Les traitements médicamenteux du cancer - Chimiothérapies et autres traitements Un guide de la Ligue contre le cancer pour les personnes touchées ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Les traitements médicamenteux du cancer Chimiothérapies et autres traitements Un guide de la Ligue contre le cancer pour les personnes touchées et leurs proches Les traitements médicamenteux du cancer 1
Les ligues contre le cancer en Suisse : proximité, soutien individuel, confidentialité et professionnalisme Vous et vos proches pouvez vous appuyer sur les activités de conseil et soutien proposées gratuitement près de chez vous. Près de 100 professionnels, répartis sur plus de 60 sites en Suisse, offrent un suivi individuel et confidentiel pendant et après la maladie. En parallèle, les ligues cantonales développent des actions de préven- tion auprès de la population. Objectif : diminuer les facteurs de risque qui prédisposent au développement de la maladie. Impressum Editrice PD Dr med. Ulf Petrausch, oncologie médicale, Ligue suisse contre le cancer immunologie et allergologie cliniques, Effingerstrasse 40, case postale, 3001 Berne Centre oncologique Zurich tél. 031 389 91 00, fax 031 389 91 60 PD Dr med., Dr phil. Martin Zweifel, chef de info@liguecancer.ch, www.liguecancer.ch clinique, clinique universitaire d’oncologie médicale, hôpital de l’Ile, Berne Traduction de l’allemand Cristina Martínez, Ligue suisse contre le Illustrations cancer, Berne p. 7 : Frank Geisler, illustrateur scientifique, Berlin Relecture scientifique p. 24 : Krebsinformationsdienst, Deutsches Gabriella Pidoux, Ligue suisse contre le Krebsforschungszentrum cancer, Berne pp. 35, 36 : Daniel Haldemann, graphiste, Révision Wil SG Jacques-Olivier Pidoux, Ligue suisse contre Photos le cancer, Berne Couverture : ImagePoint SA, Zurich 3 e édition en allemand pp. 4, 56 : Fotolia Responsables de projet p. 46 : Shutterstock Regula Schär, lic. phil., collaboratrice scien- pp. 38, 66 : ImagePoint SA, Zurich tifique Conception graphique Conseils scientifiques Wassmer Graphic Design, Zäziwil Cornelia Kern Fürer, experte en soins onco- Impression hématologie, Hôpital cantonal des Grisons, Merkur Druck SA, Langenthal Coire Dr med. Aurelius Omlin, clinique d’hémato- oncologie, hôpital cantonal de Saint-Gall Equipe soignante en oncologie, hôpital cantonal des Grisons, Coire Cette brochure est également disponible en allemand et en italien. © 2018, 2009, 1999, Ligue suisse contre le cancer, Berne | 3 e édition, revue et corrigée LSC | 9.2018 | 7000 F | 021101012111
Sommaire • Le contenu de cette brochure est vaste, raison pour laquelle nous vous conseillons de deman- der à un membre de l’équipe soignante de vous indiquer les chapitres qui vous concernent directement. Avant-propos 5 Les effets indésirables possibles 39 Qu’est-ce que le cancer ? 6 • Généralités 39 • Modifications de la Généralités sur le traitement 11 formule sanguine 42 La planification du traitement 11 • Fatigue liée au cancer 47 Les principes thérapeutiques 12 • Difficultés cognitives 48 Les médecines complé- • Nausées et vomissements 52 mentaires 16 • Constipation 54 La thérapie dans le cadre • Diarrhée 54 d’une étude clinique 16 • Perte d’appétit 55 • Bouche et gorge : inflam- Les traitements médicamen- mation des muqueuses 57 teux du cancer 18 • Chute de cheveux 60 • La chimiothérapie • Changements de la peau « classique » 18 et des ongles 62 • L’hormonothérapie 22 • Réactions neurologiques 65 • Les thérapies ciblées 23 • Troubles hormonaux, • L’immunothérapie 27 fécondité, sexualité 67 • Ostéoporose 70 Comment se déroule un Journal 71 traitement médicamenteux ? 31 • La perfusion 32 Le retour à la vie quotidienne 74 • Le cathéter à chambre im- plantable ou « port-à-cath » 34 Conseils et informations 76 • Le cathéter par voie périphérique 34 • Traitement intrathécal 36 • Chimiothérapie orale 36 Les traitements médicamenteux du cancer 3
Chère lectrice, cher lecteur, Dans le but de Pour les malades comme pour Élaborée pour vous et vos proches, simplifier la lecture, nous avons déli- leurs proches, un diagnostic de cette publication, tel est notre sou- bérément choisi le cancer représente un grand boule- hait, vous aidera à prendre des genre masculin pour versement. Du jour au lendemain, décisions en toute connaissance tous les termes la vie bascule. Passé le premier de cause, avec le soutien de votre susceptibles d’être utilisés aussi bien choc, les rendez-vous médicaux équipe médicale. Des informa- au féminin qu’au se succèdent, vous devez enregis- tions par écrit ne remplacent en masculin. trer des informations et prendre effet jamais le dialogue avec les des décisions, concernant la mise professionnels de la santé. N’hé- en place de votre traitement no- sitez pas à leur poser toutes les tamment. questions qui vous préoccupent. Votre équipe médicale vous aura Vous trouvez informations et peut-être proposé un traitement conseils utiles dans de nom- médicamenteux. La médecine fait breuses brochures de la Ligue sans cesse des progrès, les médi- contre le cancer. Les conseillers caments contre le cancer sont au- des ligues cantonales ou régio- jourd’hui à la fois plus efficaces et nales sont là pour vous accompa- mieux tolérés. A côté des chimio- gner. Les adresses et contacts sont thérapies « classiques », toujours répertoriés en fin de brochure. fréquentes, d’autres formes médi- camenteuses sont de plus en plus Rappelez-vous surtout que vous souvent prescrites. n’êtes pas seul face à la maladie. Vos proches, les médecins et Cette brochure vous explique l’équipe soignante sont là pour dans les grandes lignes en quoi vous soutenir, mais aussi votre consistent les traitements médi- Ligue contre le cancer. Adressez- camenteux contre le cancer, com- vous à votre ligue cantonale ou ment ils agissent ainsi que leurs régionale ou appelez la Ligne Info- effets secondaires possibles. Vous Cancer (voir « Conseils et informa- trouverez aussi quelques conseils tions », p. 76). pour mieux supporter certains d’entre eux. Nos vœux les plus chaleureux vous accompagnent. Votre Ligue contre le cancer Les traitements médicamenteux du cancer 5
