Comédie musicale : avec "Martin Luther King", les rêves deviennent réalité

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Par Cathy Gerig

Comédie musicale : avec “Martin
Luther King”, les rêves deviennent
réalité
Le top départ de la tournée de la comédie musicale “Martin Luther King” sera
donné en octobre en Allemagne. Elle a la particularité de faire monter sur scène
des choristes amateurs aux côtés de chanteurs et musiciens professionnels.

Les Allemands, Suisses et Autrichiens s’apprêtent à découvrir Martin Luther
King. La comédie musicale, composée par Hanjo Gäbler et Christoph Terbuyken,
est singulière. Il s’agit d’un projet participatif, qui fait appel à des milliers
d’amateurs. Jouée à partir du mois d’octobre, elle est portée par la Fondation
Creative Kirche. Son but ? Faire se rencontrer les gens et Dieu. Pour ce faire, le
spectacle raconte le combat du pasteur américain pour un monde juste et fait
monter sur scène des amateurs dans un but bien précis : “L’opportunité de
participer montre que les rêves peuvent devenir réalité et quel pouvoir il y a dans
l’engagement d’un individu”, indique le site internet de Das Chormusical Martin
Luther King.

Lauréate du concours “Actifs pour la démocratie et la tolérance”, décerné par un
comité dépendant de l’Agence fédérale allemande pour l’éducation civique, la
comédie musicale mélange gospel, rock’n’roll, pop, etc. Mettant en scène des
solistes et des musiciens professionnels, Martin Luther King fait également appel
à un chœur composé d’amateurs. Au gré des représentations, leur nombre
oscillera entre 500 et 2 500.

Des morceaux à chanter dans les églises
Pour autant, la comédie musicale a été conçue comme un spectacle professionnel.
Pour mémoire, Hanjo Gäbler a notamment collaboré avec Alicia Keys et Céline
Dion. Le nom de Christoph Terbuyken, lui, est associé à Paul Young ou bien
encore à la comédie musicale Luther. Mieux, les morceaux n’ont pas vocation à
être interprétés uniquement sur scène. Ils ont été écrits de manière à pouvoir être
chantés dans les églises. Une manière de continuer à agir pour la tolérance et de
prouver qu’il faut croire en ses rêves.

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  vente aux enchères

Par Laure Salamon
Paris : une expérience artistique et
musicale autour de Dante
Ce samedi 26 mars à 19h, un spectacle-concert-lecture, autour des textes de
Dante Alighieri et des oeuvres d’Alfredo Müller, aura lieu à la chapelle de l’église
baptiste de la rue de Lille à Paris.

Si vous voulez découvrir quelque chose d’inédit, foncez à la chapelle de l’église
baptiste de la rue de Lille à Paris ce samedi 26 mars à 19h et laissez-vous
surprendre par la beauté visuelle et auditive de ce spectacle original. À la fois
exposition et concert-lecture, il a été imaginé par l’Association des Amis d’Alfredo
Müller pour les 700 ans de la mort de Dante Alighieri (1265-1321).

Ainsi, après une courte introduction sur la première oeuvre de Dante, la Vita
nuova, le spectacle d’une heure propose six tableaux mélangeant des eaux-fortes
gravées par Alfredo Müller s’inspirant de l’œuvre de Dante, des textes de ce
dernier, des poèmes d’auteurs français tels Baudelaire, Verlaine et Rimbaud), le
tout accompagné d’une musique composée, jouée au piano et chantée par Francis
Matter.

Un mélange des genres artistiques
Les thèmes autour de l’amour (l’amour perdu, l’amour rêvé…) repris dans les
gravures et dans les textes sont ceux de la Vita Nuova. « Le jeune Dante écrit en
langue vernaculaire et non en latin pour être compréhensible par le plus grand
nombre et notamment par les femmes. Il était féministe avant l’heure ce Dante
Alighieri», explique Hélène Koehl, grande admiratrice du poète toscan et
présidente de l’Association des Amis d’Alfredo Müller.

