COLLOQUE Quelle formation grammaticale pour de futurs traducteurs ? - Université de Mons
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COLLOQUE Quelle formation grammaticale pour de futurs traducteurs ? Résumé des communications UMONS - 9 et 10 mars 2017
COLLOQUE Quelle formation grammaticale pour de futurs traducteurs ? 9-10 mars 2017 Université de Mons, Campus de Nimy, avenue du champ de Mars, Mons Colloque organisé par les Services de Didactique des langues et des cultures et d’Études nordiques de la Faculté de traduction et d’interprétation (FTI-EII) de l’université de Mons, en collaboration avec le Département de traduction et interprétation de la Faculté de philosophie et lettres de l’université de Liège. Les organisateurs remercient le FNRS, l’Institut Langages de l’UMONS, les autorités académiques et facultaires de l’UMONS et de l’ULg, l’asbl Extension pour leur soutien financier et logistique. Ils expriment également leur reconnaissance aux membres du Comité scientifique pour le travail accompli. Membres du Comité scientifique Philippe Anckaert (ULB et KU Leuven), Michel Berré (UMONS), Béatrice Costa (UMONS), Gert De Sutter (UGent), Danièle Flament-Boistrancourt (Université Paris Ouest-Nanterre-La Défense), Patrick Goethals (UGent), Maria Hellerstedt (Lille 3), Michael Herslund (Copenhagen Business School), Philippe Hiligsmann (UCL), Céline Letawe (ULg), Indra Noël (UMONS), Julien Perrez (ULg), Laurent Rasier (ULg), Hedwig Reuter (UMONS), Laurence Rosier (ULB), Winibert Segers (KU Leuven), Gudrun Vanderbauwhede (UMONS). Membres du Comité d’organisation Michel Berré (UMONS), Béatrice Costa (UMONS), Adrien Kefer (UMONS), Céline Letawe (ULg), Indra Noël (UMONS), Hedwig Reuter (UMONS), Gudrun Vanderbauwhede (UMONS). 1/30
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RÉSUMÉ DES CONFÉRENCES Les quatre conférences ont lieu à la salle Polyvalente de la FTI Typologie lexicale, grammaire et traduction (jeudi 9 mars, 9h20-10h10) Michael Herslund Copenhagen Business School Le français (langue romane) et le danois (langue germanique) appartiennent à deux types lexicaux distincts. Ce fait a aussi bien des répercussions sur la grammaire des deux langues que des conséquences importantes pour la traduction entre ces langues. Les différences en question se manifestent avant tout dans une complémentarité entre les deux classes de mots majeurs, verbes et nom : alors que le français est caractérisé par un grand nombre de verbes généraux (surtout pour exprimer le déplacement, mais aussi beaucoup d’autres classes de verbes), le danois comporte presque uniquement des verbes concrets ; pour les noms, le français possède surtout des lexèmes assez concrets qui désignent la configuration des objets dénotés, alors que le nom danois désigne surtout la fonction de l’entité en question. Comme une première illustration, on peut prendre les verbes de mouvement, qui constituent une classe de verbes centrale, dans la mesure où beaucoup de verbes comportent un composant sémantique [ MOUVEMENT] : les verbes de mouvement français qui dénotent le déplacement (aller, venir, entrer, sortir,…) comportent tous le composant [DIRECTION], mais ne mentionnent pas la manière dont leur sujet se déplace, ce qui veut dire qu’ils se combinent avec toutes sortes de sujets. Par contre, les verbes danois qui dénotent un déplacement, ne mentionnent pas la direction du mouvement, mais bien la manière, d’où des restrictions sévères sur leur sujet. Pour exprimer, en danois, la direction, donc pour décrire un déplacement, il faut ajouter une particule extérieure au lexème verbal (par ex. løbe ud ‘sortir (en courant)’). En même temps, et c’est ici qu’intervient aussi la grammaire, on a l’auxiliaire være ‘être’ au lieu de have ‘avoir’ (Han er løbet ud ‘Il est sorti (en courant)’ vs. Han har løbet hele dagen ‘Il a couru toute la journée’). En ce qui concerne la traduction en français de ces exemples très simples, il suffit normalement la plupart du temps, de mentionner le déplacement par le verbe simple (d’où les parenthèses dans les exemples ci-dessus), Il s’approcha de son camarade, quand la manière de se déplacer est ou bien non pertinent, ou bien ressort du contexte ; en revanche, quand il faut mentionner ce composant on le fait en ajoutant quelque chose d’extérieur au lexème, par exemple un gérondif : Il s’approcha de son camarade en rampant. Mon intervention approfondira ces distinctions lexicales et en discutera les conséquences pour la grammaire et pour la traduction. Functional Grammar as a Helpful Tool for Translator Training (jeudi 9 mars, 14h10-14h50) Marina Manfredi University of Bologna, Italy This talk argues that the kind of grammar which should be taught to translators-to-be is functional, such as Hallidayan Functional Grammar (FG) (Halliday 1994, Halliday & Matthiessen 2014). I maintain that such a model is useful for describing and interpreting a source text and reproducing it in a functionally equivalent target text and also for tackling translation as both a process and a product. Why FG? Firstly, ‘meaning’ is central in translation practice: a grammar which considers language as a meaning making resource can thus offer a fruitful contribution. Secondly, any text encodes multidimensional kinds of ‘meaning’, which are related to the functions of language: a grammar which sees language as the realization of three different strands of meaning (i.e., ideational, interpersonal and textual) – determined by a context 3/30
