Book reviews | 2020 Recensions - OpenEdition Journals

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Lexis
                         Journal in English Lexicology

Book reviews | 2020
Recensions

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URL: http://journals.openedition.org/lexis/4416
ISSN: 1951-6215

Publisher
Université Jean Moulin - Lyon 3

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Book reviews, 2020, Lexis [Online], connection on 30 June 2020. URL : http://journals.openedition.org/
lexis/4416

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TABLE OF CONTENTS

Alexeï KOSHELEV, Essays on the Evolutionary-Synthetic Theory of Language.On the
Crisis in Theoretical Linguistics.Basic Meaning and the Language of Thought.The
Unity of Lexical and Grammatical Polysemy
Boston Academic Studies Press, 2019, 254 pages
José Ramírez de Arellano

Keith ALLAN (ED), The Oxford Handbook of Taboo Words and LanguageThe Oxford
Handbook of Taboo Words and Language
Oxford University Press, 2019, 450 pages
Frédérique Brisset

Lexis , Book reviews
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    Alexeï KOSHELEV, Essays on the
    Evolutionary-Synthetic Theory of
    Language.On the Crisis in Theoretical
    Linguistics.Basic Meaning and the
    Language of Thought.The Unity of
    Lexical and Grammatical Polysemy
    Boston Academic Studies Press, 2019, 254 pages

    José Ramírez de Arellano

    RÉFÉRENCE
    Sandrine Sorlin
    L Essays on the Evolutionary-Synthetic Theory of Language. On the Crisis in Theoretical
    linguistics. Basic Meaning and the Language of Thought. The Unity of Lexical and Grammatical
    Polysemy. Academic Studies Press, Boston, 2019. ISBN : 978-1644690024, Prix : 91,73$,
    254 pages

1   Cet ouvrage compte 254 pages, dont 23 correspondent à la bibliographie, 13 pages à la
    présentation, aux remerciements et à la table des matières. Il s’agit d’une traduction en
    anglais d’Aleksandr V. Kravchenko et de Jillian Smith, de l’ouvrage original en russe,
    Очерки эволюционно - синтетической теории языка, publié en 2017. Le titre comporte
    un pluriel (« Essays »), et les trois éléments du sous-titre laissent penser qu’il s’agit d’un
    recueil de trois essais distincts ayant pour point commun le fait de s’ancrer dans la
    Théorie évolutionnaire-synthétique du langage. En réalité il s’agit de trois thèmes
    principaux développés au long d’un ouvrage structuré en cinq chapitres.

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2   Le livre constitue la première présentation, dans une langue autre que le russe, de la
    théorie développée par l’auteur sur la base de ses travaux depuis 1989 dans les
    domaines de la linguistique cognitive, de la lexicologie et de la sémantique. Dans son
    argumentation théorique, ambitieuse et révolutionnaire, l’auteur défend l’apport
    explicatif de ses schémas face à ceux d’autres chercheurs appartenant aux aires
    russophone (Apresian, Mel’čuk) et anglophone (Lakoff, Wierzbicka). L’apport de la
    théorie évolutionnaire-synthétique du langage aux autres théories linguistiques est
    abordé dans la première partie du livre. Dans la préface, A. Koshelev décrit
    l’atomisation de la recherche en linguistique dans différentes théories, souvent
    incompatibles et sans lien entre elles, comme une situation désastreuse pour la
    linguistique et pour la recherche interdisciplinaire en général. La théorie
    évolutionnaire-synthétique est proposée, non seulement pour mieux rendre compte de
    certains phénomènes sémantiques, mais aussi pour apporter une voie de résolution aux
    clivages que connaît la linguistique en tant que discipline scientifique.
3   Cette forte visée théorique est clairement visible dans le contenu du Chapitre 1, intitulé
    On the contradictory nature of contemporary linguistic theories and how to change it for the
    better. En partant du principe que la linguistique théorique n’a, dans les 50 dernières
    années, pratiquement rien ajouté de nouveau aux faits universellement reconnus sur le
    langage en tant qu’objet d’étude global, l’auteur appelle à une théorie unifiée tenant
    compte des régularités diachroniques des fonctions linguistiques (et non seulement
    synchroniques) ainsi que des données recueillies sur les régularités fonctionnelles
    d’autres sous-systèmes humains.
    La réalité est pourtant celle d’une fragmentation de la recherche autour de théories
    mutuellement contradictoires, qui viennent le plus souvent remplacer d’autres théories
    plus anciennes - tombées généralement dans l’oubli sans avoir été pour autant réfutées
    – en proposant des paradigmes nouveaux de toutes pièces. Des approches comme celles
    de Saussure, Chomsky, Jackendoff, Lakoff, Wierzbicka et Mel’čuk diffèrent
    profondément dans les liens (d’inclusion, de modularité, d’autonomie, etc.) qu’elles
    établissent entre le langage et la pensée. Ces divergences en comportent d’autres
    lorsqu’il s’agit de rendre compte de phénomènes comme la polysémie ou d’émettre des
    hypothèses sur l’origine du langage. De surcroît, la fragmentation de la recherche en
    linguistique ne donne pas lieu à des polémiques fécondes, chaque courant ayant ses
    propres critères de validité. Cette problématique serait liée au fait que la linguistique
    peut être perçue comme une science naturelle ou selon qu’elle est perçue comme
    appartenant, au contraire, au domaine des humanités. L’auteur défend la pertinence et
    la vigueur de cet ancien débat et plaide pour la première option, en s’appuyant sur des
    citations de Meillet [1928], Shor [1926] ou Müller [1885]. Bien que des caractéristiques
    du langage telles que sa dépendance de l’entourage ou la variété et l’évolution rapide
    de ses différentes versions (les langues) l’éloignent des sciences naturelles, elles le
    rapprochent des sciences cognitives, que Koshelev défend comme étant d’une
    objectivité plus rigoureuse que les autres sciences humaines. C’est le détournement des
    recherches linguistiques d’aspects inhérents au langage tels que l’ontogénèse et la
    diachronie qu’il faut situer à l’origine de l’arbitraire des modèles actuels. Une théorie
    unifiée devrait finalement apparaître, objectivisée dans la connaissance des étapes du
    développement cognitif de l’enfant, question pour laquelle « il serait difficile de
    construire plus de deux ou trois modèles synthétiques » différents.

