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Comment les comportements de pricing-to-market affectent l’impact d’une dévaluation sur la balance commerciale : une étude empirique sur le cas allemand ✰ Johanna MELKA ✰ Université Paris I Panthéon-Sorbonne, TEAM 106-112 Bd de l’hôpital 75647 Paris Cedex 13 ☎ 01 44 07 82 71 - 01 47 06 12 59 Email : melka@univ-paris1.fr 1
Résumé Cet article cherche à estimer l’impact des comportements de pricing-to-market sur les relations entre les taux de change et la balance commerciale. Certains travaux théoriques récents ont montré que la monnaie de facturation des échanges commerciaux jouait un rôle prépondérant dans les mécanismes de transmission des chocs monétaires sur la balance commerciale. Il s’agit donc de vérifier, à travers une étude portant sur les relations de l’Allemagne avec les Etats-Unis et le Japon, comment les comportements de pricing-to- market peuvent affecter l’efficacité d’une politique monétaire sur la balance commerciale. Réalisée dans le cadre d’un modèle à correction d’erreur, notre étude montre qu’une dévaluation entraîne non pas une détérioration des termes de l’échange comme ce devrait être le cas si les firmes répercutaient les variations de change sur leurs prix de vente, mais une amélioration sensible des termes de l’échange qui provoque alors une dégradation de la balance commerciale. Un tel résultat permet de conclure d’une part à l’adoption de comportements de pricing-to-market, et d’autre part à l’importance de ces stratégies dans les mécanismes de transmission des chocs monétaires sur la balance commerciale. Mots-clefs Taux de change. Balance commerciale. Termes de l’échange. Pricing-to-Market. VECM JEL : F31, F32, F33, F34 « How pricing-to-market behaviours affect the impact of exchange rate changes on the trade balance : the case of German trade balance» Abstract This paper analyses the relationship between the trade balance and the exchange rate. We want to show that the adoption of pricing-to-market behaviour affects the impact of exchange rate changes on the trade balance. When exporters set prices in the currency of the buyer, a depreciation does not induce a deterioration of the terms of trade and an improvement of the trade balance. In this paper we estimate empirically the impact of exchange rate depreciation on the trade balance in the framework of the VECM model. We study the case of German trade balance with United-States and Japan. With the analysis of impulse response functions we find that devaluation generates a terms of trade improvement which deteriorates the trade balance. Keywords : exchange rate, trade balance, pricing-to-market, VECM Classification JEL : F31, F32, F33, F34 2
1. Introduction Quel est l’impact d’une dévaluation sur la balance commerciale ? Cette question a été soulevée il y a longtemps par de nombreux économistes dans les modèles traditionnels d’économie ouverte. Dans le modèle de Mundell-Fleming, une dévaluation améliore la balance commerciale du pays dévaluateur si la condition, atemporelle, de Marshall-Lerner est satisfaite. Depuis quelques années, une nouvelle génération de modèles est apparue, il s’agit des modèles d’équilibre général intertemporel. Ainsi, à partir des travaux de Obstfeld et Rogoff (1995), Betts et Devereux (1996, 2000) et Devereux (1999) ont étudié l’impact d’une dévaluation sur la balance commerciale, mais dans une dynamique intertemporelle. Ces auteurs montrent alors que l’efficacité d’une politique monétaire sur la balance commerciale dépend de la monnaie de facturation des produits exportés. Lorsque les prix sont facturés en monnaie de l’exportateur, une dévaluation engendre une dégradation des termes de l’échange qui provoque un détournement de la consommation mondiale vers le pays domestique. La balance commerciale s’améliore. A l’inverse, lorsque les entreprises exportatrices adoptent un comportement de pricing-to-market1 (PTM) et facturent leurs produits en monnaie de l’acheteur, les termes de l’échange s’améliorent suite à la dévaluation. En effet, les prix des importations facturés en monnaie locale restent constants, alors que les prix des exportations en monnaie de l’exportateur augmentent (ils sont inchangés en monnaie de l’acheteur). Dans ces conditions, l’efficacité d’une politique monétaire sur la balance commerciale est altérée. Les comportements de pricing-to-market affectent donc les mécanismes de transmission des politiques monétaires sur la balance commerciale. Or, aucune étude n’a à notre connaissance cherché à évaluer empiriquement les conséquences de ces comportements en matière de politique monétaire. Betts et Devereux (1996, 2000), ainsi que Devereux (1999) ont réalisé des simulations mais n’ont pas réalisé d’estimation empirique proprement dite. Ils montrent toutefois que plus la part de firmes qui ne répercutent pas les variations de change sur leurs prix est forte, et plus le taux de change suréagit à un choc monétaire, d’une part, et plus le solde commercial est susceptible de se dégrader d’autre part. 1 Betts et Devereux associent les comportements de PTM au fait de facturer ses produits en monnaie locale. En effet, dans leur modèle, les prix sont rigides à court terme. De fait, lorsqu’ils sont facturés en monnaie de l’acheteur, ils ne s’ajustent pas à court terme aux variations du change. Krugman (1986) définit ce phénomène par la volonté des firmes de stabiliser les prix de leurs produits en monnaie locale. 3
