Acquisition du Gripen - Réalités et dessous - Franz Betschon et Judith Barben

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Acquisition du Gripen - Réalités et dessous - Franz Betschon et Judith Barben
Acquisition du Gripen
    Réalités et dessous

    Franz Betschon et Judith Barben

             Eikos |
Acquisition du Gripen - Réalités et dessous - Franz Betschon et Judith Barben
Acquisition du Gripen - Réalités et dessous - Franz Betschon et Judith Barben
Acquisition du Gripen
    Réalités et dessous

    Franz Betschon et Judith Barben

            Eikos |
© 2014 Editions Eikos, CH 5401 Baden
Tous droits réservés
verlag@eikos.ch
www.eikos.ch
eikôs (grec):
grande authenticité,
degré de confiance élevé
(d’après Platon)

Présentation: R. Hofmann
Traduction de l’allemand: Snowtigertrad et Jean-Paul Vuilleumier
Impression: Akeret Verlag + Druck AG wylandprint, Andelfingen
Page de couverture: Saab Gripen devant le Cervin. © Armée suisse ZEM
ISBN 978-3-9524324-1-9
Table des matières

I. Introduction......................................................................................... 7

II. Le Gripen pour un espace aérien sûr................................................... 8

III. Attaque contre notre souveraineté................................................... 10

IV. La jeune génération soutient la Suisse............................................. 17

Les auteurs ........................................................................................... 21
I. Introduction

En automne 2013, le peuple suisse a accepté à une majorité écrasante
de maintenir l’obligation de servir.1 Personne n’aurait attendu une pro-
fession de foi aussi claire. L’adhésion du citoyen envers l’armée a nette-
ment augmenté ces dernières années, ce qui est remarquable.2
   La majorité est consciente du fait que la sécurité de notre pays revêt
une importance décisive. Sans sécurité, il n’y a pas de liberté, pas de
paix, pas de stabilité et pas de bien-être!
   Le 18 mai 2014, nous devrons de nouveau nous prononcer sur une
question de sécurité fondamentale: l’acquisition de 22 avions de com-
bat du type «Saab Gripen E». L’achat de ces avions est nécessaire et
pressant, car nos 54 «F-5 Tiger» vieux de près de 40 ans, sont techni-
quement dépassés et ne répondent plus aux exigences opérationnelles
requises actuellement. Ils doivent être remplacés.3 Le Conseil fédéral
et le Parlement ont approuvé ce projet («loi sur le fonds Gripen») et
recommandent au peuple de l’accepter.

1
    73,2% des votants ont approuvé le maintien de l’obligation de servir lors de la votation fédérale
    du 22/9/13
2
    Il y a 25 ans (en 1989), 64% des votants ont refusé l’initiative fédérale visant la suppression de
    l’armée.
3
    C’est pourquoi ce projet est aussi appelé «remplacement partiel de la flotte de Tiger» (TTE).

I. Introduction                                                                                     7
II. Le Gripen pour un espace aérien sûr

L’importance de forces aériennes
L’importance des forces aériennes ne pourra jamais être surestimée.
Les avions constituent le seul moyen de combat en mesure de défendre
le pays dans les airs contre des opérations étrangères inattendues. Par
ailleurs, les forces aériennes sont le toit sur l’armée et sur la Suisse. L’ar-
mée ne peut remplir sa mission au sol et assurer notre sécurité que si
cette toiture est imperméable.
   En tant que pays souverain et neutre, la Suisse a le devoir de défendre
son territoire et son espace aérien.4 Elle ne peut déléguer cette tâche à
des tiers. Des forces aériennes performantes sont donc indispensables.

Pourquoi nous avons un besoin urgent du Gripen
Actuellement, nos forces aériennes disposent de 32 avions de combat
«F/A-18»5 entièrement opérationnels et de 54 «F-5 Tiger» qui doivent
être remplacés. Avec les seuls 32 «F/A-18», notre flotte d’avions de com-
bat est trop petite et doit être complétée le plus rapidement possible. A
défaut, nos forces aériennes perdront leur capacité de combat et leur
savoir-faire. C’est la raison pour laquelle l’acquisition des 22 avions de
combat «Gripen E» est une nécessité.

