AERODREAM ARCHITECTURE, DESIGN ET STRUCTURES GONFLABLES 30.01.2021 23.08.2021 - Centre Pompidou Metz

 
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AERODREAM
ARCHITECTURE, DESIGN ET STRUCTURES GONFLABLES

                 30.01.2021 > 23.08.2021

              AERODREAM / DOSSIER DÉCOUVERTE
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SOMMAIRE
    1. PRÉSENTATION P.3
    2. PARCOURS DE L’EXPOSITION P.6
    3. QUESTIONS AU COMMISSAIRE P.17
    4. RESSOURCES P.20
    5. INFORMATIONS PRATIQUES P.22

En couverture :

Anish Kapoor, Ark Nova, 2013
© Anish Kapoor. All rights reserved DACS/ADAGP, 2021
Photo Credits: Anish Kapoor Studio; Iwan Baan; Yu Terayama; IAA Isozak Aoki and Associates

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1.PRÉSENTATION
AERODREAM. ARCHITECTURE, DESIGN ET STRUCTURES GONFLABLES
30.01.2021 > 23.08.2021
Galerie 3

Commissaires :
Frédéric Migayrou et Valentina Moimas, Musée national d’art moderne – Centre de
création industrielle, Centre Pompidou.
Stéphanie Quantin-Biancalani, Conseiller scientifique et Conservateur, responsable de
la collection d’architecture moderne & contemporaine de la Cité de l'architecture et du
patrimoine
Une coproduction du Centre Pompidou-Metz et de la Cité de l’architecture & du
patrimoine, avec le soutien du Centre Pompidou.

Kengo Kuma, Fu An, 2007
© Kengo Kuma & Associates, Galerie Philippe Gravier, Paris

L’image de l’Homo bulla, qui pour Erasme évoquait la brièveté de la vie, la fugacité du
temps, référence des peintures de vanités depuis le XVe siècle jusqu’aux œuvres de
Chardin ou Manet, se mêle avec celle du pneuma, du souffle, évocation du vivant, de
l’animé, de l’âme pour les croyances religieuses. Le gonflable est aussi une enveloppe,
une métaphore de la peau et de la finitude du corps, mais aussi de son extension, de
son apesanteur, premier instrument du vol, de la montgolfière à l’épopée des
aérostats. L’histoire des gonflables est empreinte de ces univers symboliques, de cette
polysémie qui ressurgira avec force dans nombres de recherches qui participeront à
l’efflorescence des projets d’artistes et d’architectes à la fin des années soixante. À
l’inverse, l’histoire des gonflables est aussi une histoire industrielle étroitement liée à
ses usages militaires initiés dès la Seconde Guerre mondiale (dirigeables, ensembles
flottants et leurres gonflables...), puis avec le déploiement des radômes, des ballons
sondes, notamment par la NASA. Après Frank Lloyd Wright, Richard Buckminster
Fuller trouvera dans le gonflable une extension de ses recherches sur les dômes

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géodésiques, initiation d’une architecture de la mobilité, sans fondation, mais aussi
enveloppe climatique.

L’apparition de nouveaux matériaux (caoutchouc et dérivés, plastiques, résilles tissées...)
a démultiplié les usages et applications possibles des structures gonflables leur
donnant une importante crédibilité architectonique exploitée par des architectes comme
Victor Lundy, Walter Bird, Frei Otto, Gernot Minke, Cedric Price ou Arthur Quarmby. En
mai 1967, un colloque sur le sujet fait évènement à Stuttgart et constitue la référence
pour des collectifs d’architectes en quête d’une nouvelle architecture mobile et
modulable comme Archigram, Ant Farm, Eventstructure Research Group, Coop
Himmelb(l)au, Haus Rucker - Co, ainsi que pour des artistes du monde entier tels
Graham Stevens ou Panamarenko et des architectes tels que Jean Aubert, Jean - Paul
Jungmann, Antoine Stinco, Hans Walter Muller, Johanne et Gernot Nalbach ou Günther
Domenig et Eilfried Huth.

Mais c’est au travers de quelques expositions mythiques que le gonflable trouvera un
écho international et une image publique, notamment l’exposition Structures gonflables
au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1968, les pavillons de l’Exposition
universelle d’Osaka en 1970 (dont ceux de Yutaka Murata et de Taneo) et enfin à Kassel
pendant la documenta 4 (1968) où Christo installe son 5600 Cubicmeter Package ou la
documenta 5 (1972) où Haus - Rucker - Co investira la façade du Musée Fridericianum.

Dès lors, le gonflable gagne une image publique, s’impose comme un phénomène
culturel, un mode de vie et s’incarne au travers de multiples formes, mobiliers,
habitations, structures en adéquation avec une nouvelle culture de l’environnement. Les
polymères plastiques qui se généralisent ouvrent à une extraordinaire efflorescence de
créations, des formes et des couleurs. Le mobilier de Bernard Quentin, A.J.S. Aérolande,
Quasar Khanh, de De Pas, d’Urbino et Lomazzi, accompagneront l’imagerie du pop art
et celle d’une translucidité des décors et d’une porosité des pratiques sociales.

Le débat écologique s’impose alors, sans la défiance à l’égard du plastique et des
dérivés du pétrole, l’architecture gonflable semblant une « architecture de l’air », se
soustrayant à l’occupation du sol, à l’inscription définitive et irréversible dans le temps
et l’espace, et récusant les matériaux lourds. En Angleterre, l’artiste Graham Stevens
s’emploie à donner une dimension écologique à l’utilisation des structures
pneumatiques, comme source d’une irrigation possible des déserts.

Le gonflable acquiert aussi une fonction critique et politique. Son impermanence lui
donne, en effet, une nouvelle dimension temporelle, celle de l’évènement, de l’action,
de la participation. Il est l’instrument possible pour toute intervention dans l’espace
public, une fonction dont s’emparent les artistes comme ceux du Gruppo T, ou Piero
Manzoni, Yves Klein, Hans Haacke, Otto Piene, Franco Mazzucchelli, Marius Boezem,
Lars Englund, Andy Warhol... Les architectes en feront le support d’interventions
politiques comme UFO en Italie, ou le medium d’une critique sociale pour le groupe
Utopie et les architectes radicaux de la scène viennoise au travers des nombreuses
interventions publiques ou performances d’Hans Hollein, Walter Pichler, Coop
Himmelb(l)au, d’Haus Rucker - Co ou celles du groupe Hollandais Eventstructure
Research Group. Vecteurs et support de la contestation qui gronde pour la génération
des baby - boomers, les gonflables servent de prisme de lecture pour voir le monde qui
nous entoure autrement (à l’instar des Urboeffimeri d’UFO) et pour vivre ensemble
différemment (Instant City, Ibiza, 1971). Le gonflable est ainsi utilisé par le groupe A.J.S.
Aérolande, pour remettre en cause le concours du prix de Rome à la veille de mai 68 et
proposer une nouvelle manière de bâtir, festive et sans cesse transformable.

