GUIDE DES ESPÈCES VÉGÉTALES EXOTIQUES ENVAHISSANTES (EEE) DE MARTINIQUE
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GUIDE RÉALISÉ PAR LA DEAL MARTINIQUE Rédaction: Clarisse Courty et Manon Lasalle. Création graphique et mise en page: Mélanie Nancey/Le Studio Mouette Ce travail n'aurait pas pu aboutir sans l'aide de César Delnatte (ONF Martinique) et Guillaume Viscardi (Conservatoire botanique national de Martinique), un grand merci à eux. Un grand merci également aux membres du Comité français de l'UICN pour la relecture attentive : Madeleine Freudenreich, Emmanuelle Sarat, Clara Singh et Yohann Soubeyran ainsi qu'à l'ensemble des membres de l'Initiative sur les EEE en Outre-mer pour leurs corrections et contributions photographiques. Merci à l'ensemble des partenaires ayant œuvré de près ou de loin à la réalisation du guide : Conservatoire botanique national de Martinique, ONF Guadeloupe, ONF Martinique, Parc national de la Guadeloupe, Syndicat Mixte de Traitement et de Valorisation des Déchets de Martinique ainsi qu'à toutes les personnes ayant fourni les photographies. 3
PRÉAMBULE Ce guide décrit les principales espèces végétales exotiques envahissantes (EEE) de Martinique. Il recense 25 espèces présentées sous forme de fiches indiquant leurs carac- téristiques bio-écologiques, leurs ori- gines, leurs observations en Martinique et les mesures de gestion à entreprendre pour les maîtriser. Destiné aux gestionnaires, aux techni- ciens et aux acteurs de terrain, ce guide a vocation à proposer des techniques concrètes et adaptées à chaque EEE pour pouvoir les gérer efficacement. Cet ouvrage vise également à sensibili- ser le grand public à la problématique des EEE et permettre au plus grand nombre de les identifier et de prendre conscience de leurs multiples impacts sur les écosystèmes indigènes, l'écono- mie et la santé. 5
SOMMAIRE p.8 • CONTEXTE p.9 • QU’EST-CE QU’UNE EEE ? p.9 • CONSÉQUENCES DES EEE p.11 • VOIES D’INTRODUCTION ET PROCESSUS D’INVASION p.12 • LES EEE VÉGÉTALES EN MARTINIQUE p.14 • CADRE RÉGLEMENTAIRE p.15 • MÉTHODES DE LUTTE CONTRE LES EEE p.16 • GESTION DES DÉCHETS D'EEE ET BONNES PRATIQUES p.18 • VALORISER LES ESPÈCES LOCALES p.19 • LECTURE DES FICHES p.22 • FICHE 1 : MICONIA Miconia calvescens p.24 • FICHE 2 : PETITE CITRONNELLE Triphasia trifolia p.26 • FICHE 3 : JACINTHE D’EAU Pontederia crassipes p.28 • FICHE 4 : LAITUE D’EAU Pistia stratiotes p.30 • FICHE 5 : SALVINE GÉANTE Salvinia molesta p.32 • FICHE 6 : HYDRILLE VERTICILLÉE Hydrilla verticillata p.34 • FICHE 7 : BAMBOU COMMUN Bambusa vulgaris p.36 • FICHE 8 : LANGUE DE BELLE-MÈRE Dracaena hyacinthoides p.38 • FICHE 9 : SONDE, MISERE, RHOEO Tradescantia spathacea p.40 • FICHE 10 : VERGERETTE FAUSSE PÂQUERETTE Erigeron bellioides p.42 • FICHE 11 : LIANE MAUVE Thunbergia grandiflora p.44 • FICHE 12 : ZÈB MALTÈT Kalanchoe pinnata p.46 • FICHE 13 : TULIPIER DU GABON Spathodea campanulata p.48 • FICHE 14 : POTHOS DORÉ Epipremnum aureum p.50 • FICHE 15 : SYNGONIUM Syngonium podophyllum 6
p.52 • FICHE 16 : SPATHOGLOTTIS Spathoglottis plicata p.54 • FICHE 17 : OECEOCLADES Oeceoclades maculata p.56 • FICHE 18 : ALLAMANDA POURPRE Cryptostegia madagascariensis p.58 • FICHE 19 : SAINT SACREMENT Heliocarpus donnellsmithii p.60 • FICHE 20 : COURONNE DE MARIÉE Clerodendrum paniculatum p.62 • FICHE 21 : CAOUTCHOUC Funtumia elastica p.64 • FICHE 22 : ACACIA DE SAINT-DOMINGUE Dichrostachys cinerea p.66 • FICHE 23 : SANCHEZIA Sanchezia speciosa p.68 • FICHE 24 : LONGOSE BLANC Hedychium coronarium p.70 • FICHE 25 : PEUPLIER D’AFRIQUE Gmelinea arborea p.73 • GLOSSAIRE p.78 • BIBLIOGRAPHIE p.82 • ANNEXE : TABLEAU BILAN Note : Les cartes de localisation des EEE figurant dans ce guide sont basées sur des observations. Elles ne représentent pas la répartition exacte des espèces et ne sont donc pas exhaustives. 7
CONTEXTE TOUT AU LONG DE SON HISTOIRE, Sur les îles, l’impact de ce phénomène est L’HOMME A MODIFIÉ LA NATURE EN amplifié en raison notamment de la super- IMP ORTANT DES VÉGÉ TAUX LOIN ficie limitée et de l’isolement évolutif qui DE LEURS AIRES D’ORIGINE POUR DES a généré un fort taux d’endémisme (c’est- ENJEUX AGRICOLES ET FORESTIERS à-dire la présence d’espèces existantes ET ENSUITE POUR EMBELLIR LES JAR- uniquement sur un territoire délimité). DINS. À PARTIR DU XX E SIÈCLE SOUS Ayant évolué dans des milieux très spé- L’EFFET DE LA MONDIALISATION DES cifiques, ces espèces endémiques* n’ont ÉCHANGES ET DU DÉVELOPPEMENT pas développé les moyens de défense DES TRANSPORTS, LES DÉPLACEMENTS adaptés pour résister à des plantes plus D’ESPÈCES ET LES PHÉNOMÈNES D’INVA- compétitives. SIONS BIOLOGIQUES SE SONT CONSIDÉ- RABLEMENT ACCÉLÉRÉS. Par ailleurs, les îles sont souvent sou- mises à une pression anthropique forte Ces invasions biologiques provoquées par en raison d'une densité de population les espèces exotiques envahissantes (EEE) importante, ce qui induit une dégrada- appelées également espèces invasives tion et une fragmentation des habitats sont considérées comme l’une des plus naturels, propices à l’installation des EEE. grandes menaces pour la biodiversité à l’échelle mondiale. Enfin, les milieux insulaires rencontrent également une occurrence plus élevée Pour les plantes, d'après Williamson de catastrophes naturelles (cyclones, & Filter (1996), il est admis que pour glissements de terrains, éruptions vol- 100 espèces introduites dans le milieu caniques et séismes) qui peuvent pro- naturel, 10 se maintiennent et 1 devient voquer des perturbations favorisant ces envahissante, c’est-à-dire qu’elle va pro- invasions biologiques. liférer et étendre son aire de répartition. Schéma représentant une invasion biologique © J. Thevenot, UMS 2006 Patrinat, 31/05/2017, site internet EEE-FIF (eee.mnhn.fr) 8