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4   Le Chapitre 2, intitulé A reference-based approach to describing notional words, aborde la
    sémantique des objets domestiques ou naturels courants et des verbes de mouvement
    et d’orientation en russe. Des substantifs tels que stul (chaise) et kreslo (fauteuil) servent
    d’exemple à l’auteur pour étayer sa théorie de la structure duale du signifié lexical. Le
    signifié de base (basic meaning) des noms et verbes « sensoriels » contient en même temps
    un prototype, fondé sur les référents les plus typiques du mot, et une fonction qui
    caractérise tous les référents, typiques ou non. La lexicographie tend à décrire les
    prototypes et peine à rendre compte des cas atypiques qui ne suscitent, en revanche,
    aucune hésitation de la part des locuteurs. Ainsi, une chaise se caractérise non
    seulement par ses quatre pieds, son siège, son dossier et son manque de rebords (traits
    prototypiques) mais tout autant par la position semi-relaxée que l’on prend quand on y
    est assis. Cette position, qui permet d’accomplir des tâches nécessitant l’activité des
    mains, constitue la fonction et s’avère être bien plus significative que l’absence de
    rebords pour distinguer une chaise d’un fauteuil, ce dernier impliquant une position
    relaxée, comme en attestent les images de chaises et fauteuils atypiques que l’on trouve
    dans ces pages. Cette dualité du signifié ne concerne pas que les substantifs. Le cas de
    verbes comme bežat (courir), dont le prototype n’est pas représentatif de cas comme
    celui d’une personne très âgée qui se hâte avec difficulté vers la porte du bus, appelle à
    distinguer l’aspect cinématique de l’action de son aspect dynamique. Contrairement au
    cas prototypique, la personne âgée ne décollera pas du sol, mais les deux cas auront en
    commun le moteur et le motif ou, autrement dit, la fonction, à laquelle revient la
    caractérisation ultime de l’action.
    Mais la question des signifiés de base ne peut que rappeler la notion des signifiés dérivés,
    de la métaphore, la métonymie et la polysémie. Ici, l’auteur montre comment les usages
    figurés créatifs sont davantage fondés sur la fonction que sur le prototype, mais les
    exemples fournis semblent particuliers au russe. Enfin, le supplément Three
    contemporary approaches to lexical polysemy (p. 127) confronte l’approche de l’auteur à
    celles de l’École Sémantique de Moscou, de George Lakoff et de Vyvyan Evans.
    A. Koshelev se montre d’accord avec Evans sur la nécessité d’une hiérarchie entre les
    usages littéraux et figurés, et critique l’approche de l’École de Moscou, fondée sur une
    homogénéité typologique et génétique de tous les usages. L’approche des catégories
    sémantiques radiales de Lakoff, qui ne nie pas les rapports génétiques entre les
    signifiés, aurait, quant à elle, tort de postuler qu’aucun principe général ne permet
    d’identifier le cas dérivé et le cas central. A. Koshelev déplore à ce propos l’absence
    d’une théorie de la motivation.
    Le chapitre fournit en annexe la correspondance épistolaire entre l’auteur et
    I. A. Mel’čuk en 1995, très éclairante et amène, ainsi qu’une description des
    phénomènes primaires du développement cognitif. Les expériences citées montrent
    que certaines notions cognitives telles que la contigüité ou la causalité sont acquises
    par l’enfant bien avant qu’il puisse commencer à se servir du langage, ce qui vient
    renforcer le modèle de Koshelev. Les caractéristiques du signe seraient ainsi redevables
    de celles du référent, alors que des catégories intermédiaires – dont Mel’čuk ne peut
    pas se passer – telles que le concept ou le signifié saussurien, ne devraient pas avoir une
    place prééminente.
5   Le Chapitre 3, Basic-level concepts as the neurobiological codes for memory, discute de
    l’approche développée par Lakoff et d’autres linguistes, pour qui tout concept de base
    serait composé d’une forme globale et d’une interaction physique humaine. Cette
    approche duale du concept, qui pourrait paraître en accord total avec celle présentée

