ANESTHESIA SAFETY NETWORK - TOWARD EXCELLENCE IN HEALTHCARE

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ANESTHESIA SAFETY NETWORK - TOWARD EXCELLENCE IN HEALTHCARE
ANESTHESIA
  SAFETY
 NETWORK
 RAPPORT TRIMESTRIEL DES ÉVÈNEMENTS PÉRIOPÉRATOIRES
              Newsletter #013 - septembre 2019

TOWARD EXCELLENCE
  IN HEALTHCARE
ANESTHESIA SAFETY NETWORK - TOWARD EXCELLENCE IN HEALTHCARE
INTRODUCTION                                                                     Anesthesia Safety Network
                                                                                                                                Newsletter #013 - septembre 2019

                                                                                                     Dans la dernière newsletter (#12), juillet 2019, nous
                                                                                                     évoquions le congrès du Clinical Human Factor Group
                                                                                                     dédié à l’impact de l’ergonomie des dispositifs sur la
                                                                                                     sécurité des patients.
                                                                                                     Au cours de cette journée mémorable, nous avons
                                                                                                     eu la chance d’échanger longuement avec Martin
                                                                                                     Bromiley, Rhona Flin et d’autres participants.
                                                                                                     Les speakers soulignaient qu’il était important de
                                                                                                     faire la distinction entre l’erreur d’utilisation (use
                                                                                                     error) et l’erreur de l’utilisateur (user error). L’erreur
                                                                                                     d’utilisation renvoie à un défaut d’ergonomie ou de
                                                                                                     conception du dispositif médical. En effet, le design
                                                                                                     de certains dispositifs médicaux ou l’architecture de
                                                                                                     certains lieux de soins n’ont pas toujours été pensés
                                                                                                     pour assurer une sécurité des soins optimale. Comme
                                                                                                     le dit Martin Bromiley, un design ergonomique en
                                                                                                     matière de sécurité doit rendre difficile ce qui est
                                                                                                     dangereux et facile ce qui est sûr, littéralement :
                                                                                                     “rendre facile ce qui est vrai et difficile ce qui est faux”.
                                                                                                     En fin de journée, Martin Bromiley avait présenté les
                                                                                                     newsletters d’Anesthesia Safety Network comme le
                                                                                                     Gold Standard en matière de retour d’expérience. Nous
                                                                                                     souhaitions partager avec vous cette reconnaissance
                                                                                                     qui vous revient également (interview disponible sur
                                                                                                     le site du CHFG).

                                                                                                     De notre côté, la plateforme de déclaration n’avait
                                                                                                     pas évolué depuis Juin 2016. Nous avons donc
                                                                                                     décidé de simplifier l’outil de déclaration en créant
                                                                                                     une plateforme plus dynamique utilisant un agent
                                                                                                     conversationnel intelligent qui assiste le soignant
                                                                                                     dans sa déclaration et son retour d’expérience pour
                                                                                                     en faire un débriefing virtuel. D’ici 2020, grâce
                                                                                                     au perfectionnement de l’analyse automatisée,
                                                                                                     nous serons en mesure de vous fournir au terme
                                                                                                     de la déclaration des liens vers des documents ou
                                                                                                     outils développés par les institutions nationales et
                                                                                                     internationales (HAS, OMS, sociétés savantes, …).

                                                                                                 “RENDRE FACILE CE QUI EST VRAI
                                        https://vimeo.com/342935330
Interview réalisée lors du Safer Healthcare by Design – 12th
June 2019 – A conference for healthcare, Human Factors,
                                                                                                  ET DIFFICILE CE QUI EST FAUX”
procurement and design (https://chfg.org/chfg-safer-
healthcare-by-design-conference-london-2019/)

Anesthesia Safety Network
Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : anesthesiasafetynetwork.com                                               2
ANESTHESIA SAFETY NETWORK - TOWARD EXCELLENCE IN HEALTHCARE
Newsletter #013 - septembre 2019

    Nous espérons que vous apprécierez cette 13ème newsletter.
    Un grand merci à Guillaume Tirtiaux pour sa fidélité et sa parti-
    cipation sans faille à cette revue. Nous en profitons pour le fé-
    liciter pour l’ouvrage qu’il vient de publier. Sans nul doute, son
    expertise et les sujets qu’il y aborde nous permettront de pro-
    gresser collectivement.

    Enfin, nous sommes très honorés et remercions chaleureuse-
    ment Rhona Flin et David Whitaker pour leur contribution à cette
    newsletter. Nous espérons que ces propositions trouveront un
    écho positif et nous vous engageons à devenir ambassadeurs
    du 2222.

    Continuez à déclarer ! En partageant vos événements vous
    améliorez chaque jour un peu plus la sécurité des patients. Plus
    que jamais, le retour d’expérience doit devenir l’un des leviers
    majeurs de la fiabilisation de nos pratiques.

                                   François Jaulin et Frédéric Martin

                                  PLUS QUE JAMAIS, LE RETOUR
                              D’EXPÉRIENCE DOIT DEVENIR L’UN DES
                              LEVIERS MAJEURS DE LA FIABILISATION
                                       DE NOS PRATIQUES.

                                                                                                                             Anesthesia Safety Network
3                                  Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : anesthesiasafetynetwork.com
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Anesthesia Safety Network

                   FAUT-IL PRESCRIRE UNE DOSE DE
                   PRÉOCCUPATION CONSTANTE AUX
                   ANESTHÉSISTES ? par Rhona Flin

                         Rhona Flin est professeure de psychologie industrielle
                         (industrial psychology) à la Aberdeen Business School
                         de l’Université Robert Gordon et professeure émérite de
                         psychologie appliquée à l’Université d’Aberdeen. Ses travaux
                         portent sur la performance humaine dans des environnements
                         de travail à risque élevé et ses études récentes portent sur le
                         leadership, la culture de sécurité, les aptitudes à travailler en
                         équipe et les aptitudes cognitives.

