Aurélie Docteur C.M.M.E. / Centre de Responsabilité Psychothérapies Centre Hospitalier Sainte Anne - aftcc

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Aurélie Docteur
C.M.M.E. / Centre de Responsabilité Psychothérapies
          Centre Hospitalier Sainte Anne              1
Plan

          Les troubles bipolaires

  Le modèle biopsychosocial des troubles
               bipolaires

Les programmes TCC des troubles bipolaires

          Les résultats des études

                                             2
Partie 1
Les troubles bipolaires

                          3
Définition

• Le trouble bipolaire est une maladie chronique caractérisée par « la
  survenue généralement répétée d’épisodes dépressifs, maniaques,
  hypomanes ou mixtes séparés par des périodes au cours desquelles
  les sujets sont à priori indemnes de dysfonctionnement psychique
  majeur » (Henry, 2005, p. 9).

• Une maladie chronique au profil évolutif très variable donnant un
  spectre clinique très large

                                                                   4
Les troubles bipolaires: différents sous-types

BP I       Episode maniaque + EDM

BP II      EDM + hypomanie spontanée
           Cyclothymie

BPIII: épisodes maniaques ou hypomaniaques induits par le traitement
  et EDM ou EDM et antécédent familial (1er degré) de bipolarité

                                                               5
Le patient en phase maniaque…
HUMEUR        PENSEE              COMPORTEMENTS
Euphorique    La pensée           Hyperactivité physique
Gaie          s’emballe           Réduction du temps de sommeil
Exaltée       Le patient parle    Réveils de plus en plus précoces
Optimiste     sans interruption   Moins de fatigue
Irritable     Jeux de mots,       Amaigrissement
              plaisanteries
labile…                           Désinhibition
              Hyper
              expressivité…       Excès de travail
                                  Projets inadaptés
                                  Achats inconsidérés
                                  Surconsommation
                                  d’alcool/tabac/drogues             6
                                  Comportements agressifs…
L’état hypomaniaque

• Mêmes caractéristiques que l’état maniaque (humeur expansive
  ou irritable), mais symptômes moins nombreux, moins intenses et
  moins invalidants.
• Persistance des symptômes au moins 4 jours.
• Cassure par rapport à l’état antérieur, comportements et
  propos inhabituels, changements de l’humeur

• Éléments d’orientation diagnostique: réduction temps de sommeil,
  multiplication des projets, sociabilité inhabituelle, distractibilité,
  surestimation de son image, surconsommation d’alcool et de
  tabac,…
                                                                     7
Le patient en phase dépressive…

HUMEUR                     PENSEE                  COMPORTEMENTS
Triste                     Ralentie                Ralenti, tout est plus
Sans espoir                Difficulté de           « coûteux »
Sentiment de vide          concentration/compré    Fatigue, surtout le
Irritable                  hension                 matin
Pessimiste                 Communication à         Perte de motivation
                           l’autre difficile, le   Perte
Perte d’intérêt/de         patient se sent
plaisir                                            d’appétit/hyperphagie
                           «décalé »…              Troubles du sommeil…
Culpabilité/dévalorisati
on
Idées suicidaires…
                                                                     8
L’épisode mixte

• Intrication de symptômes maniaques et dépressifs
• CIM-10: présence de symptômes hypomaniaques, maniaques
  ou dépressifs, intriqués ou alternant rapidement sur une durée
  de 2 semaines.
• DSM-IV: durée limitée à 1 semaine minimum et présence
  simultanée de critères cliniques d’épisodes dépressifs et
  maniaques.

                                                                   9
La cyclothymie

• Succession, sur une durée minimale de 2 ans, de périodes
  d’hypomanie et de dépressions légères.

