Culturelle Rentrée - N 55- Journal Zibeline

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Culturelle Rentrée - N 55- Journal Zibeline
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N°55
 - du 12/09/12 au 17/10/12

                                Rentrée
                              Culturelle
Culturelle Rentrée - N 55- Journal Zibeline
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Rentrée
Politique culturelle
L’état en région                                    6, 7
                                                           capitale
                                                           Marseille est sous le feu des projecteurs. Pour l’année
Le beau est-il démocratique ?                        8
Hommage à Akel Akian                                 10    Capitale elle tente de se parer d’atours inusités et par-
Aquò d’Aquí                                          11    tout des murs n’en finissent pas de se construire, autour
Comité Régional de Tourisme, Cavaillon               12
                                                           de trous toujours béants. Mais la nuit, et même le jour,
Les SMACs                                            13
                                                           les rats courent sur les trottoirs défoncés, les balles fusent
Saisons                                                    au cœur des cités, des quartiers entiers, désespérés par
                                                           le chômage et la misère, sombrent dans le trafic, le racket,
Cinéma : Buzine, Institut de l’image, Alhambra   14, 15    la violence.
                                                           Une vision fantasmée de médias avides de sensations ?
Théâtre : La Criée, Le Lenche                        16
                                                           Il suffit d’arpenter les rues de Marseille pour y sentir ce
Le Toursky, Les Bernardines                          18
Le Merlan, La Minoterie                              20    mélange inimitable d’iode et d’ordure, de soleil ébloui
Le Gyptis, Massalia, La Friche                       22    et de nerfs à vif, de sel qui exsude tout à la fois des lar-
Gymnase, Jeu de Paume, GTP                           24    mes et de la mer.
Vitez, ATP Aix, Bois de l’Aune                   26, 27    L’état de notre capitale régionale alarme les travailleurs
Velaux, Rousset                                      28    sociaux et culturels depuis des années. Depuis des années
Aubagne, Simiane                                     30
                                                           ils se battent et voient leurs moyens diminuer, la popu-
Port-de-Bouc, Martigues, Scènes et Cinés         32, 33
Berre, Nîmes, Arles                              35, 34    lation s’appauvrir, et ceux qui ont un peu d’argent fuir
Cavaillon, Avignon                               36, 37    la misère vers une Provence moins tragique. Certes des
Château-Arnoux, Briançon                             38    quartiers préservés attirent aujourd’hui des touristes,
Gap, Draguignan                                      39    mais ils viennent là en pays étranger, amusés par les
Le Revest, Châteauvallon                             40    indigènes qui forcent leur accent, fiers d’une identité
Toulon, La Garde                                     41
                                                           disparue. Faut-il investir dans le tourisme ? Dans la poli-
La Valette, Saint-Maximin, Cannes                    42
Grasse, Sainte-Maxime                                43    ce pour rétablir l’ordre ? Dans la scolarisation maternelle
                                                           pour aider les familles ?
Danse : Pavillon Noir, BNM                          44     La grande métropole appelée de ses vœux par le gouver-
Klap, Ballet d’Europe, Grenade                      45     nement pourrait rééquilibrer le territoire en travaillant à
                                                           une autre échelle. Celle de Marseille Provence 2013, qui
Musique : Ajmi, Silo, Le Moulin                      46
                                                           est à ce titre-là précurseur. Mais il serait absurde que les
Opéras Marseille, Toulon, Avignon                 48, 49
Cité de la Musique, SMCM, Télémaque                  50    communes alentour aient à s’appauvrir pour compenser
GMEM, Musicatreize, Odéon                            51    des décennies successives d’incurie politique. C’est de
Arles, Toulon, Carry                                 52    moyens supplémentaires nationaux dont la ville a be-
                                                           soin. Pour sa sécurité sans doute, mais surtout pour le
Au programme                                               maintien de sa cohésion. Pendant longtemps la relative
                                                           paix sociale reposait sur des associations, des ensei-
Musique                                          54 à 59
Arts de la rue                                    60, 61   gnants et des artistes, qui retroussaient obstinément
Livres                                           62 à 65   leurs manches, et que l’on a privés de moyens financiers
Rencontres                                        66, 67   et humains. Ils attendent à présent un signe clair du
Arts Visuels                                     68 à 75   gouvernement.
Cinéma                                            76, 78   AGNÈS FRESCHEL

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Culturelle Rentrée - N 55- Journal Zibeline
06     POLITIQUE CULTURELLE                      L’ÉTAT EN RÉGION