Après la crise pétrolière de 1973 qui sonne le glas d’une idéologie de l’usage des
plastiques, le gonflable s’efface progressivement, le courant post - moderne
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mettant à mal l’image de ce produit industriel. Mais depuis une dizaine d’années,
avec l’apparition de nouvelles technologies plus écologiques, le gonflable retrouve
ses lettres de noblesse et incarne une alternative pour nombres d’architectes (Diller
Scofidio et Renfro, Nicholas Grimshaw, Arata Isozaki, Herzog & de Meuron, Snøhetta...).
Il permet de réinventer les possibilités spatiales, introduit des expériences perceptives
et cognitives différentes comme dans le Leviathan d’Anish Kapoor. L’apparition récente
de textiles organiques laisse présager le développement de recherches où le gonflable
pourra offrir des options innovantes à l’architecture, au design, et introduire à de
nouveaux principes constructifs, ce que démontrent les expériences d’Achim Menges,
Kengo Kuma, Mad Architects, Selgascano...

« AERODREAM »
EXPOSITION PRÉSENTÉE À LA CITÉ DE L’ARCHITECTURE & DU PATRIMOINE DU 6 OCTOBRE 2021 AU 14 FÉVRIER 2022

Opérateur du ministère de la Culture dédié à la valorisation de l’architecture et du patrimoine, la Cité a
pour missions de sensibiliser, diffuser et enseigner l’architecture et l’urbanisme dans ses dimensions
contemporaines et patrimoniales.
Inaugurée en 2007 dans le Palais de Chaillot, elle est l’héritière d’une longue histoire dont les origines
remontent à la fin du XIXe siècle et l’ambition d’Eugène Viollet-le-Duc de créer un musée de « moulages
de statuaire et de sculptures d’ornements faits sur les plus beaux monuments du XIIe au XVIe siècle ». En
1882 nait le musée de Sculpture comparée, rapidement suivi par l’École de Chaillot en 1887, dont les
missions de formation des architectes restaurateurs constituent une histoire parallèle et complémentaire à
celle du musée.
En 1980, l’Institut français d’architecture est créé et appelé devenir le lieu privilégié de rencontres et
débats sur l’architecture moderne et contemporaine, bientôt complété par un centre d’archives
d’architecture du XXe siècle.
C’est en 2004 que les trois institutions sont réunies pour devenir un ensemble unique au monde, la Cité de
l’architecture & du patrimoine. Institution plurielle, elle est à la fois musée, observatoire de la création
architecturale, centre d’archives, plus grande bibliothèque d’Europe dédiée à l’architecture contemporaine
et centre de formation des architectes et urbanistes de l’État et des architectes du patrimoine. Son projet
se fonde sur la rencontre entre toutes les dimensions de l’architecture, entendue dans une définition ample
et généreuse, dans l’histoire autant que dans le présent. Elle noue de féconds et multiples dialogues avec
les mondes contemporains de la création (cinéma, photographies, littérature...) et de la connaissance.
La Cité veut être la destination naturelle des amoureux de l’architecture d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Chaque année, elle conçoit une programmation qui s’adresse aussi bien au grand public qu’aux
professionnels : expositions temporaires, ateliers pédagogiques, débats, colloques, éditions, projections... et
s’affirme ainsi comme un centre culturel multiple, lieu de partage dédié à une réflexion sans cesse
renouvelée, à l’équilibre entre passé et présent, entre patrimoine et architecture.

Josep Ponsati, Sculpture gonflable Barcelona 77, 1977
Collection de l’artiste
Photographie : Toni Vidal

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2. PARCOURS DE L’EXPOSITION
Le visiteur est invité à découvrir ce récit dans un espace fluide, structuré par des
sections qui lui permettent de considérer des œuvres d’art plastique, de design et
d'architecture. Un solide appareil documentaire l’accompagne. Si revues, ouvrages
écrits, affiches, photographies resituent les œuvres dans leur contexte, une riche
sélection de documents audiovisuels permet de rendre compte d’œuvres, de happening
et d'installations souvent éphémères. De grandes projections d’extraits de films
d’époque participent à la création d’un environnement coloré, ludique et polyphonique
qui évoque la fébrilité et la créativité extravertie des années 1960. Si l’attention du
visiteur est sollicitée par plusieurs œuvres en même temps, les vues dégagées de la
suite du parcours lui permettent de placer un élément au sein du récit expositif tout en
lui offrant la possibilité d’établir des relations strictement personnelles entre les
œuvres. Des œuvres d’art plastique viennent émailler ce parcours : créations qui
interrogent en permanence le statut de l’œuvre - objet, la dématérialisation de l’art et
questionnent le rapport à la perception, au corps et à l’environnement.

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SECTION 0
ART : MORPHOGÉNÈSE DE L’AIR
L’art est un fil rouge qui traverse toute l'exposition. Si l’ampoule Air de Paris de Marcel
Duchamp illustre un premier usage physique de l’air dans l’art moderne, ce n’est
qu’avec Piero Manzoni que le gonflable y prend place, à la fois comme critique de
l’objet d’art mais aussi comme évocation de l’artiste - créateur, représenté ici par la
seule force de son souffle. Cette image organique, métaphore du corps de l’artiste, a été
transfigurée par les membres du Gruppo T avec le Grande oggetto pneumatico, une
hydre gonflable interagissant avec le public.
C’est Otto Piene, membre du groupe ZERO, qui fera du gonflable un objet d’échange,
renouvelant radicalement la relation de l’œuvre d’art à l’espace, aussi bien au sein des
galeries ou des musées qu’au travers d’actions publiques.

