Collège au cinéma Académie de Paris 2021 -2022 - Cinémas Indépendants Parisiens
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— — — — *L’impossibilité d’anticiper, à l’heure où nous imprimons, les mesures sanitaires qui s’imposeront à la rentrée pour les rassemblements publics, nous conduit à envisager l’éventualité d’un remplacement des formations habituellement proposées en octobre par des formations à distance : la coordination tiendra informés les De la 6e à la 3e, Collège au cinéma a pour objectif de sensibiliser les collé- LE PUBLIC CONCERNÉ LES DOCUMENTS LA CARTE Collège giens à l’art cinématographique, en leur proposant de découvrir trois Le dispositif s’adresse aux classes de 6e, 5e, 4e, 3e, des col- PÉDAGOGIQUES Lors des journées de formation, COLLÈGE AU CINÉMA Les élèves et les enseignants au oeuvres cinématographiques par an lors de projections organisées spéciale- lèges publics et privés sous contrat d’association. chaque enseignant reçoit, pour chaque film, un livret pédagogique parisiens inscrits au dispositif Collège au cinéma pour l’année cinéma ment à leur intention dans les salles de cinéma. Grâce au travail pédagogique mené parallèlement par les ensei- — édité par le Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC). Complémentaire à 2021-2022 bénéficient d’une carte leur donnant accès tous les jours au tarif préférentiel de Collège au cinéma est un gnants, les élèves acquièrent les bases LES INSCRIPTIONS la formation, ce livret est conçu 5 € dans les salles partenaires. dispositif national, initié à d’une culture cinématographique. Les candidatures s’effectuent du pour permettre aux enseignants — Paris conjointement par le mercredi 25 août au lundi 6 sep- de travailler sur les films avec LA FORMATION DESTINÉE Ministère de la Culture, le Rectorat de Paris, le Ministère La DRAC Île-de-France et la Ville de tembre 2021, 16h auprès des Ci- leurs élèves avant et après la pro- AUX ENSEIGNANTS* de l’Éducation nationale et Paris, en accord avec le Rectorat de némas Indépendants Parisiens. Il jection. Les élèves reçoivent un La formation, inscrite au Plan la Ville de Paris. Paris ont confié la coordination de ce est possible d’inscrire jusqu’à 8 document spécifique comportant Académique de Formation, est dispositif aux Cinémas Indépendants classes par établissement. L’en- synopsis, fiche technique et artis- conçue et organisée par la coor- Parisiens. L’association est chargée gagement au dispositif est an- tique ainsi que quelques éléments dination en collaboration avec la RENSEIGNEMENTS de sa mise en oeuvre : suivi technique, nuel. En s’inscrivant, les ensei- d’analyse du film. DAAC du Rectorat de Paris. Plu- Cinémas Indépendants Parisiens : Coordination Collège au cinéma calendrier des projections, diffusion gnants choisissent une salle de — sieurs journées de formation, Académie de Paris Déléguée générale : des documents pédagogiques, propo- cinéma partenaire (dans cer- LE TARIF ET LES HORAIRES réparties en deux modules diffé- Chiara Dacco sitions d’accompagnement culturel et tains cas, la coordination pourra DES SÉANCES rents, sont proposées à tous les Déléguée générale adjointe : Amandine Larue organisation des stages de formation. leur en proposer une) et dési- Le prix des places est fixé à 3 € enseignants : Chargée de coordination : Emmanuelle Ligero gnent un enseignant-coordina- par élève et par film, soit une • 18, 19, 21 et 22 octobre 2021 emmanuelle.ligero@cip-paris.fr 01 44 61 85 54 Suite aux conséquences sanitaires teur au sein de leur équipe. Il est participation de 9 € pour l’année au Forum des images et au Directeur administratif : liées à la pandémie de Covid-19, la l’interlocuteur privilégié de la scolaire (gratuit pour les ensei- cinéma Le Balzac : formations Laurent Gilbert coordination tout au long de l’an- gnants et les accompagnateurs). sur les films au programme établissements scolaires à la rentrée. laurent.gilbert@cip-paris.fr coordination, en lien avec ses par- — Rectorat de Paris : tenaires institutionnels et profes- née : Sauf pour les établissements • 1er trimestre 2022 : formation Déléguée académique aux arts et à la culture : sionnels mettra tout en oeuvre pour • il transmet les documents, re- classés REP et REP+ pour qui le thématique. Nathalie Berthon garantir la sécurité sanitaire de cueille et diffuse les informations tarif est à 2,50 € par élève et par Depuis la rentrée 2019, les ins- nathalie.berthon@ac-paris.fr 01 44 62 40 02 tous, en appliquant les restrictions dans son établissement, film soit une participation de criptions aux formations font Chargé de mission cinéma à la Délégation académique qui s’imposeront et adaptera, au be- • il est responsable de la diffu- 7,50 € pour l’année scolaire. l’objet d’une inscription indivi- aux arts et à la culture : Philippe Zill — philippe.zill@ac-paris.fr soin, l’organisation des séances et sion du calendrier de projections Accueil des séances à 9h15 et duelle par l’enseignant deman- des formations. auprès de ses collègues. début des projections à 9h30. deur. Collège au cinéma—Académie de Paris 2 2021—2022
— — LES PROPOSITIONS RÉSIDENCE « L’ART POUR GRANDIR » — D’ACCOMPAGNEMENTS CULTURELS projet sur l’année qui s’articule autour de la résidence d’un réa- PROGRAMMATION 2021 e e Pour accompagner le dis- positif, la coordination met en place toute l’année dif- lisateur ou d’un artiste en classe. (2 classes) Classes 6 — 5 1er trimestre —2022 La Flèche brisée férentes propositions. Les de Delmer Daves ateliers sont pris en charge — États-Unis - 1950 – couleur – 1h29 – VOSTFR par la coordination. Cer- DÉCOUVERTE 2e trimestre tains projets sont à la DE FESTIVALS DE CINÉMA Parvana, une enfance en Afghanistan L’ensemble de cette program- charge des établissements. Paris International Fantastic Film de Nora Twomey mation est présenté dans les Programme détaillé et ins- Irlande, Canada, Luxembourg - 2018 – Animation – 1h34 - VF Festival au Max Linder, Carrefour pages suivantes par Suzanne de cription à la rentrée dans la de l’animation au Forum des Lacotte, docteure en esthétique. 3e trimestre limite des places dispo- Images, Festival cinéma du Réel, Tomboy nibles. au Centre Pompidou. de Céline Sciamma Après avoir enseigné à l'Univer- France - 2011 – couleur – 1h22 sité pendant une dizaine d'an- nées, elle se tourne vers l'action — Classes 4e — 3e culturelle cinématographique et ATELIERS DE PRATIQUE crée l'association Les Soeurs Lu- 1er trimestre CINÉMATOGRAPHIQUE Persepolis mière avec Cécile Nhoyboua- de deux heures en classe avec de Marjane Satrapi kong. France - 2007 – Animation – 1h35 des professionnels du cinéma. Elle intervient régulièrement e dans le cadre des dispositifs 2 trimestre — Les Glaneurs et la glaneuse d'éducation à l'image, tant au- « EXPÉRIENCES La coordination, en concertation de Agnès Varda près des enseignants que des France – 2000 – couleur – 1h22 DE CINÉMA » avec les cinémas et festivals élèves. Elle est par ailleurs res- projet d’éducation à l’image en partenaires, mettra tout en 3e trimestre ponsable de la médiation pour le classe sur l’année qui propose oeuvre pour garantir la sécurité Haute Pègre festival Cinéma du réel et char- de Ernst Lubitsch une sensibilisation au cinéma et sanitaire des élèves et des en- États-Unis – 1932 – noir et blanc – 1h23 – VOSTFR gée des actions éducatives pour à ses enjeux artistiques et cultu- seignants participant aux ac- La cinémathèque du documen- rels. (3 classes) tions culturelles. taire à la Bpi. Collège au cinéma—Académie de Paris 3 2021—2022