Pilotes d’essai en faveur du Gripen
Lors du choix d’un nouvel avion de combat, la Suisse a examiné trois
offres: le «Saab Gripen» suédois, le «Dassault Rafale» français et l’«Eu-
rofighter», d’un consortium international. Les trois avions ont subi une
évaluation complète avec de nombreux tests individuels. A la fin, les
pilotes d’essai et les experts sont parvenus à la conclusion que les trois
avions étaient à peu près équivalents. Ce sont donc avant tout des rai-
sons économiques et politiques qui ont fait choisir «Gripen».
   Le «Gripen» est le moins cher et présente le meilleur rapport prix/
utilisation. Le fait que Saab soit l’un des constructeurs d’avions de com-
bat les plus expérimentés en Europe et que l’Etat suédois sera notre

4
    Convention de La Haye, art. 1 et 5
5
    Les «F/A-18» ont déjà 20 ans mais peuvent encore servir pendant au moins 15 ans.

8                                                       II. Le Gripen pour un espace aérien sûr
partenaire contractuel pour cette acquisition, ce qui nous garantit un
degré élevé de sécurité, parle en faveur de l’avion de combat suédois.
Du point de vue politique, la Suède est elle aussi un Etat neutre et nous
a toujours traité avec respect.6 La Suisse et la Suède entretiennent tra-
ditionnellement de bonnes relations. Il est donc compréhensible que
nous nous soyons finalement décidés en faveur du «Gripen».

6
    On ne peut pas en dire autant de tous les autres pays. Ainsi, nous avons été traités de «verrue»
    par un député français et rendus de manière absurde responsables de la dette de l’Etat français.
    Christophe Darbellay, président du PDC, a déclaré justement: «Sarkozy ne rate aucune occasion
    de s’attaquer à la Suisse […]. Comment pourrait-il croire que la Suisse lui achèterait des avions
    de combat?» (Tages-Anzeiger du 5/3/09 et 8/2/12) Des représentants allemands nous traitent
    de «paradis fiscal», qu’il faut placer sur une «liste noire» et discipliner à l’aide du «fouet» et de la
    «cavalerie». Nous ne souhaitons pas avoir de tels partenaires contractuels.

II. Le Gripen pour un espace aérien sûr                                                                   9
III. Attaque contre notre souveraineté

Le véritable objectif de nos adversaires
Il ressort de ce qui vient d’être dit qu’un Oui pour le «Gripen» est un
Oui pour l’armée et pour la protection du pays et de sa population.
   Les cercles hostiles à l’armée ne veulent pas d’armée, donc pas de
nouveaux avions de combat. Ils ont lancé le référendum contre l’achat
des «Gripen». En première ligne, le «Groupe pour une Suisse sans ar-
mée (GSsA)», suivi d’une partie des Socialistes, des Verts et des Vert’li-
béraux.
   Le nom de «Groupe pour une Suisse sans armée» dit bien ce qu’il veut
dire. Le parti socialiste a défini dans son programme l’objectif suivant:
«Le parti socialiste s’engage pour la suppression de l’armée».7 Le parti
écologiste va dans le même sens: «Les Verts veulent que la Suisse re-
nonce […] à l’armée. »8 Seuls les Vert’libéraux se tiennent à couvert dans
la question de l’armée. Ils ne se prononcent pas sur ce thème fondamen-
tal dans les lignes directrices de leur parti.9 En revanche, ils prennent
d’autant plus violemment parti contre le «Gripen». Quelles sont les rai-
sons de cette contradiction? Les Vert’libéraux se taisent-ils à propos de
l’«armée» pour éviter les discussions désagréables et ne pas mettre en
danger leur image bourgeoise?

Attaque contre notre souveraineté
Outre les adversaires précités de l’armée, on trouve, de manière inatten-
due, dans le camp des anti-«Gripen» certains représentants de l’armée.
Leur opposition au «Gripen» repose soit sur de l’ignorance soit sur le
fait qu’ils jugent encore judicieux d’abandonner la défense aérienne de
la Suisse aux mains de l’UE et de l’OTAN:
   «La défense autonome du pays n’a pas de sens et n’est pas finan-
çable.»10 Elle doit faire place à une «spécialisation des rôles et à une

7
     Programme du PS, accepté à Lausanne en 2010 et à Lugano en 2012
8
  www.gruene.ch
9 Lignes directrices des Vert’libéraux suisses. Décision du comité de fondation en 2007
10
     Welti Philippe, cité dans: Zurlinden Urs. Les troupes de l’OTAN d’Adolf Ogi. Facts 25/2000. Welti
     a dirigé de 1998 à 2004 la Direction pour la politique de sécurité au DDPS et travaille actuelle-
     ment en qualité de conseiller stratégique.

