L'Amérique Latine est- elle condamnée aux politiques néolibérales ? 2018/09 - Sireas
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2018/09 L’Amérique Latine est- elle condamnée aux politiques néolibérales ? Pascal De Gendt Analyses & Études Politique internationale Siréas asbl
2018/09 L’Amérique Latine est- elle condamnée aux politiques néolibérales ? par Pascal De Gendt Analyses Analyses & & Études Études Politique 3 Politique internationale internationale Siréas asbl
Nos analyses et études, publiées dans le cadre de l’Education permanente, sont rédigées à partir de recherches menées par le Comité de rédaction de SIREAS.. Les questions traitées sont choisies en fonction des thèmes qui in- téressent notre public et développées avec professionnalisme tout en ayant le souci de rendre les textes accessibles à l’ensemble de notre public. Éditeur responsable : Mohamed Ben Abdelkader. Ces publications s’articulent autour de cinq thèmes Questions sociales Droits de l’Homme Migrations Politique Internationale Économie Toutes nos publications peuvent être consultées et téléchargées sur nos sites www.lesitinerrances.com et www.sireas.be, elles sont aussi disponibles en version papier sur simple demande à educationpermanente@sireas.be Siréas asbl Avec le soutien Service International de Recherche, de la Fédération d’Éducation et d’Action Sociale asbl Wallonie-Bruxelles Secteur Éducation Permanente Rue du Champ de Mars, 5 – 1050 Bruxelles Tél. : 02/274 15 50 – Fax : 02/274 15 58 educationpermanente@sireas.be www.lesitinerrances.com 4
A u début du XXIe siècle, l’Amérique latine semble vivre une mini- révolution. Au fur et à mesure des élections, les partis de gauche prennent le pouvoir et les pays sud-américains semblent renouer avec le bolivarisme. La parenthèse sera cependant de courte durée et, aujourd’hui, les élites conservatrices ont repris la main un peu partout. Cela signifie-t-il que le sous-continent est condamné, à cause notamment de sa situation géographique, à ne connaître que des politiques socio-économiques néolibérales ? Pourquoi les partis progressistes ont-ils échoué et que faut-il retirer de leurs expériences ? Ces questions, auxquelles nous allons tenter de répondre, résonnent à nos oreilles européennes puisque chez nous aussi les partis porteurs d’un espoir de changement (Syriza en Grèce, Podemos en Espagne,...), tout comme les mouvements sociaux ou citoyens, rencontrent de grandes difficultés à imposer un autre agenda politique et économique que celui dicté par les marchés financiers via la Commission européenne. Retournement de situation En 2018 et 2019, l’Amérique du Sud va connaître une vague d’élections présidentielles et/ou législatives. Les premiers résultats sont déjà connus. Au Paraguay, c’est le conservateur Mario Benítez qui succèdera le 15 août prochain à Horacio Cartes, membre comme lui du Parti Colorado (droite). Au Venezuela, le Parti Socialiste Unifié garde le pouvoir avec la réélection, fortement contestée, de Nicolas Maduro. Enfin, en Colombie, Iván Duque a consacré la victoire du Centre Démocratique, un nom inoffensif derrière 5
lequel on trouve la droite dure, celle qui soutient les intérêts des grands propriétaires fonciers et s’oppose au traité de paix signé avec les FARC. Il est à noter que la Colombie est un des rares pays du sous-continent à n’avoir pas connu de gouvernements progressistes ces dix dernières années. En 2018, les électeurs doivent encore se prononcer au Mexique. Le favori des élections est le centre-gauche mais la violence que font régner les cartels de la drogue, et le ras-le-bol de la population vis-à-vis des affaires de corruption touchant le personnel politique, rendent quelque peu imprévisible l’issue du scrutin. Au Brésil, ce n’est pas mieux puisque le favori de l’élection présidentielle d’octobre n’est autre que l’ex-président Lula qui se trouve en prison suite à sa condamnation pour corruption passive et blanchiment d’argent. Il utilise cependant tous les recours possibles pour tenter de retrouver sa liberté (1). S’il échoue, la victoire pourrait revenir à Jair Bolsonaro (Social-Chrétien), un homme connu pour ses prises de position très conservatrices (2). En 2019, c’est en Argentine, en Bolivie et en Uruguay que les électeurs seront appelés aux urnes. Les résultats de cette longue séquence électorale confirmeront-ils que le sous-continent a tourné la page du grand virage à gauche connu au début de ce XXIe siècle ? Alors que, durant les années 90, la plupart des gouvernements se situaient, sur l’échiquier politique traditionnel, du centre-droit à la droite dure, les partis progressistes ont engrangé les victoires. Ce mouvement qui avait commencé en 1999, avec l’arrivée d’Hugo Chávez à la présidence du Venezuela, atteint son apogée, à la mi-2008, lors de la victoire de l’Alliance patriotique pour le changement au Paraguay. À ce moment, des partis ou coalitions étiquetés à gauche se retrouvent au pouvoir en Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Équateur, Paraguay, Pérou, Uruguay et Venezuela. En Amérique centrale, et dans les Caraïbes, c’est également le cas du Nicaragua, du Salvador, du Honduras, du Guatemala et de la République dominicaine. La plupart de ces pays en profitent pour s’émanciper géopolitiquement de la tutelle américaine et pour tenter de rééquilibrer la répartition des richesses dans des sociétés marquées par de fortes inégalités entre les capitaines d’industrie et les grands propriétaires terriens et le reste de la population. Malgré la diversité de positionnement des différentes formations progressistes, on peut distinguer une sorte d’agenda commun centré sur la remise en question du néolibéralisme, l’intervention de l’État comme agent de régulation dans les matières économiques et sociales, la priorité accordée à la justice sociale et la lutte contre la pauvreté. Il y a également une volonté d’intégration régionale avec la création de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), en 2008, et celle de la Communauté des s États latino-américains et caribéens (Celac) en 2010 (3). 6