• États sub-syndromiques qui ne présentent ni les critères d’un
  EDM ni ceux d’un épisode maniaque

                                                                  10
Le trouble bipolaire…Un trouble fréquent

• 1,2% en population générale (Rouillon, 2008), soit près de 500
  000 individus en France.
• entre 3,4 % (Hirshfeld et al., 2003) et 6,4 % (ECA) si
  inclusion des formes atténuées non reconnues dans les
  classifications internationales
• non modifiée par l’origine ethno-culturelle des patients
  (Rouillon, 2008)
• sex ratio de 1/1 mais femmes début plus tardif, fréquence plus
  élevée d’épisodes dépressifs et de cycles rapides

                                                              11
… récurrent

• 60% de récidives dans les 2 ans suivant un épisode aigu
• 75% de récidives dans les 5 ans (Gitlin et al., 1995)...même
  sous traitement
• symptômes subsyndromiques persistants entre les phases
  aigues (Fava, 1999)...dans 50 à 60% des cas (Goldberg et al.,
  1995; Keller et al., 1992)
• même si les patients ne rechutent pas sur une durée moyenne
  de 4,3 ans, 46% continuent à présenter des symptômes
  résiduels...

                                                                  12
…Un âge de début souvent précoce…Un
               diagnostic tardif
• Age de début principalement à la fin de l’adolescence et au début
  de l’âge adulte
• 50% avant l’âge de 18 ans
Le diagnostic…
• en moyenne 8 ans après le début de la maladie (Hirschfeld et al,
  2003).
• En moyenne 3 à 5 médecins avant bon diagnostic et bon traitement
• Diagnostic difficile quand phases d’excitation minimes
• Pas dû à une réticence des patients à consulter mais à la
  complexité de la maladie

                                                               13
…Une maladie invalidante

• parmi les troubles psychiatriques les plus fréquents.
• Troubles de l’humeur = 3ème rang derrière les troubles
  phobiques, l’abus de substances et l’alcoolisme.
• 6ème cause de handicap mondial (WHO, 1996).
• parmi les 10 maladies les plus coûteuses et invalidantes au
  niveau mondial (OMS)

                                                                14
…D’importants retentissements sur la vie
      sociale, familiale et professionnelle

• 50 à 75% divorcent (contre environ 33% en population générale)

• 1/3 de chômage (indépendamment d’une situation d’échec
  scolaire et d’une interruption de travail)

• + de 50% ont ou ont eu des difficultés financières

                                                              15
…Un taux de mortalité élevé

• Taux de mortalité deux à trois fois plus élevé qu’en population
  générale...environ 15% (Rouillon, 2008) soit près de 2000
  morts par an.

• Risque suicidaire majeur: 10 à 15% des patients non traités
  (Gay, 2007)

                                                                16
Etiopathogénie

                                  FACTEURS
FACTEURS GENETIQUES            PSYCHOLOGIQUES
                            ET ENVIRONNEMENTAUX
 Risque de 10% si parent
    1er degré a déjà un        Évènements de la petite
     trouble bipolaire       enfance, Évènements de vie
                            pénibles,Stress à répétition,…

                                                        17
LES COMORBIDITES

                   18
Les comorbidités… Axe I

Les pathologies les plus fréquemment retrouvées sont :
- les troubles anxieux (42 % dans leur ensemble),
- l’abus de substances (42 % dans leur ensemble),
       en particulier l’alcool (33 %),
       la marijuana (16 %),
       l’abus de cocaïne et de stimulants (9 %)
     …et les sédatifs (8 %) ;
- les troubles des conduites alimentaires (6 %), en particulier la boulimie.

                                                                      19
Les comorbidités… Axe II

• Trouble de la personnalité: traits de caractères et attitudes
  rigides, inadaptés et responsables d’une altération significative
  du fonctionnement social et professionnel

• - Fréquence comorbidité trouble bipolaire/ personnalité
  borderline
• - Attention car caractéristiques communes
• - Attendre la stabilisation de l’humeur

                                                                 20
Ces comorbidités…

• sont très fréquentes (50 à 70% des patients bipolaires traités)
• peuvent masquer la maladie
• peuvent constituer des facteurs de résistance ou d’aggravation
  du pronostic (Gay, 2007)

                                                                21
Le diagnostic

                         CLINIQUE
SYMPTOMATIQUE
                          Antécédents
 Critères DSM IV             familiaux
      CIM 10          Histoire personnelle
                          de la bipolarité