De nombreux autres économistes ont estimé les relations entre les taux de change et la balance commerciale. Certains ont ainsi montré qu’il existait une relation de long terme entre ces deux variables2, d’autres ont démontré l’existence d’une courbe en J3. De même, certaines études, ont estimé les relations entre la balance commerciale et les termes de l’échange. Ainsi, Gwen et Wilkinson (1994) montrent qu’il existe une causalité bidirectionnelle entre ces deux variables. Backus (1994, 1998) estime quant à lui les fonctions de réponse de la balance commerciale à un choc des termes de l'échange. Il montre ainsi qu’une détérioration des termes de l’échange améliore la balance commerciale. Par ailleurs, dans les années 80, certaines études4 ont expliqué l’évolution du solde commercial américain par l’inertie des prix des importations en provenance du Japon, et ont montré empiriquement la faible répercussion des mouvements de change sur les prix. Toutefois, ces différentes études n’ont pas estimé les relations entre les comportements de pricing-to-market et l’évolution de la balance commerciale. Pour palier ce manque, nous proposons d’estimer dans le cadre d’un modèle à correction d’erreur les relations qui lient la balance commerciale, le taux de change, et les comportements de pricing-to-market. Notre étude porte sur les relations commerciales de l’Allemagne avec les Etats-Unis et le Japon sur la période 1990:01-1997:07. Nous introduisons les termes de l’échange comme variable susceptible de rendre compte du comportement de pricing-to-market. Une dévaluation engendre une détérioration des termes de l’échange si les firmes répercutent les variations de change sur leurs prix de vente. Introduire les termes de l’échange dans notre modèle va donc nous permettre d’observer leurs réponses aux innovations du change et ainsi de savoir si les firmes adoptent un comportement de PTM. Nous pourrons alors mieux comprendre la réponse du solde commercial à un choc de change. Cette variable semble être la plus appropriée pour relier ces trois variables que sont les comportements de PTM, le taux de change et la balance commerciale. 2 Bahmani-Oskooe (1992,1995) Kim (1995) montrent contrairement à Demeulemeester et Rochat (1995), Lin (1996), Shirvani et Wilbratte (1997) qu’il n’existe pas de relation de long terme entre le taux de change et la balance commerciale. 3 Ainsi Jung et Doroodian (1998) ont confirmé son existence, alors que Rose et Yellen (1989), Bahmani-Oskooe et Malixi (1992) l’ont infirmé. D’autres auteurs ont mis en avant une courbe en J retardée (Koch et Rosensweig, 1988 ; Maldavi et Sohrabian, 1993 ; Meade, 1988). 4 Baldwin et Krugman (1987), Hooper et Mann (1989), Mann (1986), Meade (1988). 4
2. Présentation des données Les trois variables étudiées sont : la balance commerciale allemande, les taux de change nominaux bilatéraux allemands avec les Etats-Unis et le Japon, et les termes de l’échange. Les soldes commerciaux sont des soldes bilatéraux entre l’Allemagne les Etats-Unis et le Japon. Le secteur d’activité concerné est le secteur des biens manufacturés. Ces soldes commerciaux (mensuels) sont extraits de la base COMEXT d’Eurostat. Les deux autres variables que nous retenons sont d’une part les taux de change nominaux (nombre de marks par dollar, par yen ou par franc), et les termes de l’échange, définis par le ratio entre les prix à l’exportation et les prix à l’importation du pays domestique (pour le secteur des biens manufacturés), tous deux exprimés en monnaie nationale. Contrairement à la majorité des études empiriques nous ne retenons pas le taux de change réel, mais le taux de change nominal. L’introduction dans notre modèle des termes de l’échange reflète déjà l’évolution des prix de vente en monnaie domestique. Il est donc inutile d’introduire le taux de change en termes réels. Les taux de change (mensuels) sont extraits des séries monétaires et financières de la Banque de France. Les données relatives aux termes de l’échange (mensuelles) sont fournies par Eurostat. 3. Le cadre d’analyse Nous cherchons à étudier les liens qui existent entre la balance commerciale, les taux de change et les termes de l’échange à court terme et à long terme. La balance commerciale d’une économie ouverte peut s’écrire : Bt = Pt X t − Pt* et M Où B est la balance commerciale, P le prix des exportations du pays domestique en monnaie domestique, X le volume des exportations, P*, le prix des importations en provenance du pays étranger facturé en monnaie étrangère, e le taux de change coté à l’incertain, et M le volume des importations. P− + − Par conséquent : B = B *t , X , M Pt e 5
