Conférences pour tous - Programmation 2017-2018 - Ville de Colombes

 
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Conférences pour tous - Programmation 2017-2018 - Ville de Colombes
Conférences pour tous
                                            Programmation 2017-2018

Frédéric Barberousse                  Beethoven             Sissi     Le Haut-Koenigsbourg

En couverture : la Cour d'Appel de Colmar
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SOMMAIRE

Conférences Histoire            Page 3

Conférences Étude d’une œuvre
                                Page 48
musicale

Conférences Patrimoine          Page 58

Conférences Cinéma              Page 71

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Conférences pour tous - Programmation 2017-2018 - Ville de Colombes
Catherine RICHARD-LEDUC,
                                                            Conférencière
                                                         Le lundi, à 14h30

           VIENNE, CAPITALE DES HABSBOURG
 Lundi 2 octobre     De Vindobona la romaine à la cité du Moyen-Age           P4
 Lundi 9 octobre     Les débuts de la dynastie des Habsbourg                  P5
  Lundi 16 octobre   Le Saint Empire Germanique                                P6
 Lundi 6 novembre    La politique des mariages et le Duché de Bourgogne        P7
Lundi 13 novembre    Charles-Quint                                             P8
Lundi 27 novembre    Les Guerres ottomanes                                     P9
 Lundi 4 décembre    De Vienne à Prague, de Ferdinand à Rodolphe              P 10
Lundi 11 décembre    La crise de la Réforme et ses conséquences               P 11
   Lundi 8 janvier   Les Habsbourg et l’Italie                                P 12
  Lundi 15 janvier   Le XVIIème siècle                                        P 13
  Lundi 22 janvier   Baroque et Rococo                                        P 14
  Lundi 29 janvier   Charles VI et Marie-Thérèse d’Autriche : la              P 15
                     pragmatique sanction
  Lundi 5 février    Mozart et l’Autriche                                     P   16
 Lundi 12 février    Les conséquences de la Révolution Française              P   17
   Lundi 5 mars      Napoléon et l’Autriche                                   P   18
  Lundi 12 mars      L’Empire austro-hongrois                                 P   19
  Lundi 19 mars      Sissi, Rodolphe                                          P   20
  Lundi 26 mars      Biedermeier et Sécession                                 P   21
   Lundi 9 avril     Naissance de la psychanalyse : Sigmund Freud             P   22
   Lundi 14 mai      Klimt, Kokostchka et Egon Schiele                        P   23
   Lundi 28 mai      La 1ère guerre mondiale et le démantèlement de           P   24
                     l’Empire
   Lundi 4 juin      La 2nde guerre mondiale                                  P   25
  Lundi 11 juin      L’après-guerre et l’Autriche moderne                     P   26
                     Bibliographie                                            P   27
                     Iconographie                                             P   28

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DE VINDOBONA LA ROMAINE A LA CITE DU MOYEN-AGE

Vienne préhistorique :

L'histoire de Vienne remonte au IIè millénaire av. J.-C.. La situation au bord du
Danube, entre les préalpes (Wienerwald) et la Pannonie, font de la métropole
actuelle un espace privilégié pour les agglomérations précoces. Les sols fertiles et le
climat favorable permettent l’établissement d’un habitat au Néolithique accompagné
d’une agriculture plutôt prospère. La Civilisation de Hallstatt de l’Age du Fer y est
représentée : des restes du tumulus ont été découverts ainsi que des objets de
métal. Des Celtes s’établissent au Léopolsberg organisé en oppidum. C’est vers le
début de notre ère que Vienne est conquise par les Romains qui fournissent les
premières sources écrites de l'histoire de Vienne qui s’appelle encore Vedunia.

Vienne et la Pannonie :

Vers 15 av. J.-C., le royaume norique est annexé à l'Empire romain. Le Danube
devient la frontière naturelle (limes) de l'empire et les Romains commencent à
fortifier les bords du fleuve. À l'époque romaine, Vindobona fait partie de la province
de Pannonie dont le chef-lieu est Carnuntum. Un camp militaire est établi alors qu’au
IIème siècle, une cité germanique s’installe sur l’autre rive du Danube. Le plan
asymétrique — et peu typique pour un camp romain — de Vindobona est encore
visible aujourd'hui en suivant le cours des rues : Graben, Naglergasse, Tiefer
Graben, Salzgries, Rabensteig, Rotenturmstrasse. Le nom de « Graben » (« fossé »)
renvoie probablement au fossé qui entourait le camp militaire. Il est probable qu'une
partie de l'enceinte romaine existe encore au Moyen-Âge quand les rues se
développent et qui a ainsi influencé le cours des rues. Le Berghof sera construit à
l'extrémité du camp romain au XIIIème siècle. L’approvisionnement de Vindobona est
assuré par de nombreuses « villae rusticae » aux alentours de la cité. Le géographe
Ptolémée mentionne Vindobona dans son atlas Geographike Hyphegesis (vers 150).
L'historien romain Aurelius Victor note que l'empereur Marc Aurèle avait son quartier
général à Vindobona lors des guerres contre les Marcomans et y est décédé le 17
mars 180. En 212, Vindobona est élevée au rang de municipium ce qui renforce sa
position face à Carnuntum, capitale de la province de Pannonie qui venait de recevoir
le titre de colonia. Vindobona reste entre les mains des Romains jusqu'au Vème siècle
quand les migrations germaniques se multiplient et que les Barbares traversent la
ville qui restera pourtant toujours habitée.

Le Haut Moyen-Age :

Les rues et maisons de Vienne au Haut Moyen-Âge suivent les murs romains et l'on
peut donc supposer qu'une partie du fort est encore intacte à cette époque. Dans
l'Innere Stadt, on a retrouvé des pièces byzantines à plusieurs reprises, datant du
VIème siècle, suggérant une activité commerciale. Le centre de la ville est le Berghof.
Des excavations dans cet espace ont mis au jour des tombeaux du VIème siècle. Les
Lombards dominent l'espace viennois, suivis des Slaves et Avars. La première
mention écrite de Vienne dans les annales de Salzbourg date de 881 indiquant une
bataille « apud Weniam » contre les Magyars. Otton Ier de Francie les bat également
en 955 lors de la bataille du Lechfeld. En 976, les Babenberg fondent le margraviat
d'Ostarrichi dans lequel se trouve, proche de la frontière hongroise, la ville de
Vienne. Dès le XIème siècle, Vienne devient une place commerciale de première
importance. Vienne devient civitas. En 1155, Henri Jasomirgott fait de Vienne sa
capitale.