                    «En tant que neurochirurgien, j’étais tout le temps                     le concept de «préoccupation constante» chez les
                   dans un état d’anxiété chronique légère.» rapporte                       managers, en rapport avec la sécurité opérationnelle.
                   Henry Marsh, neurochirurgien, dans le Gardian en                         En collaboration avec une collègue psychologue,
                   2019.                                                                    le Dr Laura Fruhen, nous avons commencé à
                    «La vérité, c’est que parfois, je n’arrive pas à couper.                identifier les principales composantes du concept
                   Je rumine et je pense aux patients. Souvent, je me                       de préoccupation constante. À partir des données
                   réveille à 2 heures du matin en me souvenant de                          pauvres issues de la littérature, puis en interviewant
                   quelque chose que j’ai oublié au sujet d’un patient et                   des professionnels du secteur de l’énergie, nous
                   j’envoie un courriel - qu’est-ce qui est arrivé à tel ou                 avons défini la préoccupation constante comme une
                   tel sujet ?» déclare Ian Grant, chirurgien ORL, dans                     tendance à éprouver un “inconfort et de l’inquiétude”
                   le Times en 2018.                                                        à l’égard de la maîtrise des risques. Le niveau
                                                                                            d’inquiétude est lié à l’impression qu’a le manager de
                   Ces chirurgiens semblent décrire une inquiétude                          savoir si les dangers sont suffisamment maîtrisés et
                   sous-jacente quant à la facilité avec laquelle les                       si les décisions opérationnelles sont fondées sur des
                   choses peuvent mal tourner dans les opérations.                          renseignements adéquats en matière de sécurité.
                   Ce qu’ils montrent n’est pas, je pense, une                              Chaque personne est susceptible d’éprouver des
                   particularité des chirurgiens britanniques, mais                         inconforts différents qui seront utiles à la gestion des
                   plutôt une caractéristique très souhaitable pour                         questions de sécurité - le niveau optimal dépendra du
                   le bien-être des patients. A savoir, un sentiment                        contexte et des caractéristiques personnelles. Nous
                   de ”préoccupation constante” ; une tendance à la                         avons considéré que la préoccupation constante se
                   méfiance à l’égard des risques, un niveau d’anxiété                      développe par le biais d’un processus psychologique
                   requis pour la sécurité. Ce concept a été identifié                      et que la dimension dans laquelle les individus en
                   par des chercheurs de l’université de Berkeley qui                       font l’expérience semble reposer sur cinq facteurs : la
                   étudiaient des organisations de haute fiabilité (HRO)                    vigilance, la souplesse de la pensée, la propension à
                   réalisant des activités à risques avec un niveau de                      l’inquiétude, le pessimisme et la capacité d’imaginer
                   sécurité particulièrement élevé. Ils ont souligné que                    des conséquences négatives. L’expérience du
                   l’absence d’événements indésirables sur un lieu                          “malaise” est précieuse pour la sécurité parce
                   de travail hautement risqué devrait être interprété                      qu’elle favorise une évaluation critique de la cause
                   comme un signe prémonitoire d’une possible                               de l’inconfort, en examinant les situations sous de
                   détérioration des mécanismes de sécurité plutôt                          multiples angles, en appliquant une pensée flexible,
                   que comme un accomplissement conduisant à un                             en recherchant les risques cachés, en effectuant les
                   sentiment de confort.                                                    vérifications supplémentaires.
                                                                                            Peut-être les anesthésistes les plus “sûrs” en
                   À la suite de l’accident de la plateforme de forage                      termes de sécurité bénéficient-ils d’une touche de
                   Deepwater Horizon, les responsables du secteur de                        préoccupation constante ?
                   l’énergie ont suspecté que la rareté des accidents
                   majeurs ait pu conduire à une certaine suffisance                        Version originale dans la version anglaise de
                   des managers. J’ai obtenu un contrat de recherche                        la newsletter 13
                   d’une société pétrolière et gazière pour examiner

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Newsletter #013 - septembre 2019

    FALLAIT PAS “L’INVITER”
    (OU L’APPEL “TOXIQUE”)                                                        ça peut aider, si c’est une intoxication à la xylo». Je n’ai pas de
                                                                                  retour. Devant l’absence de décision, l’IADE propose d’intuber
    Un samedi au bloc d’urgence. Premier patient de la journée avec               le malade. Je regarde l’IADE et lui fais “oui” de la tête. Le senior
    de lourds antécédents ORL. Pris en charge pour une fracture                   en renfort objecte : «non faut pas intuber ce malade, sinon on
    mandibulaire traumatique. La consultation d’anesthésie                        ne sait pas ce qu’on fera ensuite». L’IADE prépare quand même
    recommande une intubation par fibroscopie vigile compte tenu                  de quoi intuber. J’administre pendant ce temps les intralipides.
    du risque d’intubation difficile possible (cancer ORL, chirurgies             Je demande à nouveau «que fait-on ?» car aucune décision
    ORL multiples).                                                               claire n’est prise. Le patient continue de convulser et le senior
    Réalisation au bloc, par le senior, d’une anesthésie locale de la             “renfort” qui semblait vouloir s’imposer comme leader ne
    sphère ORL (narines, gargarisme, …) avant de faire l’intubation               propose rien d’évident. Il finit par sortir de la salle sans préciser
    sous fibroscopie.                                                             ce qu’il part faire. L’ambiance s’en ressent immédiatement :
    20 minutes après les premières administrations de lidocaïne,                  l’anesthésiste senior semble reprendre ses esprits et confirme
    le patient présente brusquement un état d’agitation et finit                  l’état de mal épileptique sur une intoxication aux anesthésiques
    par convulser. Je demande au senior s’il y a eu d’autres                      locaux. Il me demande d’injecter en IVD 1 mg de clonazepam
    médicaments administrés au patient puis évoque une                            associé à la poursuite des intralipides. Nous préparons
    intoxication à la lidocaïne (seul médicament qu’il a reçu). Le                l’intubation qui se fera en séquence rapide avec un McGrath,
    sénior, un peu surpris par ce diagnostic, acquiesce et me                     malade qui finalement s’avère facile à intuber (score POGO
    demande d’aller chercher l’intralipide. L’intralipide n’est pas à sa          à 1). La chirurgie est annulée et le malade est transféré au
    place habituelle. Je cours en chercher dans un sas d’une salle                réveil. Le senior qui n’est jamais revenu nous accueille de façon
    adjacente demandant au passage à l’IBODE d’appeler du renfort                 désagréable et nous demande de changer d’emplacement
    en salle de réveil. Lorsque je reviens dans le bloc, le patient est           une fois le patient scopé et installé. Il ne participe pas à la
    inconscient et en détresse respiratoire malgré l’oxygénation                  transmission des dernières informations et revient sèchement
    avec un masque facial. Apparition d’une bradycardie. J’annonce                demander si on a appelé le scanner…
    à voix haute ces informations et je finis par dire très fort «le              Cette prise en charge m’invite à vous demander comment gérer
    patient est en train de s’arrêter» en commençant le massage                   un renfort finalement toxique dans une gestion de crise.
    cardiaque. Le sénior en renfort (MAR) - que je ne connais pas -               À ma question qui me semble légitime («qui est teamleader ?»)
    entre dans le bloc opératoire sans s’annoncer ni demander en                  dans une situation de crise, je me suis vu recevoir une réponse
    quoi il peut aider. Il me dit que ça ne sert à rien de masser et qu’il        violente dans un moment de stress (MCE) alors que ma
    faut un plan dur. Etant en présence d’un MAR (renfort) et d’un                question ne visait qu’à prendre un temps pour percevoir, décider
    MAR du bloc, je demande “qui est le teamleader ?”. Il me répond               et agir. Comment gérer un mauvais leadership ou l’absence de
    : «bah en tout cas, ce n’est certainement pas toi !». Toujours en             leadership ? Comment gérer un renfort qui s’avère toxique ?
    train de masser, je lui redemande alors de me donner un plan
    dur et reformule ma question «qui est teamleader dans cette                   MAR : médecin anesthésiste réanimateur / MCE : massage
    prise en charge ?». Le sénior d’anesthésie reste silencieux et                cardiaque externe / ACR : Arrêt cardio respiratoire
    semble sidéré. Le MAR renfort demande le dossier pour savoir
    si ce patient est «réanimatoire» et dit «il a peut-être des                   HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired): 0 - Heure : 9h-11h
    métastases cérébrales ce patient». Le chirurgien qui arrive
    infirme ce point, son dernier scanner cérébral récent étant                   Points positifs: travail d’équipe avec MAR du bloc, IBODE et
    normal. Le MAR parvient finalement à ventiler le patient qui                  IADE, appel à l’aide, speak-up.
    récupère un rythme et une hémodynamique stable. Le senior                     Points d’amélioration: Comptabiliser les quantités administrées
    “renfort” demande «pourquoi on fait des intralipides ?» sur                   dans une anesthésie locale topique de la sphère ORL / travail sur
    un ton agressif. Je lui réponds : «on suspecte en premier lieu                CRM / utilisation d’aides cognitives / RMM / débriefing en équipe
    une intoxication à la lidocaïne. Ce n’est pas délétère d’en faire et          MOTS CLÉS : intoxication, ACR, erreur médicamenteuse