                                             22
L’entretien
•   Polarité de l’épisode actuel
•   Intensité syndromique
•   Caractère pur ou mixte
•   Présence éventuelle de symptômes d’allure psychotique
•   Périodicité/récurrence des épisodes
•   Existence éventuelle de comorbidités
•   Antécédents familiaux
•   Histoire de la maladie
•   Âge de début
•   Nombre d’épisodes( > ou = 4 par an cycles rapides)
•   Nombre d’hospitalisations
•   TS?                                                     23
Entretien en vue du diagnostic d’hypomanie
Dans votre vie, avez-vous connu des périodes bien délimitées dans le
  temps au cours desquelles vous avez ressenti ou vécu les choses
  suivantes:
• Une jovialité excessive ou euphorie sans raison valable?
• Davantage d’énergie?
• Beaucoup plus d’activités?
• Moins besoin de sommeil, sans pour autant ressentir la fatigue?
• Davantage de projets sans rapport obligatoire les uns avec les autres et sans pour
  autant les mener à bien ou même à terme?
• Une grande facilité et un grand besoin de parler?
• Un besoin accru de contacts sociaux et amicaux en les recherchant activement?
• Des dépenses excessives et déraisonnables pouvant même vous mettre en
  danger?
Ces changements ont-ils été observés par votre entourage familial,
  amical ou professionnel au point de vous attirer des remarques
  désobligeantes ou d’inspirer leur inquiétude?                   24
Rechercher la bipolarité lorsque…

• Episodes d’excitation du niveau maniaque ou hypomaniaque, ou
  lorsque tempérament et comportement étaient précédemment
  excités, exaltés, hyperactifs,

• Chez les parents de premier degré, existent des antécédents de
  pathologie bipolaire,

• Lorsque la réponse aux traitements antidépresseurs est négative
  avec des éléments d’irritation et de dysphorie induite par ces
  médicaments (Bourgeois, 2006)

                                                                    25
Le patient déprimé:
       quelles
  particularités à
    l’entretien?

                      26
Présentation d’un cas clinique
• Mr B. est âgé de 23 ans
• En instance de divorce, il a démissionné d’un emploi de directeur
  informatique (Angleterre) il y a 8 mois suite à une succession
  d’évènements difficiles (séparation avec sa femme, suicide d’un ami
  d’enfance).
• Actuellement sans emploi, il ne touche ni chômage (emploi précédent
  non déclaré), ni RMI, vit actuellement seul
• Le patient se décrit comme un enfant turbulent et violent
  (nombreuses bagarres dans la cour de récréation).
• Divorce des parents à l’âge de 4 ans.
• Le patient décrit un père absent et une mère dépressive.
• Après avoir suivi un BEP en électronique, il passe un BAC PRO.
• Le patient décrit durant cette période des problèmes de bégaiements
  (jusqu’à l’âge de 19 ans) qui perturbent ses relations sociales. 27
Présentation d’un cas clinique…suite

• En février 2008, le patient consulte en vue d’un diagnostic de
  TADAH.
• Confirmation du diagnostic et suspicion d’un trouble bipolaire.
• Diagnostic de bipolarité confirmé. Le patient n’accepte alors
  aucune instauration de traitement thymorégulateur.
• Aucune TS dans le passé ni d’hospitalisation.
• Le patient est envoyé par son psychiatre en vue d’une inclusion à
  un groupe de psychothérapie

                                                                  28
A l’entretien…
• Le patient ne tient pas en place, est logorrhéique,
• Effectue des achats inconsidérés (13000 euros dépensés en 2
  mois…alors sans aucun salaire) + 6000 euros d’impayés de loyer
• A des conduites à risque (brûle les feux rouges en scooter, a
  provoqué un accident la veille, alcoolisme)
• Sommeil diminué de 50 à 75% (dort actuellement 2 h au lieu de
  6/7 h de quota de sommeil habituel)
• Élabore des théories de « genèse biologique de la religion » (post
  it sur les murs…)
• Contact inapproprié, clins d’œil à l’entretien
• A avalé ses barrettes de lexomil avec un St Emilion l’avant-veille
• Idéations suicidaires
• Pleurs à l’entretien
                                                                  29
• Culpabilité +++
Quelle polarité de
l’épisode actuel?
Quelle conduite à
      tenir?