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LES DEBUTS DE LA DYNASTIE DES HABSBOURG
La maison des Babenberg ( 972-1246 ) :

Le Margraviat d’Ostaricchi fondé par la dynastie des Babenberg renforce le rôle
commercial de Vienne, située stratégiquement près de la frontière hongroise.
Léopold III (1095-1136) fonde de nombreux monastères, dont celui de
Klosterneuburg en 1114, qui devait enfermer les sépultures familiales. À côté de
ce cloître a été construit un château, résidence des Babenberg, faisant de
Klosterneuburg la première capitale de l'Autriche. En 1155, Henri Jasomirgott en
fait sa capitale et, l’année suivante, en 1156, le margraviat devient duché par le
biais du « Privilegium Minus ». Vienne en reste la capitale grâce à Frédéric
Barberousse. Léopold V Babenberg fait prisonnier Richard Cœur de Lion à son
retour de croisade (la 3ème) en 1192 près de Vienne à Edberg. L’énorme rançon
versée (50 000 marks d’argent) enrichit Vienne. Léopold V est excommunié par
le Pape Célestin III. A sa mort, le Duc se repent et promet de rendre la rançon.

La dynastie des Ottokar de Bohème :

En 1186, les Babenberg signent un traité d'héritage avec les Ottokar qui
régnaient sur la Styrie voisine. Ce traité offre la Styrie à l'Autriche si un Ottokar
venait à mourir sans héritier, mais à la condition que les droits particuliers de la
Styrie soient préservés. En 1192, Ottokar meurt sans descendance, et les
Babenberg héritent de la Styrie. Léopold VI Babenberg meurt en 1246 lors d'une
bataille contre les Hongrois. Seules deux femmes peuvent accéder au trône, sa
sœur et sa nièce. Or, la noblesse étant puissante, elle se considère seule à
pouvoir décider du futur duc. Les Styriens se tournent vers le roi de Hongrie,
tandis que les Autrichiens souhaitent le roi de Bohême. En 1251, c'est finalement
Ottokar II Premysl (1251-1278) qui devient duc d'Autriche. Ottokar installe sa
cour à Prague. Mais Vienne continue de s'agrandir et devient la deuxième plus
grande ville du Saint-Empire après Cologne.

La dynastie des Habsbourg :

En 1273, Rodolphe VI de Habsbourg devient empereur sous le nom de Rodolphe
Ier. Le patronyme de Habsbourg vient du fief que la famille possède en Suisse.
(Gontran le Riche, Comte d’Alsace de 917 à 954, en est le premier membre
connu). Dès 1276, l'empereur tente une action en justice pour chasser Ottokar
du pouvoir. Il est soutenu par de nombreux mécontents en Autriche et en Styrie.
Le 18 octobre 1276, après une courte bataille près de Vienne, Ottokar
abandonne la Styrie. Sur les bords du Danube, l'empereur ne rencontre que peu
de résistance. Allié à la Hongrie, il encercle Ottokar qui négocie. Il accepte de
rendre les territoires acquis depuis 1252 s'il se voit confirmer son autorité sur ses
territoires originels. Ottokar conserve cependant des partisans à Vienne. Pour les
amadouer, l'empereur accorde des privilèges à la ville. En 1278, Ottokar s'appuie
sur ses partisans pour tenter un dernier combat. Il meurt à la bataille de
Marchfeld. L'Autriche est définitivement aux mains des Habsbourg.

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LE SAINT EMPIRE GERMANIQUE
Les origines :

C'est sous la dynastie des Ottoniens, au Xème siècle, que l'Empire se forme à
partir de l’héritage oriental carolingien. Les Saliens leur succèderont avec Conrad
II au début du XIème siècle. La Querelle des Investitures entre 1075 et 1122
consacre le conflit entre les deux puissances, La Papauté (Grégoire VII) et
l’Empire. Le roi des Romains, Henri IV, doit faire pénitence à Canossa et
reconnaître qu’il ne nomme pas les évêques et qu’il doit y avoir séparation entre
les pouvoirs spirituels et temporels. Le titre Sacrum Romanum Imperium
apparaît vers 1184 pour être utilisé de manière définitive à partir de 1254. Il
s’inspire directement de l’Empire Romain mais affirme aussi être l’héritier de la
Rome chrétienne. Alliés du dernier Salien, Henri V mort en 1125, les
Hohenstaufen accèdent à la charge d’Empereur malgré un conflit avec les Welfs
en la personne de Conrad III. Le Saint Empire est resté un tissu monarchique et
corporatif dirigé par un empereur et les états impériaux avec très peu
d'institutions impériales communes.

Les Hohenstaufen :

Frédéric Barberousse, neveu de Conrad III, devient Empereur en 1152. Il estime
que l’Empire n’a pas à se soumettre au Sacerdoce et doit être indépendant,
engageant un conflit avec le Pape Alexandre III. Six campagnes de reconquête
de l’Italie suivront avant la Paix de Venise signée entre les deux en 1177.
Barberousse se noie dans un torrent en crue en Cilicie en juin 1190, alors qu’il se
rendait à la IIIème Croisade. Henri VI, son fils, cumulera le titre d’Empereur avec
celui de Roi de Sicile, après avoir épousé la dernière héritière de la dynastie
normande des Hauteville (Constance) établie en Sicile, mais il meurt
précocement en 1197. Leur fils, Frédéric II, « Stupor Mundis », devient le
souverain le plus puissant d’Europe, en charge lui aussi de la Sicile et du Saint
Empire. A sa mort en 1250, Charles d’Anjou devient, quelques années après, le
premier souverain angevin dominant le Sud de l’Italie alors que la charge du St
Empire reste vacante pendant dix ans.

L'avènement des Habsbourg :

Rodolphe de Habsbourg reçoit en 1239 de Frédéric II des terres en Alsace et en
Suisse. Il devient alors un prince influent du sud de l’Allemagne. Les princes-
électeurs l’élisent Roi des Romains et Roi de Germanie le 1er septembre 1273,
mettant ainsi un terme au Grand Interrègne, sûrs de pouvoir le contrôler, à
l’inverse du Roi de Bohème, Ottokar II, trop puissant à leur goût. Pourtant
Rodolphe Ier ne se rend pas à Rome pour y être couronné, estimant le voyage
trop périlleux à 55 ans. Il choisit plutôt de remettre de l’ordre dans l’Empire,
récupérant des territoires qui s’étaient rendus indépendants, tel le Duché
d’Autriche, aux mains d’Ottokar II qui refuse de se rendre à la convocation de la
Diète impériale, et est ainsi banni. La bataille de Marchfeld en 1278 fait
disparaître le dernier opposant à Rodolphe, qui installe les Habsbourg, en
Autriche, Styrie et Carinthie.

