NOVEMBRE 2019 PAR DORIAN DAVID - LA CHASSE DES VIDES STRATÉGIQUES - Iris

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NOVEMBRE 2019 PAR DORIAN DAVID - LA CHASSE DES VIDES STRATÉGIQUES - Iris
PROGRAMME ASIE

    LE DÉNI D’ACCÈS CHINOIS, ENTRE HÉRITAGE
               IMPÉRIAL ET MONDIALISATION :
        LA CHASSE DES VIDES STRATÉGIQUES

                               PAR DORIAN DAVID

                                    NOVEMBRE 2019

ASIA FOCUS #126
ASIA FOCUS #126 – PROGRAMME ASIE / Novembre 2019

                 e sommet de Davos en janvier 2019 semble confirmer la tournure du monde

  L
                 actuel. Marquée par l’absence de grandes puissances occidentales comme les
                 États-Unis, le Royaume-Uni et la France malgré la présence de plus de 3 000
                 PDG et responsables politiques internationaux, la scène du sommet
                 économique a été occupée notamment par les officiels chinois 1. L’enjeu est
double pour Beijing qui doit justifier des difficultés rencontrées par sa croissance
économique stagnante, tout en s’affirmant en même temps comme une puissance
régulatrice de la mondialisation à la place de celles qui se sont absentées. Une aubaine
pour l’Empire du Milieu qui ne cesse de développer son projet des « Nouvelles routes de
la soie » et qui peut en faire la promotion devant le parterre mondial de l’économie et de
la politique. Ce sommet économique illustre clairement le lien indéniable entre économie,
diplomatie et politique. Autant de leviers utilisés par la stratégie chinoise depuis des
siècles pour asseoir son autorité si ce n’est son hégémonie.

De plus, l’absence de certaines puissances occidentales est pointée du doigt par Beijing
qui n’hésite pas à être très critique en dénonçant la situation interne fragilisée de ces États
tout en promouvant la mondialisation et le multilatéralisme. Cette situation illustre, ici au
sens physique, les « vides » laissés par le retrait des puissances occidentales sur la scène
internationale, aussitôt comblés par la Chine de manière à écarter ces absents. En mettant
à mal l’image d’États considérés comme responsables et régulateurs du monde, Beijing
présente sa croissance comme un modèle de réussite qu’il est bon de suivre pour s’asseoir
à la table des puissances établies. Le but n’est pas de les remplacer, mais plutôt de se
hisser à leur niveau pour avoir le même poids géopolitique.

La promotion du projet OBOR 2 face à des investisseurs et des responsables politiques de
tous les pays n’est pas dénuée de sens stratégique tant il consiste à ce que la Chine prenne
pied sur des territoires en les interconnectant tout en le contrôlant de bout en bout et
excluant tout autre acteur étranger. Si Beijing peut investir sur une multitude de
territoires dans le monde et s’y implanter (durablement ?) c’est bien en ciblant les failles
des Etats avec qui elle veut conclure un marché, en accord avec la poursuite de ses intérêts

1 Sylvie Kauffmann et Marie de Vergès, « A Davos, les Américains ont laissé la place aux Chinois », lemonde.fr, 24 janvier

2019.
2 One Belt One Road, soit les Nouvelles routes de la soie.

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nationaux. Ces failles sont autant de « vides » internes propres à chaque cible. Au même
moment où des manifestations contestataires éclatent en Afrique contre les projets
d’infrastructure des « Nouvelles routes de la soie », les tensions se cristallisent en mer de
Chine autour des îlots occupés par la Chine 3. Ainsi partout où Beijing investit
diplomatiquement et économiquement tout autre acteur est écarté directement 4 ou
indirectement 5. Une stratégie de déni d’accès (A2/AD) se met en place autour des îlots
qu’elle a accaparés manu militari s’élevant au-delà lois internationales 6.

Beijing semble mettre en œuvre un déni d’accès multiscalaire et multiforme en l’adaptant
à tous les secteurs de sa stratégie. Les « vides » stratégiques sont-ils l’origine d’une bulle
exclusive, typique du déni d’accès, qui dépasserait la sphère du hard power ? À l’image de
la « mauvaise herbe » d’Arthur Miller, là où s’accroît la présence de la Chine, rien d’autre
ne pousse. Par ailleurs, la stratégie du déni d’accès relève d’une stratégie impériale
déployée depuis plusieurs siècles par les plus grands Empires (Russe, Perse et Empire du
Milieu). La stratégie actuelle de Beijing marque-t-elle le retour de l’impérialisme
contemporain ?

