Comédie musicale : avec "Martin Luther King", les rêves deviennent réalité
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Par Cathy Gerig Comédie musicale : avec “Martin Luther King”, les rêves deviennent réalité Le top départ de la tournée de la comédie musicale “Martin Luther King” sera donné en octobre en Allemagne. Elle a la particularité de faire monter sur scène des choristes amateurs aux côtés de chanteurs et musiciens professionnels. Les Allemands, Suisses et Autrichiens s’apprêtent à découvrir Martin Luther King. La comédie musicale, composée par Hanjo Gäbler et Christoph Terbuyken, est singulière. Il s’agit d’un projet participatif, qui fait appel à des milliers d’amateurs. Jouée à partir du mois d’octobre, elle est portée par la Fondation Creative Kirche. Son but ? Faire se rencontrer les gens et Dieu. Pour ce faire, le spectacle raconte le combat du pasteur américain pour un monde juste et fait monter sur scène des amateurs dans un but bien précis : “L’opportunité de participer montre que les rêves peuvent devenir réalité et quel pouvoir il y a dans l’engagement d’un individu”, indique le site internet de Das Chormusical Martin Luther King. Lauréate du concours “Actifs pour la démocratie et la tolérance”, décerné par un comité dépendant de l’Agence fédérale allemande pour l’éducation civique, la
comédie musicale mélange gospel, rock’n’roll, pop, etc. Mettant en scène des solistes et des musiciens professionnels, Martin Luther King fait également appel à un chœur composé d’amateurs. Au gré des représentations, leur nombre oscillera entre 500 et 2 500. Des morceaux à chanter dans les églises Pour autant, la comédie musicale a été conçue comme un spectacle professionnel. Pour mémoire, Hanjo Gäbler a notamment collaboré avec Alicia Keys et Céline Dion. Le nom de Christoph Terbuyken, lui, est associé à Paul Young ou bien encore à la comédie musicale Luther. Mieux, les morceaux n’ont pas vocation à être interprétés uniquement sur scène. Ils ont été écrits de manière à pouvoir être chantés dans les églises. Une manière de continuer à agir pour la tolérance et de prouver qu’il faut croire en ses rêves. Lire aussi : La photo du discours de Martin Luther King adjugée 4 160 euros lors d’une vente aux enchères Par Laure Salamon
Paris : une expérience artistique et musicale autour de Dante Ce samedi 26 mars à 19h, un spectacle-concert-lecture, autour des textes de Dante Alighieri et des oeuvres d’Alfredo Müller, aura lieu à la chapelle de l’église baptiste de la rue de Lille à Paris. Si vous voulez découvrir quelque chose d’inédit, foncez à la chapelle de l’église baptiste de la rue de Lille à Paris ce samedi 26 mars à 19h et laissez-vous surprendre par la beauté visuelle et auditive de ce spectacle original. À la fois exposition et concert-lecture, il a été imaginé par l’Association des Amis d’Alfredo Müller pour les 700 ans de la mort de Dante Alighieri (1265-1321). Ainsi, après une courte introduction sur la première oeuvre de Dante, la Vita nuova, le spectacle d’une heure propose six tableaux mélangeant des eaux-fortes gravées par Alfredo Müller s’inspirant de l’œuvre de Dante, des textes de ce dernier, des poèmes d’auteurs français tels Baudelaire, Verlaine et Rimbaud), le tout accompagné d’une musique composée, jouée au piano et chantée par Francis Matter. Un mélange des genres artistiques Les thèmes autour de l’amour (l’amour perdu, l’amour rêvé…) repris dans les gravures et dans les textes sont ceux de la Vita Nuova. « Le jeune Dante écrit en langue vernaculaire et non en latin pour être compréhensible par le plus grand nombre et notamment par les femmes. Il était féministe avant l’heure ce Dante Alighieri», explique Hélène Koehl, grande admiratrice du poète toscan et présidente de l’Association des Amis d’Alfredo Müller. L’Association qu’elle préside et qui regroupe une centaine de membres vise à faire connaître l’oeuvre d’Alfredo Müller (1869-1939), artiste européen, peintre en Italie et en France, graveur en France. Si vous arrivez plus tôt, vous pouvez contempler les reproductions de ses œuvres qui servent de support visuel à ce spectacle. « Tout est fait pour que le spectateur soit happé dans l’ambiance musicale afin qu’il puisse apprécier la beauté des textes de Dante. »
