Berlin mon garçon - Odéon-Théâtre de l'Europe

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Berlin mon garçon
de Marie NDiaye                                             16 - 27 juin
mise en scène Stanislas Nordey
                                                            Odéon 6e
création

Location
www.theatre-odeon.eu / +33 1 44 85 40 40

Tarifs
de 6€ à 40€

Horaires
du mardi au vendredi 20h, samedi 15h et 20h, dimanche 15h
dates et horaires sous réserve de modifications

Odéon-Théâtre de l’Europe
Place de l’Odéon
Paris 6e

Service de presse
Lydie Debièvre, Valentine Bacher
+ 33 1 44 85 40 73
presse@theatre-odeon.fr
Dossiers de presse et photos également disponibles
sur www.theatre-odeon.eu
mot de passe : podeon82
de Marie NDiaye                                            durée 1h40
mise en scène Stanislas Nordey
création

avec                         collaboratrice artistique     production Théâtre National
                             Claire ingrid Cottanceau      de Strasbourg
Hélène Alexandridis
Marina                       scénographie                  avec le soutien de la MC93
                             Emmanuel Clolus               – Maison de la culture de
Claude Duparfait                                           Seine-Saint-Denis
Rüdiger                      lumière
Dea Liane                    Philippe Berthomé             Les décors et costumes sont
                                                           réalisés par les ateliers du
Charlotte
                             son                           TNS
Annie Mercier                Michel Zurcher
Esther, mère de Lenny                                      Marie NDiaye, Claude
                             costumes                      Duparfait et Laurent Sauvage
Sophie Mihran                                              sont artistes associés
                             Anaïs Romand
La Cliente                                                 au Théâtre National de
Laurent Sauvage              vidéo                         Strasbourg
Lenny                        Jérémie Bernaert
                                                           Trois pièces [Délivrance,
                                                           Berlin mon garçon, Honneur
                                                           à notre élue] de Marie NDiaye
                                                           a été publié aux éditions
                                                           Gallimard (2019)

Tournée 2022
du 22 février au 6 mars — Théâtre National de Strasbourg

Service de presse
Anita Le Van
06 20 55 35 24
info@alv-communication.com

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Extrait

Marina
Voilà donc cette ville, me disais-je, voilà donc ce Berlin qui les retient par quelle
force ténébreuse quel pouvoir inexplicable et qu’il me faudra pourtant comprendre
et m’expliquer à moi-même si je veux trouver mon fils puisque mon fils a écouté lui
aussi, me disais-je me sentant vaguement moins mal à présent, il a écouté les voix
qui lui promettaient qu’il ne serait jamais contraint ni observé ni tancé, jamais réveillé
le matin ni jamais poussé hors de la nuit infinie, jamais renvoyé d’aucune fête ni jugé
ni prisonnier d’aucune morale, et le voilà, voilà mon fils sautant joyeusement dans la
charrette aux roues enveloppées de tissus pour ne faire aucun bruit, le voilà embarqué
vers le pays des plaisirs et de la nuit sans trêve sans prêter attention au triste regard
des ânes qui emmènent le convoi, au regard glacé bleuâtre du petit homme dont le
fouet rapide
Rüdiger
Voilà donc cette ville, se disait-elle comme j’écoutais la rumeur de ses pensées
accablées et l’observais qui gardait son visage obstinément tourné vers la vitre de
la voiture pour éviter peut-être que je voie sur ce visage l’abattement et la colère,
oui je pouvais entendre aussi le sombre frémissement de la colère altérer dévoyer
ses réflexions, de sorte que je brûlais de lui dire Que votre colère s’écarte de moi si
j’en suis la cause, j’étais consterné de ne pouvoir lui dire Ne croyez pas que je sois
celui que j’ai l’air d’être avec mon regard froid mon allure digne et froide et bêtement
renfermée, je voulais lui dire et ne pouvais lui dire Je suis un homme sensible et bon,
je ne pouvais le lui dire à cause de cette habitude de distance de pudeur absurde et
d’inutile quant-à-soi qui est mienne depuis si longtemps qu’elle a construit autour de
mon désir de ma volonté de mon intimité une paroi de glace. Comme j’aurais voulu
pouvoir lui dire Que votre colère s’écarte de moi, qu’elle laisse en paix le pauvre
Rüdiger le véritable Rüdiger qui lutte en ce moment même pour s’extraire de la glace
et du silence et de l’excessive bienséance, qui lutte chaque jour de sa vie pour tenter
d’éclipser le glacial Rüdiger au fouet cruel aux yeux pâles sévères inexpressifs mais je
suis un homme, je suis un homme sensible et bon
Marina
Voilà donc cette ville, me disais-je, voilà donc ce Berlin diabolique qui tient mon fils
captif sans qu’il en ait peut-être même encore conscience de même que les garçons
joyeux insouciants et paresseux ne sentent pas tout de suite leur fine peau d’enfant
se couvrir de poils rêches, ne sentent pas leur pousser oreilles sabots museau ne
sentent pas encore claquer au-dessus d’eux le fouet méchant du petit homme le fouet
rapide de celui qui connaît la vie, mon fils ne connaissait rien à la vie, me disais-je,
avant d’aller bras tendus cœur impatient radieux vers ce Berlin sinistre où
Rüdiger
Elle se disait Mon dieu la laideur de ces avenues interminables bordées d’immeubles
casernes, elle se disait Le taxi n’arrivera jamais au bout de rues pareilles infinies
implacablement droites, ni courbe ni déclivité ni rien qui tourne ne change d’avis
Marina
Nous allons rouler sans fin
Rüdiger
Elle se disait Nous allons rouler sans fin et la glace de son cœur figera le mien