10                                                           III. Attaque contre notre souveraineté
concentration des ressources militaires nationales dans l’alliance euro-
péenne». Cela implique un «abandon conscient de capacités militaires
en faveur d’autres pays».11
   Vu cette analyse, l’opposition au «Gripen» de ces «partisans» de l’ar-
mée devient un peu plus compréhensible. La renonciation à la souve-
raineté nationale et l’intégration de l’armée suisse à des forces armées
étrangères ont réellement été soutenues dans certains cercles de l’ar-
mée et circulent encore dans certains esprits. Elles sont plus proches
des buts des adversaires roses-verts de l’armée que de la volonté popu-
laire et de la Constitution fédérale: «La Suisse a une armée. […] Elle
assure la défense du pays et de sa population».12

La suppression de l’armée par étapes
Le référendum contre le «Gripen» n’est pas la première tentative des
opposants à l’armée d’affaiblir nos forces aériennes en tentant de leur
retirer les moyens financiers. En 1992 déjà, le «Groupe pour une
Suisse sans armée (GSsA)» a combattu l’achat des 34 «F/A-18» par
une initiative populaire: les «F/A-18» étaient, disait-il, trop coûteux
et inutiles. Mais la majorité des citoyens ont senti que l’initiative du
GSsA n’était qu’un premier pas dans la «suppression de l’armée par
étapes». L’initiative fut rejetée par la majorité des votants et les 34
«F/A-18» furent achetés conformément à la volonté du peuple. Cette
attaque contre la capacité de défense et la souveraineté de la Suisse
avait fait long feu.
   La situation actuelle est très comparable. En réalité, les adversaires
roses-verts du «Gripen» utilisent cet avion pour atteindre leur but de
toujours, la disparition pure et simple de l’armée suisse. Bien entendu,
ils ne le disent pas ouvertement, préférant camoufler leurs objectifs.
Ainsi, lors d’une des émissions de télévision «Arena», la conseillère
nationale socialiste Evi Allemann a rejeté le reproche d’être hostile à

11
     Borchert Heiko, Eggenberger René. Autoblocage ou nouveau départ? La politique de sécurité et
     de défense commune de l’UE, un défi pour l’Armée suisse. Revue militaire autrichienne, janvier/
     février 2002, p. 6 et 13s. Borchert était conseiller au DDPS pour Armée XXI. René Eggenberger
     était colonel à l’Etat-major général et chef de la division Planification prospective au DDPS.
12
     Constitution fédérale, art. 58. Notamment la votation précitée du 22/9/13 prouve que ces plans
     ne sont pas compatibles avec la volonté populaire.

III. Attaque contre notre souveraineté                                                           11
l’armée en jouant les indignées – comme si elle n’avait pas lu le pro-
gramme de son parti politique.13

Manipulation au lieu d’arguments objectifs
Le fait que les citoyens aient des opinions diverses ne pose aucun pro-
blème en démocratie. Mais en Suisse, il est de coutume de les présenter
de manière correcte et argumentée. Ce n’est malheureusement pas le cas
dans la campagne anti-«Gripen». Les adversaires du «Gripen» opèrent
à l’aide de manipulation et de propagande.14 Ils tentent par exemple
de faire croire qu’il existe un «consensus» contre le «Gripen». A cette
fin, ils ont fait «monter au front» certains Vert’libéraux (anciennement
membres des Verts15) qui, grâce à leur image bourgeoise, devaient faire
monter des parlementaires bourgeois à bord du camp anti-«Gripen».16
Raté! «Les Vert’libéraux n’ont guère trouvé de personnalités pour leur
lutte contre le «Gripen», dixit Der Bund.17 Les parlementaires bour-
geois ont voté presque sans exception en faveur du «Gripen».18