La critique de l’objet d’art s’exprime à travers la réinterprétation d’œuvres abstraites
ou minimalistes, ainsi Iain Baxter transforme en gonflables des œuvres de Donald Judd
ou de Mark Rothko quand les œuvres de Hans Haacke, Josep Ponsati, Christo et
Panamarenko se gonflent jusqu’à donner l’impression de flotter.

Enfin une vidéo de Léviathan, la sculpture immersive d’Anish Kapoor clôt le parcours.
Avec ses dimensions monumentales, cette œuvre a permis aux visiteurs de la
Monumenta 2011 non seulement de pénétrer à l’intérieur d’une œuvre d’art mais de s’y
promener, noyés dans la couleur. Si cette œuvre rassemble divers thèmes évoqués par
les installations immersives radicales des années 1960, le propos a complètement
changé et l’expérience fait beaucoup plus appel à la dimension poétique qu’à celle
ludique des années de la contestation.

Piero Manzoni (1933 - 1963)
L’artiste italien inaugure l’art conceptuel par une réflexion ironique sur la condition de l’art. Tel
le « souffle en conserve », ses sculptures pneumatiques suivent les pas de Marcel Duchamp qui
avait encapsulé l’air de Paris en 1919. Ainsi Corpo d’aria (1959-1960), Scultura nello spazio
(1960) et Fiato d’artista (1960) présentent des ballons remplis de sa propre respiration. Le temps
fait son effet et Fiato, dégonflé, redevient de l’air. Avec Placentarium (1961), projet de théâtre
pneumatique qui aurait abrité le Light Ballet d’Otto Piene, il transpose l’idée de la sculpture
gonflable dans le domaine de l’architecture

Piero Manzoni, Fiato d'artista, 1960 c. Ballon, wooden base, 2,5 x 18,2 x 18,2 cm Fondazione Piero Manzoni, Milan
© Fondazione Piero Manzoni, Milano Courtesy Fondazione Piero Manzoni, Milano © Adagp, Paris 2021

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Gruppo T
Giovanni Anceschi (1939-), Davide Boriani (1936), Gianni Colombo (1937 - 1993), Gabriele
Devecchi (1938 - 2011)
Autour de la dynamique créée par la revue Azimuth, le Gruppo T, fondé en 1959 par Giovanni
Anceschi, Davide Boriani, Gianni Colombo, Gabriele Devecchi signe un travail collectif, bien que
chacun poursuive son activité propre en parallèle. Leurs recherches portent sur la cinétique,
l’optique, le temps, l’espace et les interactions entre spectateurs et œuvre. Leur projet manifeste,
Grande oggetto pneumatico, présenté en 1960 à la galerie Pater à Milan lors de l’exposition
Miriorama 1, est composé de sept gigantesques tubes de plastique gonflable au volume variable.

Gruppo T (G. Anceschi, D. Boriani, G. Colombo; G. Devecchi), Grande oggetto pneumatico - Ambiente a volume variabile, 1960
Archivio Gabriele Devecchi
© Giovanni Anceschi, Davide Boriani, Archivio Gianni Colombo and Archivio Gabriele Devecchi

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SECTION I
UN NOUVEAU DOMAINE INDUSTRIEL
Ce n’est qu’après l’essor des frères Montgolfier au XVIIIe siècle que Nadar tire parti de
ses ballons et de la photographie pour l’observation militaire pendant la guerre de 1870.
L’exploitation croissante du gonflable dans le domaine industriel mène à la création de
multiples aérostats puis de dirigeables, dont l’exploitation économique s’arrêtera avec
le désastre du Hindenburg en 1937.

De façon concomitante, et grâce à l’utilisation du caoutchouc, les premières entreprises
de pneumatiques (Dunlop, Goodyear, Michelin) permettent de nouvelles applications
comme la création d’objets, de structures militaires ou industrielles (leurres tactiques
pour tanks, canons, camions et bateaux) ou encore d’ouvrages d’ingénierie civile ou
militaire (ponts, barrages, hangars et entrepôts). Le gonflable trouve alors une véritable
fonction architecturale et des architectes pionniers comme Franck Lloyd Wright et
Richard Buckminster Fuller développent des projets de bâtiments sans fondations,
imaginés parfois à l’échelle urbaine.

Les années 1960 connaissent l’expansion industrielle du gonflable grâce à des
constructeurs ou des ingénieurs comme Walter Bird, Frei Otto, Victor Lundy, Cedric
Price, lesquels se rassemblent dans des colloques fondateurs, le premier étant celui de
Stuttgart en 1967.

                             Frei Otto, Silos à grains ou à ciment, 1959
                             © saai | Archiv für Architektur und Ingenieurbau am Karlsruher Institut für Technologie, Carlsruhe

Frei Otto (1925 - 2015)
On doit à l’architecte allemand, lauréat du prix Pritzker en 2015, une théorie conséquente sur les
structures pneumatiques. S’inspirant des formes organiques, il se réfère aux bulles de savon
pour développer ses thèses sur les structures légères. Professeur et chercheur, Otto fonde en
1964 le Centre de développement pour les surfaces portantes légères, d’abord à Berlin puis à
l’université de Stuttgart. Il transpose ses recherches dans des applications pratiques (silos à
grains suspendus, enveloppes pour serres) et en particulier pour le Pavillon gonflable de
l’Exposition universelle de Rotterdam de 1958.

Richard Buckminster Fuller (1895 - 1983)
Inventeur, architecte et designer autodidacte, Richard Buckminster Fuller dépose en 1954 un
brevet pour des dômes géodésiques. Ceux-ci se composent de tétraèdres et octaèdres qui
assurent à leur assemblage une légèreté et une stabilité structurelles. Il l’exploite pour des
radômes (antennes radars militaires) ou pour le pavillon des États - Unis à l’Exposition
universelle de Montréal en 1967. Sa proposition de dôme de deux kilomètres couvrant Manhattan
et ses théories d’une gestion efficace de l’énergie font de lui un précurseur de l’écologie et la
référence des groupes Archigram et Utopie comme d’autres mouvements de la contre-culture.

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SECTION II
L’UTOPIE CRITIQUE

Des architectes comme Cedric Price et Johanne et Gernot Nalbach notamment, engagés
dans la voie d’un usage architectural du gonflable, stimulent des recherches utopiques
et critiques sur l’architecture pneumatique.

