Concevoir la transition vers l'économie circulaire - Le bâti, un environnement dynamique - Vrije ...
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L es bâtiments sont omniprésents, si bien qu’ils semblent faire partie de notre environnement naturel. Cependant, il n’y a pas grand-chose de naturel à leur sujet. En effet, la plupart des bâtiments sont conçus délibérément, leurs matériaux sont choisis avec soin et leur climat intérieur est constamment ajusté. Comme les bâtiments ne s’adaptent pas d’eux-mêmes, c’est à nous de le faire. Ils forment ainsi un environnement dynamique dans et à travers lequel nous interagissons. Le caractère dynamique du bâti engendre des répercussions négatives sur la consommation de ressources et, par conséquent, sur l’environnement. De fait, notre pratique conventionnelle de concevoir et construire les bâtiments est aujourd’hui remise en question. Dans ce livret, nous analysons la situation actuelle, reposant sur un modèle essentiellement non durable, et proposons une alternative.
Table des matières 1. Questionner un modèle non durable p. 7 Comment est-il possible de construire des bâtiments pour résister plusieurs siècles, alors que quelques décennies suffisent à les transformer en déchets ? 2. Identifier les conséquences p. 15 Notre planète ne peut plus supporter l’impact de la construction. 3. Découvrir les alternatives p. 19 Deux approches alternatives peuvent harmoniser à nouveau notre manière de concevoir et utiliser le bâti. 4. Identifier les bénéficiaires p. 29 Pour encourager la transition vers un modèle alternatif, les pertes et les profits de chaque acteur doivent se compenser. FOCUS L’architecte dans la construction adaptable p. 37 5. Lier les besoins aux ambitions p. 55 Dans l’ensemble, les besoins et ambitions semblent étroitement liés. Peut-on y répondre en une seule transition ? 6. Ouvrir les perspectives p. 61
Avec une vue imprenable sur Bruxelles, le centre de convention contemporain Square situé au Mont des Arts dialogue avec le cœur historique de la ville. Arch. A2RC (photo : Philippe Debroe) 4
Introduction Les bâtiments sont omniprésents, si Cette publication présente un cadre pour bien qu’ils semblent faire partie de notre sensibiliser et responsabiliser le secteur environnement naturel. Cependant, il de la construction dans sa transition n’y a pas grand-chose de naturel à leur vers une économie circulaire. Ce cadre sujet. En effet, la plupart des bâtiments résulte d’une série d’observations, sont conçus délibérément, leurs d’entretiens et de séances de cocréation matériaux sont choisis avec soin et leur avec de différents acteurs de la climat intérieur est constamment ajusté. construction, notamment des architectes Comme les bâtiments ne s’adaptent et des entrepreneurs, des chercheurs pas d’eux-mêmes, c’est à nous de le et des décideurs politiques, ainsi que faire. Ils forment ainsi un environnement des utilisateurs et des gestionnaires de dynamique dans et à travers lequel nous bâtiments. Présentant les bâtiments interagissons. Le caractère dynamique comme un environnement dynamique, du bâti engendre des répercussions cette publication souligne les défis et les négatives sur la consommation de opportunités d’un environnement bâti ressources et, par conséquent, sur circulaire à Bruxelles et au-delà. l’environnement. De fait, notre pratique conventionnelle de concevoir et construire les bâtiments est aujourd’hui remise en question. Dans ce livret, nous analysons la situation actuelle, reposant sur un modèle essentiellement non durable, et proposons une alternative. 5
La brasserie Atlas illustre le riche passé industriel d’Anderlecht et attend aujourd’hui sa transformation en habitations et ateliers. (photo : Waldo Galle) 6
1. Questionner un modèle non durable Comment est-il possible de construire des bâtiments pour résister plusieurs siècles, alors que quelques décennies suffisent à les transformer en déchets ? Dans les grandes villes, nous retrouvons responsable. Pourtant, de nombreux nos familles et amis, dans nos magasins défis nous attendent et notre idéal préférés, nous achetons ce dont nous de durabilité pourrait même avoir des avons besoin et dans nos maisons, conséquences non durables. nous nous sentons chez nous. Ces lieux nous sont précieux et les bâtiments qui les accueillent sont aimés. Néanmoins, 1.1. L’idéal de solidité alors que certains bâtiments restent La longévité d’un bâtiment et donc longtemps appréciés, nous constatons sa qualité de résistance à l’usure, que d’autres tombent bien rapidement dépend des matériaux utilisés, de en désuétude. En toute logique, il l’environnement dans lequel il est situé semble impératif de construire un et de son contexte socio-économique. bâtiment pour qu’il dure. Ensemble, ils déterminent la durée de vie du bâtiment. Chacun d’entre nous peut contribuer à un environnement bâti durable. Même si Selon les normes de conception la dynamique des villes est complexe et structurelles telles que les Eurocodes, dépasse souvent la responsabilité des la durée de vie attendue d’un concepteurs, des entrepreneurs et des bâtiment doit être déterminée avec utilisateurs, nous pouvons néanmoins le client. Une durée de vie de 50 ans soutenir la construction de bâtiments est cependant proposée pour les plus durables et leur utilisation plus constructions classiques et de 100 ans 7