L’Association qu’elle préside et qui regroupe une centaine de membres vise à
faire connaître l’oeuvre d’Alfredo Müller (1869-1939), artiste européen, peintre
en Italie et en France, graveur en France. Si vous arrivez plus tôt, vous pouvez
contempler les reproductions de ses œuvres qui servent de support visuel à ce
spectacle. « Tout est fait pour que le spectateur soit happé dans l’ambiance
musicale afin qu’il puisse apprécier la beauté des textes de Dante. »
Déjà joué à Bordeaux, Bouxviller, Saverne, Avignon, ce spectacle qui mélange les
époques et les approches artistiques (musique, gravure, littérature) arrive à Paris
pour une seule représentation.

Laure Salamon

+ d’informations :

Concert-lecture et exposition, le samedi 26 mars 2022 à 19h à la chapelle
baptiste, 48 rue de Lille, Paris 7ème, 1er étage. Entrée libre et gratuite.

http://alfredomuller.com

Par Rédaction Réforme avec AFP

Covid-19 : le monde de la culture
inquiet face aux nouvelles jauges
des manifestations
Les nouvelles jauges des spectacles, fixées à 5000 spectateurs en extérieur et à
2000 en intérieur, impactent fortement les secteurs du sport et des spectacles,
qui redoutent des manques à gagner abyssaux. Les artistes pointent du doigt les
meetings politiques, qui échappent à ces restrictions.

Alors que la vague de Covid-19 prend désormais, avec 200.000 nouveaux cas
mercredi, des allures de “raz-de-marée”, selon le ministre de la Santé Olivier
Véran, le rythme des mesures destinées à contenir l’épidémie s’accélère. Hier, le
ministre délégué chargé du Tourisme et des PME Jean-Baptiste Lemoynla a
confirmé, sans surprise, que la fermeture des discothèques, effective depuis le
10 décembre, serait reconduite le 3 janvier pour trois semaines supplémentaires.

Lundi, le gouvernement avait annoncé le retour des jauges pour les
rassemblements, fixées à 2.000 personnes maximum en intérieur et 5.000 en
extérieur. Les concerts debout sont par ailleurs tout bonnement interdits. Des
mesures adoptées pour une durée de trois semaines qui ébranlent tous les
secteurs concernés par ces spectacles grands formats comme le sport.

“C’est le chaos”
“On est revenu près de deux ans en arrière”, se désole Angelo Gopee, patron de
Live Nation France, structure majeure du spectacle vivant. “C’est le chaos. Les
concerts debout n’étaient de retour que depuis cet été et les jauges pleines (en
intérieur) n’étaient revenues que depuis mi-novembre”, peste quant à lui Angelo
Gopee, expert en tournées et concerts grands formats.

“On n’a pas été consultés, on est hors de nous, usés, transformer le debout en
assis, c’est passer de trois personnes en debout à une en assis (d’où un manque à
gagner, ndlr), certains vont préférer rester fermés pendant trois semaines”,
ajoute Aurélie Hannedouche, du Sma (Syndicat des musiques actuelles), réseau
des moyennes et petites salles. “Certaines tournées vont être annulées car il n’y a
plus de possibilité de reprogrammation en 2022, tous les créneaux sont pris avec
les précédents reports, prolonge le chef de Live Nation France. Or les meetings
politiques auront lieu, c’est un manque de respect”. “Des décisions qui
interpellent quand on sait que la culture est un pilier de la démocratie, autant que
peuvent l’être les meetings politiques”, grince aussi la Sacem (Société des
auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).

La Constitution ne permet en effet pas de fixer des jauges aux réunions politiques.
Les partis sont cependant divisés dans leurs choix d’appliquer ou non ces
nouvelles restrictions. La majorité présidentielle a annoncé cependant mardi
qu’elle appliquerait dans ses futurs meetings électoraux les jauges annoncées par
le Premier ministre lundi. A l’inverse, le Rassemblement national comme la
France insoumise ont déclaré mercredi qu’ils n’en tiendraient pas compte.

“J’organise des meetings ici”
De quoi déclencher les foudres des artistes. Grand Corps Malade ironise sur les
réseaux sociaux. ,“Je suis donc candidat aux élections présidentielles, tous mes
meetings sont maintenus”, lit-on au dessus des dates d’une tournée rebaptisée
“campagne”. Même ton chez Eddy de Pretto: “J’organise des meetings ici”, a-t-il
posté.