Un truc de propagande
Un autre truc de propagande des Verts a consisté à lancer le slogan
«Krippen statt Gripen» [«Des crèches plutôt que des Gripen»].19 Les
rimes ont toujours un effet hypnotisant [en l’occurrence, ça ne joue
qu’en allemand, ndt.]. Ce slogan pleurnichard est censé apporter un
caractère «émotionnel» à la discussion et la faire dévier du vrai su-
jet. Le mot «Krippen» provoque une représentation de bienveillance à
l’encontre des enfants et des familles tandis que le nom «Gripen», par
son opposition artificielle au nom «Krippen» place automatiquement
l’avion militaire sous une lumière négative. Cette opposition est évi-

13
     Emission «Arena» au sujet du «Gripen» de la Télévision suisse alémanique SRF du 20/12/13
14
     Voir aussi à ce sujet: Barben Judith. Les Spin Doctors du Palais fédéral. Comment la manipulation
     et la propagande compromettent la démocratie directe. Vevey, Xenia 2010
15
     Verena Diener et Martin Bäumle, tous deux pendant de longues années membres dirigeants des
     Verts, ont fondé en 2004 avec d’autres Verts le parti des «Vert’libéraux».
16
     Neue Zürcher Zeitung du 19/9/13
17
     Der Bund du 6/11/13
18
     Neue Zürcher Zeitung du 19/9/13
19
     Jeunes Verts Suisses. Conférence de presse à Berne au sujet du «référendum sur les Gripen» du
     8/10/13

12                                                           III. Attaque contre notre souveraineté
demment un non-sens. Des forces aériennes aptes à défendre le pays
servent au bien commun, tout comme une offre suffisante en places
de crèches. Le fait que les adversaires de l’armée doivent recourir à des
trucs émotionnels bon marché montre qu’ils ne disposent pas d’argu-
ments objectifs.

Ridiculiser – une technique psychologique
Le fait de ridiculiser une chose (ou une personne) est une autre tech-
nique de manipulation visant à dissimuler les faits.20 Les adversaires de
l’armée ridiculisent le «Gripen» en parlant d’«avion en papier».21
   En réalité, l’avion de combat suédois a été présenté en automne 2012
lors d’une démonstration remarquable et satisfaisante à tous égards.22
A cette occasion, le «Gripen» s’est révélé être le résultat d’un travail
d’ingénierie convaincant, offrant une relation prix/prestation excel-
lente. Il s’agit d’un avion polyvalent de haut niveau et contenant déjà
dans son ordinateur de bord les logiciels nécessaires à assurer des mis-
sions diverses (observation, chasse, soutien de combats au sol).
   Déjà lors de l’achat des «F/A-18», la version testée n’était pas celle qui
fut livrée ultérieurement. Pour autant, on n’a jamais parlé d’«avion en
papier». Un tel processus est habituel pour des avions de ce genre, car,
durant leur utilisation – comme durant la période d’acquisition – ils
subissent continuellement des améliorations. Si ce n’était pas le cas, le
GSsA aurait dénoncé l’acquisition de vieux clous! C’est pourquoi, au
moment de leur livraison, les «Gripen» disposeront de la technologie
la plus récente.

Connaissances spécialisées simulées
Un autre truc que les adversaires de l’armée utilisent pour tromper le
public consiste à utiliser des termes spécialisés et des détails techniques

20
     Une présentation systématique des techniques psychologiques de manipulation se trouve dans:
     Barben Judith. Les Spin Doctors du Palais fédéral. Comment la manipulation et la propagande
     compromettent la démocratie directe. Vevey, Xenia 2010 p. 57sqq.
21
     Le Vert Joe Lang a fait usage de cette manipulation lors de l’émission «Arena» de la Télévision
     suisse alémanique SRF du 20/12/13. Lang est membre fondateur du «Groupe pour une Suisse
     sans armée/GSsA» et en même temps vice-président des Verts suisses.
22
     La présentation a été organisée par «AVIA-Forces aériennes/Société des officiers des Forces aé-
     riennes» les 8 septembre et 12 octobre 2012 à Zurich et Emmen.