La balance commerciale dépend donc positivement du volume des exportations, mais négativement du volume des importations et des termes de l’échange. Ce qui se comprend aisément. Une amélioration des termes de l’échange signifie que les prix des exportations augmente et/ou que les prix des importations diminue. Dans une telle situation si les volumes réagissent aux prix, alors toutes choses égales par ailleurs, le volume des exportations diminue et/ou le volume des importations augmente ; la balance commerciale se dégrade. Nous allons donc chercher à estimer empiriquement les relations entre la balance commerciale allemande, les taux de change, et les termes de l’échange. Confrontés aux problèmes de non stationnarité des variables, nous choisissons de réaliser notre étude dans le cadre d’un modèle vectoriel à correction d’erreur (VECM), comme le font la majorité des études récentes relatives aux relations entre la balance commerciale et le taux de change5. Dans notre cas, si nous supposons l’existence d’une seule relation de cointégration, le VECM s’écrit : ∆ bt Γ11 ( L ) Γ12 ( L ) Γ13 ( L ) ∆ bt −i β 1 bt −i µ1 u1t ∆ tt = Γ21 ( L ) Γ22 ( L ) Γ23 ( L ) ∆ tt −i + (α 1 α 2 α 3 ) β 2 tt −i + µ 2 + u 2t ∆ e Γ ( L ) Γ ( L ) Γ ( L ) ∆ e β e µ u t 31 32 33 t −i 3 t −i 3 3 t où b représente le solde commercial bilatéral, t les termes de l’échange et e le taux de change (coté à l’incertain), tous trois exprimés en logarithme (c’est pourquoi ces variables sont en minuscules). ∆ représente le terme différence. La première partie à gauche de l’équation représente la dynamique de court terme, alors que la seconde partie représente la dynamique de long terme. L’écriture sous cette forme va nous permettre de réaliser des tests de causalité au sens de Granger des taux de change sur la balance commerciale (et inversement) qui vérifieront s’il existe une causalité unidirectionnelle ou bidirectionnelle entre ces variables. De plus, grâce à cette écriture, nous pourrons estimer des fonctions impulsion réponse et ainsi observer la réponse de la balance commerciale allemande ainsi que des termes de l’échange à une 5 Han et Suh (1996), Lin (1997), Rahman, Mustafa et Burckel (1997), Shirvani et Wilbratte (1997). 6
dévaluation. Nous aurons alors la possibilité de conclure sur l’importance du comportement de répercussion des variations de change sur les prix (via la réponse des termes de l’échange) sur les effets des chocs de change sur la balance commerciale. 4. Résultats empiriques Nous allons nous intéresser en premier lieu à la relation de long terme qui lie les soldes commerciaux, les termes de l’échange et les taux de change. Une fois que nous aurons vérifié l’existence d’une relation de cointégration entre les variables nous pourrons alors réaliser les tests de causalité et analyser les fonctions d’impulsion-réponse. 4.1. Tests de cointégration La première étape de notre étude est de déterminer le nombre de retards que nous sélectionnons. Nous avons réalisé les tests usuels de détermination du nombre de retards (Akaike, Hannan, Schwartz) et retenons quatre retards pour l’étude sur le Japon, un retard pour celle sur les Etats-Unis. Toutes nos variables sont en outre intégrées d’ordre 1. Nous suivons la procédure de Johansen et réalisons les tests de la Trace et du Lambda- Max pour déterminer l’existence d’une ou plusieurs relations de cointégration entre nos variables. Les résultats de ces tests sont donnés tableaux 1 et 2. Nous faisons également figurer tableau 3 les valeurs critiques correspondantes. Tableau n°1 : test du λ-max H0 Etats-Unis Japon r=2 1,04 3,26 r =1 17,38 9,14 r=0 39,25 26,95 7
Tableau n°2 : test de la Trace H0 Etats-Unis Japon r≤2 1,04 3,26 r ≤1 18,43 12,41 r=0 57,68 39,36 Tableau n°3 : valeurs critiques au seuil de 5% et 1% Test du Lambda-Max Test de la Trace H0 : r = 0 H0 : r = 1 H0 : r =2 H0 : r ≤ 0 H0 : r ≤ 1 H0 : r ≤ 2 à5% 20,97 14,07 3,76 29,68 15,41 3,76 à1% 25,52 18,63 6,65 35,65 20,04 6,65 Les résultats présentés tableaux 1 et 2 concluent à l’existence d’une relation de cointégration entre les soldes commerciaux, les termes de l’échange et les taux de change au seuil de 1% pour le Japon, les Etats-Unis. Les relations de cointégration que nous avons identifiées s’écrivent : ➤ Etats-Unis : b = −0 ,813 t + 0 ,601 e ➤ Japon : b = −1.674 t + 0 ,715 e Avant d’interpréter ces résultats il est nécessaire de réaliser les tests d’exclusion des variables de la relation de cointégration qui permettent de déterminer si les coefficients sont différents de zéro. Les hypothèses nulles sont les suivantes : H 0 : βi = 0 pour i = 1,2,3 î H1 : β i ≠ 0 Les résultats qui figurent tableau n°4 montrent que ces coefficients sont significativement différents de 0 au seuil de 19% pour les taux de change et au seuil de 0% pour les autres coefficients. Il existe donc une relation de long terme entre le taux de change et la balance commerciale à 19%. Nous acceptons cette relation. A long terme, une amélioration des termes de l’échange ou une appréciation de la monnaie domestique 8