Déjà joué à Bordeaux, Bouxviller, Saverne, Avignon, ce spectacle qui mélange les époques et les approches artistiques (musique, gravure, littérature) arrive à Paris pour une seule représentation. Laure Salamon + d’informations : Concert-lecture et exposition, le samedi 26 mars 2022 à 19h à la chapelle baptiste, 48 rue de Lille, Paris 7ème, 1er étage. Entrée libre et gratuite. http://alfredomuller.com Par Rédaction Réforme avec AFP Covid-19 : le monde de la culture inquiet face aux nouvelles jauges
des manifestations Les nouvelles jauges des spectacles, fixées à 5000 spectateurs en extérieur et à 2000 en intérieur, impactent fortement les secteurs du sport et des spectacles, qui redoutent des manques à gagner abyssaux. Les artistes pointent du doigt les meetings politiques, qui échappent à ces restrictions. Alors que la vague de Covid-19 prend désormais, avec 200.000 nouveaux cas mercredi, des allures de “raz-de-marée”, selon le ministre de la Santé Olivier Véran, le rythme des mesures destinées à contenir l’épidémie s’accélère. Hier, le ministre délégué chargé du Tourisme et des PME Jean-Baptiste Lemoynla a confirmé, sans surprise, que la fermeture des discothèques, effective depuis le 10 décembre, serait reconduite le 3 janvier pour trois semaines supplémentaires. Lundi, le gouvernement avait annoncé le retour des jauges pour les rassemblements, fixées à 2.000 personnes maximum en intérieur et 5.000 en extérieur. Les concerts debout sont par ailleurs tout bonnement interdits. Des mesures adoptées pour une durée de trois semaines qui ébranlent tous les secteurs concernés par ces spectacles grands formats comme le sport. “C’est le chaos” “On est revenu près de deux ans en arrière”, se désole Angelo Gopee, patron de Live Nation France, structure majeure du spectacle vivant. “C’est le chaos. Les concerts debout n’étaient de retour que depuis cet été et les jauges pleines (en intérieur) n’étaient revenues que depuis mi-novembre”, peste quant à lui Angelo Gopee, expert en tournées et concerts grands formats. “On n’a pas été consultés, on est hors de nous, usés, transformer le debout en assis, c’est passer de trois personnes en debout à une en assis (d’où un manque à gagner, ndlr), certains vont préférer rester fermés pendant trois semaines”, ajoute Aurélie Hannedouche, du Sma (Syndicat des musiques actuelles), réseau des moyennes et petites salles. “Certaines tournées vont être annulées car il n’y a plus de possibilité de reprogrammation en 2022, tous les créneaux sont pris avec les précédents reports, prolonge le chef de Live Nation France. Or les meetings politiques auront lieu, c’est un manque de respect”. “Des décisions qui interpellent quand on sait que la culture est un pilier de la démocratie, autant que
peuvent l’être les meetings politiques”, grince aussi la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique). La Constitution ne permet en effet pas de fixer des jauges aux réunions politiques. Les partis sont cependant divisés dans leurs choix d’appliquer ou non ces nouvelles restrictions. La majorité présidentielle a annoncé cependant mardi qu’elle appliquerait dans ses futurs meetings électoraux les jauges annoncées par le Premier ministre lundi. A l’inverse, le Rassemblement national comme la France insoumise ont déclaré mercredi qu’ils n’en tiendraient pas compte. “J’organise des meetings ici” De quoi déclencher les foudres des artistes. Grand Corps Malade ironise sur les réseaux sociaux. ,“Je suis donc candidat aux élections présidentielles, tous mes meetings sont maintenus”, lit-on au dessus des dates d’une tournée rebaptisée “campagne”. Même ton chez Eddy de Pretto: “J’organise des meetings ici”, a-t-il posté. Bisous https://t.co/yC5uHGfUPI — Eddy de Pretto (@eddydepretto) December 27, 2021 OrelSan a reporté mardi les quatre premières dates de sa nouvelle tournée de janvier à avril. Mais c’est un confort que tous les artistes ne peuvent s’offrir, comme l’expose Angelo Gopee. “Ca fait déjà trois fois qu’on reporte pour Gad (Elmaleh), ça devient compliqué, on ne peut pas reporter en 2023.” “Certaines tournées ne sont amorties qu’à partir d’un certain nombre de dates, cinq dates annulées c’est 500.000 euros de pertes dans certains cas”, pointe encore le responsable de Live Nation France. Les audiences assises, incompatibles avec les musiques actuelles Si la France échappe à une fermeture des lieux culturels comme c’est le cas en Belgique, dans les musiques actuelles, des esthétiques comme le rap ou l’électro sont incompatibles avec des audiences assises.