Moins de dix ans plus tard, il ne reste que trois gouvernements de gauche en Amérique du Sud : Venezuela, Bolivie et Uruguay. Et encore, les dérives autoritaires du pouvoir dans les deux premiers pays cités alimentent une forte contestation qui les fragilise. Partout ailleurs, la droite est de retour au gouvernement et bien décidée à revenir sur les avancées sociales amenées par les progressistes. Après le beau temps, la pluie Comment expliquer cet échec de la gauche latino-américaine ? La première raison est économique. Arrivés au pouvoir, les partis et mouvements progressistes ont pu profiter de la hausse du prix de vente des matières premières dont ces pays regorgent, et de la forte demande chinoise, pour concilier croissance économique et financement de programmes sociaux et d’infrastructures publiques. Lorsqu’à partir de 2010, les prix redescendent et que l’économie chinoise marque un peu le coup, les États ne peuvent plus assurer l’aspect redistributif de leurs politiques. Dans un témoignage livré au mensuel « Le Monde Diplomatique », l’ex- président de l’Équateur, Rafael Correa, explique dans quelle situation s’est retrouvé son pays : « Les chocs externes qui nous ont bousculés en 2015-2016 n’ont pas de précédent dans l’histoire contemporaine de notre pays. Pour la première fois, en trente ans, nous avons connu une chute des exportations deux années de suite, soit une perte équivalant à 10% de notre production annuelle. En 2016, la valeur de nos exportations atteignait tout juste 64% du montant enregistré deux ans plus tôt. Au premier trimestre de la même année, le prix du baril de pétrole équatorien enfonçait le plancher des 20 dollars, un chiffre qui ne permet pas de couvrir les coûts de production. » (4) Finalement, le gouvernement équatorien devra consacrer 1,6 milliards de dollars à sauver les sociétés pétrolières proches de la banqueroute. Tout cela alors que les mauvaises nouvelles ne cessent de s’accumuler : le dollar, monnaie utilisée depuis l’an 2000 en Équateur, ne cesse de monter alors que la monnaie colombienne se déprécie à la vitesse de l’éclair. Résultat : les exportations de ce grand voisin sont plus compétitives. Des sociétés pétrolières américaines, Oxy et Chevron, intentent une action devant des tribunaux d’arbitrage commerciaux à l’encontre du gouvernement équatorien. Le jugement le contraint à verser des indemnités dont le total représente 1% du PIB équatorien. Le 16 avril 2016 , un tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter entraîne des centaines de victimes et provoque des pertes équivalentes à 3% du PIB ainsi qu’une baisse de la croissance de 0,7%. À propos de croissance, alors qu’elle était 7
de 4% en 2014, elle descend à -1,5% en 2016 (4). Et tous les pays de la région connaissent le même type de crise. Même le Brésil pourtant considéré comme un futur géant économique mondial. Selon les chiffres du Centre des politiques sociales de la Fondation Getúlio-Vargas, le taux de pauvreté du pays qui était tombé à 8,4% en 2014 est remonté à 11,2% en deux ans (5). Derrière les chiffres se cachent 5,9 millions de personnes qui sont passées en- dessous du seuil de pauvreté en deux ans, dont beaucoup de « très pauvres ». En moins, de trois ans, le taux de chômage (12,8% en 2016) a presque doublé et pour 40% des demandeurs d’emploi, il s’agit de chômage de longue durée. Les erreurs de la gauche La crise économique qui touche le continent révèle également les erreurs commises par les partis ou coalitions progressistes lorsqu’ils détenaient le pouvoir. Focalisés sur le financement de programmes sociaux coûteux, les différents gouvernements n’ont pas saisi l’occasion de réfléchir à un autre modèle économique que l’extractivisme. Ils ont même renforcé celui-ci. l’extractivisme étant « un mode d’accumulation basé sur la surexploitation des ressources naturelles, non ou peu transformées, et destinées principalement à l’exportation. En ce sens, il comprend l’extraction minière aussi bien que la production de pétrole et les monocultures de soja » (6). Le principal inconvénient de ce système est la dépendance vis-à-vis de ressources naturelles qui connaissent des fluctuations de prix que contrôlent très peu les États. Cet extractivisme freine la diversification de l’économie et, de plus, reproduit un schéma colonial en faisant de l’Amérique du Sud, une région où les puissances économiques peuvent venir puiser des ressources naturelles en échange de produits manufacturés (6). La très grande majorité des revenus économiques du Venezuela provient ainsi du pétrole. En échange de celui-ci, le pays importe tout, même le savoir-faire. Les entreprises du bâtiment, un secteur qui fut prospère sous la présidence de Chávez, étaient, par exemple, chinoises ou irakiennes. Le pays n’a jamais pris la peine de développer son propre secteur du bâtiment qui aurait pu devenir un fournisseur d’emploi et un moteur de l’économie (7). En misant uniquement sur l’extractivisme, les progressistes s’obligeaient à collaborer avec les élites économiques et financières, 8