entraînent une dégradation du solde commercial pour les relations bilatérales entre l’Allemagne et les Etats-Unis ou le Japon. Tableau n°4 : tests d’exclusion des variables de la relation de cointégration (seuils6) Pays H0 : β1 = 0 H0 : β2 = 0 H0 : β3 = 0 Etats-Unis 0,00 0,00 0,19 Japon 0,02 0,00 0,19 Nous poursuivons à présent notre étude en nous concentrant sur les relations de court terme entre ces variables. Nous sommes principalement intéressés par l’analyse de l’impact d’un choc de change sur la balance commerciale allemande. Il nous faut donc étudier la dynamique du système. 4.2. La dynamique du système Nous présentons dans les tableaux suivants les paramètres d’estimation du VECM pour les différents pays étudiés. Nous faisons apparaître en caractère gras les coefficients qui sont significatifs au seuil de 10%. Tableau n°5 : Estimation du VECM – Etats-Unis Constante CI ∆ bt −1 ∆ tt −1 ∆ et −1 0,056 -0,14 -0,36 0,097 -0,67 ∆ bt (2,54) (-2,51) (-3,72) (1,91) (-1,65) 0,089 -0,25 0,047 -0,42 0,057 ∆ tt (1,96) (-2,17) (0,23) (-3,99) (0,06) -0,0086 0,026 -0,0091 -0,0058 0,33 ∆ et (-1,63) (1,91) (-0,39) (-0,47) (3,25) 6 Les valeurs qui apparaissent dans le tableau sont les probabilités de rejeter à tort l’hypothèse nulle. 9
Tableau n°6 : Estimation du VECM - Japon ∆ bt −1 ∆ bt − 2 ∆ bt −3 ∆ bt − 4 ∆ tt −1 ∆ t t − 2 ∆ t t −3 ∆ tt − 4 ∆ et −1 ∆ et − 2 ∆ et −3 ∆ et − 4 C CI ∆ bt 0,007 0,009 -0,47 -0,24 -0,29 -0,27 -0,01 -0,01 0,072 0,062 -1,49 1,28 -0,25 -0,007 (0,11) (0,10) (-3,28) (-1,62) (-2,12) (-2,23) (-0,08) (-1,12) (0,82) (1,02) (-2,32) (1,82) (-0,35) (-0,01) ∆ tt -0,56 -0,78 0,73 0,54 0,57 0,076 0,15 0,12 0,082 0,054 1,28 -1,51 1,26 0,46 (-4,35) (-4,44) (2,52) (1,81) (2,08) (0,30) (0,61) (0,58) (0,46) (0,43) (0,98) (-1,05) (0,84) (0,34) ∆ e t 0,016 0,022 -0,02 -0,02 -0,03 -0,02 -0,03 -0,02 -0,02 0,006 0,43 -0,11 0,006 -0,06 (1,38) (1,39) (-0,78) (-1,02) (-1,32) (-1,09) (-1,50) (-1,43) (-1,37) (0,58) (3,70) (-0,91) (0,04) (-0,52) Les estimations du VECM présentées dans les tableaux 5 et 6 nous permettent de souligner plusieurs faits marquants. En premier lieu, il apparaît que le solde commercial de l’Allemagne est sensible à l’évolution des termes de l’échange dans les cas des Etats-Unis. Une amélioration des termes de l’échange a un effet négatif sur la balance commerciale allemande. Le coefficient est positif mais proche de zéro, laissant supposer qu’une augmentation des termes de l’échange engendre une légère amélioration de la balance commerciale bilatérale allemande avec les Etats-Unis. Nous pouvons interpréter un tel résultat par la préférence des consommateurs allemands pour les biens domestiques. Toutefois, ce résultat est à considérer avec prudence dans la mesure où ce sont les termes de l’échange retardés d’une période qui ont un impact positif sur la balance commerciale. Il est difficilement envisageable de considérer que la demande se soit déplacée entre ces deux pays en un mois. Ainsi, l’effet positif sur la balance résulte sans doute d’une simple revalorisation des exportations. En second lieu, il apparaît qu’une augmentation du taux de change (dépréciation du mark) aux périodes précédentes engendre à la période courante une dégradation du solde commercial de l’Allemagne avec les Etats-Unis et le Japon7. Par ailleurs, en nous intéressant à l’évolution des termes de l’échange nous constatons qu’ils ne sont pas affectés par l’évolution antérieure des taux de change, mais plutôt par l’évolution du solde commercial. 7 Nous observons en effet que les coefficients associés aux variables de change qui sont significatifs sont négatifs. Par conséquent une augmentation du taux de change a un impact négatif sur la balance commerciale. 10
Les tests de causalité vont nous permettre de vérifier ces présomptions. Nous pourrons ainsi déterminer s’il existe une causalité entre les taux de change et les termes de l’échange, mais aussi entre le solde commercial, les termes de l’échange et les taux de change. 4.2.1. La causalité La majorité des études empiriques qui estiment les relations entre le taux de change et la balance commerciale s’intéresse principalement à ces tests de causalité. Les résultats diffèrent sensiblement d’une étude à l’autre. Certains auteurs montrent l’existence d’une causalité unidirectionnelle, alors que selon d’autres il s’agit d’une causalité bidirectionnelle qui lie ces deux variables. Dans notre étude nous ne nous arrêtons pas à cette simple causalité. Nous cherchons à vérifier l’existence de la causalité entre les taux de change et les termes de l’échange. L’écriture sous la forme du VECM nous permet de distinguer deux types de causalité : la causalité de long terme, qui passe par les variables explicatives en niveau, et la causalité de court terme (variables en différences). Notre VECM s’écrit : ∆ bt Γ11 ( L ) Γ12 ( L ) Γ13 ( L ) ∆ bt −i β 1 bt −i µ1 u1t ∆ tt = Γ21 ( L ) Γ22 ( L ) Γ23 ( L ) ∆ tt −i + (α 1 α 2 α 3 ) β 2 tt −i + µ 2 + u2 t ∆ e Γ ( L ) Γ ( L ) Γ ( L ) ∆ e β e µ u t 31 32 33 t −i 3 t −i 3 3 t avec une factorisation structurelle : u1t = υ 1 ε 3t + υ 2ε 2 t + ε 1t u 2 t = υ 2 ε 3 t + ε 2 t u = ε î 3t 3t La stratégie de test que nous retenons ici est séquentielle. Nous commençons par tester la causalité de court terme pour ensuite tester la causalité de long terme. 11