Trois pièces, Berlin mon garçon, Gallimard, 2019, p. 42

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Marina arrive à Berlin et va devoir cohabiter avec l’étrange Rüdiger qui lui loue
une chambre. Il découvre qu’elle est venue chercher son fils, dont elle n’a plus de
nouvelles. Pourquoi lui propose-t-il d’enquêter à ses côtés ? Lenny, l’époux de Marina,
est, lui, resté à Chinon où ils tiennent une librairie. Esther, sa mère, veut savoir :
pourquoi ne fait-il rien pour retrouver son garçon ? Dans cette pièce de Marie NDiaye
créée par Stanislas Nordey, les personnages font face à une énigme : qu’est devenu
ce garçon et pourquoi est-il parti ? Est-il capable du pire comme le dit Esther ? Faut-il
tout mettre en œuvre pour le sauver ou faut-il l’abandonner et se sauver soi-même ?
Marie NDiaye a publié son premier roman, Quant au riche avenir (Minuit), à l’âge
de dix-sept ans. Elle en a depuis écrit une quinzaine, dont Rosie Carpe (Minuit, prix
Femina 2001), Trois femmes puissantes (Gallimard, prix Goncourt 2009), La Cheffe,
roman d’une cuisinière (Gallimard, 2016) et La Vengeance m’appartient (Gallimard,
2021). Écrivant également pour la scène, elle est lauréate du prix du Théâtre de
l’Académie française.

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Entretien avec Marie NDiaye

Vous êtes autrice associée au TNS et vous avez écrit la pièce Berlin mon
garçon pour qu’elle soit créée par Stanislas Nordey. Pouvez-vous parler de ce
qui vous a inspirée, au départ de l’écriture ?
Quand Stanislas [Nordey] m’a proposé de me passer commande d’un texte, je lui
ai demandé si un sujet l’intéressait particulièrement. Il m’a donné comme point de
départ le mot «terrorisme». Il ne m’a pas parlé d’événement précis ni de lieu, ou de
personnages. Il y avait juste ce mot. J’étais libre d’en faire ce que je souhaitais.
Il se trouve que j’ai toujours été fascinée par les disparitions volontaires, ces gens qui
s’évanouissent de leur entourage. Chaque année, des personnes font ce choix de
disparaître du jour au lendemain.
Je m’interroge sur la force qu’il faut pour tout quitter, ou l’inconscience, ou le
narcissisme peut-être. Cela reste un mystère. Qu’elle soit positive ou négative, il faut
une force hors du commun pour se défaire de tout ce qui a constitué un être : les
lieux, les gens...
Dans Berlin mon garçon, il est question de la disparition d’un jeune homme. On ne
sait pas ce qu’il fait, ce qu’il veut faire. L’idée de ce garçon, duquel il semblerait qu’on
puisse s’attendre à des actions plutôt néfastes, m’est venue de ce mot prononcé par
Stanislas.
Marina, la mère du garçon disparu, se rend à Berlin pour le chercher. Elle se trouve
obligée de cohabiter avec son logeur : Rüdiger. C’est un personnage ambigu, un être
qui semble mener une vie banale, un retraité, mais qui est aussi très énigmatique...
Comment l’avez-vous imaginé ?
Ce que j’avais en tête, c’était que le jeune homme était parti à l’étranger – Berlin est
venu naturellement car j’y ai vécu dix ans. Le personnage de Rüdiger m’a vraiment
été inspiré par le lieu où il habite, Corbusierhaus, qui est l’immeuble où j’ai moi-même
vécu. C’est un endroit très original, une reproduction de La Cité radieuse à Marseille,
en moins bien.
Corbusierhaus a été bâti en 1957, pas si longtemps après la guerre, quand il y avait
un fort besoin de logements sociaux. Pendant plusieurs décennies, il a été habité par
des familles modestes avec des enfants. Comme c’est un endroit plaisant, souvent
les gens y sont restés et y ont vieilli. Jusqu’à il y a une quinzaine d’années, c’était un
immeuble habité par de vieux couples, beaucoup de vieilles dames seules. Depuis,
ça change, l’immeuble est très prisé. Il y a une population d’étrangers, français,
scandinaves, britanniques, etc. – des gens qui ont un lien avec l’architecture, aiment
Le Corbusier. Rüdiger, qui a une soixantaine d’années, était dans mon imaginaire un
des derniers habitants modestes de ce lieu, on peut imaginer qu’il y a grandi. Et c’est
vrai que c’est un être très solitaire, secret.
En parallèle de ce qui se passe à Berlin, on découvre Lenny, le père du garçon,
qui a choisi de rester à Chinon, où Marina et lui tiennent une librairie. Comment
vous est venue l’idée de cette construction en alternance dans ces deux
endroits ?
À l’opposé de Berlin, je voulais qu’il y ait une petite ville française, dans ce qu’elle
peut avoir à la fois de tranquille et de « réduit ». J’ai choisi Chinon, où je ne suis jamais
allée, par rapport au nom, sa sonorité, par rapport à la situation géographique, loin
des côtes, loin des frontières, loin de Berlin. En écrivant le premier dialogue entre
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/...   Marina et Rüdiger, je savais que je voulais faire intervenir le mari de Marina, Lenny. Et
       sa mère, Esther.
       Lenny parle de la librairie comme d’un lieu de « pensée et d’émulation », mais
       aussi de « pureté et d’intransigeance », et même d’un « lieu saint ». D’où vous
       est venue cette idée de sacré – non religieux – dans lequel aurait grandi le fils ?
       En ce qui concerne la librairie, tout bêtement et concrètement, il se trouve qu’une
       ancienne libraire parisienne a tout quitté pour venir en ouvrir une dans la petite ville
       où j’habite, qui est plutôt « sinistrée ». Elle a voulu créer ce lieu qu’on pourrait qualifier
       d’intransigeant, justement. On n’y trouve que ce qu’elle estime être de la littérature,
       vendre n’est pas ce qui l’intéresse. Je pense que l’idée d’un milieu « intellectuellement
       pur » dans une ville de province m’est venue de là, avec ce que ça raconte des
       libraires : l’idée qu’ils vendront peu, voire très peu, mais des choses qui leur tiennent à
       cœur. Et le revers de cela, c’est que ça parle aussi de l’élitisme.
       Est-ce en ce sens qu’Esther dit que les livres sont responsables de la
       transformation du garçon ?
       L’idée du « Livre » dont on parle toujours comme s’il fallait y mettre une majuscule,
       oui. L’idée que ça doit rester difficile, être le résultat d’un effort – et quelque chose de
       vertueux aussi. Et le fils sans doute n’était pas à l’aise avec ça. Peut- être qu’il ne se
       sentait pas à la hauteur d’une telle exigence ou qu’on le lui faisait sentir ? Je pense
       que c’est un sentiment terrible, d’être perçu comme un être « décevant ».
       Il y a, dans la pièce, des références aux contes : Pinocchio avec l’âne, Les six
       frères cygnes avec la chemise de fleurs. Est-ce un univers dont vous vous
       sentez proche ?
       J’aime tant les contes, je les connais depuis si longtemps, ils font vraiment partie de
       mon mental, de ma réflexion et de mes inspirations. Suivant les personnages, suivant
       ce qui se passe, me viennent aussitôt à l’esprit toutes sortes de contes. J’en élimine
       parce que sinon, ce serait trop présent, mais ça m’est une manière naturelle de
       penser.
       L’univers des contes est loin d’être enfantin. L’histoire de Pinocchio, par exemple,
       est d’une cruauté extrême. Le sort des enfants désobéissants qui se retrouvent
       transformés en ânes et qui deviennent des animaux esclaves, fouettés, maltraités de
       mille façons, c’est d’une incroyable dureté.
       Lenny parle du fils qui a endossé « la chemise d’un autre », s’est laissé
       entraîner. Dans Pinocchio, on embobine des enfants en leur faisant croire à
       l’existence d’un monde merveilleux. Est-ce ce dont il est question : un conte de
       liberté ?
       C’est ce que Berlin provoque ou a pu provoquer chez beaucoup de jeunes
       Européens. Jusqu’à récemment, Berlin était vue comme la ville des fêtes sans fin, de
       la liberté, des loyers dérisoires... Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais je crois que
       c’est un fantasme qui demeure présent. Quand j’y suis arrivée en 2007, les loyers
       étaient équivalents à ceux d’une ville de province en France, alors que c’est une ville
       internationale, avec tout ce qu’elle offre.
       Berlin était aussi la ville où l’on trouve facilement de la drogue, la ville de tous les