QU’EST-CE QU’UNE EEE? Selon les définitions retenues au niveau une période donnée, une espèce origi- international (UICN, 2000 ; McNeely et al., naire de cette zone, ayant formé une 2001), une EEE est une espèce introduite ou des populations sans l'intervention par l'homme en dehors de son aire de volontaire ou involontaire de l'homme. répartition naturelle, volontairement ou On parle aussi d'espèce indigène. accidentellement, dont l'implantation et Pour la Martinique, on considère que la propagation menacent les écosystèmes, toutes les espèces présentes avant les habitats ou les espèces indigènes, avec l’arrivée des premiers européens sont des conséquences écologiques, écono- autochtones. Il peut s’avérer compliqué miques ou sanitaires négatives. de déterminer pour certaines espèces À l'inverse, une espèce autochtone si elles sont autochtones ou exotiques, est, pour une zone géographique et on parle alors d’espèces cryptogènes*. CONSÉQUENCES DES EEE Les espèces exotiques n’ont pas toutes en bloquant l’accès à la lumière aux des conséquences graves sur les écosys- espèces indigènes (ex. du Bambou qui tèmes dans lesquels elles s’installent. développe des couverts très denses). Mais certaines d’entres elles sont à l’origine d’impacts majeurs directs ou indirects. • LES SERVICES Ainsi, les EEE ont des incidences sur : ÉCOSYSTÉMIQUES : SUR LA POLLINISATION : certaines • LA BIODIVERSITÉ : EEE détournent les pollinisateurs POUR LES ANIMAUX : en consommant au détriment des espèces autochtones les espèces locales, en entrant en com- qui ne peuvent plus se reproduire. pétition avec elles pour leurs habitats et les ressources alimentaires, en trans- LES CYCLES BIOGÉOCHIMIQUES : la mettant des maladies et en s’hybridant modification de la composition des avec, ce qui fait disparaître à terme communautés végétales par les EEE peut l’espèce autochtone. Elles peuvent avoir une incidence sur la captation de également avoir un impact sur les éco- l’azote ou du carbone atmosphérique systèmes. On peut citer l’exemple de et avoir des répercussions sur ces cycles l’Iguane commun (Iguana iguana) appelé biogéochimiques. également Iguane rayé, qui d'une part menace l'Iguane peyi par compétition LA TRANSFORMATION DE LA MATIÈRE pour les ressources et hybridation, et ORGANIQUE EN HUMUS : la présence d'autre part cause des dommages aux d’EEE peut également avoir des inci- mangroves par son régime herbivore. dences sur le processus de décomposi- tion de la matière organique et la com- POUR LES VÉGÉTAUX : en colonisant l’ha- position de l’humus. bitat et en « prenant la place » des végé- Une récente étude (Waller et al., 2020) taux autochtones, en ayant un comporte- a mis en évidence que les EEE favori- ment allélopathique négatif (en diffusant seraient le relargage de carbone dans des substances chimiques qui exercent l'atmosphère et contribueraient au des effets néfastes sur les autres plantes), réchauffement climatique. 9
• LA SANTÉ HUMAINE : • L’ÉCONOMIE : Certaines EEE peuvent avoir des consé- Les EEE peuvent avoir des incidences : quences pour la santé humaine : elles peuvent être urticantes, allergisantes, SUR L’AGRICULTURE : certaines EEE pro- toxiques ou présenter des risques de lifèrent dans les cultures et nuisent au coupures. rendement agricole. Les EEE animales peuvent également transmettre des maladies (exemple LES INFRASTRUCTURES : les EEE aquatiques de la leptospirose transmise par le rat telles que la Jacinthe d’eau (Pontederia cras- noir (Rattus rattus) ou la salmonellose par sipes) ou l’Hydrille verticillée (Hydrilla ver- l’Iguane commun). ticillata) peuvent coloniser des retenues destinées à l’irrigation ou l’alimentation • LES PAYSAGES : en eau potable ou bien des cours d’eau Certaines espèces exotiques introduites ce qui peut provoquer des inondations. depuis plusieurs siècles ont provoqué la perte de l’authenticité des paysages • LA SÉCURITÉ : originels. On peut citer l’exemple du Le Bambou commun peut chuter sur les Flamboyant (Delonyx regia) et du Coco- routes ce qui pose des problèmes de tier (Cocos nucifera) fortement plantés sécurité routière. par les européens au XVIe siècle ce qui a contribué à l’homogénéisation des paysages de la Martinique. Le cocotier, bien que non indigène, fait partie Ces bambous penchent dangereusement vers la route. intégrante du paysage des plages de l’île comme © Parc national de la Guadeloupe à la plage des Salines à Sainte-Anne . © DEAL Martinique 10
LES VOIES D’INTRODUC- TION ET LE PROCESSUS D’INVASION Toutes les espèces importées par Le troisième type de barrière est lié à la l’homme ne deviennent pas invasives. reproduction de l'espèce : elle doit être D’après Richardson et al., (2000), pour capable de se reproduire pour dévelop- qu’une espèce exotique devienne enva- per une population viable à long terme. hissante, elle doit franchir différentes C’est la phase de naturalisation. barrières d’ordres géographique ou Vient enfin la phase d’expansion où environnemental . À chaque barrière l’espèce franchit la barrière de disper- franchie, les termes employés pour pré- sion, se dispersant dans le territoire en ciser le statut de l’espèce changent et colonisant de nouveaux habitats. C’est l'invasion se fait plus probable. la phase d’expansion. Une fois ces étapes franchies, l’espèce Le franchissement de la première bar- devient véritablement une EEE en se rière géographique se fait généralement propageant au détriment des espèces grâce