LE « CONCERT STRATÉGIQUE » IMPÉRIAL RUSSE ET CHINOIS

Comparer la Russie et la Chine semble vain et peu approprié tant leurs systèmes de
fonctionnement différent 7, mais le rapprochement entre leurs « lignes stratégiques »
impériales semble opportun pour mieux appréhender les dynamiques stratégiques
actuelles.

Néanmoins, les deux États ne bénéficient pas des mêmes atouts pour déployer leur
stratégie respective. En étant le premier exportateur mondial, la Chine est devenue un

3 En particulier autour des Spratleys, les Paracels.
4 En imposant une rupture des relations avec Taïwan en Asie du Sud-est in François-Régis Dabas, Quelle stratégie pour
la Chine ? Paris, Nuvis, 2012, p 141.
5 En s’imposant comme le modèle à suivre qui supplante les anciennes puissances coloniales qui se retirent peu à peu

en Afrique.
6 Illustré par la mobilisation du tribunal international qui a essayé d’appliquer des sanctions in Danier Schaeffer, « Mer

de Chine du Sud. Code de conduite : la grande chimère », Diploweb.com, le 30 janvier 2016,
https://www.diploweb.com/Mer-de-Chine-du-Sud-Code-de.html.
7 Lucien Bianco, La Récidive. Révolution russe, révolution chinoise, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires ».

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acteur essentiel dans le secteur économique mondial8. Puissance nucléaire depuis 1964,
membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations unies depuis 1971, Beijing est
membre de l’OMC depuis 2001 et participe aux sommets du G20, conférences sur le climat
de Copenhague (2009), de Paris (2015) … La Chine est devenue l’un des cinq acteurs
géostratégiques du monde 9. Le secteur économique lui offre la possibilité de s’imposer
dans la sphère géopolitique alors que la Russie connaît un certain repli économique et
peine à s’imposer comme la 12e puissance économique mondiale. En revanche, si Beijing
dispose du deuxième budget militaire depuis 2012 et est présentée comme la troisième
force militaire mondiale, Moscou demeure la deuxième puissance militaire du monde 10.

Malgré leur relation bilatérale asymétrique, Moscou et Beijing agissent de concert au
point d’atteindre le « meilleur niveau de toute l’histoire » des relations bilatérales,
notamment depuis la crise ukrainienne de 2014 11. Mais leur relation n’est pas une alliance
par « rapprochement » idéologique. Après les évènements de la Crimée, Moscou s’est vue
écartée des sommets internationaux par les puissances occidentales (comme le G7 en
2014) qui ont dénoncé son instrumentalisation de la situation pour annexer une partie
d’un territoire qui lui appartenait auparavant. Au même moment, Beijing doit faire face
aux résistances quant à ses actions en mer de Chine méridionale. Ces facteurs
d’écartement et de crainte ont poussé les deux parties à se rapprocher pour leur propre
développement, mais aussi pour s’assurer une « coexistence pacifique » de manière à
concentrer leurs efforts sur le même « adversaire » américain 12. Le rapprochement est
avant tout diplomatique.

La coopération entre Moscou et Beijing s’illustre par une absence de critique concernant
leurs actions dans leur « étranger proche » respectif. Et c’est sur ce point, que les deux
États    semblent       se    rapprocher        davantage        idéologiquement,         politiquement         et
stratégiquement. La notion d’étranger proche rappelle le principe d’extension d’un
Empire. Contrôlant un centre solide avec fermeté, le système impérial consiste à canaliser

8  D’après les chiffres estimés en 2016 du World Fact Book de la Central Intelligence Agency,
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/rankorder/2078rank.html.
9 Zbigniew Brzenzinski, Le Grand échiquier, Paris, Pluriel, 2011 (1ère éd. 1997), 288 p.
10 D’après les chiffres du Global Fire Power, sur https://www.globalfirepower.com/countries-listing.asp.
11  Isabelle Facon, Les fondements inédits du partenariat sino-russe au XXIe siècle, Annuaire français de relations
internationales, volume XVIII, 2017.
12 Ibid.

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de nombreuses périphéries pour assurer la mise en réseau avec le centre. Ainsi, la
multiplication des périphéries permet à l’Empire de s’accroître sur tous les plans en
justifiant cette appropriation de territoires par la notion de « proximité ». Puis, en vue de
protéger ces périphéries, l’Empire déploie une stratégie de déni d’accès pour s’assurer du
contrôle de la zone sans craindre l’intrusion d’un acteur extérieur. Dès la formation de
l’Empire russe avec Pierre le Grand, cette logique stratégique s’illustre à travers
l’extension jusqu’à la mer Noire d’une part, et en Sibérie d’autre part (deux zones
stratégiques pour s’ouvrir au monde). La même dynamique s’observe lors de l’expansion
de l’Empire du Milieu avec le système tributaire et les différents cercles Tianxia.