pour les constructions monumentales. sont les assemblages les plus adaptés, La norme britannique définit la durée en tenant aussi compte de l’impact de de vie « normale » d’un bâtiment l’environnement sur les matériaux et comme étant de 60 ans. En fixant ces des matériaux sur leur environnement. chiffres, ces normes permettent de Leurs résultats sont enseignés aux déterminer la fiabilité des structures concepteurs et aux entrepreneurs en en cas de défaillance et de fatigue. tant que bonnes pratiques. Aujourd’hui, Toutefois, elles ne tiennent pas compte nous savons comment construire de des responsabilités juridiques et façon pérenne, et l’histoire nous prouve contractuelles qui pourraient s’appliquer, que les bâtiments peuvent durer des ni de la période réelle pendant laquelle décennies, voire des siècles. un bâtiment garde effectivement une pertinence et un rôle social, fonctionnel et économique. 1.2. Les plus anciens bâtiments de Bruxelles Les différents matériaux de construction, Une recherche approfondie du parc l’environnement dans lequel ils sont immobilier bruxellois révèle que les utilisés et le contexte économique murs porteurs en maçonnerie et entraînent des taux de détérioration les planchers en bois des maisons différents. Par exemple, l’acier et le mitoyennes ont obtenu d’excellents béton armé auront tendance à se résultats en termes de longévité. Ces détériorer plus rapidement que la éléments ont duré bien au-delà d’une maçonnerie dans les environnements durée de vie prévue de 50, 60 ou extérieurs. De plus, Priyan Dias 1 explique 100 ans. comment un changement mondial dans la fabrication du ciment a globalement À Bruxelles, 65 pour cent des 158 965 réduit la résistance du béton vers 1975, bâtiments et 489 187 logements étudiés et comment une pénurie mondiale de dans le projet de recherche Brussels bois a entraîné l’utilisation de bois moins Retrofit XL, datent d’avant 1945. Pour solide. Nous comprenons maintenant cette période, le nombre de maisons que ces changements sectoriels ont bourgeoises surpasse tous les autres eu un impact sur la durée de vie utile types. Leur système de construction de nombreux bâtiments. De même, est principalement régi par la protection nous pourrions identifier, par exemple, contre les incendies 2. Les planchers de l’utilisation accrue de revêtements et bois sont portés de façade à façade de produits d’étanchéité en plastique sur des murs de briques de 28 à comme un risque futur pour la transition 48 cm d’épaisseur, conformément à vers une utilisation plus durable des la réglementation de la construction matériaux. de l’époque. Les murs mitoyens non porteurs sont également en briques. Différents instituts de recherche Ces éléments, appliqués dans un étudient encore quels sont les choix de environnement protégé, devraient durer matériaux les plus judicieux, et quels un siècle ou plus. 8
Les bâtiments qui ont reçu un statut la biodiversité, l’écologie, l’économie et spécial au fil du temps, en raison de le bien-être des générations actuelles et leur importance historique ou culturelle, futures sont dangereusement menacés 3. survivent encore plus longtemps. Par exemple, l’iconique édifice art nouveau Bien que l’amélioration continue des Old England, qui abrite le Musée des pratiques de construction augmente instruments de musique depuis 2000, a la longévité des bâtiments, de ouvert ses portes en 1899 en tant que nombreux éléments de construction grand magasin. La structure métallique n’atteignent pas leur durée de vie des Halles de Schaerbeek, érigées en technique prévue. Habituellement, 1901, accueille aujourd’hui toutes sortes les logements commencent à être de manifestations culturelles. Ou encore, adaptés dans les trois ans suivant l’entrepôt royal de Tour & Taxis, qui leur achèvement et certains sont date de 1906, est devenu un nouveau entièrement rénovés au bout de 25 centre de production. Les vestiges en ans 4. La plupart des changements sont pierre de la première muraille de la ville induits par des évolutions fonctionnelles, sont encore plus anciens, comme la Tour technologiques, économiques ou noire située derrière l’église Sainte- culturelles (p. 11) telles que l’évolution Catherine et la Tour Anneessens située des normes de confort ou de nouvelles le long du boulevard de l’Empereur, formes de logement comme l’habitat toutes deux datant du XIIIe siècle. collectif 5. En outre, on s’attend à ce que cette évolution ne fasse que s’accélérer. Bien que nous sachions construire Ce dynamisme croissant pourrait donc de manière robuste et pérenne, des encore raccourcir la durée de vie bâtiments étonnamment jeunes sont fonctionnelle des bâtiments et de leurs menacés de démolition à Bruxelles. éléments 6. Le complexe bancaire de l’avenue du Port, le bâtiment Paul-Henri Spaak Dias a identifié deux conséquences abritant le Parlement européen ou le de la confrontation entre pérennité et bâtiment Baudouin du Gouvernement changement 1. L’une des conséquences flamand sont aujourd’hui menacé de de la propension de la société au démolition après seulement 18, 23 et 25 changement est que les investisseurs et ans respectivement de vie utile. Outre les promoteurs immobiliers pourraient la solidité, d’autres paramètres jouent être peu disposés à investir dans des certainement un rôle décisif. bâtiments plus coûteux, mais pérennes. Simultanément, les propriétaires essaient parfois d’utiliser un bâtiment plus 1.3. La réalité du changement longtemps et au-delà de sa durée de Avec un vieillissement de la population, vie prévue, parce que la démolition et une urbanisation et une production de la reconstruction les obligeraient à se déchet en constante augmentation, une conformer à de nouveaux règlements mobilité sans limite, un réchauffement urbanistiques (plus stricts). Il en résulte climatique sans précédent et la perte de un parc de bâtiments de moins en moins 9