  Bisous https://t.co/yC5uHGfUPI

  — Eddy de Pretto (@eddydepretto) December 27, 2021

OrelSan a reporté mardi les quatre premières dates de sa nouvelle tournée de
janvier à avril. Mais c’est un confort que tous les artistes ne peuvent s’offrir,
comme l’expose Angelo Gopee. “Ca fait déjà trois fois qu’on reporte pour Gad
(Elmaleh), ça devient compliqué, on ne peut pas reporter en 2023.” “Certaines
tournées ne sont amorties qu’à partir d’un certain nombre de dates, cinq dates
annulées c’est 500.000 euros de pertes dans certains cas”, pointe encore le
responsable de Live Nation France.

Les audiences assises, incompatibles avec
les musiques actuelles
Si la France échappe à une fermeture des lieux culturels comme c’est le cas en
Belgique, dans les musiques actuelles, des esthétiques comme le rap ou l’électro
sont incompatibles avec des audiences assises.
La filière croyait s’être mise à l’abri avec le concert-test d’Indochine au printemps
dernier. La présence “à un concert n’a pas été associée à un sur-risque de
transmission du (Covid-19) lors d’un concert en configuration debout, sans
distanciation physique, chez des personnes masquées avec un test antigénique
négatif dans une salle fermée”, constatait à l’époque l’Assistance publique-
Hôpitaux de Paris (AP-HP).

 “Le problème des concerts debout, c’est le bar. Le concert-test d’Indochine a
prouvé que masque, pass-sanitaire et bar fermé évitaient la circulation du virus.
C’est triste un concert comme ça mais c’est mieux que de mettre à terre la
culture”, analyse sur ses réseaux sociaux Sophian Fanen, journaliste spécialiste
du secteur.

“L’Etat va demeurer aux côtés de ceux qui seront impactés par ces nouvelles
mesures”, a assuré lundi soir la ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur
Twitter. “La culture n’est pas sacrifiée, la culture continue. Ce qui menace la
culture, c’est la pandémie, pas les mesures gouvernementales”, a-t-elle précisé
mercredi sur RTL. Mais Angelo Gopee pointe “l’inquantifiable dans le cadre des
compensations”: “devant autant d’incertitudes la vente future de billets va être
affectée, les gens ne vont plus oser réserver”.

    Le monde du sport sur le qui-vive
    Le retour des jauges et la fermeture des buvette inquiètent également le
    monde du sport, soucieux de voir plombées les recettes des clubs de basket,
    de hand, de volley, de rugby et de football, déjà durement touchés depuis le
    début de la crise sanitaire.

    “Cela diminue les recettes de 50%, de 4.000 spectateurs normalement, on va
    passer à 2.000”, souligne le président de Metz (Division 1 féminine de
    handball), Thierry Weizman.

    “Comme le Premier ministre l’a indiqué, des aides supplémentaires seront
    étudiées pour pallier les restrictions imposées. Le ministère a déjà consacré
    107 millions d’euros en 2020 et 100 millions d’euros en 2021 à la
    compensation de perte de billetterie”, a indiqué le ministère des Sports. A
    l’automne 2020, l’enveloppe de 107 millions d’euros avait davantage profité
    au football (48 millions d’euros) et au rugby (40 millions d’euros) qu’au
handball, basket et volley (4 millions d’euros), qui génèrent moins de
    recettes.

Par Laure Salamon

De Luther à Luther King, le “Puy
du Fou” des protestants
Cet été, si vous passez par les Cévennes, surtout n’oubliez pas de réserver votre
spectacle De Luther à Luther King.

Surnommé le « Puy du Fou des protestants » dans un article publié par Réforme
en 2017, le spectacle De Luther à Luther King. Une histoire de la liberté de
conscience sera rejoué les 16, 17 et 18 juillet 2021 au Mas Soubeyran, sur la
commune de Mialet, dans les Cévennes. Ce son et lumière avait été créé en 2017
à l’occasion des 500 ans de la Réforme, mobilisant 60 acteurs et 300 figurants.