                                                                                                                                              Anesthesia Safety Network
5                                                   Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : anesthesiasafetynetwork.com
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                                       INTRODUCTION À LA COMMUNICATION BIENVEILLANTE

              La gestion d’une situation de crise

              En préambule, je souhaite insister sur un point qui fait souvent l’objet d’incompréhensions : la dénomination
              « Crisis Resource Management » qu’a pris le CRM dans les soins de santé est déroutante.
              En effet, les compétences nécessaires au bon fonctionnement d’une équipe en situation de crise sont les mêmes
              que celles qui sont nécessaires en situation normale ! C’est donc en apprenant au quotidien à réussir en équipe
              que nous réussirons également lorsque la situation se compliquera. Ensuite, quelques bonnes pratiques
              supplémentaires sont recommandées afin de gérer au mieux une situation de crise.

              STOP ! Avant de se lancer dans l’action, il est utile de s’arrêter afin de :
              ●       Nommer un coordinateur, dont le rôle sera de rester en retrait – il ne doit pas être impliqué dans l’action –,
                      de coordonner l’équipe, d’anticiper les besoins, d’être garant du cadre temps, et de protéger l’équipe en
                      détectant toute tunnelisation ou autre biais cognitif ;
              ●       Évaluer la nécessité d’appeler davantage de monde en renfort ou au contraire, de limiter le nombre
                      de personnes présentes ;
              ●       Établir un projet d’action commun en réalisant un briefing et en assignant un rôle clair à chacun.

              Il est important de se rappeler la notion de leadership situationnel : quelle est la personne la plus compétente et à
              même d’apporter une solution à la situation ? Le coordinateur doit se poser cette question chaque fois que la
              situation évolue. Il est facilitant de s’appuyer sur des aides cognitives si elles existent pour la situation rencontrée
              (check-list, guide de référence, procédure, protocole, etc.)

              Quelle réaction face à un comportement toxique ?
              La ligne de conduite en cas de comportement toxique de la part d’un collègue n’est pas évidente. Seule certitude,
              la question prioritaire qui doit guider les choix sera toujours :« Quelle est la meilleure chose que je peux faire, ici et
              maintenant, afin de garantir la sécurité du patient ? ». Et ces choix dépendent de nombreux paramètres propres à
              la situation.
              Seule certitude, cette situation laissera chez la plupart des protagonistes un goût amer, une charge émotionnelle
              qu’il sera utile de débriefer à froid, l’objectif recherché étant que cette situation ne se reproduise pas.

              Comment organiser ce débriefing ?
              Une piste est de s’appuyer sur la structure proposée par la Communication Non Violente (CNV) également
              appelée communication bienveillante, en s’appuyant sur deux postulats :
              ●        Tous les professionnels impliqués partagent un objectif commun : garantir la sécurité du patient.
              ●        La personne responsable du comportement toxique n’avait pas conscience de l’impact de ce
                       comportement sur la performance de l’équipe.

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Newsletter #013 - septembre 2019

    Avant tout, il convient de respecter certaines règles si l’on veut se donner la chance que notre débriefing atteigne
    son objectif.
    ●        Un tel débriefing doit toujours être constructif et sans jugement.
    ●        Un tel débriefing ne se donne que si la personne concernée est d’accord pour le recevoir, qu’elle l’ait
             demandé ou qu’on lui ait proposé. Ne pas insister si ce n’est pas le cas.
    ●        Un tel débriefing n’est jamais donné quand l’une des personnes concernées, celle qui le donne ou celle
             qui le reçoit, se trouve sous le coup d’une émotion.
    ●        Il est important de respecter une certaine forme de confidentialité. Un tel débriefing n’aura lieu qu’en
             présence des personnes concernées.
    ●        Un tel débriefing ne se commente pas. Celui qui le reçoit ne doit pas essayer de se justifier sur tel ou tel
             point afin d’éviter de rentrer dans des argumentaires interminables.
             Il pourra juste demander des précisions si nécessaire.