à l’intervention de l’homme, les locales. activités humaines jouant un rôle majeur dans l’introduction et la propagation Les EEE peuvent être présentes sur des EEE à travers le monde. C’est la quelques zones uniquement et ne pas phase d’introduction. se disperser : c’est le stade de latence. Les introductions peuvent être volon- En fonction de la rapidité de leur crois- taires (jardineries, jardins d’agréments, sance et de leur capacité d’adaptation et horticulture) ou accidentelles (eaux de de multiplication végétative ou sexuée, ballast, terre contenant des graines trans- les aires de répartition des EEE s’agran- portées par des chaussures, véhicules ou dissent : l’espèce passe alors au stade conteneurs). d'émergence puis d’invasion si l’aire de répartition est très importante. Les barrières environnementales contraignent ensuite l’espèce à vivre Certaines espèces exotiques restent dans les conditions du site d’accueil pendant plusieurs dizaines d’années au qu’elles soient abiotiques (climat, stade de latence. Elles peuvent soudai- ressources alimentaires, habitats, nement présenter un comportement conditions édaphiques*) ou biotiques invasif et passer à des niveaux d’invasion (prédateurs, pathogènes, ressources tro- supérieurs. phiques). C’est la phase d’acclimatation. 11
LES EEE VÉGÉTALES EN MARTINIQUE LA MARTINIQUE COMPREND APPROXI- Cette espèce importée pour ses carac- MATIVEMENT AUTANT D’ESPÈCES VÉGÉ- téristiques esthétiques, est classée parmi TALES AUTOCHTONES QUE D’ESPÈCES les 100 espèces les plus envahissantes au ALLOCHTONES*, POUR UN TOTAL D’EN- monde (GISP, 2007). Elle est très présente VIRON 3000 ESPÈCES. en Martinique dans les milieux anthropisés. Ces deux dernières espèces ont fait l’ob- On peut citer comme espèces alloch- jet de chantiers de lutte menés par l’ONF. tones* : l'Amandier pays ( Terminalia catappa), le Noni (Morinda citrifolia) et Il n’y a pas que les milieux terrestres le Gliricidia (Gliricidia sepium). Les deux qui sont touchés par les EEE, les milieux premières en colonisant fortement le lit- aquatiques ne sont pas non plus épar- toral, ont véritablement transformé les gnés. On dénombre 4 espèces aqua- paysages martiniquais. tiques exotiques envahissantes : la Laitue d’eau (Pistia stratiotes), la Salvinie géante (Salvinia molesta), l’Hydrille verticillée (Hydrilla verticillata) et la Jacinthe d’eau (Pontederia crassipes). Ces espèces développent des biomasses très importantes qui asphyxient les milieux aquatiques et favorisent l’eutro- phisation des eaux ce qui n’est pas sans conséquence sur la biocénose*. De plus, les tapis formés par ces espèces L’Amandier pays est souvent considéré freinent l’écoulement des eaux ce qui, comme une espèce locale. © Delnatte C. d’une part, favorise l’installation des À l'heure actuelle, on dénombre un peu gîtes de pontes des moustiques et plus de 80 EEE sur le territoire. Parmi d’autre part peut provoquer des inon- elles, certaines sont introduites sur le dations et entraver les systèmes d’irri- territoire depuis des centaines d’années, gation. Pour ces espèces, il n’existe pas comme le Bambou commun (Bambusa de technique de lutte efficace qui per- vulgaris) introduit au cours du XIXe siècle. mette de les maîtriser durablement. En effet, l'arrachage mécanique, s'il n'est Parmi les espèces les plus probléma- pas entrepris avec toutes les précautions tiques, on peut citer la Petite citron- nécessaires, peut amplifier le phénomène nelle (Triphasia trifolia) qui se développe de propagation en favorisant la dispersion surtout dans les forêts sèches du sud des propagules ou fragments qui peuvent de l’île. Elle forme des sous-bois très se remultiplier. De plus, les opérations denses qui empêchent les espèces indi- doivent être renouvelées régulièrement gènes de s’établir durablement. pour obtenir des résultats satisfaisants. Le Tulipier du Gabon (Spathodea campa- nulata) est un autre exemple d’invasion. 12
Dernière EEE en date détectée en 2017 Un premier chantier de lutte a été lancé dans le nord de la Martinique : Miconia en 2018 mais les efforts doivent être calvescens. Cette espèce, véritable « peste poursuivis rapidement pour enrayer la végétale », est dénommée Cancer vert en propagation de cette espèce. Polynésie française et menace directe- ment les Réserves Biologiques Intégrales des Pitons du Carbet et de la montagne Pelée. Cette espèce est classée parmi les 100 espèces les plus envahissantes au monde et a un pouvoir de propagation quasi illimitée (auto-reproduction, pro- duction abondante de fruits, germina- tion rapide des graines, forte aptitude à la multiplication végétative etc). Invasion de Salvinia molesta au Vert Pré au Robert © Delnatte C. Invasion de Miconia calvescens à Ajoupa Bouillon © Delnatte C./ONF et Courty C./DEAL Martinique Miconia calvescens est capable de régénérer Destruction de Miconia calvescens par le feu ; rapidement, ici à partir de troncs laissés au sol chantier de lutte ONF à Ajoupa-Bouillon © Courty C./DEAL Martinique © Delnatte C./ONF Martinique 13