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LA POLITIQUE DES MARIAGES ET LE DUCHE DE
                      BOURGOGNE
Le Saint Empire Germanique et les Habsbourg :

Si Rodolphe Ier était devenu Empereur du St Empire Romain Germanique entre
1273 et 1291 comme Albert Ier de 1298 à 1308, la distinction échappe aux
Habsbourg jusqu’à Albert II en 1438. A partir de cette époque, la maison de
Habsbourg régna sans interruption sur le Saint-Empire romain germanique
faisant de Vienne sa plus importante capitale. En 1740, Marie-Thérèse est la
seule descendante de Charles VI, et la dignité est transférée à son époux
François Ier Etienne issu de la maison de Lorraine. La maison des Habsbourg-
Lorraine règne jusqu’à François II qui devient en 1806 François Ier d’Autriche
lorsque l’Empire est dissous par Napoléon Ier dont il sera le beau-père. Les
Habsbourg-Lorraine se maintiennent jusqu’à l’abdication de Charles Ier en 1918.

Le duché de Bourgogne et le Saint Empire :

Philippe le Hardi, fils du Roi de France Jean le Bon, reçoit le Duché de Bourgogne
en 1364. Il y ajoute le Comté de Flandres en épousant Marguerite III de
Flandres. Philippe le Hardi fait épouser au jeune roi de France Charles VI Isabeau
de Bavière, cherchant une alliance avec le Saint Empire. Par mariage, le Hainaut,
le comté de Namur, le Brabant, le Limbourg et le Luxembourg entrent par la
suite dans les possessions des Grands Ducs de Bourgogne. L’apogée du duché
est celle de Charles le Téméraire, ennemi de Louis XI. Sa fille unique Marie
épouse Maximilien de Habsbourg en 1477, peu après la mort du Duc à Nancy.
Maximilien devient bientôt Empereur du Saint Empire et Duc de Bourgogne du
fait du décès accidentel de Marie. La Bourgogne avait été réintégrée au Royaume
de France.

La politique des mariages :

Philippe le Beau, héritier du Duché de Bourgogne, épouse Jeanne la Folle
l’héritière des Rois Catholiques, Isabelle de Castille et Frédéric d’Aragon, unissant
ainsi l’Espagne naissante avec les Pays-Bas. De cette union, malheureuse sur le
plan amoureux, naissent trois enfants dont le futur Charles Quint, né à Gand en
1500. Il n’a que 6 ans à la mort de son père en 1506 et devient d’abord Duc de
Bourgogne avant d’être couronné roi d’Espagne en 1516 à la mort de Ferdinand
d’Aragon sous le nom de Charles Ier d’Espagne. Le français est sa langue
maternelle, il n’a vécu jusque là qu’en Flandres mais il s’installe en Espagne où il
mourra en 1558. Il succède à son grand-père Maximilien en 1520 comme
Empereur du Saint Empire romain germanique portant le titre de Charles Quint.
La maison d’Autriche devient une véritable « usine à princes et princesses »
destinés à tisser une toile d’alliances matrimoniales favorables aux Habsbourg.
Frédéric III en 1448 avait adopté cette devise sous forme de monogramme
« A.E.I.O.U. » soit Austriae est imparare orbi universo (L’Autriche est destinée à
diriger le monde).

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CHARLES QUINT

Jeunesse de Charles Quint :

Charles Quint hérite d’un immense empire, né des alliances dynastiques
bourguignonnes, autrichiennes, castillanes et aragonaises. Avec l’expansion vers
le Nouveau Monde, et après le Traité de Tordesillas signé en 1492 sous l’égide du
Pape Alexandre VI Borgia, il règne sur un territoire « où le soleil ne se couche
jamais ». En quelque sorte, c’est l’un des premiers souverains européens. En fait,
son éducation est franco-bourguignonne et c’est sa tante Marguerite d’Autriche
qui l’élève, car Philippe le Beau et Jeanne la Folle partent en Espagne alors qu’il
n’a que 4 ans. Philippe meurt précocement, faisant de Charles encore mineur le
Duc de Bourgogne. Isabelle de Castille décède également, Jeanne lui succède
mais est évincée par Ferdinand II d’Aragon avant sa mort. Charles est alors
l’héritier de son grand-père maternel avant de devenir le successeur de son
grand-père paternel. Il devient roi des Romains, puis Empereur du Saint Empire
Romain Germanique, couronné par le Pape à Bologne le 24 février 1519. Henri
VIII Tudor et François Ier sont ainsi évincés. Sa devise, « Plus oultre », reprise
des Bourguignons deviendra la devise nationale de l’Espagne.

Le conflit avec la France :

La rivalité avec François Ier marque l'essentiel de l'histoire impériale de Charles
Quint. Le roi de France veut poursuivre l'action de ses prédécesseurs Charles VIII
et Louis XII dans la péninsule italienne, en réclamant Naples et Milan. De son
côté, Charles Quint rêve de reprendre le duché de Bourgogne de son bisaïeul
Charles le Téméraire, revenu à la France sous Louis XI. La Navarre sera le
premier théâtre de leurs affrontements en 1521, partagée en deux après la
reconquête française. Mais, mis à part le siège de Mézières, c’est en Italie du
nord que se concentre la rivalité des deux monarques. Chacun connaît le succès
français de Marignan (1515), mais en 1525, François Ier est sèchement battu à
Pavie, envoyé à Madrid où il sera échangé avec ses deux fils plus tard. La Paix
des Dames (Marguerite d’Autriche et Louise de Savoie, mère du Roi de France) le
3 août 1529 amende le sévère Traité de Madrid. François Ier devra épouser
Eléonore, veuve du Roi du Portugal et sœur de Charles Quint. De nouveaux
affrontements éclateront en 1535, dans les Flandres et l’Artois, perdus alors pour
la France, mais celle-ci gardera la Bourgogne, la Savoie et le Piémont.

Habsbourg en Espagne, Habsbourg en Autriche :

Charles Quint comprend assez vite qu’il ne peut diriger efficacement l’Espagne et
l’Autriche. Son frère cadet, Ferdinand né en Espagne en 1503 et élevé par son
grand-père Ferdinand d’Aragon aurait dû lui succéder, mais son frère l’installe en
Autriche en 1521. Charles Quint lui fait épouser Anne Jagellon ce qui lui permet
de devenir roi de Hongrie et de Bohème en 1526. En 1531, il est élu Roi des
Romains. Après l’abdication de son frère aîné, Ferdinand devient Empereur des
Romains en 1558. Paul IV refuse de reconnaître ce sacrement, intervenu sans
l’accord de Rome et désormais les futurs Empereurs ne se feront plus couronner
à Rome. Il développe une politique centralisatrice malgré quelques révoltes en
Transylvanie. La progression de la Réforme, née au début du règne de Charles
Quint, en fera le champion du Catholicisme. Il meurt en 1564.

