ficelles? Une grande partie des médias ont rapporté avec satisfaction que nos forces aériennes n’étaient pas opérationnelles lors de l’atterrissage à Ge- nève d’un avion de passagers éthiopien détourné. Certains lecteurs en ont rapidement et faussement conclu que l’achat des «Gripen» n’avait donc pas de sens. En réalité, ce dysfonctionnement était connu. Des travaux ont été entrepris pour y remédier. Pourquoi les médias ne s’y intéressent-ils que maintenant, trois mois avant la votation sur les «Gripen»? Qui tire les ficelles et décide de ce qui doit être publié et à quel moment? Pourquoi les médias ne rapportent-ils pas de la même 25 En Suisse, la corruption est plutôt l’exception et, dans le cas de l’acquisition des «Gripen», parti- culièrement invraisemblable du fait qu’en l’occurrence l’Etat suédois est notre partenaire contrac- tuel. Dans d’autres pays, par exemple en France, la corruption est en revanche notoire jusque dans les cercles gouvernementaux les plus élevés. On se souvient entre autre de l’«affaire de corruption Bettencourt» de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, cf. «Spiegel on- line» du 22/3/13. La juge d’instruction française Eva Joly a également informé sur des cas de corruption massive dans lesquels trempaient des cercles gouvernementaux très élevés. Cf. Joly Eva. «Im Auge des Zyklons. Mein Kampf gegen internationalen Finanzbetrug». Munich 2006 26 Feuz Patrick. Politiker durchleuchten den Gripen-Deal. Basler Zeitung du 25/1/12 III. Attaque contre notre souveraineté 15
manière détaillée le fait que des propositions de spécialistes ont été émises pour rendre à l’armée, par étapes réalistes, sa pleine capacité de défense?27 L’acquisition des 22 «Gripen» en est un aspect central.28 Le rôle des services secrets La Basler Zeitung suppose même que certains services de renseigne- ments se mêlent de la campagne anti-«Gripen». Par des «indiscrétions» ciblées, ils essaieraient d’«ébranler la Suède et la Suisse» et d’empêcher l’achat des «Gripen».29 La Neue Zürcher Zeitung est également d’avis que les adversaires du «Gripen» ont préparés encore d’autres buzz destinés à influencer la votation dans un sens négatif.30 Vont-ils nous annoncer – ce qui ne serait pas nouveau non plus – qu’en Suède égale- ment, des cercles d’opposants contestent sa capacité de défense afin de pouvoir faire entrer ce pays dans l’OTAN? Néanmoins, en Suède aussi, toujours plus nombreux sont ceux qui refusent d’entrer dans ce jeu, d’ailleurs contraire à la volonté populaire.31 27 Gruppe Giardino. Mut zur Kursänderung. Schweizerische Sicherheitspolitik am Wendepunkt. Ba- den, Eikos 2013, p. 143–155 28 Gruppe Giardino. A.a.O. p. 80/149 29 Schwierige Kampagne für den Gripen. Basler Zeitung du 25/2/14 30 Vakuum über der Schweiz verhindern. Neue Zürcher Zeitung du 1/3/14 31 En Suède, ce sont avant tout les socialistes qui s’opposent à l’OTAN et qui exigent le plein ré- tablissement de la capacité de défense autonome du pays. Cf. Armee-Debatte in Schweden. Forderung nach Nato-Beitritt. Neue Zürcher Zeitung du 6/3/14 16 III. Attaque contre notre souveraineté
IV. La jeune génération soutient la Suisse Les affaires compensatoires créent des places de travail L’acquisition du «Gripen» devrait profiter à l’économie suisse. La Suisse et la Suède ont négocié des «affaires compensatoires» s’élevant à 2,5 milliards de francs.32 Cela signifie que des entreprises suédoises passe- ront des commandes à des entreprises suisses pour une valeur de 2,5 milliards de francs. Quelque 518 affaires ont déjà été conclues avec 125 entreprises suisses. Les affaires compensatoires liées à l’achat des «Gripen» garantiront à la Suisse des emplois correspondants à 10 000 hommes/jours, avec des recettes fiscales, la TVA et les cotisations AVS. Si l’on tient compte de tout, il est juste de lier ces flux d’argent à l’achat des «Gripen». La Suisse bénéficie d’une grande expérience