cette oligarchie qu’ils avaient pourtant souvent dénoncée. Cela s’est vu au Brésil ou le Parti des Travailleurs (PT) a adouci son programme et fait des compromis avec les conservateurs lorsqu’il avait besoin du soutien du Parlement. Même schéma en Argentine où les différents gouvernements Kirchner ont tenté de ménager la chèvre et le chou en mettant sur pied des politiques de redistribution sociale tout en veillant à ne pas toucher aux sources du pouvoir de l’oligarchie nationale (8). Les différents gouvernements n’ont pas profité de leur pouvoir pour entreprendre de grandes réformes fiscales qui, par exemple, auraient davantage mis à contribution les secteurs économiques les plus puissants. Les gouvernements progressistes se sont également faits piéger en n’anticipant pas les résultats de leurs politiques sociales. En réduisant les inégalités, ils ont contribué à l’émergence d’une classe moyenne. Bien souvent, celle-ci est influencée par le mode de vie occidental, ou du moins ce qu’elle en perçoit, et modèle ses exigences en fonction de celui-ci. En l’absence d’un discours des pouvoirs en place s’adressant spécifiquement à elle, cette classe moyenne s’est montrée plus réceptive à la communication des opposants de droite. Et lorsque la crise s’est installée cette partie de la population a suivi les élites économiques qui soulignaient l’échec de la politique des partis de gauche. D’autant que les chefs de file de ce mouvement progressiste (Lula, Chávez, les époux Kirchner, Mugica,...), qui savaient parler aux médias et aux foules, ont attiré à eux toute la lumière et que leurs successeurs ne sont pas arrivés à tenir la comparaison (9). Enfin, alors que les partis et mouvements progressistes représentaient, entre autres, l’espoir d’en finir avec des systèmes politiques clientélistes et corrompus, ils n’ont pu échapper à leur lot d’affaires. Et chaque cas de corruption révélé fut donc l’occasion pour les opposants de démontrer que les gouvernements de gauche ne sont pas plus moraux que les autres, voire même qu’ils sont pires. Le rôle de la presse La fin des bons résultats économiques couplée aux scandales de corruption ont offert à la droite sud-américaine l’opportunité de se refaire une santé. D’autant qu’elle a pu compter sur la presse, dont les grands titres appartiennent généralement à des groupes industriels puissants, pour l’aider à discréditer les gouvernements progressistes. Acquis au néo-libéralisme, les journaux importants ont ainsi contribué à forger l’opinion à l’intérieur des pays sud-américains, mais aussi à l’extérieur. En effet, de notre côté de 9
l’océan, quand ils veulent parler de la politique sud-américaine, les grands quotidiens relaient les titres locaux les plus célèbres. Ou alors font confiance à leur correspondant local, quand ils en ont encore un, ou aux grandes agences de presse (AP, Reuters, AFP,...) qui, le plus souvent, puisent leurs informations à la même source : la presse locale. Consciemment ou pas, cette presse a participé à des opérations de mise sous pression, voire de déstabilisation de gouvernements. Notamment en adoptant des éléments de langage qui dictent la perception des événements. Ainsi les manifestations de protestation ont rarement été présentées comme provenant d’opposants de droite, mais plutôt comme des mouvements issus de la société civile. Une sorte d’expression magique qui peut faire croire à une sorte de manifestation d’un ras-le-bol général dénué de toute arrière- pensée politique. L’ennemi public numéro un Le cas du Venezuela de Chávez est exemplatif. C’est peu dire que le chef d’État vénézuélien dérangeait avec sa politique de (re)nationalisation dans les secteurs du pétrole, des télécoms et de l’électricité, ses discours férocement anti-impérialistes et ses rapprochements avec ceux faisant figure de « grands méchants » aux yeux de l’opinion publique occidentale (l’Iranien Mahmoud Ahmadinejad, le Libyen Mouammar Kadhafi, le Cubain Fidel Castro,...). Le succès de sa lutte contre la pauvreté et de ses campagnes d’alphabétisation, l’adoption d’une Constitution redonnant une partie du pouvoir de décision au peuple ou encore la redistribution de trois millions d’hectares de terres aux paysans ont, par contre, été beaucoup moins commentés. Après son décès, des suites d’un cancer en 2013, une partie des commentateurs européens dressait un constat selon lequel il y avait eu un désir de noircir ses années de présidence. Il est vrai que tout n’avait pas été rose et qu’il y avait des dérives à pointer dans la manière dont il avait personnalisé le pouvoir et traité les opinions dissidentes. Mais il est tout aussi vrai que son statut de chef de file des opposants aux politiques néolibérales en avait fait le nouvel héros de tous ceux qui, au Nord comme au Sud, militaient pour un autre monde. Il était donc devenu l’homme à abattre et durant ses quatorze ans de présidence, il a dû vivre non seulement avec des campagnes de calomnies, mais aussi avec des tentatives d’attentats ou de coups d’État (10). La plus célèbre eût lieu en 2002. Elle débute par un conflit social alors que l’État tente de renforcer son contrôle sur la compagnie pétrolière publique 10