    Venons-en au processus CNV en lui-même. Quels en sont les deux principes essentiels ?
    ●         Des faits observables exprimés sans jugement ni interprétation ne sont pas contestables. Par exemple,
    dans le propos « Il ne m’a pas dit bonjour, il n’est pas sympa », la première affirmation est un fait observable,
    alors que la deuxième est un jugement. Si je dis « Il a serré la main à tout le monde sauf à moi, il ne m’aime pas »,
    la deuxième affirmation est une interprétation. Lorsqu’on désire exposer son point de vue à quelqu’un sans
    équivoque, il est important de partir des faits bruts.
    ●         Nos émotions nous appartiennent et ne peuvent être mises en doute par l’autre.
    Si je vous dis « Je suis triste ! », ou « je suis en colère ! », ou « j’ai peur ! », vous pouvez essayer de
    me prétendre que c’est faux ou que j’exagère. Il suffit que je répète « Je t’assure, je suis sérieux ! Je suis triste ! »
    et vous mesurerez la gravité de mon propos. Attention : veillons à nous attribuer la responsabilité de nos émotions
    en parlant en « Je ». Pas question de « Tu m’énerves », mais bien de « Je suis énervé. »

                                                          Résumons-nous.
       Nous avons explicité les faits et exprimé notre ressenti. Il s’agit des deux premières étapes du processus de la
       CNV, qui suffisent généralement si votre interlocuteur remplit les deux postulats initiaux. L’ordre de ces deux
      étapes importe peu. Parfois, il sera utile de compléter notre propos en exprimant nos besoins (respect, sécurité,
    sérénité, ...). Quel(s) besoin(s) non satisfait(s) a(ont) provoqué l’émotion qui nous a accablé ? Puis en formulant une
     demande pour l’avenir. Attention, cette demande doit respecter les critères suivants : réalisable, concrète, précise
              et positivement formulée. Et elle doit être négociable, elle ne peut donc en aucun cas être exigée.

                                                 Rédigé par Guillaume Tirtiaux, auteur du livre «Mieux réussir ensemble»
                                                                             et directeur des formations chez REPORT’in

                                                                                                                                  Anesthesia Safety Network
7                                       Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : anesthesiasafetynetwork.com
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                              «Mieux réussir ensemble»
                     Gestion du stress, travail en équipe et autres compétences non techniques :
                                 s’inspirer des bonnes pratiques d’un pilote de ligne

                                                                                                                         de Guillaume Tirtiaux

                                                      400
                                                           s
                                                      page
                                                                           De nombreux
                                                                         exemples tirés du
                                                                         monde de la santé      Dans les années 70, les crashes
                                                                                                d’avions se succèdent au point
                                                                                                que les compagnies font face
                                                                     à une crise majeure. Une étude de la NASA révèle alors
                                                                     l’incapacité des pilotes à collaborer en équipe. Face à ce
                                                                     constat, le Crew Resource Management (CRM) est dé-
                                                                     veloppé pour apprendre au personnel navigant à mieux
                                                                     fonctionner ensemble. Et les résultats suivent tout de
                                                                     suite, rendant ainsi les for-
                                                                     mations au CRM obligatoires.
                                                                                                                          Un ouvrage pratique de
                                                                     Dans de nombreux secteurs          référence pour tout qui
                                                                     d’activité autres que l’avia-      doit travailler en équipe
                                                                     tion civile (médical, énergie,
                                                                     etc.), les pertes liées à une
                                                                     communication inefficace ou à un leadership inappro-
          Commandez votre                                            prié se chiffrent aussi en vies humaines. Toutefois, quelle
           exemplaire sur                                            que soit l’entreprise et même s’ils sont moins flagrants,
                                                                     de tels dysfonctionnements demeurent tout aussi per-
           www.edipro.info                                           nicieux : perte de la performance, dégradation du bien-
                                                                     être, burnout… ; et in fine très coûteux.

           PRIX DE SOUSCRIPTION :                                    De la performance individuelle (gestion du stress, de
           29 € et frais de port offerts                             la fatigue, de l’attention…) à la performance collective
                                                                     (communication, travail en équipe, prise de décision…),
            en Belgique et en France
                                                                     cet ouvrage fourmillant d’exemples vous fait découvrir
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           mentionnant le code
                                                                     Sortie officielle : 10 octobre 2019
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Anesthesia Safety Network
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ANESTHESIA SAFETY NETWORK - TOWARD EXCELLENCE IN HEALTHCARE
Newsletter #013 - septembre 2019

    LE SIGNAL FAIBLE, UN AMI
    À ÉCOUTER !
    Vendredi après-midi. Programme chargé avec
    pression temporelle. Toutes les salles sont
    occupées. Je suis interpellé alors que je ne suis
    pas d’astreinte pour prendre en charge deux
    urgences chirurgicales. La demande est de
    trouver “des anesthésistes”. Je me sens énervé
    et explique fermement qu’il faut interrompre
    deux salles avec des actes programmés non
    urgents. C’est chose faite 5 min après. Une des
    urgences est un patient qui saigne après une
    chirurgie en ambulatoire le matin et qui a fait un
    malaise. Il arrive en civil au bloc poussé par son chirurgien. On le conditionne et l’IADE le rentre au bloc. Je lui
    demande de m’appeler pour l’induction car nous serons plus vigilants à deux dans ce cas d’urgence. Une fois
    installé par l’équipe IBODE- IADE, je suis appelé. Le malade est pré-oxygéné avec le respirateur caché derrière
    l’IADE. Je prends les médicaments anesthésiques pour réaliser une séquence en induction rapide. Un signal
    dans ma tête me dit de regarder la FeO2 avant d’induire. Fuites sur masque et pas de capno visible ni de FeO2.
    Nous sommes pressés. J’hésite et j’attends quand même de visualiser la courbe de CO2. C’est chose faite et je
    découvre une FeO2 à 21 %. On découvre alors que le commutateur était placé sur circuit accessoire et pas sur
    le circuit machine qui servait à la préoxygénation. Finalement, l’induction est réalisée sans problème et nous
    débriefons après en équipe (IADE-MAR) de cet évènement.

    HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired) : 1 - Heure : 15h-19h
    Points positifs: application d’un No Go avant induction, vérification de la pré-oxygénation sur
    des critères objectifs, conscience de la situation, rattrapage de l’erreur et correction de la pré-oxygénation,
    débriefing post-événement.
    Points d’amélioration: Optimiser la position des dispositifs médicaux pour l’usage qu’on en fait,
    en particulier, tenter d’avoir les tableaux de bords (scope, écran respi) en visuel direct.
    MOTS CLÉS : Pré-oxygénation, induction séquence rapide, circuit accessoire

                                                                                                                                Anesthesia Safety Network
9                                     Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : anesthesiasafetynetwork.com
ANESTHESIA SAFETY NETWORK - TOWARD EXCELLENCE IN HEALTHCARE
Anesthesia Safety Network