La filière croyait s’être mise à l’abri avec le concert-test d’Indochine au printemps dernier. La présence “à un concert n’a pas été associée à un sur-risque de transmission du (Covid-19) lors d’un concert en configuration debout, sans distanciation physique, chez des personnes masquées avec un test antigénique négatif dans une salle fermée”, constatait à l’époque l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris (AP-HP). “Le problème des concerts debout, c’est le bar. Le concert-test d’Indochine a prouvé que masque, pass-sanitaire et bar fermé évitaient la circulation du virus. C’est triste un concert comme ça mais c’est mieux que de mettre à terre la culture”, analyse sur ses réseaux sociaux Sophian Fanen, journaliste spécialiste du secteur. “L’Etat va demeurer aux côtés de ceux qui seront impactés par ces nouvelles mesures”, a assuré lundi soir la ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur Twitter. “La culture n’est pas sacrifiée, la culture continue. Ce qui menace la culture, c’est la pandémie, pas les mesures gouvernementales”, a-t-elle précisé mercredi sur RTL. Mais Angelo Gopee pointe “l’inquantifiable dans le cadre des compensations”: “devant autant d’incertitudes la vente future de billets va être affectée, les gens ne vont plus oser réserver”. Le monde du sport sur le qui-vive Le retour des jauges et la fermeture des buvette inquiètent également le monde du sport, soucieux de voir plombées les recettes des clubs de basket, de hand, de volley, de rugby et de football, déjà durement touchés depuis le début de la crise sanitaire. “Cela diminue les recettes de 50%, de 4.000 spectateurs normalement, on va passer à 2.000”, souligne le président de Metz (Division 1 féminine de handball), Thierry Weizman. “Comme le Premier ministre l’a indiqué, des aides supplémentaires seront étudiées pour pallier les restrictions imposées. Le ministère a déjà consacré 107 millions d’euros en 2020 et 100 millions d’euros en 2021 à la compensation de perte de billetterie”, a indiqué le ministère des Sports. A l’automne 2020, l’enveloppe de 107 millions d’euros avait davantage profité au football (48 millions d’euros) et au rugby (40 millions d’euros) qu’au
handball, basket et volley (4 millions d’euros), qui génèrent moins de recettes. Par Laure Salamon De Luther à Luther King, le “Puy du Fou” des protestants Cet été, si vous passez par les Cévennes, surtout n’oubliez pas de réserver votre spectacle De Luther à Luther King. Surnommé le « Puy du Fou des protestants » dans un article publié par Réforme en 2017, le spectacle De Luther à Luther King. Une histoire de la liberté de conscience sera rejoué les 16, 17 et 18 juillet 2021 au Mas Soubeyran, sur la commune de Mialet, dans les Cévennes. Ce son et lumière avait été créé en 2017 à l’occasion des 500 ans de la Réforme, mobilisant 60 acteurs et 300 figurants. Coécrit par Samuel Amédro, pasteur de l’Église protestante unie, et Jean-Paul Pascal, de l’Église protestante réformée évangélique, le spectacle retrace l’histoire protestante de Luther à nos jours au moyen de tableaux vivants. Il met en scène de grands événements, comme l’Édit de Nantes, et de grandes figures, tels le député Rabaut Saint-Etienne ou le ministre Ferdinand Buisson.