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    par l’auteur dans les chapitres précédents, est néanmoins critiquée comme incomplète.
    En prenant pour exemple le concept Stul (chaise), Koshelev affirme la nécessité de
    dédoubler le binôme forme globale + interaction en quatre catégories : la forme globale
    serait couplée à la fonction de l’objet, et l’interaction serait, à son tour, couplée à l’état
    psychophysique du sujet interagissant. Dans une explication qui rappelle la distinction
    entre cinématique et dynamique, la fonction de l’objet (permettre à une personne de
    s’asseoir d’une certaine manière visuellement reconnaissable « de dehors ») est à
    distinguer de l’interaction entre la personne et l’objet (déterminée par la manière dont
    la pesanteur du corps est rencontrée par la chaise) et de l’état psychophysique qui
    l’accompagne (semi-relaxation, disponibilité pour travailler sur une table, etc.). Ce
    système sémantique aux composantes indépendantes serait spécifique à l’être humain,
    selon les expériences neurobiologiques menées par Tsien [2008] avec des souris. En
    effet, les neurones de reconnaissance cognitive des souris semblent ne plus s’activer
    devant certains objets une fois qu’elles ont constaté l’impossibilité d’interagir avec eux.
    Enfin, le couplage du critère du prototype avec celui de la fonction peut avoir
    l’avantage de résoudre l’apparente contradiction entre le modèle de Lakoff, fondé sur
    des concepts flous par nature, et celui de Wierzbicka, qui s’appuie sur des catégories
    strictes : les catégories cognitives humaines sont à la fois floues (fondées sur des
    prototypes) et strictes (fondées sur des fonctions).
6   Le Chapitre 4 s’intitule Elements of a sensory grammar et aborde la valeur sémantique du
    génitif nominal russe lorsqu’il désigne la partie d’un tout. Des expressions comme dver’
    kuxni (la porte de la cuisine) imposent un génitif en russe, alors que d’autres, comme
    koridornaja dver’ (la porte du couloir), l’interdisent et présentent, en revanche, une
    terminaison adjectivale. L’explication proposée par l’auteur réside dans le rôle
    fonctionnel essentiel, définitoire, de la porte comme composante de la cuisine (ou de
    toute autre pièce), un rôle accessoire dans le cas du couloir, puisque l’on peut imaginer
    des couloirs sans portes.
    Fort des nombreux exemples lexicaux analysés pour des mots « sensoriels » tels que les
    substantifs signifiant des objets ou les verbes de mouvement, Koshelev propose ensuite
    d’appliquer également la structure du signifié de base (prototype perceptif + fonction) à
    des phénomènes grammaticaux tels que la transitivité ou la réflexivité. Des auteurs
    comme Slobin, Givón, et surtout Wierzbicka, proposent une définition de la transitivité
    comme le fait que quelqu’un fasse quelque chose à quelque chose et produise ainsi sur
    ce quelque chose des conséquences voulues. Wierzbicka conçoit sa définition comme
    étant de nature prototypique, tout éloignement de ce cas de figure devant comporter
    une diminution des traits formels de la transitivité, tels que l’assignation de cas ou la
    viabilité de la voix passive. En cohérence avec son approche lexicale, Koshelev propose
    de coupler la valeur prototypique de la définition, qui ne rend compte que des cas
    typiques de transitivité, avec une valeur fonctionnelle pouvant couvrir la totalité des cas
    de transitivité. Cette valeur fonctionnelle serait déterminée par l’interprétation que
    l’agent fait de son action, les conséquences de celle-ci devant être pertinentes pour lui et
    pour son but. Des phénomènes de transitivité où l’objet ne subit pas de transformation,
    comme dans Mal’čik čitaet knigu (le garçon lit un livre) seraient ainsi expliqués, puisque
    le changement qui s’y produit n’est pertinent que pour le sujet de la phrase.
7   Le cinquième et dernier chapitre s’intitule On the single structure of lexical meanings of
    nouns and verbs. L’auteur développe ici son analyse métamérique de la structure
    sémantique en systématisant son concept de fonction. Le chapitre précédent présentait
    l’hypothèse que nous divisons un objet dans ses différentes parties en suivant la