En Angleterre Arthur Quarmby conçoit la maison Brighton Marina et réalise le dôme
gonflable pour le film The Touchables (Robert Freeman, 1968). Avec des projets tels
Instant City et Cushicle, le groupe Archigram développe un imaginaire visionnaire
définissant un autre rapport au corps, à l’habitation et à la ville. Archigram fascine les
protagonistes de l’architecture radicale autrichienne à l’instar de Coop Himmelb(l)au,
Haus - Rucker - Co, Günther Domenig et Eilfried Huth. À travers de nouvelles
mégastructures, ils imaginent des modes de vie offrant mobilité et flexibilité qui
s’opposent aux structures urbaines historiques, ou les complètent.

L’influence du groupe Archigram atteint Paris où des étudiants d’Emmerich – Jean
Aubert, Jean - Paul Jungmann et Antoine Stinco, présentent des projets d’architecture
pneumatique.

Coop Himmelb(l)au
Wolf D. Prix (1942), Helmut Swiczinsky (1944)
L’agence Coop Himmelb(l)au naît dans un contexte de rupture avec le fonctionnalisme. Ses
fondateurs envisagent l’architecture d’un point de vue psychique et relationnel et placent le
concept de dématérialisation au cœur de leurs recherches. En résultent de spectaculaires
constructions pneumatiques légères et transparentes comme Vertical pneumatic city (1968). En
1967 l’agence imagine une ville dotée d’une « armature vibrante », Cities with pulsating frame.
Le lien entre la ville et l’individu se transforme en métaphores organiques, celles du souffle, de
la vibration et de la pulsation.

COOP HIMMELB(L)AU, City Soccer, Vienne, Autriche, 1971 © COOP HIMMELB(L)AU
© Katharina Vonow

Archigram
Warren Chalk (1927 - 1987), Peter Cook (1936), Dennis Crompton (1935), David Greene (1937),
Ron Herron (1930-1994), Mike Webb (1937)
En 1961 six jeunes architectes anglais fondent le groupe Archigram. Leurs « architectures de
papier » s’approprient le vocabulaire visuel de la société de consommation : mass- media,
électronique et conquête spatiale transforment l’habitat en machine éphémère et
hypertechnologique. La mobilité est au cœur de leurs projets de cités instantanées constituées
d’agrégats de capsules, sans façade ni fondation, que l’on brancherait à des mégastructures
tridimensionnelles. Plutôt que dans leurs réalisations, leur héritage se situe dans le
renouvellement des moyens de représentation et la manière de penser l’architecture.

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SECTION III
TROIS GRANDES EXPOSITIONS : LE GONFLABLE COMME MEDIUM OU MEDIA
Même si maints artistes et architectes ont recours au gonflable à la fois comme un instrument
prospectif et critique, il obtiendra une large reconnaissance culturelle et politique grâce à des
expositions d’envergure.

L’exposition du groupe Utopie, Structures gonflables, fait le lien entre les recherches
industrielles et celles de nouveaux créateurs, elle constitue un véritable manifeste bénéficiant
d’une reconnaissance internationale immédiate. Parmi les créateurs présentés Bernard Quentin
se distingue par son utilisation du gonflable dans les domaines du design, de l’architecture et de
l’art plastique.

L’Exposition universelle d’Osaka en 1970 offre une scène internationale au gonflable présentant
les réalisations de nombreux pavillons (Pavillon du Groupe Fuji, Théâtre flottant de Yutaka
Murata, Mushballoon de Taneo Oki), sans compter les architectures pneumatiques qui n’auront
pas pu aboutir mais qui seront largement publiées.

Après la documenta 4 de 1968 comprenant des interventions de Christo et de Walter Pichler, la
documenta 5 de 1972 consacre l’usage du gonflable avec la fameuse intervention Oasis Nr.7 de
Haus-Rucker-Co et l’Aeromodeller de Panamarenko.

Yutaka Murata (1917 - 1988)
À partir des années 1960, l’architecte japonais Yutaka Murata exploite les possibilités des
structures tendues à membranes. Il se fait connaître lors de l’Exposition universelle d’Osaka en
1970. Il collabore avec l’ingénieur Mamoru Kawaguchi et applique aux gonflables le principe de
monumentalité. Le Pavillon du groupe Fuji est une spectaculaire structure composée de seize
tubes gonflables, reposant sur une fondation circulaire de 50 mètres de diamètre, conférant le
sentiment d’une architecture organique, ouverte et modulable, à l’instar du Théâtre flottant,
réalsé pour la même exposition.

Yutaka Murata, Pavillon du groupe Fuji, Osaka, 1970 © Yutaka Murata
© Photo courtesy of Osaka Prefectural Government

Christo (1935 - 2020) et Jeanne - Claude (1935 - 2009)
Parmi les empaquetages de Christo et Jeanne - Claude, l’air prend la place des monuments
emballés dans deux projets monumentaux et éphémères. Créé avec les étudiants du Minneapolis
School of Art en 1966, 42,390 Cubic Feet Package présentait l’air doublement comprimé dans
deux-mille-huit-cents ballons colorés à l’intérieur de quatre ballons de recherche, qui furent
suspendus à seulement 6 mètres du sol. Érigée pour la documenta 4 de Kassel (1968), 5,600
Cubicmeter Package est la plus grande structure gonflable sans armature jamais réalisée,
contenant sept tonnes d’air et mesurant 85m de hauteur et 10m de diamètre.

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Christo and Jeanne-Claude, 42,390 Cubic Feet Package, Minneapolis, Minnesota, 1966
Photo Carroll T. Hartwell
© 1966 Estate of Christo V. Javacheff

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SECTION IV
SITUATIONS : LES ACTIONS POLITIQUES URBAINES
Le montage simple et rapide d’une installation gonflable permet d’impliquer un large
public dans des évènements ludiques.

Dans un premier temps, concentrés sur le corps, les architectes multiplient les actions
dans la ville : ils courent, travaillent, s’enveloppent ou se détendent dans des
environnements du type bulle (Mobiles Büro de Hans Hollein, Unruhige Kugel de Coop
Himmelb(l)au, Inflatable Body Suit de Mark Fisher). De plus vastes installations invitent
le public à essayer, jouer, s’amuser et traverser des espaces pneumatiques (Giant
Billard de Haus - Rucker - Co, Waterwalk Tube de Eventstructure Research Group). Ce
sont autant d’occasions qui permettent d’utiliser le gonflable comme medium pour
appréhender différemment l’espace urbain.