CADRE RÉGLEMENTAIRE Face à ce problème majeur, l’Union euro- Pour la Martinique, l’arrêté relatif à la péenne a ratifié en 2014 le Règlement prévention de l’introduction et de la N°1143/2014 relatif à la prévention et à la propagation d’espèces exotiques enva- gestion de l’introduction et de la propaga- hissantes du 8 février 2018 précise la tion des espèces exotiques envahissantes. liste des espèces végétales autochtones. Ce règlement fournit un cadre d’actions Ainsi, toutes les espèces non listées dans destiné à prévenir, et atténuer les inci- cet arrêté sont interdites d’introduction dences négatives des EEE. Il instaure éga- dans le milieu naturel. lement une gestion des EEE harmonisée à l’échelle de l’Union européenne (coor- L’article L411-6 interdit, quant à lui, dination des actions, échanges d’infor- sur tout le territoire, à la fois l’introduc- mations) et s’articule autour de la mise tion et les usages suivants : transport, en œuvre d’une liste des EEE préoccu- transit, vente, achat, mise en vente, pantes pour l’Union européenne et les échange, utilisation et détention. territoires des Outre-mer. Les espèces présentes en annexe de l’ar- rêté du 9 août 2019 relatif à la prévention En validant ce règlement, chaque État de l’introduction et de la propagation membre de l’UE s’est engagé à mettre en des espèces végétales exotiques envahis- application ces mesures au niveau natio- santes sur le territoire de la Martinique, nal. En France, c’est par la Loi 2016-1087 sont concernées par ces dispositions. du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages Les professionnels devront se mettre que ces mesures réglementaires ont été en conformité avec la réglementation intégrées et plus particulièrement par en déclarant leur stock d’EEE avant le deux articles L411-5 et L411-6 inscrits dans 31 décembre 2020 et en le détruisant le code de l’environnement. ou en le cédant à des organismes de conservation ou de recherche avant le Tout d’abord, l’article L411-5 interdit 25 septembre 2021. l’introduction dans le milieu naturel de D’autre part, tous les particuliers qui végétaux non indigènes au territoire détiennent ces espèces sont invités à d’introduction. « L’introduction dans le les détruire. milieu naturel » s’entend, comme étant la perte de contrôle d’une espèce présente dans un endroit géré par l’Homme : jardin botanique, jardin d’un particulier, espace Il est interdit vert récréatif, parcelle cultivée… de voyager et d'importer des graines ou des plants sans autori- sation car en plus d’être des EEE potentielles, ces espèces peuvent véhiculer des maladies ou ravageurs et avoir des impacts phytosanitaires graves pour les espèces indigènes. 14
MÉTHODES DE LUTTE CONTRE LES EEE DIFFÉRENTES MÉTHODES PEUVENT voie sexuée afin de limiter la dissémina- Ê T R E E M P L OY É E S P O U R L U T T E R tion des graines. CONTRE LES EEE : ARRACHAGE, COUPE, BROYAG E , CO UP E DES IN FLO R E S - Après un chantier de lutte, il est recom- CENCES/INFRUTESCENCES*… mandé de revégétaliser le site avec des espèces locales pour "occuper l'espace" Pour rappel, l'utilisation de produits libéré par les EEE et les empêcher de phytosanitaires est interdite pour les recoloniser le milieu. collectivités depuis le 1er janvier 2017 et pour les particuliers depuis le 1er jan- De même, il est nécessaire d’effectuer vier 2019. Seul l’utilisation de produits une surveillance du site après les opé- phytosanitaires de biocontrôles à faibles rations pour vérifier qu’il n’y ait pas risques et autorisés en agriculture biolo- de recolonisation des indésirables. Le gique sont autorisés. suivi et le renouvellement des actions de lutte doivent être réalisés sur plu- Les méthodes de lutte sont à adapter en sieurs années jusqu’à ce que la banque fonction des espèces ciblées. En effet, de graines contenues dans le sol soit certaines pratiques peuvent amplifier le épuisée. A titre d’exemple, les graines phénomène d’invasion, c’est le cas par de Miconia calvescens ont la faculté de exemple de l’arrachage mécanique pour rester active durant 14 ans dans le sol. Il l’ EEE aquatique Hydrilla verticillata qui est donc indispensable de revenir régu- favorise la dispersion des propagules. lièrement sur le site et d’arracher les plantules au besoin. Idéalement, le chantier de lutte aura lieu en dehors de la période de fructifi- cation des espèces se reproduisant par LA GESTION DES EEE NÉCESSITE SOUVENT DES MOYENS CONSÉQUENTS : comme à la Réunion : arrachage mécanique de la et en Guadeloupe : broyage des cannes de Bambou Laitue d’eau (Pistia stratiotes) ©Peltre G. (Bambusa vulgaris) ©Graux E. / Parc national de la Guadeloupe. 15
GESTION DES DÉCHETS D’EEE ET BONNES PRATIQUES LES DÉCHETS DE PLANTES EXOTIQUES Pour évacuer de manière sécurisée les ENVAHISSANTES SONT CONSIDÉRÉS déchets d’EEE, ils doivent être apportés DANS CE GUIDE COMME DES DÉCHETS en déchèterie. Ils seront ensuite expor- VERTS SPÉCIFIQUES À TRAITER AVEC LA tés dans différents centres de valorisation PLUS GRANDE PRÉCAUTION AFIN D’ÉVI- agréés afin d’être : TER TOUTE PROPAGATION. • compostés : c’est-à-dire transformés en une matière organique de type ter- Les déchets d’EEE peuvent être des vec- reau riche en composés humiques et en teurs de dissémination car certaines minéraux. plantes extraites du sol peuvent conser- • méthanisés : les tissus végétaux sont ver leurs aptitudes à se reproduire, que digérés par un processus anaérobie qui ce soit par graines ou par bouturage. permet la production de biogaz. Ces process permettent de générer une température élevée qui détruit toutes les parties de la plante. D’autres solutions existent notamment : • L’ENFOUISSEMENT : certaines espèces peuvent être efficacement détruites en les enterrant profondément dans le sol, ce qui permet « d’étouffer » le végétal. • LE COMPOSTAGE INDIVIDUEL : le pro- cédé est le même que celui décrit plus haut mais à plus petite échelle. Il est fortement déconseillé de procéder au compostage des déchets verts sur site Pieds de Tradescantia spathacea apportés pour éviter une propagation ultérieure. en déchèterie © Courty C./DEAL Martinique • BRÛLAGE : Cete pratique doit être limi- tée à des cas exceptionnels d’infestations d’EEE ne pouvant pas être détruites effi- cacement par d’autres méthodes. Si les déchets doivent être stockés de manière transitoire sur le site, toutes les précautions seront prises pour éviter une dispersion par le vent ou l’eau en les couvrant par exemple d’une bâche. Compost issu du processus de compostage des déchets verts au Centre de Valorisation Organique du Robert © Huot-Marchand D./DEAL Martinique. 16