of situation and of culture – can best assist the translator in his/her activity. Thirdly, a translator is constantly confronted with the issue of ‘choice’: “a theory of meaning as choice” (Halliday 1992: 15) is clearly a framework that is relevant to translation. Last but not least, FG could help bridge the gap between ‘descriptivism’ and ‘prescriptivism’ in translation education and training. Illustrative examples will be offered, mainly focusing on the language pair English-Italian, arguably extendable to other European languages and (contexts of) cultures. M.A.K. HALLIDAY, An Introduction to Functional Grammar, 2 nd ed. London: Arnold, 1994 [19851]. —, Language theory and translation practice. Rivista internazionale di tecnica della Traduzione/ International Journal of Translation, 0, 1992, 15-25. M.A.K. HALLIDAY, C.M.I.M MATTHIESSEN, Halliday’s Introduction to Functional Grammar, 4th ed. London/New York: Routledge, 2014 [20041]. Les représentations de langue : de l’imaginaire linguistique sur la toile à propos du purisme, de la grammaire et de la traduction (vendredi 10 mars, 9h20-10h10) Laurence Rosier ULB - Ladisco/ Striges S’il y a un sujet qui revient bien souvent dans les forums traitant des jeux de société, c’est bien celui des soucis de règles de jeux. Précisions manquantes, fautes d’orthographe, traduction approximative ou amputée d’un paragraphe, j’en passe et des meilleures. On trouve même régulièrement de splendides coquilles sur le couvercle ou le dos d’une boite de jeu. https://gusandco.net/2015/10/23/pourquoi-les-regle-de-jeu-sont-parfoi-tellement-mal-traduit Dans cette conférence, j’examinerai, à partir d’un corpus numérique, les genres de discours et les manifestations du discours puriste – conçu comme un métadiscours normatif à tendance prescriptive ou proscriptive (Paveau et Rosier 2008) – traitant de la grammaire et de la traduction (des traducteurs) dans des univers non scolaires. Quel rôle linguistique, social, culturel accorder à ces interventions qui s’inscrivent dans des lignées discursives fondatrices (amour de la langue, protectionnisme linguistique, fidélité grammaticale, pureté lexicale, etc.) ? Le purisme dit une certaine vérité sur les usages langagiers, en s’appuyant sur des emplois très normés de la langue, généralement transmis en classes de langues. Le purisme relaie un imaginaire linguistique (Houdebine période 1975-2008), constitutif de toute langue et s’exhibe notamment sous la forme d’allo- et auto-évaluations. En ce sens le purisme serait à la fois une compétence culturelle et discursive dont il s’agit de tenir compte dans l’enseignement. Des vertus de la contrastivité en grammaire (vendredi 10 mars, 14h05-15h) Peter Blumenthal Romanisches Seminar Universitaet zu Koeln L’intérêt de la présente thématique m’est apparu lors de quelques discussions avec des collègues enseignant dans deux instituts de traduction et d’interprétation en Allemagne. Il procède d’un paradoxe : d’une part, un grand nombre de professeurs se déclare convaincu de la nécessité d’un enseignement contrastif, portant essentiellement sur une comparaison entre la langue maternelle et les langues-cibles ; d’autre part, on ne trouve aucune trace de contrastivité ni dans les études réelles, ni dans les programmes officiels. Petite exception, du moins partielle : à Mons, on prévoit pour la deuxième année du cycle bachelier « que les étudiants [soient] confrontés à une démarche plus contrastive » (cf. http://portail.umons.ac.be). Mon plaidoyer en faveur d’une revalorisation d’un enseignement contrastif se base sur un fait psycholinguistique avéré et notoire, celui du danger permanent d’interférences lors du maniement de deux ou plusieurs langues, et s’appuie sur une sorte d’optimisme rationaliste à la Socrate, à savoir l’idée que la prise de conscience du 4/30
problème constitue la première étape sur la voie de sa solution. À mon sens, donc, les recherches contrastives constituent un outil efficace pour optimiser la capacité de traduire. Concrètement, quelles sont les structures de la langue qui ont le plus besoin de telles études ? Selon les analyses de fautes, les germanophones ont des problèmes particuliers dans deux domaines de la grammaire française : la détermination du nom et les temps du passé. En sens inverse, c’est surtout l’ordre des mots en allemand qui pose problème aux francophones. Pour aller au-delà de ces constatations, certes très utiles, mais peu originales, on aura intérêt à ne pas limiter la recherche contrastive à la grammaire traditionnelle, mais à choisir un cadre plus théorique, lié à un modèle de communication. Sur cette base élargie, il deviendra possible d’étudier des contrastes plus subtils, d’ordre énonciatif (comme la manifestation de la subjectivité) ou textuel (rôle des marqueurs discursifs). 5/30
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RÉSUMÉ DES INTERVENTIONS Les résumés figurent par ordre alphabétique. Les textes envoyés par les intervenants ont pu faire l’objet de légères modifications sur le plan formel en vue d’uniformiser les présentations. Concernant la réforme orthographique de la langue française de 1990, les choix des auteurs des textes ont été respectés. La grammaire en classe de langue : quelques propositions didactiques basées sur l’analyse de l’interlangue en FLE d’étudiants en traduction de l’université de Concepción (Chili) Isabel G. Alvarado Laboratoire Parole et Langage Université d’Aix Marseille Notre contribution a pour objectif de montrer comment utiliser les données d’une analyse de l’interlangue d’apprenants de français langue étrangère pour définir quelques principes d’enseignement grammatical qui contribueront à améliorer l’apprentissage de la langue cible et à nourrir la formation du futur traducteur. D’abord nous rendrons compte des principaux résultats de notre recherche portant sur l’acquisition de la syntaxe du groupe verbal en français L3 par des étudiants débutants en français. Le corpus est constitué par 484 productions écrites de 28 étudiants de première année de la filière de Traduction/Interprétation de l’Université de Concepción au Chili. Ces rédactions ont été analysées afin de mettre à jour l’acquisition des pronoms compléments et la construction des compléments nominaux du verbe. Nous avons analysé l’interlangue comme un ensemble de microsystèmes à la fois perméable aux influences des langues préalablement acquises (ici, espagnol L1, anglais L2) et obéissant à une dynamique interne marquée par des stades de développement (Carlo et al. 2009 ; Gass et Selinker 1983, p. 7). La seconde partie de notre présentation porte sur les implications didactiques de ces observations. De nombreux obstacles se dressent au moment de transposer les résultats d’une analyse linguistique dans la réalité de la classe (Beacco, 