Ces interventions rassemblent un public divers lors des actions impromptues d’UFO,
organisées à Florence autour des Urboeffimeri, des évènements créés par Ant Farm aux
États-Unis, ou encore à Ibiza avec Instant City de Bendito, Ferrater et Prada Poole.

La dimension écologique du gonflable s’affirme avec force dans des œuvres de Graham
Stevens tel Desert Cloud, lors de la Journée de la Terre organisée en 1970 à New York,
avec le dôme de Yukihisa Isobe.

Eventstructure Research Group
Jeffrey Shaw (1944), Theo Botschuijver (1943), Sean Wellesley- Miller (?), Tjebbe van Tijen
(1944)
Les artistes réunis dans ce collectif opérant notamment aux Pays-Bas depuis 1967 utilisent les
gonflables comme support pour la création d’installations et de happenings où l’interaction avec
le public est capitale. Leur pratique de l’art comme mouvement social et activité́ de récréation
passe par l’utilisation de l’art comme un jeu d’exploration sensorielle. Parmi leurs autres projets,
on note une incursion dans l’expanded cinema qui élargit les frontières du cinéma et brise les
hiérarchies entre artistes et spectateurs, et des collaborations avec des pionniers du gonflable
(Graham Stevens) et des groupes rock (Pink Floyd).

Franco Mazzucchelli (1939)
Proche de l’art conceptuel des années 1960, le Milanais Franco Mazzucchelli utilise le gonflable
durant toute sa carrière. Avec sa série A. to A. (Art to Abandon) en 1970-1971, il poursuit ses
recherches entamées en 1964 : il abandonne ses structures dans des zones urbaines et analyse
les réactions des visiteurs. Affichant une volonté claire manifeste d’effacer son rôle d’artiste, il
fait interagir le public de manière ludique avec ses œuvres gonflables. Son intervention devant
l’usine Alfa Romeo en 1971 provoque la curiosité des ouvriers qui s’emparent des structures et
créent un important embouteillage.

Franco Mazzucchelli, A. To A. (Alfa Romeo Factory, Milan), 1971 Courtesy the Artist and ChertLüdde, Berlin; Photo: Enrico Cattaneo

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SECTION V
HABITAT : BULLES ET CELLULES
La généralisation de l’usage du plastique a offert à de nombreux designers la
possibilité de créer du mobilier aux formes variées utilisant de riches gammes de
couleurs résonnant avec l’imagerie Pop Art des années 1960-1970. Avec la ligne
Aerospace, Quasar Khanh est certainement le créateur qui en présente la plus large
variété, allant de la conception de cloisons mobiles et de luminaires jusqu’à celle d’une
maison gonflable. Si A.J.S. Aérolande réalise du mobilier modulaire à partir d’éléments
simples (coussins, tubes assemblés en assise, banquette, canapé), d’autres designers se
confrontent aux gonflables d’une manière occasionnelle–fauteuil Blow de De Pas,
D’Urbino et Lomazzi, Inflatable Stool de Verner Panton.

Les environnements conçus initialement par Quasar Khanh ou A.J.S. Aérolande
construisent l’image de nouveaux styles de vie largement repris par la publicité, la
mode et le cinéma et définissent la vision d’un certain futurisme. Quelques films
marquants tels Barbarella, L’Écume des jours ou La Decima vittima véhiculent un
imaginaire pop qui envahit les intérieurs populaires avec des modèles de mobilier
gonflable commercialisés par la grande distribution.

A.J.S. Aérolande
Jean Aubert (1935-2015), Jean-Paul Jungmann (1935) et Antoine Stinco (1934)
Fondé à Paris en 1966, le groupe A.J.S. Aérolande entend mettre les nouveaux matériaux
technologiques au service de ses utopies politiques et propose des architectures pneumatiques
dans la lignée de David Georges Emmerich. L’utilisation de matières plastiques rigides (PVC)
présente une alternative aux préceptes de l’architecture moderniste. Toutefois, c’est par le
mobilier qu’A.J.S. Aérolande réalise son idéal de mobilité, de légèreté et de modularité,
imprégné de Pop Art et de science-fiction. En tant qu’architectes, ils intègrent le groupe Utopie
qui organisera la première exposition française de structures gonflables.

Quasar
Nguyen Mahn Khanh (1934 - 2016)
Né à Hanoï, Quasar débute sa carrière comme ingénieur en France et réalise des expériences
sur l’air comprimé pour concevoir des structures gonflables. Fasciné par la transparence et la
solidité des matériaux plastiques, il lance en 1967 sa marque de mobilier gonflable, Aerospace,
et revisite les classiques telle la série « Chesterfield ».
Marqués par la mode, les tendances psychédéliques et la conquête spatiale, ses gonflables
colorés et fantaisistes sont réalisés comme une ligne de haute couture. Exposées dès 1968, ses
créations connaissent un succès médiatique et commercial international immédiat.

Quasar, Chauffeuse Apollo, 1968
Chauffeuse gonflable PVC souple bleu transparent, 80 x 76 x 90 cm
Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
© droits réservés
Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Georges Meguerditchian/Dist. RMN-GP

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SECTIONS VI
UNE REACTIVATION SOUS CONDITIONS : TENTATIONS ET OPPORTUNITES
La crise pétrolière des années 1970 ayant mis à mal l’usage du plastique, le gonflable perd son
attrait et l’essor du postmodernisme privilégie le retour à des modes de construction plus
traditionnels. Depuis l’an 2000, des architectes ont réinterprété les formes de l’architecture
pneumatique en utilisant de nouveaux types de matériaux pour des architectures éphémères,
des installations ou des équipements de grande échelle. Si Kengo Kuma réalise un espace pour
la cérémonie du thé, Selgascano et Snøhetta créent des architectures « signal » pour des
pavillons temporaires accueillant du public. Diller Scofidio et Renfro infiltrent un gonflable dans
le Hirshhorn Museum, alors que Anish Kapoor conçoit une authentique salle de spectacle mobile
en collaboration avec Arata Isozaki.

D’autres architectes utilisent la technologie du gonflable pour des projets de grande échelle
retrouvant par-là les aspirations des pionniers de l’architecture pneumatique comme Frei Otto :
Rem Koolhaas et Cecil Balmond dans le Serpentine Gallery Pavilion, Herzog & de Meuron avec la
réalisation de l’Allianz Arena à Munich et l’Atelier Zündel Cristea – AZC avec leur projet de
pont gonflable pour Paris.