Qu’est-ce que le cancer ? Le terme de « cancer » recouvre un ou un nodule (le cas du cancer du large éventail de maladies qui pré- sein, par ex.), et les cancers qui sentent néanmoins certaines ca- prennent naissance dans le sys- ractéristiques communes : tème sanguin ou lymphatique • Des cellules normales au (les leucémies, par ex.). Ceux-ci départ se multiplient de façon peuvent notamment se traduire incontrôlée ; elles prolifèrent par un gonflement des ganglions et se transforment en cellules lymphatiques, mais aussi par des cancéreuses. modifications de la formule san- • Les cellules cancéreuses enva- guine. hissent le tissu sain ; elles le compriment et le détruisent. Les tumeurs malignes solides qui • Certaines de ces cellules se forment à partir de tissus su- peuvent se détacher de l’en- perficiels comme la peau, les mu- droit où elles se sont consti- queuses ou les glandes sont appe- tuées et donner naissance à lées carcinomes. Ils représentent des foyers secondaires dans la grande majorité des tumeurs d’autres parties du corps : malignes. les métastases. Les tumeurs malignes solides Le terme de « cancer » désigne qui se développent dans le tissu donc la prolifération de cellules conjonctif, le tissu adipeux, les qui se multiplient de façon incon- cartilages, les muscles, les os ou trôlée et qui envahissent le tissu les vaisseaux sont qualifiées de sain. Dans le langage courant, on sarcomes. parle aussi de tumeur. Il faut tou- tefois distinguer les tumeurs bé- Tumeurs bénignes et tumeurs nignes, qui ne mettent pas la vie malignes en danger, des tumeurs malignes, En grandissant, les tumeurs bé- nettement plus graves. Les tu- nignes compriment le tissu sain, meurs malignes sont aussi appe- mais elles ne l’envahissent pas et lées néoplasmes, ce qui signifie ne forment pas non plus de mé- « nouvelle formation ». tastases. Suivant leur localisation, elles peuvent cependant provo- Il existe plus de deux cents types quer des troubles importants en de cancers différents. On distingue écrasant le tissu normal ou en les tumeurs solides, qui se déve- entraînant le rétrécissement d’un loppent à partir des cellules d’un canal comme un nerf ou un vais- organe et qui forment une masse seau sanguin. 6
Comment se forme une tumeur ? Exemple : carcinome de la muqueuse La tumeur commence à infiltrer le tissu sain. tumeur maligne tissu sain Elle envahit le tissu voisin. Les cellules cancéreuses pénètrent dans les vaisseaux sanguins (en rouge/bleu) et lymphatiques (en vert) et parviennent ainsi dans d’autres organes, où elles forment des métastases. Cellules cancéreuses Vaisseaux sanguins Vaisseaux lymphatiques Cellules cancéreuses Les traitements médicamenteux du cancer 7
Certaines tumeurs bénignes ci est constitué d’acide désoxyri- peuvent se transformer en tu- bonucléique (ADN), le support de meurs malignes, parfois après de l’information génétique. longues années. Les polypes de l’intestin en sont un bon exemple. Au cours du processus de division Ces excroissances qui se déve- cellulaire, de nouvelles cellules loppent sur la muqueuse intesti- apparaissent constamment tandis nale peuvent constituer un stade que d’autres meurent. Le matériel précurseur du cancer de l’intes- génétique peut être endommagé tin. à la suite d’une erreur lors de la division cellulaire ou sous l’in- Les tumeurs malignes, quant à fluence de divers autres facteurs. elles, envahissent le tissu envi- En principe, les cellules sont ca- ronnant et l’endommagent. Elles pables de détecter et de réparer forment également de nouveaux elles-mêmes ces anomalies ou vaisseaux sanguins pour s’appro- meurent si elles ont subi une alté- visionner en éléments nutritifs. ration. Lorsque ce n’est pas le cas, la cellule défectueuse – on parle Des cellules cancéreuses peuvent de cellule mutée – continue de se se détacher de la tumeur et passer diviser de manière incontrôlée. dans les vaisseaux sanguins ou Les cellules qui prolifèrent ainsi lymphatiques. Elles parviennent finissent par former, avec le temps, ainsi dans les ganglions lympha- un nodule, une tumeur. tiques et dans d’autres organes, où elles forment des métastases. Des dimensions inimaginables En principe, les cellules cancé- Une tumeur d’un centimètre de reuses conservent les caractéris- diamètre contient déjà des millions tiques de leur tissu d’origine, de de cellules et peut s’être formée il sorte qu’il est possible d’identifier y a plusieurs années. En d’autres l’organe dont les métastases sont termes, une tumeur n’apparaît pas issues. du jour au lendemain ; la vitesse à laquelle elle grandit varie toutefois Tout commence dans la cellule d’un type de cancer à l’autre. Les tissus et les organes sont com- posés de plusieurs milliards de Des causes multiples cellules. Chaque cellule renferme Les maladies cancéreuses sont dans son noyau le plan de dues à des altérations qui affectent construction de l’individu : le ma- le matériel génétique des cellules. tériel génétique (génome), avec les Certains facteurs sont connus chromosomes et les gènes. Celui- pour favoriser ces mutations et 8