POUR ÉVITER TOUTE PROPAGATION : • Nettoyer si possible à l'eau salée (type à 150 000 euros et 3 ans d’emprisonne- eau de mer) tout le matériel ayant servi ment (article L415-3 du Code de l’envi- au chantier pour éliminer et annihiler ronnement). les fragments et graines (chaussures, outils...). • Nettoyer les roues des véhicules pré- sents sur le site. • Bâcher les remorques et bennes de transport lors de l’acheminement vers le lieu de traitement. • Ne pas abandonner les déchets verts dans le milieu naturel sans prendre les mesures adaptées pour éviter tout risque de dispersion ou de recontamination. Pour rappel, le fait de déposer dans la nature des déchets d'EEE est interdit sous peine d’amende pouvant s’élever Dispositif de stockage surélevé de manière à éviter l’enracinement et la repousse des cannes de bambou coupées © Foch T. / ONF Guadeloupe LE BRÛLAGE DES EEE RAPPEL RÉGLEMENTAIRE SUR LA RÉALISATION DE FEUX En France on estime qu’un million de Toutefois, pour certaines espèces, le brû- tonnes par an de déchets verts provenant lage des EEE permet de détruire efficace- de l’entretien du jardin des particuliers ment graines et propagules et constitue sont brûlés à l’air libre. la filière de destruction la plus adaptée. Largement pratiquée, cette activité est pourtant interdite par la circulaire du Les particuliers peuvent se rapprocher de 18/11/2011 relative à l'interdiction du la DEAL pour avoir plus d’informations brûlage à l'air libre des déchets et le sur la possibilité d’incinérer des EEE, des règlement sanitaire départemental, car autorisations spécifiques pouvant être la combustion dégage de nombreuses accordées pour cette pratique qui est substances polluantes, toxiques pour strictement encadrée par le code de l'en- l’homme et néfastes pour l’environnement. vironnement (article L541-21-1-II). Il est fortement déconseillé de déverser les eaux d’aquariums dans la nature. Ce geste qui paraît anodin est la porte d’entrée des EEE aquatiques dans les milieux naturels. C’est probablement d’ailleurs de cette manière que l’Hydrille verticillée utilisée en aquariophilie, a pu s’établir dans les milieux aquatiques en Martinique. 17
VALORISER LES ESPÈCES LOCALES FACE À LA RECRUDESCENCE D’ESPÈCES Valoriser les espèces autochtones INTRODUITES ET POTENTIELLEMENT ENVA- permet de lutter contre l’homogénéisa- HISSANTES ET AU DÉCLIN DES ESPÈCES tion planétaire de la flore et de conser- AUTOCHTONES, IL EST IMPORTANT DE ver l’identité floristique martiniquaise. PRIVILÉGIER LES ESPÈCES LOCALES DANS De plus, favoriser les essences locales TOUT AMÉNAGEMENT D’ESPACES VERTS permet d’éviter l’apparition de nou- OU JARDIN D’AGRÉMENT. velles « pestes végétales » Le « Guide de valorisation des plantes locales dans les aménagements aux Antilles » (DEAL, 2017) présente les espèces autochtones pouvant facile- ment être utilisées dans les aménage- ments et permet d’orienter les choix du gestionnaire ou du particulier en fonc- tion des caractéristiques bioclimatiques du secteur à aménager. Ce guide est téléchargeable sur le site de la DEAL Martinique : http://www.mar- tinique.developpement-durable.gouv.fr/ la-flore-des-antilles-a62.html QUE FAIRE EN CAS D’OBSERVATION D’UNE EEE ? Vous rencontrez une plante qui vous semble échappée d’un jardin ou que vous n’avez jamais rencontrée dans le milieu naturel ? Vous avez des doutes sur l’origine d’une plante qui vous paraît avoir un comportement envahissant ? Envoyez-nous une photo, la date de votre observation et la localisation précise (coordonnées GPS si possible) à eee972@developpement-durable.gouv.fr ou remplissez le formulaire de signalement disponible sur le site internet de la DEAL . La détection précoce des EEE favorise la réussite des opérations de gestion. Plus les mesures de gestion sont entreprises rapidement, plus les chances de succès sont élevées, la population et les impacts étant encore limités. 18
LECTURE DES FICHES ÉCHELLE D’INVASIBILITÉ : LES EEE VÉGÉTALES DE MARTINIQUE • 3+ : espèce exotique envahissante en ONT FAIT L’OBJET D’UNE HIÉRARCHISA- milieux anthropisés mais aussi présente TION SELON LA MÉTHODE ÉLABORÉE dans certains milieux naturels sans pour PAR C. LAVERGNE DU CONSERVATOIRE l’instant y faire preuve d’un comporte- BOTANIQUE NATIONAL DE MASCARIN. ment envahissant. Cette échelle définit différents niveaux • 3 : espèce exotique envahissante uni- d’invasibilité ce qui permet de hiérarchi- quement dans les milieux anthropisés. ser chacune des espèces exotiques et de Elle forme de nombreuses populations mettre en place des mesures de gestion avec une répartition relativement impor- adaptées en conséquence. tante et des densités plus ou moins fortes. Les « mauvaises herbes » des 3 3+ 4 5 cultures appartiennent à cette catégorie. INVASIBILITÉ : • 2P : espèce exotique potentielle- La finalité du guide étant de présenter ment envahissante, c’est-à-dire culti- les espèces exotiques envahissantes vée, échappée de jardin/culture ou les plus problématiques en Martinique, localement naturalisée* (répartition très les niveaux d’invasibilités sont compris localisée, faible nombre de populations, entre 3+ et 5. densités faibles), montrant un compor- tement