de tels accords compen- satoires. Elle en a réalisés avec succès à plusieurs reprises avec l’aide de «Swissmem».33 Les commandes ont toujours été réparties correcte- ment sur les cantons. Le Brésil s’est également décidé pour le «Gripen» Le Brésil, conscient de sa propre valeur, s’est également décidé en fa- veur du «Saab Gripen E» et s’en procurera prochainement 36 exem- plaires. Les spécialistes de l’Armée de l’air brésilienne sont parvenus à la conclusion, après une évaluation interne, que le «Gripen» s’était révélé être le meilleur et le plus avantageux des avions à choix.34 Cette décision parle également en faveur de la qualité du «Gripen». La pré- sidente socialiste de l’Etat brésilien Dilma Rousseff a déclaré: «Le Bré- sil est un pays pacifique et doit donc pouvoir se défendre de manière adéquate.» Elle a cité explicitement les riches ressources en pétrole de la côte brésilienne qui pourraient éveiller des convoitises étrangères. 32 Egalement «Offset-Agreement» 33 «Swissmem» associe l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux à des secteurs analogues orientés vers la technologie. Avec environ 338 000 employés, c’est le plus grand employeur industriel de la Suisse. 34 Brasilien entscheidet sich für den Gripen. Neue Zürcher Zeitung du 20/12/13 IV. La jeune génération soutient la Suisse 17
Signe des temps L’argument du Brésil, selon lequel un Etat pacifique doit pouvoir se défendre de manière adéquate et disposer d’une armée de l’air forte, vaut aussi pour la Suisse. La Suisse possède également des richesses qui doivent être défendues, les cols alpins, son château d’eau, ses finances et ses installations industrielles. La capacité d’un pays à se défendre est particulièrement importante dans une situation mondiale où les tensions augmentent chaque jour, en Ukraine, par exemple, c’est-à-dire à nos portes. Ecoutons un politicien expérimenté comme Jean-Claude Juncker, ancien président de l’Eurogroupe: «Celui qui croit que la question éternelle de guerre et de paix en Europe ne se posera plus jamais se trompe cruellement. Les démons n’ont pas disparus. Ils ne font que dormir.»35 L’ancien politicien du SPD Egon Bahr est lui aussi convain- cu qu’il est tout à fait possible que la guerre réapparaisse bientôt en Europe. A l’adresse de la jeune génération, il précise que lui-même, en 1933, n’avait pas cru son père lorsque celui-ci lui disait: «Hitler signifie la guerre». Aujourd’hui, Egon Bahr estime «que nous vivons dans un temps d’avant-guerre».36 Des économistes prennent des positions dans le même sens. Nouriel Roubini, professeur d’économie américain re- connu et conseiller gouvernemental, affirme: «Je ne prédis pas la troi- sième Guerre mondiale, mais l’instabilité politique et sociale croissante et menaçante en Europe et dans d’autres économies nationales déve- loppées, nous causent de grands soucis.»37 Nouvelle prise de conscience en matière de sécurité Cette situation globale a conduit, en Suisse aussi, à un changement dans la manière de voir les choses. La sécurité du pays et de la population est à nouveau perçue comme un élément important. Preuve en soit le résultat de la votation fédérale sur le maintien de l’obligation de servir. Preuve en soit aussi le fait que le Parlement fédéral a de nouveau fixé le budget de l’armée à cinq milliards de francs, après de longues années 35 Der Spiegel du 10/3/13 36 Egon Bahr schockt die Schüler. Rhein-Neckar-Zeitung du 27/12/13 37 Roubini Nouriel. Interview dans: Emerging Markets, 23/9/11 (trad. J.B.) 18 IV. La jeune génération soutient la Suisse
de réduction du budget, et qu’il a accepté l’acquisition des 22 «Gripen». D’une manière générale, l’armée intéresse de plus en plus la popula- tion. Les livres consacrés à l’armée se vendent bien. Une nouvelle gé- nération prend le relais. Elle prend congé des modèles un peu trop faciles et souvent incohérents des années 1990. Elle soutient les ins- titutions suisses, notamment l’armée. De ce fait, les chances que les citoyens suisses approuveront l’acquisition du «Gripen» le 18 mai 2014 sont bonnes. IV. La jeune génération soutient la Suisse 19