Diller Scofidio et Renfro
Elizabeth Diller (1954), Ricardo Scofidio (1935) et Charles Renfro (1964)
Les trois architectes de l’agence prônent une approche interdisciplinaire et expérimentale de
l’architecture, intégrant les arts plastiques, les installations et les performances. Leur projet
non- réalisé, Bubble (2011), extension temporaire et gonflable du Hirshhorn Museum à
Washington D.C., abrite un auditorium, un café et une place dans la cour intérieure du musée.
La bulle transparente envahit l’espace vide et recrée une coupole au sommet du Hirshhorn
Museum, un des rares édifices du National Mall à en être dépourvu, lui offrant ainsi une
meilleure visibilité.

Diller Scofidio + Renfro, Bubble: Hirshhorn Museum and Sculpture Garden © Diller Scofidio + Renfro

Ark Nova
L’artiste anglais Anish Kapoor (1954) et l’architecte japonais Arata Isozaki (1931), prix Pritzker
2019, unissent leurs efforts pour concevoir une salle de concert gonflable et itinérante
commandée par le festival de Lucerne. En 2013, le festival se déplace au Japon et organise des
concerts dans des localités affectées par le tremblement de terre et le tsunami de 2011.
Inscrite dans une tradition d’architecture japonaise de l’urgence, face aux catastrophes
naturelles, cette salle se monte et se démonte rapidement ; elle peut accueillir jusqu’à cinq
cents personnes, devenant pour une soirée le symbole de la résilience.

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Anish Kapoor, Ark Nova, 2013
                  © Anish Kapoor. All rights reserved DACS/ADAGP, 2021
Photo Credits: Anish Kapoor Studio; Iwan Baan; Yu Terayama; IAA Isozak Aoki and Associates

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3. QUESTIONS AU COMMISSAIRE

1 - Au travers les ballons, les aérostats, les dirigeables, l’histoire du gonflable est liée à
celle de l’aéronautique, ou à celle de l’automobile. Comment le gonflable, à partir de ses
usages industriels, va s’imposer dans le domaine de l’architecture ?

L’histoire du gonflable croise différents récits qui ont nourri la culture et l’imaginaire, des
simples bulles de savon, symboles de brièveté de la vie humaine dans la peinture aux premières
montgolfières ouvrant la voie d’une nouvelle dimension de l’espace et d’un accès à l’apesanteur.
Le gonflable accompagne les mutations industrielles du XXe siècle, des aérostats aux grands
dirigeables jusqu’aux ballons stratosphériques, et stimule les recherches sur les structures
pneumatiques trouvant de multiples applications dans le domaine architectural. Si la Seconde
Guerre mondiale a développé la mise en œuvre de nouvelles applications pour des leurres
(camions, tanks...), des abris (hôpitaux d’urgence, ponts, pontons, embarcations...), ce n’est que
dans les années 1950 - 1960 que des architectes vont multiplier les projets trouvant dans ce
principe de construction une souplesse et une rapidité de mise en œuvre, que le gonflable soit
utilise comme un moyen de construction ou pour lui-même comme une enveloppe, tout à la fois
clôture et couverture. Entre autres Richard Buckminster Fuller, qui collabore avec la NASA et
trouvera dans les gonflables un aboutissement de ses recherches sur les dômes géodésiques,
Frei Otto, qui multiplie les expériences sur de nouveaux programmes d’application (réservoirs,
silos, pavillons d’exposition, salles de sports...), ou Walter Bird qui créera sa propre compagnie
Birdair, réalisant de multiples projets pour les architectes. Des colloques (Stuttgart, 1967 ; Delft,
1972) rassembleront ces architectes rejoints par Cedric Price, Wallace Neff, Victor Lundy, Dante
Bini, donnant au gonflable une importante crédibilité constructive. Les recherches sur les
matériaux, sur les technologies de soudure et d’assemblage, sur la résistance de ces matériaux,
mèneront à la construction de projets de plus en plus importants, des réalisations
démonstratives qui marqueront les grandes expositions universelles internationales jusqu’à celle
d’Osaka en 1970.

2 – À partir des années 1960, le gonflable trouve un usage critique, il devient un support de
création pour des mouvements artistiques comme le spatialisme, l’Art conceptuel, le
happening et devient le medium privilégié des architectes des mouvements alternatifs
américains et en Europe du courant de l’Architecture radicale. À quoi correspond cet
engouement ?

Le développement de la recherche spatiale, de premiers vols spatiaux (Youri Gagarine, 1961),
stimule l’imaginaire des artistes et le mouvement spatialiste fondé par Lucio Fontana
s’emparera de cette idée d’un espace multidimensionnel et infini au travers de la réalisation
d’œuvres immersives et participatives. Outre Piero Manzoni qui fait du ballon une métaphore de
l’acte de création (Fiato d’artista, 1959), c’est le Groupe ZERO qui valorisera le gonflable comme
medium. Akira Kanayama qui présentait déjà Balloon pour la première exposition du Groupe
Gutai, (1955), participe avec des œuvres similaires lors des premières manifestation du Groupe
ZERO stimulant l’usage des gonflables pour Yves Klein (Sculpture Aérostatique, Iris Clerc, 1957),
pour le Gruppo T (Grande oggetto pneumatico, 1960) puis pour Otto Piene qui développera
d’importantes actions urbaines (Sky Event, 1968) tout comme Hans Haacke à son arrivée aux
États-Unis (Sky line,1967). Simultanément, après l’exposition 9 Evenings qui présentait des
œuvres nées d’une collaboration entre artistes et architectes, Billy Klüver fonde Experiments in
Art and Technology (E.A.T), une association regroupant de très nombreux créateurs et qui aidera
à la production des Pillows (1960) d’Andy Wahrol, du Slipcover (1967) de Les Levine ou de la
scénographie faites de coussins gonflés de Jasper Johns pour le chorégraphe Merce Cunningham.
Les gonflables deviennent alors des instruments d’actions, d’happenings pour Alan Kaprow (GAS,
1966), d’actions publiques pour Ant - Farm (Clean Air Pod, 1970). Le gonflable et les
pneumatiques deviennent des outils-medias tels pour des groupes comme Archigram avec
Instant - City (1968) et pour UFO (Urboeffimero n° 6), mais aussi des supports d’intervention
urbaine pour Hans Hollein, Haus - Rucker - Co (Giant Billard, 1970) ou Coop Himmelb(l)au.