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LES GUERRES OTTOMANES
L'empire byzantin et les Ottomans :

Les Ottomans sont issus d’un clan turcique oghouze apparu en Anatolie occidentale
avant de s’imposer progressivement en Asie occidentale. L’Empire byzantin est
affaibli et voit son territoire grignoté par les Ottomans qui prennent le contrôle de
Gallipoli en 1354 et s’établit en Thrace, privant Byzance de ses voies de
communications continentales. C’est Andrinople, autrement Erdine, qui devient la
capitale de Mourad Ier en 1377. Dans les années suivantes, les Balkans (Serbie) sont
en partie conquis. En Asie, Bursa devient aussi une capitale ottomane. Mais en 1453,
l’Empire byzantin, réduit à une peau de chagrin, succombe. Constantinople est prise
par Mehemet II el Fatih (le Conquérant) dans la nuit du 29 mai 1453. Avec la
disparition de l’Empire byzantin, l’Europe chrétienne était directement exposée à
l’expansion musulmane et, selon les époques, les états s’y sont opposé ou l’ont
soutenue.

De Selim Ier à Soliman le Magnifique :

Sélim Ier, en 1516 et 1517, s’empare des sultanats d’Egypte et de Syrie, qui étaient
gouvernés par les Mamelouks (Serviteurs militaires) depuis 1260. En Occident, les
principaux adversaires des Ottomans furent d'abord la République de Venise, le
Saint-Empire et la Pologne-Lituanie ; s'y ajouta la Russie vers la fin du XVIIe siècle ;
La Hongrie est conquise à partir de 1526, suite à la bataille de Mohàcs gagnée par le
fils de Sélim, Soliman le Magnifique. C’était la 1ère étape d’une conquête éventuelle
de l’Europe Centrale. Les relations diplomatiques tissées entre Soliman et François
Ier, rival traditionnel de Charles Quint, ont favorisé l’attaque du Sultan ottoman
envers le territoire tout proche de Vienne. Le Sultan met le siège devant Vienne le 25
septembre 1529, alors que Charles Quint refuse son aide à Ferdinand qui part en
Bohème. Nicolas von Salm, comte allemand, organise la défense, fait sortir 4000
femmes et enfants qui tomberont aux mains des Turcs. Le 14 octobre, Soliman
ordonne l’assaut, mais échoue. L’armée turque bat en retraite, en très mauvais état.
En 1683, une 2nde tentative de siège échouera tout autant (14 juillet au 12
septembre 1683) et Jean III Sobiesky, roi de Pologne, avec Charles de Lorraine,
l’emporteront après la bataille du Kahlenberg. En 1686, l’Autriche reprend la
Hongrie.

La bataille de Lépante, un succès chrétien :

Depuis le début du XVIe siècle, les Turcs pratiquent des razzias en Méditerranée
occidentale. Venise, avec laquelle Mehemet el Fathi avait signé de fructueux traités
commerciaux, se voit peu à peu privée de certains de ces comptoirs et comprend
que les Ottomans prennent peu à peu le contrôle du commerce maritime. Chypre
sera prise avec une extrême brutalité. Don Juan d’Autriche, fils illégitime de Charles
Quint, est nommé chef de la Sainte Ligue formée à l’appel du Pape Pie V, qui réunit
les Royaumes de Naples et de Sardaigne, Rome ainsi que Venise, rejoignant les
royaumes chrétiens pour la 1ère fois. Au matin du 7 octobre 1571, une flotte
chrétienne commandée par le prince espagnol Dom Juan d´Autriche, partie de
Messine, intercepte la flotte turque en provenance de Lépante, dans le golfe de
Patras, au large de la Grèce. Il s'ensuit une retentissante victoire de la flotte
chrétienne (essentiellement vénitienne et espagnole) : cette bataille, qui a détruit
l'essentiel de la flotte de guerre ottomane, confirme l’hégémonie espagnole sur
l'ouest de la Méditerranée et met un coup d’arrêt à la progression ottomane en
Europe.

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Conférences pour tous - Programmation 2017-2018 - Ville de Colombes
DE VIENNE A PRAGUE, DE FERDINAND A RODOLPHE
La Vienne de Ferdinand :

Le règne de ce prince fut globalement paisible. Marié en 1521 à Anne Jagellon,
fille et héritière de Vladislas IV, roi de Bohême et de Hongrie, il dut affronter les
Ottomans. Ses dernières années furent consacrées à concilier les protestants et
les catholiques. Dès le début de son règne, sous l'influence de ses conseillers
allemands, juristes spécialisés en droit romain, Ferdinand Ier poursuivit la
politique absolutiste et centralisatrice que Charles Quint avait initiée. Un Conseil
Secret, créé en 1527, s'occupe des affaires extérieures et des questions
générales de politique intérieure et un Conseil de la Cour pour l'administration
centrale et les affaires judiciaires, les décisions des deux corps étant soumis à
l'approbation de la Chancellerie de la Cour. Les finances sont gérées par la
Chambre de la Cour. En 1556, est créé un Conseil Suprême de Guerre pour les
Affaires Militaires.

Maximilien II (1526-1576) :

Maximilien II, le fils aîné de Ferdinand Ier de Habsbourg et d'Anne de Bohême,
devient Empereur du St Empire à la place de Philippe II, fils de Charles Quint,
grâce à un accord scellé en 1553. Il est moins impliqué que son père dans la
lutte contre la Réforme, compose avec les Luthériens et pratique le pluralisme
confessionnel selon les termes de la Paix d’Augbourg. Il mène une ultime guerre
contre Soliman le Magnifique qui meurt en 1566 à Szigetvàr et signe la paix avec
Selim II à Andrinople en 1568. Il échoue à être élu roi de Pologne contre Etienne
Bàthory en 1575. Avec Marie d’Autriche, fille de Charles Quint, il aura 16 enfants.
Arcimboldo, artiste venu de Lombardie à la demande de Ferdinand Ier, devient
l’organisateur du Kunstkammer ou Cabinet de Curiosités désormais indispensable
à tout personnage d’importance. En outre, il est connu pour ses portraits
métaphoriques représentant souverains et allégories tels que les Quatre
Eléments ou les Quatre Saisons. Maximilien II puis Rodolphe en feront leur grand
ordonnateur. Il obtiendra de revenir en Lombardie en 1587.