L’État enfin là ?
Le discours du Président de la République lors du Festival         refusant trois fois la légion d’honneur,                     économie de la culture de créer des emplois, des activités, de
d’Avignon dénote un changement de regard. Ira-t-il jusqu’au        et dénonçant ces dernières années                            porter des industries, qui font que nous pouvons trouver dans
décentrement ?                                                     avec force le «mariage cruel» des                            ce domaine, une des manières d’atteindre nos objectifs
Depuis le 10 juillet 1981, aucun Président de la République        institutions d’État avec des cabinets                        économiques. En termes d’emplois, en termes de rétablisse-
n’était venu en Avignon. «J’ai 5 jours de retard» sourit Fran-     d’intérêt privés.                                            ment de notre commerce extérieur, de notre balance des
çois Hollande. Et trente et un an ! Le symbole n’est pas           Le Président de la République pensait-                       paiements, mais également en termes de redressement.»
anodin, et le président de l’Université d’Avignon en saluait       il à tout cela en citant ces deux hommes ?
d’ailleurs la force et la «joie». Reprenant les mots de Jean       Défendra-t-il une culture à la fois po-                      Le budget et la ligne
Vilar dont on célèbre le centenaire, il rappela la raison d’être   pulaire, affranchie de la finance et libre                   Car en termes de budget général pour la culture, les propos
du théâtre : «Le projet de Vilar est une utopie politique d’édu-   de ses gestes, partout où la création                        sont restés très mesurés : «La ministre de la Culture, le Pre-
cation populaire, de promesse d’émancipation […] Il existe         donne encore des signes de vie ?                             mier ministre, ont malgré des temps difficiles, des contraintes
une mystique de la rencontre entre l’art et le peuple, Monsieur    Soulignant la «vitalité» et la «qualité»                     lourdes, obtenu qu’il n’y ait pas de conséquences en termes
le Président, Madame le Ministre, ne nous quittez plus !» s’ex-    d’Avignon, citant à la fois «le In et le                     d’économies supplémentaires sur le budget de la culture.»
clama-t-il avant que Jacques Théphany, Directeur délégué           Off», il s’agit bien pour lui de «marquer                    Cette absence d’économies supplémentaires annonce claire-
de la Maison Jean Vilar, ne livre quelques morceaux choisis        un engagement» et de «reprendre le                           ment, conformément à son programme, la non-augmentation
de la correspondance de Jean Vilar à son épouse : «Que le          fil» : «Il s’est produit une longue ab-                      du budget du ministère de la Culture (actuellement 0,6% des
monde est beau ma bien-aimée»… Par la grâce de l’art ! On          sence… Venir ici en Avignon, c’était aussi                   dépenses d’État). Mais signifie-t-elle un maintien général du
était au cœur lyrique du propos.                                   dire toute ma reconnaissance à tous                          budget en 2012, ou un alignement sur la baisse générale des
                                                                   ceux qui ont permis dans les moments                         dépenses publiques hors ministères «préservés» (Éducation,
Des parrains divers                                                très difficiles, que la culture soit ce                      Justice, Sécurité) ? Questionné, il fut plus clair : «Le minis-
Puis le Président de la République évoqua les principes qui        qu’elle est en France.»                                      tère de la Culture sera soumis aux mêmes règles que les autres
le guident dans l’action mise en œuvre par la ministre de la       Mais en remerciant Yvon Lambert pour                         ministères. Aussi bien sur l’emploi que sur la dépense. Même
Culture Aurélie Filippetti. Action qu’il place sous le signe de    son «exceptionnelle donation» (voir                          si le spectacle vivant, en tant que priorité du ministère, sera
Vilar et du théâtre populaire, répétant sa «volonté de             www.journalzibeline.fr/exhibitions), il                      considéré.» La nuance est de taille ! Pourtant baisser les 0,6%
démocratisation, de donner aux œuvres de l’esprit le plus large    plaçait également son déplacement dans                       du ministère de la Culture ne rapportera pas grand-chose…
public et d’élever le niveau de l’éducation artistique» ; mais     la cité des papes sous le signe concret                      On est fort loin déjà des 1% que certains gouvernements
aussi, et c’est plus étonnant, il fit un hommage appuyé à          de la «promotion» de la création contem-                     socialistes ont osé appliquer, certes en des époques moins
Jack Ralite, ce qui signe une volonté nette d’affranchir la        poraine. Il alliait ainsi l’hommage à                        dures. Mais n’est-ce justement pas en ces temps difficiles
culture des lois du marché. Alors même que l’influence du          Ralite, ministre du premier gouverne-                        que l’on a le plus besoin de culture ?
Front de gauche pour la culture semble en fort recul dans les      ment Mitterrand, contempteur fréquent                        Malgré cette baisse annoncée, c’est cette volonté de protéger
débats et représentation François Hollande place la culture        des compromis électoraux socialistes                         la culture qui transparaissait du discours du 15 juillet en
sous des augures communistes, sous le signe d’un homme             dans sa cité ouvrière d’Aubervilliers,                       Avignon. Déclaration d’intention qui ne coûte rien, mais a du
qui a inventé et promu une «exception culturelle» pure, la         avec des perspectives plus pragmatiques :                    moins le mérite de la force symbolique. Pour François Hol-
liberté des artistes, la création avant tout. Et la révolte,       il s’agit aujourd’hui de «permettre à une                    lande : «La culture fait partie de notre projet et même la
                                                                                                                                culture donne une force à ce projet.» C’est en ce sens que les
                                                                                                                                orientations qu’il prône pour le ministère l’éloigneront
                                                                                                                                sensiblement du précédent. En choisissant de réserver «une
                                                                                                            © Sarah Maurieres

                                                                                                                                part pour la création et le spectacle vivant», en disant que la
                                                                                                                                culture ce n’est pas «simplement le patrimoine», en insistant
                                                                                                                                sur la nécessité de «l’éducation artistique», en parlant de
                                                                                                                                «solidarité avec tous les milieux» pour que «les cultures
                                                                                                                                viennent aussi des territoires ruraux et des banlieues», en
                                                                                                                                défendant l’ouverture aux autres pays pour faciliter la
                                                                                                                                circulation des artistes, en voulant que ses ministres de
                                                                                                                                l’économie et de la consommation «brandissent» dans les
                                                                                                                                conférences internationales «l’exception culturelle» comme
                                                                                                                                une garantie contre la marchandisation de l’art, François
                                                                                                                                Hollande promet une réelle rupture.
                                                                                                                                Visiblement, le Président de la République ne sait pas encore
                                                                                                                                tout à fait dans quel sens sa politique culturelle ira, mais il
                                                                                                                                veut faire rayonner la culture française à l’étranger (redonner
                                                                                                                                des crédits par le biais des Affaires Étrangères ?), faire de
                                                                                                                                l’Éducation artistique une priorité (par le ministère de
                                                                                                                                l’Éducation ?), se battre sur le terrain légal et fiscal pour
                                                                                                                                préserver les taux de TVA réduits (ministère des Finances ?).
                                                                                                                                Et repenser les droits des auteurs et le statut de l’intermit-
                                                                                                                                tence, en le remettant en cause lorsque les industries
                                                                                                                                culturelles et les chaînes nationales en abusent, mais non
                                                                                                                                lorsqu’il correspond à une réalité professionnelle pour les
                                                                                                                                artistes et les techniciens à l’activité… intermittente.
Culturelle Rentrée - N 55- Journal Zibeline
POLITIQUE CULTURELLE                     07