Coécrit par Samuel Amédro, pasteur de l’Église protestante unie, et Jean-Paul
Pascal, de l’Église protestante réformée évangélique, le spectacle retrace
l’histoire protestante de Luther à nos jours au moyen de tableaux vivants. Il met
en scène de grands événements, comme l’Édit de Nantes, et de grandes figures,
tels le député Rabaut Saint-Etienne ou le ministre Ferdinand Buisson.
« Le spectacle offre une réflexion et un panorama sur la liberté de conscience,
depuis les guerres de Religion jusqu’à ce qui se passe aux États-Unis avec Martin
Luther King et la défense des droits civiques,se souvient Alexis, qui avait assisté
au spectacle en 2017. Il est de très bonne qualité et l’ambiance est conviviale et
festive : des centaines de personnes viennent sur le site pour la soirée et se
retrouvent comme on le ferait pour une veillée autour d’un feu. »

L. S.

Les 16, 17 et 18 juillet, à 21 h. Buvette et restauration sur place. Petit conseil
d’ami : n’oubliez pas votre petit coussin et votre pull, les soirées sont
fraîches.Tarifs : adulte, 20 € ; moins de 16 ans, 13,50 €. Réservations ici.

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  Des idées pour l’été : promotion sur les séjours dans des centres protestants

Par Cathy Gerig
“Tutu”, l’hommage déjanté au
monde de la danse
Les salles de spectacle rouvriront le 19 mai. En attendant, “Tutu” est en replay
sur France TV. Un ballet où la performance côtoie l’humour.

La troupe des Chicos Mambo n’est jamais passée près de chez vous ou vous avez
manqué la diffusion de son spectacle sur Culturbox ? Peut-être craignez-vous que
les spectacles de danse soient réservés aux initiés ou ennuyeux ? Autant de
raisons de regarder en replay “Tutu”. Même sur un écran de télévision, le
spectacle est tout simplement magnifique. Il est aussi original et drôle. Chaque
séquence est l’occasion pour la troupe 100% masculine d’aborder une facette
différente de la danse et d’en pointer les tics et travers.

Le rythme est soutenu, malgré les changements de costumes, et les références
sont nombreuses. D’aucuns reconnaîtra celle au Lac des cygnes, mais également
à “Danse avec les stars”, Dirty Dancing ou encore “La danse des canards”.
L’humour ne retire rien à la performance. Au contraire. Car pour s’amuser des
codes chorégraphiques, il est bien sûr nécessaire de les maîtriser. Artistes
complets, les danseurs revisitent les codes du ballet, de la danse contemporaine,
de salon, sportive et rythmique, académique ou acrobatique. Champions dans leur
art, ils excellent également dans d’autres, comme le mime.

1 200 mètres de tulle
Petite anecdote qui prendra tout son sens au moment où vous lancerez le replay :
il n’aura fallu pas moins de 1 200 mètres de tulle pour confectionner les costumes
portés par les six danseurs au fil des 20 tableaux de “Tutu”.

À regarder :

“Tutu”, sur france.tv.fr. Disponible jusqu’au 23 juin 2021. Durée : 82 minutes.
Par Laure Salamon

Où es-tu ?, un dialogue poétique et
musical, à voir en ligne
Un spectacle en duo entre Irène Jacob et Keren Ann pour mettre des mots et de la
musique sur l’expérience du confinement.

« Où es-tu ? », demande l’actrice Irène Jacob à la musicienne Keren Ann. Les deux
artistes s’appellent et se répondent. Décontractées, elles s’échangent des mots et
des chansons tout en disant leur intimité. Le confinement de 2020 a inspiré aux
deux amies une conversation qui a d’abord eu lieu sur les réseaux sociaux. Puis,
les deux artistes ont eu envie de poursuivre ce chemin et de proposer cet échange
poétique et musical un peu mystérieux et très envoûtant, avec un final
particulièrement touchant. Le spectacle enregistré à la Maison de la poésie, le 6
mars, est en accès libre sur YouTube. Elles doivent se produire le 2 mai à 20 h
lors des Rencontres 7e Art Lausanne.