2010 ; Véronique, 2000 et 2014) mais nous voudrions montrer que nos observations peuvent guider certains principes dans l’enseignement grammatical. Pour nos étudiants, qui sont débutants en français lorsqu’ils s’inscrivent dans la filière de Traduction, la classe de langue constitue un moment privilégié pour poser les bases d’une réflexion linguistique qui pourra être mise à profit notamment dans leurs futurs cours de traduction espagnol-français, où la fossilisation de certaines erreurs de syntaxe et le manque de réflexion sur les langues en présence sont les plus préjudiciables. La mise en place d’un enseignement grammatical réflexif, individualisé et qui prend en compte les phénomènes développementaux comme les influences des langues sources, contribue à la formation linguistique et transversale du futur traducteur. Mots clés FLE, acquisition de la syntaxe, transposition didactique, enseignement de la grammaire, formation des traducteurs. Références bibliographiques J.- Cl. BEACCO, La didactique de la grammaire dans l’enseignement du français et des langues. Paris : Didier, 2010. C. CARLO, C. GRANGET, J.-O. KIM, M. PRODEAU et D. VERONIQUE, Acquisition de la grammaire du français langue étrangère. Paris : Didier, 2009. S. GASS, L. SELINKER, Language Transfer in Language Learning. Rowley MA : Newbury House, 1983. D. VERONIQUE (éd.), « Didactique des langues étrangères et recherches sur l’acquisition ». Études de linguistique appliquée 120. Paris : Klincksieck, 2000. —, « De la description de l’acquisition grammaticale à l’élaboration d’une progression d’enseignement en français langue étrangère : l’exemple du verbe ». La transposition en didactique du FLE et du FLS. Le Français dans le Monde – Recherches et Applications 55. Paris : CLE International, 2014, pp. 30-43. 7/30
Les exemples lexicographiques et leur traduction : quel(s) rôle(s) dans la pratique du traducteur ? Clémence Belleflamme Département de langues et littératures modernes Université de Liège Puisqu’il fournit des équivalents de traduction, le dictionnaire bilingue est l’outil privilégié du traducteur. Celui-ci y cherche les réponses aux questions qu’il se pose dans le cadre de ses activités professionnelles. À cet égard, l’élément de microstructure qu’est l’exemple lexicographique est une source d’informations particulièrement précieuse, dont le traducteur devrait tirer profit. L’exemple remplit en effet toute une série de fonctions, tant sémantiques ou stylistiques que grammaticales (syntaxiques et morphologiques). Selon Michael Toope, dans un dictionnaire bilingue, les exemples ont, en outre, des fonctions de traduction. Ils devraient, notamment, suggérer à l’utilisateur des procédures de traduction indirecte (Toope, 1996, p. 99), l’incitant dès lors à ne pas opter systématiquement pour une traduction isomorphe (Blanco, 1997, p. 134), mais à privilégier une solution plus conforme à l’usage. Par ailleurs, Xavier Blanco et Philippe Humblé s’accordent sur le fait que les exemples lexicographiques et leur traduction devraient mettre en évidence les différences existant entre deux systèmes linguistiques (Blanco 1996, p. 934 et Humblé 2001, p. 70). Dans notre travail de fin d’études en traduction, nous avons cherché à identifier les questions de linguistique contrastive illustrées par les exemples lexicographiques et leur traduction, ainsi qu’à déterminer quelles solutions les dictionnaires apportaient à l’utilisateur effectuant une tâche de traduction vers sa langue maternelle. Cette analyse reposait sur l’observation des divergences, ces « différences de structures syntaxiques de surface » (Vandooren, 1993, p. 77), que présentaient l’exemple et sa traduction. À l’occasion de notre communication, nous livrerons à l’assemblée les résultats de notre analyse et nous nous pencherons sur une série d’exemples significatifs, issus de trois dictionnaires bilingues généraux allemand-français, afin de montrer en quoi les exemples lexicographiques peuvent aider le traducteur (ou l’étudiant en traduction) à résoudre certains problèmes liés à des obstacles d’ordre syntaxique. Mots clés Exemple lexicographique, dictionnaire bilingue, linguistique contrastive, traduction, syntaxe. Références bibliographiques X. BLANCO, El ejemplo en el diccionario bilingüe : tipología y funciones del ejemplo en el marco de la lexicografía bilingüe general contemporánea francés-español, español-francés. Barcelone : Universitat Autónoma de Barcelona, 1996. —, « Lexicographie bilingue (français-espagnol) et traduction : l’exemple ». Meta, 42-1, 1997, p. 134. P. BLUMENTHAL, Sprachvergleich Deutsch-Französisch. Tübingen : Max Niemeyer Verlag, 1997. Ph. HUMBLÉ, Dictionaries and Language Learners. Francfort-sur-le-Main : Haag und Herchen, 2001. M. TOOPE, Examples in the Bilingual Dictionary. Ottawa : Université d’Ottawa, 1996. Fr. VANDOOREN, Divergences de traduction et architectures de transfert. In : P. Bouillon et A. Clas, La traductique. Montréal : Presses de l’université de Montréal, 1993, pp. 77-90. 8/30
Une problématique cruciale, que traduire : La langue, la grammaire, la rhétorique ou le style ? Sara Ben Larbi Université de Lorraine Que doit rendre le traducteur : le sens exact ou la syntaxe correcte ? Suffit-il de maîtriser les règles grammaticales pour traduire aisément ? Bien que la grammaire normative soit une étape nécessaire pour résoudre les difficultés grammaticales, lexicales et sémantiques, elle s’avère insuffisante. Une question s’impose : que doit-on traduire au juste, la langue, la grammaire, la rhétorique ou le style ? Notre expérimentation sur vingt « apprentis traducteurs », menée sur un corpus littéraire traduit du français vers l’anglais, implique une approche de linguistique contrastive et nous amène à porter un regard critique sur la traduction pédagogique actuelle. Elle est illustrée par quatre extraits de textes dont deux romans : Le Marin de Gibraltar, de Marguerite Duras (Paris, Gallimard, 1952) et Phantasia de Abdelwahab Meddeb (Paris, éd. Sindbad, 1986) et deux textes de poésie : La Divine Comédie de Dante Alighieri, (Paradis I, Paris, Flammarion, 1990) et Si tu m’oublies de