1er trimestre L’apprentissage de la langue et de la les esprits. L’imagerie traditionnelle du les scènes de danse et les rituels au vil- — 6 —5e e culture du clan adverse lui permet de ga- gner la confiance et l’admiration du chef redouté et de rencontrer l’amour avec une cow-boy est renversée : Jeffords n’est pas un conquérant en butte à l’hostilité de la nature et des peuples sauvages. À l’in- lage apache) et une dimension mélodra- matique, elle fait cohabiter la fureur et la douceur d’un certain lyrisme. Le cinéaste La jeune indienne qu’il épouse. Mais l’horizon d’un accord solide et durable s’obscurcit : verse, il cherche à comprendre le mode de vie et de pensée des Apaches. Plutôt que réussit le tour de force d’exprimer avec une grande clarté les enjeux de la si diffi- Flèche dans chaque camp, des irréductibles at- de les combattre, il s’agit de se réconci- cile désescalade de la violence. tisent la haine. lier. Le regard ethnographique du cinéaste sert La clé réside dans le regard qui est porté brisée — — Une autre image de l’Ouest Le cinéma est né peu de temps après la à défendre une image plus humaine du peuple indigène et l’ennemi s’incarne dé- sormais dans le désir de domination qui sur l’ennemi. Tom Jeffords, qui porte le point de vue de Daves lui-même, recon- naît à Cochise toute sa dignité : leur es- conquête de l’Ouest. Cela peut expliquer se loge chez les colons blancs. Pour l’en- time mutuelle et la reconnaissance de de Delmer Daves États-Unis - 1950 – couleur – 1h29 pourquoi le western est devenu un des rayer, Cochise et Jeffords doivent faire leur altérité permet une profonde com- VOSTFR genres majeurs aux États-Unis : grâce aux preuve d’une rigueur morale qui ne souffre munauté d’esprit. — films, un nouveau mythe est diffusé à aucun écart aux règles qu’ils se sont im- grande échelle qui oppose la civilisation posées. Cochise le rappelle à son ami dont Ces moments de partage s’expriment (les pionniers) à la sauvagerie (les terri- la femme, apache, vient d’être tuée par aussi lors des rencontres au bord de la toires conquis et les Amérindiens). Avec des renégats : « Écoute mon frère. Il faut rivière entre Tom et Sonseeahray ou lors En 1870, en pleine période des « guerres La Flèche brisée, Delmer Daves propose accepter que les militaires respectent la de la magnifique séquence de leur départ apaches », le conflit entre les Blancs et une relecture filmique d’un épisode de paix. Geronimo ne valait pas mieux que à cheval après leur mariage. Le spectateur les Indiens est meurtrier, les massacres se cette période fondatrice, plus proche de la ces Blancs. Je porte le fardeau de leur ressent la force de l’évidence. Cette clarté succèdent pour le contrôle du territoire. réalité que la majorité des westerns : les traîtrise, porte celui de cette mort. Co- du propos va de pair avec la façon dont les Tom Jeffords, un ancien éclaireur, veut personnages du film ont existé et les évé- chise est fidèle à son peuple. Personne ici Apaches symbolisent les événements : mettre fin à ce cercle de la violence. En nements se sont effectivement produits ne rompra la paix, pas même toi. » chaque jour de paix respectée s’incarne soignant un jeune Apache blessé par des entre 1870 et 1872. dans une pierre, le traité de paix est figuré soldats, il reconnaît à l’Indien sa part — d’une flèche que l’on brise et le mariage d’humanité. Il décide d’aller à la ren- Si La Flèche brisée n’est pas le premier La force de l’évidence par le sang mêlé des époux. contre de Cochise, le chef suprême des western pro-indien de l’histoire du ciné- La mise en scène de Delmer Daves concilie Apaches, pour tenter de négocier la paix. ma, il a en revanche durablement marqué une approche quasi documentaire (voir Collège au cinéma—Académie de Paris 5 2021—2022
2e trimestre faire passer pour un garçon, seule solution qui conviennent aux plus jeunes. Surtout, Parvana, filmée en 2D et qui adopte le — 6 —5e e pour pouvoir travailler et gagner un peu d’argent pour nourrir ses proches : selon la charia, les femmes n’ont en effet pas le comme elle le déclare, « Je ne parlais pas mais je me racontais des histoires ». point de vue de l’enfant, et les épisodes successifs du conte, tournés en papiers découpés, dont on comprend qu’ils ex- droit de sortir de la maison sans être ac- Si Parvana, une enfance en Afhanistan priment de façon métaphorique la tragé- Parvana, compagnées d’un parent masculin. s’ancre dans une période précise (à la veille de l’intervention militaire des États- die qui est en train de se dérouler. Le conte devient alors véritable support au récit une — Raconter des histoires Unis en 2001) et relate les discriminations