Où es-tu ? Spectacle de Keren Ann et Irène Jacob, enregistré à la Maison de la
poésie.
Par Cathy Gerig

Réversible, le spectacle qui nous
entraîne à la rencontre de nos
racines
Avez-vous déjà imaginé la vie de vos aïeux à votre âge? Vibrez avec la compagnie
circassienne des 7 Doigts.

Les circassiens des 7 Doigts de la main l’ont fait dans Réversible. Un spectacle à
la fois époustouflant et plein d’amour.

Les circassiens des 7 Doigts de la main ont mis leur tournée entre parenthèse à
cause du coronavirus. Mais ils proposent, en partenariat avec Arte, de regarder
gratuitement Réversible, leur spectacle dans lequel les artistes plongent à la
rencontre de leurs aïeux. Un hommage à la famille plein de poésie.

En 2017, la dixième création du collectif circassien québécois, Réversible, a
permis au public de faire plus ample connaissance avec ses artistes. Dans ce
spectacle, où les acrobaties de ces athlètes vous scotchent une fois encore au
fond de votre fauteuil, l’émotion est également omniprésente.
Et pour cause, les circassiens nous parlent de leur famille. Plus précisément, ils
racontent la vie de leurs grands-parents à leur âge. Des pans d’histoire qui ont
influencé leur vie. On rit, on s’émeut et on embarque dans un voyage hors du
temps, qui fait la part belle à la musique et à la danse.

Réversible a été le tout premier spectacle de cirque à être joué au Bataclan.
C’était au tout début de 2017, la salle avait rouvert ses portes le 12 novembre
2016, un an après les attentats qui y avaient fait 90 morts. Si l’émotion était
palpable à l’entrée des spectateurs dans la salle, beaucoup avaient les yeux rougis
à la fin du spectacle. Touchant, il ne manque pas de nous interroger sur nos
racines. Notre vie aurait-elle été la même si nos ancêtres avaient pris d’autres
chemins ?

Par Martine Lecoq

Internet: regardez gratuitement
des spectacles du Théâtre du
Soleil, à Paris
Des répétitions aux tournées, Le Théâtre du Soleil, de la Cartoucherie, à Paris,
met gratuitement en ligne certains de ses spectacles.
Le Théâtre du Soleil, de la Cartoucherie, à Paris, met gratuitement en ligne
l’ensemble de ses plus grands spectacles pour lecture visuelle, dans leur
totalité ou par extraits. Depuis ses productions récentes, en passant par Les
Naufragés du fol espoir ou Le Dernier Caravansérail, jusqu’à l’immense espoir de
1789.

Un lieu-entité s’ouvre à nous. Ce n’est pas seulement le résultat final qui nous est
livré sur un plateau, mais tout ce qui l’entoure: répétitions, extraits de tournées,
pensées en vrac, fertilisées par l’énergie de tous. À un moment où nous
demeurons pour beaucoup isolés, uniquement reliés aux autres par les moyens
télévisuels ou virtuels, ces vastes fresques rappellent à quel point le groupe, le
rassemblement, l’effort commun des personnes physiques, sont d’une importance
capitale pour notre équilibre.

Au théâtre, le corps est roi. Ariane Mnouchkine demeure le soleil de son théâtre
du même nom. On pourra voir son film Molière. On l’entendra, elle aussi, par
éclairs, dans quelques interviews, le long d’une carrière dévolue à la troupe
depuis cinquante ans. Mais quelle que soit l’époque, c’est le même hymne à l’art.
Une fête des sens, mais aussi une fête du sens. Ses paroles, qui nous touchent
aujourd’hui, toucheraient en tout temps, tant elles paraissent indémodables sans
jamais se banaliser. Ainsi lorsqu’elle dit qu’il convient avant toute chose “de
penser courageusement pour agir intelligemment”. La peur est mauvaise
conseillère.

theatre-du-soleil.fr
Par Elise Bernind

À Marseille, le théâtre pour
encourager la mixité sociale
Un travail théâtral réunit depuis trois ans des jeunes issus de divers quartiers de
Marseille.