pérenne ou obsolète et qui donc ne la majorité concernait la démolition et correspond plus aux souhaits et aux la reconstruction de maisons, et une besoins de ses utilisateurs. Alors que proportion significative de 15 à 30 pour l’intention première était de maximiser la cent concernait la réaffectation d’hôtels, solidité et la valeur sociale, fonctionnelle de bureaux, d’espaces commerciaux et et économique de nos bâtiments, d’ateliers. nous nous retrouvons avec un modèle non désiré et non durable pour notre Un premier exemple est la environnement bâti. transformation de l’hôpital Deux Alice à Uccle en logements. Lors de cette Étant donné que la société, et donc les reconversion, la structure du bâtiment exigences et normes des utilisateurs érigé en 1971 a été maintenue. Certaines sont en constante évolution, nos annexes ont été démantelées et des bâtiments atteignent la fin de leur durée puits supplémentaires percés, a déclaré de vie utile malgré qu’ils ne soient pas Philippe Weidner, coordinateur du encore techniquement obsolètes. Cet projet 7. La possibilité de préserver la environnement dynamique exige que structure durable de l’hôpital suggère les bâtiments changent, qu’ils soient la qualité de certains bâtiments à être utilisés différemment ou qu’ils s’adaptent transformés efficacement pour répondre aux nouveaux besoins et exigences aux besoins sociétaux évolutifs de temporaires d’un quartier et de ses la ville. habitants. Par ailleurs, Bruxelles est devenue une plaque tournante d’espaces 1.4. Bruxelles, un multifonctionnels pour les entrepreneurs. environnement dynamique Une multitude d’espaces de coworking Le rapport de recherche Métabolisme se développent dans les cafés du urbain de la Région Bruxelles-Capitale, centre-ville ainsi que dans les luxueuses indique que suite aux changements demeures du quartier européen. Ces techniques et organisationnels des transformations fonctionnelles illustrent dernières années, l’obsolescence comment les changements dans des immeubles de bureaux s’est notre façon de travailler entraînent considérablement accrue. Selon les de nouvelles demandes pour le parc calculs, leur durée de vie utile n’est immobilier existant. La diversité des actuellement pas supérieure à 15 ans. types de bâtiments dans lesquels se développent ces initiatives de travail Ces statistiques, ainsi que certaines en collaboration, indique la qualité modifications de bâtiments de certains bâtiments à abriter plus emblématiques à Bruxelles, illustrent d’une fonction, même en l’absence de les conséquences de l’évolution des modifications importantes. besoins de la société. Sur l’ensemble des permis de rénovation résidentielle délivrés en Région de Bruxelles-Capitale, 10
À PROPOS Les moteurs du changement Les moteurs du changement peuvent Moteurs économiques, par rapport au être classés selon quatre dimensions coût du bâtiment existant, par rapport à proposées par Donald Iselin et Andrew la dépense d’un autre bâtiment. Lemer 5. Cette catégorisation est - Les dépenses opérationnelles, telles présentée ici pour son exhaustivité - que les frais de gestion et d’entretien. et sa relation avec la performance du bâtiment. Pour chacune des quatre - La valeur immobilière, liée à dimensions, les moteurs du changement - l’emplacement et aux éventuels sont listés des plus liés au bâtiment, aux - développements urbains. les plus liés au contexte. - Le développement des marchés - immobiliers, y compris les possibilités - de vente et de location de l’immeuble. Moteurs fonctionnels, en fonction de l’usage du bâtiment, de ses éléments ou de ses commodités. Moteurs sociaux, juridiques, politiques - L’usure naturelle, l’entretien et et culturels, liés à l’influence générale - l’éventuelle (sur)exploitation du des valeurs sociales, des programmes - bâtiment. politiques ou des modes de vie. - Les besoins des utilisateurs et des - Les nouveaux modes de vie et - propriétaires, tels que la capacité - d’habitat, comme la coparentalité, la - spatiale et l’organisation. - cohabitation, etc. - Les changements culturels, par - exemple la valorisation du patrimoine Moteurs technologiques, liés à - ou la diminution de l’impact l’efficacité de la technologie installée par - environnemental. rapport à celle d’autres technologies. - La politique et la législation, - La qualité, la sécurité et l’impact - reflétées dans la réglementation de la - environnemental et sanitaire des - construction et de l’aménagement du - composants du bâtiment. - territoire. - Les innovations technologiques, - comme l’émergence de la gestion - « intelligente » de l’énergie. - Les habitudes en matière d’efficacité - énergétique, d’accessibilité ou de - confort intérieur. 11