imposées aux femmes par les Talibans, réaliste : celui d’une petite fille astucieuse et courageuse qui se cache sous des vê- enfance en Ce film, adapté d’un roman pour la jeu- nesse de Deborah Ellis, a été réalisé par c’est aussi une ode à la tradition afghane du conte issue de l’Antiquité. Le père de tements de garçons pour gagner un peu d’argent et de liberté. Ce travestissement Afghanistan Nora Twomey — une des rares femmes ayant à ce jour réalisé seule un long mé- Parvana perpétue un savoir-faire et une culture reprise et développée ensuite par renvoie à une réalité : celle de la brutalité d’un régime fondamentaliste qui impose — trage d’animation — et produit par Car- la fillette. la charia et procède à des emprisonne- de Nora Twomey toon Saloon, une société de production ments et exécutions punitifs à l’encontre Irlande/Canada/Luxembourg – 2018 Animation – 1h34 - VF basée à Kilkenny en Irlande. Dans leur ca- Le récit à la fois historique et pédago- de ses opposants. — talogue figure notamment le très beau gique, substitut à l’enseignement scolaire Brendan et le secret de Kells (2009), co- dont Parvana est privée, trouve un prolon- Le regard des plus jeunes sera-t-il heurté écrit par la même Nora Twomey. En se gement apaisant à travers la voix de la par cette violence ? On peut en douter : la Parvana est une petite fille afghane de lançant dans la réalisation de Parvana, fillette qui s’adresse tout autant à son pe- délicatesse du trait et la beauté des cou- onze ans qui vit à Kaboul avec ses parents, une enfance en Afghanistan, la cinéaste tit frère qu’aux spectateurs curieux de leurs viennent contrebalancer l’atmo- sa grande soeur et son petit frère. Le pou- Irlandaise a voulu rendre hommage à une découvrir cet univers d’aventures et de sphère lourde dans laquelle évoluent les voir est aux mains des Talibans, le pays est culture très éloignée de la sienne. Ce courage. Pour elle, l’histoire de Souleyman personnages. Les petites « bacha posh » en guerre. Le père, ancien professeur, est choix a pu un temps la faire réfléchir sur est une manière de rester connectée à ce (littéralement « habillé comme un gar- devenu lecteur et écrivain public en sa légitimité à aborder un tel sujet mais le père disparu et d’exprimer avec douceur çon ») portent le récit avec courage et langues pachto et dari pour faire vivre sa désir de s’adresser à un public large, en les épreuves qu’elle traverse elle-même. malice. Ce changement d’apparence est famille. Parvana qui l’accompagne aime particulier des enfants, a achevé de la ici une question de survie pour toute une qu’il lui raconte des histoires. Lorsqu’il est convaincre. La guerre dans cette région du — famille mais il résonne indéniablement en arrêté, la famille risque de sombrer dans monde est traitée dans les médias : au- L’histoire à hauteur d’enfant tout spectateur confronté de façon moins la misère. La fillette décide alors de se tant en proposer un récit et des images Deux récits s’enchâssent : l’histoire de tragique à l’inégalité entre les sexes. Collège au cinéma—Académie de Paris 6 2021—2022
— Programmation Collège au cinéma—Académie de Paris 8 2021—2022
3e trimestre redevenant Laure quand elle retrouve ses qui détermine ce que l’on est ». D’ailleurs contre le mensonge de Laure. Bien au — 6 —5e e parents et sa soeur dans l’appartement. Lisa, troublée par Michaël, en tombe amoureuse. Laure/Michäel doit user de il est étonnant que les membres de la fa- mille soient caractérisés par une fonc- tion : la mère est enceinte, le père joueur, contraire, le film nous place au plus près du personnage et nous l’accompagnons dans la série d’épreuves qu’il doit relever. stratagèmes de plus en plus complexes la soeur a tous les attributs de la petite fille La question n’est pas de savoir pourquoi Tomboy — pour faire durer la méprise alors que la rentrée des classes se profile. princesse… De même, les lieux ont des fonctions sym- Laure agit ainsi mais plutôt jusqu’à quand elle pourra se faire passer pour Michaël. Le jeu lui va si bien que lorsqu’elle est Céline