Les stratégies de déni d’accès apparaissent comme une posture défensive tout en étant un
moyen de réappropriation de leur étranger proche. En Crimée, la Russie a clairement mis
en œuvre une stratégie de déni d’accès en transformant la presqu’île en « véritable
forteresse » 13. En effet, Moscou a déployé son système de déni d’accès multicouche dans
son intégralité avec le système antinavire Bastion-P, le système antiaérien S-300 PMU
reliés à des radars côtiers, des bombardiers Tu22M3 Backfire, des avions de patrouille
maritime et anti-sous-marins ainsi que les systèmes de missiles S-400 14. Avec une telle
bulle de protection, aucun acteur n’ose y entrer, craignant l’épée de Damoclès 15. La notion
d’étranger proche sert de justification pour se réapproprier un territoire, mais pas
seulement ; avec la Crimée, Moscou cherche surtout à s’assurer un accès à la mer Noire
(enjeu stratégique depuis la formation de l’Empire). Ainsi, la mise en place de leur A2/AD
relève uniquement du hard power, comme un show of force dissuadant tout opposant d’y
pénétrer. Mais cela va plus loin. Il est aussi question d’influence et d’image. En interdisant
une zone aux autres États (dans le cas de la Crimée, les États-Unis et l’OTAN), Moscou met
à mal l’image hégémonique états-unienne 16 capable d’intervenir sur n’importe quel
territoire du monde pour y établir son modèle de paix. En outre, la stratégie d’A2/AD ne
s’arrête pas là. Lors des évènements ukrainiens en 2014, on peut relever une
manipulation des médias et de la population par la Russie en sous-main notamment par

13 Guillaume Lasconjarias, « Dépasser la simple problématique militaire : l’OTAN face à l’AD/AD russe », DSI hors-série,

01er octobre 2017.
14 Loic Burton, Bubble Trouble: Russia’s A2/AD Capabilities, Foreign Policy Association, 25 octobre 2016.
15 Guillaume Lasconjarias, Dépasser la simple problématique militaire : l’OTAN face à l’AD/AD russe, Op cit.
16 Ibid.

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le biais des réseaux sociaux 17. L’Ukraine semble avoir reçu une attaque de minage de
l’intérieur pour forcer le mouvement séparatiste, si tant est que le sursaut prorusse de la
Crimée soit authentique, au même titre que l’auto-armement de la population. L’A2/AD
russe laisse ainsi transparaître l’utilisation du sharp power 18, dépassant les limites du
secteur militaire.

La présentation du cas ukrainien permet de faire une sorte d’analogie avec celui des îlots
en mer de Chine méridionale. Les mêmes procédés stratégiques sont employés
notamment sur les Spratleys et les Paracels avec le déploiement de HQ-9B, YJ-12 et YJ-26
qui permettent d’entraver la liberté de navigation 19. Ces îlots artificiels ont été militarisés
par la Chine, imposant des forteresses sorties de l’eau pour leur assurer un contrôle total
des zones autour. L’objectif n’est pas seulement militaire, Beijing veut mettre en avant son
passé impérial avec la fameuse « ligne des neuf traits » (renouant ainsi avec les territoires
de son étranger proche). Puis grâce à ces îlots, la Chine augmente surtout la capacité de
ses ZEE. De fait, en empiétant sur les ZEE des Philippines, Beijing s’impose statutairement,
comme l’a montré l’issue du procès au tribunal pénal international lorsque Beijing n’a pas
reconnu la décision de ce dernier. Ces évènements dépassent la sphère militaire et
s’étendent à la sphère de l’influence. Alors que les pays d’Asie du Sud-Est touchés par ces
actions en mer de Chine méridionale attendent une action du seul pays capable
d’intervenir, les États-Unis, ils doivent faire face à l’absence totale de réaction américaine.
La Chine s’impose alors comme le pays qui peut agir et contrôler une zone. Son influence
s’accroît, par le rayonnement de son modèle. Ainsi, le déploiement de l’A2/AD russe et
chinois sur leur étranger proche serait-il un élargissement du Rimland de Mahan ?

17 Brice Couturier, Le sharp power : usage d’informations trompeuses à des fins hostiles, Le tour du monde des idées,
podcast sur franceculture.fr, le 1er juin 2018.
18 Le sharp power consiste en un pouvoir perforant de l’environnement politique et informationnel des pays cibles, il

s’agit de miner de l’intérieur des démocraties libérales. Le concept est d’ailleurs développé par le général Valéri
Guérassimov.
19 Le HQ-9B est un système de défense sol-air longue portée et le YJ-12 un système de missiles antinavires et le YJ-26

un radar. Etienne Daum et Bertrand Slaski, A2/AD, déni d’accès et interdiction de zone, réalité opérationnelle et limites
du concept, CEIS, septembre 2018.