À PROPOS Obsolescence et durée de vie utile Le temps, souvent considéré comme distinction nous aide à comprendre la quatrième dimension, implique des comment nous pouvons gérer les changements dans les exigences et bâtiments et leurs composants de façon les normes des utilisateurs. En raison plus responsable. de ces changements, nos bâtiments pérennes deviennent obsolètes. La durée de vie technique (ou la durée André Thomsen et Kees van der Flier de vie physique) peut être définie expliquent : « L’obsolescence constitue comme la période pendant laquelle un une menace sérieuse pour les biens système, un composant ou un matériau bâtis car elle tient rarement compte des peut remplir sa fonction prévue dans caractéristiques immobiles, durables et à des conditions prévues. forte intensité de capital des biens, ni de leur importance sociétale et culturelle » 8. Il s’agit du temps qu’il faut pour qu’un bâtiment ou un composant s’use ou L’obsolescence du parc immobilier est tombe en panne, ou de la période en partie un phénomène physique. après laquelle une installation ne peut Des facteurs techniques tels que la plus remplir sa fonction parce que détérioration et l’usure quotidienne sa détérioration physique l’a rendue jouent un rôle important dans le inutilisable. Certains prétendent vieillissement d’un bâtiment et de ses que la durée de vie technique des composants. Mais l’obsolescence des produits s’allonge en raison de bâtiments est aussi le résultat des l’accroissement des connaissances et activités humaines, car des facteurs de l’amélioration des technologies, mais fonctionnels et économiques entrent cette idée est contestée par ceux qui également en ligne de compte. Pensez étudient le concept d’« obsolescence à l’évolution des attentes en matière de programmée ». confort ou de rentabilité, ou à l’évolution des objectifs commerciaux, des agendas La durée de vie fonctionnelle (ou la politiques et des modes de vie. Tout durée de vie sociale) peut être définie cela peut entraîner la désuétude d’un comme la période pendant laquelle un bâtiment. Par conséquent, on doit système, un composant ou un matériau distinguer le potentiel et la performance répond aux attentes de ses utilisateurs. réelle d’un bâtiment, ainsi que sa durée de vie technique, fonctionnelle Elle correspond au temps nécessaire et économique correspondante. Cette pour qu’un bâtiment ne réponde 12
plus aux exigences qui évoluent en L’obsolescence et les reconversions fonction des objectifs sociaux ou des ou démolitions majeures résultent programmes politiques, par exemple souvent d’un déséquilibre entre ces fixés par une nouvelle législation périodes techniques, fonctionnelles et sur l’accessibilité aux personnes à économiques. Cependant, Thomsen et mobilité réduite, ou qui se reflètent van der Flier nuancent : « Il est clair que dans l’évolution des modes de vie, des ceci ne s’applique pas aux monuments habitudes de travail, de la composition et autres structures à valeur patrimoniale des ménages, etc. Il est dit que la durée ou intrinsèque qui ne peuvent être de vie fonctionnelle des bâtiments est démolis, ni aux structures vides, hors de plus en plus courte en raison du d’usage, sur des terrains sans valeur et caractère dynamique croissant de la que personne ne démolira, ni même aux société. biens vétustes et usés qui continuent à satisfaire leurs propriétaires et usagers La durée de vie économique (ou la et qui ne nuisent à leur environnement ». durée de vie financière) peut être Ces définitions dépendent donc définie comme la période pendant fortement de leur contexte et de leur laquelle un système, un composant interprétation dans le temps et dans ou un matériau peut être utilisé de l’espace. manière économiquement viable et concurrentielle. Il s’agit du temps qu’il faut avant qu’un autre bâtiment ou système soit moins coûteux ou plus rentable à exploiter et à entretenir ; par exemple, la période après laquelle un bâtiment ne peut plus concurrencer efficacement son voisin pour les locataires et les revenus locatifs. Dans certains cas, la durée de vie économique est donc comprise comme un équilibre entre les coûts et les recettes, et sa fin est considérée comme un déclencheur d’investissements dans la rénovation ou le remplacement. 13
Pour répondre à l’évolution des besoins, la démolition est parfois l’unique option. Ainsi fut le cas pour ce bâtiment de l’avenue des Arts, générant une grande quantité de déchets. (photo : Waldo Galle) 14
2. Identifier les conséquences Notre planète ne peut plus supporter l’impact de la construction. Contrairement au caractère dynamique les démolitions-reconstructions de de notre société, les bâtiments bâtiments engendrent une grande conventionnels sont de nature statique. quantité de déchets, de nouveaux Leur structure portante rigide, leurs matériaux sont exploités et de l’énergie ouvertures de façade sur mesure et est consommée. Le secteur de la leurs installations techniques dissimulées construction représente donc une part nécessitent des rénovations invasives importante des quelques 2,6 planètes pour être maintenues en état. Lorsqu’ils terres qui seraient nécessaires pour ne répondent plus aux besoins des répondre à nos exigences envers la utilisateurs, les bâtiments restent nature si tout habitant de la planète avait vacants ou sont démolis. De telles la même empreinte écologique qu’un démolitions ou inoccupations font que Européen occidental moyen 9. l’énergie, le budget et les matériaux qui furent autrefois investis dans ces bâtiments sont inexploités ou tout 2.1. Production de déchets simplement perdus. Le caractère Le premier effet préjudiciable de nos statique des bâtiments conventionnels et activités minières et de la construction les flux de matières qu’entraînent leurs est la quantité de déchets qu’elles rénovations deviennent encore plus engendrent. L’estimation totale problématiques lorsqu’ils sont associés des déchets de construction et de à des conséquences spécifiques. démolition produits dans la Région de Les rénovations fonctionnelles ou Bruxelles-Capitale (y compris les briques, 15