Sciamma — boliques : la forêt est le lieu de tous les contrainte de porter une robe, on a davan- France – 2011 – couleur – 1h22 Dedans / dehors dangers, le terrain de foot celui de l’af- tage l’impression de découvrir Michaël — D’emblée le film travaille le motif de la frontement et de l’affirmation de son déguisé en fille que de voir la « vraie » dualité : le masculin et le féminin et la identité, le lac celui de la naissance des nature de Laure. possibilité ludique, en tant qu’enfant, émotions amoureuses chez Liza. Cette d’explorer l’un et l’autre. Cette dualité du épure des personnages et des décors Tomboy raconte cette expérimentation genre est redoublée par celles qui arti- laisse place à une dynamique des regards. enfantine, source de puissance mais aussi culent le monde de l’enfance à celui des apprentissage de la cruauté du regard, le adultes, celle des interactions familiales — plus cruel étant celui des adultes, la mère et des interactions sociales. Tout le film Les règles du jeu en particulier, qui ne comprend pas à quel est structuré sur ces allers-retours, ces Le film est ainsi porté par le point de vue jeu joue sa fille. Car in fine, Laure joue et le Laure et sa famille viennent d’emménager balancements entre des identités et des des uns et des autres sur Laure/Michaël. film insiste sur cette dimension : qu’il dans un nouveau quartier : une petite cité comportements que Laure/Michaël expé- L’enfant y répond en proposant une image s’agisse du béret, du football, ou encore paisible à proximité d’un bois où les en- rimente du haut de ses 10 ans et formelle- minutieusement élaborée face au miroir : des 7 familles, à chaque fois le jeu revêt fants des alentours se retrouvent pour ment ils sont repris dans la distinction une moustache faite de cheveux coupés, une double dimension : sa dimension so- jouer. Suite à un quiproquo, la fillette âgée entre le dedans et le dehors : l’intérieur de des muscles que l’on aimerait saillants, ciale d’intégration au groupe, d’affirma- de 10 ans passe pour un garçon aux yeux l’appartement, lieu de la famille et de une posture de gagnant. Laure joue à être tion de soi et de reconnaissance de règles de ses nouveaux camarades, Lisa et sa Laure perçue comme une fille, lieu de Michaël parce que le regard des autres lui communes, mais à la fin, quoi qu’il se soit bande. Son allure de « garçon manqué », l’amitié et des amours naissantes où Mi- en donne l’occasion. passé, il est possible de recommencer à avec ses cheveux courts et ses vête- chaël impose sa présence. Dans ce film, zéro et d’entamer une nouvelle partie. ments androgynes, l’aident à garder le Céline Sciamma voulait montrer dans Tomboy accueille le regard du spectateur secret. Pour les enfants, elle est Michaël, quelle mesure c’est « le regard extérieur sans le sommer de prendre parti pour ou Collège au cinéma—Académie de Paris 9 2021—2022
1er trimestre liberticide et hostile aux femmes de son d’un grain de beauté apparu à l’adoles- touches de couleur pour les scènes ayant — 4 —3e e pays de naissance puis les difficultés de l’exil et la construction de son identité. cence, sans conteste celui de l’auteure), un corps qui évolue au gré des époques, un comportement : espiègle et curieuse, lieu au présent), mais ont ajouté des dé- cors tout en dégradés de gris, néces- saires dans la version filmée pour éviter — perdue mais volontaire. De ce personnage d’agresser l’oeil du spectateur. L’auteure Persepolis Une autobiographie ? À travers ses recueils de bandes dessi- nées puis avec ce film, Marjane Satrapi naît un récit structuré en flashbacks. Les époques distinctes se mêlent, l’enfance faisant parfois des incursions dans l’ado- revendique deux influences a priori sans point commun, si ce n’est d’avoir vu le jour dans une période d’immédiat après- — de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud s’exprime à la première personne et fait lescence sous forme de souvenirs et de guerre (la Première et la Seconde Guerre France – 2007 – Animation – 1h35 revivre avec les yeux et les mots de celle