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    fonction générale de l’objet, composée ainsi de la somme des fonctions de ces parties.
    La composition d’un objet serait quelque chose d’unique et hiérarchisée, ayant pour
    centre la partie dominante dans la réalisation de la fonction principale de l’objet (par
    exemple, le siège dans une chaise). Les autres parties contribuant à la fonction
    principale sont attachées à la partie centrale par leur relation fonctionnelle. Ainsi, le
    dossier et les pieds d’une chaise sont liés au siège d’une manière spécifique, alors que
    d’autres points de jonction, par exemple entre les différents pieds ou entre les pieds
    arrière et le dossier sont insignifiants pour la fonction générale de la chaise. Koshelev
    insiste alors sur la primatie de cette valeur fonctionnelle dans la division de l’objet,
    notamment par rapport à d’autres telles que la forme physique de ses parties : les pieds
    d’une chaise peuvent présenter des formes très différentes (plus ou moins allongés,
    plus ou moins fins...), et un exemple extrême en seraient les pieds sphériques d’un
    fauteil, que l’on ne manque pourtant pas de nommer par le même mot. Cette
    argumentation s’appuie, de surcroît, sur des recherches en développement cognitif
    chez l’enfant (voir Landau et al. [1988 : 299-321]), en cohérence avec la vocation
    objectiviste et unificatrice de l’ouvrage.
8   Il s’agit, en conclusion, d’une excellente contribution à la compréhension des faits
    sémantiques et de leur fondement cognitif. Parmi les phénomènes grammaticaux
    analysés, le génitif nominal russe occupe une place importante, ce qui n’est pas sans
    renvoyer à l’ancrage de l’ouvrage dans le débat scientifique russophone. Un atout
    précieux de la publication de ces analyses se trouve non seulement dans l’amplification
    et la fluidité du débat scientifique mais, aussi, dans sa présentation de phénomènes
    linguistiques propres à une langue à forte flexion nominale et sans article (absents des
    principales langues occidentales). À ce propos, on peut regretter le fait que presque
    toutes les références extérieures à l’aire russophone appartiennent à l’aire anglophone,
    illustrant un rapport excessivement satellitaire pour un ouvrage qui se propose de
    prendre une place de consensus dans la recherche en linguistique. Aussi peut-on, en
    étant d’accord avec l’auteur dans la nécessite d’appuyer la recherche en linguistique
    sur l’étude d’autres systèmes, observer la focalisation exclusive sur la cognition ainsi
    que l’absence de toute mention aux dimensions sociolinguistique, communicative,
    pragmatique ou historique. Sur ce dernier point on ressent, malgré les quelques
    remarques ponctuelles, le peu de place accordée à l’analyse diachronique, compte tenu
    des prétentions très explicites de la Théorie Évolutionnaire-Synthétique du Langage
    pour dépasser le clivage synchronie-diachronie.
9   Peut-être, enfin, que cet ouvrage ne parviendra pas de son seul poids à opérer
    l’unification du champ de la recherche en linguistique recherchée par A. Koshelev. En
    tout état de cause, sa lecture passionnante et éclairante, tout comme la solidité et
    l’originalité des analyses qu’il contient, le vouent à devenir une référence
    incontournable dans le domaine de la linguistique cognitive.

    Lexis , Book reviews
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BIBLIOGRAPHIE
BROWN Roger, 1965, Social Psychology, New York: Free Press.

GIVÓN Talmy, 1990, Syntax: A Functional-typological Introduction, Vol. 2, Amsterdam: John Benjamins.

LAKOFF George, 1987, Women, Fire and Dangerous Things: What Categories Reveal about the Mind,
Chicago: University of Chicago Press.

LANDAU Barbara, SMITH Linda B. & JONES Susan S., 1988, “The importance of shape in early lexical
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MEILLET Antoine, 1928, « Sur la terminologie de la morphologie générale », Revue des études
hongroises 6.

MÜLLER Friedrich Max, 1885, Lectures on the Science of Language Vol. 2, London: Longmans, Green,
and Company.

SHOR P. O., 1926, “Krisis sovremennoj lingvistiki”, Jafetičeskij Sbornik Vol. 5, Leningrade: Jafetičeskij
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SLOBIN Dan Isaac, 1982, “The origin of grammatical encoding of events”, in HOPPER Paul J. &
THOMPSON Sandra A. (Eds.), Studies in Transitivity, New York: Academic Press, 409-422.

TSIEN Joe Z., 2008, “Neural coding of episodic memory”, in DERE Ekrem, EASTON Alexander, NADEL
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WIERZBICKA Anna, 1990, “Prototypes save: on the uses and abuses of the notion of ‘prototype’ in
linguistics and related fields [Semantic universals and description of languages]” in TSOHATSIDIS
Savas L. (Ed.), Meaning and Prototypes: Studies in Linguistic Categorization, New York: Routledge,
347-367.

WIERZBICKA Anna, 1996, Semantics: Primes and Universals. Oxford: Oxford University Press.

AUTEURS
JOSÉ RAMÍREZ DE ARELLANO
José Ramírez de Arellano, Université de Paris Diderot, France
José Ramírez de Arellano est actuellement doctorant à l’Université de Paris Diderot

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    Keith ALLAN (ED), The Oxford Handbook
    of Taboo Words and LanguageThe
    Oxford Handbook of Taboo Words
    and Language
    Oxford University Press, 2019, 450 pages

    Frédérique Brisset

    RÉFÉRENCE
    Keith Allan (ed.)
    The Oxford Handbook of Taboo Words and Language. Oxford University Press, Oxford
    Handbooks in Linguistics, Oxford, 2019. ISBN : 978-0-19-880819-0, Prix : 130 € / £110,
    450 pages.