                                               Ce que l’été nous laisse
                                               La rentrée sonne toujours, en PACA, un rappel bru-                              calculé la dépense culturelle des territoires avec un
                                               tal à la réalité. Un retour à l’ordinaire, ou à ce qu’on                        ratio simple : le budget alloué à chaque région di-
                                               croit tel. Car en matière culturelle l’ordinaire de                             visé par son nombre d’habitants. PACA étant à ce
                                               notre région est très spécifique : l’été nous coûte                             titre mieux loti que d’autres, la DRAC a «rendu» à
Remodeler                                      cher, et nous concerne peu.                                                     l’État 350 000 € en 2011, et devrait en faire au
                                               La région PACA, première région touristique (après                              moins autant cette année. Logique égalitaire ab-
en décentrant ?                                Paris) du premier pays touristique du monde, en-                                surde, qui voudrait que l’on nourrisse autant un
La volonté de protection et de valorisa-       gloutit une part non négligeable de ses budgets                                 homme repu qu’un adolescent mort de faim.
tion est donc énoncée. Mais à budget           culturels dans ses festivals. L’État participe à ce                             C’est ainsi que Marseille Provence 2013, ou le
égal, voire en baisse, des secteurs verront    processus, en finançant les grands festivals inter-                             MuCEM, ou le FRAC, la Friche, le Théâtre Liberté…
immanquablement leurs financements             nationaux par des crédits décentralisés, alors même                             qui devaient être un bien pour un territoire nette-
diminuer : la question des équilibres
                                               que ceux-ci sont peu fréquentés par les gens de la                              ment sous équipé jusque là, accélèrent l’appauvris-
entre des établissements d’État (ou
                                               région, et ne programment aucune compagnie d’ici,                               sement général du tissu culturel existant. Et pas
non) très coûteux, pratiquant la po-
                                               hors quelques prétextes.                                                        seulement parce que l’État réduit de fait pour les fi-
litique du champagne (du temps de
                                               De même la DRAC1 dépense une grande partie de                                   nancer son budget courant, mais parce que ce phé-
François Mitterrand on parlait de caviar,
qui est passé de mode), et les struc-          son budget pour la restauration et l’entretien, très                            nomène se répercute à l’échelon régional,
tures indépendantes qui se nourrissent         coûteux, du patrimoine. Celui-ci, plus qu’excep-                                départemental, communal : tout nouvel équipe-
d’aléas devra se poser. Celle de rééqui-       tionnel, nécessite évidemment qu’on le valorise.                                ment, qui nécessite un budget de fonctionnement,
librage Île de France/Rest of the France       Mais la part qui reste pour le fonctionnement cou-                              atrophie les enveloppes culturelles déjà maigres de
aussi.                                         rant des arts vivants et la création devient la seule                           chaque collectivité… qui reporte sa baisse sur la
Car la nécessaire décentralisation cul-        variable d’ajustement lorsque le budget global                                  seule variable d’ajustement, c’est-à-dire les lieux et
turelle n’est pas du tout évoquée. Le          baisse. Car cette région démographiquement très                                 compagnies indépendants.
Président de la République, en déplace-        importante, et territorialement très complexe, ne
ment en région, l’a éludée, sinon en           peut rogner sur les investissements, ni sur les po-                             Patrimoine, festivals, tourisme
disant qu’il ne voulait pas laisser de         litiques de démocratisation dans des zones rurales,                             Le nouveau ministère saura-t-il voir cet état de
grand œuvre parisien bâti en son nom,          ou en détresse sociale.                                                         fait ? Aurélie Filippetti a tenu cet été des propos
mais plutôt «une grande idée, mobili-          L’appauvrissement très net ces dernières années                                 importants, sur le patrimoine puis sur les festivals.
sant tous les territoires». Allusion que les   des associations culturelles, des compagnies, puis                              En fin juillet à Albi, lors de l’inauguration du Musée
journalistes, pour la plupart Parisiens        des équipements dits «intermédiaires» ou conven-                                Toulouse Lautrec, elle a souligné les liens qui doi-
de passage puisque choisis par l’Élysée,       tionnés, est une conséquence directe de cette ab-                               vent exister entre création et patrimoine, décrivant
n’ont pas saisie, préférant interroger         sence de prise en compte par l’État de la spécificité                           celui-ci comme un «secteur d’avenir». Puis dans un
comme d’habitude sur Hadopi, les               régionale. PACA fait pour la deuxième année l’ob-                               communiqué à la rentrée, elle «s’est réjouie de la vi-
intermittents, voire l’emploi culturel à       jet d’un «mandat de révision» de son budget. En-                                talité des Festivals d’été français et de leur impact
travers l’exemple de… FraLib, sans             tendez que le ministère de la Culture (précédent) a                             économique sur les territoires.» Plus précisément
doute leur seule référence en termes                                                                                            elle déclare : «Les retombées économiques sont
d’emploi culturel régional.                                                                                                     réelles : création d’emplois, consommation induite
                                                                                                          © Didier Plowy/MCC

Les questions essentielles donc, celles                                                                                         dans l’hôtellerie et sa restauration, rentabilité des
qui amèneraient à s’interroger sur la                                                                                           infrastructures locales, retombées publicitaires. Les
nature de la culture qui sera défendue                                                                                          régions et les organisateurs l’ont bien perçu. Les
et promue par l’État, sur la répartition                                                                                        études économiques démontrent que cet impact a
territoriale des forces et des crédits                                                                                          un fort effet de levier, évalué entre 4 à 8 pour 1 €
culturels, voire sur le rapport de plus                                                                                         investi par la collectivité.»
en plus ambigu qu’entretiennent les                                                                                             Dans ces deux discours, la ministre de la Culture
grands festivals, et les grandes institu-                                                                                      souligne les impacts pour l’économie privée (en
tions culturelles, avec les artistes et les                                                                                     particulier le tourisme, voir à ce sujet p. 12) des in-
populations des régions qui les accueil-                                                                                        vestissements publics en matière de culture. Selon
lent, et les financent, ne furent pas                                                                                           elle ils sont bénéfiques pour les territoires… Pour
posées.                                                                                                                         les hôteliers, certes, mais pour les compagnies et
Reste donc à espérer que le ministère                                                                                           lieux non saisonniers victimes des mandats de ré-
continue d’avancer sur ces questions-                                                                                           vision ?
là. Le patrimoine et les musées sont                                                                                            Ainsi, ayant chanté tout l’été et en attendant jan-
clairement dans la ligne de mire. Espé-                                                                                         vier 2013, nous nous préparons à une belle diète
rons que le centralisme français, et les                                                                                        culturelle : c’est que les artistes d’ici n’ont désor-
dépenses somptuaires, ne seront pas                                                                                             mais plus les moyens d’y créer des spectacles ou
épargnés, et que la culture défendue                                                                                            des œuvres… Est-ce là la vie culturelle que nous
par les structures indépendantes et                                                                                             souhaitons, événementielle et déconnectée du réel
«provinciales» pourra sortir la tête de                                                                                         commun ?
l’eau autrement que par… intermit-                                                                                             A.F.
tence forcée !
MARYVONNE COLOMBANI ET AGNÈS FRESCHEL                                                                                          1
                                                                                                                                Direction Régionale de Affaires Culturelles, soit le mi-
                                                                                                                               nistère décentralisé en région
     Monsieur François Hollande
     et Madame Filippetti étaient en
     déplacement à Avignon le 15 juillet
Culturelle Rentrée - N 55- Journal Zibeline
08     POLITIQUE CULTURELLE                   LE BEAU EST-IL DÉMOCRATIQUE ?

       Il y a                                  Le combat                                                                          l’art n’a que faire. (Il faut dire que la

                                                  de l’art,
 des grands duels                                                                                                                 réfutation était facile : pour le coup
                                                                                                                                  Kant n’y comprenait absolument rien,
  dans l’histoire                                                                                                                 et prenait pour exemple de l’art le
                                                                                                                                  chant du rossignol, naturel, ou un
de la philosophie,                                                                                                                poème, pourri, du Roi de Prusse !).
                                                                                                                                  Non, pour Hegel l’art est une mani-

                                               un combat
                                                                                                                                  festation de la vérité, rien que ça !
   et de grands                                                                                                                   C’est-à-dire que toute œuvre d’art dit
                                                                                                                                  ce qu’est le peuple qui la réalisa ou
   vainqueurs !                                                                                                                   en fut contemporain.
                                                                                                                                  En fait la vérité, pour Hegel, c’est le
Platon contre Aristote ou les idées                                                                                               réel, aussi contradictoire que cela