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/...   excès possibles. Et surtout, comme toutes les grandes métropoles, c’est un endroit
       où il est beaucoup plus facile de se cacher, de rencontrer toutes sortes de gens. Je
       ne connais pas Chinon, mais je pense que la vie y est, de fait, très différente !
       Je n’avais pas envie de faire partir le jeune homme à Paris, qui est une ville où tout est
       très cher, qui est aussi trop proche de Chinon et où Marina n’aurait pas vécu un tel
       dépaysement. Le fait d’évoquer Berlin, qui résonne encore pour beaucoup de jeunes
       gens comme un rêve de fêtes immenses et de lieux « alternatifs », permettait aussi
       d’entretenir le doute sur ce qu’il est allé y faire.
       Les aspirations des personnages évoluent vers leur contraire. Marina est prête
       à tout pour retrouver son fils à Berlin puis semble stopper sa quête. Lenny,
       qui a choisi l’attente à Chinon et le silence, se rend finalement à Berlin, parle
       de « battue », d’aller chercher le garçon dans toutes les rues. Comment s’est
       opérée cette transformation des personnages ?
       Je ne l’avais pas prévue. L’évolution de Marina s’est construite avec la manière dont
       le personnage de Rüdiger s’est développé. Au départ, peut-être que dans mon
       esprit Rüdiger était quelqu’un de peu attirant, chez lequel il n’y avait aucune forme de
       séduction envisageable. Finalement, en le faisant se développer, il m’est apparu que
       Marina pourrait se sentir bien près d’un tel homme, démodé, ancien, peu sûr de lui. Je
       n’avais pas prévu de la faire rester à Berlin. Je la voyais au contraire se cramponner à
       cette recherche du fils, puisque c’était le but de son départ. Et finalement la mise en
       relation avec cet étrange Rüdiger a provoqué chez moi une autre façon de voir Marina.
       Au point qu’il m’a semblé impossible qu’elle poursuive sa quête à Munich ou qu’elle
       revienne à Chinon.
       De même que l’idée du départ de Lenny m’est venue par rapport à la manière dont le
       personnage d’Esther s’est développé. Même quand il en est éloigné de 1500 km, elle
       reste présente. Il est mû par cette mère qui parle en lui, qui pense en lui.
       La question de la responsabilité, jusqu’alors sous-jacente, jaillit dans les mots
       que Charlotte adresse à Marina par l’intermédiaire de Rüdiger : « demandez-lui
       ce qu’il a vécu d’effroyable à Chinon pour transporter jusqu’à Berlin un cœur
       aussi haineux ». En tant que parent, comment échapper à cette interrogation
       effroyable ?
       Oui, c’est d’autant plus terrible que ça me semble être une question fausse, ou du
       moins trop simple. On pense que ce qu’on a vécu enfant ou adolescent détermine qui
       on devient, et c’est sans doute généralement vrai, mais pas forcément, pas seulement.
       On peut avoir été des parents corrects, au sens de suffisamment aimants, et ne pas
       du tout comprendre ce qui se passe.
       J’avais été frappée par l’histoire du garçon qui a assassiné avec un complice le père
       Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray. Il a été élevé par des parents qui ont travaillé dur.
       Tous les enfants, sauf lui, sont qui médecin, qui enseignante... C’est une belle histoire
       d’immigration. Qu’est-ce qui fait que ce fils va se radicaliser et commettre un acte
       monstrueux ? On ne sait pas ce qui se passe dans la vie intime des familles, mais
       quand on regarde les choses de loin, on se dit qu’il n’aurait jamais dû se retrouver là.
       Est-ce que ses parents, ses frères et sœurs, comprennent ce qui s’est passé ? Je
       n’en sais rien, mais je peux imaginer que ce garçon reste un mystère, même pour ses