1   Dès l’enfance, les mots tabous exercent une fascination sur l’être humain, qui s’exerce
    ensuite à en maîtriser l’usage au fil de son éducation sociale. Ce répertoire offre donc
    un champ d’étude vaste et sans cesse renouvelé, du fait de sa relativité géographique et
    diachronique, même si certains invariants demeurent. Le volume présenté ici
    rassemble vingt contributions de chercheurs internationaux qui en explorent les
    tenants et aboutissants selon des perspectives très variées, linguistiques bien sûr,
    déclinées également en sociolinguistique et neurolinguistique, mais aussi
    philosophique, psychologique, anthropologique, théologique ou traductologique,
    reflétant en cela la dimension contextuelle du concept même de tabou : comme le
    souligne dans son introduction le directeur de l’ouvrage, Keith Allan, ce qui est sujet à
    caution est en effet l’usage de ces dysphémismes en interaction (p. 2).
2   Cette dimension renvoie à l’étymologie du mot, tabu, importé du tongan en anglais par
    James Cook en 1777 :
         The word was used among the so-called Friendly Islanders – as an adjective – of
         items set aside for the use of priests and potentates. [...]. In importing the word he

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         gave it a more general purpose, claiming it ‘has a very comprehensive meaning;
         but, in general, signifies that a thing is forbidden’ (Hitchings, 2009).
3   Allan conclut son panorama introductif sur l’influence de ces tabous sur l’évolution des
    langues, notamment via la création d’euphémismes et métaphores populaires.
4   Ce riche volume s’emploie ainsi à décrire et analyser les tabous langagiers,
    principalement en langue anglaise, comprendre leurs statuts et emplois et les stratégies
    d’évitement qui en découlent dans leur gestion collective et individuelle, en 20
    chapitres complétés par une bibliographie de près de 50 pages et un index des noms
    propres, lexèmes et notions de 10 pages.
5   Jonathan Culpeper explore un premier angle avec « Taboo language and impoliteness ». En
    compulsant la littérature scientifique sur le concept de politesse, il montre comment
    l’impolitesse ne saurait se réduire à la simple négation de son contraire, car cette
    stratégie attaque la face sociale, au sens goffmanien. Dans ce cadre, les mots tabous,
    bien que souvent semi- ou dé-sémantisés, jouent le rôle fréquent d’intensifieurs, que ce
    soit en emploi adjectival ou adverbial, comme le montrent les recherches en
    collocation ; ils actent l’intention agressive sans ambiguïté sur le plan phatique (via les
    traits identitaires de l’interlocuteur, par exemple, dans les insultes racistes).
6   Un tabou majeur est ensuite traité par Eliecer Crespo-Fernández dans « Taboos in
    speaking of sex and sexuality ». Les métaphores sont multiples dans ces champs, qu’elles
    soient euphémisantes ou dysphémisantes, selon les milieux et époques (voir les
    dénominations imagées des parties génitales). L’auteur explore le registre des pratiques
    sexuelles « non conventionnelles », qui lie explicitement sexe et animalité, en
    opposition aux diktats sociaux, moraux et religieux, telles les désignations
    d’homosexuel.le.s. Il relève de façon pertinente dans tous ces sous-champs la
    récurrence de sèmes porteurs dans les métaphores, « travail, chaleur, contenants,
    voyage, nourriture et alimentation, animaux, guerre et violence, outils, jeu/jouet et
    fleurs », dont la diversité reflète la complexité de la sexualité humaine (p. 60).
7   Le registre du rapport au corps est reconnu comme le plus producteur d’euphémismes
    parmi les notions taboues [Vince 1991], il n’est donc pas surprenant de trouver un
    champ lexical connexe abordé par Réka Benczes & Kate Burridge dans « Speaking of
    disease and death ». La récurrence périphrastique s’y explique par la peur induite par ces
    évènements biologiques, parfois devenue superstition, et le choix des métaphores
    influe sur les politiques de prévention via l’attitude des malades potentiels (p. 62). Les
    auteures se penchent sur trois groupes de pathologies stigmatisantes : SIDA, cancer et
    maladies mentales. La première s’est trouvée d’emblée confondue pour le public avec
    des communautés « perverses et dangereuses » : homosexuels, drogués, prostitués. Si le
    cancer paraît mieux accepté socialement, les avis d’obsèques fort périphrastiques
    témoignent de sa perception problématique (p. 66). Les paraphrases ritualisées autour
    des décès marquent l’inconfort face à un phénomène pourtant universel, façon de
    contourner l’incontournable, même en exploitant la visée humoristique de certaines
    images lexicalisées, comme celles personnifiant la mort dans de nombreuses langues-
    cultures (p. 73).
8   Ces trois premières études posent de facto la question des ressorts à l’œuvre dans
    l’expression des tabous, explorés par Timothy B. Jay avec « The psychology of expressing
    and interpreting linguistic taboos », qui introduit ainsi le bilan de 45 années de recherche
    ouvrant sur les neurosciences, et plaide pour une fécondation croisée des travaux sur le