Chaque mardi soir à la maison d’artistes de la Gare Franche, les retrouvailles
démarrent par une séance de relaxation avec la comédienne et danseuse Chloé
Martinon : respirer, écouter son corps, jouer avec le corps de l’autre, oublier la
journée de cours pour entrer dans la bulle Groupe des 15. Tous se reconnectent
les uns aux autres. « Lorsqu’ils ont commencé à faire du théâtre ensemble, ils
n’osaient pas se toucher », se souviennent les comédiens qui les accompagnent
depuis le début du projet, il y a trois ans.

En 2015, Alexis Moati, Carole Costantini et leur compagnie Vol plané
sélectionnent une quinzaine d’adolescents marseillais pour « une aventure
artistique et humaine ». « On les a choisis sur leur capacité à s’engager, à être
solidaires d’un groupe sur la durée. Pas sur leur talent de comédien », explique le
metteur en scène Alexis Moati. Les jeunes finalement retenus habitent aussi bien
dans les quartiers nord que dans les arrondissements chics de Marseille.

Bienveillance
Sans le Groupe des 15, ils ne se seraient peut-être jamais rencontrés. Ysé, âgée
de 19 ans, habite dans un des quartiers les plus cotés de la ville : « La première
fois, on était tous à la fois mal à l’aise et amusés de rencontrer des gens si
différents. Ça a été tout de suite très amical et facile. Le groupe est né d’abord,
ensuite, les individualités, qui ont été accueillies avec bienveillance. » « Une fois
passés les débuts un peu bizarres, on a vite compris qu’on était tous pareils. On
se sent comme une famille », renchérit Ibrahim, 20 ans. « Nous nous sommes
rendu compte au fil des années que ce qu’ils étaient et faisaient ne leur suffisait
pas. C’était leur point commun. Le Groupe des 15 a répondu à ce manque »,
analyse Carole Costantini pour expliquer comment l’alchimie a opéré.

Le programme du Groupe des 15 est dépendant de l’actualité de la compagnie Vol
plané. « On voulait que leur travail et celui de la compagnie s’interpénètrent.
Nous, on apporte notre expérience de théâtre et eux leur audace. Car ils n’ont pas
forcément les codes du théâtre, ni un patrimoine culturel à traîner derrière eux,
qui freine généralement les acteurs. C’était un échange de connaissances et pas
un rapport de maîtres à élèves », explique Carole Costantini. Ainsi depuis trois
ans, le groupe se réunit tous les mardis soir, participe à des sorties culturelles, à
des voyages à l’étranger pour rencontrer d’autres troupes, répète certains week-
ends et se libère une semaine chaque vacances scolaires pour des stages.

Ils ont travaillé avec l’auteur et comédienne Marion Pelissier ou encore avec le
chorégraphe Mickaël Phelippeau. Chacun fait des efforts pour se rendre
disponible tout en menant de front ses études. « Je pense que mon entourage n’a
pas réellement conscience du projet dans lequel je suis. Ma mère pense que c’est
un amusement et ma grand-mère ne comprend pas pourquoi ça me prend autant
de temps », confie l’une des participantes.

Après trois ans à « grandir ensemble », beaucoup disent avoir davantage
confiance en eux, être plus ouverts, plus sociables et en être témoins. « Je
constate le décalage avec les gens de mon école d’audiovisuel. Quand un prof
nous montre un film différent de ce qu’on a l’habitude de voir, les élèves
répondent direct que c’est mauvais. Ici, on a peut-être réagi pareil la première
année. Mais aujourd’hui, on fait l’effort de comprendre. Même les propositions les
plus bizarres sont accueillies d’un œil bienveillant. C’est le plus beau cadeau que
nous aient fait Carole et Alexis », remercie Lucas, 20 ans.

La première année, le Groupe des 15 s’est frotté au Misanthrope de Molière
puisque la compagnie Vol plané travaillait sur cette pièce en vers. « La première
lecture a été laborieuse. Certains n’avaient jamais lu Molière. On a trouvé des
techniques de travail pour s’approprier le texte. Certains se sont peut-être dit que
ce n’était pas facile, mais personne qu’il n’y avait pas accès », affirme Carole
Costantini.
En décembre 2015, Heddy, avec son phrasé et sa démarche de rappeur, s’est
retrouvé à jouer Alceste en public. « Et là, d’un coup, ces mots-là, dans cette
bouche-là, avec cet accent-là, et le regard du public là-dessus… On a réentendu le
texte, réinventé par une voix d’un quartier. C’était comme si Heddy continuait le
dialogue qu’un auteur avait commencé avec le public il y a 300 ans », se souvient
Alexis Moati, qui espère qu’un jour le théâtre sera moins formaté.