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DANS LE CARQUOIS DE L’ARC « RUSSIE — CHINE – IRAN », LE DÉNI
D’ACCÈS
Cet été, un autre « ancien empire » s’est démarqué sur la scène internationale par le
déploiement de son déni d’accès. En effet, l’Iran a fait couler beaucoup d’encre notamment
à propos des tensions dans le détroit d’Ormuz. Il est intéressant de noter le dispositif
iranien dans la zone. Au-delà du déploiement de missiles antinavires et antiaériens, la
flotte iranienne positionne des vedettes rapides à proximité du détroit et dépose des
mines pour canaliser le flux maritime dans le détroit et contrôler son accès. Ainsi, une
sorte de « kill box » se crée à la sortie de l’entonnoir contrôlé par l’Iran grâce à des pions
placés à distance, capables d’intervenir rapidement et de harceler son adversaire. Ce
procédé rappelle ceux du jeu d’échecs, notamment lorsque le joueur contrôle le centre de
l’échiquier en disposant ses pions en avant et libère les diagonales des fous. Or, l’Empire
perse est le foyer de création du jeu d’échecs dans sa forme la plus proche de celle que
l’on connaît aujourd’hui (le chaturanga et autres formes précédentes étant régis par des
règles plus éloignées). Importé d’Inde, le jeu de stratégie s’est ensuite répandu au Nord,
en particulier en Russie.

Aucun pays occidental ne semble s’illustrer dans ce domaine. Le ton est souvent inquiet
si ce n’est alarmiste lorsqu’il s’agit de parler de l’ « arc » Russie-Chine-Iran et de leurs
stratégies A2/AD. Défendant un autre ordre mondial, moins occidentalo-centré et
davantage multilatéral, les trois pays tendent à créer une zone militairement
impénétrable. Cependant, le déni d’accès militaire tend à s’étendre au domaine de
l’influence, voire culturel. On peut noter l’exclusivité culturelle et politique de ces trois
régimes, à des degrés différents (parti unique, censure, religion unique…). La
stratégie A2/AD ne serait-elle pas l’expression d’un modèle exclusif sur tous les plans ? Si
la Russie, plus intégrée et ouverte à l’Occident, semble moins fermée et exclusive, la Chine
et l’Iran créent des bulles culturelles à travers ces déploiements. L’Iran tend à établir un
« croissant chiite » en soutenant les milices panshiites au Moyen-Orient, tandis que la
Chine rejette encore farouchement le modèle occidental et veut, en créant l’exclusivité,
proposer son propre modèle au monde. De plus, pour ces trois anciens empires, la logique
est toujours d’être prêt à se défendre sans se montrer frontalement agressif. Le déni

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d’accès permet ainsi de maîtriser leur image et se montrer comme « attaqué » si un conflit
venait à se déclarer. Prônant la paix et assurant leur propre survie tout en se développant,
ces anciens empires visent des fins diplomatiques et politiques pour s’imposer comme
modèle à suivre. Le déni d’accès permet de livrer une « guerre indirecte » qui mobilise
d’autres moyens que les moyens militaires.

Si le déni d’accès semble être l’apanage du jeu d’échecs des empires, pourrions-nous
appréhender la pensée stratégique de l’Empire du Milieu selon son jeu de stratégie
ancestral, le jeu de go ?

L’utilisation de l’A2/AD visant l’appropriation de petits territoires pour s’étendre autour
de ces derniers et accroître son aire de responsabilité fait largement écho à la théorie du
jeu de go. En effet, les règles de ce jeu ancestral chinois rappellent étrangement la
situation actuelle notamment avec le projet chinois de BRI. En proposant des nouvelles
installations à des pays qui représentent un intérêt stratégique pour eux (comme un lieu
de passage vers l’Europe, vers des eaux profondes ou de nouveaux marchés potentiels)
Beijing place un de ses « pions » et impose un contrôle tout autour de son chantier. On
peut observer dès lors un déploiement de forces de sécurité chinoises, de marchands
chinois… Le territoire est comme dépossédé de cette zone qui devient « propriété »
chinoise. Comme au jeu de go, un pion permet de s’accaparer une zone stratégique en vue
de créer un réseau de plus grande ampleur. Le même processus se retrouve autour des
îlots (Spratleys, Scarborough, Paracels…) en mer de Chine méridionale.

Ainsi chaque joueur a sa propre stratégie même si le procédé reste le même. Les
déploiements A2/AD ne sont pas similaires entre la Russie, la Chine et l’Iran. Chaque pays
le déploie au niveau de ses ambitions, de la manière qui lui est propre. À l’image de son
adaptation à la mondialisation, la Chine sait transformer la situation en poursuivant sa
pensée ancestrale d’efficacité.