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     sujet, avec une prise en compte des facteurs contextuels comme variables affectant la
     production et la compréhension des tabous langagiers (p. 94).
9    La conscience de ceux-ci se construit avec l’âge, comme il l’établit dans un second
     chapitre, « Taboo language awareness in early childhood ». Intimement liée à ce stade à
     l’expression des émotions, la construction des répertoires enfantins de ‘gros mots’
     évolue ensuite, posant la question de leur perception et leur apprentissage. Jay
     considère aussi les limites éthiques et pragmatiques du recueil de données face à de
     jeunes enfants, ce qui explique la relative rareté des recherches en ce domaine, et
     préconise d’ouvrir ce champ sur la prise en compte du genre, l’usage d’une LV2 et une
     plus grande variété de populations aux plans ethnique, religieux, géographique (p. 107).
10   Le plaisir transgressif de l’usage des jurons, s’il survient tôt dans l’existence, ne se
     limite pas à cette tranche d’âge, et est exploré dans « Swearing and the brain », par
     Shlomit Ritz Finkelstein. La recherche clinique en neurophysiologie sur les désordres
     induits par l’aphasie, le syndrome de Tourette, la maladie d’Alzheimer et les
     traumatismes cérébraux révèle une connexion entre ces pathologies et l’usage
     d’interjections, due notamment aux atteintes à l’un des hémisphères cérébraux et aux
     variations hormonales et/ou de neuro-transmetteurs tels que dopamine et sérotonine.
     Finkelstein soumet deux hypothèses prometteuses pour expliquer leur lien avec la
     production de jurons : la concurrence entre ce comportement et l’agressivité physique
     comme mode de gestion de la douleur, et la place de l’interjection dans l’évolution du
     langage humain, entre vocalisation non verbale (rire, cri, pleurs) et langage articulé
     (p. 138).
11   Qu’en est-il alors des tabous liés à et usités par les communautés de sourds, sujet traité
     par Jami N. Fisher, Gene Mirus, & Donna Jo Napoli dans « Sticky: Taboo topics in deaf
     communities » ? Ils peuvent revêtir une dimension identitaire par rapport aux
     ‘entendants’, et les auteurs, dans leur vaste étude descriptive, insistent sur le rôle des
     échanges en langue des signes, qui permettent, entre autres, de traiter des tabous entre
     membres de la communauté des signeurs, en laissant une certaine latitude par rapport
     au public extérieur.
12   Les quatre essais suivants considèrent les tabous langagiers d’un point de vue
     linguistique : grammaire, impact sur l’évolution diachronique des langues, traduction,
     ou usage en langue seconde sont abordés successivement par Jack Hoeksema, Kate
     Burridge & Réka Benczes, Pedro J. Chamizo Domínguez et Jean-Marc Dewaele.
13   Le premier, dans « Taboo terms and their grammar » mène d’abord une étude contrastive
     entre anglais, allemand et néerlandais : si les interjections sont d’un emploi assez
     universel, pour leur fonction phatique, de nombreuses constructions syntaxiques ou
     lexicales récentes, comme l’affixation de mots tabous pour marquer l’emphase ou le
     degré par exemple, contribuent à et témoignent de l’évolution des emplois de ce
     registre dans le groupe des langues germaniques. Malédictions, injures, questions ou
     ordres emphatiques sont ici étudiés via des traductions comparées dans les trois
     langues.
14   Burridge & Benczes, dans « Taboo as a driver of language change », développent une
     approche historique, partant du postulat que son et sens sont intimement liés dans
     l’imaginaire des locuteurs. Leur étude de cas sur le lexème « cunt » illustre les
     paradoxes générateurs d’euphémismes et orthophémismes fondés, entre autres, sur les
     procédés lexicogéniques d’emprunt, métaphore et métonymie : voués à disparaître
     cycliquement selon un phénomène d’usure et d’atténuation sémantique mais aussi