Bientôt la fin
Au fil des années, la composition du groupe a un peu changé, mais la dynamique
est restée. Après avoir décroché un rôle dans le film Corniche Kennedy sorti en
2016, Mama est partie en 2017 pour Cannes suivre les cours de l’Erac, une
prestigieuse école d’acteurs. Elle continue de passer le mardi soir, quand elle
peut. « Elle nous dit que l’Erac est bien, mais que l’ambiance et notre façon de
travailler lui manquent », souligne Olive.

L’aventure du Groupe des 15 se termine en juin avec le spectacle Rites. Après
trois ans quasi fusionnels, les jeunes ont du mal à envisager la fin. Ils prévoient de
continuer de se voir, différemment. « Ce projet sera totalement réussi s’ils sortent
de cette expérience libres et sans nostalgie. C’est pour cela qu’il faut arrêter net
le projet. J’espère qu’ils vont s’en servir pour faire autre chose », confie Carole.
Certains souhaitent continuer le théâtre, d’autres non. « L’expérience du Groupe
des 15 va imprégner ma vie personnelle et artistique », assure Safinah, 19 ans.

Elle a aussi marqué profondément le travail de la compagnie Vol plané. « Je ne
pensais pas que ce projet bouleverserait à ce point mes choix. Je n’envisage plus
de travailler sans un groupe de gens associé à la compagnie. J’ai envie de me
tourner vers des personnes âgées. On a besoin d’aller se nourrir à une source
extérieure au théâtre pour que notre métier garde son sens », confie Alexis Moati.

  La Gare Franche, lieu de création
  artistique
  Le projet du Groupe des 15 est porté par la compagnie de théâtre Vol plané et
  la Gare Franche. Cette maison d’artistes, située dans les quartiers nord de
  Marseille, a été créée en 2001 par Wladyslaw Znorko, de la compagnie Cosmos
Kolej. Ce n’est pas un théâtre, mais un lieu de travail artistique qui entretient
  des liens étroits avec les habitants du territoire où il est implanté. Son jardin de
  4 000 m2 est devenu en 2003 un jardin potager et partagé avec les riverains.
  Tous les artistes en résidence à la Gare Franche ont un temps d’échanges avec
  les habitants, que ce soit une simple lecture ou un atelier de plusieurs
  semaines. Depuis 2007, la Gare Franche ouvre en journée un chemin sur sa
  propriété pour permettre aux riverains de relier à pied la cité de Plan-d’Aou et
  le noyau villageois de Saint-Antoine. Pour des raisons de restrictions
  budgétaires, la Gare Franche est en train de fusionner avec le théâtre du
  Merlan, scène nationale de Marseille également implantée dans les quartiers
  nord.

  www.lagarefranche.org

À voir
“Rites”
le 5 juin à La Gare Franche. 04 91 65 17 77.
www.lagarefranche.org

Le 6 juin au théâtre du Merlan
www.merlan.org

La photo ci-dessus est extraite d’un travail mené depuis 2015 avec le Groupe des
15 par le photographe marseillais Vincent Beaume.
www.vincentbeaume.com
Par Marie-Christine Bernard

Quand les saltimbanques parlent
de nos vies
Les artistes de rue nous fascinent car ils s’adressent à une part de nous-mêmes
souvent cachée au plus profond de notre être.

Il a commencé avec trois petites balles, puis quatre, cinq, et d’autres encore pour
finir par jongler avec toutes sortes d’objets qu’il sortait de ses multiples poches
avant de les y remettre dans la fluidité d’un mouvement ininterrompu. Puis il a
laissé place à deux compères. L’un, de ses biceps saillants, a porté l’autre, souple
et effilé, à bout de bras, sur sa tête, sur ses épaules, le laissant dessiner de son
corps agile des figures d’équilibre soigneusement exécutées. L’incontournable
clown fit alors son entrée. Sans lésiner sur les effets comiques et les contorsions
de circonstance, il joua au dompteur de fauves avec un minuscule et inoffensif
caniche portant un papillon de ruban rose entre les oreilles, et totalement
réfractaire aux sollicitations de son maître.