(PDVSA). Durant plusieurs mois, le bras de fer entre les deux parties est intense. Et les principaux journaux du pays n’hésitent pas à en rajouter une couche en qualifiant Chávez et son gouvernement de « talibans » ou de « terroristes » (11). En avril 2002, une grève des travailleurs de la compagnie pétrolière se transforme en grève générale de plusieurs jours soutenue à la fois par la Confédération des travailleurs du Venezuela et la principale fédération patronale. Le 11 avril, une manifestation d’opposants à Chávez est détournée vers le palais présidentiel où elle se heure à une manifestation pro-Chávez. Des affrontements violents ont lieu, des coups de feu sont tirés : il y a plusieurs morts et des dizaines de blessés. Accusé d’avoir envoyé des milices pour tirer sur l’opposition, le président est destitué par des militaires et les clés du palais présidentiel sont remises au patron des patrons, Pedro Carmona. Le nouveau gouvernement est très vite reconnu par les États-Unis et l’Espagne. Qui doivent tout aussi rapidement se rétracter puisqu’après 47 heures, Hugo Chávez retrouve la liberté et la présidence. Les putschistes doivent, en effet, constater leur défaite lorsqu’une partie de l’armée restée fidèle reprend le palais présidentiel sur fond de mobilisation populaire. Le comportement partisan de la presse nationale, dans le conditionnement des opposants avant le putsch, mais aussi durant celui-ci, a été souligné. Seules les déclarations et actions des anti-Chávez ont été relayées tandis que les images diffusées étaient montées de manière particulièrement défavorables au camp du président. Tout laissait croire à une mobilisation populaire anti-Chávez réprimée dans le sang alors que c’était loin d’être la vérité (11). Différentes méthodes pour reprendre le pouvoir D’autres exemples démontrent qu’à l’époque, les gouvernements de plusieurs pays sud-américains ont dû faire face à des tentatives de déstabilisation dont certaines ont été couronnées de succès. Au Paraguay, le 15 juin 2012, une intervention policière contre des paysans occupant les terres d’un grand propriétaire se termine en fusillade : onze « sans-terres » et six policiers sont tués. Les paysans sont accusés d’avoir tendu une embuscade. Le 22 juin, le Sénat destitue le président Fernando Lugo estimant que sa politique a attisé la violence contre les propriétaires terriens et qu’il n’a pas su gérer la crise du 15 juin (12). Une enquête d’un dirigeant paysan, Vidal Vega, affirmera que la fusillade a été déclenchée par des « infiltrés » qui ont tiré à la fois sur les policiers et les « sans-terres ». Il sera assassiné le 1er décembre 2012 par deux hommes masqués (11). 11
Autre exemple : au Honduras, le 28 juin 2009, le Parlement discute de la destitution du président Manuel Zelaya. Alors qu’il voulait organiser une consultation populaire sur l’opportunité de convoquer une Assemblée nationale constituante, il est accusé de vouloir violer la Constitution pour pouvoir se faire réélire. La Cour Suprême n’attend pas la décision des députés et ordonne son arrestation. Des militaires le capturent et le font monter dans un avion à destination du Costa Rica. Le général putschiste remet le pouvoir au président du Congrès Roberto Micheletti (11). Une manœuvre qui permet d’éviter l’image d’un militaire prenant le pouvoir. Ce qui en d’autres temps aurait été nommé « gouvernement putschiste » est donc immédiatement qualifié, de manière beaucoup plus rassurante pour l’opinion publique internationale, de « gouvernement de transition en attendant de nouvelles élections ». Et le tour est joué. Le coup d’État parlementaire L’exemple hondurien porte en lui les prémisses de ce que les partisans de l’ex-présidente brésilienne Dilma Rousseff nommeront « coup d’État parlementaire ». En 2015, l’ex-cheffe de cabinet de Lula, élue pour un deuxième mandat de présidente du Brésil l’année précédente, est accusée de s’être rendue coupable d’un « crime de responsabilité » pour avoir utilisé un mécanisme appelé « pédalage fiscal ». Il s’agit d’un recours passager à l’emprunt auprès de banques publiques pour financer certaines dépenses. Ce qui permet de reporter leur enregistrement dans les comptes publics (13). L’objectif était d’embellir ceux-ci avant les élections de 2014. Elle est également accusée d’avoir procédé à des dépenses non prévues dans la loi de financement sans avoir demandé l’autorisation du Parlement. Selon ses accusateurs, il s’agit d’un motif de destitution prévu par la Constitution. La présidente brésilienne refuse cependant de démissionner. Le 2 décembre 2015, après des mois de tergiversations, le président de la Chambre brésilienne, Eduardo Cunha, lance une procédure de destitution à son encontre. Le 12 mai 2016, la procédure franchit une étape décisive lorsque le Sénat vote en faveur du rapport préconisant l’ouverture d’un procès en destitution. Dilma Rousseff est suspendue de ses fonctions en attendant le verdict et le vice-président Michel Temer (Parti du Mouvement Démocratique Brésilien, centre-droit) assure l’intérim. Le procès se tient du 25 au 31 août 2016 et se conclut par la destitution de la présidente. M. Temer devient officiellement le nouveau président du Brésil jusqu’au 1er janvier 2019, date à laquelle il cédera sa place au vainqueur des élections d’octobre prochain. À moins que d’ici là, il ne soit rattrapé par l’immense scandale de corruption Petrobas, dans lequel il est cité, et forcé de démissionner. Nous y reviendrons. 12