envahissant dans seulement une • 5: espèce exotique très envahis- ou deux localités et connue pour être sante, avec une large répartition spa- envahissante ailleurs dans le monde. tiale et de très nombreuses populations à fortes densités, dominante ou co- • 2 : espèce exotique potentiellement dominante dans les milieux anthropisés envahissante, c’est-à-dire cultivée, (c’est-à-dire régulièrement modifiés par échappée de jardin/culture ou locale- l’homme comme les bords de route, les ment naturalisée* dans une ou plusieurs cultures...), naturels ou semi-naturels, localités (répartition très localisée, faible ayant un impact direct fort sur la com- nombre de populations, densités faibles, position, la structure et le fonctionne- ampleur de la propagation non connue ment des écosystèmes indigènes. ou encore limitée), et connue pour être envahissante ailleurs dans d’autres • 4: espèce exotique moyennement régions du monde. envahissante se propageant dans les milieux anthropisés, naturels ou semi-naturels avec une densité plus ou moins importante sans toutefois dominer ou co-dominer la végétation et avec un impact modéré sur les éco- systèmes indigènes. 19
• 1P : espèce exotique non envahis- UTILISATIONS sante (mais potentiellement envahis- DES ESPÈCES À L’ORIGINE sante), anciennement introduite (depuis DE LEUR INTRODUCTION au moins 100 ans), cultivée, parfois subspontanée*, connue pour être enva- SUR LE TERRITOIRE hissante ailleurs ou dans d’autres régions ET DE LEUR ATTRAIT du monde. POUR L’HOMME : • 1 : espèce exotique non envahis- ORNEMENTALE : sante, anciennement introduite (depuis Espèce cultivée pour ses quali- au moins 100 ans), cultivée, parfois subspontanée*, naturalisée*, et non O tés esthétiques notamment la forme et la couleur de ses connue pour être envahissante ailleurs fleurs et/ou de ses feuilles. dans d’autres régions du monde. PRODUCTION DE RESSOURCES : • 0 : espèce exotique insuffisamment Espèce présentant un intérêt documentée dont il n’est pas possible pour l’Homme qu’il soit sylvi- de statuer sur le statut d’invasibilité par manque de données. Ces espèces ne R cole (exemple d’une espèce arborée dont le bois peut être sont pas encore évaluées. produit rapidement et ensuite valorisé pour des matériaux de construction), alimentaire ou lui permettant de PHASES D’INVASION : répondre à ses besoins divers (vestimen- taires etc.). LATENCE : Espèce naturalisée* présentant MÉDICINALE : L une propagation limitée (un à deux secteurs). M Espèce possédant des proprié- tés médicamenteuses béné- fiques pour la santé humaine. ÉMERGENCE : Espèce en cours d’expansion, MELLIFÈRE : E s’étant propagée récemment sur plusieurs secteurs. Espèce attractive pour les abeilles qui en utilise le nectar pour produire du miel. INVASION : Espèce présente dans de nom- i breux secteurs et possédant des facultés de multiplication végé- tatives et sexuées importantes. 20
CARACTÉRISTIQUES : ADVENTICE : Communément appelée « mauvaise herbe », une adven- A tice est une espèce qui se retrouve dans des milieux amé- nagés par l’homme comme les champs ou les jardins sans y avoir été intention- nellement implantée. ESPÈCE APPARTENANT AUX 100 ESPÈCES LES PLUS ENVAHISSANTES AU MONDE : Un groupe d’experts internatio- ! naux de l’IUCN (ISSG : Invasive 100 Species Specialist Group) a défini une liste des 100 espèces les plus envahissantes au monde. Les espèces du guide appartenant à cette liste sont identifiées avec ce symbole. ESPÈCES RÉGLEMENTÉES PAR L'ARRÊTÉ MINISTÉRIEL DU 9 AOÛT 2019 : Ces espèces sont interdites d’in- troduction sur le territoire et dans le milieu naturel et les usages suivants sont interdits : transit sous surveillance douanière, déten- tion, transport, utilisation, colportage, échange, achat, vente et mise en vente. 21
Fiche n°01 : Miconia MICONIA Miconia calvescens DC. FAMILLE : Melastomataceae ORIGINE : Mexique 5 INVASIBILITÉ : 100 ! i O © Delnatte C. © Meyer J.Y © Meyer J.Y Inflorescence Infrutescence* DESCRIPTION ÉCOLOGIE ALLURE GÉNÉRALE : MODE DE MULTIPLICATION : Arbre mesurant 4 à 12 m de haut. Production jusqu’à 20 millions de graines par adulte et par an. Forte capacité de FEUILLES : rejets de souche. Opposées mesurant de 20 à 80 cm de Développement de racines à partir des long et 8 à 30 cm de large, de couleur vert troncs laissés au sol après coupe ou chablis*. foncé sur la face supérieure et, en fonc- Banque de graines pouvant rester 14 ans tion de l’exposition, souvent violacée sur active dans le sol. la face inférieure. MODE DE DISSÉMINATION : FLEURS : Hydrochorie*, barochorie*, anémocho- Inflorescences terminales pyramidales rie* et zoochorie*. Dispersion possible par blanches de 20 à 35 cm de long. fragments de la plante. FRUITS : CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT : Baies pourpres noirâtres de 3 à 5 mm Besoin d’ombre pour sa germination et de diamètre. ses premiers stades de croissance. GRAINES : Apprécie les lisières, les bords de rivière Ovoïdes à pyramidales d’environ 0,5 mm ainsi que les milieux perturbés. de long. 22