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/...   proches. C’est pour cela que la question de Charlotte est trop banale, partant d’un
       lieu commun. La vie est souvent plus compliquée. Des choses dépendent évidemment
       de l’enfance, de l’amour que l’on a reçu... Mais être « bien éduqué » ne suffit pas. Il n’y
       a pas d’explication, de raison, à tout.
       La pièce nous interroge : jusqu’où est-on capable d’être « parent » ? Peut-on
       aimer « malgré tout » ?
       Est-ce qu’on peut ne plus aimer son enfant devenu adulte ? Je ne sais pas ce qui
       peut traverser une mère de terroriste horrifiée par ce qu’a fait son fils. Est-ce qu’elle
       peut encore l’aimer ? Ou est-ce qu’elle ne peut plus ? Est-ce qu’elle s’accuse ?
       Est-ce qu’elle ne comprend rien ou un peu ? Est-ce qu’elle en veut à son mari ou à
       d’autres personnes ? Ça doit être difficile de ne pas s’accuser pour une part ou de ne
       pas reprocher à l’autre : « Tu l’as trop gâté » ou « tu as été trop sévère »...
       Marina décide d’arrêter de se faire du mal, décide de croire que tout va bien. Au fond,
       elle en a peut-être assez d’être une mère, en tout cas avec ce fils-là et ce mari-là...
       Lenny essaie de rejeter la faute sur Marina qui finit par refuser cette responsabilité.
       Elle ne veut pas être la mère à cause de qui tout arrive. Souvent, les mères sont
       davantage sommées de se dire responsables des manquements des enfants. Marina
       refuse cette sommation.
       Les personnages parlent à l’imparfait ou au passé simple, avant de basculer, à
       la fin, au futur. Souhaitez-vous placer les acteurs dans un rapport particulier au
       présent ?
       Même avec du passé il faut qu’on ait l’impression que ça advient au présent. Ça
       peut même être du passé de quelques instants seulement. Cela crée un décalage,
       un rapport non-naturaliste. C’est ce qui m’importe avant tout, mais ce n’est pas une
       intention forcée, c’est simplement comme cela que les mots me sont venus, avec
       cette respiration-là.
       Il est question de transmission dans Berlin mon garçon, à la fois dans le rapport
       entre Lenny et sa mère et dans la rupture qui a eu lieu entre le fils et ses
       parents. C’est un thème qui revient dans nombre de vos œuvres, romans ou
       pièces. C’est un sujet que vous souhaitez réinterroger différemment d’œuvre en
       œuvre ?
       Dans Berlin mon garçon, on peut effectivement se demander, comme on l’a dit, ce qui
       a provoqué ce départ, ce qui a « loupé » entre le garçon et ses parents. Mais je dois
       dire que ce n’est pas un angle de départ pour moi. Quand j’écris, je ne pense jamais
       aux thèmes, sujets, propos. On peut en déduire par la suite, mais ce n’est pas ce qui
       me motive. Jamais je ne me dis « je vais parler de tel sujet », ce n’est pas ma manière
       de travailler. J’aurais l’impression d’écrire pour expliciter une chose trop générale. Je
       préfère que des choses se comprennent – ou pas d’ailleurs – dans la manière dont
       les personnages sont entre eux, à travers ce qu’ils disent. Je ne veux pas être dans
       l’intention de parler de quoi que ce soit.
       Il y a aussi dans plusieurs pièces ou romans l’idée d’un personnage à la fois
       central et qui disparaît ou a disparu – par exemple dans Hilda ou La Cheffe – et
       qui vit à travers la parole des autres...

                                                                                              /...

                                                                                                 8
/...   C’est vrai, il y a des personnages qui s’évanouissent, ou qui s’estompent. Ils existent
       à travers les autres, ou plutôt à travers leurs interprétations – qui peuvent être
       contradictoires d’ailleurs, ou « arrangées », ou de mauvaise foi –, ce travail de la
       mémoire, qui est aussi une forme d’écriture ou de réécriture et qui ne vaut comme
       vérité que pour celle ou celui qui livre une interprétation... Parce qu’il est sans doute
       illusoire de penser pouvoir cerner un être, même proche.
       Qu’est-ce qui fait que vous écrivez plutôt un roman ou une œuvre pour le
       théâtre ?
       Toutes les pièces que j’ai écrites l’ont été à la suite d’une demande. Là, elle émane de
       Stanislas. Auparavant, il y a eu d’autres metteurs en scène, ou France Culture au tout
       départ. Chaque texte était le fruit d’une commande plus ou moins précise. Ce qui n’a
       jamais été le cas, en revanche, pour les romans.
       Votre premier roman, Quant au riche avenir, a été publié alors que vous aviez
       dix-sept ans. Vous avez voulu dès l’adolescence être écrivaine ?
       Ce n’était même pas que je le voulais, c’était une évidence que je le serais. Il y avait,
       bien sûr, de la volonté mais pas de questionnement : ça allait se faire, d’une manière
       ou d’une autre. Depuis toujours j’aime tant les histoires, les livres. Ce sont vraiment
       les histoires qui m’ont nourrie, qui m’ont donné du bonheur. Sans elles, enfant, je ne
       voyais pas d’intérêt à la vie, mais ce n’était pas triste du tout, je ne voyais simplement
       pas comment on pouvait trouver la vie intéressante sans les histoires.