                     30
Partie 1
Le modèle biopsychosocial des troubles
             bipolaires

                                         31
Un modèle d’intervention
       intégrée
                              Stress

     Altération des                            Vulnérabilité
   relations sociales                           biologique

                                               Apparition de
     Phase d’état
                                                prodromes

                        Stratégies de coping
                           aux prodromes
                             inadaptées
La vulnérabilité biologique

• Chaque patient présente un cyclicité saisonnière.
• Elle se présente sous forme:
   – D’insomnie qualitative.
   – D’une fatigabilité.
   – D’une moindre appétence pour les activités plaisantes.
• Ou sous la forme:
   – D’un sentiment de grande forme physique et psychique.
   – D’une absence de sensation de fatigue.
Le stress ou les stresseurs

– Un ou plusieurs événements de vie
– Une rupture dans les routines biologiques
La vulnérabilité psychologique

• Interprétation
    Situation
                 de l’événement qui conduit à une réponse
                  Pensée automatique
  comportementale.
                                     Réaction émotionnelle
                                                                  Réaction
                                                             comportementale et/ou
                                                                physiologique

              Postulats silencieux – stratégies d’adaptation

                                Schémas
Coping spontané face
               aux prodromes dépressifs
•   Consulter un médecin pour obtenir calmant et somnifères.
•   Ne rien faire.
•   Consommer des substances psycho actives.
•   Rester au lit et espérer que cela ira mieux.
•   Eviter les relations sociales.
Coping spontané
               aux prodromes maniaques
•   Poursuivre voire accroitre ses activités.
•   Réduire sa durée de sommeil.
•   Ne pas prendre le temps de se reposer.
•   Dépenser de l’argent.
•   Prendre des substances « pour tenir le coup ».
Déclenchement de l’épisode

• Résonnance entre un état du cycle biologique et
  l’interprétation concordante d’un facteur de stress.
Les traitements pharmacologiques

• Le traitement médicamenteux de choix est la prescription de
  thymorégulateurs (notamment lithium) qui ont
  considérablement amélioré le pronostic de ce trouble, en
  limitant le nombre de récidives

• sous lithium:
• 2 fois moins de TS
• 3 fois moins de suicides (Goodwin, 2003)

                                                                39
Leurs limites

- ¾ des patients sous thymorégulateurs rechuteront dans les 5 ans
   (Gitlin, 1995)
- 37% des patients suivant correctement leur traitement
   thymorégulateur connaitront des fluctuations de l’humeur (Gitlin,
   1995)

• différentes raisons invoquées à cette non réponse ou réponse
  partielle :

- qualité de l’observance
- forme particulière, singulière de la maladie
- existence de facteurs de précipitation des troubles.

                                                                 40
Partie 1
Les programmes TCC des troubles bipolaires

                                             41
Définition des TCC

• « Les thérapies comportementales et cognitives sont des
  psychothérapies verbales dont le but est d’apprendre au
  patient certaines compétences psychologiques afin de l’aider
  à mieux faire face à ces problèmes » (Mirabel-Sarron, 2007)

                                                                 42
But de la TCC pour troubles bipolaires

• diminuer les rechutes dépressives et maniaques au côté des
  traitements médicamenteux

                                                               43
Les programmes

• Depuis 1996, cinq programmes de TCC spécifiques aux
  patients bipolaires ont été publiés.
• Ils comportent un très grand nombre de points communs.
• Tous sont très structurés et s’organisent en trois temps :
   – une phase éducative (6 à 8 séances) ;
   – une phase de techniques particulières comportementales et
      cognitives (12 séances) ;
   – une phase de consolidation (2 séances puis suivi mensuel).