III. Attaque contre notre souveraineté                                                           13
même s’ils n’ont pas la moindre connaissances en la matière: ils peuvent
compter sur le fait que la plupart des gens ont tout aussi peu de connais-
sances qu’eux-mêmes. La politicienne socialiste Evi Allemann objecta
lors de l’émission «Arena» dans une tirade donnant l’impression qu’elle
était une connaisseuse: «Et il n’a qu’un seul réacteur!». Elle considéra le
public d’un air triomphant.23 En réalité, le fait que le «Gripen» n’ait qu’un
seul réacteur ne pose aucun problème à la Suisse. Seuls les avions de la
marine doivent posséder deux réacteurs, pour répondre à certains scé-
narii d’urgence propres à de tels avions. En règle générale, les avions des
forces aériennes n’ont qu’un réacteur. Le fait que le Gripen n’ait qu’un
seul réacteur constitue un avantage pour la Suisse, en ce que cela contri-
bue au prix relativement avantageux de cet avion.
   Un autre point fort du réacteur du «Gripen» est le fait que son réac-
teur soit pratiquement identique à celui des «F/A-18» que nous utili-
sons déjà, ce qui est un avantage important pour la logistique.
   Lui reprocher d’être monoplace est tout aussi absurde. Ce n’est pas un
problème pour un avion de combat. Ce type d’avion n’a besoin de deux
sièges que pour l’instruction. Avec le «Pilatus PC-21», nous disposons
déjà d’un système d’instruction révolutionnaire sur lequel les pilotes
d’avions à réacteur peuvent être formés. Il suffit d’adapter le logiciel à
un avion de combat monoplace. Le «Gripen» monoplace correspond
parfaitement aux besoins de la Suisse et réduit de surcroît son prix.

Jeu d’embrouille avec les chiffres
Dire que le «Gripen» est trop cher relève aussi de la propagande. Le
«Gripen» est non seulement le plus avantageux des trois avions éva-
lués, mais son financement sera alimenté, à l’aide du «fonds Gripen»,
pendant dix ans par le budget régulier de l’armée. Pas de suppléments
pour le contribuable!
   Afin d’empêcher le «remplacement partiel des Tiger», les adversaires
du «Gripen» répandent des chiffres inventés. Ils prétendent que l’avion
ne coûte pas les 3,126 milliards de francs officiels mais dix milliards.24
Ils parviennent à ce montant vertigineux en intégrant les frais d’exploi-

23
     Emission «Arena» au sujet du «Gripen» de la Télévision suisse alémanique SRF du 20/12/13
24
     Emission «Arena» au sujet du «Gripen» de la Télévision suisse alémanique SRF du 20/12/13

14                                                        III. Attaque contre notre souveraineté
tation et d’entretien pendant 30 (!) ans. Les adversaires de l’armée savent
parfaitement qu’on ne calcule jamais ainsi. Leur jeu d’embrouille avec ces
chiffres n’a qu’un but, celui d’insécuriser les électeurs. On doit espérer
que la plupart des Suisses ont suffisamment les pieds sur terre pour ne
pas tomber dans ces artifices bon marché.

Alliance contre nature
Personne ne sait exactement d’où provient la rumeur que le choix du
«Gripen» était entaché de corruption.25 Ce qui est certain, c’est qu’une
lettre anonyme a été remise aux médias, il y a quelques mois, lettre qui
contenait cette accusation. Elle était rédigée en français et plusieurs
noms suisses-alémaniques comportaient des erreurs, ce qui fait penser
à des auteurs français. Certains politiciens, spécialistes de la politique
de la sécurité, supposent que l’entreprise Dassault, voulant nous vendre
le «Rafale», pourrait en être l’instigateur.26 S’agirait-il d’une «complici-
té objective» entre l’alliance gauche-verte des adversaires de l’armée et
certains cercles financiers et économiques internationaux?