                                           politique
contre la réalité ; Descartes contre                                                                                              semble. Le concept n’est pas une idée,
Spinoza ou l’âme dominante contre le                                                                                              il est gorgé de réel. Le concept d’être
corps source primordiale ; et aussi                                                                                               humain n’est pas une idée abstraite
Kant contre Hegel, ou le combat, tita-                                                                                            produite pas les penseurs, c’est l’hom-
nesque, entre l’idéalisme abstrait et                                                                                             me à toutes les époques dans toutes
la dialectique qui se nourrit de                                                                                                  les situations sociales. Et chaque situa-
l’histoire et du réel.                                                                                                            tion, chaque condition peut produire
Les gagnants sont Platon, Descartes                                                                                               un concept d’homme contradictoire.
et Kant ! Ce qui signe la victoire de                                                                                             Quel rapport avec l’art ? Et bien l’art
l’idéalisme sur ceux qui défendent                                                                                                manifeste la vérité d’une époque : on
l’inscription de la pensée dans l’his-                                                                                            doit analyser l’œuvre d’art non pas à
toire et le social. Mais restons-en à                                                                                             partir de l’émotion universalisable
l’art. Kant a certainement le premier                                                                                             qu’elle procure comme le disait Kant ;
théorisé ce qu’on appelle l’esthétique                                                                                            mais on doit l’analyser en tant qu’elle
par un de ses multiples coups de                                                                                                  dit quelque chose du monde. Et pas
génie abstraits qui caractérisent sa                                                                                              seulement de l’artiste ou du spec-
philosophie : ne connaissant rien à ce                                                                                            tateur qui l’examine. En ce sens une
dont il parle, il va tout de même en                                                                                              œuvre est nulle non pas lorsqu’elle ne
élaborer une théorie superbe et tou-                                                                                              procure aucune émotion, mais quand
jours d’actualité.                                                                                                                elle ne dit rien du monde.
                                                                                                                                  Donc : l’art pour nous toucher, selon
Ton beau est le mien                                                                                                              Hegel, doit être politique.
Comment théoriser le beau, et même
par la suite l’art lorsqu’il se sera dé-                                                                                          Le beau c’est classe !
barrassé du beau ? Il est très difficile                                                                                          Or, fabriqué sauf exception par les
de rationaliser l’émotion esthétique :                                                                                            classes dominantes, l’art a toujours
je trouve ce film génial, tu le trouves                                                                                           du mal, aujourd’hui, à intéresser les
nul : qui a raison ? D’ou la formule                                                                                              classes populaires, qui trouvent sou-
«des goûts et des couleurs on ne                                                                                                  vent leur beau ailleurs. C’est que, comme
discute pas.» Mais le «grand Chinois                                                                                              le dit Marx, toute pensée d’une épo-
de Königsberg» comme le surnom-                                                                                                   que n’est rien d’autre que la pensée
mera Nietzsche, ne voudra pas en                                                                                                  de la classe dominante. L’œuvre d’art
rester là. Il y a quelque chose de fort                                                                                           ne peut pas plus qu’une autre s’abs-
lorsque nous disons «c’est beau»,                                                                                                 traire du déterminisme social, et des
                                           © TonkinProd
formule qu’il convient de distinguer                                                                                              représentations du monde qu’elles
du «ça me plait».                                                                                                                 induisent. Même si depuis Hegel le
Dans ce dernier cas il s’agit d’un juge-   qu’on pourra ne pas être d’accord           autres. Et si on n’est pas d’accord on     réel et ses réalismes ont fait large-
ment portant sur l’agréable, il est        avec elle ? Elle sait très bien qu’il n’y   se dispute, on parle, mais on n’évite      ment irruption dans les représentations,
entièrement subjectif, dépend stricte-     a pas de concept du beau.                   pas la confrontation, avec un simple       même lorsqu’il dévoile le monde,
ment du sujet. Et puis l’expression        Et bien d’après Kant, en parlant ou         «chacun son avis» tel qu’un certain        même s’il a souvent été lié à des com-
porte la marque de la subjectivité         jugeant une œuvre que nous aimons,          post-modernisme individualiste, so-        bats politiques, notre art reste, sinon
avec le «me». Mais quelque chose de        nous estimons que tout humain à             cialement désintégrateur, nous incite      élitiste, du moins celui qu’une élite
différent se produit avec le jugement      notre place devrait trouver ça beau :       à le faire, prétendant par là définir la   fabrique. Il est même, assez clairement,
similaire qui porte sur le beau : on dit   «lorsqu’il dit qu’une chose est belle, il   démocratie.                                un marqueur de classe : dis-moi ce
«c’est beau» et non pas «c’est beau        attribue aux autres la même satis-                                                     que tu trouves beau, et je te dirai
pour moi». Certes. Il n’en faut pas        faction ; il ne juge pas seulement pour     Le beau est vrai                           d’où tu viens…
plus à Kant pour remarquer qu’il y a       lui, mais pour autrui.» Critique du         Kant élabore donc une théorie des          RÉGIS VLACHOS
dans ce jugement une prétention à          jugement, §7.                               sentiments qui prend prétexte de l’art,
être objectif : on dit «c’est beau»        Car le jugement de goût, lorsqu’il          et plus précisément du beau. Plus
comme on dirait «c’est blanc» ou           porte sur l’art, est le jugement de la      moderne sera Hegel qui se fera fort
«c’est noir». Qu’est-ce qui peut jus-      vraie liberté humaine : celle où cha-       de contredire Kant sur chacune de ses
tifier cette prétention puisque la         cun décide par soi-même en espérant         idées. Pour commencer Hegel se
personne qui le formule sait très bien     trouver un point d’accord avec les          débarrasse du beau dont, selon lui,
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10     POLITIQUE CULTURELLE                      HOMMAGE À AKEL AKIAN | AQUÒ D’AQUÍ
                                                                                                                                                             © Frédérique Fuzibet