rêveries. Les frontières sont floues entre mondiale) : l’expressionnisme allemand, — qu’elle a été, les chemins douloureux de les faits et l’imaginaire : l’esprit de Marjie pour son travail sur les ombres et sa ré- sa jeunesse mais aussi les moments de vagabonde et nous sommes pris dans ce flexion sur l’expression de l’intériorité, et tendresse, de rire et de révolte qu’elle a mouvement qui donne toute son impor- le néoréalisme italien pour sa dimension partagés avec sa famille. Persepolis est tance à l’histoire familiale et à la trans- sociale et politique et son inscription dans toutefois plus qu’un récit intime puisqu’il mission. Même en exil, l’Iran et la liberté le réel. Adaptation de la bande-dessinée épo- dresse le portrait d’une certaine société de ton et d’esprit des proches de la jeune nyme de Marjane Satrapi, Persepolis est le iranienne victime de la République isla- fille se rappellent à elle. Le film, tout en retraçant un parcours sin- récit autobiographique de la jeunesse de miste. Cet entrelacement entre récit per- gulier et l’histoire récente de l’Iran, porte l’auteure. De son enfance en Iran, mar- sonnel et peinture sociale et historique a — une dimension universelle : « Pour moi, ce quée par le renversement du Chah et la fait le succès du film. Par ailleurs, il est Réalisme stylisé film parle davantage de : comment on révolution islamiste de 1979, en passant intéressant de voir comment la cinéaste, Le film s’affirme donc comme création grandit quand tout change brutalement par son adolescence et son départ pour accompagnée de Vincent Paronnaud, a fait narrative et plastique. Marjane parle à son autour de vous ? Comment on tombe l’Autriche après l’exécution de son oncle de Marjie un véritable personnage de film sujet de « réalisme stylisé ». Les propos amoureux la première fois ? Comment on par les gardiens de la République isla- d’animation. « Ce n'est pas ma vie, c'est sans filtre de la grand-mère vont de pair se marie et puis on le regrette quelques miste, à son arrivée en France, le film celle de Marjane. Mon métier est de ra- avec la douceur de son odeur, et côté des- mois plus tard ? Comment avoir une vie trace le parcours initiatique d’une figure conter une histoire, la meilleure possible. sin, il s’agit tout autant d’affirmer une normale au milieu de tout cela ? C'est un féminine forte et révoltée. Choyée par une Il ne s'agit pas pour moi de raconter la patte que d’être au plus juste du réel. Pour film universel et chacun peut d'autant famille d’intellectuels modernes, elle doit vérité, ce n'est pas un travail journalis- cela, Marjane Satrapi et Vincent Paron- plus s'y reconnaître grâce à l'animation, composer avec les contraintes qui s’im- tique, mais la vérité n'est jamais loin » a- naud ont repris le tracé noir de la bande car c'est l'animation qui rend l'histoire posent à elle, en premier lieu le régime t-elle déclaré. Marjie a un visage (marqué dessinée (avec l’ajout de quelques plus universelle. » Collège au cinéma—Académie de Paris 10 2021—2022
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— Programmation Collège au cinéma—Académie de Paris 12 2021—2022
2e trimestre des rencontres, récolter des images pour Cadrer, découper, recomposer, telle est la tournage très léger, en toute petite équipe, — 4 —3e e les agencer entre elles et raconter quelque chose de soi et de notre époque. — méthode d’Agnès Varda qui s’intéresse aux figures modestes, revendique un filmage artisanal, fait cohabiter le bon et le mau- particulièrement prisé dans le documen- taire. À l’instar d’autres cinéastes (comme Alain Cavalier par exemple), Agnès Varda Les Ciné-glanage Avec Les Glaneurs et la glaneuse, Agnès Var- vais goût sans les opposer. Chez elle, les parties ne sont pas moins importantes que s’empare de cette technologie qui colle par- faitement à la démarche d’une écriture in- Glaneurs da propose un film documentaire en forme de road-movie. Ce sont ses déplacements, ses déambulations à travers le territoire, qui le tout, bien au contraire : elle porte une attention toute particulière