le plâtre, le verre plat et l’asphalte) 2.2. Consommation s’élève à 650 000 tonnes, soit un de ressources tiers de la masse totale des déchets La deuxième conséquence du caractère non ménagers 10. En Europe, même statique de nos constructions est son 60 pour cent des 2 652 milliards besoin important en ressources. Un de tonnes de déchets sont liées à rapport du World Resources Institute l’environnement bâti 11, aussi bien les (WRI) soulignait déjà en 1992 que nouvelles constructions, que l’entretien l’épuisement continu des ressources et la rénovation des bâtiments. Bien minérales et fossiles de la planète finira que les statistiques officielles indiquent par limiter leur disponibilité 13. En Europe, que plus de la moitié des déchets de environ 36 kg de matières premières construction et démolition sont recyclés, telles que le sable, l’argile et le minerai les observations montrent que la sont extraits par personne et par jour 14. qualité et la valeur de ces matériaux ne En moyenne, au moins 45 pour cent de sont pas préservées. Par exemple, les cette consommation est attribuée aux vieilles plaques de plâtre qui pourraient activités du secteur de la construction être réutilisées lors de la production et de l’environnement bâti 15. De plus, de nouvelles plaques sont rarement l’extraction et la transformation des récupérées. Comme les panneaux matières premières consomment qui ont été utilisés dans les bâtiments beaucoup d’énergie, d’eau et ont impact conventionnels sont contaminés par des important sur l’occupation des sols. Les couches de finition inamovibles, charges sociales et environnementales ils se retrouvent dans des débris qui en résultent, telles que la destruction mixtes 12. Le recyclage des plaques des terres fertiles, la pollution toxique de plâtre et autres matériaux de et, dans certains cas, les violations des construction devient inefficace, voire droits de l’homme, sont indéniables et irréalisable. La manière dont les ne peuvent être ignorées. En résumé, les matériaux sont utilisés aujourd’hui effets irréversibles de la consommation impacte donc l’ensemble de leur vie matérielle actuelle exercent une pression utile. énorme sur les générations futures. Exportation Importation Mode de transport Route Rail Bateau Route Rail Bateau Masse de tous les biens 15 202 302 298 19 863 914 4 161 Masse des minéraux et 4 538 0 13 7 366 14 1 691 matériaux de construction Part des minéraux et 30 % 0% 4% 37 % 2% 41 % matériaux de construction Part totale 30 % 46 % Transport de marchandises à l’arrivée (importation) et en provenance (exportation) de la Région de Bruxelles-Capitale en kilotonnes 16. 16
Cela vaut également pour la Région de consommation qui sont à l’origine Bruxelles-Capitale. Selon le rapport de des pressions environnementales 2015 sur le métabolisme de la région, et climatiques » 9. « Ces transitions ses flux de matières sont inférieurs à entraîneront de profonds changements la moyenne européenne mais restent aux niveaux institutionnel, technologique, importants : 46 pour cent des matériaux politique, des modes de vie et de importés et 30 pour cent des déchets pensée », poursuit son rapport 9. exportés sont des minéraux et autres matériaux de construction. Au cours des dernières décennies, une politique de sensibilisation aux déchets a donc vu le jour 20. Les 2.3. Consommation d’énergie coûts d’enfouissement dans l’Union En troisième lieu, l’énergie intrinsèque européenne ont par exemple, des bâtiments (également appelée augmenté en raison de la hausse énergie grise), c’est-à-dire l’énergie des taxes et des droits d’entrée. nécessaire à la fabrication des éléments D’autres indications, telles que le tri et de construction et à la construction le recyclage obligatoires des petites du bâtiment, prend une importance fractions de déchets, ont également relative à mesure que la performance eu un effet positif en forçant la énergétique opérationnelle des pratique de la construction vers de bâtiments est optimisée. L’énergie nouveaux procédés de démolition et nécessaire à la construction d’un en sensibilisant les investisseurs aux logement à consommation énergétique charges environnementales, sociales quasi nulle représente entre 40 et et financières à long terme de la 60 pour cent de sa consommation construction 21-22. Par conséquent, énergétique sur une période de les architectes et les ingénieurs sont 60 ans 17-18. En outre, bien que les maintenant mis au défi d’élaborer et ressources soient utilisées de plus en d’appliquer des stratégies de conception plus efficacement, leur épuisement qui anticipent le caractère dynamique de se poursuivra tant que la relation notre société 23. Après tout, lorsque l’on entre l’utilisation des ressources et la considère toutes les conséquences de la croissance économique sera maintenue construction conventionnelle, une chose et qu’une attitude linéaire de take, make, est certaine : toutes les ressources and dispose (soit « prendre, utiliser, doivent être utilisées de manière plus jeter ») continuera à caractériser notre responsable. économie 19. Pour contrer ce phénomène, il faudrait transformer radicalement des secteurs clés comme le logement. Ainsi pour l’Agence Européenne pour l’Environnement, « vivre bien dans les limites écologiques nécessitera des transitions fondamentales dans les systèmes de production et de 17
Avec son installation Muted Scenery, Petra Blaisse redéfinit l’utilité et l’expérience de l’ancien garage Citroën de Bruxelles. (photo : Waldo Galle) 18