Les clowns et les badauds

Sur la place, nous sommes nombreux, badauds, à nous être arrêtés. Jeunes, vieux,
enfants… nous regardons avec une attention amusée. Qu’est-ce qui nous retient
ainsi ? D’où viennent ces sourires pensifs, ponctués çà et là de « ha ! ho ! »
admiratifs, puis de quelques rires devant les facéties du clown ? D’où viennent ces
regards traversés par moments d’éclats d’inhabituelle profondeur ?
Les jeunes artistes – intermittents du spectacle sans doute – qui transpirent ainsi
sur leur carré de tapis à même les pavés ont un certain talent et ce qu’ils savent
faire, ils le font bien. Pourtant, le spectacle de rue qu’ils nous offrent n’a rien
d’exceptionnel. Ces numéros, on les a vus tant de fois, et dans des figures
autrement plus complexes…
Mais nous nous laissons prendre, une fois de plus pourrait-on dire. Et sans bouder
notre plaisir, nous voilà sommés de l’intérieur de faire une halte, happés,
scotchés. Pourquoi ?
Sans doute parce que, mystérieusement, notre inconscient capte là quelque chose
d’essentiel. C’est à peine un rêve, une aspiration, presque un désir inavouable
tant il peut paraître irréaliste, irraisonnable, et qui semble prendre figure par
instant, là, devant nos yeux.
Ce serait par exemple de savoir, dans notre quotidien, jongler avec cette aisance
et cette élégance, sourire aux lèvres, avec toutes ces choses qui nous arrivent, ces
choses inattendues et encombrantes, ces émotions hétéroclites aussi qui sans
cesse nous sollicitent, ces contrariétés et ces bouts de trésor échoués entre nos
mains et qui appellent notre vigilance… Ce pourrait être cette jonglerie
multicolore ? « Heureux… ».
Ce serait aussi de se montrer capables de porter sans plier, sans gémir, sans se
crisper non plus, le poids de ce qui nous paraît si lourd certains jours : ces peines
qu’on aimerait consoler, la santé qui vacille, la fatigue du quotidien… ; d’éprouver
la force qui nous ferait saisir notre sort à pleine main pour l’aligner à loisir droit
dans le soleil de la vie. Quelque chose serait-il en nous de cet ordre ? « Mon joug
est léger… »
Ce serait enfin savoir retourner nos peurs en rire et en tendresse, apercevoir le
nœud coloré dans les poils de ce qu’on croyait être un fauve et se révèle n’être
qu’un cabot joueur, et entendre à nouveau le message qui nous réjouit. Quand il
nous prend la crainte de l’irruption de l’autre un peu trop autre, l’inquiétude pour
un lendemain que l’on imagine un peu trop menaçant… pauvres de nous ! Alors
que du côté de l’autre s’annonce l’ange du Seigneur. Alors que du côté de
demain, c’est la Présence qui vient à notre rencontre en abaissant les collines, en
comblant les vallées, en traçant une route, une route pour chacun.
Les vrais artistes, ceux qui dans la fidélité à eux-mêmes font leur travail, nous
apportent quelque chose qui relève du nécessaire. Ils offrent en spectacle – à
l’appréciation des sens – des facettes de nous souvent enfouies dans nos
profondeurs, nous permettant de les reconnaître, de les apprivoiser, de les
intégrer dans l’estime de nous-mêmes. C’est ainsi qu’ils réveillent en nous une
part souvent ignorée d’énergie vitale, spirituelle. Pas besoin d’effets spéciaux, de
numéros renversants, de virtuosité à toute épreuve : il suffit d’offrir son talent,
avec générosité, sérieux et honnêteté pour que ça fasse mouche.
Après avoir fait mine de vouloir manger son chapeau, le clown s’est résolu à s’en
servir pour passer entre les rangs : « À vot’ bon cœur, m’sieurs dames, c’est pour
les artistes ! » Merci les gars !
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