                    SÉDATION INTRAVEINEUSE INEFFICACE
                    Réalisation d’une intubation par fibroscopie vigile chez un patient polytraumatisé, obèse, avec fracture cervicale,
                    dans la salle de réveil - accueil polytraumatisé d’un CHU.
                    Lieu relativement exigu situé au fond de la salle de réveil, avec peu d’espace pour circuler autour du brancard.
                    Soignants probablement trop nombreux pour ce geste : un interne d’anesthésie (réveil) qui manie le fibroscope,
                    une chef de clinique qui est responsable de la prise en charge initiale au réveil, deux infirmiers du réveil qui
                    parlent au patient et tentent de le maintenir immobile. Présent “en cas de besoin”, je profite pour observer à
                    distance l’intubation avant de prendre en charge ensuite le patient au bloc opératoire. Réalisation d’une sédation
                    pendant le geste par rémifentanil avec une cible initialement faible. La chef de clinique augmente les cibles de
                    rémifentanil, sans effet. Le patient s’agite de plus en plus. Finalement, dans l’agitation globale - patient qui dit
                    s’étouffer et qui s’agite violemment, mouvements des infirmiers pour contentionner le patient manuellement,
                    etc… - le patient est intubé et un bolus de propofol est réalisé dès que le tube est en place.
                    L’équipe soignante s’étonne de cette agitation malgré de fortes doses de rémifentanil.
                    On constate alors que la tubulure s’est cassée au niveau de la jonction après la connexion à la seringue.
                    Le patient n’a en pratique pas reçu de rémifentanil.
                    Aucune alarme de “faible” pression existe. Les tubulures étaient sans doute trop courtes. Le lieu du geste
                    probablement trop exigu. La base était dans le dos de la chef de clinique. L’écran de fibroscopie n’était pas
                    visible par tous. Les infirmiers étaient gênés par les bras qui portent les scopes et le respi.

                    À gauche : zone de rupture après la visse de connexion, d’une des autres tubulures
                    A droite : tubulure rompue après la connexion sur la seringue de remifentanil

                    HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired) : 0 - Heure : 9h-11h
                    Points positifs: travail d’équipe, analyse de la situation, partage de l’événement
                    Points d’amélioration: évaluer l’effet de la sédation et vérifier la ligne d’administration du médicament en
                    l’absence d’effet constaté avec un médicament connu pour agir vite. Définir après évaluation des besoins
                    le nombre de personnes nécessaires (et leur rôle) pour un soin. “Optimiser” le lieu d’un geste à risque.
                    MOTS CLÉS : Tubulure rompue, intubation vigile au fibroscope

Anesthesia Safety Network
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Newsletter #013 - septembre 2019

                                                                                     ARRÊT ACCIDENTEL D’UNE
                                                                                     ANESTHÉSIE SOUS AIVOC
                                                                               En semaine au cours d’une vacation matinale
                                                                               de chirurgie réglée, je relaie l’IADE partie faire
                                                                               une pause en cours d’une anesthésie par AIVOC
                                                                               (propofol, remifentanil) pour une chirurgie
                                                                               thyroïdienne. La chirurgie et l’anesthésie se
                                                                               déroulent très bien. Le chirurgien souhaite
                                                                               modifier la position du cou de la patiente.
                                                                               Nous réalisons ce changement ensemble,
                                                                               de part et d’autre des champs opératoires.
                                                                               Durant ce changement de position, la pré-
     alarme de fin de seringue retentit (fin du propofol) : je mets sur silence l’alarme en appuyant sur le bouton “silence” et
     commence à préparer la seringue suivante de propofol.
     Je suis interrompu par un collègue qui rentre dans le bloc opératoire pour un avis. Ce dernier ressort puis l’IADE revient
     en salle. Elle constate que la seringue de propofol en place a été arrêtée, sans qu’elle soit entièrement vidée.
     Elle m’en fait part.
     Au lieu de mettre en silence l’alarme, j’avais stoppé l’infusion de propofol en appuyant sur le bouton “STOP”.
     Les deux boutons étant très proches, je réalise mon erreur : j’ai involontairement appuyé sur le mauvais bouton.
     Début de réveil du patient malgré une remise en marche du propofol. Rapidement j’approfondie l’anesthésie.
     Pas de mémorisation rapportée par le patient en fin d’intervention.
     HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired) : 0 - Heure : 9h-11h
     Points positifs: travail d’équipe, récupération de l’erreur par l’IADE
     Points d’amélioration: points de situation réguliers notamment lors de modification de composition de l’équipe
     (permet de récupérer certaines erreurs), politique de gestion des interruptions de tâches, verbaliser à haute voix
     certaines actions
     MOTS CLÉS : ergonomie, seringue auto-pousseuse, alarme, stop, interruption de tâche

     CA VA ÊTRE UN GESTE RAPIDE !
     Fin de matinée chargée au bloc dédié d’endoscopie. Gros service de 4 salles en CHU. Patients souvent complexes.
     Procédure : écho-endoscopie diagnostique pour objectiver un cancer. Patiente fragile en VS aux lunettes O2 car acte
     prévu court. Demi No Go de l’opérateur devant une sténose œsophagienne serrée vue lors du premier look en fibroscopie
     standard (heureusement sinon risque de rupture !). Décision de l’opérateur (expérimenté) de dilater l’œsophage et de
     reporter l’écho-endoscopie. IADE (expérimenté) à la tête propose d’intuber le patient afin d’éviter tout risque ajouté
     (inhalation). Réponse de l’opérateur : “non, non ça va être rapide”. Finalement le geste, pas si simple chez cette patiente,
     prend 25 minutes en VS sous propofol. IADE doit aspirer fréquemment en oropharynx. A la fin de la procédure, arrêt
     du propofol et retrait de l’endoscope, aspiration en remontant, en plus de la canule d’aspiration Yankauer. Patiente en
     position demi assise. Tout le monde sort de la salle, il ne reste plus d’une seule IDE.
     La saturation en O2 chute alors brutalement à 80% avec l’apparition d’une cyanose. Le thorax semble se soulever de
     façon asymétrique avec tirage. Mise en place d’un masque à haute concentration et auscultation pulmonaire immédiate
     : silence auscultatoire à droite et sibilants à gauche. Appel à l’aide du MAR par téléphone qui arrive immédiatement
     (1 MAR pour 3 salles d’endo). La patiente tousse spontanément et crache beaucoup de sécrétions épaisses
     qui obstruaient probablement la bronche souche droite. La saturation en O2 remonte à 96%. Aérosol de béta2-mimétique.
     Suites favorables.
     Discussion sur l’intérêt de l’IOT devant une procédure à risque et plus longue que prévue. Prendre une décision en équipe
     mais avant tout en binôme IADE-MAR pour la partie anesthésique. L’arrêt tôt du propofol a permis une toux de la patiente,
     sans cela l’incident serait devenu un véritable problème avec nécessité d’IOT devant une hématose très basse. Ne pas se
     fier au feeling de l’opérateur même expérimenté, mais plutôt à sa propre objectivité bénéfice-risque.
     IOT : intubation oro-trachéale
     HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired) : 1 - Heure : 11h-15h
     Points positifs: prise en charge rapide / atténuation de l’inhalation
     Points d’amélioration: briefing en équipe contextualisé / conscience de situation et du risque d’inhalation
     broncho-pulmonaire au réveil
     MOTS CLÉS : équipe, ventilation en VS, contexte