                                                              44
Les programmes TCC des troubles bipolaires

                                         45
Le contenu des séances
• une évaluation des représentations mentales du patient concernant
  sa maladie et son traitement ;
• une régulation des biologiques et sociaux;
• une identification précoce des prodromes dépressifs ou maniaques,
  qui permettent au patient de réagir rapidement, de développer des
  actions pour réduire les symptômes dépressifs ou maniaques ;
• un apprentissage des techniques cognitives : identification des
  pensées dépressives ou des pensées liées à la manie qui amènent le
  patient à des comportements extrêmes ;
• un apprentissage aux techniques de « décentration » qui va mener
  le patient à définir des priorités, à hiérarchiser ses conduites, à
  prendre des décisions plus argumentées ; et à prendre conscience
  des différents facteurs de stress qui influencent les rechutes
  dépressives ou maniaques
                                                                 46
Les critères d’inclusion et d’exclusion

• Inclusion:
• hommes ou femmes entre 18 et 65 ans
• En rémission ou présentant des symptômes subsyndromiques
  persistants
• toutes comorbidités acceptées
• sous traitement thymorégulateur suivi et contrôlé

•   Exclusion:
•   addiction au premier plan du tableau clinique
•   absence de compliance médicamenteuse
•   refus de participation
•   Troubles cognitifs
                                                             47
Les entretiens préliminaires et l’analyse
                    fonctionnelle
Questionnement ouvert
Création d’une relation thérapeutique
Discours éducatif: Parler de la thérapie :
    – concrète,
    – psycho-éducative, spécifique,
    – orientée vers les problèmes engendrés par la dépression et la
      manie
    L’analyse fonctionnelle
1. Les problèmes comportementaux ;
2. Hypothèses sur les différents schémas cognitifs « Je ne peux pas
   être aimé », « Je ne peux pas prendre soin de moi » , « Je ne
   peux pas être aidé » ;
3. Expériences de l’enfance ;
4. Mode de fonctionnement habituel du sujet (prise de décision,…)48
Exemple de conceptualisation : Evelyne, 53 ans.
                Bipolaire I
Schéma
inconditionne     Schémas conditionnels              Cognitions        Stratégies de coping
l
Je n’existe -Si j’attends on va m’oublier Il s’en fiche de moi    Fuite dans les situations
pas           Si je ne contrôle pas l’autre je Il va me quitter   d’attente.
              ne peux pas me contrôler.                           Abandonne avant que l’autre ne
                                                                  l’abandonne
                                                                  Cherche à contrôler son
                                                                  entourage
Damien, 33 ans,
étudiant en design.
   BPI évoluant
  depuis 15 ans.
 Atcd fam de BP
   (mère BPI).
Actuellement 6ème
       EDM.
Quelles questions
    poser pour
     l’analyse
  fonctionnelle?

                      50
Le déroulement de la thérapie

• en co-thérapie
• 20 séances hebdomadaires d’1h30.
• 10 participants en moyenne

                                             51
Le repérage des symptômes
                                 Humeur normale   Phase dépressive Phase (hypo)maniaque

Humeur
Attitude envers soi
Confiance en soi
Activités habituelles
Vie sociale
Heures de sommeil
Appétit/habitudes alimentaires

Concentration
Rapidité de pensée
Créativité
Envie de s’amuser
Agitation
Sens de l’humour
Niveau d’énergie
Sensibilité au bruit
Projets
Prises de décision
Intérêt pour les autres

Pensées morbides
                                                                                          52
Notion du temps
Le contrat d’objectifs personnels
• Définition:
   – un contrat qui définit une dizaine d’objectifs personnalisés
     concrets et hiérarchisés du moins difficile au plus difficile
• Constats / difficultés:
   – un outil compris par les patients
   – son élaboration prend du temps
   – l’avancée dans le contrat, objectif par objectif, est parfois
     difficile
       • patient trop pressé,
       • changement constant d’objectif,
       • définition d’un objectif trop élevé,
       • non respect de la hiérarchie des objectifs,…
Les objectifs personnels de Marie

•   Téléphoner au moins une fois par jour à une amie
•   Traiter mon courrier une fois par mois
•   Me remettre au vélo une fois par semaine
•   Prendre des cours de yoga le samedi                 Comment
•   Prendre 30 min le midi pour déjeuner                définir un
•   Éteindre mon téléphone le soir                      objectif?
•   Inviter mes parents une fois par mois,…             Comment
                                                            les
                                                       hiérarchiser
                                                             ?