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LE JEU DE GO MONDIAL, TERRAIN DES « VIDES STRATÉGIQUES », RÉGI
PAR L’EFFICACITÉ
La première image du « grand échiquier mondial » pourrait être adaptée selon une vision
plus asiatique du monde, en un « jeu de go mondial ». « L’efficacité en Chine, […], [étant]
une efficacité par adaptation », les logiques stratégiques peuvent paraître ainsi moins
« frontales », mais pas pour autant moins prédatrices.

En effet, cette vision stratégique du monde permet de mieux appréhender les logiques
stratégiques chinoises actuelles, héritières de la pensée ancestrale chinoise sur un
nouveau « plateau de jeu ». Pour remporter la victoire à ce jeu, il convient de placer des
pions dans des cases vides créer des « bulles » impénétrables à l’adversaire et s’assurer
d’une présence sur une « zone stratégique », ainsi que d’encercler son adversaire pour
limiter son expansion ou alors, comme par influence, s’accaparer son « territoire » et
contrôler au mieux ses actions. Étrangement, ces termes font largement écho à des
procédés stratégiques géopolitiques.

Si la logique première est de créer un fief pour s’assurer un territoire impénétrable en vue
de se développer (un peu comme la Muraille de Chine à l’ère impériale), elle est semblable
à celle du déni d’accès. Comme au jeu de go, le déni d’accès relève d’une stratégie de
« défense active », il est déployé en préparation du temps suivant, c’est la condition
permettant l’offensive. Ainsi, la ligne stratégique A2/AD s’inscrit dans la lignée de la
pensée stratégique chinoise de Sun Tzu qui consiste à se rendre invincible, à positionner
ses forces pour être en mesure d’attaquer lorsqu’une vulnérabilité apparaît. Tels les pions
au jeu de go, l’A2/AD se déploie dans une zone stratégique, mais surtout, une zone où il
peut s’implanter. Or, c’est justement ce lieu « d’implantation » qui nous intéresse pour
distinguer le déni d’accès « aux caractéristiques chinoises » des autres stratégiques tant il
relève d’une pensée stratégique ancestrale. L’emplacement stratégique résulte d’une
bonne étude de son adversaire, mais surtout d’une adaptation au jeu adverse.

À première vue, le « pion A2/AD » semble trouver sa place sur une case vide, là où il peut
se répandre comme de la mauvaise herbe pour reprendre les termes d’A. Miller. Ce vide
constitue un « vide stratégique » qui peut être multiforme et multiscalaire. Sur la scène
internationale, Beijing peut ainsi chercher à investir des « vides » parce qu’il n’y a aucun

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occupant à cette place et cela lui permet d’accroître son contrôle sur le cours des
évènements comme sur les îlots des Spratleys, des Paracels ou de Scarborough. Ces
espaces inoccupés ont permis à Beijing se créer de réelles bases militaires, mais ces
exemples relèvent du hard power. La même situation s’est présentée lors de la conférence
de Bandung, sur le plan diplomatique. Aucun leader des pays non-alignés ne se
démarquait clairement et Beijing s’est imposée face à Pandhit Neru. Le « vide stratégique »
peut donc revêtir n’importe quel aspect : militaire, diplomatique, financier, culturel… Il
est global. Or, en ciblant des vides stratégiques globaux, la stratégie de Beijing ne peut être
que globale, s’adaptant à tous les secteurs en les combinant pour s’assurer la victoire.

Par ailleurs, l’investissement de ces vides passe par une exclusion de tout autre acteur
dans la sphère d’action de Beijing, le but est d’empêcher un quelconque pion adverse de
s’immiscer dans la zone stratégique. Ainsi, la Chine déploie un déni d’accès global,
dépassant l’acception strictement militaire de cette stratégie. La conception de la scène
internationale comme « jeu de go » et non plus comme « échiquier » induit une nouvelle
appréhension des logiques stratégiques et de la guerre en général. Les procédés
d’Efficacité mis en place par Beijing sont décrits comme des principes de « guerre » par
les écrits de Confucius, du Mencius, de Sun Tzu, du Laozi, etc., mais dans un sens plus large
qu’un conflit armé entre deux États. La « guerre » est comme un statut d’État, une ligne
politique, qui vise un but qui le dépasse — ici, la reconquête de la scène internationale. De
plus, la « guerre » n’est pas seulement militaire, elle est globale, le moyen militaire ne se
présentant que comme dernier recours stratégique. La logique en revanche est la même,
presque prédatrice, en vue d’accroître le potentiel d’un pays et « gagner » sur tous les
plans pour poursuivre ses intérêts à toutes les échelles.