jouent un rôle dans l’apparition En règle générale, la division cel- du cancer : lulaire s’effectue correctement et • le vieillissement naturel ; les éventuelles erreurs sont répa- • le mode de vie (alimentation rées. Mais avec les années, les al- trop peu variée, sédentarité, térations qui affectent le matériel tabagisme, consommation génétique et qui sont susceptibles d’alcool, etc.) ; d’entraîner l’apparition d’un can- • des influences extérieures cer s’accumulent, ce qui explique (virus, polluants, fumée du que plus une personne est âgée, tabac, rayonnement ultra- plus son risque de cancer est éle- violet, etc.) ; vé. Compte tenu de l’allongement • des facteurs héréditaires ou de l’espérance de vie moyenne, génétiques. le nombre de cancers est en aug- mentation. Certains de ces facteurs de risque peuvent être influencés, d’autres Le mode de vie pas. On estime qu’environ un tiers Le tabagisme, la consommation de tous les cancers pourraient être d’alcool, l’alimentation et l’activité évités si on éliminait des facteurs physique – en d’autres termes, le de risque comme l’alcool ou le mode de vie – sont autant de fac- tabac. Les deux tiers restants sont teurs sur lesquels chacun peut liés à des facteurs non modifiables agir. En ayant une bonne hygiène ou inconnus. de vie, on peut diminuer le risque de certains cancers. En principe, l’apparition d’un can- cer est due à la conjonction de Les influences extérieures plusieurs facteurs. Dans bien des Si l’on ne peut que partiellement cas, on ignore toutefois quels élé- se soustraire à certains facteurs ments particuliers ont conduit à la extérieurs auxquels on se trouve maladie. involontairement exposé, comme les particules fines, il est possible Le vieillissement de se prémunir contre d’autres, Le vieillissement naturel de l’orga- par exemple en adoptant une pro- nisme favorise le développement tection solaire appropriée contre des maladies cancéreuses. La fré- le rayonnement ultraviolet ou en quence de la plupart des cancers se faisant vacciner contre les virus augmente avec l’âge ; près de 90 % susceptibles de provoquer un can- surviennent après 50 ans. cer. Les traitements médicamenteux du cancer 9
L’hérédité autrement pour échapper à la ma- On estime que dans 5 à 10 % des ladie. Il est compréhensible que cas, le cancer est lié à une modifi- vous vous interrogiez et que vous cation congénitale avérée du ma- soyez en proie au doute ou à la tériel génétique. On parle alors de colère. Vous devez toutefois sa- cancer héréditaire. Les personnes voir que la genèse du cancer est qui présentent une prédisposition un processus extrêmement com- supposée ou avérée au cancer de- plexe, qui est difficile à cerner vraient consulter un spécialiste. même pour un spécialiste. S’il n’est pas possible d’influen- cer cette prédisposition en soi, on Personne ne peut se protéger à peut toutefois, pour certains can- coup sûr de la maladie. Le cancer cers, procéder à des examens de frappe indifféremment les per- dépistage ou prendre des mesures sonnes qui ont un comportement qui réduisent le risque de dévelop- à risque et celles qui vivent saine- per la maladie. ment, les jeunes et les moins jeunes. La probabilité d’être at- Pourquoi moi ? teint relève en partie du hasard ou Vous vous posez peut-être cette de la fatalité. Ce qui est sûr, c’est question et vous vous demandez que le diagnostic engendre un si vous auriez pu faire les choses stress important. 10
Généralités sur le traitement En fonction de la personne, une Cette brochure vous explique les même maladie peut connaître une traitements médicamenteux ac- évolution différente. Pour cette rai- tuels. Par rapport à la radiothéra- son, les médecins établissent pour pie ou à la chirurgie, l’action des chaque patient un traitement per- médicaments s’exerce sur tout l’or- sonnalisé qu’ils appellent « sché- ganisme (les spécialistes parlent ma thérapeutique ». d’effet systémique). Ils parvien- nent dans les vaisseaux sanguins Le choix du traitement dépend du puis se diffusent dans toutes les stade de la tumeur, de l’agressivité régions du corps et détruisent aus- et de l’étendue de celle-ci (ou de sa si des métastases. taille selon l’organe) : • la tumeur est-elle circonscrite Souhaitez-vous en savoir davan- à la muqueuse ou à la paroi de tage sur les opérations possibles l’organe ? Dans quel organe ou et la radiothérapie ? Il existe des dans quelle partie de l’organe publications de la Ligue contre se trouve-t-elle ? le cancer sur ces sujets. Les bro- • des ganglions lymphatiques chures sur les différents types de sont-ils touchés ? Des métas- cancer vous renseignent égale- tases se sont-elles formées ment. dans d’autres organes ? • Est-ce que la tumeur peut être retirée ? La planification • Quelles sont les caractéris- du traitement tiques (par ex. le type de cellules) du tissu tumoral Des experts spécialisés en onco- prélevé lors de l’opération logie médicale, médecine interne ou de la biopsie. ou hémato-oncologie planifient et surveillent les différentes étapes Par ailleurs, l’état de santé général, du traitement. Ils évaluent la si- l’âge et les souhaits individuels en tuation ensemble au cours de ré- matière de qualité de vie jouent unions de concertation pluridis- aussi un rôle dans la planification ciplinaire ou tumor boards. Cette du traitement. démarche pluridisciplinaire a pour objectif de vous proposer la thé- Options thérapeutiques rapie la mieux adaptée à votre si- Les traitements principaux sont : tuation. • la chirurgie • les traitements médicamenteux • la radiothérapie Les traitements médicamenteux du cancer 11