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     phonétique, ils sont remplacés par d’autres, dont l’obscénité décroît de même au fil du
     temps, même si certains ont une capacité de résistance étonnante et inexpliquée.
15   Ces spécificités sont un des problèmes posés au traducteur, comme l’expose Chamizo
     Dominguez. La traduction des mots tabous a fait l’objet de maintes recherches
     ([Vidalenc 2004], [Scandura 2004], [Pettit 2005]), mais l’auteur distingue ici les mots
     tabous lexicalisés de ceux à usage occasionnel, en insistant sur la charge connotative,
     souvent loin du sens littéral initial, dont la polysémie présente un piège traductif. Du
     traducteur ‘créatif’ à l’(auto)-censeur, il illustre le dilemme auquel il faut faire face,
     avec des exemples fort variés, d’Homère à Descartes, en passant par Hergé ou une sit-
     com britannique, balayant anglais, espagnol, grec classique, français ou bas-breton.
16   La force perlocutoire du mot tabou est en effet perçue diversement en L1 et L2, sujet du
     chapitre signé Jean-Marc Dewaele : ce peut être dû à un manque de données
     contextuelles ou de maîtrise de la langue sur le plan socio-pragmatique ou linguistique,
     mais aussi à la charge affective inhérente à chaque langue pour le locuteur, comme le
     montre l’examen des réactions physiologiques à leur écoute. L’auteur souligne ainsi la
     complexité de leur emploi, et ipso facto la vulnérabilité des locuteurs seconds dans
     l’usage de ces lexèmes et collocations.
17   Suit un ensemble orienté sur les aspects idéologiques et philosophiques, incluant «
     Philosophical investigations of the taboo of insult » par Luvell Anderson, « Religious and
     ideologically motivated taboos » de Keith Allan et « Speech or conduct?: Law, censorship, and
     taboo language » par Christopher Hutton.
18   Le premier concerne les insultes, qu’Anderson définit comme manquement à une
     attente raisonnable en termes de comportement lors d’une interaction sociale. Il y
     intègre ainsi des échanges sans aucun vocable insultant, mais impliquant un
     présupposé totalement intégré par connivence entre le locuteur et ses auditeurs,
     comme dans les énoncés racistes. L’effet pragmatique du propos est alors assuré (la
     portée restrictive de « but » dans certaines énoncés ou les détails paraverbaux tels
     qu’un ton sarcastique à l’émission sont révélateurs), invitant implicitement l’auditoire
     à user de son imagination pour en inférer le caractère insultant.
19   Keith Allan poursuit avec un chapitre consacré aux tabous religieux, en posant leurs
     points communs et différences avec les tabous idéologiques. Comportementaux ou
     linguistiques, les premiers sont nombreux et imposent des restrictions, au nom d’une
     morale confinant parfois au fanatisme : leur transgression peut avoir des conséquences
     dramatiques dans certains cadres, comme le montre l’auteur avec l’exemple des
     martyrs, des procès en hérésie ou apostasie. De ce fait, le blasphème invite à maints
     euphémismes pour éviter ces extrêmes :
          Tout est une question de situation, et toute situation délicate renferme une
          potentialité euphémique [Vince 1991].
20   L’approche juridique de Christopher Hutton éclaire ensuite le concept de liberté
     d’expression, et son pendant, la censure au nom de l’ordre public et la protection de
     groupes sociaux vulnérables tels les enfants, en Australie, Grande-Bretagne et aux
     États-Unis. Historiquement, la common law s’est d’abord attachée au blasphème ; son
     acception s’est élargie au fil de siècles de jurisprudence, pour se restreindre ensuite au
     ‘profit’ du délit d’obscénité, dans les échanges publics, mais aussi les médias écrits et
     audiovisuels, voire les noms de marques ou de personnes : à chaque fois, en ligne de
     mire, la protection de la liberté d’expression mais aussi l’évaluation du droit et des
     limites du « speech-as-conduct » en tant que risque porté à l’ordre public (p. 284). Et

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     quand la loi devient plus tolérante, ce sont les entreprises qui fixent leurs propres
     règles, dans le cyberespace par exemple.
21   Les caractéristiques exposées ci-avant expliquent la surexposition de ces registres dans
     la vie publique, comme le montrent Gabriele Azzaro avec « Taboo language in books, films,
     and the media », Toby & Barnaby Ralph dans « Taboos and bad language in the mouths of
     politicians and in advertising », Elijah Wald avec « Taboo language used as banter » et
     Barry J. Blake dans « Taboo language as source of comedy ».
22   Le premier s’intéresse aux injures et jurons dans l’édition, le cinéma et les médias et à
     leur gestion par les organismes de contrôle au Royaume-Uni, en Australie et aux États-
     Unis. Cette étude chronologique met en évidence des glissements au fil du temps, de la
     censure au classement en passant par l’auto-régulation professionnelle, et de ‘l’appel
     au divin’ vers des expressions taboues à connotation sexuelle ou excrétoire, relativité
     diachronique constatée par maints auteurs, dont Steiner [1998] :
          The spectrum of permissible expression as against that which is taboo shifts
          perpetually.
23   La typologie des supports et des publics visés, les modalités de diffusion sont ici des
     critères déterminants pour en évaluer le degré d’acceptabilité.
24   Publicitaires et figures politiques sont confrontés aux mêmes enjeux d’exposition
     publique, comme le soulignent ensuite Toby & Barnaby Ralph. La remise en cause du
     tabou, qu’il soit scatologique, sexuel ou racial, peut alors découler de stratégies de
     démarcation assumées, mais risquées, d’autant que les critères de tolérance évoluent
     dans le temps. Ce chapitre s’avère un peu décevant, car la succession d’exemples
     proposés, trop souvent descriptive et quasi anecdotique, n’amène pas les auteurs à en
     tirer des conclusions transposables.
25   Les deux contributions suivantes étudient les tabous langagiers comme source de
     comique, le premier en tant qu’outils de raillerie, et le second comme vecteurs
     humoristiques dans le cadre du théâtre ou des sketches. Wald se consacre d’abord à la
     limite ténue entre boniment humoristique et agressivité, et aux origines
     anthropologiques de cette pratique africaine, devenue aux États-Unis le ressort des «
     dozens » (voir Morice [2012]), tournois d’insultes salaces ancêtres des battles de
     rappeurs, dans lesquels les tabous les plus variés sont remis en cause, à commencer par
     l’inceste et la figure de la mère. Il faut y voir un affichage communautaire, théâtralisé,
     destiné autant à l’interlocuteur qu’aux témoins de ces échanges, récepteurs plus ou
     moins aptes à apprécier la valeur ludique de la transgression.
26   Cette valeur est fondamentale dans l’usage de mots tabous par les humoristes, comme
     le montre Blake au chapitre 19. Les allusions sexuelles, par exemple, abondent chez les
     auteurs comiques, de Chaucer aux Monty Python, en passant par Shakespeare et Shaw,
     par le biais parfois de malapropismes ou de jeux polysémiques qui exploitent sous-
     entendus et connivence avec le public pour leur appréhension par celui-ci, façons de
     transgresser le tabou sans explicitement le briser.
27   Pour conclure, Stanley H. Brandes propose « An anthropological approach to taboo words
     and language ». Plus spécialement dédié aux « joking relationships » déjà évoquées par
     Wald (cf. supra) et à leur rôle dans les relations intra- et extra-communautaires, il
     balaie les pratiques africaines, amérindiennes ou afro-américaines, à travers l’exemple
     de surnoms ou de boutades à base ethnique, mais aussi des joutes de « dozens » : le
     tabou prend alors un caractère quasi artistique, dont Brandes note la dimension