Pablo Neruda, traduction de If you forget me, de Ricard Ripoll i Villanueva. Notre contribution se décline des trois manières suivantes : premièrement, la traduction linguistique examine les difficultés grammaticales et lexicales. Deuxièmement, la traduction rhétorique révèle un cas d’étude de traduction de la métaphore et la traduction stylistique distingue la stylistique de l’expression française de l’anglaise en constatant que ce qui rend sa traduction délicate, c’est que le style est instable. Enfin, la dimension créatrice perçoit la traduction comme re-création, parce que le rôle dévolu au traducteur ne se réduit pas à pratiquer des exercices (traduire ou reformuler), mais plutôt à maîtriser une activité cérébrale où l’esprit s’exerce constamment. Mots clés Contrastivité français-anglais, traduction grammaticale, traduction lexicale, traduction de la métaphore, traduction stylistique. Références bibliographiques J. BOUSCAREN, J. CHUQUET, L. DANON-BOILEAU et R. FLINTAM, Introduction to A Linguistic Grammar of English. An Utterer – Centred Approach. Paris : Ophrys, 1996. J CHUQUET et M. PAILLARD, Approche linguistique des problèmes de traduction : anglais-français. Paris : Ophrys, 1989. J.-P. VINAY et J. DARBELNET, Stylistique comparée du français et de l’anglais. Paris : Didier Scolaire, 2004 (rééd.). P. NEWMARK, The Translation of Metaphor. In: R.E. Asher, The encyclopedia of language and linguistics. New York: Pergamon Press, 1994. M. BAKER, « Towards a Methodology for Investigating the Style of a Literary Translator ». Target 12-2, 2000, pp. 241- 266. C. FROMILHAGUE, Les figures de styles. Paris : A. Colin, 2010. 9/30
Enseigner la grammaire pour la traduction : traduire le pronom clitique “on” en italien Alberto Bramati Università degli Studi de Milan Cette contribution propose une réflexion sur le rôle de la grammaire dans notre cours « Théorie et pratique de la traduction du français en italien » réservé aux étudiants de troisième année en Mediazione linguistica e culturale. Comme ces étudiants ont déjà étudié les éléments fondamentaux de la grammaire française (niveau B2), nous nous concentrons sur les « points de conflit » grammaticaux qui posent problème aux traducteurs. Pour illustrer notre méthodologie, nous analyserons le cas du pronom français on, qui n’a pas de correspondant en italien, d’où la difficulté pour les traducteurs de trouver une solution adéquate pour ses différents emplois. Les dictionnaires bilingues et les grammaires contrastives proposent bien une liste de solutions, mais ils ne fournissent pas d’explications sur les raisons qui permettent ou qui interdisent leur emploi dans un contexte donné. Ce flou est souvent à l’origine de traductions inappropriées, voire fautives. Notre méthodologie prévoit deux phases de travail : une phase de recherche, qui consiste à la fois à prendre connaissance des études existant sur le point grammatical abordé et à créer un corpus parallèle bilingue, et une phase d’application didactique des résultats de cette recherche. Notre recherche commence toujours par le dépouillement des grammaires du français ainsi que des grammaires contrastives français-italien, moins détaillées mais souvent riches en suggestions pour la traduction. Elle se poursuit par le dépouillement d’études en linguistique française et italienne, censées apporter des informations utiles au regard de la traduction. Pour on, les informations collectées au cours de cette phase nous ont permis d’établir un classement précis des différents emplois du pronom, chacun accompagné d’une liste provisoire de traductions possibles. Parallèlement à ce travail, nous construisons un corpus parallèle de textes français (romans et essais) avec leur traduction en italien, ce qui permet d’observer comment les traducteurs professionnels ont résolu le problème étudié. Pour on, les exemples tirés du corpus, répartis selon le classement obtenu, nous ont permis de dresser une liste quasi exhaustive de solutions et surtout de dégager une règle pratique : non pas « ce qu’il faut faire » (plusieurs solutions étant possibles pour chaque emploi de on), mais plutôt « ce qu’il ne faut pas faire », et pourquoi. Une fois le problème élucidé, nous passons à l’application didactique des résultats de la recherche. Dans notre cours, nous adoptons une méthode inductive, qui pousse les étudiants à rechercher eux-mêmes la solution d’un problème. Pour on, les étudiants ont été invités à traduire chez eux des phrases tirées du corpus. La correction collective a ensuite permis, d’un côté, de comparer leurs solutions avec celles des traducteurs professionnels, de l’autre, de présenter au tableau la liste des traductions possibles ainsi que la règle qui préside à leur application. Deux autres séances d’exercices ont été ensuite consacrées au renforcement des nouvelles connaissances et à la vérification de leur correcte application. Au terme du parcours, l’étudiant est censé avoir compris que, pour traduire on, il ne peut suivre sa vague intuition linguistique, mais il doit se poser un certain nombre de questions et appliquer une certaine règle de traduction. C’est ce type de démarche que nous proposons pour tous les « points de conflit » grammaticaux que nous abordons dans nos cours. Mots clés Traduction français-italien, grammaire contrastive, corpus parallèle bilingue, pronom clitique on, pronoms indéfinis. Références bibliographiques M.-J. BEGUELIN, « La concurrence entre nous et on en français ». In : M. Ch. Janner et al., Noi – Nou – Nosotros. Berne : Peter Lang, 2014, pp. 71-94. Cl. BLANCHE-BENVENISTE, « Le double jeu du pronom on ». In : P. Hadermann, A. Van Slijcke, M. Berré (éds), La syntaxe raisonnée. Bruxelles : De Boeck-Duculot, 2003, pp. 41-56. K. FLØTTUM, K. JONASSON, C. NOREN, ON. Pronom à facettes. Bruxelles : De Boeck, 2007. Ch. MULLER, « Sur les emplois personnels de l’indéfini “on” ». Revue de linguistique romane 34, 1970, pp. 48-55. Ch. SCHAPIRA, « “On” pronom indéfini ». In : F. Corblin et al. (éds.), Indéfini et prédication. Paris : Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2006, pp. 507-518. 10/30