Fiche n°01 : Miconia ÉTAT D’INVASION DANS LE MONDE Espèce introduite dans de nombreux terri- toires comme plante ornementale. Considérée envahissante en Polynésie française au milieu des années 90. À présent envahissante en Nouvelle-Calédonie, à Hawaï, en République dominicaine et dans la région du Queensland en Australie. EN MARTINIQUE Introduite dans les années 1980 sur le territoire © Delnatte C. comme plante d’ornement et découverte pour la première fois dans le milieu naturel en 2017 (échappée d’un jardin) sur la commune Invasion à Ajoupa Bouillon d’Ajoupa-Bouillon. Plante commercialisée pen- dant plusieurs années, se retrouve encore chez IMPACTS POTENTIELS quelques particuliers. ENVIRONNEMENTAUX : • Érosion des sols augmentant la sédimen- tation dans les rivières. • Concurrence vis-à-vis des espèces indi- gènes par création de peuplements monospécifiques. SANITAIRES : Pas de risques connus. SOCIO-ÉCONOMIQUES : Pas de risques connus. MESURES DE GESTION TECHNIQUES DE LUTTE : • Arrachage manuel de la totalité du plant pour éviter les rejets et drageons*. • Dessouchage pour éviter les risques de bouturages et de rejets. • Collecte des infrutescences* pour éviter Observations de Miconia calvescens la propagation de la plante. 0 5 10 15 20 KM Juillet 2020 Sources : DEAL, ONF, CBMq • Évacuation sécurisée du site de tous les résidus (troncs, infrutescences*, plantules). • Retours sur site répétés pour vérifier l’absence de recolonisation et arracher les plantules le cas échéant. Compte tenu de son important • Ne pas laisser le sol à nu après l’opération pouvoir de propagation, il est de lutte et planter des espèces indigènes indispensable de rincer à l’eau pour occuper l’espace. de mer tout matériel, chaussures ou habits ayant pu être en contact TRAITEMENT DES DÉCHETS : avec de la terre contaminée, • Incinération des infrutescences* et des gros après chaque opération de lutte. individus. • Suspension des plantules dans la végéta- tion pour faire sécher les racines. 23
Fiche n°02 : Petite citronnelle PETITE CITRONNELLE Triphasia trifolia (Burm.f.) P.Wilson. FAMILLE : Rutaceae ORIGINE : Asie du sud-est 5 INVASIBILITÉ : i O © Delnatte C. © Delnatte C. © Delnatte C. Fleur Feuilles et fruits DESCRIPTION ÉCOLOGIE ALLURE GÉNÉRALE : MODE DE MULTIPLICATION : Arbuste mesurant jusqu’à 4 m de haut. Semis des graines. Forte capacité de rejets Rameaux en zigzag épineux. de souche. FEUILLES : Trifoliolées, vertes foncées bril- MODE DE DISSÉMINATION : lantes, dégageant une odeur de résine Barochorie* et endozoochorie*. lorsqu’elles sont froissées. Folioles de 2 CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT : à 4 cm de long pour 1,5 à 3 cm de large. Plante commune des zones ensoleillées Marges plus ou moins nettement dentées. ouvertes ainsi que des zones ombragées FLEURS : de sous-bois. Large tolérance bioclima- Odorantes, blanches avec 3 pétales* de 10 tique mais préférence pour les milieux secs à 13 mm de long et 4 mm de large. Pédon- (notamment forêts sèches du littoral). cule* très court. Fleurs solitaires ou par groupes de 2 ou 3 à l’aisselle des feuilles. FRUITS : Comestibles et semblables à une petite orange de couleur rouge et mesurant 1 à 1,5 cm de diamètre, d'où son nom d'orangine parfois utilisé. GRAINES : 1 à 2 par fruit, contenant chacune 1 à 5 embryons. 24
Fiche n°02 : Petite citronnelle ÉTAT D’INVASION DANS LE MONDE Espèce introduite dans les Antilles, dans les îles du Pacifique et en Floride comme haie défensive mais aussi pour ses baies comes- tibles et ses propriétés médicinales. À présent envahissante dans la plupart de ces territoires. EN MARTINIQUE Introduite au XIXe siècle sur le territoire comme plante d’ornement. Présente dans le milieu naturel sous forme de peuplements assez denses principalement en forêt sèche. ©Migeot J. Invasion à la Pointe Borgnèse (Le Marin) IMPACTS POTENTIELS ENVIRONNEMENTAUX : • Concurrence vis-à-vis des espèces indi- gènes par création de fourrés denses et impénétrables. • Diminution du nombre de pontes de cer- taines espèces animales par modification de leur habitat. SANITAIRES : Pas de risques connus. SOCIO-ÉCONOMIQUES : Principal hôte de Diaphorina citri, psylle parasite des arbres de la famille des Citrus (impact sur la production fruitière). MESURES DE GESTION TECHNIQUES DE LUTTE : Observations de Triphasia trifolia • Arrachage manuel de la totalité du plant 0 5 10 15 20 KM Mai 2019 pour éviter les rejets et drageons*. Sources : DEAL, ONF, CBMq • Coupe à la base, traitement de la souche et arrachage des rejets. • Collecte des infrutescences* pour éviter la dissémination des graines. • Retours répétés sur site pour vérifier l’absence de recolonisation et arracher les plantules le cas échéant. • Ne pas laisser le sol à nu après l’opération de lutte et planter des espèces indigènes pour occuper l’espace. TRAITEMENT DES DÉCHETS : • Incinération des fruits et des gros individus. • Suspension des plantules dans la végéta- tion pour faire sécher les racines. 25
Fiche n°03 : Jacinthe d’eau JACINTHE D’EAU Pontederia crassipes Mart., 1823 SYNONYME : Eichhornia crassipes FAMILLE : Pontederiaceae ORIGINE : Amazonie 5 INVASIBILITÉ : 100 ! i O © Delnatte C. © Delnatte C. © Delnatte C. Fleur Feuilles et fleurs DESCRIPTION ÉCOLOGIE ALLURE GÉNÉRALE : MODE DE MULTIPLICATION : Herbacée flottante aquatique atteignant Principalement végétatif par rejets 0,5 m de haut avec des racines fasciculées* des stolons* (doublement de la biomasse pouvant mesurer jusqu'à 3 m de long. en 6 à 18 jours). La production de graines nécessite un FEUILLES : pollinisateur spécifique, lequel est absent En pseudo-rosette*, simples, épaisses, en Martinique. arrondies et dressées au-dessus d’un cous- sin d’air, pouvant atteindre 10 cm de haut. MODE DE DISSÉMINATION : Hydrochorie*. Les crues favorisent la dis- FLEURS : sémination de l’espèce en permettant aux Inflorescence d’une cinquantaine de cen- individus de coloniser d’autres cours d’eau timètres, dressée et portant 8 à 15 fleurs. ou zones humides. Fleur de 3 à 7 cm de diamètre composée de 6 pétales* bleu-violacé dont le plus haut CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT : porte un point jaune entouré de bleu. Présente en zones humides à faible courant telles que les lacs, les mares et FRUITS : les canaux. Elle supporte d’importantes Inexistants en Martinique compte tenu fluctuations de niveau d’eau et de varia- de l’absence de pollinisateurs. tions d’intensité du courant. GRAINES : Inexistantes en Martinique compte tenu de l’absence de pollinisateurs. 26