Mais, pour le moment, restons en compagnie de Dilma Rousseff qui, depuis le début de la procédure de destitution, dénonce un « coup d’État parlementaire ». Selon elle, et ses partisans, les deux Chambres ont outrepassé leurs droits en entamant les démarches de destitution pour des manœuvres fiscales qu’elle n’était pas la première à utiliser. Elle se battra donc juridiquement à chaque étape de la procédure mais, invariablement, Parlement et Sénat voteront en faveur de sa continuation. Composition et fonctionnement du Parlement Pour comprendre les accusations de l’ex-présidente, il faut se pencher sur la manière dont fonctionne le Parlement et le Sénat au Brésil. Selon le site « Congresso Em Foco », dédié à l’actualité du pouvoir législatif brésilien, le profil-type d’un parlementaire est celui « d’un homme blanc, d’une cinquantaine d’années, titulaire d’un diplôme universitaire, chef d’entreprise et détenteur d’un patrimoine supérieur à 1 million de reals (environ 250.000€). » (14) Il y a 513 sièges à pourvoir en tout. La répartition entre les 26 États et le district fédéral de Brasilia se fait proportionnellement à la population, mais avec des limites puisqu’un État ne peut envoyer qu’entre huit et septante élus au Parlement. Le Sénat est, pour sa part, composé de trois élus par États (13). Les petits États sont donc sur-représentés, ce qui favorise leurs personnalités locales. Conscients de leur pouvoir électoral, ces politiciens n’hésitent pas à marchander leur adhésion aux formations politiques dont ils changent au gré de leurs intérêts. Ce système explique également la présence régulière sur les listes d’attrape- voix comme des ex-footballeurs, des vedettes de la télévision, des pasteurs télé-évangélistes, etc... À titre d’exemple, en 2010, le député fédéral ayant reçu le plus de voix (1,3 millions) était le clown Tiririca, sans expérience politique, mais très populaire. Grâce au système électoral, que nous ne détaillerons pas ici, il a permis à 24 candidats de sa liste de coalition d’entrer au Parlement. Une autre catégorie plébiscitée est celle des membres de la famille de politiciens connus. Selon le Département intersyndical de conseil parlementaire, 211 parlementaires doivent leurs élections à leurs liens de parenté (14). En facilitant, la formation de véritables dynasties, le système rend difficile le renouvellement du personnel politique. On comprend mieux l’incessante bataille entre les chambres élues et les présidents Lula et Rousseff issus d’un parti dont les élites politiques, et économiques, ne voulaient pas. 13
L’absence de seuil planché de voix pour qu’une formation puisse être représentée amène une multiplication des partis. Actuellement, ils sont 25 au Parlement. Tous les membres du gouvernement sont issus de la même formation, le PMDB du président Temer, qui peut compter sur le soutien d’une coalition de 14 formations. Soit autant de partis dont il faut s’assurer les bonnes grâces en multipliant les négociations et les compromis. Lors de son deuxième mandat alors que, notamment à cause de la crise, l’impopularité de Dilma Rousseff atteignait des records, la présidente a dû chercher le soutien de forces plus conservatrices que le Parti des Travailleurs. Elle a alors mis sur pied une politique d’austérité qui lui a fait perdre le soutien des mouvements sociaux et des syndicats. Isolée, elle est devenue une proie facile pour les lobbies qui se constituent sur le banc des parlementaires. En effet, les groupements d’intérêts entre députés ont peu-à-peu remplacé l’appartenance à une formation politique. Le lobby des députés veillant à l’intérêt du complexe agro-industriel et celui des chefs d’entreprise sont particulièrement puissants (14). Ainsi, ceux que les observateurs de la politique brésilienne appellent les « 4 B », pour balles (secteur de l’armement), bible (évangélistes), bœufs (agro-business) et banques (finance), se sont unis pour faire tomber la présidente (15). Lula tombe de son piédestal En 2015, ces différents opposants au PT ont donc jugé que tout était en place pour reprendre le pouvoir. D’autant que l’aura de l’ex-président Lula était fameusement ternie par l’éclatement du scandale Petrobas, la grande entreprise pétrolière appartenant à l’État. Elle commandait des chantiers à des entreprises du bâtiment et surévaluait leurs coûts. La différence entre le prix surévalué annoncé par Petrobas, et donc déboursé par les caisses de l’État, et son coût réel était transformée en pots-de-vin distribués à différents partis et personnalités politiques. La police évalue à 12,7 milliards d’euros le montant détourné tandis que, durant l’enquête, plusieurs dizaines de députés, sénateurs et ex-ministres ont été cités tout comme trois ex- présidents (Mme. Rousseff, M. Lula et M. Cardoso) et le président actuel (M. Temer) (16). Un des points forts de l’enquête sera la première inculpation de Lula en mars 2016. Et la procédure, qui mènera à son procès, sa condamnation et son envoi en prison, constituera un feuilleton médiatique se déroulant en même temps que celui entourant la destitution de Dilma Rousseff. Une séquence particulièrement destructrice pour leur parti commun. D’autant qu’une fois de plus, la presse jouera son rôle en couvrant largement les 14
manifestations où se mêlaient les demandes de départ de la présidente et les slogans réclamant l’incarcération de Lula, tandis que les manifestations pro- Rousseff et Lula sont ignorées ou tournées en ridicule (13). Dans la presse internationale, cela se traduit par l’image d’un peuple qui se soulève contre ses anciens héros qui l’ont trompé. Un sondage du « Folha de Sao Paulo », l’un des journaux les plus importants du pays, donne une autre image. Il révèle que les protestataires anti-PT sont essentiellement des Brésiliens blancs, détenteurs d’un diplôme de l’enseignement supérieur et disposant de revenus moyens, hauts ou très élevés. Mais cela n’est par contre pas relayé (13). Tout comme, dans un premier temps, les implications présumées de Eduardo Cunha, président du Parlement, et Michel Temer, vice-président du pays, dans le scandale Petrobas sont tues. De même que les inculpations pour différents délits, dont celui de corruption, de 36 des 38 membres de la commission de destitution ayant voté pour le déclenchement de la procédure visant Mme. Rousseff (13). Les effets