                                                                                                                                      Anesthesia Safety Network

11                                          Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : anesthesiasafetynetwork.com
Anesthesia Safety Network

                      “PAS DE CONSÉQUENCE = PAS D’ERREUR ?”:
                      UNE PERCEPTION ERRONÉE DE L’ERREUR!
                      Je suis IADE et je relève une collègue à la fin de sa journée de travail. Elle vient juste d’endormir un
                      patient pour une montée de sonde JJ. C’est un patient ASA II qui bénéficie d’une chirurgie qui est
                      habituelle pour moi et que je considère comme simple. Je me permets donc de faire plusieurs choses
                      en même temps pendant qu’elle me fait les transmissions : je termine l’installation, ajuste des
                      paramètres du respirateur. Ma collègue me dit « il faudra lui faire de l’Imipenème, c’est XXX qui est
                      allé t’en chercher ». Pendant qu’elle termine ses transmissions, je lui fais signe de se dépêcher de
                      sortir parce qu’elle ne porte pas de tablier de protection plombé, je suis en train de m’équiper moi-
                      même pendant que l’équipe chirurgicale demande si tout le monde est bien protégé pour commencer.
                      XXX m’apporte en même temps l’imipenème qu’elle pose rapidement sur la paillasse. Je rédige une
                      étiquette « Imipenème 1g » que je colle sur un pochon de 100 cc de NaCl 0.9%. Je termine de m’équiper
                      et d’installer le patient puis je branche le pochon préparé. J’annonce tout haut qu’une prophylaxie a
                      été réalisée avec de l’Imipenème. 5 minutes plus tard, je remarque les flacons d’imipenème sur la
                      paillasse. Je les ai sortis de leur emballage mais je ne les ai pas préparés dans le pochon qui est donc
                      un pochon sans médicament dedans. En le réalisant, je dis tout haut que j’ai fait « une erreur ».
                      La réaction de l’équipe chirurgicale est de dire que ce n’est « pas une erreur, puisqu’il ne va rien se passer ».
                      Cet épisode m’a questionné sur la perception des erreurs médicales dans les équipes en fonction de
                      leurs conséquences.

                      HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired) : 2 - Heure : 15h-19h
                      Points positifs: Perception “moderne” de l’erreur, verbalisation (speak-up) des tâches en cours,
                      atténuation de l’erreur (l’erreur aurait été récupérée si détectée avant le début de la chirurgie car
                      antibioprophylaxie aurait été réalisée en amont du geste. Ici, elle est atténuée), communication en
                      équipe sur l’erreur.
                      Points d’amélioration: avoir conscience du piège des activités routinières / réalisation du 2ème
                      temps de la check-list chirurgicale / technique des “flows” / débriefing en équipe
                      MOTS CLÉS : interruption de tâche / erreur et conséquence / pression temporelle

   UN MORPHINIQUE PEUT EN CACHER UN AUTRE
   Réalisation d’une anesthésie par AIVOC Propofol + Sufentanil. Gros programme
   avec cadence importante et chirurgien professeur autoritaire perçu comme
   un frein à une communication normale qui crée une ambiance trop calme
   où personne ne parle. Deuxième patient de la journée. L’induction s’est bien
   passée. L’anesthésiste me propose de faire une pause. Avant que je parte,
   nous réalisons ensemble quelques vérifications et constatons que la base
   AIVOC est programmée avec du rémifentanil au lieu de sufentanil.
   Arrêt et reprogrammation de la base Priméa™. Le patient n’a pas eu “trop” de
   sufentanil (injecté comme si c’était du rémifentanil), rattrapage de l’erreur peu
   de temps après l’induction. Débrief. On réalise que la cadence nous a conduit à
   faire une erreur de manipulation lors de la programmation de la base. J’ai subi aussi plusieurs interruptions durant ma préparation des
   médicaments. Enfin, la lisibilité sur l’écran de la base n’est pas aisée et il est facile en allant vite de se tromper entre Rémifentanil et Sufentanil.

   HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired) : 0- Heure : 9h-11h
   Points positifs: découverte de l’erreur, débriefing, déclaration
   Points d’amélioration: cockpit stérile lors de la préparation et la programmation de l’administration de médicaments / contrôle
   croisé / point de situation avec “flow” pour le contrôle en AIVOC ou AINOC.
   MOTS CLÉS : équipe, communication, médicament, dispositif médical

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Newsletter #013 - septembre 2019

     UNE SANCTION EXEMPLAIRE !
     Patient de 65 ans présentant une infection urinaire. Il est traité par Amoxicilline et
     présente lors de la première prise d’Amoxicilline un malaise hypotensif avec douleur
     thoracique et modifications ECG. Il bénéficie d’une coronarographie en urgence et
     l’indication de pontage bi tronculaire est posée. La chirurgie cardiaque a lieu quelques
     jours plus tard. Il séjourne en réanimation en postopératoire et les suites sont simples.
     Il est ensuite transféré en service de cardiologie avant un retour au domicile. L’introduction
     d’un traitement par beta-lactamines a révélé une coronaropathie, et, cette allergie
     fortement suspectée est notifiée dans son dossier. Le lendemain de sa sortie de soins
     intensifs, je suis appelé en urgence pour prise en charge d’un ACR en cardiologie. A mon
     arrivée, je constate qu’il s’agit du patient que j’avais en charge en réanimation. L’ACR est
     prolongé, le patient bénéficie d’un MCE. Je constate un «pochon» sur la ligne veineuse.
     Je demande à l’IDE de me dire le nom du médicament et elle me répond “Augmentin”.
     Elle me dit ensuite qu’il n’en avait pas et que c’était le traitement du voisin de chambre.
     L’élève IDE avait confondu les patients.
     L’IDE a été «blâmée» .... Cette sanction permettra-t ’elle d’éviter un nouvel événement
     de ce type ? Le patient peut-il être une ressource pour la sécurité de ses soins ?