Qui tire les ficelles?
Une grande partie des médias ont rapporté avec satisfaction que nos
forces aériennes n’étaient pas opérationnelles lors de l’atterrissage à Ge-
nève d’un avion de passagers éthiopien détourné. Certains lecteurs en
ont rapidement et faussement conclu que l’achat des «Gripen» n’avait
donc pas de sens. En réalité, ce dysfonctionnement était connu. Des
travaux ont été entrepris pour y remédier. Pourquoi les médias ne
s’y intéressent-ils que maintenant, trois mois avant la votation sur les
«Gripen»? Qui tire les ficelles et décide de ce qui doit être publié et à
quel moment? Pourquoi les médias ne rapportent-ils pas de la même

25
     En Suisse, la corruption est plutôt l’exception et, dans le cas de l’acquisition des «Gripen», parti-
     culièrement invraisemblable du fait qu’en l’occurrence l’Etat suédois est notre partenaire contrac-
     tuel. Dans d’autres pays, par exemple en France, la corruption est en revanche notoire jusque
     dans les cercles gouvernementaux les plus élevés. On se souvient entre autre de l’«affaire de
     corruption Bettencourt» de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, cf. «Spiegel on-
     line» du 22/3/13. La juge d’instruction française Eva Joly a également informé sur des cas de
     corruption massive dans lesquels trempaient des cercles gouvernementaux très élevés. Cf. Joly
     Eva. «Im Auge des Zyklons. Mein Kampf gegen internationalen Finanzbetrug». Munich 2006
26
     Feuz Patrick. Politiker durchleuchten den Gripen-Deal. Basler Zeitung du 25/1/12

III. Attaque contre notre souveraineté                                                                 15
manière détaillée le fait que des propositions de spécialistes ont été
émises pour rendre à l’armée, par étapes réalistes, sa pleine capacité de
défense?27 L’acquisition des 22 «Gripen» en est un aspect central.28

Le rôle des services secrets
La Basler Zeitung suppose même que certains services de renseigne-
ments se mêlent de la campagne anti-«Gripen». Par des «indiscrétions»
ciblées, ils essaieraient d’«ébranler la Suède et la Suisse» et d’empêcher
l’achat des «Gripen».29 La Neue Zürcher Zeitung est également d’avis
que les adversaires du «Gripen» ont préparés encore d’autres buzz
destinés à influencer la votation dans un sens négatif.30 Vont-ils nous
annoncer – ce qui ne serait pas nouveau non plus – qu’en Suède égale-
ment, des cercles d’opposants contestent sa capacité de défense afin de
pouvoir faire entrer ce pays dans l’OTAN? Néanmoins, en Suède aussi,
toujours plus nombreux sont ceux qui refusent d’entrer dans ce jeu,
d’ailleurs contraire à la volonté populaire.31

27
     Gruppe Giardino. Mut zur Kursänderung. Schweizerische Sicherheitspolitik am Wendepunkt. Ba-
     den, Eikos 2013, p. 143–155
28
     Gruppe Giardino. A.a.O. p. 80/149
29
     Schwierige Kampagne für den Gripen. Basler Zeitung du 25/2/14
30
     Vakuum über der Schweiz verhindern. Neue Zürcher Zeitung du 1/3/14
31
     En Suède, ce sont avant tout les socialistes qui s’opposent à l’OTAN et qui exigent le plein ré-
     tablissement de la capacité de défense autonome du pays. Cf. Armee-Debatte in Schweden.
     Forderung nach Nato-Beitritt. Neue Zürcher Zeitung du 6/3/14

16                                                           III. Attaque contre notre souveraineté
IV. La jeune génération soutient la Suisse

Les affaires compensatoires créent des places de travail
L’acquisition du «Gripen» devrait profiter à l’économie suisse. La Suisse
et la Suède ont négocié des «affaires compensatoires» s’élevant à 2,5
milliards de francs.32 Cela signifie que des entreprises suédoises passe-
ront des commandes à des entreprises suisses pour une valeur de 2,5
milliards de francs. Quelque 518 affaires ont déjà été conclues avec 125
entreprises suisses.
   Les affaires compensatoires liées à l’achat des «Gripen» garantiront à
la Suisse des emplois correspondants à 10 000 hommes/jours, avec des
recettes fiscales, la TVA et les cotisations AVS. Si l’on tient compte de
tout, il est juste de lier ces flux d’argent à l’achat des «Gripen».
   La Suisse bénéficie d’une grande expérience de tels accords compen-
satoires. Elle en a réalisés avec succès à plusieurs reprises avec l’aide
de «Swissmem».33 Les commandes ont toujours été réparties correcte-
ment sur les cantons.