3. Découvrir les alternatives Deux approches alternatives peuvent harmoniser à nouveau notre manière de concevoir et utiliser le bâti. Traditionnellement, nous concevons exigences est la véritable raison de la nos bâtiments comme une solution dévaluation des bâtiments et de leurs permanente à des problèmes composants, une première stratégie temporaires. Mais comme les exigences pour utiliser nos ressources de manière et les normes des utilisateurs évoluent plus responsable est de prolonger de plus en plus rapidement, de leur durée de vie économique et nombreux bâtiments atteignent la fin fonctionnelle jusqu’à ce qu’ils atteignent de leur durée de vie fonctionnelle et leur durée de vie technique. De cette économique alors qu’ils sont encore façon, l’utilité et la valeur du produit sont tout à fait utilisables d’un point de maximisées dans le temps. vue technique. Deux approches alternatives de notre environnement L’une des principales approches pour bâti sont présentées dans ce chapitre, la prolongation de la durée de vie dans le cadre du Design for Change : utile des bâtiments est de concevoir prolonger la durée de vie utile et fermer pour la longévité tel que défini par les boucles de matériaux, toutes deux Paola Sassi : « Pour assurer une fortement en résonance avec le concept longue durée de vie à un bâtiment, d’« économie circulaire ». il est […] essentiel de concevoir dans le respect de l’environnement, mais aussi de réaliser un bâtiment qui peut 3.1. Prolonger la durée de vie s’adapter aux changements d’utilisation Sachant que dans de nombreuses et dont le tissu est durable, facile à situations, l’évolution des besoins et des entretenir et à moderniser ». Cette 19
stratégie d’anticipation de l’utilisation à la transformation des bâtiments, à future correspond aux notions de l’évolution des demandes des utilisateurs « prévention » et de « réduction » de et du contexte. Cette adaptation peut l’Échelle de Lansink (p. 26-27). être quasi instantanée, en utilisant par exemple des composants mobiles, Les deux principes de conception ou peut nécessiter une rénovation associés sont la polyvalence et plus importante. Par conséquent, la l’adaptabilité. Ces deux principes conception pour l’adaptabilité est une contribuent à une construction stratégie de conception élaborée pour « circulaire » car ils facilitent la anticiper les réhabilitations futures d’un réutilisation de l’environnement bâti bâtiment et faciliter les reconfigurations. existant. Lorsqu’un bâtiment est polyvalent, il peut être réutilisé encore et encore sans modifications. Les 3.2. Fermer les circuits anciens entrepôts ou ateliers bruxellois de matériaux l’illustrent remarquablement bien. De Pour maintenir la valeur de tous les plus, lorsqu’un bâtiment est adaptable, composants d’un bâtiment dans le sa durée de vie fonctionnelle et temps, il ne suffit pas de prolonger la économique peut être prolongée par durée de vie d’un bâtiment entier. Les des rénovations efficaces pour accueillir composants doivent également être de nouvelles fonctions. Par conséquent, utilisés en circuits fermés. Si, au terme lorsque la durée de vie utile du bâtiment de la vie utile technique, fonctionnelle est prolongée, l’utilité des ressources ou économique d’un bâtiment, ses investies augmente, ce qui réduit composants sont récupérés, ils peuvent la consommation de ressources, la être réutilisés pour un usage identique production de déchets et donc l’impact ou différent. Cette reprise exige des environnemental global. choix de conception alternatifs et de nouveaux modèles économiques sont Un bâtiment ou tout autre système peut parfois nécessaires. Ces deux points être considéré comme polyvalent s’il font partie du concept émergent répond aux exigences et aux besoins de « bâtiments comme banques de de plusieurs utilisateurs et aux activités matériaux ». se succédant, qu’ils soient connus ou inconnus lors de la conception. Un Ce concept, étudié par le BAMB, un bâtiment polyvalent a le potentiel de projet H2020 du même nom 24, part s’adapter à l’évolution des besoins de l’idée que les bâtiments sont des dans sa forme actuelle. Une disposition stocks de matériaux de haute qualité ouverte avec des espaces bien et de grande valeur. Ils peuvent être connectés et généreux augmente cette facilement démontés et récupérés polyvalence. s’ils sont conçus pour leur démontage futur. « En récoltant les matériaux et L’adaptabilité des bâtiments est leur les pièces pendant la déconstruction capacité à s’adapter efficacement, grâce et la rénovation des bâtiments, ces 20
Dans le Circular Retrofit Lab situé sur le campus universitaire de la VUB à Ixelles, les composants neufs et de réemploi sont utilisés de manière réversible. Arch. KADERSTUDIO (photo : VUB Architectural Engineering) 21
matériaux peuvent être réutilisés dans produits est étendue. Ainsi, les modèles la construction, l’exploitation ou la économiques circulaires suivent les rénovation d’autres bâtiments, ce qui principes et les avantages de l’économie réduit le besoin en matières premières », de partage. Le projet BAMB rapporte : indique le projet BAMB 24. « De plus, « La dévalorisation (downcycling en le terme bâtiments comme banques anglais) et le recyclage des matières de matériaux désigne également un premières commencent à dater. Des investissement matérialisé. Cela ouvre combinaisons produit-service sont la porte à un large éventail de modèles utilisées pour les produits à durée économiques circulaires » 24. de vie plus courte et des possibilités d’accords de rachat par les fabricants de La conception en vue du démontage composants structurels sont à l’étude ». est une stratégie de conception visant à créer des éléments de construction La conception en vue du démontage qui peuvent être