à l’autre, à ceux à qui on donne peu la parole ou qui n’osent time grâce à un outil à portée de main. La caméra devient elle-même le sujet du et la déclenchent les rencontres et structurent le film. Celui-ci se présente comme un kaléi- pas la prendre. Son approche documen- taire crée ainsi des circulations, des ren- film. L’oeuvre se fait réflexive et rend visible aux yeux des spectateurs ses propres glaneuse doscope d’expériences de glanage, un cabi- net de curiosité où cohabitent toutes sortes d’objets : des patates en forme de coeur, un contres entre son regard subjectif et ceux qu’elle choisit de filmer. Le film se fait lui- même « glanage » d’images, il se consti- conditions de création. Ces nouvelles pe- tites caméras ont été considérées comme un outillage permettant la démocratisation — de Agnès Varda pendule sans aiguille, des images éphé- tue au fur et à mesure de nouvelles trou- des images. En retour, les cinéastes profes- France – 2000 – couleur – 1h22 mères de camions prises à la volée… Il re- vailles et rencontres. « J'aime particulière- sionnels s’en sont emparés pour développer — lève tout autant de l’étude quasi anthropo- ment réaliser des documentaires parce une esthétique volontairement artisanale. Petite caméra au poing, Agnès Varda part logique d’une pratique que du journal filmé que je me mets à chaque fois en situation Agnès Varda ne cherche pas à « faire ciné- à la rencontre des glaneurs partout en (Agnès Varda s’exprime à la première per- de modestie et de risques » dit-elle. ma », elle est à la recherche d’une forme qui France. Les glaneurs, ce sont ceux qui, par sonne). La composition de l’ensemble est le — lui est propre. Inclure ainsi une réflexion sur choix ou par nécessité, récupèrent, ra- fruit d’un véritable art de l’agencement. À la Un film réflexif les images et leur matérialité, leur circula- massent, réutilisent ce que les autres manière d’une tapisserie, la cinéaste tire Le sujet du film rejoint donc les méthodes tion, leur emploi, ne fait pas des Glaneurs un laissent de côté, mettent au rebus, ou- des fils entre les personnages, aussi diffé- de production et de tournage. Les Glaneurs film théorique. Au contraire, la cinéaste y blient sur le bas-côté. Autrefois les gla- rents les uns des autres soient-ils : des per- et la glaneuse intègre dans son écriture une développe une sensibilité mêlée d’attention neurs ramassaient les épis de blés oubliés sonnes vivant très humblement, un chef réflexion sur les choix de mise en scène de à l’autre, au temps qui passe et au vieillisse- par la moisson, aujourd’hui ils s’inté- cuisinier étoilé, des militants anti-gaspi, un sa réalisatrice. C’est un film qui appartient à ment. Elle filme ses effets sur ses mains, sur ressent à toutes formes de denrées ali- artiste récupérateur. Tous autant qu’ils une époque bien précise de l’histoire du ci- son apparence ; se regarder en face et aus- mentaires ou non. Le geste du glanage sont, ont des motivations différentes pour néma : en 2000, on tourne de moins en culter ainsi ceux qui font oeuvre de récupé- s’étend à celui de filmer. Faire un docu- s’adonner au glanage (besoin vital, engage- moins sur pellicule et les petites caméras DV ration, c’est aussi déjouer la fatalité d’une mentaire, pour Agnès Varda, c’est, au gré ment éthique, choix artistique…). envahissent le marché. Elles permettent un mort promise. Collège au cinéma—Académie de Paris 13 2021—2022
3e trimestre qui la posent tout autant en complice allure et la même aisance que ceux qui passe également par les ellipses qui in- — 4 —3e e qu’en adversaire de son associé. — ont tout. Réalisé quelques années à peine après vitent à créer des liens entre les scènes et qui, comme les paroles, masquent autant qu’ils révèlent. Par les objets, enfin, qui Haute Liberté de ton, liberté de mouvement l’arrivée du cinéma parlant, Haute pègre porte le langage à une puissance et une dévoilent les personnages de façon jubila- toire : voyez comment les bijoux passent Pègre L’oeuvre de Lubitsch est l’une des plus en- virtuosité rarement