Le Brésil s’est également décidé pour le «Gripen»
Le Brésil, conscient de sa propre valeur, s’est également décidé en fa-
veur du «Saab Gripen E» et s’en procurera prochainement 36 exem-
plaires. Les spécialistes de l’Armée de l’air brésilienne sont parvenus
à la conclusion, après une évaluation interne, que le «Gripen» s’était
révélé être le meilleur et le plus avantageux des avions à choix.34 Cette
décision parle également en faveur de la qualité du «Gripen». La pré-
sidente socialiste de l’Etat brésilien Dilma Rousseff a déclaré: «Le Bré-
sil est un pays pacifique et doit donc pouvoir se défendre de manière
adéquate.» Elle a cité explicitement les riches ressources en pétrole de
la côte brésilienne qui pourraient éveiller des convoitises étrangères.

32
     Egalement «Offset-Agreement»
33
     «Swissmem» associe l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux à des
     secteurs analogues orientés vers la technologie. Avec environ 338 000 employés, c’est le plus
     grand employeur industriel de la Suisse.
34
     Brasilien entscheidet sich für den Gripen. Neue Zürcher Zeitung du 20/12/13

IV. La jeune génération soutient la Suisse                                                     17
Signe des temps
L’argument du Brésil, selon lequel un Etat pacifique doit pouvoir se
défendre de manière adéquate et disposer d’une armée de l’air forte,
vaut aussi pour la Suisse. La Suisse possède également des richesses qui
doivent être défendues, les cols alpins, son château d’eau, ses finances et
ses installations industrielles.
   La capacité d’un pays à se défendre est particulièrement importante
dans une situation mondiale où les tensions augmentent chaque jour,
en Ukraine, par exemple, c’est-à-dire à nos portes.
   Ecoutons un politicien expérimenté comme Jean-Claude Juncker,
ancien président de l’Eurogroupe: «Celui qui croit que la question
éternelle de guerre et de paix en Europe ne se posera plus jamais se
trompe cruellement. Les démons n’ont pas disparus. Ils ne font que
dormir.»35 L’ancien politicien du SPD Egon Bahr est lui aussi convain-
cu qu’il est tout à fait possible que la guerre réapparaisse bientôt en
Europe. A l’adresse de la jeune génération, il précise que lui-même, en
1933, n’avait pas cru son père lorsque celui-ci lui disait: «Hitler signifie
la guerre». Aujourd’hui, Egon Bahr estime «que nous vivons dans un
temps d’avant-guerre».36 Des économistes prennent des positions dans
le même sens. Nouriel Roubini, professeur d’économie américain re-
connu et conseiller gouvernemental, affirme: «Je ne prédis pas la troi-
sième Guerre mondiale, mais l’instabilité politique et sociale croissante
et menaçante en Europe et dans d’autres économies nationales déve-
loppées, nous causent de grands soucis.»37

Nouvelle prise de conscience en matière de sécurité
Cette situation globale a conduit, en Suisse aussi, à un changement dans
la manière de voir les choses. La sécurité du pays et de la population
est à nouveau perçue comme un élément important. Preuve en soit le
résultat de la votation fédérale sur le maintien de l’obligation de servir.
Preuve en soit aussi le fait que le Parlement fédéral a de nouveau fixé le
budget de l’armée à cinq milliards de francs, après de longues années

35
     Der Spiegel du 10/3/13
36
     Egon Bahr schockt die Schüler. Rhein-Neckar-Zeitung du 27/12/13
37
     Roubini Nouriel. Interview dans: Emerging Markets, 23/9/11 (trad. J.B.)

18                                                       IV. La jeune génération soutient la Suisse
de réduction du budget, et qu’il a accepté l’acquisition des 22 «Gripen».
   D’une manière générale, l’armée intéresse de plus en plus la popula-
tion. Les livres consacrés à l’armée se vendent bien. Une nouvelle gé-
nération prend le relais. Elle prend congé des modèles un peu trop
faciles et souvent incohérents des années 1990. Elle soutient les ins-
titutions suisses, notamment l’armée. De ce fait, les chances que les
citoyens suisses approuveront l’acquisition du «Gripen» le 18 mai 2014
sont bonnes.