Une belle
 traversée
Akel Akian nous a quittés le 24 janvier.
Sa disparition a plongé ses proches
et le monde du spectacle dans une profonde
tristesse. Retour sur la carrière étonnante
d’un humaniste poète
Il était né par un soir de grande tempête, peut-être      subventions sont renouvelées ; cependant nous de-          Jean-Pierre Raffaelli, professeur au Conservatoire,
en 1952, dans une famille de pêcheurs reconvertie         vons assurer 20% d’autofinancement, en faisant de          comédien et metteur en scène, a rencontré Akel il
en agriculteurs. Il parlait le tarifit, la langue des     la formation ou en louant le lieu, par exemple.»           y a plus de 30 ans. Souvenir :
Rifains et n’apprit l’arabe qu’à l’école. À vingt ans                                                                Akel était un poète de la vie et de sa vie. Quelque
il arrive à Lyon, travaille dans une usine textile et     Questions de jeu...                                        chose le traversait qui venait à la fois de sa nature
perfectionne son français. Et il est plongé dans un       Ainsi Frédérique va garder le cap. Notamment avec          et de sa culture. Ce n’était pas un intello mais un
monde nouveau qui va du syndicalisme à l’écriture         le projet d’Akel sur la thématique du foot, défendu        homme de l’oralité.
de Kateb Yacine, monté par Marcel Maréchal.               dans le cadre de MP 2013. Projet rassembleur de            Sa direction d’acteurs n’était pas conforme à ce qui
Comme lui, il quitte Lyon et arrive à Marseille à la      dimension européenne qui concerne trois villes por-        se fait communément en Europe. Il prenait en
fin des années 70, mais s’oriente vers les quartiers      tuaires : Marseille avec le Théâtre de la mer,             compte la personne dans son intégralité, faisait
nord, intervient au Centre social de Frais Vallon, et     Amsterdam et le MC et Casablanca et le Dabatheatr.         appel à ce que chacun a en lui et partait du
fonde en 1980 le Théâtre de la mer avec Frédé-            Projet original qui s’articule sur les analogies de        principe que tout le monde peut jouer. Parfois il se
rique Fuzibet, son épouse et collaboratrice. En 82        vocabulaire. Ne joue-t-on pas autant au théâtre            trompait, doutait aussi beaucoup ! Mais il voulait
l’équipe s’installe à la Busserine. C’est le début de     qu’au foot sur un espace appelé «plateau» ou «ter-         «capturer le vivant». Il venait souvent au
30 années de travail de terrain, de dialogue per-         rain» ? Depuis 2008, les trois «équipes» sont au           Conservatoire faire travailler les élèves. Je me
manent avec les jeunes et les habitants du quartier.      travail et se retrouveront à Marseille cet automne,        souviens qu’il leur a appris à dire l’arabe pour les
D’interventions scolaires dont les professeurs gar-       si les crédits arrivent.                                   textes de Mahmoud Darwich.
dent des souvenirs émus. Car Akel sait écouter et         Un autre axe de son activité concerne la coopé-
recueillir la parole de ceux qu’il croise, elle devient   ration avec le Maroc et le festival d’Alhoceima,           Luce Hedroug était professeur de français en Zone
la matière de ses spectacles sans que jamais il           entre Tanger et la frontière algérienne. Financé par       d’Éducation Prioritaire au collège de Berre l’Étang.
semble là pour les voler, comme Baisers d’hiron-          Culture France, le Théâtre de la mer a monté avec          Akel est intervenu dans son atelier théâtre de 90 à
delles qui a recueilli les paroles des mères, et tant     des comédiens marocains Dans la maison d’Isabel,           96 :
de spectacles sur les adolescents. Ou sur des textes      une pièce sur les flux migratoires, joué plusieurs         C’était un visionnaire ! Il était très à l’écoute des
d’auteur : qu’il monte Shakespeare, Demarcy, Ho-          fois en Espagne et au Maroc, en rifain. Les répé-          élèves, très patient, mais il les forçait à se dépasser
rovitz ou Yacine, c’est ce qui relie les hommes qui       titions d’un nouveau spectacle sont en cours et            et permettait à chacun de trouver sa voie. Dans
l’intéresse.                                              c’est Frédérique Fuzibet qui en assure le suivi et la      cette ville où 30% des habitants sont émigrés, il
En juin 2008 une banale petite annonce provoque           réalisation.                                               leur donnait la parole. Le Forum des Jeunes et de
un déclic : un entrepôt se loue rue de la Joliette.       Ainsi le travail d’Akel se poursuit, et sa voix ne nous    la Culture y mettait les moyens et les élèves étaient
Les collectivités territoriales sont d’accord pour        quitte pas.                                                heureux.
financer les travaux. Moins de 3 ans plus tard, en        CHRIS BOURGUE
novembre 2011, se tenait une conférence de presse                                                                    Cyril Brunet, chef de projet pour MP 2013,
pour faire découvrir ce nouveau lieu baptisé L’R de                                                                  appréciait son amour de la poésie et son travail
la mer. Malade depuis un an et très affaibli, Akel          À venir                                                  dans les quartiers, notamment à Frais-Vallon où ils
assure cette inauguration avec courage. Mais quel-          Bouli puissance 3, d’après Fabrice Melquiot              s’étaient rencontrés. Aussi l’a-t-il présenté à
ques mois plus tard, la maladie l’emporte. Akel             2 oct à 14h30 et 20h30, Espace culturel Busserine        Bernard Latarget. Entre eux l’entente fut
n’aura pas le temps d’investir le lieu.                     4 oct à 14h30 et 19h, Comoedia d’Aubagne                 immédiate :
C’est Frédérique qui reprend le gouvernail. Depuis          deuxième quinzaine de novembre à l’R de la mer           Je cherchais des acteurs du territoire qui rendent
quelques années elle met en scène après avoir               ateliers de pratique théâtrale à partir du 1er octobre   possible un vrai dialogue entre les deux rives, et
assuré la scénographie et les costumes. Elle veut                                                                    pratiquent la participation citoyenne. Akel Akian
aujourd’hui faire aboutir les travaux amorcés par           L’R de la mer                                            avait accompli un travail exemplaire, d’une qualité
Akel. «La situation financière est saine. Actuelle-         04 91 02 50 97                                           artistique très forte, et avait un sens rare de la
ment nous pouvons payer toutes nos charges. Les             www.letheatredelamer.fr                                  fraternité.
Aquò d’Aquí
En ligne depuis le 12 mai, le site web Aquò          La difficulté en Provence étant que «la dispa-
d’Aquí1 informe les internautes en occitan.          rition des derniers locuteurs naturels laisse une
Porté par l’association éponyme2 qui édite un        situation inédite : l’écrasante majorité a appris
journal papier depuis 1987, et dont le but est       la langue à l’école. Le défi réel est qu’elle soit
de participer au débat sur le développement          socialisée, et non utilisée de manière norma-
régional en y incluant la langue, c’est un projet    tive.» Glissement de statut intéressant, puisque
destiné à vivifier le rapport du public à la         «entre l’édit de Villers Cotterêts (1539 : seul le
culture occitane. Michel Neumuller, qui en est       français doit être utilisé dans les actes admi-
le maître d’œuvre, considère le site comme un        nistratifs) et Frédéric Mistral, l’occitan devient
outil pour ceux qui veulent apprendre l’occitan,     la langue du peuple car elle est interdite d’intel-
ceux qui ne sont pas assez à l’aise pour             ligentsia, et ne sert plus à grimper l’échelle
l’employer en public, ceux qui l’ont perdu faute     sociale» ! On aboutit donc aujourd’hui au
de pratique, ceux qui veulent le retrouver.          paradoxe d’un langage relégué (même si «sa
Lui-même l’a découvert enfant auprès du              littérature garde de belles perles : Bellaud de la
cantonnier et du berger de sa commune, une           Bellaudière, Brueys, ou le fantastique et fantas-
cité ouvrière peuplée d’immigrés nichés autour       que Joan de Chabannes») au purgatoire
d’une usine chimique, loin du cliché provençal.      populaire, qui ne se transmet que dans le cadre
Il sait d’expérience que l’on s’ap-                                 de notre École Républicaine, et qui
proprie un langage lorsque                                                    n’est quasiment plus parlé
certaines barrières psycho-                                                          dans nos rues.
logiques sont levées :                                                                   Pour lutter contre cet
«Si on ne s’estime pas                                                                      état de fait, Michel
assez bon ou trop                                                                             Neumuller forme
ringard, on n’ose                                                                               quant à lui des
pas s’exprimer.»                                                                                 occitanophones
Voilà un homme                                                                                    confirmés aux
qui n’emploie-                                                                                     techniques du
ra pas le mot                                                                                      journalisme,
«identité» à la                                                                                     et espère cou-
légère : «Le                                                                                       vrir des zones
terme a été                                                                                        plus étendues
récupéré par                                                                                      de la région,
l’extrême droite,                                                                                d‘Arles à Nice,
on hésite à en                                                                                  peut-être Gap.
faire usage. Pour-                                                                             «Nous avons les
tant, la langue est                                                                          attendus de tous les
un marqueur culturel :                                                                .R. journaux du monde en
                                                                                  X -D
notre vision du monde en                                                        ©      ce qui concerne l’analyse
                                                                          uller
est colorée. Nous voudrions                                            eum      de l’actualité, avec en plus
                                                                 h elN
donner la possibilité à un maxi-                              Mic       une responsabilité vis-à-vis de la
mum de gens de lire l’occitan et de le parler.»          qualité de la langue.» Il porte une attention
Il prévoit à terme de proposer en regard de          particulière aux rubriques culture et enseigne-
chaque article une version audio qui permet-         ment : «La musique occitane a besoin d’une
trait d’écouter la prononciation, le phrasé, et a    visibilité spécialisée, je réponds à une forte
déjà mis en place un outil renvoyant pour            demande dans ce secteur. Quant à la pédagogie,
chaque expression plus ardue sur un lexique :        l’article le plus lu cet été portait sur les élèves
il suffit de passer la souris sur les mots en        d’origine maghrébine, qui réussissent souvent
rouge et de cliquer lorsqu’un point d’interro-       bien en cours d’occitan.»
gation apparaît. «On essaie d’inclure tout le        Olive sur la fougasse : Aquò d’Aquí tient avec
monde. Il y a deux façons d’écrire l’occitan, la     soin un agenda des manifestations occitanes.
classique, et la mistralienne : on équilibre,        GAËLLE CLOAREC
chaque rédacteur amène sa graphie.» Aquò
d’Aquí diffuse d’ores et déjà une lettre d’infor-         1 «Ce qui est d’ici»
mation à plus de 700 abonnés, et il est                   2 Présidée par Philippe Langevin,
consulté jusqu’en Espagne : «Après 1600, le               Maître de Conférence à l’Université d’Aix-
catalan a évolué avec l’espagnol, pendant que             Marseille
l’occitan évoluait avec le français, mais les deux
sont proches cousins, et à l’écrit, on se                 www.aquodaqui.info/
comprend sans peine.»
12     POLITIQUE CULTURELLE                    CRT | CAVAILLON