a) Tests de causalité de court terme Tableau n°7 : Tests de causalité de court terme (p-values) Etats-Unis Japon ∆b ∆t ∆e ∆b ∆t ∆e ∆b 0,0003 0,81 0,69 0,015 0,06 0,70 ∆t 0,05 0,0001 0,63 0,52 0,98 0,09 ∆e 0,12 0,94 0,001 0,17 0,70 0,009 Le tableau 7 nous donne les résultats des tests de causalité de court terme qui se font à partir des matrices polynomiales Γij ( L ) . Le tableau se lit de la manière suivante : nous cherchons à déterminer si la variable en ligne cause au sens de Granger la variable en colonne. Les chiffres qui apparaissent représentent les p-values. Ceux qui sont en gras sont ceux pour lesquels cette probabilité est inférieure à 20%. Dans ces cas, nous concluons que la variable en ligne cause la variable en colonne. Ces tests nous permettent de dire que le taux de change cause la balance commerciale alors que la balance commerciale allemande ne cause pas les taux de change, et enfin que le taux de change ne cause pas les termes de l’échange. Le premier résultat à souligner est en effet le fait que le taux de change cause au seuil de 17% le solde commercial bilatéral de l’Allemagne avec les Etats-Unis et le Japon à court terme. La connaissance de l’évolution passée du taux de change permet de mieux prévoir l’évolution courante de la balance commerciale. C’est une causalité unidirectionnelle. Nos résultats s’opposent donc à ceux de Hill (1990), Demeulemeester et Rochat (1995) qui mettaient en évidence l’existence d’une causalité bidirectionnelle entre ces deux variables. Nous remarquons de plus que le taux de change ne cause pas les termes de l’échange ; la connaissance passée des taux de change n’améliore pas la prévision des termes de l’échange présents. Nous pouvons écrire ce résultat d’une autre manière : E [∆tt ∆tt −1 , ∆et −1 ] = E [∆tt ∆tt −1 ] où E est l’opérateur espérance. Un tel résultat ne nous permet pas de conclure sur l’adoption de comportements de pricing-to-market de la part des firmes exportatrices. Or, selon Betts et Devereux (2000) lorsque 50% des firmes adoptent un tel comportement, l’évolution des termes de l’échange ne 12
dépend pas de celle des taux de change8. Mais ce cas particulier mis à part toute variation du change a un impact sur l’évolution des termes de l’échange quel que soit le type de comportement adopté. Le sens de variation des termes de l’échange suite à une variation du change est toutefois conditionné par la stratégie de répercussion adopté par les firmes. Enfin, nous remarquons que les termes de l’échange causent à court terme, au sens de Granger, le solde commercial bilatéral de l’Allemagne avec les Etats-Unis mais pas avec le Japon. L’évolution des termes de l’échange ne permet pas de prévoir systématiquement l’évolution des soldes commerciaux. Par conséquent, la seule variable qui explique systématiquement l’évolution du solde commercial allemand à court terme est l’évolution du taux de change. Toutefois il est nécessaire de rappeler que la causalité au sens de Granger présente des limites car elle ne teste qu’une causalité directe. Les variations de change peuvent entraîner indirectement des changements dans les termes de l’échange. De même, les termes de l’échange peuvent agir sur la balance commerciale mais de manière indirecte. b) Tests de causalité de long terme Les tests de causalité de long terme reviennent à se demander si la relation de cointégration cause l’évolution de la balance commerciale, du taux de change et des termes de l’échange. Autrement dit, notre objectif est de déterminer si la balance commerciale cause à long terme ces différentes variables. Les tests de causalité de long terme, reviennent à réaliser un test de nullité des coefficients α1 , β 2 et β 3 . Les tests sur les coefficients β ont montré que β est significativement différent de zéro au seuil de 19% pour le taux de change et au seuil de 2% pour les termes de l’échange. Nous ne nous intéressons donc qu’au coefficient α1. Nous réalisons alors des tests d’exogénéité faible. Soit le test : H 0 : α 1 = 0 î H1 :α1 ≠ 0 8 Betts et Devereux (2000) montrent que l’évolution des termes de l’échange τˆ = (2s − 1)eˆ avec s la part des firmes exportatrices qui adoptent un comportement de PTM, et ê l’évolution du taux de change. 13