IV. La jeune génération soutient la Suisse                            19
Les auteurs

Franz Felix Betschon
   Dr. sc. techn., dipl. ing. EPFZ. Etudes à la Harvard Business
   School de Cambridge (USA). Ancien colonel EMG, en
   dernier lieu dans les forces aériennes et au service de
   renseignements, membre de l’International Institute for
   Strategic Studies de Londres de 1985 à 2005. Carrière dans
   l’industrie et en tant que membre de divers conseils
   d’administration. Auteur de plusieurs livres sur la politique
   de sécurité.

Judith Barben-Christoffel
   Dr. phil., psychologue et psychothérapeute FSP. Auteure
   d’articles scientifiques et éditrice. Ancienne institutrice
   d’école primaire et d’écoles spéciales. Etudes en psychologie
   à l’Université de Zurich. Cabinet de psychothérapie.
   Conférences et publications dans les domaines de la
   psychologie, de la psychothérapie, de la pédagogie et de
   l’éthique ainsi que sur la mise en danger de la démocratie
   directe par la manipulation et la propagande.

Les auteurs                                                        21
Publications des éditions Eikos
Les éditions Eikos publient des articles sur des thèmes actuels qui contribuent à un
vivre-ensemble digne, basé sur la paix, la liberté, l’égalité et la démocratie directe,
tout en renforçant le respect du droit international, des droits de l’Homme et du
droit international humanitaire. Les éditions sont politiquement et financièrement
indépendantes et neutre sur le plan confessionnel.
                                 Judith Barben
                                 Les Spin Doctors du Palais fédéral
                                 Comment la manipulation et la propagande
                                 compromettent la démocratie directe.

                                 Editions Xenia S.A. Vevey 2010, 255 pages,
                                 10 illustrations, cart., Fr. 30.–
                                 ISBN 978-2-88892-095-3

                                 Préfacé par Carlo S. F. Jagmetti,
                                 ancien ambassadeur de Suisse aux Etats-Unis.
                                 «Un plaidoyer pour une politique honnête,
                                 ainsi qu’une contribution à la défense de la
                                 démocratie directe.»

L’édition originale allemande, intitulée «Spin doctors im Bundeshaus. ­
Gefährdungen der direkten Demokratie durch Manipulation und Propaganda»
a été publiée en 2009 aux Editions Eikos, Baden. ISBN 978-3-033-01916-4

                                 Gruppe Giardino
                                 Mut zur Kursänderung
                                 Schweizerische Sicherheitspolitik am Wendepunkt.

                                 mai 2013, 240 pages, cart., Fr. 25.–
                                 avec infographies, tableaux et photos en couleur
                                 ISBN 978-3-033-03917-9

                                 Un livre mettant en lumière la situation sécuritaire
                                 actuelle de la Suisse

Commandes auprès des Editions Eikos par voie postale, téléphone ou courriel:
Eikos Verlag, case postale 149, 5401 Baden
tél. +41 (56) 221 80 85; E-mail: verlag@eikos.ch
Les auteurs expliquent de manière compréhensible et concise pourquoi l’ac-
quisition d’un nouvel avion de combat est indispensable pour la sécurité de
notre espace aérien. La décision en faveur du «Saab Gripen E», construit
par la Suède neutre, a été prise par le Conseil fédéral suite à une évaluation
soigneuse. Le «Gripen» constitue la meilleur solution pour notre pays, du
point de vue militaire, sécuritaire et économique. Oui au «Gripen» signifie
Oui à l’armée.
En tant que pays souverain et neutre, la Suisse est tenue de défendre son
territoire et son espace aérien de toutes les manières, et notamment sur le
plan militaire. C’est pourquoi elle doit disposer de forces aériennes aptes à
accomplir leur mission. En outre, les forces aériennes sont le «toit au-dessus
de l’armée». L’armée ne peut remplir sa mission au sol que si ce toit est
imperméable.
La situation mondiale montre qu’un pays neutre ne peut se passer d’une
armée s’il veut protéger et maintenir son indépendance. La grande majorité
des Suissesses et des Suisses – notamment la jeune génération – soutiennent
le modèle Suisse et ses institutions, dont en particulier l’armée. Les chances
que les citoyens approuvent l’acquisition du «Saab Gripen E» sont bonnes.
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