                                                                  54
Le séquençage des tâches

• Définition:
   – Définition de sous-étapes à la réalisation d’un objectif

• Constats / difficultés :
   – 50% des patients le comprennent bien mais oublieront de le
     réutiliser
   – 50% des patients ne comprennent pas cet outil
Exemple d’Annie
• Annie a décidé de se lever à 7h00 une fois par semaine.
• La difficulté est qu’elle se lève actuellement à 12h00.

                                                           Quel
                                                        séquençage
                                                         possible?

• Dans certains cas, le séquençage en sous-étapes ne permet pas de
  résoudre tous les problèmes. Il sert principalement en cas de
  blocage et d’inhibition. En revanche, certains problèmes concrets
  nécessitent une prise de décision assez rapide et ne relèvent pas
  toujours de la démarche en sous-étapes. On utilise alors la
  technique de résolution de problème.                              56
Prescription d’activités agréables

• Définition: Auto-prescription d’une activité habituellement
  agréable, de courte durée et choisie par le patient

• Constats / difficultés :
   – Bien utilisée par les patients dans 50% des cas
   – Les autres comprennent l’outil mais ne le réutilisent pas
Exemples de Nadine

•   Me mettre du rouge à lèvre
•   Me vernir les ongles
•   Faire une partie de solitaire sur mon ordi
•   Envoyer un texto
•   Regarder le ciel
•   …

                                                 58
Résolution de problème
• Définition: une démarche en 6 étapes
   –   Définition d’un problème cible (SMART)
   –   Recherche de solutions (au moins 10)
   –   Avantages et inconvénients de chaque solution, avec pourcentage
   –   Hiérarchisation des solutions, de la plus confortable à la plus inconfortable
   –   Mise en œuvre de la solution la plus confortable
   –   Constat
• Constats / difficultés :
   –   Un outil compris
   –   Un outil qui nécessite plusieurs répétitions
   –   Long et contraignant
   –   Entre 30% et 50% des patients l’utilisent avec un effet positif sur les
       émotions et les pensées
Exemple de Nathalie
Étape 1 – Problème cible                              Prendre l’appareil photo pour me rendre au travail :
•Reprendre la photographie                            •Avantage : beaucoup de sujets (90 %)
Étape 2 – Liste des solutions possibles               •Inconvénient : appareil lourd (80 %)
•Faire un safari-photo avec ma fille                  Faire des photos dans les expositions et les musées :
•Prendre des photos dans la maison                    •Avantage : Nouvelles œuvres (70 %)
•Toujours garder l’appareil photo sur moi             •Inconvénient : Loin du domicile (90 %)
•Prendre l’appareil photo pour me rendre au travail   Faire des photos dans le quartier :
•Faire des photos dans les expositions et les         •Avantage : facile (100 %)
musées                                                •Inconvénient : vite limité (50 %)
•Faire des photos dans le quartier                    Étape 4 – Hiérarchisation
Étape 3 – Avantages et inconvénients de chaque        •Faire des photos dans le quartier
solution                                              •Prendre des photos dans la maison
Safari-photo avec ma fille :                          •Faire un safari-photo avec ma fille
•Avantage : sortie avec ma fille (90 %)               •Prendre l’appareil photo pour me rendre au travail
•Inconvénient : coût (70 %)                           •Toujours garder l’appareil photo sur moi
Prendre des photos dans la maison (chats etc.) :      •Faire des photos dans les expositions et les musées
•Avantage : facile (100 %)                            Étape 5 – Choix de la solution la plus confortable
•Inconvénient : ennuyeux (80 %)                       •Faire des photos dans le quartier
Toujours garder l’appareil photo sur moi :            Étape 6 – Constat
•Avantage : occasion de faire des photos (70 %)       •Plaisir de l’accomplissement. Elle décide finalement
•Inconvénient : lourdeur de l’appareil (80 %)         de procéder ainsi une fois par semaine, le samedi,
                                                      durant 1 heure.
La life chart