Ainsi, le déni d’accès contemporain s’apparente à un retour aux origines stratégiques de
la Chine à l’image des discours de Xi Jinping et ses projets politiques, notamment les
Nouvelles Routes de la Soie et le Rêve chinois. Toutes ces références et cette ambition
mondiale ne seraient-elles pas une allusion au retour de l’Empire du Milieu ? La stratégie
déployée par Beijing s’apparenterait-elle à une forme d’impérialisme contemporain ? Il
convient de nuancer ces propos, tant ils peuvent être conçus d’une manière plus
occidentale, en étudiant l’impérialisme américain et leur stratégie mondiale.

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Chaque joueur applique sa propre stratégie selon sa conception du plateau. Or, pour
reprendre notre image du jeu d’échecs et jeu de go, le plateau représenterait le monde. Le
déni d’accès « aux caractéristiques chinoises » se distingue de l’A2/AD russe et iranien par
son déploiement le prisme à travers lequel il conçoit le monde. Comme présenté à travers
le principe d’efficacité, un processus d’étude de son adversaire est initié en amont en vue
d’une transformation de la situation pour atteindre son ambition quitte à défendre
militairement l’aire stratégique ciblée. La Chine ne recourt au moyen militaire
uniquement qu’après avoir conquis un vide par des moyens non militaires. La ligne
stratégique diffère puisque l’A2/AD chinois tient ses racines d’une pensée stratégique
bien plus ancienne et ne fait que s’adapter au contexte de mondialisation actuel en vue
d’une ambition plus importante.

À CHAQUE « VIDE STRATÉGIQUE » SON DÉNI D’ACCÈS
Enfin, le « jeu de go mondial » initié par Beijing permet de mieux appréhender la ligne
stratégique chinoise. Partout où Beijing s’implante, une faille est méticuleusement
identifiée et étudiée pour l’exploiter. Par exemple à travers la BRI, les projets de voies de
communication sont présentés comme des aides pour les États « cibles » qui sont eux-
mêmes déficitaires dans leurs réseaux de transport. Sous couvert d’une politique de
« win-win », Beijing séduit et transforme la situation pour laisser sa cible devenir peu à
peu dépendante comme en Afrique et en Amérique latine 20. De même dans le bassin
Sud-Est asiatique, Beijing intervient dans le jeu des alliances entre les pays de l’ASEAN
pour, finalement, dynamiter l’organisation régionale en entretenant des liens bilatéraux
de dépendance avec chaque pays membre. Cette stratégie régionale paraît renouer avec
le passé des États tributaires de l’Empire du Milieu.

Le projet de BRI apparaît comme un vecteur géopolitique de Beijing. En véhiculant des
projets de transports et/ou financiers, elle permet aussi de répandre la diplomatie du
leader des non-alignés tout en renouant avec un projet impérial qui s’adapte au contexte
de mondialisation. Le principe de relier la Chine au reste du monde fait écho à plusieurs
notions ancestrales notamment le Tianxia (que l’on pourrait rapprocher de la notion

20 Voir l’exemple du Venezuela in Jean-Paul Yacine, « Venezuela : de la “Realpolitik” aux rapports de forces. “Les
caractéristiques chinoises” à l’épreuve », Questionchine.net, publié le 31 janvier 2019.

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d’Etranger proche russe). Grâce aux projets de connexion et de mise en réseau avec,
comme centre, Beijing, les trois cercles retrouvent leur place à l’échelle mondiale et tout
ce qui est Tianxia gagne en proportion. En outre, la notion de Tianxia sert les ambitions
régionales de Xi Jinping sur le plan culturel notamment pour imposer le retour à une
histoire chinoise et se réapproprier des territoires qui appartenaient à l’Empire du Milieu.
C’est toute une dynamique, alliant passé et présent, qui renoue avec les racines
nationalistes et s’adapte au contexte actuel de mondialisation pour poursuivre l’objectif
de la Chine : retrouver sa place sur la scène mondiale.

Ainsi, l’aire de responsabilité de Beijing s’élargit et pourrait impliquer insidieusement le
retour du système de vassalité en raison des relations de dépendance créées à travers le
monde. Néanmoins, ces relations de dépendance semblent s’imposer presque
naturellement, sans que les États ne le perçoivent à l’origine des accords, selon la pensée
stratégique chinoise 21. À l’image du conseiller prenant l’ascendant sur son prince grâce à
la morale qui s’impose d’elle-même, « la réalité est infléchie sans être forcée » 22. Beijing
parvient à conquérir le jeu de go mondial grâce à une hégémonie douce : la propension 23.
Par ailleurs, la stratégie chinoise n’en demeure pas moins prédatrice. Même une
apparente relation bilatérale de confiance (malgré l’asymétrie), n’empêche pas Beijing de
cibler un vide stratégique chez son partenaire russe. Malgré ses accords avec Moscou,
Beijing semble profiter de leur « alliance » qui s’avère désormais être en sa faveur, pour
exploiter la faiblesse générale de la Russie, notamment l’Extrême-Orient du pays,
territoire stratégique pour la Chine depuis des dizaines d’années, qui souffre de
l’éloignement avec la capitale 24.