Les résultats des tests d’exogénéité faibles sont donnés dans le tableau 8. Nous faisons apparaître les coefficients de Student associés. Ils montrent que nous ne rejetons l’hypothèse de nullité du coefficient α 1 que dans le cas des Etats-Unis. Tableau n°8 : tests d’exogénéité faible (Student) Etats-Unis Japon 4,08 0,01 Ainsi, la balance commerciale cause à long terme l’évolution du taux de change et des termes de l’échange entre l’Allemagne et les Etats-Unis, mais pas entre l’Allemagne et le Japon. L’Allemagne va donc chercher à «contrôler » l’évolution de sa balance commerciale avec les Etats-Unis, ainsi que l’évolution de ses termes de l’échange dans la mesure où ces deux variables sont très liées. La marge de manœuvre des firmes exportatrices allemandes aux Etats-Unis semble donc être plus faible qu’avec le Japon. L’analyse des fonctions de réponse va donc compléter cette analyse de la dynamique du solde commercial. Nous allons pouvoir observer les délais de réactions des soldes commerciaux bilatéraux allemands avec les Etats-Unis et le Japon à un choc de change, mais aussi la réponse de ces soldes à un choc des termes de l’échange. Nous pourrons alors conclure sur l’adoption de comportements de pricing-to-market et sur l’impact de tels comportements sur les mécanismes de transmission d’un choc de change sur la balance commerciale. 4.2.2. Les fonctions de réponse L’orthogonalisation des résidus se fait par le biais de la traditionnelle décomposition de Choleski. Toutefois, Faust et Rogers (1999), Rogers (1999) ainsi que Faust (1998) et Faust et Looper (1997) mettent en avant l’importance de l’identification des chocs dans les fonctions de réponse lors de leurs études relatives à l’impact d’un choc monétaire sur le taux de change réel. Ces auteurs montrent que selon le type d’identification choisi les résultats peuvent sensiblement être modifiés. Nous choisissons donc d’estimer les fonctions de réponse des soldes commerciaux, des termes de l’échange et des taux de change à un choc de change et à un choc des termes de 14
l’échange en modifiant l’ordre récursif des variables (et donc des résidus) dans le modèle. Il apparaît alors que les résultats sont inchangés. Le VECM peut s’écrire sous la forme : ∆e u1t B( L ) ∆t = u 2t ∆b u 3t Ce processus admet une représentation moyenne mobile VMA qui s’écrit : ∆e u1t ∆t = C( L ) u 2 t ∆b u 3t u1t, u2t et u3t représentent les résidus du VECM. Or ce qui nous intéresse c’est de représenter les innovations structurelles de change, des termes de l’échange et de la balance commerciale, qu’on note : ε 1t ε = ε 2t ε 3t Nous pouvons alors écrire : u1t s11 s12 s13 ε 1t u 2t = s 21 s 22 s 23 ε 2 t u s s33 ε 3 t 3t 31 s 32 où ε 1t est l’innovation du taux de change, ε 2 t l’innovation des termes de l’échange et ε 3 t l’innovation de la balance commerciale. En fixant cet ordre récursif pour les variables nous supposons donc que : - L’innovation des termes de l’échange est orthogonale à celle du taux de change. Ce qui implique qu’une innovation du change n’affecte pas une innovation des termes de l’échange. Par conséquent, une innovation des termes de l’échange ne reflète qu’une innovation sur les prix de vente. 15
- Les résidus de la balance commerciale sont orthogonaux aux résidus des termes de l’échange et du taux de change. Ainsi, les innovations de change et des termes de l’échange n’affectent pas l’innovation de la balance commerciale. Une innovation de la balance représente alors une variation des volumes échangés. On pose : s12 = s13 = s 23 = 0 Par conséquent : ∆e = A11 ( L )ε 1t ∆t = A21 ( L )ε 1t + A22 ( L )ε 2 t ∆b = A31 ( L )ε 1t + A32 ( L )ε 2t + A33 ( L )ε 3t Par ailleurs, nous supposons que l’évolution du taux de change n’est affectée instantanément que par un choc de change, et que l’évolution des termes de l’échange n’est affectée instantanément que par une innovation de change ou des termes de l’échange. Enfin, l’évolution de la balance commerciale est affectée instantanément par les innovations de change, des termes de l’échange (qui ne traduisent donc que la variation des prix et non celle du taux de change), et de la balance (représentant une variation des volumes échangés). Nous pouvons également dans un second temps modifier l’ordre des deux premières variables et supposer que : ∆t = A11 ( L )ε 1t ∆e = A21 ( L )ε 1t + A22 ( l )ε 2 t ∆b = A31 ( L )ε 1t + A32 ( L )ε 2 t + A33 ( L )ε 3 t avec ε 1t l’innovation sur les termes de l’échange, ε 2 t l’innovation sur les taux de change et ε 3t l’innovation sur la balance commerciale. Dans ce cas, les réponses de la balance commerciale et des termes de l’échange ne sont pas altérées par rapport à la situation précédente. Nous présentons les fonctions de réponses des soldes commerciaux, des termes de l’échange et des taux de change à un choc de change pour les Etats-Unis et le Japon; pour ensuite, observer les réponses des soldes à un choc des termes de l’échange. La réponse des termes de l’échange à un choc de change est particulièrement importante car elle va nous permettre de déterminer si les firmes exportatrices américaines, japonaises et allemandes 16
adoptent un comportement de pricing-to-market sur leurs marchés respectifs. Rappelons en effet qu’une amélioration des termes de l’échange suite à une dévaluation de la monnaie domestique illustre le fait que les firmes ne répercutent pas l’ampleur des variations de change sur leurs prix de vente en monnaie de l’acheteur ; elles adoptent une stratégie de PTM. De plus, en observant la réponse de la balance à une amélioration des termes de l’échange, nous pourrons alors déterminer si l’adoption de comportements de PTM a un effet néfaste sur la balance commerciale. Nous présentons les résultats lorsque nous identifions les chocs dans le premier cas. Nous définissons le choc de change par une augmentation de un point du taux de change (soit une dévaluation de la monnaie domestique de 1 point. 17