• Définition:
   – « Histoire de la maladie bipolaire ».
   – Constitution rétrospective des différents épisodes dépressifs et
     maniaques, des dates d’apparition, de leur durée, des hospitalisations,
     TS,…
• Constats / difficultés :
   – Un outil qui se construit tout au long des 18 premières séances de la
     thérapie
   – Récupération des informations difficile (dates, comptes rendus
     d’hospitalisations,…)
   – D’autant plus qu’il s’agit d’un trouble qui évolue depuis longtemps
     (en moyenne 20 ans)
Exemple d'Evelyne

                                  EM              EM
           EDM       EDM               EDM

              Rupture      Nouvelle        déménagement
Suicide
conjoint     amoureuse      relation
                                                          62
                             Diag BP ttt thymos
Le graphe de l’humeur
• Définition:
   – Notation de l’humeur (Joie/tristesse) tous les jours à la même heure, sur une
     échelle allant de -5 à +5
• Constats / difficultés :
   –   Contraignant à compléter au quotidien
   –   Les patients ne perçoivent pas l’intérêt dans l’immédiat
   –   L’intérêt est plus à moyen et long terme
   –   Quelques pièges:
        • mettre une note qui moyenne la journée,
        • ne mettre une note que si un évènement apparaît,
        • noter chaque changement d’humeur sur la journée,
        • minimiser sa note
exemple de Marie
+5
+4
+3
+2
+1
0
-1
-2
                                        Ecriture dans mon
     Repas en famille
-3                                            journal
          étendue
     Questions sur ma
-4    vie pro et perso

-5
L’identification des facteurs de stress

• Définition:
  – repérage des facteurs précipitants, internes et externes, ayant amené aux
    différents épisodes.

• Constats / difficultés :
  – Sous-entend que la life chart soit complétée
  – Un travail sur du long terme, que les patients effectuent parfois
    longtemps après la fin de la thérapie
  – Un outil qui permet à 20-30% des participants d’identifier leurs
    schémas
Exemple d'Evelyne

   Facteurs        Facteurs        Facteurs         Facteurs
internes baisse    externes        internes      externes hausse
    humeur      baisse humeur       hausse           humeur
                                   humeur
   Me sentir        Ruptures      Sentiment de   Déménagements
  abandonnée      sentimentales     contrôler      Rencontres
Penser que l’on       décès          l’autre       amoureuses
 ne me voit pas

                                                             66
L’identification des signes précurseurs

• Définition:
   – Repérage des signes précurseurs d’un épisode dépressif / maniaque
   – Constitution d’un tableau en 3 étapes avec identification des signes
     d’alerte précoces, intermédiaires et tardifs + des actions à mettre en
     œuvre

• Constats / difficultés:
   – Un outil qui nécessite de sonder son entourage
   – Certains restent perplexes quant à leur existence
   – Certains confondent les signes précurseurs et les premiers signes de la
     dépression
   – 60% des patients ne les repèrent pas
Exemple de Katie

• Signes d’alerte de la manie:
   – Tardifs
      • Me lever plus tôt
      • Rester 1 h au téléphone
   – Intermédiaires
      • Percevoir le rouge de manière plus intense
   – Précoces
      • Mettre des escarpins à tâlons
      • Prendre un petit déjeuner le matin

                                                     68
Les techniques de décentration
• Définition:
   – Recherche d’alternatives de pensée face à une situation émotionnellement
     insatisfaisante
   – Etapes:
        •   Repérage situation-émotion-cognition-comportement
        •   Evaluation de l’intensité de l’émotion et du niveau de conviction à la pensée
        •   Recherche d’alternatives de pensées (questionnement socratique)
        •   Equilibre pensées positives / négatives
        •   Réévaluation de l’intensité de l’émotion et du niveau de conviction à la pensée
• Constats / difficultés:
   –   Long
   –   Contraignant
   –   40% des patients les utilisent
   –   20% des patients ne le comprennent pas
   –   40% les utilisent dans le groupe mais pas chez eux
   –   Certains utilisent la technique « de tête »,
   –   Ne comprennent pas l’intérêt de rechercher des alternatives de pensée négatives
L’exemple de Florence

Florence, 58 ans, évoque une situation particulièrement pénible de la
semaine écoulée