« Le spectacle offre une réflexion et un panorama sur la liberté de conscience, depuis les guerres de Religion jusqu’à ce qui se passe aux États-Unis avec Martin Luther King et la défense des droits civiques,se souvient Alexis, qui avait assisté au spectacle en 2017. Il est de très bonne qualité et l’ambiance est conviviale et festive : des centaines de personnes viennent sur le site pour la soirée et se retrouvent comme on le ferait pour une veillée autour d’un feu. » L. S. Les 16, 17 et 18 juillet, à 21 h. Buvette et restauration sur place. Petit conseil d’ami : n’oubliez pas votre petit coussin et votre pull, les soirées sont fraîches.Tarifs : adulte, 20 € ; moins de 16 ans, 13,50 €. Réservations ici. ABC-Climont, un nouveau lieu pour se ressourcer spirituellement Des idées pour l’été : promotion sur les séjours dans des centres protestants Par Cathy Gerig
“Tutu”, l’hommage déjanté au monde de la danse Les salles de spectacle rouvriront le 19 mai. En attendant, “Tutu” est en replay sur France TV. Un ballet où la performance côtoie l’humour. La troupe des Chicos Mambo n’est jamais passée près de chez vous ou vous avez manqué la diffusion de son spectacle sur Culturbox ? Peut-être craignez-vous que les spectacles de danse soient réservés aux initiés ou ennuyeux ? Autant de raisons de regarder en replay “Tutu”. Même sur un écran de télévision, le spectacle est tout simplement magnifique. Il est aussi original et drôle. Chaque séquence est l’occasion pour la troupe 100% masculine d’aborder une facette différente de la danse et d’en pointer les tics et travers. Le rythme est soutenu, malgré les changements de costumes, et les références sont nombreuses. D’aucuns reconnaîtra celle au Lac des cygnes, mais également à “Danse avec les stars”, Dirty Dancing ou encore “La danse des canards”. L’humour ne retire rien à la performance. Au contraire. Car pour s’amuser des codes chorégraphiques, il est bien sûr nécessaire de les maîtriser. Artistes complets, les danseurs revisitent les codes du ballet, de la danse contemporaine, de salon, sportive et rythmique, académique ou acrobatique. Champions dans leur art, ils excellent également dans d’autres, comme le mime. 1 200 mètres de tulle Petite anecdote qui prendra tout son sens au moment où vous lancerez le replay : il n’aura fallu pas moins de 1 200 mètres de tulle pour confectionner les costumes portés par les six danseurs au fil des 20 tableaux de “Tutu”. À regarder : “Tutu”, sur france.tv.fr. Disponible jusqu’au 23 juin 2021. Durée : 82 minutes.
Par Laure Salamon Où es-tu ?, un dialogue poétique et musical, à voir en ligne Un spectacle en duo entre Irène Jacob et Keren Ann pour mettre des mots et de la musique sur l’expérience du confinement. « Où es-tu ? », demande l’actrice Irène Jacob à la musicienne Keren Ann. Les deux artistes s’appellent et se répondent. Décontractées, elles s’échangent des mots et des chansons tout en disant leur intimité. Le confinement de 2020 a inspiré aux deux amies une conversation qui a d’abord eu lieu sur les réseaux sociaux. Puis, les deux artistes ont eu envie de poursuivre ce chemin et de proposer cet échange poétique et musical un peu mystérieux et très envoûtant, avec un final particulièrement touchant. Le spectacle enregistré à la Maison de la poésie, le 6 mars, est en accès libre sur YouTube. Elles doivent se produire le 2 mai à 20 h lors des Rencontres 7e Art Lausanne. Où es-tu ? Spectacle de Keren Ann et Irène Jacob, enregistré à la Maison de la poésie.