De Rodolphe (1552-1612) à Matthias :

Fils aîné de Maximilien, Rodolphe accède au trône en 1576 et rompt très vite
avec la politique de tolérance à l’égard du Protestantisme en soutenant la
Contre-Réforme. Fort instruit et cultivé, il présente toutefois très tôt des signes
de grande mélancolie et se désintéresse des affaires de l’Etat au profit de l’Art et
de l’Esotérisme. En 1583, il transfère la cour à Prague, s’entourant d’artistes et
savant (Arcimboldo, Tycho Brahe, Kepler…) et enrichit considérablement son
Cabinet de Curiosités, célèbre dans toute l’Europe. Il est doublé d’un Cabinet
Secret d’inspiration ésotérique. Il donne à son frère cadet, Matthias, la
succession de l’Archiduc Ferdinand de Tyrol mort sans descendance. C’est la
première marche vers le pouvoir. Rodolphe, en proie à des crises de
neurasthénie, à partir de 1600, provoque également la révolte d’Etienne II
Bocskai en Hongrie quand il veut imposer le Catholicisme. Peu à peu, ses frères
se partagent l’Autriche, Matthias récupère la Bohême. Tout d’abord nommé
Régent de Rodolphe en 1611 dont la santé mentale s’est grandement altérée, il
l’oblige aussi à lui céder la Moravie et la Hongrie avant son abdication à la fin de
l’année. Il protège des pogroms les juifs d’Allemagne. Sans héritier, il désigne
son cousin Ferdinand II, plongeant ainsi l’Europe dans la Guerre de Trente Ans.

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LA CRISE DE LA REFORME ET SES CONSEQUENCES
Les origines de la Réforme :

Divers facteurs sont à l’origine de l’apparition du mouvement de la Réforme,
émanation de l’angoisse existentielle des peuples face notamment à la question
du Salut. La pratique des Indulgences, la possession des reliques, l’organisation
de processions, la multiplication des images saintes sont autant d’indices de
cette menace de l’enfer traduit également par les Danses macabres ou autres
évocations de l’Enfer. La mainmise grandissante de la Papauté sur les petits états
indépendants favorise également l’adoption de la Réforme dans certains de ces
états. La confusion du spirituel et du matériel engendre une crise profonde et dès
le XVème siècle, des critiques apparaissent, formulées par des précurseurs comme
Jean Hus natif de Bohême et brûlé comme hérétique à Constance en 1415.

Luther et Calvin :

En 1517, Martin Luther publie ses 95 Thèses, qui insistent sur la nécessité de
revenir vers les textes initiaux, d’où la traduction de la Bible en langue vulgaire
et plus tard son impression. Il condamne à la fois la hiérarchie ecclésiastique et
les innovations théologiques (saints aux aventures inédites ou Purgatoires par
exemple). Soutenu par Frédéric III de Saxe, il est bientôt condamné par Charles
Quint (l'édit de Worms en 1521 a déjà été excommunié par Léon X en 1520). En
1531, les Réformés sommés par l’Empereur de se convertir forment la Ligue de
Smalkade et sont sèchement battus à Mühlberg en Saxe en 1547. Henri II,
désireux de récupérer Metz les soutient un temps. La Paix d’Augsbourg en 1555,
signée par Ferdinand Ier calme un temps le conflit. Les deux-tiers de l’Allemagne
sont devenus protestants. Calvin, originaire de Picardie est chassé de France et
s’installe à Genève, nouvelle capitale du Protestantisme. Il développe l’idée de
prédestination et les Pays-Bas s’embrasent bientôt, entraînant l’intervention de
l’Espagne, d’un Philippe II très rigide en matière religieuse. Le « Compromis des
Nobles », signé par la Gouvernante des Pays-Bas, Marguerite de Parme en 1572,
fille illégitime de Charles Quint, pourrait calmer les choses, mais Guillaume
d’Orange dit le Taciturne réunit autour de lui les Dissidents, qui formeront plus
tard la République des Pays-Bas.

La réaction de la contre-Réforme et les Jésuites :

Paul III initie le Concile de Trente dès 1535 afin d’organiser la réaction contre la
Réforme. En même temps, la Compagnie de Jésus, créée en 1539 par Ignace de
Loyola, et reconnue par Paul III en 1541, incarne la lutte contre la Réforme. Les
Habsbourg, en Espagne comme en Autriche, vont également organiser la lutte
contre les Protestants. La bataille de la Montagne Blanche (Bohême), en 1620,
marque le triomphe des Catholiques. Frédéric V, électeur Palatin calviniste,
soutient les dissidents que Ferdinand II de Habsbourg veut chasser. Prague sera
alors purgée des Protestants chassés de la ville pour au moins 300 ans. La
Bohême redevient unilatéralement catholique.

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LES HABSBOURG ET L’ITALIE

Le Saint Empire et l'Italie :

A partir de la création du Saint Empire Romain Germanique, l’Italie sera déchirée
par les velléités de domination de l’Empereur et du Pape. La lutte culmine sous
les règnes de Frédéric Barberousse et d’Alexandre III dans la seconde moitié du
XIIème siècle. Guelfes, partisans du Pape et Gibelins partisans de l’Empereur
s’affrontent, soutenant leur champion et bénéficiant ainsi de libertés communales
plus ou moins grandes. Peu à peu, certaines régions deviennent autonomes
grâce aux dynasties de condottiere ou de financiers qui s’imposent, telle la
Toscane, la Lombardie ou les Duchés de Mantoue ou Ferrare par exemple. Au
XVème siècle, l’Italie s’ouvre à la Renaissance alors que la Papauté, longtemps
affaiblie, retrouve un dynamisme certain. A Naples, les Angevins installés depuis
1260 sont chassés par Alphonse et Ferdinand d’Aragon. En Lombardie, Ludovico
Sforza s’est imposé après que le dernier Visconti mâle soit mort.