Il existe différents médicaments La résection de tous les tissus at- contre le cancer. Ils se distinguent teints ne garantit toutefois pas for- les uns des autres par leurs méca- cément la guérison définitive ou nismes d’action : l’absence d’une récidive à plus ou • la chimiothérapie classique moins long terme. C’est la raison • l’hormonothérapie pour laquelle une thérapie médi- • les thérapies ciblées, basées camenteuse ou une radiothérapie sur de nouvelles approches pré- ou postopératoires sont envi- thérapeutiques sagées. • l’immunothérapie. Palliatif Ils sont décrits plus en détail à par- Lorsque les chances de guérison tir de la p. 18. sont faibles, on s’efforce de ralen- tir la progression de la maladie Les cellules cancéreuses réagis- et de maintenir une qualité de sent différemment à un médica- vie aussi bonne que possible. On ment donné : au fil du temps, cer- parle alors de soins palliatifs. Il est taines y répondent plus ou moins parfois possible de contenir la ma- bien ou deviennent résistantes. ladie pendant un certain temps ou C’est pourquoi il faut parfois adap- des années. ter ou choisir un nouveau traite- ment pour limiter par exemple les La qualité de vie est la principale effets indésirables. préoccupation. Des mesures mé- dicales, des soins, un accompa- gnement psychologique ou spi- Les principes rituel permettent d’atténuer les thérapeutiques symptômes comme les douleurs, l’angoisse, ou bien encore des dif- Les principes thérapeutiques va- ficultés à s’alimenter. rient selon la tumeur et le stade de la maladie. Si vous êtes confronté à l’une de ces situations, peut-être en col- Curatif laboration avec un psycho-onco- Le traitement curatif a pour ob- logue, définissez ce que signifie jectif la guérison. Il est envisagé pour vous la qualité de vie. Parlez- lorsque le chirurgien peut enlever en aussi à votre équipe soignante. toute la tumeur et en l’absence de Les médecins seront ainsi en me- métastases. sure de personnaliser le traitement. 12
Néo-adjuvant ou préopératoire Faites-vous accompagner Le traitement néo-adjuvant pré- et conseiller cède l’opération. Les médecins Prenez le temps nécessaire pour parlent également de traitement bien comprendre le traitement et préopératoire. L’objectif est de ré- poser vos questions. duire la taille de la tumeur afin de ménager au maximum les tissus Entretiens avec l’équipe environnants lors de l’intervention soignante chirurgicale. Voyez en l’équipe soignante un partenaire sur lequel vous pou- Adjuvant ou postopératoire vez compter. Ces professionnels Un traitement adjuvant est effec- mettent leurs connaissances à pro- tué après l’opération, en vue d’éli- fit pour vous assurer le meilleur miner d’éventuelles cellules can- traitement, mais aussi votre bien- céreuses résiduelles. Ce type de être, pendant et après la thérapie. traitement permet de détruire de Quels sont vos besoins ? Partagez- petites métastases (micrométas- les avec le personnel médical et tases). infirmier. Il peut aussi être administré pour Communiquer est essentiel : diminuer le risque de récidive voici quelques conseils (nouvelle apparition de tumeur) • Il est possible que la perspec- et de formation de métastases. tive du rendez-vous chez le Selon les circonstances, il permet médecin vous rende nerveux. également de différer l’évolution Afin de penser à tout, notez les de la maladie. questions que vous souhaitez poser. Objectifs thérapeutiques • Emportez de quoi prendre Avant de commencer le traitement, des notes. discutez avec votre médecin de • Il est recommandé de se faire l’objectif poursuivi : s’agit-il d’un accompagner chez le médecin traitement curatif ou palliatif ? par un proche ou une per- sonne de confiance. Vous Au cours du traitement, il est pos- recevez beaucoup d’informa- sible de réévaluer ces objectifs se- tions et il peut s’avérer utile lon l’efficacité de la thérapie et de que quelqu’un soit à vos l’évolution de la maladie. côtés. Les traitements médicamenteux du cancer 13
• Prenez le temps nécessaire Vous décidez pour bien comprendre le traite- Nous vous recommandons de dis- ment et poser vos questions. cuter des options thérapeutiques Faites-vous expliquer les mots avec les spécialistes. Idéalement, difficiles. ce processus est coordonné par • Vous pouvez aussi en parler à l’un d’entre eux, responsable de votre médecin de famille ou votre suivi. demander un deuxième avis médical : c’est votre droit le Vous pouvez poser des questions plus strict, et le spécialiste à tout moment, remettre en ques- chargé de votre suivi n’est tion une décision ou demander un pas censé y voir de la mé- temps de réflexion. Il est essentiel fiance. que vous compreniez les consé- • Refusez-vous un traitement ? quences et les effets secondaires Suscite-t-il des réticences en d’un traitement avant de donner vous ? Communiquez-les. votre accord. • Demandez ce que vous pouvez faire pour renforcer votre bien- Vous avez le droit de refuser un être pendant le traitement. traitement. Demandez au méde- • Peut-être allez-vous également cin de vous expliquer comment ressentir le besoin de consulter évolue la maladie sans traitement. un psycho-oncologue : ce pro- fessionnel peut vous soutenir Vous pouvez aussi laisser la déci- au-delà des aspects purement sion du choix thérapeutique aux médicaux, si vous souhaitez médecins traitants. Votre accord parler d’autres difficultés, est de toute façon indispensable d’ordre psychologique (an- pour entreprendre un traitement goisse) ou social (voir aussi ou décider d’une opération. p. 76). 14
Questions à poser au médecin • Vais-je recevoir une chimiothérapie, une thérapie ciblée, une hormonothérapie ou une immunothérapie ? Pourquoi ? • Quels sont les résultats obtenus grâce à ce traitement ? • Quel est l’expérience du médecin dans le traitement de ce type de tumeur ? • Que puis-je attendre du traitement ? Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? Améliore-t-il la qualité de vie ? Pendant combien de temps ? • Combien de temps dure-t-il ? • Le traitement peut-il être ambulatoire ou nécessite-t-il une hospitalisation ? • Est-ce que je peux refuser le traitement si je ne le supporte pas ? • A quoi est-ce que je remarque ses effets ? • A quels effets indésirables dois-je m’attendre ? Sont-ils tempo- raires ou durables ? Que peut-on faire, que puis-je faire moi-même ? • Quelles sont les répercussions de la maladie et du traitement sur mon quotidien, ma vie privée et professionnelle, mon bien-être ? • Est-ce que je peux continuer à travailler ou ai-je besoin d’un certificat médical ? • Si je renonce à certains traitements, quelles en seront les consé- quences sur mon espérance et ma qualité de vie ? • A qui puis-je m’adresser si j’ai oublié de prendre les médica- ments ? Si je ne me sens pas bien ? • Les coûts du traitement sont-ils pris en charge par la caisse- maladie ? Les traitements médicamenteux du cancer 15