Figure n°1 : réponses du solde bilatéral allemand avec les Etats-Unis, des termes de l'échange et du taux de change, à un choc de change mark-dollar 2,00 1,50 1,00 0,50 0,00 -0,50 Réponses des termes de l'échange Réponses du solde commercial Réponses du taux de change -1,00 1 4 7 10 13 16 19 22 25 28 31 34 37 40 43 46 49 52 55 58 nombre de pas Figure n° 2 : Réponses du solde bilatéral allemand, des termes de l'échange et du taux de change à un choc de change mark-yen 2,00 1,50 1,00 0,50 0,00 -0,50 -1,00 Réponses des termes de l'échange Réponses du solde commercial Réponses du taux de change -1,50 1 4 7 10 13 16 19 22 25 28 31 34 37 40 43 46 49 52 55 58 nombres de pas 18
Les fonctions de réponse des soldes commerciaux bilatéraux allemands avec les Etats- Unis et le Japon, ainsi que des termes de l’échange et des taux de change qui sont présentées figures 1 et 2 permettent de souligner trois points. Concernant la réponse du taux de change à un choc de change positif, nous observons que le taux de change nominal suréagit dans le cas des Etats-Unis et du Japon. Un choc de change de 1 point a un impact plus que proportionnel sur le change. Il apparaît de plus, que le taux de change ne retrouve pas son niveau initial suite au choc de change. Ainsi, la dévaluation du change entraîne une nouvelle baisse de la valeur de la monnaie de manière persistante, comme l’ont montré Betts et Devereux (2000). Par ailleurs, conformément aux conclusions de Betts et Devereux (2000) et Devereux (1999), la dévaluation engendre une amélioration des termes de l’échange9. Autrement dit, les prix à l’exportation ne baissent pas et/ou les prix à l’importation restent constants. Une telle réaction illustre le phénomène de pricing-to-market. Cet effet est persistant. Les firmes exportatrices allemandes, américaines et japonaises ne répercutent pas la totalité des mouvements de change sur leurs prix de vente en monnaie de l’acheteur, de telle sorte que les termes de l’échange s’améliorent à la suite d’une dévaluation de la monnaie domestique. Enfin, nous observons que le solde commercial ne s’améliore pas à la suite de la dévaluation. Le solde commercial bilatéral allemand avec le Japon et les Etats-Unis se dégrade dans les premiers mois qui suivent la dévaluation mais il n’y a pas à terme d’effet positif. Nous pouvons supposer qu’un tel phénomène résulte de l’amélioration des termes de l’échange suite au choc de change. Toutefois il est nécessaire d’analyser les réponses des soldes commerciaux à un choc des termes de l’échange pour tirer une telle conclusion, et ainsi expliquer l’évolution de la balance commerciale allemande. Pour confirmer l’idée selon laquelle un choc de change entraîne une amélioration des termes de l’échange qui provoque une dégradation de la balance commerciale, nous allons à présent observer l’impact d’un choc des termes de l’échange sur les soldes bilatéraux et les taux de change. Nous pourrons alors déterminer si l’amélioration des termes de l’échange est responsable de la dégradation du solde commercial allemand. 9 Les termes de l’échange augmentent moins que proportionnellement dans le cas du Japon mais presque proportionnellement dans le cas des Etats-Unis. Un tel résultat illustre l’adoption de comportements de pricing- to-market poussé à l’extrême. Betts et Devereux (2000) montrent que les termes de l’échange réagissent proportionnellement à un choc de change si l’ensemble des firmes domestiques et étrangères adoptent une stratégie de PTM. Ainsi, les firmes allemandes et américaines ne répercutent pas les mouvements de change sur leurs prix de vente. Le comportement des firmes japonaises sur le marché allemand étant moins marqué. 19
Figure n°3 : réponses du solde bilatéral allemand, des term es de l'échange et du taux de change à un choc des term es d e l'échange entre l'A llem agne et les E tats-U nis 1,20 réponses du taux de change 1,00 réponses des termes de l'échange réponses du solde commercial 0,80 0,60 0,40 0,20 0,00 -0,20 -0,40 1 4 7 10 13 16 19 22 25 28 31 34 37 40 43 46 49 52 55 58 nombre de pas Figure n°4 : réponses du solde bilatéral allem and avec le Jap on, des term es de l'échange et du taux de change, à un choc des term es de l'éch ange entre l'Allem agne et le Japon 1,20 Réponses des termes de l'échange Réponse du solde commercial 1,00 réponses du taux de change 0,80 0,60 0,40 0,20 0,00 -0,20 -0,40 1 4 7 10 13 16 19 22 25 28 31 34 37 40 43 46 49 52 55 58 nom bre de pas 20