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3 – Le gonflable trouve finalement une importante résonance dans la culture populaire et
semblait porter en lui, l’image d’un mode de vie nouveau, imposant une idée particulière de
l’environnement. Quels ont été les apports de cette mythologie du gonflable ?

L’utilisation des pneumatiques, qui avait déjà largement envahi le domaine architectural avec la
réalisation de nombreux équipements, va sur une période assez courte, s’imposer comme
l’instrument critique du modernisme, d’une architecture de la permanence, d’une rationalisation
de l’espace habité et de l’environnement. À l’habitat minimum du fonctionnalisme moderne, les
architectes du mouvement radical vont opposer une vision extrême, en optimisant l’utilisation
des technologies liés au développement de la cybernétique, des médias et de l’informatique pour
initier un mouvement critique des formes traditionnelles de l’habitat et de l’organisation de
l’espace aussi bien à une dimension architecturale qu’à l’échelle urbaine ou celle des territoires.
Le corps n’est plus une mesure abstraite mais un champ physiologico - cognitif auquel doit
répondre une autre forme d’architecture. Le texte de Reyner Banham, A Home is not a House
(1966), et les illustrations de François Dallegret réduit l’habitation à un cœur technique
rassemblant tous les fluides (eau, électricité, médias...) au centre d’une enveloppe gonflable, un
concept radicalisé avec le Cushicle et le Suitaloon (1966 et 1968) où l’habitat n’est plus qu’un
vêtement, une peau technique appareillée qui peut se gonfler selon l’occasion. Le
Minimalumwelt (1967) de Walter Pichler, le Mobile Office (1969) d’Hans Hollein répondent à ce
mouvement critique qui revendique l’accès à d’autres formes d’expérience et de pratique de
l’espace, la multiplication des casques dans les installations de Walter Pichler, de Haus-
Rucker-Co se font écho de ce questionnement sur l’extension psycho-cognitive de l’espace et du
temps. Il ne s’agit pas de chercher un espace autre, une île, ces recherches dépassent les
notions d’utopie ou de dystopie. L’espace n’est plus défini comme une extension abstraite, un
domaine d’inscription, et l’architecture doit alors se libérer, s’ouvrir au nomadisme, une
architecture sans fondation, une évolution des dômes géodésiques de Richard Buckminster Fuller
ou les constructions pneumatiques répondent à ces nouvelles aspirations. Du Dyodon (1968) de
Jungmann au Gelbes Herz (1968) d’Haus - Rucker - Co, de la Villa Rosa (1968) de Coop
Himmelb(l)au aux cellules de la mégastructure Stadt Ragnitz (1969) de Huth & Domenig, l’habitat
est soumis à la mobilité, l’espace se transforme en un environnement qui anticipe les questions
écologiques.

4. Comment interprétez - vous le soudain déclin du gonflable dans les années 1970 et le
regain d’intérêt qu’il suscite pour de nombreux artistes et architectes majeurs aujourd’hui ?

Finalement, l’engouement pour les gonflables s’est organisé sur une séquence de moins de dix
années, correspondant finalement parfaitement à la crise sociale, politique et culturelle, aux
revendications d’émancipation d’une nouvelle génération. Ces nouveaux environnements qui vont
finalement apparaître dans les films et vont, au travers des lignes de mobilier (Quasar, A.J.S.
Aérolande, De Pas - d’Urbino - Lomazzi), être diffusés par la grande distribution, révèlent un
changement de mentalités qui, bien sûr correspond aux modèles économiques et sociaux des
trente glorieuses et de l’American Dream, mais aussi de leur mise en crise, avec l’avènement
des mouvements hippies et des mouvements politiques qui ébranleront la fin des années 1960.
Le gonflable est pris dans cette ambivalence, image pop et colorée d’un capitalisme triomphant
pour une part, et instrument d’une critique d’un modernisme ayant imposé un cadre
fonctionnaliste unidimensionnel d’autre part. La crise pétrolière mettant fin à cet âge d’or du
tout plastique, les voyages s’étant mués en modèles individualistes, loin des découvertes d’une
conscience augmentée par la musique, les drogues, ainsi que le postmodernisme et sa distance
cynique au monde mettront rapidement fin aux recherches alternatives autour des gonflables.
Ce n’est qu’avec l’évolution des matériaux, les tensions de la crise écologique et l’infinie
extension des réseaux numériques que le gonflable est réapparu fort de son ambivalence, tout à
la fois porteur d’une mythologie des origines et simultanément d’une histoire technologique
propre au monde industriel. La notion d’environnement étant devenue centrale avec les
questions de densité urbaine, le réchauffement climatique, des artistes et des architectes ont
réinvesti le domaine des architectures légères et les logiques de l’intervention, une façon de
créer des évènements ouvrant à la réflexion sur les contextes architecturaux et urbains.
Si l’Eden Project (1996) de Nicholas Grimshaw a renoué avec l’esprit de Fuller ou de Frei Otto, la
salle de concert Ark Nova (2013) d’Anish Kapoor avec Arata Isozaki évoque l’itinérance et le
nomadisme, Le Leviathan (2011) d’Anish Kapoor, ou à une moindre échelle la Tea House (2017)
de Kengo Kuma, invitent à nouveau à des expériences immersives.
Tous les possibles ouverts par les architectures gonflables semblent se réactiver au travers d'un
nombre croissant de réalisations contemporaines confortés par l’apparition d’innovations

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techniques et matérielles, mais c’est peut-être le projet The Bubble (2009) de Diller et Scofidio
qui ouvre de nouvelles perspectives dans un dialogue effectif avec le Hirschorn Museum, une
capacité à intervenir dans le construit pour créer des alternatives aux usages traditionnels de
l’espace bâti.