Les guerres d'Italie :

René d’Anjou, roi de Naples est chassé de sa capitale italienne et transmet son
domaine à son neveu Charles VIII, bientôt roi de France, faute d’avoir un fils. Il
entre en Italie en 1494, conquiert Naples qui se donne à lui, mais qui revient aux
Aragon dès qu’il a tourné le dos et manque d’être capturé à Fornoue, sur les
terres du Comte de Ferrare. Il parvient néanmoins à rentrer en 1495 en France.
Son successeur, son cousin Louis XII, repart en conquête en 1499, mais il
ambitionne de prendre la Lombardie, du fait de sa grand-mère, une Visconti.
Malgré l’alliance précédente de la France avec Ludovico Sforza, Gènes puis Milan
succombent, Ludovico finira sa vie à Loches. En 1503, les Français sont attaqués
par les Espagnols (Garigliano, Cerignola). Louis XII participe néanmoins à la
Ligue de Cambrai contre Venise avant d’être attaqué par Venise et les membres
de la Sainte Ligue suscitée par le Pape. Malgré le succès de la bataille de
Ravenne en 1511, les Français sont chassés pour la 3ème fois. C’est François Ier,
gendre de Louis XII qui lui succède à sa mort le 1er janvier 1515. Il remporte une
grande victoire à Marignan qui lui permet de signer le Concordat de Bologne avec
le Pape. Pourtant, il est battu à la Bicoca en 1522 et connaît un désastre complet
à Pavie en 1525. Charles Quint et Henri II, son fils, ne signeront le traité de paix
du Cateau-Cambrésis qu’en 1559, mettant fin aux Guerres d’Italie.

De Naples au nord de l'Italie :

Naples et la Sicile sont désormais espagnoles et les Bourbons de Naples,
successeurs de Philippe V Duc d’Anjou, se maintiendront jusqu’à la période
napoléonienne. Marie-Thérèse d’Autriche épouse François-Etienne de Lorraine et
récupère la Lombardie et une partie du Nord de l’Italie. Au XVIIIème siècle les
Habsbourg contrôlent la Lombardie et la Toscane. La période napoléonienne les
repoussera en dehors du pays, mais les Autrichiens y récupéreront la Vénétie. La
réunification de 1860 ne leur laissera qu’une partie de la région des lacs, perdue
après 1918.

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LE XVIIème SIECLE

La guerre de Trente Ans, période bohémienne et palatine :

Le choix de Ferdinand II pour Matthias, qui n’avait pas d’héritier direct, est mal
reçu par la Bohême. La défenestration de Prague de 1618, où des envoyés de
l’Empereur sont jetés par la fenêtre, marque la désapprobation des Réformés. La
victoire de la Montagne Blanche en 1620 marque le triomphe du Catholicisme
dont Ferdinand II se fait le héraut. En même temps, les deux conceptions
politiques du féodalisme et de l’absolutisme s’opposent. Mécontents de leur
nouveau roi, les Tchèques déposent Ferdinand II le 19 août et élisent à sa place
l’électeur palatin (et ardent calviniste) Frédéric V, le 26 août, alors que l’élection
impériale se tient à Francfort le 28 août. Choisir ce grand électeur protestant
revenait à orienter l’Empire vers le Protestantisme. La guerre se décline en
quatre périodes dont la première est dite bohémienne et palatine, de 1618 à
1625. Frédéric V est vaincu un an et 4 jours après le début de son règne : il
reste pour la postérité le « Roi d’un hiver ». Il est mis au ban de l’Empire, ses
territoires sont confisqués et il doit s'exiler en Hollande. Il est plus tard déchu de
son titre d’Électeur au profit de Maximilien de Bavière. Celui-ci reçoit en outre
une partie du Palatinat. 27 leaders protestants sont exécutés à Prague en 1621.
La couronne élective devient héréditaire au profit des Habsbourg.

Conflits territoriaux et remodelage de l'Autriche :

Ferdinand II (1637-1657) bat les Suédois (bataille de Nördlingen en 1634) et
leurs alliés français (dont Turenne et le Grand Condé) et signe les Traités de
Wesphalie et de Munster en 1648, donnant l’Alsace et les Trois Evêchés Toul,
Metz et Verdun à la France. La Suède récupère la Poméranie. A sa mort, Léopold
Ier (1658-1705), fils de son premier mariage avec Marie-Thérèse d’Autriche fille
de Philippe III d’Espagne, lui succède. Mais il n’a que 18 ans et doit faire face à
l’appétit de conquête de la France. Il continue la guerre contre la Suède qui se
termine en 1660. Entre 1663 et 1664, il affronte les Turcs, aidé (seul cas connu)
par les Français. Une trêve (Paix de Vasvàr) de 20 ans est conclue qui provoque
la révolte de la Hongrie dont une partie reste aux Ottomans. Les séditieux seront
plus tard exécutés en 1671. Les Ottomans mettront le siège à nouveau devant
Vienne le 14 juillet 1683. Le Duc Charles V de Lorraine et le Roi de Pologne Jean
III Sobieski défont l’armée du Grand Vizir Kara Mustapha. La Paix de Karlowitz
en 1699 rendra à la Hongrie tous les territoires occupés depuis Soliman le
Magnifique. La Guerre de Hollande contre les Français (1672-1679) fut moins
heureuse mais la France dut rendre son indépendance au Duché de Lorraine et
au Duché de Bar. Léopold, qui était plutôt pacifique de nature, doit s’impliquer
dans la Guerre de Succession d’Espagne. Malgré cela, l’Autriche se reconstruit.

Joseph Ier (1705-1711) :

Bon vivant, excellent musicien, amateur de femmes, Joseph Ier poursuit la
reconstruction de l’Autriche. Marc d’Aviano, prédicateur éclairé et symbole de la
reconquête catholique, s’éteint entre les bras du couple impérial. Il devient
Empereur à la mort de Léopold en 1705 jusqu’à sa propre disparition en 1711. Il
épouse Wilhelmine-Amélie de Brunswick-Lunebourg, mais la syphilis, qu’il
contracte en 1704 et qu'il transmet à son épouse, les prive de descendance
entraînant une crise dynastique avec l’avènement de son frère Charles III.

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BAROQUE ET ROCOCO

Contre-Réforme et Baroque :

L’Autriche est connue pour son architecture baroque et rococo, et ce n’est
évidemment pas un hasard si le centre du Catholicisme militant s’est emparé de
ce style architectural. C’est à Rome que le Baroque naît, émanation de la Contre-
Réforme, et est repris par les Jésuites qui vont multiplier les constructions
d’églises conformes à la nécessité de ramener au sein de l’église romaine
apostolique ceux qui sont tentés de s’en éloigner. Une nef centrale et sans
obstacle, des chapelles engagées dédiées aux Saints, Purgatoire ou autres sujets
délicats, une chaire au milieu des fidèles et non plus un ambon lié au chœur, un
dôme majestueux, plus de vitraux occultant la lumière, une tribune où les orgues
sont indispensables… Autant de moyens pour être efficace dans le message
délivré aux fidèles. Bernini, Borromini incarnent ce nouveau style qui correspond
au triomphe de la Papauté. Bernini insiste sur le décor où marbres et stucs
enrichissent les bâtiments, Borromini privilégie la structure sophistiquée mêlant
courbes sensuelles et droites impérieuses.