désassemblés et dont et les modèles économiques circulaires les composants peuvent être facilement favorisent l’utilisation de matériaux en séparés sans dégâts. circuits fermés car ils permettent de valoriser les composants avant que La conception en vue du démontage, ceux-ci n’atteignent la fin de leur durée aussi appelée « conception réversible de vie technique, par le biais de la des bâtiments », permet la réparation, maintenance et de la refabrication, la l’entretien, le remplacement et la revente et la réutilisation. Ces principes réutilisation des matériaux, produits visant à surmonter l’écart entre notre et composants de construction. Elle parc de bâtiments conventionnellement repose donc sur des qualités telles statique et les exigences en constante que la réversibilité, l’indépendance évolution sont fortement liés aux idées et la simplicité des connexions et des de « réutilisation » et de « recyclage » composants. La conception en vue du de L’Échelle de Lansink (p. 26-27). démontage a été développée et testée par de multiples acteurs ces dernières années à titre expérimental, mais est 3.3. Design for Change encore loin d’être généralisée. Design for Change est une pratique de conception et de construction qui Les modèles économiques circulaires reconnaît les exigences et les aspirations sont des systèmes économiques dans en constante évolution des utilisateurs lesquels la valeur est créée et conservée individuels et de la société. Elle part de par la réutilisation des produits, tandis l’idée que l’anticipation des modifications que la performance plutôt que la futures dès la conception d’un bâtiment propriété est offerte aux utilisateurs. permet de répondre à l’évolution des besoins et des exigences des utilisateurs Selon ce concept, l’utilisateur final est de par une construction peu impactante et moins en moins souvent le propriétaire, responsable. En conséquence, le Design et la responsabilité des fabricants de for Change vise à jouer un rôle clé dans 22
la réduction de l’impact environnemental du secteur de la construction et dans la réalisation d’une véritable économie de la construction qui soit à la fois durable et circulaire 23. Aujourd’hui plus que jamais, la circularité est à l’ordre du jour. Cette stratégie de gestion matérielle s’inscrit dans les politiques européenne, flamande, wallonne et bruxelloise et est de plus en plus prise en compte dans les missions architecturales des autorités régionales et locales. Avec le lancement du Programme Régional en Économie Circulaire (PREC), Bruxelles fait désormais partie du groupe des régions leaders visant à stimuler une économie en circuits fermés des matériaux de construction et d’autres secteurs. Une économie circulaire est décrite comme un système de développement toujours positif, qui de par sa conception récupère et régénère naturellement, et dans lequel les composants et les matériaux sont utilisés de la manière la plus utile et la plus valorisable possible. La Fondation Ellen MacArthur explique : « Selon ses principes fondateurs, une économie circulaire est un cycle de développement qui préserve et valorise le capital naturel, optimise le rendement des ressources et minimise les risques systémiques en gérant les stocks limités et les flux renouvelables ». Tout en recherchant une valeur à court et à long terme pour tous les acteurs concernés en dissociant la croissance économique de la consommation des ressources, une économie circulaire remet en question nos valeurs et nos procédures conventionnelles. 23
À PROPOS Circularité et climat Comme mentionné précédemment, émissions de gaz à effet de serre et le la consommation de matériaux et la potentiel d’atténuation lié à la gestion production de déchets dans le secteur des matériaux », tous les processus liés de la construction ont des conséquences aux matériaux, y compris la production indéniables, tant au niveau local que de biens et de carburants, le transport mondial, aujourd’hui et à l’avenir. de marchandise, l’alimentaire, et le Pensez notamment à la destruction traitement des déchets, représentent des terres fertiles ou à la pollution. environ 55 pour cent des émissions L’un des impacts qui retient le plus totales de gaz à effet de serre. De ce l’attention aujourd’hui est le changement constat, nous pouvons conclure que climatique. Là aussi, la construction y l’économie circulaire peut être une contribue de manière non négligeable. stratégie efficace pour réduire notre La consommation de combustibles impact climatique. Concrètement, fossiles pour le chauffage de nos les auteurs identifient les économies bâtiments n’est pas la seule responsable directes et indirectes suivantes : des émissions de gaz à effet de serre, la production de matériaux de construction Premièrement, une durée de vie plus et l’incinération des déchets de longue ou l’utilisation partagée des démolition y jouent également un rôle produits permet de réduire le nombre important. de produits nécessaires pour répondre à la même demande. Cela signifie que Avec leur document d’orientation, An des économies de CO2 peuvent être Van Pelt, John Wante et Luk Umans réalisées dans les phases de production, montrent que la transition vers une de transport et de traitement des économie circulaire est transversale et a déchets. le potentiel de réduire la consommation d’énergie elle-même, soutenant les Deuxièmement, lors du choix des objectifs climatiques 25. En outre, ils matières premières pour les produits, considèrent la circularité comme diverses stratégies circulaires sont une stratégie d’adaptation au climat. envisageables pour diminuer notre « Une économie qui utilise moins de impact climatique. Par exemple, matériaux, moins d’eau, de terre, les produits fabriqués à partir de d’énergie et d’aliments est plus robuste matériaux recyclés peuvent générer et peut mieux s’adapter aux effets du des économies de CO2 puisqu’ils évitent changement climatique », déclarent l’extraction et le transport des matières les auteurs 25. Pour les pays européens premières. sondés dans l’étude de l’OCDE, « Les 24