       Entretien réalisé par Fanny Mentré, collaboratrice artistique et littéraire,
       le 27 février 2019 à Bordeaux

                                                                                                    9
Repères biographiques

Marie NDiaye
Marie NDiaye est née à Pithiviers en 1967, elle est l’autrice d’une vingtaine de
livres — romans, nouvelles et théâtre. Elle est l’une des rares dramaturges vivantes
à être entrées au répertoire de la Comédie-Française, avec Papa doit manger. Elle
a obtenu le prix Fémina 2001 pour Rosie Carpe et le Goncourt 2009 pour Trois
Femmes puissantes. Autres distinctions : le prix Nouveau Talent Théâtre de la SACD
(2003), Jürgen Bansemer & Ute Nyssen Dramatikerpreis (Allemagne, 2010), Spycher
Literaturpreis Leuk (Suisse, 2011), prix du théâtre de l’Académie française (2012),
prix Nelly-Sachs (Ville de Dortmund, 2015), prix Ulysse pour l’ensemble de son œuvre
(2018), prix Marguerite Yourcenar pour l’ensemble de son œuvre littéraire (2020).

Romans                                             Autres ouvrages
Quant au riche avenir (Minuit, 1985)               La Naufragée. J.M.W. Turner
Comédie classique                                  (Flohic, « Musées secrets », 1999)
(P.O.L., 1987 - Ed. Gallimard, « Folio » n°1934,   Y penser sans cesse, photographies de Denis
1988)                                              Cointe (L’Arbre vengeur, 2011)
La Femme changée en bûche                          Vingt-huit bêtes : un chant d’amour, avec des
(Minuit, 1989)                                     illustrations de Dominique Zehrfuss
En famille                                         (Gallimard, 2016)
(Minuit, 1991, coll. Double n° 43, 2007)
                                                   Romans jeunesse
Un temps de saison
(Minuit, 1994, coll. Double n°28, 2004)            La Diablesse et son enfant, illustration Nadja
                                                   (École des loisirs, 2000)
La Sorcière
(Minuit, 1996, coll. Double n°21, 2003)            Les Paradis de Prunelle, illustration Pierre
                                                   Mornet
Rosie Carpe                                        (Albin Michel Jeunesse, 2003)
(Minuit, 2001, coll. Double n° 64, 2009)
                                                   Le Souhait, illustration d’Alice Charbin
Tous mes amis, nouvelles (Minuit, 2004)            (École des loisirs, 2005)
Autoportrait en vert
(Mercure de France, 2005)                          Théâtre
Mon coeur à l’étroit (Gallimard, 2007)             Hilda (Minuit, 1999)
Trois femmes puissantes                            Providence (Comp’Act, 2001)
(Galllimard, 2009)                                 Papa doit manger (Minuit, 2003)
Ladivine (Gallimard, 2013)                         Les Serpents (Minuit, 2004)
La Cheffe, roman d’une cuisinière                  Rien d’humain
(Gallimard, 2016)                                  (Les Solitaires intempestifs, 2004)
Un Pas de chat sauvage                             Puzzle, avec Jean-Yves Cendrey
(Flammarion/Musée d’Orsay, 2019)                   (Gallimard, 2007)
La Vengeance m’appartient                          Les Grandes personnes (Gallimard, 2011)
(Gallimard, 2021)
                                                   Te craindre en ton absence, livret, 2014
                                                   Trois pièces (Délivrance, Berlin mon garçon,
                                                   Honneur à Notre Elue) (Gallimard, 2019)
                                                   Royan. La professeure de français
                                                   (Gallimard, 2020)

                                                                                                    10
Repères biographiques (suite)

Stanislas Nordey
Metteur en scène de théâtre et d’opéra, acteur et pédagogue, Stanislas Nordey crée,
joue, initie de très nombreux spectacles depuis 1991. Il met en scène principalement
des textes d’auteurs contemporains tels que Gabily, Karge, Lagarce, Mouawad,
Crimp, Handke... Il revient à plusieurs reprises à Pasolini et collabore depuis quelques
années avec l’auteur allemand Falk Richter.
Acteur, il joue sous les directions notamment de Christine Letailleur, Anne Théron,
Wajdi Mouawad, Pascal Rambert, Anatoli Vassiliev et parfois dans ses propres
spectacles, comme Affabulazione de Pasolini (2015) ou Qui a tué mon père
d’Édouard Louis (2019). Tout au long de son parcours, il est associé à plusieurs
théâtres : au Théâtre Nanterre-Amandiers dirigé alors par Jean-Pierre Vincent, à
l’École et au Théâtre national de Bretagne, à La Colline - théâtre national et en 2013
au Festival d’Avignon.
De 1998 à 2001, il codirige avec Valérie Lang le Théâtre Gérard Philipe, CDN de
Saint-Denis.
En septembre 2014, il est nommé directeur du Théâtre National de Strasbourg et de
son École où il engage un important travail en collaboration avec 23 artistes associés
− auteurs, acteurs et metteurs en scène − à destination de publics habituellement
éloignés du théâtre et dans le respect de la parité artistique. L’intérêt qu’il a toujours
porté pour les écritures contemporaines se retrouve dans le projet qu’il a conçu pour
le TNS.
En 2016, il crée Je suis Fassbinder, en duo avec l’auteur et metteur en scène
allemand Falk Richter et recrée Incendies de Wajdi Mouawad.
En 2017, outre la création d’Erich von Stroheim, Stanislas Nordey interprète Baal dans
la pièce éponyme de Brecht mise en scène par Christine Letailleur, et Tarkovski, dans
Tarkovski, le corps du poète de Simon Delétang.
En 2018, il joue dans Le Récit d’un homme inconnu d’Anton Tchekhov mis en scène
par Anatoli Vassiliev et créé au TNS. Il est Mesa dans Partage de midi de Paul
Claudel mis en scène par Éric Vigner, créé au TNS puis présenté en tournée en
France et en Chine.
En 2019, il met en scène John de Wajdi Mouawad et crée Qui a tué mon père
d’Édouard Louis au Théâtre de la Colline puis présenté à Strasbourg et dans le reste
de la France. La tournée nationale et internationale pour ces deux derniers spectacles
continue en 20-21.
Il joue dans Architecture, texte et mise en scène de Pascal Rambert, créé au Festival
d’Avignon 2019 et en tournée en 19-20.
En 2020, il retrouve Éric Vigner pour le rôle de Mithridate dans la pièce éponyme de
Racine. En 2021, il crée des textes de deux autrices associées au TNS : Berlin mon
garçon de Marie NDiaye et Au Bord de Claudine Galea.