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4.RESSOURCES
CATALOGUE

Tout à la fois lié à l’exposition, le catalogue ouvre à une archéologie critique du
gonflable, les sources aéronautiques et industrielles étant mises en perspective pour
s’attacher plus directement aux développements culturels, critiques et politiques où le
gonflable s’est imposé comme un médium privilégié. Articulé autour de deux textes
génériques, le sommaire organise la publication en six parties, une première consacrée
aux réalisations à une échelle industrielle suivie d’un chapitre consacré aux recherches
dans le domaine de l’art s’attachant à la scène américaine et au mouvement spatialiste.
Un important dossier est consacré aux expositions manifestes, l’exposition Structures
gonflables organisée par le Groupe Utopie (1968), l’Exposition Universelle d’Osaka (1970)
les documenta 4 (1968) et 5 (1972). Un chapitre s’attache aux pratiques sociales et
politiques où le gonflable est un support d’intervention, le signe de diverses actions
urbaines, mais aussi le support pour la création d’évènements sociaux ou ludiques. Un
dossier est consacré au corps, aux environnements au travers des projets d’habitation
et la création de nombreuses lignes de mobilier. La dernière partie du catalogue
présente les projets plus contemporains d’architectes internationaux, d’artistes et de
jeunes créateurs qui redonnent au gonflable une dimension expérimentale et critique
d’actualité. Le catalogue très richement illustré est complété par une importante
chronologie et une bibliographie raisonnée.

320 pages
Editions HYX
Date de publication : 28/04/2021

Taneo Oki et Sekkeirengo, Mushballoon, Exposition universelle d’Osaka, 1970 © Taneo Oki et Sekkeirengo
© Photo courtesy of Osaka Prefectural Government

DOSSIERS PÉDAGOGIQUES DU FRAC CENTRE

- Pascal Häusermann, architectures bulles : https://www.frac-
centre.fr/upload/document/pedagogique/2015/FILE_54ae8a6ec254d_peda_14_mono_haus_
bd.pdf/peda_14_mono_haus_bd.pdf
- Villes visionnaires : https://www.frac-
centre.fr/upload/document/pedagogique/2014/FILE_5437b7968ce9b_peda_14_thema_visio
n_bd.pdf/peda_14_thema_vision_bd.pdf

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- Architectures expériementales : https://www.frac-
centre.fr/upload/document/pedagogique/2013/FILE_528e3f8a4ab33_peda_13_thema_archi
exp_bd.pdf/peda_13_thema_archiexp_bd.pdf
- Vol et architecture : https://www.frac-
centre.fr/upload/document/pedagogique/2011/FILE_4f55e1ffeb65a_peda_11_thema_vol.p
df/peda_11_thema_vol.pdf--
- Architecture événement / Architecture éphémère : https://www.frac-
centre.fr/upload/document/pedagogique/2009/FILE_4e146d78168e9_peda_10_thema_even
ement.pdf/peda_10_thema_evenement.pdf

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5. INFORMATIONS PRATIQUES
OFFRES POUR LE PUBLIC SCOLAIRE
Atelier-visite
Les ateliers-visites sont spécifiquement adaptés aux 5-12 ans et se déroulent dans
des espaces dédiés, ludiques et colorés et dans les lieux d’exposition (2h).

Visite guidée
La visite est animée par un médiateur Jeune Public qui crée une interaction ludique
entre l’élève et l’œuvre : les thématiques des visites sont liées aux expositions en
cours, ou à l'architecture du Centre Pompidou-Metz (1h30).

Des visites autonomes sont possibles. Des outils de transmission sont mis à la
disposition des professeurs pour préparer leur venue (dossiers découverte, livrets pour
les élèves).

ACCUEIL AU QUOTIDIEN

Le Centre Pompidou-Metz accueille les groupes les lundi, mercredi, jeudi et vendredi.

RÉSERVATIONS

Période de réservation

Il est possible de réserver des créneaux scolaires tout au long de l’année.
Ouverture des réservations le 10 décembre 2020, pour la période de janvier à juillet
2021.

Modes de réservation

    -    par Internet www.centrepompidou-metz.fr / Billetterie en ligne
    -    par mél en écrivant à reservation.scolaire@centrepompidou-metz.fr
    -    par téléphone au 03 87 15 17 17 du lundi au vendredi et hors jours fériés

Pour toute réservation à J-20, seul le mode de réservation par téléphone sera pris en
compte.
Pour les maternelles, les réservations se font uniquement par mél ou par téléphone.

TARIFS

    -    Visite guidée d’une heure trente pour une classe de 35 élèves maximum, 70 €
    -    Atelier/visite de deux heures pour une classe de 30 élèves maximum, 100 €
    -    Visite en autonomie d’une heure pour une classe de 35 élèves maximum, gratuit

HORAIRES (HORS PERIODE DE VACANCES SCOLAIRES DE LA ZONE B)

Les lundi, jeudi et vendredi, les horaires sont les suivants :
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Matin : créneaux avec Médiateurs Jeune Public entre 10h et 12h
Après-midi : créneaux avec Médiateurs Jeune Public entre 13h et 16h

En plus du public scolaire, le mercredi est réservé aux publics spécialisés, aux
centres aérés.

Pour toute information, nous sommes à votre disposition au 03 87 15 17 17.

POUR ALLER PLUS LOIN

LES WORKSHOPS

Depuis son ouverture, le Centre Pompidou-Metz développe des actions d’éducation
artistique et culturelle de la maternelle à la terminale.

Pour tout renseignement, envoyer un mél à Anne Oster, chargée de médiation et des
actions éducatives : anne.oster@centrepompidou-metz.fr / 03 87 15 39 84

RESSOURCES

PROFESSEURS RELAIS

Des formations personnalisées sont dispensées par les professeurs relais, sur rendez-
vous les mercredis.

Pour tout renseignement s'adresser à professeur.relais@centrepompidou-metz.fr

OUTILS

Le Centre Pompidou-Metz développe des outils de découverte, en étroite collaboration
avec des professeurs missionnés par l'Education Nationale. Ces outils sont mis à
disposition pour préparer ou approfondir la visite.
Il est possible de les consulter sur le site : http://www.centrepompidou-metz.fr/dossiers

ACCESSIBILITE OU « L’ART DE PARTAGER »

Pour un partenariat enseignement spécialisé et champ social avec accueil adapté, merci
de contacter Jules Coly jules.coly@centrepompidou-metz.fr (visites et ateliers gratuits
sur signature d’une convention).

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NOTES

        Ce document a été réalisé par le pôle des Publics du Centre Pompidou-Metz.
         Il est réservé exclusivement à une utilisation dans un cadre pédagogique

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