Bilan de la saison
touristique : à qui le pompon ?
C’est bien connu : le malheur des uns      bonne année, «et je crois qu’elle sera      trop tirer vers le bas.» Le bas : le                               est-il plus intéressant. Malgré les
profite à d’autres. En Arctique, par       moins bonne que 2013» se réjouit            moins connu, le moins rentable en                                  nuisances dues aux travaux et son
exemple, la fonte de la banquise           Michel Fuillet, président de l’Agence       somme ? Ou les fêtes de village qui se                             image de Chicago méditerranéenne,
facilite le transport aux mastodontes      de Développement Touristique du             prennent pour des festivals ?                                      elle réussit en restant elle-même
du vrac, sans même parler des stocks       Vaucluse.                                                                                                      (parfois dans la caricature et toujours
d’énergie fossile qui dormaient sous       2013, 2013... ? Ah, oui, 2013, mo-          Pour qui la Culture ?                                              en laissant tomber les quartiers nord)
la glace et deviennent accessibles. En     ment où la culture sera à l’honneur         Ces acteurs du tourisme, donc (qui                                 à drainer de plus en plus de touris-
matière de tourisme, les aléas du          sur notre territoire ! Parce qu’ils le      comme Alain Gumiel, maire de Val-                                  tes… Car à Marseille on commence à
climat ont jusqu’ici favorisé la région    reconnaissent tous, les acteurs du          lauris, ou Pierre Meffre, maire de                                 croire à l’investissement culturel et à
PACA : un «capital soleil» quasi garanti   tourisme en PACA, la «destination           Vaison-la-Romaine, sont souvent aussi                              la variété des propositions estivales
assoit sa réputation à l’international.    sèche» (entendez : le bien commun,          des élus), dénoncent avec force l’éco-                             populaires (cinéma en plein air, ba-
Ces deux dernières années, un coup         gratuit, du sea sex and sun) ne suffit      nomie souterraine encouragée par la                                teau à trois euros, manifestations
de chance supplémentaire a même            plus à drainer les foules. Pour Jean-       crise et facilitée par Internet, les                               gratuites au Théâtre Silvain et sur la
évité aux feux de forêt de ternir son      Pierre Serra (président de l’Agence         locations sauvages au détriment des                                place Bargemon, festival Jazz des
image de marque, la pluie arrivant         de Développement Var Tourisme), «la         hébergements professionnels, et se                                 Cinq Continents), sans compter une
souvent au bon moment pour éteindre        Provence est une marque porteuse,           plaignent volontiers du manque à                                   flopée de manifestations indépen-
les départs d’incendie inopportuns.        riche de sites exceptionnels que le         gagner des collectivités en matière                                dantes qui ne cherchent pas à faire
Résultat : quand les autres régions        monde entier nous envie. Mais ce ne         de taxe de séjour. Mais seraient-ils                               venir les étrangers, mais à offrir aussi
françaises sont à la peine pour cause      sont que des décors.» Et dame ! Ce          prêts, dans un même élan citoyen, à                                fête et culture aux Marseillais.
d’humidité rédhibitoire, d’élections       sont bien les festivals, les musées, la     mettre la main à la poche si le gou-                               Vu l’énormité des intérêts en jeu dans
présidentielles et de contexte écono-      vie du patrimoine, les «offres de valeur    vernement levait une taxe culture,                                 ce carrousel complexe, on aimerait
mique difficile, la nôtre caracole,        ajoutée» qui penchent dans la balan-        comme le ministère de la Culture le                                bien savoir qui du secteur privé, des
avec une saison touristique «parmi         ce et qui ramènent les pépettes. Les        laissait entendre récemment ? Auré-                                collectivités ou du monde de la cultu-
les meilleures depuis dix ans».            professionnels du tourisme admettent        lie Filippetti se réjouit dans un                                  re va réussir à attraper le pompon, et
Si les Italiens en plein marasme fi-       en toute candeur que les dépenses           communiqué officiel du succès des                                  surtout qui aura l’intelligence de le
nancier se font moins nombreux, on         publiques pour la culture profitent au      Festivals en France, mais ne nomme                                 partager avec les citoyens, qui
célèbre le retour des Américains, celui    secteur privé du tourisme ! Jean-Pierre     dans la région PACA qu’Aix et Avi-                                 financent les investissements.
des Allemands, l’arrivée des Russes,       Serra est même prêt à rationaliser la       gnon (le «in») qui concernent peu,                                 GAËLLE CLOAREC
la fidélité des Belges. Les séjours ont    programmation en fonction de son            surtout Aix, la vie artistique et
raccourci, certes. Les touristes dé-       impact économique : «Les petits pro-        citoyenne du territoire.
pensent moins par tête de pipe, soit.      jets ont tendance à se cannibaliser les     Peut-être la façon dont Marseille                                      Le Comité Régional de Tourisme
Mais enfin l’hôtellerie de luxe,           uns les autres, il faudrait se concentrer   négocie son virage, en rattrapant son                                  présentait son bilan estival
l’oenotourisme et les activités vertes     sur le moyen/haut de gamme qui              retard et en se tournant vers l’avenir                                 à la presse le 30 août
sont en plein boom. 2012 est une           correspond à notre clientèle, et ne pas     sans lorgner vers le tourisme de luxe,                                 à la Maison de la Région

