Approche sociologique des dérives du sport Introduction générale

Approche sociologique des dérives du sport

          Introduction générale

La notion de déviances
Différentes formes de déviances:

• Celles des sportifs: le cas du dopage
• Celles des spectateurs: le cas du hooliganisme

Définition des déviances
• Mucchielli (1999), définit la notion de
  déviance par un « comportement qui échappe
  aux règles admises par la société ». Est
  déviante « la personne dont le comportement
  s’écarte de la norme sociale admise ».

Pour qu’une situation de déviance existe, il faut
      que soient réunis trois éléments :

- l’existence d’une norme
- un comportement de transgression de cette
   norme
- un processus de stigmatisation ou de
   désignation de cette transgression

• La vie sportive est fortement normée
• Les normes sont relatives, évolutives,
  contextuelles
• La déviance se construit au cours
  d’interactions
• Un processus, une carrière

L’engagement dans la « carrière
             déviante »
Le schéma d’engagement est similaire quelle
  que soit la forme de déviance :

• un acte primaire (qui peut rester secret, et
  même être non intentionnel),
• l’acquisition d’une « identité » déviante
• l’adhésion à un groupe déviant.

• Ces comportements déviants sont le produit
  d’une socialisation mise en œuvre par un
  processus d’apprentissage qui implique la
  prise en compte de la dimension temporelle
  des faits étudiés (processus) et de la
  dimension interactive de leur production .

CM 1 : APPROCHES SOCIOLOGIQUES DU DOPAGE

• Quelles sont les caractéristiques sociologique
  des sportifs qui se dopent?
• Quels contextes?
• Quelles stratégies d’acteurs?
• Quelles interactions entre les différents
  acteurs?
• Les étapes de la carrière déviante?

Croiser différentes études
• Études quantitatives (statistiques)
• Etudes qualitatives (observations, entretiens)

Révéler et comprendre la complexité du
phénomène

I/ Définition et évolution de la notion

1.1/ Définition

• Il n’existe pas de définition unique et consensuelle du
  dopage. Le plus petit dénominateur commun de l’ensemble
  des définitions est constitué en définitive par la liste des
  produits prohibés par le CIO.

• Pour l’interdire, la loi définit le dopage comme
  « l’utilisation, au cours des compétitions et manifestations
  sportives, ou en vue d’y participer, de substances ou de
  procédés de nature à modifier artificiellement la
  performance ».

1.2/ Evolutions

-   le début du 20ième, 1920 découverte des amphétamines Dans les années 60, une
    série de décès directement liés au dopage amène les gouvernements à élaborer
    une première loi.

- la découverte de l’importance du sang dans les performances dans les années 70
     ouvre la pratique des transfusions sanguines.

- le dopage concerne de multiples substances, aussi bien pour améliorer les capacités
     physiques que pour seconder la récupération, réduire la douleur, le stress… Les
     produits varient selon les effets recherchés et selon les sports, trois seraient plus
     particulièrement concernés : le cyclisme, le football et le tennis même si aucun
     sport n’est épargné par les pratiques de dopage.

- On constate un nombre croissant de détections positives

II/ le dopage comme fait social

Plusieurs hypothèses sont mises en avant pour expliquer la croissance du
phénomène :

• Les conditions de travail et d’entrainement des sportifs de haut niveau :
  augmentation des charges liées à la compétition.

• La marchandisation des athlètes : enjeux nationalistes des états / Le
  sponsoring et la médiatisation croissante des performances

• Le milieu social de l’athlète : le dopage comme seul moyen de s’extraire
  d’un milieu social défavorisé

• Le sport comme conduite d’addiction : le sport, une drogue dont il est
  difficile de se dépendre.