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     culturelle, capitale pour le décodage de ces jeux de discours, dont la compréhension
     repose sur des paramètres paraverbaux autant que langagiers.
28   En résumé, ce volume fort logiquement structuré offre une contribution essentielle à
     l’appréhension d’un phénomène langagier commun à tous les groupes humains, à des
     degrés divers. La complémentarité des études offertes est une des forces majeures de
     l’ouvrage, qui ne se limite pas à une simple compilation, loin de là. En témoignent les
     nombreux échos d’un auteur à l’autre, au prix parfois de quelques redites et répétitions
     entre chapitres, redondances qui signent toutefois la cohérence de l’ensemble et
     jalonnent la construction d’une véritable problématique.
29   Les chercheurs y montrent que la verbalisation du tabou est in fine aussi taboue que son
     objet.   Les      stratégies    d’évitement,    dysphémisantes,      euphémisantes       ou
     orthophémisantes, illustrent de facto la force du langage dans l’imaginaire collectif et
     individuel : les tabous les plus répandus suscitent des répertoires infinis et non figés de
     lexèmes et collocations imagé/es pour nommer l’innommable, garantissant au locuteur
     d’assurer sa fonction de communication mais aussi la portée illocutoire de son message,
     au sein de conventions où chacun peut dès lors préserver sa face et moduler son
     expression selon le contexte. La démonstration est ici faite avec force de l’inscription
     du tabou langagier dans un système construit socialement, avec des incidences
     psychologiques, étayées par la recherche médicale, et pragmatiques, à de multiples
     niveaux, systématisation qui traverse les aires géographiques et temporelles.

     BIBLIOGRAPHIE
     HITCHINGS Henry, 2009, The Secret Life of Words, How English Became English, London: John Murray.

     MORICE Philippe, 2012, « ‘Commerce de singe’ et Signifying Monkey », in PAQUET-DEYRIS A-M &
     SIPIÈRE D. (Eds.), Le cinéma parle ! Études sur le verbe et la voix dans le cinéma anglophone, CICLAHO 6 :
     Univ. Paris-Nanterre, 309-325.

     PETTIT Zoë, 2005, “Translating Register, Style and Tone in Dubbing and Subtitling”, The Journal of
     Specialised Translation n°4: http://www.jostrans.org/issue04/art_pettit.php

     SCANDURA Gabriela L., 2004, “Sex, Lies and TV: Censorship and Subtitling”, Meta n°49/1, 125-134.

     STEINER George, After Babel, 1998, Oxford: Oxford University Press.

     VIDALENC Jean-Louis, 2004, « ‘Four-letter words’ et évolution du lexique anglais », Cahiers de la
     recherche, Lille, Université Charles de Gaulle, n°31, 31-40.

     VINCE Jennifer, 1991, « Quelques néologismes à fonction euphémique en anglais contemporain
     britannique », Cahiers Charles V n°13, Travaux de linguistique énonciative, 181-192.

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AUTEURS
FRÉDÉRIQUE BRISSET
Frédérique Brisset, EA CECILLE, Université de Lille-SHS, France
Spécialiste de traduction et traductologie (anglais-français), Frédérique Brisset est docteure en
études anglophones de l’Université Sorbonne Nouvelle et Maîtresse de Conférences honoraire à
l’Université de Lille. Elle mène des recherches en traduction audiovisuelle, lexicologie
contrastive, stylistique et herméneutique de la traduction. Ses derniers travaux portent sur la
place de l’interculturalité en doublage audiovisuel (in Insights into Audiovisual and Comic
Translation, Univ. de Cordoue, 2019), le traitement traductif de l’onomastique politique au cinéma
(Al-Kīmīya, n°16, Univ. St Joseph, Beyrouth, 2019) et la traduction des emprunts et de l’argot dans
les comédies de gangsters (in Traduire la criminalité, perspectives traductologiques et discursives,
Villeneuve d’Ascq, Presses du Septentrion, 2020).

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