Par Cathy Gerig Réversible, le spectacle qui nous entraîne à la rencontre de nos racines Avez-vous déjà imaginé la vie de vos aïeux à votre âge? Vibrez avec la compagnie circassienne des 7 Doigts. Les circassiens des 7 Doigts de la main l’ont fait dans Réversible. Un spectacle à la fois époustouflant et plein d’amour. Les circassiens des 7 Doigts de la main ont mis leur tournée entre parenthèse à cause du coronavirus. Mais ils proposent, en partenariat avec Arte, de regarder gratuitement Réversible, leur spectacle dans lequel les artistes plongent à la rencontre de leurs aïeux. Un hommage à la famille plein de poésie. En 2017, la dixième création du collectif circassien québécois, Réversible, a permis au public de faire plus ample connaissance avec ses artistes. Dans ce spectacle, où les acrobaties de ces athlètes vous scotchent une fois encore au fond de votre fauteuil, l’émotion est également omniprésente.
Et pour cause, les circassiens nous parlent de leur famille. Plus précisément, ils racontent la vie de leurs grands-parents à leur âge. Des pans d’histoire qui ont influencé leur vie. On rit, on s’émeut et on embarque dans un voyage hors du temps, qui fait la part belle à la musique et à la danse. Réversible a été le tout premier spectacle de cirque à être joué au Bataclan. C’était au tout début de 2017, la salle avait rouvert ses portes le 12 novembre 2016, un an après les attentats qui y avaient fait 90 morts. Si l’émotion était palpable à l’entrée des spectateurs dans la salle, beaucoup avaient les yeux rougis à la fin du spectacle. Touchant, il ne manque pas de nous interroger sur nos racines. Notre vie aurait-elle été la même si nos ancêtres avaient pris d’autres chemins ? Par Martine Lecoq Internet: regardez gratuitement des spectacles du Théâtre du Soleil, à Paris Des répétitions aux tournées, Le Théâtre du Soleil, de la Cartoucherie, à Paris, met gratuitement en ligne certains de ses spectacles.
Le Théâtre du Soleil, de la Cartoucherie, à Paris, met gratuitement en ligne l’ensemble de ses plus grands spectacles pour lecture visuelle, dans leur totalité ou par extraits. Depuis ses productions récentes, en passant par Les Naufragés du fol espoir ou Le Dernier Caravansérail, jusqu’à l’immense espoir de 1789. Un lieu-entité s’ouvre à nous. Ce n’est pas seulement le résultat final qui nous est livré sur un plateau, mais tout ce qui l’entoure: répétitions, extraits de tournées, pensées en vrac, fertilisées par l’énergie de tous. À un moment où nous demeurons pour beaucoup isolés, uniquement reliés aux autres par les moyens télévisuels ou virtuels, ces vastes fresques rappellent à quel point le groupe, le rassemblement, l’effort commun des personnes physiques, sont d’une importance capitale pour notre équilibre. Au théâtre, le corps est roi. Ariane Mnouchkine demeure le soleil de son théâtre du même nom. On pourra voir son film Molière. On l’entendra, elle aussi, par éclairs, dans quelques interviews, le long d’une carrière dévolue à la troupe depuis cinquante ans. Mais quelle que soit l’époque, c’est le même hymne à l’art. Une fête des sens, mais aussi une fête du sens. Ses paroles, qui nous touchent aujourd’hui, toucheraient en tout temps, tant elles paraissent indémodables sans jamais se banaliser. Ainsi lorsqu’elle dit qu’il convient avant toute chose “de penser courageusement pour agir intelligemment”. La peur est mauvaise conseillère. theatre-du-soleil.fr