Rappelons qu’une innovation des termes de l’échange est définie comme étant une innovation des prix de vente car par construction l’innovation des termes de l’échange est orthogonale à celle du change. Ainsi, un choc des termes de l’échange positif se caractérise par l’augmentation des prix des exportations et/ou par la baisse des prix des importations. Il apparaît qu’une amélioration des termes de l’échange conduit à une dégradation du solde commercial, ce qui se comprend aisément. Une augmentation des prix des exportations et/ou une baisse des prix des importations engendre une baisse des exportations et/ou un accroissement des importations, provoquant ainsi une dégradation de la balance commerciale. La variation des prix de vente est donc responsable de la dégradation de la balance commerciale bilatérale allemande avec les Etats-Unis et le Japon. Or, nous venons de montrer lors de notre estimation des fonctions de réponse des termes de l’échange à un choc de change qu’une dévaluation du mark entraîne une amélioration des termes de l’échange. Ainsi, la balance commerciale bilatérale allemande se dégrade suite à une dévaluation du fait de l’amélioration des termes de l’échange. Les prix des exportations augmentent et/ou les prix des importations diminuent parce que les firmes exportatrices adoptent un comportement de pricing-to-market. Si elles répercutaient l’ampleur des mouvements de change sur leurs prix de vente, les termes de l’échange se détérioreraient, et provoqueraient alors une amélioration de la balance commerciale. Les comportements de PTM affectent donc les mécanismes de transmission des chocs de change sur la balance commerciale. L’effet est particulièrement marqué pour les Etats- Unis, comme nous pouvions le supposer au vu des résultats des tests de causalité. Nous observons de plus que l’amélioration des termes de l’échange engendre une dépréciation du taux de change nominal du mark par rapport au yen et au dollar. L’effet est plus important pour la parité mark-dollar. Les firmes exportatrices américaines et japonaises adoptent un comportement de pricing-to-market sur le marché allemand, comme leurs partenaires allemands sur leurs propres marchés, car un choc de change induit une amélioration des termes de l’échange. Ce phénomène provoque une dégradation de la balance commerciale allemande. Comme nous l’avons supposé, la réaction des termes de l’échange et de la balance commerciale bilatérale allemande avec les Etats-Unis est très forte. Un tel résultat montre qu’une part très importante des firmes allemandes et américaines adopte une stratégie de pricing-to-market, d’une part, et 21
que les volumes des importations et des exportations allemandes en provenance et à destination des Etats-Unis sont très sensibles aux mouvements de prix, d’autre part. Il est difficile de comparer nos résultats avec ceux de la littérature car peu d’études récentes ont estimé les fonctions de réponse de la balance commerciale à un choc de change ou à un choc des termes de l’échange. Seul Backus (1998) qui étudie le comportement de la balance commerciale japonaise montre qu’une détérioration des termes de l’échange induit une amélioration de la balance commerciale japonaise trois à quatre trimestres après le choc. Toutefois cet auteur n’introduit pas dans son étude les chocs de change. Il suppose qu’une appréciation du yen induit une détérioration des termes de l’échange, mais il ne réalise aucune estimation empirique de cette relation. Nous montrons lors de notre estimation empirique qu’il existe une relation négative entre les termes de l’échange et la balance commerciale. Ainsi, il est vrai qu’une détérioration des termes de l’échange entraînerait une amélioration de la balance commerciale bilatérale allemand avec les Etats-Unis et le Japon. Mais, contrairement à ce que suppose Backus (1998), une dévaluation n’engendre pas une dégradation des termes de l’échange. Cette étude empirique nous a permis de révéler que les mécanismes de transmission des chocs de change sur la balance commerciale sont affectés par l’existence de comportements de pricing-to-market. Nous avons par ailleurs observé que la réponse des soldes commerciaux aux chocs des termes de l’échange dépend du pays étudié. Une amélioration des termes de l’échange induite par l’adoption de comportements de pricing-to-market de la part des firmes exportatrices, engendre une dégradation du solde commercial bilatéral entre l’Allemagne et ces pays. CONCLUSION Cette estimation empirique portant sur les relations bilatérales entre l’Allemagne, les Etats-Unis et le Japon, montre que les firmes exportatrices adoptent un comportement de pricing-to-market qui est à l’origine de la dégradation de la balance commerciale. Notre étude a également montré que le taux de change nominal suréagissait à une dévaluation de la monnaie domestique. 22
L’adoption de comportements de pricing-to-market affecte donc sensiblement les mécanismes de transmission des chocs monétaires sur la balance commerciale. Si de telles stratégies de répercussion sont répandues, alors les bienfaits d’une dévaluation sur la balance commerciale sont altérés. Il semble donc nécessaire de prendre en considération dans les modèles de politique monétaire l’adoption de comportements de pricing-to-market. 23
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