du retour de la droite La stratégie pour mettre à bas le Parti des Travailleurs (PT) a fonctionné à merveille puisque depuis le 31 août 2016, les forces conservatrices ont repris le destin du Brésil en mains. Et les effets de ce nouveau changement de cap n’ont pas tardé à se faire sentir. Si Dilma Rousseff s’était déjà engagée sur la voie de la politique d’austérité, Michel Temer l’a nettement approfondie. Au menu notamment, le gel des dépenses publiques jusqu’en 2038, consacré par un amendement constitutionnel. Une mesure qui risque de « condamner toute une génération future à une protection sociale très inférieure à l’actuelle », selon Philip Alston, rapporteur spécial de l’ONU pour l’extrême pauvreté et les droits de l’homme (17). Michel Temer a lancé une thérapie de choc : privatisations (57 actifs mis en vente), réformes économiques et surtout gel de la dépense publique jusqu’en 2038, via un amendement constitutionnel adopté en décembre. Une mesure «radicale et sans compassion» qui risque de «condamner toute une génération future à une protection sociale très inférieure à l’actuelle», selon le même Philip Alston. Une mesure emblématique comme la Bolsa Familia (bourse familiale), une sorte de petit revenu de base pour les familles les plus pauvres, instauré par Lula et conditionné à des obligations éducatives et médicales, n’a pas échappé à cette cure radicale. Son budget n’a pas pu 15
bénéficier d’une majoration et le nombre de bénéficiaires est en net recul après une chasse aux soi-disants fraudeurs. Pourtant, même un organisme comme la Banque Mondiale, a reconnu l’utilité de ce dispositif dans la lutte contre la pauvreté extrême et recommandé son extension vu la crise sociale au Brésil. Privatisations à gogo, réforme du code du travail pour accroître la flexibilité, projet de réforme des retraites qui conduirait une partie de la population à être privée de pension, restriction de la définition du « travail esclave » : c’est une véritable guerre-éclair néolibérale contre certains acquis sociaux qu’a mené le gouvernement Tremer. Résultat : entre 2016 et 2017, le nombre de Brésiliens vivant dans une extrême pauvreté est passé de 13,34 millions à 14,83 millions, une augmentation de 11,2% (18). Le grand bond en arrière Les alliés conservateurs du président, notamment les grands propriétaires terriens, ont pu constater avec plaisir que le nouveau gouvernement mettait un zèle tout particulier à démanteler ce que les gouvernements travaillistes avaient mis en place pour tenter de contenir leurs actions socialement et écologiquement destructrices. Les coupes budgétaires ont ainsi fortement affaibli les organismes environnementaux et les institutions d’appui et de défense des secteurs ruraux populaires. Par exemple, l’ « Entente agraire », un organe de concertation chargé de résoudre les conflits fonciers a été supprimé. Tandis que le ministère du développement social et agraire, qui menait des politiques favorables aux petits agriculteurs, a été transformé en deux secrétariats d’État sous tutelle directe de la présidence (19). Comme un symbole de ce retour à la situation pré-Lula, le ministre de l’Agriculture est Blairo Maggi, propriétaire d’Amaggi, premier producteur mondial de soja. Rien d’étonnant donc à ce que les réglementations environnementales pour l’agriculture (pesticides, OGM,...) aient été supprimées et qu’une série de nouvelles lois sabotant la réforme agraire aient été adoptées (18). Parmi celles-ci, une disposition prévoit la régularisation des terres illégalement acquises à un prix bien inférieur au marché, ce qui rend légal une pratique historique des grands propriétaires. Une autre loi permet aux compagnies étrangères d’acquérir des terres sans limitation. Une série de ristournes fiscales et de réductions de dette sont également au programme. Et cerise sur le gâteau : le gouvernement Tremer planche sur une réforme constitutionnelle qui changerait les règles d’octroi des terres des Indiens et communautés de descendants d’esclave. Celles-ci sont généralement considérées comme des entraves par les grands exploitants. Et puisque tout semble permis pour les « ruralistes », ceux-ci ne se privent pas pour utiliser tous les moyens possibles pour arriver à leurs fins 16
et supprimer les obstacles sur leur route. La violence fait partie de leur panel comme l’ont prouvé les coups de feu tirés contre la caravane électorale de Lula en mars dernier ou les fouets en cuir, symbole de l’esclavage, utilisés pour frapper les paysans sans-terre qui attendaient son passage (20). De manière générale, la violence à l’encontre des personnalités de gauche et des mouvements sociaux est de nouveau de mise. L’assassinat de Marielle Franco, jeune conseillère municipale de gauche de Rio, le 14 mars 2018 a frappé l’opinion. Mais il n’est que le sommet d’un iceberg de sang qui concerne surtout les mouvements liés aux paysans sans-terres au nombre d’environ quatre millions dans le pays. Selon la Commission pastorale de la Terre (CPT), 70 militants sociaux ont été assassinés en 2017, une année record, et 52 de ces morts étaient liées à un conflit pour la terre (20). Dans certains États, on assiste à une alliance entre les grands propriétaires terriens et la police. Le 24 mai 2017, par exemple, dix paysans appartenant à la « Ligue des paysans pauvres » ont été torturés puis exécutés suite à l’occupation d’une propriété terrienne. Après enquête, 29 policiers ont été inculpés pour ces faits (20). En d’autres lieux, il a été constaté que des policiers vendaient leurs services à des raffineries ou des compagnies minières. Ces pratiques hors-la-loi avaient