                                                                                        11
Repères biographiques (suite)

Hélène Alexandridis
Marina
Formée au Conservatoire national supérieur d’art dramatique dans les classes de
Robert Manuel et Claude Régy, elle travaille sous la direction de Roger Planchon,
Jacques Lassalle, Jean-Pierre Vincent, Alain Françon, Claude Régy (sous sa direction,
elle a joué dans plusieurs spectacles, notamment Intérieur de Maurice Maeterlinck,
Le Cerveau de Victor Slavkine, La Terrible voix de Satan de Gregory Motton), Joël
Jouanneau, Jacques Vincey, Jean-Michel Rabeux, Marc Paquien, Claudia Stavisky.
On a pu la voir dans Les Bonnes de Jean Genet mis en scène par Jacques Vincey,
Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller sous la direction de Claudia Stavisky,
Yerma de Federico Garcia Lorca mis en scène par Daniel San Pedro. Elle est la reine
Marguerite dans Yvonne princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz mise en
scène par Jacques Vincey et joue dans L’Or et la Paille de Barillet et Gredy mis en
scène par Jeanne Herry. Elle joue dans Tarkovski, le corps du poète, texte de Julien
Gaillard créé par Simon Delétang au TNS puis présenté au Théâtre des Quartiers
d’Ivry, Birgit Garantie UE de Rémi de Vos sous la direction de Marc Paquien à
Stuttgart dans le cadre de Theater Europa, et Vivre sa vie dans la mise en scène de
Charles Berling. Sous la direction de Jacques Vincey, elle vient de jouer dans Les
Serpents, texte de Marie NDiaye.
Elle reçoit en 2004 le prix de la critique pour Derniers remords avant l’oubli de Jean-
Luc Lagarce et La Mère de Stanislaw Ignacy Witkiewicz. En 2009, elle est nominée
aux Molières pour Madame de Sade de Yukio Mishima.
Au cinéma, elle a été dirigée par Alain Cavalier (Thérèse) Pascale Ferran (Lady
Chatterley), Guillaume Nicloux (La Reine des connes), Stéphane Brizé (Je ne suis pas
là pour être aimé), Valérie Lemercier (100 % cachemire), Katell Quillévéré (Suzanne),
Jeanne Herry (Elle l’adore), Michel Gondry (Microbe et gasoil), Stanley Woodward
(Voir le jour), Ronan le Page (Je promets d’être sage), Laurent Cantet (Arthur Rambo),
etc.
À la télévision, elle a récemment tourné avec Stéphanie Chuat et Véronique Reymond
(À livre ouvert), Olivier Schatzky (Monsieur Paul), Jean-Marc Therin (Boulevard
du Palais - épisode Apprendre deux fois), Jeanne Herry (Dix pour cent - épisode
Juliette), Thomas Vincent (Possessions - épisodes 1 à 6), Jeanne Herry (Fleabag),
Akim Isker (Le Système D - saison 1 épisode 8).

                                                                                      12
Repères biographiques (suite)

Claude Duparfait
Rüdiger
Après l’École de Chaillot et le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique
de Paris (1988-90), il joue avec Jacques Nichet Le Baladin du monde occidental
(John Synge), Silence complice (Daniel Keene) ; François Rancillac Le Nouveau
Menoza (Jakob Michael ReinholdLenz), Polyeucte (Pierre Corneille) ; Jean-Pierre
Rossfelder Andromaque (Jean Racine) ; Bernard Sobel Le Roi Jean, Three Penny
Lear (William Shakespeare), Les Géants de la montagne (Luigi Pirandello) ; Anne-
Françoise Benhamou et Denis Loubaton Sallinger (Bernard-Marie Koltès) ; Giorgio
Barberio Corsetti Docteur Faustus d’après Thomas Mann ; Stéphane Braunschweig
La Cerisaie (Anton Tchekhov), Amphitryon (Heinrich von Kleist), Peer Gynt (Henrik
Ibsen). En 1998, il écrit et met en scène Idylle à Oklahoma, pièce publiée aux éditions
des Solitaires Intempestifs, d’après Amerika de Franz Kafka.
De 2001 à 2009, il est comédien de la troupe du TNS. Il joue sous la direction
de Stéphane Braunschweig, dans Prométhée enchaîné (Eschyle), L’Exaltation du
labyrinthe (Olivier Py), La Mouette (Anton Tchekhov), La Famille Schroffenstein
(Heinrich von Kleist), Le Misanthrope et Tartuffe (Molière) et enseigne à l’École du
TNS. En 2004, il met en scène Titanica (Sébastien Harrisson) avec la troupe du
Théâtre National de Strasbourg. En 2008, il est Edouard II (Christopher Marlowe)
mis en scène par Anne-Laure Liégeois. À La Colline avec Stéphane Braunschweig, il
joue La Comtesse Geschwitz dans Lulu - une tragédie monstre de Frank Wedekind
(2010), Rosmer dans Rosmersholm (2009), Gregers dans Le Canard sauvage
d’Henrik Ibsen (2014), Le Metteur en scène dans Six personnages en quête d’auteur
d’après Luigi Pirandello (2012) ; en 2010, il reprend le rôle de Cal dans Combat de
nègre et de chiens (Bernard-Marie Koltès), mise en scène de Michael Thalheimer. En
2011, il joue dans Les Criminels (Bruckner), mis en scène par Richard Brunel. À la
Colline, on a pu le voir également dans Des arbres à abattre de Thomas Bernhard,
spectacle dont il a co-signé la mise en scène avec Célie Pauthe en 2012, et avec
lequel il obtient le Prix de la Critique 2012 dans la catégorie Meilleur Comédien.
En 2014, il travaille avec Michael Thalheimer dans La Mission de Heiner Müller. En
2015, il a joué dans Les Géants de la Montagne de Luigi Pirandello, mis en scène
par Stéphane Braunschweig, dans lequel il a interprété le rôle de Cotrone. En 2016,
il écrit, joue et collabore à la mise en scène avec Célie Pauthe de La Fonction Ravel
avec le pianiste François Dumont, spectacle créé au CDN de Besançon, récit publié
aux Éditions des Solitaires Intempestifs. Il met en scène en 2017 Le Froid augmente
avec la clarté, d’après les récits autobiographiques de Thomas Bernhard, au Théâtre
National de Strasbourg puis à La Colline - théâtre national. En 2018, il joue à l’Odéon-
Théâtre de l’Europe et en tournée L’École des Femmes de Molière, en septembre
2020 Iphigénie de Racine et en janvier 2021 Comme tu me veux de Luigi Pirandello
sous la direction de Stéphane Braunschweig.
Il enseigne régulièrement à l’École du Théâtre National de Strasbourg et à l’École
régionale d’acteurs de Cannes et Marseille.
Claude Duparfait est acteur associé au projet du Théâtre National de Strasbourg
depuis septembre 2014.