Les auteurs Franz Felix Betschon Dr. sc. techn., dipl. ing. EPFZ. Etudes à la Harvard Business School de Cambridge (USA). Ancien colonel EMG, en dernier lieu dans les forces aériennes et au service de renseignements, membre de l’International Institute for Strategic Studies de Londres de 1985 à 2005. Carrière dans l’industrie et en tant que membre de divers conseils d’administration. Auteur de plusieurs livres sur la politique de sécurité. Judith Barben-Christoffel Dr. phil., psychologue et psychothérapeute FSP. Auteure d’articles scientifiques et éditrice. Ancienne institutrice d’école primaire et d’écoles spéciales. Etudes en psychologie à l’Université de Zurich. Cabinet de psychothérapie. Conférences et publications dans les domaines de la psychologie, de la psychothérapie, de la pédagogie et de l’éthique ainsi que sur la mise en danger de la démocratie directe par la manipulation et la propagande. Les auteurs 21
Publications des éditions Eikos Les éditions Eikos publient des articles sur des thèmes actuels qui contribuent à un vivre-ensemble digne, basé sur la paix, la liberté, l’égalité et la démocratie directe, tout en renforçant le respect du droit international, des droits de l’Homme et du droit international humanitaire. Les éditions sont politiquement et financièrement indépendantes et neutre sur le plan confessionnel. Judith Barben Les Spin Doctors du Palais fédéral Comment la manipulation et la propagande compromettent la démocratie directe. Editions Xenia S.A. Vevey 2010, 255 pages, 10 illustrations, cart., Fr. 30.– ISBN 978-2-88892-095-3 Préfacé par Carlo S. F. Jagmetti, ancien ambassadeur de Suisse aux Etats-Unis. «Un plaidoyer pour une politique honnête, ainsi qu’une contribution à la défense de la démocratie directe.» L’édition originale allemande, intitulée «Spin doctors im Bundeshaus. Gefährdungen der direkten Demokratie durch Manipulation und Propaganda» a été publiée en 2009 aux Editions Eikos, Baden. ISBN 978-3-033-01916-4 Gruppe Giardino Mut zur Kursänderung Schweizerische Sicherheitspolitik am Wendepunkt. mai 2013, 240 pages, cart., Fr. 25.– avec infographies, tableaux et photos en couleur ISBN 978-3-033-03917-9 Un livre mettant en lumière la situation sécuritaire actuelle de la Suisse Commandes auprès des Editions Eikos par voie postale, téléphone ou courriel: Eikos Verlag, case postale 149, 5401 Baden tél. +41 (56) 221 80 85; E-mail: verlag@eikos.ch
Les auteurs expliquent de manière compréhensible et concise pourquoi l’ac- quisition d’un nouvel avion de combat est indispensable pour la sécurité de notre espace aérien. La décision en faveur du «Saab Gripen E», construit par la Suède neutre, a été prise par le Conseil fédéral suite à une évaluation soigneuse. Le «Gripen» constitue la meilleur solution pour notre pays, du point de vue militaire, sécuritaire et économique. Oui au «Gripen» signifie Oui à l’armée. En tant que pays souverain et neutre, la Suisse est tenue de défendre son territoire et son espace aérien de toutes les manières, et notamment sur le plan militaire. C’est pourquoi elle doit disposer de forces aériennes aptes à accomplir leur mission. En outre, les forces aériennes sont le «toit au-dessus de l’armée». L’armée ne peut remplir sa mission au sol que si ce toit est imperméable. La situation mondiale montre qu’un pays neutre ne peut se passer d’une armée s’il veut protéger et maintenir son indépendance. La grande majorité des Suissesses et des Suisses – notamment la jeune génération – soutiennent le modèle Suisse et ses institutions, dont en particulier l’armée. Les chances que les citoyens approuvent l’acquisition du «Saab Gripen E» sont bonnes.
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