Disparaissez les pauvres !
Les préjugés sont tenaces, et la lutte contre la          national, présenteront les 21 et 22 sept le résultat    ment le logement des participants qui inquiétait
stigmatisation un combat infini. La Ville de              d’une année d’ateliers créatifs et culturels. Danse,    Cavaillon, ont «évidemment été réglées en amont»,
Cavaillon a refusé d’accueillir la première édition       expositions, théâtre, œuvre collective et grand         selon Jean-Michel Gremillet, «comment n’y aurions-
de C’est pas du luxe !, un festival culturel dont les     concert (HK & les Saltimbanks et la Chanson du          nous pas pensé ? C’est insultant à notre égard».
principaux acteurs sont des personnes en situation        dimanche le 21 à 20h30) seront visibles sous trois      Quant à la «chasse aux pauvres» contre laquelle se
de précarité, sous prétexte que «s’associer l’image       chapiteaux. Les questions d’ordre pratique, notam-      bat la Fondation depuis 20 ans, les organisateurs
de pauvreté véhiculée par la Fonda-                                                                                             rappellent les paroles de son fonda-
                                                                                                                                © Delphine Michelangeli

tion Abbé Pierre n’était pas possible                                                                                           teur : «Il ne faut pas faire la guerre
pour la municipalité». Le vote FN,                                                                                              aux pauvres mais à la pauvreté.» Ce
massif à Cavaillon, rendrait-il la mu-                                                                                          qu’ils s’emploient à faire, car l’art et
nicipalité, qu’on ne peut soupçonner                                                                                            la culture appartiennent à tous, même
d’ostracisme, plus frileuse qu’elle ne                                                                                          aux précaires ! Le Forum Sortir de
voudrait ? La Scène nationale de                                                                                                l’expérimentation, en ouverture du
Cavaillon, la Fondation Abbé Pierre                                                                                             festival le 20 sept au théâtre de
et l’association d’insertion le Village,                                                                                        Cavaillon, permettra d’en débattre.
organisatrices de l’événement, ont                                                                                                                        DELPHINE MICHELANGELI
ainsi dû émigrer au Thor. Accueillis
spontanément par le maire, Jacques                                                                                                                        Festival C’est pas du luxe ! au Thor
Olivier, qui inscrit l’événement dans                                                                                                                     Les 21 et 22 septembre
sa politique volontariste d’accès au                                                                                                                      www.theatredecavaillon.com
logement, 300 participants fréquen-
tant des accueils de jour ou des
Pensions de famille sur le territoire
LES SMACS                  POLITIQUE CULTURELLE 13

                                             Réseau
                                             musical
                                             à résonance
                                                                                                                                     Et ici ?
                                                                                                                                     Au total, la région PACA regroupe
                                                                                                                                     plus de 100 SMACs et compte plus de
                                                                                                                                     200 festivals de musiques actuelles
                                                                                                                                     par an. Les Bouches-du-Rhône repré-

                                             nationale
                                                                                                                                     sentent presque la moitié des
                                                                                                                                     structures de diffusion (46%), mais
                                                                                                                                     les six départements de la région
                                                                                                                                     comptent au moins une scène de mu-
                                                                                                                                     siques actuelles. «Notre région
                                                                                                                                     possède une belle dynamique, très
                                             Scène de musiques actuelles…                                                            riche» souligne Gilles Pagès, «de plus,
                                             Voilà une appellation que l’on retrouve souvent                                         on constate une réelle poussée créa-
Popa Chubby aux Passagers du Zinc © X-D.R.
                                                                                                                                     trice des 18/25 ans».
Les SMACs sont avant tout des salles         à côté du nom des salles de concert.                                                    Au cours du mois d’octobre, les SMACs
de spectacle. Des structures de                                                                                                      vous donnent rendez vous au Moulin
diffusion et de programmation, sub-
                                             Mais qu’est-ce au juste ?                                                               (à Marseille) le 12 oct pour acclamer
ventionnées par la DRAC (Direction                                                                                                   IAM et We Luv NY (projet sonore
Régionale des Affaires Culturelles) et       renouvellement), soit conventionnées       «On constate une stagnation, voir une        d’Akhenaton et Faf La Rage), et le 13
le Conseil Régional, qui mènent des          pour trois ans. «À la base, obtenir le     baisse des subventions accordées par         pour écouter sur scène le trio Nasser
actions culturelles en lien avec les         label SMAC résidait essentiellement en     le ministère pour les musiques actuel-       et leurs amis… Du côté de la cité
musiques actuelles, du concert au            trois points» explique Gilles Pagès,       les» ajoute-t-il. «Un projet qui va          arlésienne, le Cargo de Nuit (Arles)
festival en passant par la formation,        responsable du Pôle régional musi-         générer des retombées économiques a          accueillera le 12 oct la soul-funk des
le soutien à la création ou l’encadre-       ques actuelles PACA : «avoir un projet     plus de chances d’obtenir des subven-        australiens d’Electric Empire avant
ment des pratiques musicales.                culturel fortement identifié, un lieu et   tions». Selon lui, les limites du            de fondre sous la chaleur du hip-hop
Le réseau national des SMACs est créé        une équipe». Aujourd’hui, la situation     financement sectoriel sont atteintes.        soul des danois Dafuniks. Plus au
en 1998 par le ministère de la Culture       est différente.                            «Actuellement, la majorité des opérateurs    nord, Les Passagers du Zinc, une des
pour reconnaître l’importance des                                                       culturels ont recours au financement         SMAC d’Avignon, recevra entre autres
musiques actuelles et promouvoir le                                                     transversal pour mener à bien leur           le 15 oct un grand nom du blues
développement «des lieux musicaux                                                       projet, l’époque où les SMACs étaient        actuel, Popa Chubby, avant de s’en-
de petite et moyenne capacité qui            Quelques SMACs                             financées à 90% est terminée». Le            flammer sur les textes et le son des
jouent un rôle fondamental en terme
de diffusion et d’action culturelle de
                                             de la région                               réseau SMAC est un des premiers
                                                                                        touché par les difficultés économi-
                                                                                                                                     insoumis (d’origine sétoise) de
                                                                                                                                     Zoufris Maracas.
«défrichage artistique» et d’accueil
des publics».
                                             PACA…                                      ques actuelles, même s’il reste un
                                                                                        acteur majeur de la diffusion des mu-
                                                                                                                                     KEVIN DERVEAUX