pourtant diminué. C’est donc bien d’un grand retour en arrière dans le temps qu’il faut parler. L’exemple argentin Un constat presque similaire, la violence extrême en moins, peut être dressé pour l’autre géant de la région. Depuis le 10 décembre 2015, l’Argentine a tourné la page du péronisme en élisant à la présidence Mauricio Macri, membre de « Proposition républicaine », une alliance des partis de droite. « Il s’est lancé aussitôt dans une politique de choc aux allures revanchardes : démantèlement des mesures prises par le gouvernement précédent (sur les médias, les coopératives, etc.), harcèlement ou emprisonnement arbitraire de militants en vue (comme Milagro Sala, dans la province de Jujuy), suppression des taxes aux exportations agricoles (pour favoriser l’agrobusiness), suppression de postes administratifs dans la fonction publique (perte de plus de 100.000 emplois), hausse des tarifs de l’électricité, de l’eau et surtout du gaz (jusqu’à 700 % dans certains cas), levée du contrôle des changes et dévaluation du peso argentin » (9) Au niveau international, il a également signifié le retour de son pays dans le giron du néolibéralisme en donnant des gages de soumission aux marchés 17
financiers, en remboursant notamment les fonds vautours à hauteur de 1,3 milliards de dollars1. « There is no Alternative » pour l’Amérique latine ? Outre leur fonction, quel est le point commun entre Martin Alberto Vizcarra (président du Pérou), son prédécesseur Pedro Pablo Kuczynski, Juan Carlo Varela (président du Panama), son prédécesseur Ricardo Matrinelli, Vincente Fox (président du Mexique de 2000 à 2006), Sebastián Piñera (président du Chili), Mauricio Macri (président de l’Argentine) et Horacio Cartes (président du Paraguay) ? Tous ces chefs d’État sont des patrons d’entreprise (21). En retrouver autant à occuper les plus hautes fonctions est inédit en Amérique du Sud et l’une des meilleures manières de démontrer que les élites économiques et financières ont repris le pouvoir. Cette analyse a été poussée plus loin par des chercheurs de l’université de la République, à Montevideo (Uruguay). En décortiquant le CV des parlementaires dans huit pays (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Mexique, Pérou, Salvador et Uruguay) pour la période 2010-2017, ils ont découvert que 23% des 801 députés avaient été chefs ou hauts cadres d’entreprise, grands propriétaires terriens ou commerçants avant d’être élus. Une surreprésentation énorme par rapport à la population totale de ces États. Faut-il en conclure qu’il n’y a pas d’autres voies (« There is no alternative », selon la célèbre formule de Margaret Tatcher) que le néolibéralisme pour l’Amérique du Sud ? Que sa situation géographique l’empêche d’être autre chose que l’arrière-cour de l’empire étasunien ? Nous avons vu plus haut que la politique menée par les partis progressistes n’a pas été une véritable révolution parce qu’ils ne pouvaient pas, dans un laps de temps aussi court, bouleverser les structures politiques et économiques des pays d’Amérique du Sud. Cette période n’a pourtant pas été vaine. Certains pays ont connu de vraies avancées sociales et le taux de pauvreté a reculé sur tout le sous-continent. Selon la Commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes, un organe des Nations-Unies, entre 2002 et 2011, 54 millions de Sud-Américains sont sortis de la pauvreté (6). On l’a écrit ci-dessus : les conservateurs ont démantelé les dispositifs sociaux mis en place lorsqu’ils ont repris le pouvoir et les chiffres de la pauvreté sont 1 Lire à ce propos notre analyse « Fonds vautours : l’Argentine punie pour insoumission ? ». Disponible sur : http://www.lesitinerrances.com/images/stories/analyse2014/int/2014-09int. pdf 18
remontés. On peut toutefois espérer qu’ils resteront en-dessous de ceux connus durant les années ‘90. Et il est certain que les mouvements sociaux se mobiliseront pour que ce soit le cas. C’est un autre enseignement : si à un moment donné les partis progressistes ont pu prendre le dessus, malgré de nombreux obstacles, c’est parce qu’ils ont pu s’appuyer sur des mouvements pour mettre leurs thèmes de prédilection à l’agenda politique : lutte contre la pauvreté, contre l’accaparement des terres, contre la destruction des biens naturels, contre les conditions de travail inhumaines,... Et ces mêmes mouvements n’ont d’ailleurs pas hésité à faire entendre leur désaccord lorsque les gouvernements progressistes prenaient des mesures qui ne leur plaisaient pas. C’est toute une génération qui a ainsi appris à protester, à s’émanciper et à cultiver des valeurs opposées au conservatisme (8). L’héritage de la parenthèse politique progressiste n’est pas qu’un état d’esprit, c’est aussi une série d’acquis et d’expériences qui subsistent : entreprises récupérées par les travailleurs, expériences d’autogestion, médias communautaires, organisations coopératives, expériences d’agro-écologie,... (22) Soit autant de manière d’envisager la construction d’un monde différent qui font écho à des expériences similaires menées de notre côté de l’océan. Il existe encore là-bas de nombreux interlocuteurs avec qui nos mouvements sociaux et citoyens européens peuvent échanger.pour se nourrir de leurs idées, mais aussi s’inspirer d’un optimisme qui leur fut bien nécessaire lorsque tout un continent semblait condamné à vivre dans un système économique, financier et politique prédateur et destructeur, non seulement de ressources naturelles, mais aussi d’humanité. Une situation qui, au vu de l’actualité de ces dernières années, ne semble pas être réservée à l’Amérique latine. 19