Troisièmement, utiliser des matières parcimonie et essayer de les maintenir premières rapidement renouvelables sur le circuit le plus longtemps possible plutôt que de ressources fossiles est une stratégie évidente pour atténuer dans les processus industriels, les effets du changement climatique », comme la production de biens, peut concluent Van Pelt, Wante et Umans. réduire l’empreinte carbone de ces « Grâce à une économie circulaire, nous processus et de ces biens. De plus, les réalisons un double bénéfice : nous produits biosourcés peuvent stocker limitons la pression sur les ressources temporairement du CO2. (rares) de la terre et nous réduisons en même temps les émissions de gaz à « Se concentrer sur l’économie circulaire effet de serre ». et donc utiliser les matériaux avec prévention recyclage élimination réemploi consommation Pour maintenir la valeur des composants d’un bâtiment dans le temps, utilisez-les en circuits fermés. 25
À PROPOS L’Échelle de Lansink L’Échelle de Lansink est une stratégie usage différent que celui pour lequel reprise dans la directive cadre afin il avait été fabriqué. Tout comme une de répondre aux problèmes des bouteille de bière à nouveau remplie, ou déchets. Aussi appelée hiérarchie des des vêtements et des jouets réutilisés déchets, l’Échelle de Lansink distingue par quelqu’un d’autre, un bâtiment cinq formes de gestion des déchets : existant peut être rénové et des produits prévention, préparation en vue du de construction d’occasion peuvent être réemploi, recyclage, autre valorisation et utilisés. élimination. L’échelle a été déposée en tant que directive politique néerlandaise Le recyclage des matériaux consiste à en 1979 et a laissé une empreinte récupérer les matières « brutes » des permanente dans le secteur néerlandais anciens produits et à les utiliser dans la et européen de la gestion des déchets fabrication de « nouveaux » produits. et des matériaux. Comme le verre dans le conteneur à bouteilles qui est utilisé dans la L’Échelle de Lansink ne se contente pas fabrication de nouvelles bouteilles, ou de distinguer cinq formes de gestion les matériaux d’isolation et les panneaux des déchets, elle les priorise également. de construction qui sont également L’article 4 de la directive de 2008 du constitués de flux de déchets tels que Parlement européen et du Conseil les vêtements ou des chutes de bois. relative aux déchets stipule que cette « hiérarchie des déchets s’applique en Autre valorisation inclut toute opération priorité dans la législation et la politique d’utilisation des déchets en place et de prévention et de gestion des lieu d’autres matériaux nécessaires déchets ». à une autre fonction. Elle comprend la valorisation ou la régénération La prévention des déchets consiste de substances chimiques, comme à éviter l’apparition de déchets. le compostage ou la valorisation L’équivalent de « apporter son propre énergétique. sac de courses au supermarché » serait « d’utiliser un bâtiment existant plutôt L’élimination dans les décharges est que d’en construire un nouveau » et de l’option la moins souhaitable et n’est se demander « avons-nous besoin d’un même plus autorisée dans certains bâtiment tout court » ? pays européens. Toutefois, les déchets industriels, tels que les sols (contaminés), Le réemploi d’un produit signifie qu’il les résidus des usines d’incinération est réutilisé, pour le même usage ou un de déchets, et les débris contenant de 26
l’amiante, sont encore mis en décharge Bruxelles de 2012. Cela signifie que de manière contrôlée. toutes les autorités publiques et les acteurs privés en Europe et à Bruxelles Plusieurs études scientifiques évaluant doivent être guidés par cette échelle l’impact environnemental sur le cycle lors de la production et du traitement de vie ont confirmé cette hiérarchie des déchets. Les premières mesures d’action, mais elles mettent souvent de la politique bruxelloise en matière en garde contre des conséquences de déchets visaient la collecte et imprévues et involontaires, tels que des l’élimination des déchets par incinération distances de transport accrues, des ou mise en décharge. Il s’en est suivi une conditions de transformation nocives ou évolution vers la valorisation énergétique une contamination des produits 26. ou matérielle. Aujourd’hui, le défi consiste à grimper plus haut sur l’Échelle Depuis 2008, l’Échelle de Lansink est de Lansink en se concentrant davantage incluse dans la directive européenne sur la prévention par la conception, relative aux déchets (directive-cadre le réemploi par la refabrication et la sur les déchets) en tant que principe valorisation par le compostage et les directeur. Elle a ensuite été transposée synergies industrielles, par exemple. dans l’ordonnance sur les déchets de 01 prévention 02 réemploi 03 recyclage 04 autre valorisation 05 élimination L’Échelle de Lansink, implémentée en 1979 dans une directive politique néerlandaise, distingue cinq formes de gestion des matériaux. 27
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