Le Baroque autrichien :

Le Baroque, né en Italie, s’impose progressivement en Europe Centrale à la fin
du XVIIème siècle, Allemagne et Autriche connaissant un peu la même évolution.
En Autriche, la grande référence du Baroque fut Johann Bernhard Fischer von
Erlach (1656-1723), dont les réalisations suivent la victoire finale sur les forces
ottomanes menaçant la capitale viennoise. C’est aussi le symbole de la
domination des pays voisins, notamment la Bohême. Il est l’inspirateur du
Château de Schönbrunn, très inspiré par Versailles, et de la spectaculaire église
Saint Charles Borromée, que le peintre Johann Michael Rottmayr a décoré de
fresques. Autre grand architecte symbolisant cette apogée autrichienne, Johann
Lukas von Hildebrandt, qui construit, de 1714 à 1723, pour le prince Eugène, le
Palais du Belvédère. Ces architectes symbolisent l’union de l’esthétique issue de
la Contre-Réforme avec l’absolutisme grandissant de l’Empire. Peu à peu,
l’architecture devient un peu moins monumentale et plus décorative : le Rococo
s’épanouit parfaitement ici.

Le Rococo, une véritable envolée lyrique :

Le décor surpasse progressivement la structure, ce qui engendre dorures et stucs
proliférant parfois de façon étonnante. Le XVIIIème siècle est le grand âge du
Rococo en Autriche, comme on peut le voir à Schönbrunn. A Vienne, la
Bibliothèque Royale commencée par Fisher von Erlach étonne par le caractère
fastueux du décor où boiseries, dorures, marbres précieux se mêlent avec les
sculptures et les fresques. Les abbayes ne sont pas en reste et l’Abbaye
bénédictine de Melk dominant le Danube est commencée par Jakob Prandtauer
dès 1700 et terminée par Josef Munggenast après 40 ans. La Bibliothèque
surprend par son faste, Paul Troger y a représenté une majestueuse Allégorie de
la Foi au-dessus des statues de bois et globes réalisés par Vincenzo Coronelli.
L’église domine par sa haute coupole, peinte par Rottmayr. Les autels et les
tribunes sont l'œuvre du décorateur de théâtre Antonio Beduzzi, qui leur donna
la forme de chapelles.

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CHARLES VI ET MARIE-THERESE D’AUTRICHE :
               LA PRAGMATIQUE SANCTION

L’avènement de Charles VI (1711-1740) :

En 1700, à la mort de Charles II d’Espagne, Léopold revendique l’héritage des
Habsbourg espagnols pour son fils cadet Charles mais est évincé par Philippe Duc
d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, premier des Bourbons d’Espagne. Il garde le
Royaume de Naples et celui de la Sardaigne qu’il échange ensuite contre le
duché de Parme et le Grand-Duché de Toscane, donné à son gendre François-
Etienne de Lorraine en 1738. Léopold, craignant la disparition des Habsbourg
d’Autriche, établit en 1703 « la Disposition Léopoldine » : la succession du
patrimoine habsbourgeois est destinée à son fils aîné, Joseph, qui doit lui
succéder. Dans le cas de la mort de Joseph sans héritier mâle, la couronne
passerait au frère de Joseph, Charles qui devient en 1711 Charles VI
d’Autriche et Charles III de Hongrie et Empereur du Saint Empire Romain
Germanique. La Guerre reprend lors de la Succession de la Pologne mais Charles
VI en devient finalement le Roi.

Un règne belliqueux :

Charles VI va œuvrer pour la paix. Le Traité de Rastatt en 1714 le recentre sur
l’Autriche par son abandon de l’Espagne et de son empire colonial. La Saxe et la
Bavière restent dans l’Empire et il met fin à la révolte hongroise de François II
Ràkoski. Allié des Vénitiens, il contraint les Turcs à signer le Traité de Passarovitz
en 1718, traité qui favorisera les échanges commerciaux avec les Ottomans et
fixe les frontières entre les deux empires et la république de Venise. Les Turcs
reprendront Belgrade un peu plus tard. Le Prince Eugène de Savoie est l’artisan
principal de ce succès. Il entre dans la Quadruple Alliance contre Philippe V
d’Espagne avec la France, La Grande Bretagne et la Hollande. Le Traité de
Vienne en 1725 reconnait définitivement Philippe V. Il combat en Pologne, dont il
deviendra Roi alors que la France soutient Stanislas Leszczyński, détrôné en
1709. Le Traité de Vienne de 1735 donne la Lorraine au beau-père de Louis XV.

La pragmatique sanction :

Son frère Joseph n’avait eu que deux filles, écartées de la succession au profit de
leur oncle Charles. Léopold avait prévu que le trône irait aux filles de Joseph si
Charles n’avait pas de garçon. N'obtenant pas de successeur mâle par son
mariage avec une princesse protestante Élisabeth Christine de Brunswick-
Wolfenbüttel, Charles VI édicte en 1713 la Pragmatique Sanction autorisant ses
filles à lui succéder dans ses domaines patrimoniaux, écartant de fait les
prétentions de ses nièces. Les Électeurs, époux de celles-ci l’acceptent, et les
différentes puissances européennes finissent par donner leur accord. C’est donc
Marie-Thérèse, sa fille aînée, qui lui succède, ayant épousé le Prince Etienne de
Lorraine qui prendra le titre d’Empereur. Grand mélomane, homme fort
scrupuleux, Charles VI meurt d’une indigestion de champignons probablement
vénéneux. La Guerre de Succession d’Autriche éclate alors, mettant en péril les
finances et l’unité de l’Autriche. Voltaire nota : « Ce plat de champignons
changea la destinée de l’Europe. ». Marie-Thérèse et François-Etienne de
Lorraine réussiront à rétablir la situation.