Les médecines N’optez pas pour des méthodes complémentaires complémentaires de votre propre chef. Parlez-en au préalable avec Un grand nombre de personnes votre médecin. En effet, si elles touchées par le cancer ont recours paraissent inoffensives, certaines à des méthodes relevant des mé- préparations peuvent s’avérer in- decines complémentaires, dans le compatibles avec votre traitement. but de compléter leur traitement médical « classique ». La thérapie dans le cadre Certaines d’entre elles peuvent ai- d’une étude clinique der, pendant et après la thérapie, à améliorer le bien-être général La recherche médicale est en et la qualité de vie. Elles peuvent constante évolution. Elle déve- renforcer le système immunitaire loppe de nouvelles approches et et rendre les effets secondaires méthodes en vue d’améliorer l’ef- plus tolérables. En général, elles ficacité des soins. Dernière étape n’ont pas d’effet sur la tumeur elle- de ce processus, les études cli- même. niques au cours desquelles les traitements sont testés et optimi- En revanche, la Ligue contre le sés grâce à la participation des cancer déconseille les approches patients. dites parallèles ou alternatives qui prétendent se substituer à la mé- Il est tout à fait possible qu’on decine classique. Vous trouvez da- vous propose une telle étude dans vantage d’informations à ce pro- le cadre de votre traitement. Tou- pos dans la brochure « Parallèles ? tefois, seul un entretien avec votre Complémentaires ? » (voir p. 78). médecin permettra de cerner les avantages ou inconvénients pour Adressez-vous à votre médecin ou vous. Certains patients acceptent à un membre de votre équipe soi- de participer à une étude clinique gnante si une méthode complé- parce qu’ils pensent que les ré- mentaire vous intéresse, ou si vous sultats en seront bénéfiques pour en suivez déjà une. Ensemble, d’autres patients. vous définirez celle qui convient le mieux à votre situation person- nelle sans qu’elle interfère avec la thérapie recommandée par le mé- decin. 16
Sur le site www.kofam.ch, vous Vous en saurez davantage en li- trouverez de nombreuses infor- sant la brochure du Groupe suisse mations sur les études en cours de recherche clinique sur le can- (se rapportant à votre tableau cli- cer intitulée « Thérapie anticancé- nique). La décision vous appar- reuse dans le cadre d’une étude tient entièrement, vous êtes libre clinique » (voir p. 80). d’accepter ou refuser, et si vous acceptez, vous pouvez vous retirer à tout instant. Le refus de participer à une étude clinique n’influe aucunement sur votre traitement. Dans tous les cas, vous serez soigné selon les connaissances scientifiques les plus récentes et profiterez de la meilleure prise en charge pos- sible. Les traitements médicamenteux du cancer 17
Les traitements médicamenteux du cancer La chimiothérapie leur intensité dépendent du terrain « classique » personnel, du médicament et de la combinaison selon laquelle vous Le terme chimiothérapie désigne recevez votre chimiothérapie. les médicaments administrés dans le traitement des maladies cancé- Effets indésirables possibles reuses. La plupart des effets indésirables apparaissent en raison de l’action Dans le domaine de l’oncologie, nocive des cytostatiques sur les la chimiothérapie se réfère à l’em- cellules saines à division rapide ploi des cytostatiques. Il en existe telles que : plus d’une centaine. L’oncologue les prescrit selon le cancer et le • les cellules sanguines souches stade de la maladie. qui se forment dans la moelle osseuse et donnent naissance Le mode d’action des aux plaquettes (thrombocytes), cytostatiques aux globules blancs (leuco- Les cellules humaines se divisent cytes) et globules rouges en plusieurs phases, en suivant (érythrocytes), entraînant un ordre précis. Les cytostatiques un risque accru d’infections, bouleversent l’ordre de division d’hémorragies et une fatigue des cellules cancéreuses et frei- durable pendant et après le nent ainsi la croissance de la tu- traitement. meur. • les cellules des muqueuses Les cytostatiques attaquent aussi (bouche, estomac, intestin, les cellules saines. Ces dommages organes génitaux) qui entraî- indirects sont la cause principale nent une altération du goût, des effets indésirables d’une des inflammations, infections chimiothérapie. Toutefois, comme fongiques, diarrhée, douleurs les organes ont la capacité de ré- en avalant et lors des rapports cupérer, les effets secondaires di- sexuels en raison d’un des- minuent après le traitement. sèchement des muqueuses. Tous les cytostatiques peuvent in- • les cellules de la peau ou du duire des effets secondaires. Ils système pileux à l’origine varient d’un individu à l’autre. Les des cheveux, des sourcils et manifestations, leur fréquence et d’autres poils. 18
• les ovules et spermatozoïdes, • les cellules des voies nerveuses provoquant troubles de la (neuropathie périphérique). fécondité ou de la procréation. La sensation du toucher, de la douleur ou de la température • les cellules des poumons ou peuvent être altérée aux mains du cœur qui peuvent entraver et aux pieds de façon provisoire respectivement la performance ou durable. du poumon ou du cœur, de manière temporaire ou durable. Comment se déroule la chimiothérapie ? • La plupart du temps selon des cycles thérapeutiques : le patient est soumis au traitement pendant une certaine durée, fait une pause, puis commence le cycle suivant. • Dans la majorité des cas, la personne touchée reçoit une combi- naison de plusieurs médicaments. Cette polychimiothérapie ou traitement combiné empêche la division des cellules cancéreuses à différents stades de la maladie. • Plus rarement, le patient prend une seule cytostatique (mono- chimiothérapie ou chimiothérapie exclusive). • Souvent en association avec une radiothérapie ; cette radiochimio- thérapie combinée renforce l’action des cytostatiques. • Parfois en association avec d’autres types de médicaments comme l’hormonothérapie (voir p. 22). • En vue de préparer une transplantation de cellules souches ou cellules souches sanguines (voir chimiothérapie intensive, ci-après). Les traitements médicamenteux du cancer 19