     ACR : arrêt cardio-respiratoire, MCE : massage cardiaque externe

     HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired) : 0- Heure : 11h-15h
     Points positifs: déclaration / analyse
     Points d’amélioration: sortir de la culture du “blame and shame” / administration
     médicamenteuse / éducation et information des patients comme rempart à
     l’erreur / double contrôle avant administration médicamenteuse / encadrement
     des élèves
     MOTS CLÉS : Allergie, ACR, erreur médicamenteuse

                                                                                                                                        Anesthesia Safety Network

13                                            Mail : fjaulin@anesthesiasafetynetwork.com / fmartin@anesthesiasafetynetwork.com // Site : anesthesiasafetynetwork.com
Anesthesia Safety Network

                                                              Dr David Whitaker FRCA, FFPMRCA,
                                                              FFICM, FCARCSI (Hon)

                                                              Le Dr Whitaker était consultant au Manchester Royal Infirmary et
                                                              ancien président de l’Association of Anaesthetists of Great Britain
                                                              and Ireland (AAGBI). Il a également été président de l’Association
                                                              of Cardiothoracic Anaesthetists (ACTA), membre élu du Conseil du
                                                              Royal College of Anaesthetists et membre honoraire du College of
                                                              Anaesthetists of Ireland.
                                                              Il préside actuellement le Comité de sécurité du Conseil européen
                                                              d’administration de l’anesthésiologie. Il a été co-auteur de la
                                                              Déclaration d’Helsinki en 2010 sur la sécurité des patients en
                                                              anesthésie, signée par plus de 200 organisations liées à la pratique
                                                              de l’anesthésie dans le Monde. Il est également membre du
                                                              comité sur la sécurité patient et la qualité des soins de l’European
                                                              Society of Anaesthesiology (ESA) et ancien membre du comité
                                                              sur la qualité et la sécurité de la World Federation of Societies of
                                                     Anaesthesiologists (WFSA).
                                                     Le Dr Whitaker s’intéresse particulièrement à la mise en œuvre
                                                     de pratiques plus sûres en anesthésie, en soins intensifs et en
                                                     médecine de la douleur. Il fait actuellement la promotion d’une
                                                     meilleure gestion du sang des patients, de l’utilisation accrue de
                                                     seringues préremplies et d’une surveillance plus étendue des
                       patients en dehors du bloc opératoire, comme la capnographie continue en soins intensifs.
                       Il travaille également sur l’initiative EBA/ESA/ERC visant à standardiser le numéro de
                       téléphone des hôpitaux européens pour les arrêts cardiaques au 2222

               Standardisation du numéro d’appel                                    En 2016, une enquête paneuropéenne a
               téléphonique pour l’arrêt cardiaque                                  montré que 105 numéros différents étaient
               intra-hospitalier au 2222                                            utilisés dans 232 hôpitaux et qu’un grand
               On estime qu’il y a 300 000 arrêts cardiaques                        nombre d’entre eux n’étaient pas facilement
               dans les hôpitaux européens chaque année.                            mémorisables (ex :5714 1453, 4361, 7530,
               Lorsque cela se produit dans de nombreux                             3274), et peut-être choisis au hasard.
               hôpitaux, une infirmière ou un autre membre                          Le numéro le plus fréquemment utilisé
               du personnel appelle une équipe d’arrêt                              était 2222. Un moyen simple d’améliorer la
               cardiaque pour réanimer le patient.                                  situation serait que tous les hôpitaux utilisent
               La survie du patient dépend de la réanimation                        le même numéro de téléphone interne et le
               cardio-respiratoire, et, du délai d’arrivée, de                      standardisent dans toute l’Europe [3].
               défibrillation [1].                                                  En dehors des hôpitaux en Europe, le numéro
               Plus de 80 % des hôpitaux européens                                  d’urgence a déjà été uniformisé (le 112) depuis
               disposent d’un système téléphonique à cet                            2004. Certains pays ont déjà standardisé
               effet et l’infirmière compose un numéro de                           le numéro d’arrêt cardiaque de tous leurs
               téléphone spécifique, d’autres peuvent utiliser                      hôpitaux au niveau national à 2222,
               les boutons d’appel sur le mur.
                                                                                    par exemple le Royaume-Uni et la Turquie.
               L’une des raisons du retard de l’arrivée de
                                                                                    En 2016, le Bureau européen d’anesthésiologie,
               l’équipe est que le personnel, surtout lorsqu’il
                                                                                    le Conseil européen de réanimation et la Société
               est stressé, ne se souvient pas du bon numéro
                                                                                    européenne d’anesthésiologie ont publié une
               à appeler dans l’hôpital où il travaille.
                                                                                    déclaration commune recommandant que
               Au Danemark, seulement 50% du personnel
                                                                                    tous les hôpitaux en Europe adoptent le même
               médical et 58% du personnel infirmier
                                                                                    numéro 2222 [4].
               connaissaient le bon numéro à appeler dans
               leur propre hôpital [2].

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Newsletter #013 - septembre 2019

     Martin Bromiley, président du Clinical Human                     3. A call for 2222 in European hospitals—A
     Factors Group (CHFG) déclare :                                   reply to letter by Dr. Whitaker. Kasper Glerup
     «La standardisation s’est avérée être un                         Lauridsen, Bo Løfgren. Resuscitation. 2016;
     mécanisme efficace pour réduire les erreurs                      Volume 107, e19,
     humaines dans des processus ou situations                        4. Implementing a standard internal telephone
     complexes. Le CHFG soutient pleinement cette                     number 2222 for cardiac arrest calls in all
     initiative en faveur de la sécurité des patients                 hospitals in Europe Whitaker, David K.Nolan,
     et encourage tous les hôpitaux européens à                       Jerry P.Castrén, Maaret Abela, Carmel Goldik,
     standardiser leur numéro de téléphone pour les                   Zeev et al. Resuscitation, Volume 115, A14 - A15
     arrêts cardiaques au 2222».                                      5. Local Implementation Pack for establishing
     Les ministères de la Santé du Royaume-Uni, de la                 a standard “Cardiac Arrest Call” telephone
     Turquie, de l’Allemagne, de l’Irlande, du Portugal               number for all hospitals in Europe – 2222
     et certains États australiens ont officiellement                 http://newsletter.esahq.org/a-standard-
     recommandé la normalisation à 2222.                              cardiac-arrest-call-2222/
     Les hôpitaux qui souhaitent adopter cette initiative             6. Establishing a standard crash call telephone
     simple et peu coûteuse en matière de sécurité des                number       in  hospitals.      National     Patient
     patients n’ont toutefois pas besoin d’attendre que               Safety Agency; 2004. https://webarchive.
     le gouvernement la propose. Comme bon nombre                     nationalarchives.gov.uk/20171030124337/
     des numéros utilisés semblent avoir été choisis au               h t t p : // w w w . n r l s . n p s a . n h s . u k /
     hasard localement, la décision de passer à la norme              resources/?entryid45=59789&p=16
     2222 peut aussi être prise facilement localement.
     Si l’ancien numéro existant est maintenu en
     parallèle par le standard téléphonique pendant un
     an, disons à côté du 2222, il est parfaitement sûr
     de le changer. Il a été dit que tout hôpital qui ne
     veut pas ou ne se sent pas en mesure de mettre
     en œuvre cette initiative visant à normaliser son
     numéro d’appel pour les arrêts cardiaques au 2222
     devrait examiner s’il a réellement une culture de
     sécurité. En effet, très peu d’autres changements
     pour la sécurité des patients seront aussi simples,
     peu coûteux, de bon sens et sûrs.
     Plus de détails sur la mise en œuvre et une
     présentation powerpoint téléchargeable sont
     disponibles gratuitement sur les sites Web de l’ESA
     et de NPSA [5,6]. Une carte indiquant l’étendue
     actuelle de la mise en œuvre à l’échelle mondiale
     est disponible sur https://ishen.ushahidi.io/
     views/map
     Planifiez dès maintenant pour changer votre numéro
     d’hôpital à 2222 - vous savez que c’est logique !