Par Elise Bernind À Marseille, le théâtre pour encourager la mixité sociale Un travail théâtral réunit depuis trois ans des jeunes issus de divers quartiers de Marseille. Chaque mardi soir à la maison d’artistes de la Gare Franche, les retrouvailles démarrent par une séance de relaxation avec la comédienne et danseuse Chloé Martinon : respirer, écouter son corps, jouer avec le corps de l’autre, oublier la journée de cours pour entrer dans la bulle Groupe des 15. Tous se reconnectent les uns aux autres. « Lorsqu’ils ont commencé à faire du théâtre ensemble, ils n’osaient pas se toucher », se souviennent les comédiens qui les accompagnent depuis le début du projet, il y a trois ans. En 2015, Alexis Moati, Carole Costantini et leur compagnie Vol plané sélectionnent une quinzaine d’adolescents marseillais pour « une aventure artistique et humaine ». « On les a choisis sur leur capacité à s’engager, à être solidaires d’un groupe sur la durée. Pas sur leur talent de comédien », explique le metteur en scène Alexis Moati. Les jeunes finalement retenus habitent aussi bien dans les quartiers nord que dans les arrondissements chics de Marseille. Bienveillance Sans le Groupe des 15, ils ne se seraient peut-être jamais rencontrés. Ysé, âgée de 19 ans, habite dans un des quartiers les plus cotés de la ville : « La première fois, on était tous à la fois mal à l’aise et amusés de rencontrer des gens si différents. Ça a été tout de suite très amical et facile. Le groupe est né d’abord, ensuite, les individualités, qui ont été accueillies avec bienveillance. » « Une fois
passés les débuts un peu bizarres, on a vite compris qu’on était tous pareils. On se sent comme une famille », renchérit Ibrahim, 20 ans. « Nous nous sommes rendu compte au fil des années que ce qu’ils étaient et faisaient ne leur suffisait pas. C’était leur point commun. Le Groupe des 15 a répondu à ce manque », analyse Carole Costantini pour expliquer comment l’alchimie a opéré. Le programme du Groupe des 15 est dépendant de l’actualité de la compagnie Vol plané. « On voulait que leur travail et celui de la compagnie s’interpénètrent. Nous, on apporte notre expérience de théâtre et eux leur audace. Car ils n’ont pas forcément les codes du théâtre, ni un patrimoine culturel à traîner derrière eux, qui freine généralement les acteurs. C’était un échange de connaissances et pas un rapport de maîtres à élèves », explique Carole Costantini. Ainsi depuis trois ans, le groupe se réunit tous les mardis soir, participe à des sorties culturelles, à des voyages à l’étranger pour rencontrer d’autres troupes, répète certains week- ends et se libère une semaine chaque vacances scolaires pour des stages. Ils ont travaillé avec l’auteur et comédienne Marion Pelissier ou encore avec le chorégraphe Mickaël Phelippeau. Chacun fait des efforts pour se rendre disponible tout en menant de front ses études. « Je pense que mon entourage n’a pas réellement conscience du projet dans lequel je suis. Ma mère pense que c’est un amusement et ma grand-mère ne comprend pas pourquoi ça me prend autant de temps », confie l’une des participantes. Après trois ans à « grandir ensemble », beaucoup disent avoir davantage confiance en eux, être plus ouverts, plus sociables et en être témoins. « Je constate le décalage avec les gens de mon école d’audiovisuel. Quand un prof nous montre un film différent de ce qu’on a l’habitude de voir, les élèves répondent direct que c’est mauvais. Ici, on a peut-être réagi pareil la première année. Mais aujourd’hui, on fait l’effort de comprendre. Même les propositions les plus bizarres sont accueillies d’un œil bienveillant. C’est le plus beau cadeau que nous aient fait Carole et Alexis », remercie Lucas, 20 ans. La première année, le Groupe des 15 s’est frotté au Misanthrope de Molière puisque la compagnie Vol plané travaillait sur cette pièce en vers. « La première lecture a été laborieuse. Certains n’avaient jamais lu Molière. On a trouvé des techniques de travail pour s’approprier le texte. Certains se sont peut-être dit que ce n’était pas facile, mais personne qu’il n’y avait pas accès », affirme Carole Costantini.