Fiche n°03 : Jacinthe d’eau ÉTAT D’INVASION DANS LE MONDE Espèce originaire du bassin de l’Amazone et ayant été introduite dans la plupart des pays chauds comme plante ornementale de bassin. Considérée comme envahissante dans plus de 50 pays. EN MARTINIQUE Premières observations de cette plante sur le territoire au XIXe siècle. Présente dans de nombreux bassins de particuliers mais © Delnatte C. aussi dans des mares et étangs ainsi que dans le cours inférieur de certaines rivières perma- nentes. Vendue longtemps comme plante- Invasion au niveau du golf (Les Trois-Ilets) filtre dépolluante en phytoremédiation. IMPACTS POTENTIELS ENVIRONNEMENTAUX : • Fermeture et asphyxie du milieu. • Modification de la structure et de la com- position des peuplements aquatiques. SANITAIRES : • Favorise la prolifération de moustiques et d'autres organismes pathogènes en consti- tuant un habitat qui leur est profitable. SOCIO-ÉCONOMIQUES : • Entrave des cours d’eau limitant la navi- gation et la pêche. • Risque accru d’inondation. • Altération fonctionnelle des retenues d’eau pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable. MESURES DE GESTION Observations de Pontederia crassipes TECHNIQUES DE LUTTE : 0 5 10 15 20 KM Mai 2019 • Arrachage mécanique ou manuel des Sources : DEAL, ONF, CBMq individus soit depuis les berges ou à l’aide d’une embarcation en veillant bien à col- lecter même les micro-fragments pour éviter la recolonisation. • Utilisation de bouées ou de barrières Les déchets issus flottantes pour limiter la progression. de la gestion peuvent être • Contrôles réguliers sur site après l’opé- valorisés: mulch, vannerie ration de lutte pour vérifier l’absence avec les racines... de recolonisation. TRAITEMENT DES DÉCHETS : • Enfouissement. • Évacuation en déchèterie. • Compostage individuel possible mais à distance des zones humides. 27
Fiche n°04 : Laitue d’eau LAITUE D’EAU Pistia stratiotes L. FAMILLE : Araceae ORIGINE : Pantropicale 5 INVASIBILITÉ : 100 ! i O © Delnatte C. © Delnatte C. © Delnatte C. Fleur Rosette de feuilles DESCRIPTION ÉCOLOGIE ALLURE GÉNÉRALE : MODE DE MULTIPLICATION : Herbacée flottante aquatique à feuille Principalement végétatif par rejets des en rosette*. Racines fasciculées* pouvant stolons* ou par fragments de plantes. atteindre 50 cm de long. Production de graines également. FEUILLES : MODE DE DISSÉMINATION : Vert-blanchâtre, spongieuses et simples Hydrochorie* et exozoochorie* (transport en rosettes*. Elles sont spatulées avec des de fragments par les oiseaux). nervures longitudinales et couvertes de CONDITIONS DE DÉVELOPPEMENT : poils courts comme du velours. Jusqu’à Présente dans les zones humides à faible 15 cm de long et 8 cm de large. courant telles que les plans d'eau, les mares FLEURS : et les canaux. Préférence pour les eaux Petites et discrètes car cachées par des chaudes (22 et 30°C ) et légèrement acides. spathes* ressemblant à une feuille. Elles sont peu nombreuses et unisexuées, asy- métriques, velues à l’extérieur et glabres à l’intérieur. FRUITS : Ressemble à une petite baie ovale de 6 à 10 mm de long et 3 à 6 mm de large, à paroi mince et contenant 4 à 12 graines. GRAINES : Très nombreuses, mesurant 2 mm avec un tégument brun rugueux. 28
Fiche n°04 : Laitue d’eau ÉTAT D’INVASION DANS LE MONDE Espèce d’origine inconnue qui a déjà colo- nisé tous les continents en zone subtropicale et tropicale. Sa progression dans le reste du monde semble être limitée par la tempéra- ture. Très utilisée comme plante ornemen- tale en bassin et en aquariophilie. Elle est également propagée par les eaux de ballast des bateaux. EN MARTINIQUE © Delnatte C. Premières observations de cette plante sur le territoire au XIXe siècle. Présente dans de nombreuses étendues d’eau douce de l’île. Invasion au Vauclin Longtemps commercialisée comme plante- filtre dépolluante en phytoremédiation. IMPACTS POTENTIELS ENVIRONNEMENTAUX : • Fermeture et asphyxie du milieu. • Modification de la structure et de la com- position des peuplements aquatiques. SANITAIRES : • Prolifération d’organismes transmettant des maladies comme les moustiques et le mollusque Biomphalaria glabrata (vecteur de la bilharziose) en raison de la création d’un habitat qui leur est favorable. SOCIO-ÉCONOMIQUES : • Blocage des cours d’eau limitant la navi- gation et la pêche. MESURES DE GESTION TECHNIQUES DE LUTTE : • Arrachage mécanique ou manuel des individus dès sa détection en veillant à collecter les micro-fragments pour éviter Observations de Pistia stratiotes la recolonisation. 0 5 10 15 20 KM Mai 2019 Sources : DEAL, ONF, CBMq • Utilisation de bouées ou de barrières flottantes pour limiter la progression. • Retours répétés sur site pour vérifier l’absence de recolonisation. • Application de mesures visant à diminuer Cette plante est comestible les teneurs en nutriments dans le milieu, pour le bétail. Toutefois, le développement de cette espèce étant compte tenu de sa grande favorisé par ces substances. capacité à accumuler les polluants, son utilisation TRAITEMENT DES DÉCHETS : comme fourrage n’est pas • Enfouissement. recommandée. • Évacuation en déchèterie. • Compostage individuel possible mais à distance des zones humides. 29
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