                                                                                     13
Repères biographiques (suite)

Dea Liane
Hélène
Dea Liane commence le théâtre tout en terminant son master de recherche en
Histoire à l’Institut d’études politiques de Paris. Elle débute sa formation d’actrice
auprès de Marc Ernotte au conservatoire du 8e arrondissement de Paris, puis elle
intègre la section Jeu de l’École du Théâtre National de Strasbourg en 2014.
Pendant trois ans elle travaille avec divers metteurs en scène, comédiens,
chorégraphes, auteurs : Stanislas Nordey, Marc Proulx, Stuart Seide, Annie Mercier,
Roland Fichet, Lazare, Julien Gosselin, Alain Françon, Bruno Meyssat... Sa formation
au Théâtre National de Strasbourg lui permet également de perfectionner sa pratique
du piano et de la faire dialoguer avec son travail d’actrice.
Après sa sortie en 2017, elle joue au théâtre avec Falk Richter et Stanislas Nordey
dans Je suis Fassbinder et avec Julien Gosselin dans 1993. En 2018-2019, elle
travaille avec Paul-Emile Fourny dans Amadeus à l’Opéra-Théâtre de Metz, avec
Pauline Haudepin dans Les Terrains vagues, avec Mathilde Delahaye dans Maladie
ou Femmes modernes. Elle joue dans Rien ne se passe jamais comme prévu sous la
direction de Lucie Berelowitsch (2019) et en janvier 2021, dans Antoine et Cléopâtre
de William Shakespeare mis en scène par Célie Pauthe.
Elle a aussi récemment fait ses débuts au cinéma dans L’Homme qui avait vendu sa
peau, un long-métrage de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, en sélection
à la Mostra de Venise.

                                                                                         14
Repères biographiques (suite)

Annie Mercier
La Mère
Annie Mercier a joué au théâtre dans près de quatre-vingt pièces avec notamment :
Stéphane Braunschweig (Tartuffe de Molière, Romersholm et Une Maison de poupée
d’Henrik Ibsen et Je Disparais d’Arne Lygre), Laurent Gutmann (Chants d’adieu et
Nouvelles du Plateau S. d’Oriza Hirata, Terre natale de Daniel Keene, Légendes de la
forêt viennoise d’Ödön von Horváth), Guillaume Vincent (Nous, Les Héros de Jean-
Luc Lagarce), Christophe Rauck (Getting Attention de Martin Crimp), Rémi de Vos
(Départ volontaire), Stéphane Fiévet (Laisse-moi te dire une chose de Rémi De Vos) ;
Claude Duparfait (Titanica de Sébastien Harrisson, Des Arbres à abattre d’après le
roman de Thomas Bernhard), Charles Tordjman (Vie de Myriam C. de François Bon),
Stanislas Nordey (Par les villages de Peter Handke et Berlin mon garçon de Marie
NDiaye), Christophe Honoré (Nouveau Roman, Fin de l’histoire de Gombrowicz),
Dominique Pitoiset (Un été à Osage Country de Tracy Letts), Jean-Pierre Vincent
(Les Acteurs de bonne foi de Marivaux). Elle joue dans Thyeste, de Sénèque, mis en
scène par Thomas Jolly créé au Festival d’Avignon en 2018. Pour son rôle, elle a été
nominée aux Molières 2019. Elle était La Mère dans L’Éden cinéma de Marguerite
Duras, sous la direction de Christine Letailleur, au Théâtre National de Strasbourg en
février 2020. Elle joue dans Comme tu me veux de Luigi Pirandello mis en scène par
Stéphane Braunschweig.
Elle a également travaillé avec Roger Planchon, Philippe Adrien, Régis Santon, Jean
Lacornerie, Christian Cheesa, Patrick Collet, François Rancillac, Robert Cantarella et
Philippe Minyana. Elle a mis en scène Abîme aujourd’hui la ville de François Bon.
Au cinéma, elle travaille notamment avec Claude Miller (Betty Fischer), Pierre Jolivet
(Le Frère du guerrier), François Dupeyron (La Chambre des officiers), François Favrat
(Le Rôle de ma vie), Amos Gitaï (Plus tard tu comprendras), Marie-Pascale Osterieth
(Le Démon de midi), Laurence Ferreira Barbosa (La Vie moderne), Eric Veniard
(Une Affaire qui roule), Karine Tardieu (Du Vent dans mes mollets), Claude Faraldo
(Merci pour le geste), Philippe Le Guay (Les Femmes du sixième étage et Alceste à
bicyclette). On a pu la voir dans Malavita de Luc Besson, On a failli être amies d’Anne
Le Ny, L’Affaire SK1 de Frédéric Tellier, Les Malheurs de Sophie de Christophe
Honoré, Rock’n Roll de Guillaume Canet, Vaurien de Mehdi Senoussi, Voyez comme
on danse de Michel Blanc, Sauver ou périr de Frédéric Tellier, Le Mystère Henri
Pick de Rémi Besançon, La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier ou La Pièce
rapportée d’Antonin Pretjatko. Récemment, elle a tourné dans Les Amours d’Anaïs
sous la direction de Charline Bourgeois-Jacquet et dans Tout s’est bien passé avec
François Ozon.
Elle écrit de nombreuses pièces et adaptations pour France Culture et Radio
Lausanne. En 2006, elle reçoit le prix d’interprétation féminine au festival de la radio
francophone. Enfin, Annie Mercier anime régulièrement des stages de formation à
l’École du Théâtre National de Strasbourg, dans des conservatoires et des centres
dramatiques.