La chimiothérapie à haute dose Effets secondaires possibles ou intensive Les effets secondaires d’une chi- La chimiothérapie intensive miothérapie intensive sont plus consiste à administrer de fortes prononcés que ceux d’une chimio- doses. Elle prépare la moelle épi- thérapie « classique ». Les cellules nière à une greffe de cellules souches (sanguines) de la moelle souches sanguines pour : osseuse sont complètement dé- truites. Une transplantation est • améliorer les chances de nécessaire pour qu’elles se refor- guérison de patients souffrant ment. notamment de lymphomes (hodgkin et non-hodgkin ou Transplantation de cellules d’une leucémie) ; souches Avant le début du traitement, on • empêcher une possible récidive prélève des cellules souches en cas de cancer du testicule saines dans le sang, la moelle os- par exemple, ou retarder la seuse ou de cordons ombilicaux. progression de certaines Elles sont ensuite préparées puis maladies (le myélome multiple, congelées. le cancer de la moelle osseuse par ex.). Les valeurs sanguines : à contrôler régulièrement Les cytostatiques inhibent la formation des cellules sanguines dans la moelle osseuse. Il s’ensuit une baisse temporaire des plaquettes sanguines et des globules rouges et blancs. Or, une chimiothérapie ne peut être administrée que si les plaquettes et les globules sanguins dépassent une certaine valeur limite dans le sang, sans quoi il faut attendre avant de commencer le cycle suivant. C’est pourquoi les valeurs sanguines sont soumises à des contrôles fréquents. Demandez à votre oncologue si votre médecin de famille ou un service de soins à domicile peuvent aussi réaliser les prises de sang nécessaires. 20
Après la chimiothérapie intensive, La transplantation autologue ou les cellules souches saines sont autogreffe administrées par perfusion. Elles On transplante au patient ses pro- parviennent à la moelle osseuse pres cellules souches sanguines, par la circulation sanguine. Idéale- prélevées dans le sang ou la ment, les cellules greffées s’y im- moelle osseuse avant la chimio- plantent et forment, quelque temps thérapie intensive. plus tard, de nouvelles cellules sanguines saines. Centres spécialisés La chimiothérapie intensive et les Il existe deux types de transplan- greffes de cellules souches san- tation : l’autologue et l’allogène. guines sont pratiquées dans des centres spécialisés et nécessitent La transplantation allogène une hospitalisation. Patients et ou allogreffe proches y reçoivent toutes les in- La personne concernée reçoit des formations nécessaires sur les cellules souches sanguines d’un bénéfices et les risques du traite- donneur compatible inconnu ou ment, les effets secondaires et les apparenté (frère ou sœur). différentes mesures de soutien. Mes notes Les traitements médicamenteux du cancer 21
L’hormonothérapie sont capables de recommencer à se diviser et se multiplier. Les hormones sont produites par différentes glandes de notre orga- Différents médicaments nisme. Elles stimulent, entre autres, et modes d’action la croissance cellulaire. Le méca- L’hormonothérapie est en fait un nisme est le suivant : les cellules traitement « antihormonal », dans possèdent à leur surface des ré- la mesure où les médicaments frei- cepteurs. Certains d’entre eux réa- nent les effets de l’hormone ou gissent au contact des hormones, l’empêchent d’agir. Il existe diffé- d’autres pas (voir « Les thérapies rents modes d’action : les subs- ciblées » p. 23). Lorsqu’une réac- tances se lient aux récepteurs de tion se produit, la croissance de la cellule cancéreuse ou bloquent la cellule est activée et elle se di- les processus nécessaires à la pro- vise. duction hormonale. Tumeurs hormonosensibles Les antiœstrogènes (ou hormonodépendantes) ou antiandrogènes Les tumeurs hormonodépendantes Les antiœstrogènes ou antiandro- se caractérisent par la présence gènes « s’ancrent » sur les récep- de cellules cancéreuses sensibles teurs hormonaux des cellules tu- à l’action des hormones : chez la morales. Ainsi, le récepteur est femme, l’œstrogène peut favoriser bloqué et l’hormone naturelle la croissance d’un cancer du sein n’exerce plus aucune activation ou de l’utérus. Chez les patients de la division cellulaire. atteints d’une tumeur de la pros- tate, on observe un phénomène Les analogues de la GnRH ou similaire avec la testostérone. Un l’hormone de libération de la prélèvement de tissu permet de lutéinostimuline (LHRH) découvrir si les cellules tumorales Un autre type de médicaments ont développé des récepteurs hor- agit sur l’hypophyse, la glande qui monaux. Si l’examen s’avère po- régule la formation des hormones sitif, on prescrit des médicaments dans les testicules et les ovaires. spécifiques qui inhibent l’action ou Il s’agit des analogues de la LHRH la fonction des hormones. ou de la GnRH, dont les principes actifs occupent les récepteurs de La difficulté réside cependant dans l’hypophyse et neutralisent ain- la résistance que développent cer- si le signal envoyé à ces organes taines cellules cancéreuses : mal- dans le but de produire des hor- gré la suppression hormonale, elles mones. 22