égalées. Monescu est de main en main, apparaissent et dispa- thousiasmantes qui soit, grâce à sa liber- un véritable artiste du vol mais aussi de la raissent de façon aussi naturelle que Mo- té de ton et de parole déjouant les parole : arme de séduction et de persua- nescu franchit les portes des palaces ou — contraintes de la censure et grâce aussi à sion, elle opère chez lui comme un passe- de la chambre de Madame Collet. de Ernst Lubitsch la liberté de mouvement de la caméra et partout qui ouvre toutes les portes mais États-Unis – 1932 – noir et blanc - 1h23 VOSTFR des acteurs qui incarnent le plaisir des aussi la voie à tous les dérèglements cau- Cette élaboration complexe pourrait — déplacements. sés par le désir, le sexe et l’argent. Cette perdre les spectateurs si le cinéaste ne Dans un palace vénitien, Gaston Monescu, circulation entre le luxe et le trivial, le sé- faisait pas le pari de leur intelligence. un cambrioleur de haute volée, fait la De déplacements, il est ici question dans rieux et le ridicule est à l’image d’une in- Comme l’écrit François Truffaut, « Pas de connaissance de Lily, son alter-ego fémi- la façon dont des personnages d’origine trigue où les dimensions sociales et Lubitsch sans public, mais attention, le nin. Sous le charme l’un de l’autre, ils dé- modeste se mêlent à la haute société amoureuses deviennent indissociables. public n'est pas en plus, il est avec. Il fait cident de s’associer et choisissent pour mieux s’en jouer. Ce déplacement partie du film. (...) Les ellipses de scéna- comme victime Mariette Collet, une ri- symbolique est le fruit de leur audace. — rio, prodigieuses, ne fonctionnent que chissime veuve propriétaire de l’usine de Dans Haute pègre, Gaston Monescu et Lily Le plaisir de la sophistication parce que nos rires établissent le pont parfum Colet & Cie. Gaston Monescu réus- font fi des barrières sociales pourtant bien Cette liberté va de pair avec le plaisir que le d'une scène à l'autre. Dans le gruyère Lu- sit à se faire embaucher comme homme existantes. Le film s’ouvre en effet sur une spectateur peut éprouver en découvrant la bitsch, chaque trou est génial. » La « mé- de confiance et gestionnaire par Madame scène où l’on aperçoit une gondole char- sophistication et l’art du détail avec les- thode » Lubitsch est simple : raconter une Collet et ne tarde pas à faire entrer égale- gée de détritus conduite par un éboueur quels Lubitsch et son scénariste ont écrit histoire comme jamais elle n’avait été ra- ment Lily à son service. Séduit par Ma- qui laisse rapidement place à des person- le film et avec lesquels le cinéaste l’a mis contée au cinéma. Et n’oublions jamais dame Collet qui s’avère être une femme nages qui évoluent dans un univers beau- en scène. Cette sophistication est en pre- que si rien n’est simple, rien n’est jamais de caractère aussi séduisante et attirante coup plus luxueux. Si Lubitsch n’occulte mier lieu celle des dialogues écrits pour grave : Trouble in Paradise, le titre original que son coffre-fort, Monescu attise évi- pas cette réalité triviale, elle reste hors déjouer la censure mais aussi pour mettre du film en forme d’oxymore le résume demment la jalousie de Lily qui fait montre champ le temps du film, au profit d’un en éveil le spectateur qui se plaît à décoder parfaitement. Après tout nous sommes au d’une audace et d’une force de caractère monde où ceux qui n’ont rien ont la même des paroles pleines de sous-entendus. Elle Paradis ! Collège au cinéma—Académie de Paris 14 2021—2022
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— Les Cinémas Indépendants Parisiens Depuis 1992, l’association Cinémas Indépendants Parisiens fédère les salles de cinéma Cinémas Indépendants Parisiens 135, rue Saint-Martin 75004 Paris indépendantes, promeut leur richesse culturelle Contact Emmanuelle Ligero : 01 44 61 85 54 — emmanuelle.ligero@cip-paris.fr auprès de tous les publics et oeuvre pour l’éducation www.cip-paris.fr aux images afin de défendre le cinéma dans toute sa diversité.
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