                                                                                           15
Repères biographiques (suite)

Sophie Mihran
La Cliente
À la suite de sa formation théâtrale auprès de Véronique et Stanislas Nordey, Sophie
Mihran effectue des stages avec Jacques Fontaine, Ramsès (clown), Stéphanie
Loïk, Philippe Minyana, Jean-Claude Fall, Elisabeth Chailloux et Adel Hakim, Éloi
Recoing, Serge Tranvouez, Éric Didry, Claude Régy, Arnaud Meunier, Pierre Meunier,
Marcial Di Fonzo Bo, Daniel Jeanneteau, Yves-Noël Genod. Elle suit parallèlement
l’apprentissage du chant avec Roger Ferber et Françoise Rondeleux et de la danse
avec Hervé Diasnas et Elsa Wolliaston.
Elle travaille avec Jean-Claude Fall (Le Procès de Jeanne d’Arc, d’après Bertolt
Brecht, Pierre Seghers et Charles Péguy), Yaël Bacry (Antigone de Sophocle),
Jacques Osinski (La Faim de Knut Hamsun, Sladek, soldat de l’armée noire d’Ödön
von Horvath), Stanislas Nordey (La Dispute de Marivaux et Contention de Didier-
Georges Gabily, La Puce à l’Oreille de Feydeau, Électre de Hugo von Hoffmansthal,
Neuf Petites filles de Sandrine Roche), Martine Fontanille (La Ronde d’Arthur
Schnitzler), Cyril Cotinaut (L’École des Bouffons de Michel de Ghelderode), Noël
Herpe (L’Homme-objet de Noël Herpe), Aurélien Feng (Mon Polymonde de Aurélien
Feng), Olivier Dupuy (Emma Santos).
Au cinéma, elle a tourné avec Stéphane Ginet (Irène et les pressentiments), Jean-
Michel Roux (Trop près des dieux), Viken Armenian (Le Silence du léopard).
Elle a prêté sa voix pour de nombreux documentaires sur Arte : Histoire d’Elle de
David Teboul, Les Tryptiques de Zao Wou de Ki Gero Von Boehm, Susanne Lothar -
Ma vie de Julia Benkert, Du Poison dans nos vêtements d’Inge Altemeier et Reinhard
Hornung ou sur France Culture :
On ne va quand même pas se disputer pour ça de Fabrice Colin (Fiction / La Vie
moderne) de Cédric Aussir.

                                                                                    16
Repères biographiques (suite)

Laurent Sauvage
Le Père
Laurent Sauvage est comédien et metteur en scène. Il a principalement joué sous la
direction de Jean-Pierre Vincent, Joël Jouanneau, Frédéric Fisbach, Anita Picchiarini,
Jean-Christophe Saïs, Serge Tranvouez, Véronique Nordey, Guillaume Doucet,
Guillaume Gatteau, Julien Fišera, Christophe Fiat, Olivier Martinaud, Falk Richter,
Marine de Missolz, Anne Théron, Lelio Plotton, Julien Gosselin. Il a joué dans la
majorité des créations de Stanislas Nordey et, à ses côtés, il a été artiste associé au
Théâtre Nanterre-Amandiers et au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. Depuis
2014, il est artiste associé au Théâtre National de Strasbourg.
Au cinéma et à la télévision, il tourne sous la direction de Bertrand Bonello, Pascale
Breton, Stella Theodorakis, Muriel Aubin, etc.
Durant la saison 2020-21, il joue dans Ivres de Ivan Viripaev mis en scène par Ambre
Kahan, Seasonal Affective Disorder de Lola Molina mis en scène par Lélio Plotton
et Howl d’Allen Ginsberg mis en scène par Maya Bösch. Il joue dans Le Père de
Stéphanie Chaillou sous la direction de Julien Gosselin en 2018, spectacle toujours
en tournée.
Metteur en scène, il crée en 2000 Anticonstitutionnellement dont il est également
l’auteur, Orgie de Pier Paolo Pasolini dans le cadre du festival Mettre en Scène à
Rennes en 2003 ; Je suis un homme de mots, textes de Jim Morrison au Théâtre
Molière, Maison de la Poésie à Paris en 2005 ; La Cage en 2017 dans le cadre du
Festival Voyage à Nantes et crée Aden Arabie de Paul Nizan en 2018 au Festival
« Phoque » à Nantes puis au Montévidéo - Marseille.

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