De l’importance de la structure informationnelle en passant de la langue source à la langue cible. Le cas de la topicalisation en traduction néerlandais-français Magali Claeskens, Julien Perrez & Laurent Rasier Université de Liège En passant d’une langue source à une langue cible, les traducteurs doivent non seulement respecter les structures syntaxiques et le contenu sémantique de la langue source, mais aussi veiller à en respecter la structure informationnelle. Cette dimension fonctionnelle se situe au-delà des frontières strictes de la grammaire, mais constitue néanmoins une composante essentielle de l’apprentissage du processus de traduction. Les phénomènes de topicalisation, consistant à mettre en position frontale un élément de la phrase (autre que le sujet), constituent un bon exemple de cette dimension fonctionnelle du processus de traduction de la phrase. En néerlandais, les éléments topicalisés peuvent revêtir différents niveaux de focalisation (Rasier, 2007). Plus particulièrement, ils peuvent avoir une valeur purement thématique, par exemple dans un cas de progression linéaire (Flament, 2006) comme dans l’exemple (1), ou, à l’inverse, totalement rhématique, comme dans l’exemple (2). (1) Louise heeft me een kaartje gestuurd, waarop de kathedraal van Antwerpen te zien is. Die kathedraal zal ze wel bezocht hebben tijdens haar weekendje in de havenstad. (bron : Nederlandse Grammatica voor Franstaligen) (2) Verrassend lang heeft dat misverstand standgehouden (bron : nrc.nl, 22/07/13) Pour le traducteur, il est primordial de pouvoir décoder ces différents niveaux de focalisation des éléments topicalisés, afin de transposer de manière adéquate la structure informationnelle de la langue source. Cette problématique soulève également la question des stratégies dont disposent les traducteurs pour rendre des éléments fortement focalisés du néerlandais en français. Alors que le néerlandais, grâce à sa plus grande flexibilité prosodique (Rasier 2007) peut se permettre de topicaliser des éléments focalisés à l’écrit, cette stratégie apparaît comme étant inadaptée au français. D’autre part, les stratégies propres au français pour marquer les éléments rhématiques de la phrase (structures clivées, dislocation…) relèvent le plus souvent du registre oral et non écrit. Sur base de ces différentes considérations, notre contribution vise à étudier comment les étudiants en traduction peuvent percevoir et rendre, à l’écrit, des éléments topicalisés présentant différents niveaux de focalisation. Pour ce faire, nous avons mené une étude exploratoire basée sur un échantillon de quinze traductions d’étudiants de BAC2 (texte : Allemaal eurosceptisch, Juurd Eijsvoogel, nrc.nl ). Les résultats de cette étude, actuellement en cours d’analyse, seront présentés de manière détaillée lors de la conférence, ainsi que des pistes de réflexion pour l’intégration de cette dimension fonctionnelle dans les enseignements destinés aux traducteurs. Mots clés Structure informationnelle de la phrase, topicalisation, focalisation. Références bibliographiques D. FLAMENT, « L’entrée thème/rhème du glossaire de Comenius ». Linx 55, 2006 (édition mise mis en ligne le 22 février 2011 ; consultée le 3 octobre 2016. URL : http://linx.revues.org/389 ; DOI : 10.4000/ linx.389). L. RASIER, « Functionele en contrastieve aspecten van de woordvolgorde. Focusmarkering in het Frans en in het Nederlands ». In: J. Fenoulhet (ed), Neerlandistiek in contrast. Handelingen van het Zestiende Colloquium Neerlandicum, 2007, pp. 261-274. 11/30
Grammaire et rythme. Une complétude difficile à atteindre Béatrice Costa Service de Communication écrite Faculté de Traduction et Interprétation-EII – UMONS Bénédicte Van Gysel Service d’Études nordiques Faculté de Traduction et Interprétation-EII – UMONS La qualité d’une traduction dépend, au-delà de l’élucidation du sens, d’une multiplicité de facteurs, parmi lesquels la grammaire occupe une place de choix. Plus qu’une simple branche de l’enseignement des langues étrangères, la grammaire se révèle, à plusieurs titres, un lieu de tensions entre les langues et les textes en présence : qu’il s’agisse d’appréhender et de confronter les systèmes de la langue cible et de la langue source, d’en respecter les évolutions respectives, de découvrir les moyens formels qu’elles proposent à la création et à l’expressivité des auteurs, de percevoir leurs normes comme les innovations qu’elles suscitent, qu’elles tolèrent ou qui les malmènent pour les tisser au jour le jour. Ainsi, à titre indicatif, ces connaissances grammaticales – d’une grammaire ouverte sur autre chose qu’elle-même – aideront le traducteur a) à traduire du français vers l’allemand des phrases contenant un, voire plusieurs participes présents ; b) à traduire du français vers l’anglais les valeurs modales du subjonctif, catégorie grammaticale réputée imprévisible ; c) à rendre en français les valeurs modales du passif danois ; d) à traduire en danois les textes de Platon, dont la syntaxe contribue à façonner le style, et dont la langue, en tant que langue morte d’une richesse morphosyntaxique exceptionnelle, pose des problèmes spécifiques au traducteur. Dès lors, quelle grammaire enseigner au futur traducteur ? Faut-il lui proposer, comme c’est le cas dans les universités canadiennes, une « méthode de traduction raisonnée » (Jean Delisle) ? Doit-on se fier aux préceptes de la stylistique comparée, telle qu’elle est enseignée dans les Facultés de traduction allemandes ? Faut-il, en tant qu’enseignant, se poser la question de savoir si l’apprenant doit être considéré comme futur « locuteur » ou comme futur « traducteur » ? Si la présente contribution met un point d’honneur à souligner, au moyen d’exemples concrets, le rôle capital de la grammaire dans la formation du traducteur, nous ne nous érigerons pas en championnes de chapelles grammaticales. Plutôt que de considérer la méthode contrastive comme le seul mode adéquat pour approcher la traduction, nous soutiendrons qu’il existe d’autres outils, lorsqu’il s’agit de restituer en langue cible le rythme et la prosodie d’une phrase, lorsqu’il s’agit de s’ouvrir à l’oralité, à cette parole en performance, au sein de laquelle une « forme de vie » se transforme en « forme de langage » (Henri Meschonnic). La traduction, processus éminemment complexe, ne peut se contenter d’une approche unique et exclusive. Elle gagne à être abordée par l’idée d’une interaction ou d’une interdépendance (Wechselwirkung) entre une pensée d’ordre grammatical et une pensée basée sur la notion du rythme. Cette dernière approche, telle qu’elle a été développée par Meschonnic, veut embrasser le « poème » contenu dans tout texte littéraire ; elle prendra donc en compte des phénomènes langagiers « agrammaticaux », qui ne peuvent être confinés dans le schéma dualiste du signe, dans l’opposition distincte entre une « forme » et un « sens ». Mots clés Grammaire contrastive, poétique, rythme, Wechselwirkung, valeurs. Références bibliographiques J.