         Situation            Emotion        Cognition      Comportement
Ma fille me dit « tu ne     Tristesse     « Je ne rends Je lui ai expliqué que
fais rien de la journée, tu               personne      je ne pouvais pas.
aurais ai moins pu          Intensité :   heureux »
préparer un bon repas » 20/20             Conviction :
                                          18/20

  Elle reproduit ensuite graphiquement la situation, en
  remettant l’évènement en contexte (où elle était, avec qui, les
  objets autour, sa pensée, son émotion…).
L’exemple de Florence
• Florence liste ensuite tous éléments du dessin puis propose au
  moins 2 pensées sur chacun des éléments. Par exemple:
   – la machine à laver : « je ne l’aime pas, elle est toujours pleine » « j’ai
     peur qu’elle me lâche »
   – le four : « il ne sert pas tant que ça » « il faut le nettoyer de temps en
     temps »
   – le frigidaire : « il est peu rempli » « il est rempli de choses que les enfants
     n’aiment pas »
   – la table : « elle est en mélaminé » « elle est blanche »
   – Florence : « elle porte un pantalon noir avec un sweatshirt bleu, «son
     foulard bleu est assorti »
   – La fille de Florence : « elle est toujours bien habillée » « elle est droite
     comme un piquet »
   – La pensée de Florence: « c’est fort ! »,« tout ca à la base pour un repas »
L’exemple de Florence
• Florence évalue ensuite la tonalité émotionnelle de chaque
  pensée (tonalité positive ou négative) et rééquilibre en fonction
  du rapport entre pensées émotionnellement positives et pensées
  émotionnellement négatives.
• Par exemple, elle sera amener dans cet exemple à ajouter des
  pensées émotionnellement agréables
• Attention, l’inverse est aussi possible. L’important est
  d’équilibre la tonalité émotionnelle des pensées, pas de penser
  exclusivement positif
• Enfin Florence est invité à relire l’ensemble de ses pensées et à
  réévaluer:
   – 1) l’intensité de son émotion tristesse
   – 2) son niveau de conviction à la pensée « Je ne rends personne
     heureux »
Au-delà des 20 séances…la consolidation

• A l’issue des 20 séances de TCC, proposition d’une
  consolidation en groupe une fois par mois
• Reprise des outils à la demande des patients
• Abord de nouveaux outils (affirmation de soi, gestion du
  temps)
• 70% des patients viennent au groupe consolidation la première
  année suivant la fin du groupe
• Après 1 an suivant la fin du groupe, environ 30% des patients
  viennent au groupe de consolidation:
   – 10% très régulièrement
   – 20% ponctuellement
Les résultats des études

• 6 RCT depuis 2000
   – Diminution des symptômes dépressifs
   – Augmentation de l’estime de soi
   – Amélioration de la qualité de vie

                              Ball et al. J Clin Psychiatry 2006
                    Miklowitz et al. Arch Gen Psychiatry 2007
                      Gonzalez Isasi et al. Eur Psychiatry 2014
                         Lam et al. Arch Gen Psychiatry 2003
                               Scott et al. Br J Psychiatry 2006
                           Parikh et al. J Clin Psychiatry 201274
Bibliographie

• Mirabel-Sarron, C., & Leygnac-Solignac, I. (2012). Les troubles bipolaires :
  de la cyclothymie au syndrome maniaco-dépressif. Comprendre, traiter,
  prévenir les rechutes. Paris : Dunod.
• Basco MR, Rush AJ. Cognitive-Behavioral Therapy for bipolar disorder. New
  York : The Guilford Press;1996.
• Bauer MS, McBride L. Thérapie de groupe pour le trouble bipolaire : une
  approche structurée, le programme d’objectifs personnels. Paris : Médecine &
  Hygiène;2001.
• Colom, F, & Vieta E. Manuel de psychoéducation pour les troubles bipolaires.
  Marseille : Solal;2008.
• Lam DH, Jones SH, Hayward P, Bright JA. Cognitive therapy for bipolar
  disorder: a therapist’s guide for concepts, methods and practice. Chichester:
  Wiley & Sons;1999.
• Newman CF, Leahy RL, Beck AT, et al. Bipolar disorder: a cognitive
  approach. Washington : American Psychological Association;2002.
                                                                          75
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