En décembre 2015, Heddy, avec son phrasé et sa démarche de rappeur, s’est retrouvé à jouer Alceste en public. « Et là, d’un coup, ces mots-là, dans cette bouche-là, avec cet accent-là, et le regard du public là-dessus… On a réentendu le texte, réinventé par une voix d’un quartier. C’était comme si Heddy continuait le dialogue qu’un auteur avait commencé avec le public il y a 300 ans », se souvient Alexis Moati, qui espère qu’un jour le théâtre sera moins formaté. Bientôt la fin Au fil des années, la composition du groupe a un peu changé, mais la dynamique est restée. Après avoir décroché un rôle dans le film Corniche Kennedy sorti en 2016, Mama est partie en 2017 pour Cannes suivre les cours de l’Erac, une prestigieuse école d’acteurs. Elle continue de passer le mardi soir, quand elle peut. « Elle nous dit que l’Erac est bien, mais que l’ambiance et notre façon de travailler lui manquent », souligne Olive. L’aventure du Groupe des 15 se termine en juin avec le spectacle Rites. Après trois ans quasi fusionnels, les jeunes ont du mal à envisager la fin. Ils prévoient de continuer de se voir, différemment. « Ce projet sera totalement réussi s’ils sortent de cette expérience libres et sans nostalgie. C’est pour cela qu’il faut arrêter net le projet. J’espère qu’ils vont s’en servir pour faire autre chose », confie Carole. Certains souhaitent continuer le théâtre, d’autres non. « L’expérience du Groupe des 15 va imprégner ma vie personnelle et artistique », assure Safinah, 19 ans. Elle a aussi marqué profondément le travail de la compagnie Vol plané. « Je ne pensais pas que ce projet bouleverserait à ce point mes choix. Je n’envisage plus de travailler sans un groupe de gens associé à la compagnie. J’ai envie de me tourner vers des personnes âgées. On a besoin d’aller se nourrir à une source extérieure au théâtre pour que notre métier garde son sens », confie Alexis Moati. La Gare Franche, lieu de création artistique Le projet du Groupe des 15 est porté par la compagnie de théâtre Vol plané et la Gare Franche. Cette maison d’artistes, située dans les quartiers nord de Marseille, a été créée en 2001 par Wladyslaw Znorko, de la compagnie Cosmos
Kolej. Ce n’est pas un théâtre, mais un lieu de travail artistique qui entretient des liens étroits avec les habitants du territoire où il est implanté. Son jardin de 4 000 m2 est devenu en 2003 un jardin potager et partagé avec les riverains. Tous les artistes en résidence à la Gare Franche ont un temps d’échanges avec les habitants, que ce soit une simple lecture ou un atelier de plusieurs semaines. Depuis 2007, la Gare Franche ouvre en journée un chemin sur sa propriété pour permettre aux riverains de relier à pied la cité de Plan-d’Aou et le noyau villageois de Saint-Antoine. Pour des raisons de restrictions budgétaires, la Gare Franche est en train de fusionner avec le théâtre du Merlan, scène nationale de Marseille également implantée dans les quartiers nord. www.lagarefranche.org À voir “Rites” le 5 juin à La Gare Franche. 04 91 65 17 77. www.lagarefranche.org Le 6 juin au théâtre du Merlan www.merlan.org La photo ci-dessus est extraite d’un travail mené depuis 2015 avec le Groupe des 15 par le photographe marseillais Vincent Beaume. www.vincentbeaume.com
Par Marie-Christine Bernard Quand les saltimbanques parlent de nos vies Les artistes de rue nous fascinent car ils s’adressent à une part de nous-mêmes souvent cachée au plus profond de notre être. Il a commencé avec trois petites balles, puis quatre, cinq, et d’autres encore pour finir par jongler avec toutes sortes d’objets qu’il sortait de ses multiples poches avant de les y remettre dans la fluidité d’un mouvement ininterrompu. Puis il a laissé place à deux compères. L’un, de ses biceps saillants, a porté l’autre, souple et effilé, à bout de bras, sur sa tête, sur ses épaules, le laissant dessiner de son corps agile des figures d’équilibre