-M. ADAM, La linguistique textuelle. Introduction à l’analyse textuelle des discours. Paris : A. Colin, 2005. J. DELISLE, La traduction raisonnée. Manuel d’initiation à la traduction professionnelle de l’anglais vers le français (3e édit.). Ottawa : Presses de l’Université d’Ottawa, 2013. E. HANSEN, L. HELTOFT, Grammatik over det danske sprog. Odense : Syddansk Universitetesforlag, 2011 (Det Danske Sprog- og Litteraturselskab). H. MESCHONNIC, Éthique et politique du traduire. Paris : Verdier, 2007. Ch. TOURATIER, Analyse et théorie syntaxiques. Aix-en-Provence : Publications de l’Université de Provence, 2005. 12/30
La grammaire dans le bon sens Alice Delorme Benites Institut de traduction et d’interprétation Université des sciences appliquées de Zurich L’Institut de traduction et d’interprétation (IUED) de l’Université des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) propose un bachelor en langues appliquées débouchant notamment sur les métiers de la traduction. Le cursus prévoit au premier semestre d’études un cours de grammaire en L1 et L2, préalable aux cours de traduction. Si l’utilité du cours est indéniable, il représente un défi complexe : son objectif se trouve à l’intersection de la plupart des approches didactiques de la grammaire. Les étudiants maîtrisent, en principe, déjà l’usage grammatical de la langue et en ont appris les régularités à l’école. Toutefois, l’approche prescriptive de la grammaire ne tient pas compte d’innombrables variations sociolectiques que le traducteur doit savoir identifier comme telles. Une simple énonciation normative de la grammaire telle qu’on la trouve dans les manuels scolaires ou universitaires ne trouve donc pas sa place ici, sans ignorer toutefois un éventuel besoin de consolidation et d’élimination de lacunes. D’autre part, ces étudiants ne se destinent pas à une formation classique de langues, où l’étude de la grammaire revêt un aspect linguistique de réflexion théorique, voire historique. Une approche uniquement descriptive serait donc tout aussi peu utile. Reste néanmoins le besoin impératif, pour de futurs professionnels, d’acquérir des connaissances certes pratiques mais approfondies du système grammatical de leurs langues de travail. La formation grammaticale du traducteur doit donc s’appuyer sur un concept basé sur le texte dans sa globalité et présentant la grammaire comme une interface d’accès au sens. S’impose alors une triple réflexion : quels contenus proposer dans le cadre d’un tel cours de grammaire (et basés sur quel modèle théorique) ? Quelle approche choisir pour transmettre ces contenus ? Quelle méthode didactique permettra à l’étudiant d’acquérir non seulement les savoirs présentés mais aussi les compétences de recherche et d’apprentissage propres à tout professionnel de la langue conscient de ses limites ? En présentant le projet pilote d’un cours de grammaire résultant de cette réflexion, nous introduirons la base théorique que constituent les grammaires de constructions et plus particulièrement la grammaire de constructions radicale pour un rapprochement entre l’enseignement de la grammaire et le travail du traducteur. En effet, elle permet une comparaison entre L1 et L2 à trois niveaux : lexical, syntaxique et textuel. Enfin, nous évoquerons brièvement les avantages concrets du modèle de classe inversée appliqué à un cours de grammaire, notamment concernant le recours autonome des étudiants à diverses sources de référence. Mots-clés : Grammaires de constructions, compétences, stylistique comparée. Références bibliographiques : W. CROFT, Radical construction grammar: Syntactic theory in typological perspective. Oxford : Oxford University Press, 2001. K. FISCHER, A. STEFANOWITSCH (eds), Konstruktionsgrammatik I, Von der Anwendung zur Theorie. Tübingen : Stauffenburg, 2008. J. FRANÇOIS, « Les grammaires de construction, un bâtiment ouvert aux quatre vents ». Cahiers du CRISCO 26, 2008, pp. 1-19. A. MALBLANC, Stylistique comparée du français et de l’allemand. Essai de représentation linguistique comparée et étude de traduction. Paris : Didier, 1966. M. PERENNEC, Éléments de traduction comparée français-allemand. Paris : Nathan, 1993. 13/30
Sensibiliser les futurs traducteurs aux finesses modales : étude contrastive sur corpus néerlandais-français Guillaume Deneufbourg Université de Mons & Université de Lille3 À travers cette communication, nous nous interrogerons sur l’utilité d’enseigner certaines notions de grammaire fine aux étudiants en traduction, en nous intéressant plus particulièrement à la modalité épistémique et aux notions d’évidentialité et de polyphonie qu’elle recouvre. Nous nous pencherons à cette fin sur le verbe modal néerlandais blijken et ses pendants sémantiques français, que nous analyserons par le biais d’une étude contrastive (quantitative et qualitative) sur corpus comparables et parallèles (Loock, 2016). Le marqueur épistémique blijken a été retenu en raison de sa double particularité d’être à la fois très fréquent en néerlandais et d’être structurellement et syntaxiquement relativement éloigné du français. Nous nous concentrerons de façon plus spécifique sur ses fonctions évidentielle (Dendale et Tasmowski, 1994) et polyphonique (par analogie aux travaux du cercle des polyphonistes scandinaves – Nølke, 1993). Le corpus utilisé