Les inhibiteurs de l’aromatase brochures sur la sexualité pour de Après la ménopause, les ovaires plus amples renseignements). ne fabriquent plus d’œstrogènes. Toutefois, des stades précurseurs de l’hormone se trouvent encore Les thérapies ciblées dans les tissus musculaires et adi- peux. Depuis longtemps, les scienti- fiques tentent de développer des L’enzyme de l’aromatase, produite médicaments qui, à l’inverse des par l’organisme, aide à les conver- cytostatiques, différencient mieux tir en œstrogènes. Les inhibiteurs les cellules malades des saines. de l’aromatase bloquent l’enzyme On espère ainsi moins d’effets et empêchent ainsi l’apparition secondaires et une action plus ef- d’hormones. ficace. C’est pourquoi on parle au- jourd’hui de chimiothérapie clas- Effets indésirables sique ou conventionnelle pour Certains effets indésirables pos- distinguer les cytostatiques des sibles rappellent les troubles ty- nouveaux traitements. piques de la ménopause. Les hommes peuvent aussi les res- A ce jour, le développement de sentir : différents médicaments « ciblés » • bouffées de chaleur ; permet de différer la croissance • transpiration excessive ; d’une tumeur ou d’une récidive, • dessèchement de la peau ; prolonger la durée de vie des pa- • sécheresse des muqueuses ; tients ou améliorer la qualité de • fatigue. vie. En outre, l’hormonothérapie aug- Les thérapies ciblées, aussi appe- mente le risque d’œdème (accumu- lées « moléculaires » ou « biolo- lation de liquide dans les tissus), giques » doivent leur nom à l’in- de thrombose (caillot sanguin dans fluence qu’elles exercent sur les un vaisseau) et d’ostéoporose. processus de croissance, division et métabolisme dans la multiplica- Elle peut aussi diminuer la libido tion des cellules tumorales. et entraîner chez l’homme des troubles de l’érection. Chez la Chaque cellule est recouverte à femme, on observe une possible sa surface de récepteurs, de mo- absence de menstruation qui peut lécules, d’antigènes, et de pro- influencer la fertilité de façon pro- téines auxquels certaines molé- visoire ou durable (consultez les cules peuvent se lier (messagers). Les traitements médicamenteux du cancer 23
Ce phénomène entraîne une sé- signal de se diviser sans cesse rie de réactions qu’on appelle cas- ou au contraire devienne immor- cade de signaux, importante pour telle car le signal de mort cellulaire la formation et la fonction des cel- n’est pas transmis. lules, mais aussi pour le processus de mort cellulaire (voir illustration Les chercheurs ont réussi à iden- ci-dessous). tifier les cascades de signaux de certaines cellules cancéreuses. Une défaillance de ces cascades C’est ainsi qu’il est possible de de signaux peut entraîner un can- développer des substances ac- cer. Il est aussi possible qu’une tives qui perturbent des voies de cellule reçoive exclusivement le signalisation précises. Médicaments ciblés cibles des principes actifs des médicaments messager « antennes » (récepteurs) cellulaires cascade de signaux noyau cellule cancéreuse cellulaire 24
Différentes modalités d’action thyroïde, cancer du foie et de rares Les substances disponibles à formes de tumeurs stromales l’heure actuelle agissent sur dif- gastro-intestinales. férents mécanismes cellulaires : elles bloquent la cascade de si- Si les médicaments inhibent plu- gnaux qui permet à la tumeur de sieurs facteurs de croissance se nourrir de vaisseaux sanguins, importants, on parle de multi- et inhibent la cascade de signaux inhibiteurs de kinase. Ce type de qui permet à la tumeur de former traitement perturbe notamment ses propres vaisseaux sanguins aussi bien la croissance des vais- (angiogenèse). D’autres entravent seaux (l’angiogenèse) que la mul- l’action des facteurs de croissance tiplication cellulaire. qui jouent un rôle important dans la division cellulaire. Il est ainsi Les inhibiteurs de l’angiogenèse possible d’imposer un frein tem- Les cellules cancéreuses ont la poraire ou durable à la progres- capacité d’envoyer un signal de sion ou au métabolisme d’une tu- croissance qu’on appelle Vas- meur. cular Endothelial Growth Factor (VEGF). Certaines substances ac- Inhibiteurs de la transduction des tives (dont les anticorps, voir p. 26) signaux ou de la tyrosine kinase peuvent bloquer ce signal. Elles Les médicaments appartenant à sont également en mesure de ce groupe de substances actives freiner la formation de nouveaux agissent sur une activité de crois- vaisseaux sanguins (angiogenèse) sance définie d’une certaine cel- dont la tumeur se nourrit pour lule cancéreuse. Ils inhibent no- assurer la survie des cellules can- tamment la tyrosine kinase, un céreuses. signal spécifique de croissance cellulaire, et empêchent ainsi la Les inhibiteurs de l’EGFR et transmission du signal et bloquent de la HER2 la division cellulaire. D’où le terme Ces deux récepteurs, EGFR veut d’inhibiteurs de la tyrosine kinase. dire Epidermal Growth Factor Re- ceptor et HER2 Human Epidermal Ils sont prescrits dans le traite- Receptor 2 sont présents en quan- ment de certaines leucémies, en tité excessive sur certaines cel- cas de cancer du poumon, cancer lules et peuvent par conséquent du sein, de l’intestin, du rein, de recevoir de nombreux signaux de mélanome, de certaines formes de croissance. Les traitements médicamenteux du cancer 25
Les anticorps monoclonaux Les spécialistes les rangent dans Notre système immunitaire pro- la catégorie des immunothérapies duit des anticorps dont la mis- (voir p. 27). Il peut être indiqué en sion est de détruire les agents pa- cas de lymphome ou de certaines thogènes comme les virus ou les leucémies. bactéries. Certains médicaments fonctionnent selon le principe de Inhibiteurs de signaux ou de nos anticorps. Ils sont fabriqués tyrosine kinase des récepteurs en laboratoire et sont tous iden- de facteurs de croissance tiques (clones). Pour cette raison, Ces inhibiteurs bloquent des subs- on les appelle anticorps monoclo- tances appelées tyrosine kinases, naux. Ils sont capables de recon- impliquées dans la cascade de si- naître une cellule tumorale. Il est gnaux qui stimulent la croissance toutefois nécessaire que ce signe de la cellule. Ils stoppent ainsi la stimule la croissance de la tumeur croissance de la tumeur. et