Bibliographie (1) Courrier International, « Au Brésil, Lula pourrait-il bientôt sortir de prison ? » (en ligne) c 2018. Consulté le 21/06/2018. Disponible sur : https://www.courrierinternational.com/article/au-bresil-lula-pourrait-il- bientot-sortir-de-prison (2) Slate, « Déçue par sa classe politique, l’Amérique latine se jette dans les bras des extrêmes » (en ligne) c 2018. Consulté le 11/06/2018. Disponible sur : http://www.slate.fr/story/157390/decue-par-sa-classe-politique- lamerique-latine-se-jette-dans-les-bras-des-extremes (3) CNCD 11.11.11, « Fin de virage à gauche pour l’Amérique latine » (en ligne) c 2016. Consulté le 11/06/2018. Disponible sur : https://www. cncd.be/Fin-de-virage-a-gauche-pour-l (4) Le Monde Diplomatique, « Gouverner sous les bombes... médiatiques », n°767, février 2018, p.8 (5) Liberation, « Le Brésil « néolibéral » végète dans le marasme social » (en ligne) c 2017. Consulté le 12/06/2018. Disponible sur : http://www. liberation.fr/planete/2017/09/28/le-bresil-neoliberal-vegete-dans-le- marasme-social_1599639 (6) Cetri, « Fin de cycle, fin de partie ? Bilan du virage à gauche latino- américain » (en ligne) c 2017. Consulté le 12/06/2018. Disponible sur : https://www.cetri.be/Fin-de-cycle-fin-de-partie-Bilan?lang=fr (7) Libération, « Gauche au pouvoir : l’Amérique patine » (en ligne) c 2016. Consulté le 12/06/2018. Disponible sur : http://www.liberation.fr/ planete/2016/05/12/gauche-au-pouvoir-l-amerique-patine_1452265 (8) Cetri, « Amérique latine. Post-progressisme et horizons émancipateurs » (en ligne) c 2016. Consulté le 12/06/2018. Disponible sur : https://www.cetri.be/Amerique-latine-Post-progressisme?lang=fr (9) CADTM, « Amérique latine : retour en force de la droite et questions pour la gauche ! » (en ligne) c 2017. Consulté le 13/06/2018. Disponible sur : http://www.cadtm.org/Amerique-latine-retour-en-force-de 20
(10) Le Monde Diplomatique, « Hugo Chávez » (en ligne) c 2007. Consulté le 13/06/2018. Disponible sur : https://www.monde-diplomatique. fr/2007/08/RAMONET/15003 (11) Le Monde Diplomatique, « En Amérique Latine, l’ère des coups d’État en douce », n° 725, août 2014, p.16-17. (12) L’Obs, « Au Paraguay, la destitution de Fernando Lugo en cinq questions » (en ligne) c 2012. Consulté le 14/06/2018. Disponible sur : https:// www.nouvelobs.com/rue89/rue89-explicateur/20120626.RUE0895/au- paraguay-la-destitution-de-fernando-lugo-en-cinq-questions.html (13) Le Monde Diplomatique, « Printemps trompeur au Brésil », n°746, mai 2016, p.1 (14) Le Monde Diplomatique, « Au Brésil, « trois cent voleurs avec des titres de docteur » », n°740, novembre 2015, pp. 10-11 (15) Le Monde, « Brésil : Dilma Rousseff face à l’impeachment » (en ligne) c 2015. Consulté le 14/06/2018. Disponible sur : https://www. lemonde.fr/international/article/2015/10/12/bresil-dilma-rousseff-face-a- l-impeachment_4787736_3210.html (16) Le Monde, « Brésil : comprendre la condamnaion de Lula et le scandale Petrobas en 8 questions » (en ligne) c 2017. Consulté le 14/06/2018. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/07/13/ bresil-comprendre-la-condamnation-de-lula-et-le-scandale-petrobras-en- 8-questions_5160238_4355770.html (17) Libération, « Le Brésil « néolibéral » végète dans le marasme social » (en ligne) c 2017. Consulté le 15/06/2018. Disponible sur : http:// www.liberation.fr/planete/2017/09/28/le-bresil-neoliberal-vegete-dans-le- marasme-social_1599639 (18) Le Monde Diplomatique, « Aux petits soins pour les grands propriétaires terriens », n°770, mai 2018, p. 9 (19) Cetri, « Brésil : Le coup d’État des ruralistes » (en ligne) c 2017. Consulté le 15/06/2018. Disponible sur : https://www.cetri.be/Bresil-Le- coup-d-Etat-des?lang=fr 21
(20) Le Monde Dipomatique, « Retour de la violence politique au Brésil », n° 770, mai 2018, pp.8-9 (21) Le Monde Dipomatique, « Les patrons latino-américains prennent le pouvoir », n° 770, mai 2018, pp.8 (22) CADTM, « Amériques latines, entre reflux des progressismes et expériences alternatives » (en ligne) c 2017. Consulté le 15/06/2018. Disponible sur : http://www.cadtm.org/Ameriques-latines-entre-reflux- des 22
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Pascal De Gendt L’Amérique Latine est-elle condamnée aux politiques néolibérales ? Au début du XXIe siècle, l’Amérique latine semble vivre une mini- révolution. Au fur et à mesure des élections, les partis de gauche prennent le pouvoir et les pays sud-américains semblent renouer avec le bolivarisme. La parenthèse sera cependant de courte durée et, aujourd’hui, les élites conservatrices ont repris la main un peu partout. Cela signifie-t- il que le sous-continent est condamné, à cause notamment de sa situation géographique, à ne connaître que des politiques socio-économiques néolibérales ? Pourquoi les partis progressistes ont-ils échoué et que faut-il retirer de leurs expériences ? Ces questions, auxquelles nous allons tenter de répondre, résonnent à nos oreilles européennes puisque chez nous aussi les partis porteurs d’un espoir de changement (Syriza en Grèce, Podemos en Espagne,...), tout comme les mouvements sociaux ou citoyens, rencontrent de grandes difficultés à imposer un autre agenda politique et économique que celui dicté par les marchés financiers via la Commission européenne. Siréas asbl Avec le soutien de la Fédération Service International de Recherche, Wallonie-Bruxelles d’Éducation et d’Action Sociale asbl Secteur Éducation Permanente Rue du Champ de Mars, 5 – 1050 Bruxelles Tél. : 02/274 15 50 – Fax : 02/274 15 58 24 educationpermanente@sireas.be – www.lesitinerrances.com
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