Quand bien même les États « partenaires » ont choisi la relation avec la Chine, il s’agit
toujours de stratégie d’influence et d’image comme le présente Mencius : « partagez vos
plaisirs avec lui [le peuple] et vous ne pourrez pas ne pas régner progressivement sur tous
les princes : car tous les peuples voudront passer sous votre autorité » 25. C’est ainsi que
Beijing s’impose comme le modèle des pays non-alignés, déçus ou mis à l’écart par les

21 « Il faut diriger les affaires militaires de sorte qu’on triomphe de jour en jour, progressivement sans que les autres

puissent nous redouter » (GGZ, Chap. 8, « Mo »). Les ennemis ne voient pas le danger, et quand bien même ils le voient,
c’est trop tard « il sont à notre merci » » propos commentés in François Jullien, Traité de l’efficacité, Op Cit, p 99.
22 Ibid, p 97.
23 Ibid.
24 Emmanuel Lincot, Défis stratégiques dans les rapports centre/périphérie en Chine, IRIS, ASIA FOCUS #72, PROGRAMME

ASIE, mai 2018.
25 Propos rapportés et commentés dans Ibid.

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ASIA FOCUS #126 – PROGRAMME ASIE / Novembre 2019

États-Unis ou les anciennes puissances coloniales (comme en Afrique avec le Zimbabwe,
la Côte d’Ivoire, etc.). En voulant prendre la place des anciennes puissances occidentales,
Beijing crée une sorte de déni d’accès « doux » ou indirect. En s’imposant comme le seul
modèle viable et capable d’aider son partenaire, tout autre acteur est écarté des
négociations naturellement (hormis quand Beijing impose une rupture des relations avec
Taïwan). La propension crée une sorte de « bulle d’influence » assurant presque
l’exclusivité des accords à Beijing (qu’elles soient financières, diplomatiques, militaires,
etc.). Le déni d’accès indirect est donc aussi global. Cette distance créée par les anciens
partenaires des pays cibles forme un vide stratégique d’ordre diplomatique et culturel
dans lequel Beijing peut s’installer.

En outre, à l’image des trois cercles Tianxia, on dénote une différence dans le déploiement
et l’aboutissement de la stratégique de Beijing. À l’échelle régionale, la stratégie chinoise
se révèle plus aboutie. En effet elle recourt à la fois au soft et au hard power avec des
logiques d’influence en Asie du Sud-Est (reliant avec le passé du système de vassalité, la
promotion du mandarin, etc.) et une mobilisation des moyens militaires en mer de Chine
méridionale et dans le Xinjiang. Cependant, à l’échelle mondiale Beijing semble encore
s’approprier le terrain pour mieux placer ses pions. Le projet OBOR dévoile une différence
d’aboutissement stratégique en fonction des territoires. En Amérique latine et en Asie
centrale les vides apparaissent de plus en plus, et Beijing ne tarde pas à conclure des
marchés conséquents. Néanmoins en Afrique le projet de BRI s’y est développé davantage.
Jouissant d’une forte aura auprès des pays non alignés et socialistes, Beijing bénéficie
aisément d’une bonne image. De plus, les « vides » sont plus béants, plus globaux et offrent
autant d’opportunité à Beijing de les exploiter. Ils sont investis directement avec la BRI et
les failles internes des Etats, mais aussi indirectement en intervenant sur le continent par
le biais de l’ONU 26 et autres organisations. La Chine organise même des forums et
sommets qui rassemblent ses dirigeants avec ceux du continent africain prônant un
« régionalisme africain et le multilatéralisme » à travers notamment le Forum of Chine-
Africa Cooperation qui vise à conclure des accords commerciaux et diplomatiques
d’entraides 27. La politique étrangère africaine de Beijing s’apparente à celle appliquée en

26 Édouard Pflimlin, « Chine et opérations de maintien de la paix : un changement radical ? », IRIS, le 02 juillet 2013,
http://www.iris-france.org/43451-chine-et-operations-de-maintien-de-la-paix-un-changement-radical/.
27 Monsieur le commandant LE GOFF Cédric, « La Chine et l’Afrique : Lorsque l’opportunité occulte le risque », IRIS, Asia

focus #35, juin 2017, http://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2017/06/ASIA-FOCUS-35.pdf

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Asie du Sud-Est, dans son étranger proche. Pourrions-nous y voir une gradation de
l’aboutissement stratégique en redéterminant les cercles Tianxia ? Ces aires de
responsabilité ont-elles pour autant toutes vocation à atteindre le même seuil ?