se trouve en quantité particuliè- rement importante sur les cellules Si les médicaments inhibent plu- cancéreuses. sieurs facteurs essentiels à la croissance cellulaire, on parle d’in- L’identification de ces signes né- hibiteurs multikinases. Ils agissent cessite d’importantes recherches, tant sur les facteurs de l’angioge- d’autant plus qu’ils varient selon nèse que sur la division de la cel- le type (et le sous-type) de chaque lule. Les spécialistes les classent cancer. En conséquence, il faut aussi dans les thérapies ciblées développer des anticorps mono- et les prescrivent pour traiter des clonaux, mais aussi des modes cancers de l’intestin, du sein, du d’actions différents. poumon, parfois aussi en cas de cancer de la tête, du cou, de tu- Anticorps monoclonaux stimu- meurs du cerveau, de l’estomac, lateurs indirects du système de l’ovaire, de la prostate ou d’au- immunitaire tres types de maladies cancé- Certains anticorps monoclonaux reuses. soutiennent le système immuni- taire de façon indirecte. Ce type Anticorps et cytostatiques d’anticorps marque un récepteur Les anticorps peuvent aussi être à la surface de la cellule, permet- associés à un cytostatique (voir tant ainsi au système immunitaire p. 18). Ils apportent ainsi de ma- de la reconnaître et la combattre. nière ciblée une substance aux cellules cancéreuses et ménagent les cellules saines. 26
Radio-immunothérapie associée L’immunothérapie à des anticorps En outre, on peut charger des anti- Le système immunitaire humain corps en éléments radioactifs pour est complexe. Différents types de les « transporter » dans les cel- globules blancs ont pour mission lules tumorales (radio-immuno- de détruire les agents pathogènes thérapie). Cette méthode permet tels que les bactéries, les virus d’irradier directement la tumeur ou les champignons. Un système en ménageant en grande partie immunitaire efficace veille égale- les tissus sains. Cette stratégie ment à reconnaître et endommager est mise en œuvre en cas de les cellules cancéreuses afin d’em- lymphome non-hodgkinien, une pêcher l’apparition d’un cancer. forme particulière de cancer de la thyroïde et de certaines métas- Toutefois, notre système de dé- tases intestinales. fense ne les identifie pas toujours comme des intrus en raison de la Les effets indésirables forte ressemblance entre une cel- des thérapies ciblées lule tumorale et une saine (voir En règle générale, les effets indési- aussi « Qu’est-ce que le cancer ? », rables sont d’une autre nature que p. 6 et «Vaccination antitumorale ceux des cytostatiques. La majorité spécifique », p. 29). En oncologie, d’entre eux sont moins prononcés. le principe de l’immunothérapie se fonde sur celui du système im- Ils peuvent survenir en fonction de munitaire. l’inhibition : • des facteurs de croissance ; Immunothérapie active • de la formation de vaisseaux et passive (angiogenèse) ; On différencie deux grands types • de la réponse immunitaire ou d’immunothérapies : de son renforcement. • l’immunothérapie active consiste à stimuler le système Votres équipes médicale et soi- immunitaire pour renforcer gnante vous informeront et conseil- ses propres défenses contre leront à ce sujet. Il existe des trai- les cellules cancéreuses ; tements pour de nombreux effets • l’immunothérapie passive indésirables. Ils se manifestent repose sur l’administration de au cours de la thérapie ou dispa- substances actives produites en raissent après la fin de la prise des laboratoire et impliquées dans médicaments. Consultez aussi le la réponse immunitaire (anti- chapitre à la page 39. corps monoclonaux par ex.). Les traitements médicamenteux du cancer 27
Modulateurs de la réponse immunitaire en vue d’intensifier la immunitaire et cytokines destruction de certaines cellules Les modulateurs du système im- cancéreuses. munitaire sont des signaux chi- miques qui stimulent ou freinent Cytokines : effets indésirables le système immunitaire dans un possibles organisme sain (on parle aussi • symptômes qui rappellent respectivement d’immunostimu- une grippe : fièvre, frissons, lation ou d’immunosuppression). maux de tête et douleurs Les cytokines appartiennent à la des membres, fatigue, famille des modulateurs du sys- abattement ; tème immunitaire. • troubles gastrointestinaux, perte d’appétit ; Cytokines • tension artérielle basse, La cytokine, protéine naturelle, est vertiges. l’un de ces modulateurs naturels. L’interféron et l’interleukine sont Les inhibiteurs de points des cytokines produites en labora- de contrôle immunitaire toire. Leur administration dans les Le système immunitaire dispose traitements anticancéreux influe de différentes cellules de défense. sur la multiplication ou la mort des Les cellules T sont chargées de cellules. détruire des agents pathogènes étrangers comme les virus. Les modulateurs du système im- munitaire sont utilisés dans le trai- A la surface de chaque cellule, il tement de certaines leucémies et existe des points de contrôle ou lymphomes, du myélome multiple, checkpoints. Ce sont des récep- du cancer des reins et du méla- teurs. Leur rôle consiste à s’as- nome. La plupart du temps, ils sont surer que l’organisme n’attaque administrés dans le cadre d’une pas de cellules du corps. Lorsque étude clinique (voir p. 16) ou en celles-ci se présentent à un point combinaison avec d’autres traite- de contrôle, les cellules T reçoivent ments. le signal de ne pas les détruire. La situation se complique cepen- Interférons et interleukines dant avec les cellules cancéreu- Les interférons et les interleukines ses, car elles ne sont pas non plus renforcent d’une part les défenses de cellules étrangères. Elles sti- de l’organisme et freinent ainsi la mulent les cellules T des points de division cellulaire de la tumeur et contrôle de manière à empêcher activent d’autre part le système une intervention contre elles. Les 28
Vous pouvez aussi lire