soigneusement exécutées. L’incontournable clown fit alors son entrée. Sans lésiner sur les effets comiques et les contorsions de circonstance, il joua au dompteur de fauves avec un minuscule et inoffensif caniche portant un papillon de ruban rose entre les oreilles, et totalement réfractaire aux sollicitations de son maître. Les clowns et les badauds Sur la place, nous sommes nombreux, badauds, à nous être arrêtés. Jeunes, vieux, enfants… nous regardons avec une attention amusée. Qu’est-ce qui nous retient ainsi ? D’où viennent ces sourires pensifs, ponctués çà et là de « ha ! ho ! » admiratifs, puis de quelques rires devant les facéties du clown ? D’où viennent ces regards traversés par moments d’éclats d’inhabituelle profondeur ? Les jeunes artistes – intermittents du spectacle sans doute – qui transpirent ainsi sur leur carré de tapis à même les pavés ont un certain talent et ce qu’ils savent faire, ils le font bien. Pourtant, le spectacle de rue qu’ils nous offrent n’a rien d’exceptionnel. Ces numéros, on les a vus tant de fois, et dans des figures
autrement plus complexes… Mais nous nous laissons prendre, une fois de plus pourrait-on dire. Et sans bouder notre plaisir, nous voilà sommés de l’intérieur de faire une halte, happés, scotchés. Pourquoi ? Sans doute parce que, mystérieusement, notre inconscient capte là quelque chose d’essentiel. C’est à peine un rêve, une aspiration, presque un désir inavouable tant il peut paraître irréaliste, irraisonnable, et qui semble prendre figure par instant, là, devant nos yeux. Ce serait par exemple de savoir, dans notre quotidien, jongler avec cette aisance et cette élégance, sourire aux lèvres, avec toutes ces choses qui nous arrivent, ces choses inattendues et encombrantes, ces émotions hétéroclites aussi qui sans cesse nous sollicitent, ces contrariétés et ces bouts de trésor échoués entre nos mains et qui appellent notre vigilance… Ce pourrait être cette jonglerie multicolore ? « Heureux… ». Ce serait aussi de se montrer capables de porter sans plier, sans gémir, sans se crisper non plus, le poids de ce qui nous paraît si lourd certains jours : ces peines qu’on aimerait consoler, la santé qui vacille, la fatigue du quotidien… ; d’éprouver la force qui nous ferait saisir notre sort à pleine main pour l’aligner à loisir droit dans le soleil de la vie. Quelque chose serait-il en nous de cet ordre ? « Mon joug est léger… » Ce serait enfin savoir retourner nos peurs en rire et en tendresse, apercevoir le nœud coloré dans les poils de ce qu’on croyait être un fauve et se révèle n’être qu’un cabot joueur, et entendre à nouveau le message qui nous réjouit. Quand il nous prend la crainte de l’irruption de l’autre un peu trop autre, l’inquiétude pour un lendemain que l’on imagine un peu trop menaçant… pauvres de nous ! Alors que du côté de l’autre s’annonce l’ange du Seigneur. Alors que du côté de demain, c’est la Présence qui vient à notre rencontre en abaissant les collines, en comblant les vallées, en traçant une route, une route pour chacun. Les vrais artistes, ceux qui dans la fidélité à eux-mêmes font leur travail, nous apportent quelque chose qui relève du nécessaire. Ils offrent en spectacle – à l’appréciation des sens – des facettes de nous souvent enfouies dans nos profondeurs, nous permettant de les reconnaître, de les apprivoiser, de les intégrer dans l’estime de nous-mêmes. C’est ainsi qu’ils réveillent en nous une part souvent ignorée d’énergie vitale, spirituelle. Pas besoin d’effets spéciaux, de numéros renversants, de virtuosité à toute épreuve : il suffit d’offrir son talent, avec générosité, sérieux et honnêteté pour que ça fasse mouche. Après avoir fait mine de vouloir manger son chapeau, le clown s’est résolu à s’en
servir pour passer entre les rangs : « À vot’ bon cœur, m’sieurs dames, c’est pour les artistes ! » Merci les gars !
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