L’objectif est aussi de «stabiliser le                                                  siques actuelles et de la création              Retrouvez tout l’agenda musical en p.58
                                             Dans les Bouches-du-Rhône :
fonctionnement» de lieux pas toujours        ☛ L’Affranchi (Marseille)                  locale.
très en règle avec les déclarations          www.l-affranchi.com
salariales des artistes et des droits
                                             ☛ L’Espace Julien (Marseille)
d’auteur… et de favoriser l’émer-
                                             www.espace-julien.com
gence locale en lui accordant une
                                             ☛ Le Cri du Port (Marseille)
place importante dans les program-
                                             www.criduport.fr
mations ou en l’aidant à intégrer les
réseaux de la musique profession-            ☛ L’Usine (Istres)
nelle. Les SMACs doivent également           www.scenesetcines.fr
soutenir les pratiques amateurs en           ☛ Le Cargo de Nuit (Arles)
mettant à disposition des locaux de          www.cargodenuit.com
répétition et du matériel.
De plus, ce réseau national tente            Dans les Alpes-Maritimes :
d’élargir le public des musiques             ☛ MJC Ricaud (Cannes)
actuelles en travaillant avec des orga-      www.mjcricaud.fr
nismes d’insertion ou de quartier. Ces
salles sont souvent partenaires d’ac-        Dans le Var :
teurs sociaux et forment les jeunes          ☛ Tandem (Toulon)
aux métiers du spectacle. Pour devenir       www.tandem83.com
SMAC et bénéficier des subventions,
un opérateur culturel doit avoir un          Dans le Vaucluse :
projet qui va dans ce sens.                  ☛ Les Passagers du Zinc (Avignon)
Comme dans les autres domaines, les          www.passagersduzinc.com
SMACs sont soit subventionnées au            ☛ L’Ajmi (Avignon)
projet (sur un an, sans garantie de          www.jazzalajmi.com
14        SAISONS                CINÉMA

Du rififi à la Buzine                                                                                                                      L’histoire
Que se passe-t-il au Château de ma
                                                                                                                                           du voisin
                                                                                                                                           1962 : l’Algérie accède à l’Indépen-
mère ? Les dissensions entre Daniel
Armogathe, directeur de la cinéma-                                                                                                         dance au terme d’un conflit dont les
thèque, et Serge Necker, qui s’était vu                                                                                                    archives officielles ne sont encore que
confier la direction du Château de la                                                                                                      partiellement disponibles. Cinquante
Buzine, étaient palpables dès l’ouver-                                                                                                     ans de recul, c’est -tout de même !-
ture du lieu, opérée en grande pompe                                                                                                       assez pour revenir sur cette période
en présence de monsieur le Ministre                                                                                                        complexe de manière équitable, c’est
et de monsieur le Sénateur Maire (voir                                                                                                     en tous cas une date «anniversaire»
Zib 46). Mais voilà que ce 30 août Serge                                                                                                   que le cycle Mémoires méditer-
Necker s’est vu signifier son licen-                                                                                                       ranéennes ne laissera pas passer.
ciement par Daniel Armogathe, alors                                                                                                        Présenté par le département Civilisa-
qu’un mois auparavant il exposait ses                                                                                                      tion de la Bibliothèque de l’Alcazar, en
projets pour 2013… Apparemment, il                                                                                                         partenariat avec la Cinémathèque de
ne sera pas le seul de l’équipe à partir.                                                                                                  Marseille, sa programmation 2012 couvre
Ioanna Manzanares, en charge de la                                                                                                         et commente la décolonisation de ma-
programmation, ne reprendra pas ses                                                                                                        nière nuancée : l’histoire des harkis,
fonctions à l’issue de ses congés, fin                                                                                                     celle des pieds noirs, la propagande
septembre. Difficile pour l’heure de                                                                                                       civile et militaire y seront contextuali-
savoir ce qu’il s’est passé. Et d’autant                                                                                                   sées. Les œuvres retenues sont extraites
plus difficile d’annoncer une program-                                                                                                     du fonds d’archives audiovisuelles
mation…                                                                                                                                    Cinémémoire, qui valorise principale-
Le Château de la Buzine, très beau lieu                                                                                                    ment les films d’amateurs.
                                                                                                                                           G.C.
mais éloigné de tout, est-il un bon choix
pour une Maison du cinéma à la pro-
grammation régulière ? La Délégation                                                                                                              Mémoires méditerranéennes : Algérie
de Service Public, recette habituelle         Chateau de la Buzine © Ange Lorente                                                                 Chaque premier mardi du mois
des lieux que l’on construit sans pou-        peine à trouver son public, le Silo qui        cultiver l’art de s’équiper à grands frais,          à18h30, à l’auditorium de l’Alcazar.
voir en financer le fonctionnement,           programme plus qu’hasardeusement               puis de laisser le fonctionnement à                  Entrée libre dans la limite des places
n’est-il pas, déjà, un aveu d’impuissance ?   (voir p.51), et la Buzine qui accumule         vau-l’eau…                                           disponibles
Entre le Mémorial de la Marseillaise qui      les flops la Ville de Marseille semble         AGNÈS FRESCHEL
                                                                                                                                                  04 91 62 46 30
                                                                                                                                                  cinememoire.net

Cinécycles
Inaugurée en 1989 lors de la réouverture de la Manu-            ses cycles, met en place des ateliers, et accueille les     Cabret. À noter la projection de La dernière tentation
facture des Allumettes à Aix-en-Provence (transformée           étudiants en cinéma de l’Université d’Aix-Marseille         du Christ, «occasion de revoir ce film de manière
en grand centre culturel et abritant la bibliothèque            lors de cours ouverts aux auditeurs libres. «Depuis 2       apaisée» (on se souvient des pulsions incendiaires
Méjanes), la salle de l’Institut de l’Image est «née de         ou 3 ans, notre public augmente de 20% chaque an-           soulevée lors de sa sortie dans cette même ville).
la volonté d’ajouter le cinéma au livre». Ainsi s’exprime       née, alors que la programmation est de plus en plus         S’ensuivront un cycle de 5 films de John Cassave-
Sabine Putorti, sa directrice. «Nous avons voulu                exigeante.»                                                 tes, dans une version restaurée, et une série de
consacrer un lieu au patrimoine cinématographique,              La rentrée commence sur les chapeaux de roues,              documentaires réalisés par Werner Herzog. À ne
pour que la population puisse se forger une culture de          avec une rétrospective Martin Scorsese, de son 1er          pas manquer : Grizzly Man, portrait d’un personnage
l’image.» Depuis 20 ans, c’est mission accomplie :              opus réalisé alors qu‘il n’était âgé que de 23 ans -        aussi démesuré que le réalisateur, auto-destructeur
l’Institut invite critiques, cinéastes, écrivains à animer      Who’s that knocking at my door-, au tout récent Hugo        en diable, et qui finit dévoré par les ours.
                                                                                                                            Plus avant dans la saison, du cinéma animé pour le
Taxi driver de Martin Scorsese
                                                                                                                            jeune public, Les enfants du Paradis de Marcel Carné,
                                                                                                                            quelques comédies de Frank Capra, et un hom-
                                                                                                                            mage à Raoul Ruiz -réalisateur littéraire s’il en est- à
                                                                                                                            l’occasion de la Fête du Livre. Le mois de décembre
                                                                                                                            sera l’occasion comme chaque année d’accueillir le
                                                                                                                            Festival Tous Courts, avant d’attaquer 2013 en
                                                                                                                            compagnie d’Agnès Varda, et peut-être un cycle
                                                                                                                            consacré au cinéma grec.
                                                                                                                            GAËLLE CLOAREC

                                                                                                                                 À venir
                                                                                                                                 Cycle Martin Scorsese
                                                                                                                                 Du 12 sept au 2 oct

                                                                                                                                 5 films de John Cassavetes
                                                                                                                                 Du 10 au 23 octobre

                                                                                                                                 Institut de l’image
                                                                                                                                 Cité du Livre, Aix
                                                                                                                                 04 42 26 81 82
                                                                                                                                 www.institut-image.org
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