III/ Le dopage et la socialisation sportive

• 3.1/ Les effets de la socialisation sportive
• 3.2/ Le dopage comme déviance
- Apprentissage au cours d’interactions
- Acquisition de techniques partagées par les
  pairs
- Corrélation dopage/position sociale

3.2.1/ L’accès aux produits dopants
                (Laure, 2000)
•   Analogie aux conduites toxicomaniaques
•   Différentes sources d’approvisionnement
-   Sources légales (ordonnances)
-   Sources illégales (marché parallèle)
-   Sources hors-réglementation (redistribution
    de produits)

3.2.2/ Hypothèses d’interprétation du
    déclenchement des conduites de dopage
• H1: réaction provisoire pour surmonter un
  obstacle passager
• H2: planification rationnelle de l’acteur, recours
  prolongé
• H3: théorie de l’addiction (dépendance /
  Loweinstein, 2000)
- Impossibilité de résister aux pulsions
- Activité sociale sacrifiée par ce comportement
- Persistance du comportement malgré la
  connaissance des effets nocifs

3.2.3/ Scandales et affaires autour du dopage

•   3.2.3.1/ Les représentations du public
•   3.2.3.2/ Le scandale comme fait social (Duret)
-   Unité de dénonciation
-   Brièveté du jugement
-   Clarté de la sanction (partagée par tous)
-   Moment d’épuration et de réactivation des
    normes sportives

3.2.3.3/ Les stratégies de justifications des coupables
                         avérés

• 4 stratégies de réhabilitation du sportif:
- Détournement (responsabilité de tiers)
- Banalisation: passage obligé de tous les
  champions
- Retournement: les progrès de l’homme
- Conversion: prise de conscience et rachat de
  conduite (mission de lutte cotre le dopage
  auprès des jeunes)

3.2.3.4/ L’affaire, source de déplacement des normes
                         (Duret)

- Pluralité d’opinions
- Argumentation multiple (médias, juristes,
  scientifiques)
- Absence de consensus
- Remise en cause de l’accusation

3.3/ Le dopage comme forme d’intégration à la
 famille cycliste (Brissoneau, Aubel, Ohl, 2008)
Ces auteurs tentent de comprendre comment
  les cyclistes s’imprègnent progressivement
  d’une culture professionnelle:

- Acquisition de techniques sportives
- Acquisition d’un savoir-faire pharmacologique

3.3.1/ Les 5 étapes de la carrière du dopé

• 3.3.1.1/ La découverte de la compétition

• 3.3.1.2/ Les amateurs et l’apprentissage du métier:
  stages fédéraux/relations avec les pros/initiation à la
  culture du métier

• 3.3.1.3/ Passer pro:
   un milieu « extraordinaire »/ le dopage = cohésion à
  l’équipe, intégration par le secret / développement des
  techniques de dopage et des stratégies pour ne pas se
  faire prendre

• 3.3.1.4/ La carrière pro:
  Injonctions: obtenir des résultats / ne pas divulguer
  tous ses savoirs /ne pas trahir ses coéquipiers /
  progresser dans l’équipe / dénégation solidaire.
  Partage du secret = impression de ne pas tricher en se
  dopant

  On ne se dope pas de la même façon dans toutes les
  courses (dépend des risques antidopage)

  Ne pas progresser trop vite…

3.3.1.5/ La sortie de carrière

Plus ou moins progressives, plus ou moins
temporaires / recours à des produits plus forts
pour compenser l’arrêt de la pratique / effet
de dépendance aux produits

IV/ Les politiques de lutte contre le
                 dopage
• 1959: commission anti-dopage: listes produits
  illicites
• 1962 puis 1963: CIO et commission d’experts
• JO de 1968: 1ers tests anti-dopage
• 1999: loi Buffet: protection santé des sportifs et
  lutte contre le dopage / sanctions

• Mais politiques complexes: globalisation du
  phénomène et caractère évolutif des techniques
  et produits

• Lutter contre le dopage = remise en question
  de la logique de performance, de profit, de
  marchandisation des athlètes en allégeant les
  calendriers des sportifs par exemple…