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MOZART ET L’AUTRICHE

Enfance (1756-1773) :

Joannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart est né le 27 janvier 1756 à
Salzbourg qui à l’époque faisait partie de l’Etat de Bavière en qualité de
principauté ecclésiastique. Salzbourg ne devient autrichienne qu’en 1816, et
Mozart naît allemand. Son père, Léopold Mozart, est un violoniste pédagogue qui
a inventé une méthode d’apprentissage de l’instrument. Il est aussi vice-maître
de chapelle de la Cathédrale de Salzbourg. Sur les 7 enfants que lui a donnés
Anna-Maria Petrl, il ne lui reste qu’une sœur aînée, Nannerl. Il a l’oreille absolue,
et, dès trois ans, se révèle un musicien virtuose. Il saura jouer en mesure avant
même de savoir lire ou écrire. Il compose ses premières œuvres dès l’âge de six
ans (des menuets). Entre 1762 et 1766, Léopold et ses deux enfants parcourent
l’Europe en commençant par Munich et Vienne, puis Paris et Londres. De retour
en Autriche, il se rend très fréquemment à Vienne. L'année suivante, le prince-
archevêque le nomme maître de concert. Son père obtient un congé, sans solde,
ce qui lui permet de faire découvrir l'Italie à son fils (Mozart s'y rendra
régulièrement jusqu'en 1773). En 1771, c’est le Prince-archevêque Colloredo qui
s’installe à Salzbourg.

Au service du Prince-Archevêque Colloredo (1773-1781) :

Colloredo tolère mal ses voyages et veut imposer ses goûts musicaux. Il fait
pourtant connaissance à Vienne de Joseph Haydn, son aîné avec lequel il
entretient une grande amitié. A vingt ans, Mozart quitte le Prince-archevêque
Salzbourg qui refuse de laisser partir son père. Il arrive donc à Paris en 1778,
criblé de dettes, accompagné de sa mère, qui meurt le 3 juillet 1778. Revenant à
Salzbourg, il y retrouve son poste en 1779. Il crée Idoménée à Munich et, à son
retour, doit suivre Colloredo à Vienne, où celui-ci le congédie le 8 mai 1771 en le
traitant de « crétin » et de « voyou ». Il s’installe alors comme compositeur
indépendant dans la pension de Madame Weber.

Mozart et Vienne : l'indépendance (1781-1791) :

Joseph II commande un opéra en 1782, « l’Enlèvement au Sérail » dont le livret
est en allemand et enchante l’Empereur. En août, Mozart épouse Constance
Weber, provoquant la colère de son père. Il entre dans la Loge de la Bienfaisance
et en devient maître en 1785. « La Flûte enchantée » en est l’expression.
L’année suivante, il fait la connaissance de Lorenzo da Ponte « poète impérial »
avec lequel il compose « les Noces de Figaro », succès certain, mais vite retiré
car elle indispose la noblesse viennoise. Il part à Prague où son opéra connaît un
grand succès, avant qu’il ne crée "Don Giovanni" le 28 octobre 1787, alors que
son père venait de mourir. Joseph II le nomme alors musicien de la chambre
impériale et royale. Très bien rémunéré, il donne des cours privés et des opéras
qui sont moins bien reçus que ceux de Cimarosa. Léopold II succède à son frère
et lui retire sa protection. Les dettes s’accumulent alors. Dans un petit théâtre
privé de Vienne il donne « la Flûte enchantée » qui remporte un succès
considérable. Mozart meurt le 5 décembre 1791, à l'âge de trente-cinq ans, sans
avoir pu achever ce Requiem qu’un inconnu lui avait commandé peu de temps
auparavant. Il sera terminé à la demande de Constance par un de ses élèves,
Franz Xavier Süssmayer. Il fut enterré dans une fosse commune.

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LES CONSEQUENCES DE LA REVOLUTION FRANCAISE

Le règne de Marie-Thérèse (1740-1780) :

Bien que François III Etienne, son époux, soit élu empereur du Saint Empire
Romain Germanique en 1745, c’est bien Marie-Thérèse, « la Grande » en qualité
de fille de Charles VI qui est aux commandes de l’Empire. Elle deviendra co-
régente avec ses deux fils à la mort de François-Etienne qu’elle aima
tendrement : ils auront ensemble 16 enfants. Frédéric II de Prusse lui ravira la
Silésie et son beau-frère Charles-Emmanuel III de Sardaigne, une partie du
Milanais. Proche des Hanovre de Grande-Bretagne, elle réussit peu à peu à se
rapprocher des monarchies occidentales (la France, la Suède et la Russie), grâce
au Comte de Kaunitz. Ses liens avec la Hongrie se renforcent grâce à la création
d’une garde d’élite et le Comte Batthyàny devient le précepteur du futur Joseph
II. Par leurs mariages, les descendants actuels des maisons souveraines
d'Espagne, de France, du Luxembourg, de Belgique, du Liechtenstein, des Deux-
Siciles, de Parme, de Savoie, de Saxe et de Bragance, ont tous Marie-Thérèse
dans leurs ancêtres directs. Les descendants de Marie-Thérèse se retrouvent
également parmi les membres de plusieurs grandes familles de l'aristocratie
européenne. Sa dernière fille, Marie-Antoinette épousera le petit-fils de Louis XV,
futur Louis XVI, d’où l’implication de l’Autriche à l’heure de la Révolution.

Joseph II (1765-1790) :

Marie-Thérèse, craignant le caractère autoritaire de son fils aîné, garda la co-
régence à l’avènement de Joseph II, qui était écarté des affaires étrangères et de
la politique intérieure. C’est pourtant le premier souverain des Lumières,
impressionné notamment par Voltaire. Pour renforcer les liens avec la France, il
épouse Isabelle de Bourbon-Parme, petite fille de Louis XV et sera inconsolable à
sa mort précoce. Faute d’héritier mâle, il épouse Josépha de Bavière qu’il
déteste. Il voyage beaucoup, rencontre Frédéric II et La Tsarine Catherine II et
participera au dépècement de la Pologne qui agrandit considérablement le
territoire. En même temps, il lance beaucoup de réformes (6000 décrets et
11000 lois en 10 ans), impose l’allemand comme langue nationale dans tout
l’Empire, veut soumettre l’Eglise à l’Etat, crée une administration territoriale, un
mariage civil, un impôt cadastral pour tous… Très mélomane, il est pourtant un
empereur modeste dans son train de vie, exemple parfait du despote éclairé et
meurt sans héritier, totalement incompris.

Léopold II (1790-1792) :

Grand-Duc de Toscane, destiné initialement à la prêtrise, il va réformer avec
bonheur la Toscane, supprimant les corporations, améliorant la fiscalité,
libéralisant la vie politique. Il supprime la torture et la peine de mort. Il tentera
de moderniser l’Autriche tout en renforçant son autorité. Mais les ambitions
agressives de Catherine II de Russie et les débuts de la Révolution le placent
dans une situation difficile. Les appels au secours de sa sœur, mais le désir de ne
pas créer une guerre européenne, lui dicteront une attitude mesurée. S’il avait
vécu plus longtemps, son règne aurait sans doute été très favorable au pays.

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