LORSQUE LA PENSÉE PHILOSOPHIQUE DU LANGAGE FAÇONNE LA
PENSÉE STRATÉGIQUE
En définitive, la notion de « vide » peut effrayer et devient donc tabou. C’est justement à
ce moment que Beijing peut recourir au non-dit 28. Dans son livre, François Jullien prend
l’exemple du poème « Visite au temple Fengxian à Longmen » afin d’expliquer à quel point
le non-dit modèle la pensée chinoise dans son ensemble. Le poème interpelle par sa
structure. Commençant par des termes conclusifs tels que « déjà » ou « en plus », il se voile
d’une ombre qui perturbe le lecteur. Le sens obscurci par ces mots de conclusion crée
finalement un « vide » dont il se nourrit. Le « vide » forme une distance allusive qui permet
au poème de créer le sens. Sans cette ombre, le récit ne mobiliserait pas l’esprit du lecteur
et serait « superficiel » agissant comme une simple description. Or le principe poétique est
justement de susciter une réflexion de la part du lecteur.

Allons plus loin. Si ces principes linguistiques façonnent la pensée philosophique chinoise,
nous pouvons établir un lien avec la pensée stratégique tant elle est régie par les principes
philosophiques et moraux. Le politique agit tel le poète, il déploie des moyens indirects à
partir d’un « vide » selon un procédé de transformation. Finalement cette notion de
« vide » semble relever d’une pensée culturelle, soit d’une conception chinoise du monde.
Ainsi, c’est à partir d’une ombre, d’un « vide stratégique » que les moyens de la stratégie
chinoise sont déployés pour atteindre un but qui découle naturellement sans en forcer
l’effet. La propension opère. Comme la situation, le « vide » est transformé selon le
principe d’Efficacité. La transformation au sens stratégique résiderait-elle dans la création
d’une distance allusive géopolitique ?

De cette manière, pour mieux appréhender un partenariat avec Beijing il convient de
mieux canaliser les « vides » pour s’assurer d’une réelle relation « gagnant-gagnant ». C’est
sur ce point que l’Union européenne doit s’ouvrir aux accords, sans pour autant laisser

28Le non-dit consiste à utiliser un langage indirect, in François Jullien, Le Détour et l’Accès, Paris, Grasset, 1995, chapitre
15 « La distance allusive ».

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une brèche en son sein. Le rapprochement sino-allemand peut bénéficier à tous, tant que
la notion de « vide » n’est pas écartée des réflexions. De même d’un point de vue militaire.
L’entrée en premier, tant recherchée par les États-majors des pays occidentaux pour
pallier l’impossibilité de pénétrer une aire sous bulle de déni d’accès, consisterait à
anticiper la création de vides. Ainsi ne pourrait-on pas créer un « vide stratégique »
comme un leurre, de manière à contrôler un accord de « gagnant – gagnant » et canaliser
une éventuelle transformation stratégique ?

Néanmoins, relativisons. Si la notion de « vide stratégique » peut aider à anticiper et
protéger des intérêts sur le long terme en entretenant une relation toujours symétrique,
la Chine ne doit pas devenir « le miroir de nos propres angoisses » 29. 

NB : Ce travail fait suite à un mémoire de recherche rédigé en 2017, La stratégie globale
chinoise : vers un impérialisme contemporain ?, soutenu le 8 janvier 2018.

29   François-Régis Dabas, Quelle stratégie pour la Chine ? Op cit, p. 24.

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ASIA FOCUS #126

LE DÉNI D’ACCÈS CHINOIS, ENTRE HÉRITAGE IMPÉRIAL ET
MONDIALISATION : LA CHASSE DES VIDES STRATÉGIQUES
PAR DORIAN DAVID

NOVEMBRE 2019

ASIA FOCUS
Collection sous la direction de Barthélémy COURMONT, directeur de recherche à l’IRIS,
maître de conférences à l’Université catholique de Lille, et Emmanuel LINCOT, Professeur
à l’Institut Catholique de Paris – UR « Religion, culture et société » (EA 7403) et sinologue.
courmont@iris-france.org — emmanuel.lincot@gmail.com

PROGRAMME ASIE
Sous la direction de Barthélémy COURMONT, directeur de recherche à l’IRIS, maître de
conférence à l’Université catholique de Lille
courmont@iris-france.org

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