     References                                                       https://ishen.ushahidi.io/views/map
     1. Delays in Cardiopulmonary Resuscitation,
     Defibrillation, and Epinephrine All Decrease
     Survival in In-hospital Cardiac Arrest. Nicholas G.
     et al. Anesthesiology 2019; 130:414–22
     2. A standard “Cardiac Arrest Call” – 2222,
     ESA Newsletter, Issue 65, 2016

                                                                                                                                    Anesthesia Safety Network

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                  BARRIÈRES DE SÉCURITÉ PERMÉABLES
                  Au bloc des urgences, en CHU, le premier patient programmé de la journée est un homme de 65 ans,
                  qui est repris au bloc opératoire pour une infection de prothèse totale de genou, posée il y a 3 semaines.
                  En principe, le premier patient programmé généralement la veille ou durant la nuit par l’équipe de garde sortante
                  dispose d’un dossier cadré, revu par un anesthésiste la veille ainsi que par l’équipe chirurgicale.
                  Lorsque le patient arrive au bloc opératoire, on l’installe et on procède à l’induction anesthésique sans problème.
                  La chirurgie se déroule normalement. Environ une heure après l’incision, alors que l’IADE réalise un hemocue™
                  à 6,8 g/dl, elle me demande par téléphone de combien est parti le patient car elle ne parvient pas à retrouver la
                  trace du dernier bilan sanguin dans son dossier papier ni sur le dossier informatique (dernier bilan réalisé lors
                  de la première hospitalisation).
                  Je réalise alors que je n’ai moi-même pas vu de bilan biologique à l’accueil de ce patient et que nous avons réalisé
                  l’anesthésie sans avoir connaissance de l’hémoglobinémie pré-opératoire dans une chirurgie potentiellement
                  hémorragique (reprise PTG infectée).
                  Après une sensation de culpabilité, je réalise qu’aucun autre soignant (infirmier de salle, IADE, IBODE, médecin
                  anesthésiste ayant réalisé la consultation pour la reprise ou chirurgien responsable de l’intervention),
                  n’a prescrit, réalisé ou vu de bilan biologique.
                  Ayant un programme opératoire chargé en ce début de garde, je réalise que cela nous a peut-être conduit à
                  vouloir faire vite pour avancer le programme.
                  Je me rends également compte que nous n’avons pas réalisé de check-list avec l’équipe chirurgicale,
                  ni à l’induction anesthésique (chirurgiens absents), ni à l’incision (j’étais en train d’induire dans l’autre salle
                  avec l’interne d’anesthésie).
                  Je prends également conscience de ma fatigue après une semaine de travail intense.
                  Débrief à chaud avec l’IADE et l’interne d’anesthésie. On réalise un bilan biologique (Hb à 8,7 g/dl) et on transfuse d’un
                  culot globulaire le patient en salle de réveil après l’intervention qui s’est bien terminée. Suites simples pour le patient.

                  HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired) : 1 - Heure : 9h-11h
                  Points positifs: conscience de l’oubli et de la fatigue, verbalisation de l’oubli, débriefing avec l’équipe anesthésique
                  Points d’amélioration: réalisation des différents temps de la check-list chirurgicale avec briefing contextualisé
                  MOTS CLÉS : équipe, check-list, saignement, bilan opératoire, oubli

                  LES PIÈGES DE LA DOUBLE NÉGATION
                  Patient devant être opéré d’une fracture mandibulaire. Alors que j’appelle les chirurgiens pour les prévenir que
                  le patient est installé, l’anesthésiste me demande de leur demander s’ils ont “besoin qu’il n’y ait pas de curares
                  pour cette intervention”. Ils me disent «non». Je communique cette information à l’anesthésiste. Le patient est
                  endormi puis les chirurgiens arrivent. L’anesthésiste leur dit “c’est bon le patient dort et est curarisé,
                  vous pouvez y aller”. Le chirurgien peste en disant «mais non, j’avais demandé qu’il n’y ait pas de curare».
                  Finalement, le temps qu’on installe le matériel et les champs, l’anesthésiste nous informe que le patient
                  est décurarisé spontanément au moment où le chirurgien commence à inciser dans la zone du nerf facial.
                  Ce type de malentendus est fréquent et pénible. La communication par téléphone n’est pas toujours bonne.
                  Les questions posées sont parfois ambigües : quel que soit la réponse des chirurgiens “oui” ou “non”,
                  on pouvait injecter ou pas des curares.
                  Plus tôt dans la journée, avec l’équipe d’orthopédie, nous avions préparé le matériel pour installer le patient
                  en DV alors que les chirurgiens voulaient un DD. Ils avaient donné leurs instructions par téléphone.
                  La confusion est facile entre DV et DD dans un téléphone additionné au bruit ambiant.
                  DV : décubitus ventral, DD : décubitus dorsal.

                  HALT (Hungry / Angry / Lonely / Tired) : 1- Heure : 15h-18h
                  Points positifs: conscience du problème, communication avec chirurgien
                  Points d’amélioration: réaliser le premier temps de la check-list avec équipe au complet (anesthésie et
                  chirurgie), utiliser une communication effective (phraséologie) avec boucle fermée.
                  MOTS CLÉS : équipe, communication, téléphone, malentendu

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