sera la Dutch Parallel Corpus (DPC) et l’étude portera sur des textes de type journalistique. L’objectif de cette étude sera de poser les prémisses d’un volet didactique visant à sensibiliser les apprenants aux phénomènes modaux rencontrés et à leur proposer des solutions argumentées destinées à contourner plus aisément les difficultés, à rendre leurs traductions plus idiomatiques et plus naturelles, et donc, conformément aux prescriptions de la majorité des standards de traduction en application sur le marché professionnel (EMT ; PACTE), de meilleure qualité. Nous procèderons d’une part à une analyse quantitative des marqueurs d’évidentialité à l’étude sur des corpus comparables de français original et de français traduit, et d’autre part, à une analyse qualitative des solutions de traduction proposées en français. Le premier objectif, quantitatif, sera d’analyser la fréquence des équivalents sémantiques, avec comme postulat que la fréquence de tournures proches de la structure sémantique néerlandaise sera supérieure dans le corpus de français traduit que dans le corpus de français original, ce qui indiquerait la présence d’interférences de la langue originale lors du processus de transfert. Le deuxième objectif, qualitatif, sera de décortiquer les solutions de traduction proposées et d’en faire l’analyse linguistico-sémantique. Nous étudierons dans ce cadre des constructions modales caractéristiques du néerlandais du type « uit X blijkt dat » ou « X blijkt Y te zijn ». De façon plus large, l’objectif de l’étude sera de s’interroger sur le degré d’« acceptabilité » des solutions de traduction répertoriées dans les corpus et sur l’utilité/nécessité d’intégrer les notions d’évidentialité et de polyphonie aux cursus en traduction (grammaire comparée, linguistique, cours de langue, cours de version). Mots clés Modalité, évidentialité, polyphonie, néerlandais, langue française. Références bibliographiques F. DE HAAN, « Evidentiality in Dutch », In: Proceedings of the 25th meeting of the Berkeley Minguistic Society. Berkeley, 1999. P. DENDALE et L. TASMOWSKI, « L’évidentialité ou le marquage des sources du savoir ». Langue française 102, pp. 3-7, 1994. P. HILIGSMANN, « Les verbes de modalité en néerlandais ». Revue belge de philologie et d’histoire 81-3, pp. 825-844, 2003. R. LOOCK, La Traductologie de corpus. Villeneuve d’Ascq : Presses Universitaires du Septentrion, 2016. H. NØLKE, Le regard du locuteur. Pour une linguistique des traces énonciatives. Paris : éd. Kimé, 1993. 14/30
La place de l’aspect grammatical dans la formation des traducteurs-interprètes néerlandophones, stratégie d’apprentissage de la langue cible Linda Dewolf Toegepaste Taalkunde, LIST research group Vrije Universiteit Brussel L’expérience dont il sera fait état dans cette communication s’inscrit dans le cadre d’un cours de français pour étudiants en première et en deuxième année de bachelier dans une université néerlandophone. Cette proposition a pour objectif de prendre en considération le contexte plurilingue de Bruxelles et de se conformer à la réalité de cet enseignement en classe de français. Notre réflexion prend en considération le rôle que peut jouer le recours à la langue maternelle, mais surtout le rôle que joue la traduction dans cet enseignement. L’idée de cette communication est née de la conviction que l’enseignement de la grammaire dans la formation des traducteurs implique une approche spécifique. Cette étude a été guidée par une réflexion sur le rôle de la grammaire dans l’enseignement du français L2 pour la compréhension de stratégies de traduction. Nous développerons ce propos en trois parties. D’abord, nous établirons un état des lieux des pratiques méthodologiques d’enseignement de la compétence grammaticale qui s’appuie d’une part sur des ouvrages de référence traitant de la grammaire traditionnelle dite normative (Grevisse et Goosse, 1995 ; Wilmet, 2007). Cette grammaire normative traditionnelle a été influencée par les recherches sur l’acquisition des langues étrangères (RAL) et des interrogations formulées sur leur pertinence pour la didactique des langues étrangères (DLE). Dans un deuxième temps, j’examinerai les valeurs temporelles et aspectuelles du français dans la traduction du néerlandais (L1) au français (L2) et inversement. Je me réfère aux linguistes qui se sont penchés sur la mise en perspective des aspects temporels comme Howard (2002) qui ont montré en quoi une prise en compte des interrelations entre les facteurs contextuels et l’emploi des temps du passé en français permet de rendre compte de la variation dans l’utilisation des aspects verbaux. Mon approche théorique s’inspire également des études comparatistes de van Baardewijk-Rességuier – van Willigen-Sinemus (2001). Les problèmes grammaticaux rencontrés par les traducteurs sont non seulement de nature lexico-sémantique, mais peuvent également provenir de calques syntaxiques. Des exemples et des cas pratiques illustreront ces problèmes en contexte afin de souligner l’influence des constructions germaniques (calques et inversions, emploi des verbes modaux et accords du participe passé) dans les exercices de traduction effectués par les étudiants. De notre point de vue de traductrice et de didacticienne, l’apprentissage de la langue étrangère, en l’occurrence, le français, mis en perspective avec la traduction permet de s’engager dans une voie soucieuse d’intégrer dans leur variété et leur complexité les besoins spécifiques du public néerlandophone. Au cours de la formation nous passons en revue les notions de temps et l’aspect modal des verbes dans les cours intitulés acquisition de la langue (taalverwerving) et maitrise de la langue (taalvaardigheid). Je me suis aperçue que, bien que la traduction occupe dans notre enseignement une place de premier ordre tant dans les exercices en classe que dans les ateliers, l’enseignement du français pourrait se départir de ses déterminants actuels. J’évoquerai un certain nombre de pistes qui s’inscrivent dans une démarche dynamique pour adapter le curriculum aux nouveaux programmes de l’université en synergie avec la faculté de Lettres ce qui amène un remaniement du point de vue curriculaire et didactique. C’est donc également dans cette deuxième ligne que s’inscrit ma réflexion qui pourrait conduire à une reformulation du titre choisi : les stratégies de la traduction ou la traduction didactique comme stratégie d’apprentissage de la langue cible. Quelles pistes développer ? Une des premières pistes à explorer est de s’interroger sur l’apport des courants théoriques en fonction des objectifs que l’on veut traiter lorsqu’on parle de grammaire ; or les manuels privilégient une approche qui porte surtout sur la morphosyntaxe et sur les catégories traditionnelles. En conclusion, on pourrait avancer que la traduction a des implications évidentes dans l’acquisition de la langue cible plus profondes qu’une simple description des procédés de traduction. Elle met en cause non seulement des aspects morphologiques, mais aussi un ensemble d’éléments pragmatiques que comporte l’utilisation dynamique de la langue (exercices d’expression orale et écrite). Comme le dit Biojout et al. (1990, p. 508), « le choix d’une optique grammaticale déterminée ne doit pas exclure une information sur d’autres modèles modernes ». 15/30
Mots clés Grammaire normative, enseignement, temporalité, modalité, traduction. Références bibliographiques J. BAARDEWIJK-RESSEGUIER et M. Van WILLIGEN-SINEMUS, Matériaux pour la traduction du néerlandais en français (4e éd.). Bussum : Uitgeverij Coutinho, 2001. I. BIOJOUT DE AZAR et B. A. CHIAPPA, « La grammaire du traducteur ». Meta 35-3, pp. 499-509, 1990. M. GREVISSE et A. GOOSSE, Nouvelle grammaire française (3e éd.). Bruxelles : De Boeck-Duculot, 1995. M. HOWARD, « Les interrelations entre les facteurs contextuels et l’emploi des temps du passe. Une étude d’apprenants avances du français », Revue française de linguistique appliquée VII-2, 2002 (consulté en ligne – url : http://www.cairn.info/revue-francaise-de-linguistique-appliquee-2002-2-page-5.htm). M. WILMET, Grammaire rénovée du français. Bruxelles : Éditions De Boeck, 2007. 16/30
Traduction et grammaire, main dans la main dans une approche progressive Nahid Djalili Marand Université Al Zahra, Téhéran Après avoir passé un parcours de deux ans basé uniquement sur l’apprentissage de la langue, les étudiants iraniens, de langue maternelle persane, s’initient à la traduction du français en entrant en licence, notamment par des cours de traduction de « textes élémentaires », suivis de cours de « traduction de textes français en persan et vice versa ». En ce qui concerne la traduction de textes français en persan (ce qu’on appelait traditionnellement la « version »), les problèmes rencontrés par les étudiants ne s’avèrent pas trop épineux pour deux raisons : primo, les dictionnaires, surtout bilingues, sont à leur disposition ; secundo, leurs connaissances syntaxique, grammaticale et lexicale en langue maternelle leur permettent de s’en sortir. En général, ils franchissent les barrières linguistiques à condition que le texte de départ ne dépasse pas leur niveau de connaissance du français. Par contre, des éléments extralinguistiques, entre autres les mots à charge culturelle, peuvent poser des problèmes de traduction. Dans le cas inverse, à savoir la traduction de textes persans vers le français (traditionnellement appelé le « thème »), outre le choix du vocabulaire adéquat – sujet qu’il faudrait traiter à une autre occasion – les productions écrites des étudiants comportent un grand nombre de maladresses ou d’erreurs sur le plan grammatical. Les difficultés se situent à plusieurs niveaux : • le choix des déterminants, surtout des articles • le choix des modes et des temps • le choix des prépositions introduisant les compléments (du verbe et « de la phrase ») • des modificateurs du verbe • le choix de construction passive ou active, etc. La présence de tant d’erreurs grammaticales dans les traductions françaises peut nous étonner, étant donné que les étudiants ont étudié de manière approfondie tous ces sujets lors du cours de grammaire française. La présente communication se limite à étudier un seul de ces sujets, à savoir le choix erroné des prépositions, car ce choix peut engendrer des problèmes sémantiques. Pourquoi constate-t-on, dans les traductions en français des étudiants iraniens (niveau de la licence), tant de défaillances grammaticales en ce qui concerne le système prépositionnel du français ? À partir de cette problématique, j’ai formulé les questions suivantes : (1) d’où viennent les erreurs grammaticales des étudiants iraniens dans la traduction des prépositions du persan vers le français ? (2) Quelle méthode d'enseignement de la grammaire peut-on envisager pour réduire au minimum ce genre d'erreurs de traduction ? Pour arriver à une réponse convaincante à ma première question, je procèderai à une taxinomie des erreurs dans les traductions pour essayer, par la suite, de trouver leur origine. Enfin, je puiserai dans mes connaissances empiriques en tant que formatrice, depuis de nombreuses années, de jeunes traducteurs, afin de proposer une méthode d'enseignement de la grammaire plus à même d’élever le niveau grammatical de nos étudiants. À la question « Quelle formation grammaticale pour de futurs traducteurs ? », je répondrai par une méthode appuyée sur une progression logique. Une telle méthode devrait s’inscrire, à mes yeux, dans une approche traductive et une perspective didactique, reliant intimement ces deux champs pour donner des résultats tangibles en pratique. Mots clés Traduction, grammaire, préposition, erreur, approche didactique. Références bibliographiques H. ANVARI et H. AHMADI GUIVI, La grammaire de la langue persane. Téhéran : Fatémi 2006. M. BALLARD et L. HEWSON, Correct/Incorrect. Arras : Presses de l’Université d’Artois, 2004. G. GARNIER, Linguistique et Traduction. Éléments de systématique verbale comparée du français et de l’anglais. Caen : Paradigme, 1985. M. RIEGEL et al., Grammaire méthodique du français. Paris : Presses universitaires de France, 1994. M. ZENDEHBOUDI, La traductologie français. Mashad : Édition Mohaghegh, 2008. 17/30
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