CurieXplore Fiche Suède - généré le 22 janvier 2021
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
CurieXplore Fiche Suède généré le 22 janvier 2021 Politique d'enseignement supérieur, de recherche et d'innovation Orientation stratégique Le processus de l’élaboration des politiques nationales suit un schéma général quel qu’en soit le domaine. Le processus débute soit par une consultation large de l’ensemble des acteurs concernés, publics ou privés (y compris associations et think tanks) et/ou par une commission d’enquête publique qui délivre un rapport d’enquête (Statens offentliga utredningar – SOU) pouvant préfigurer une politique nationale à venir. Ce rapport d’enquête qui est ensuite soumis à avis via une procédure de consultation publique (remiss). La politique de recherche et d’innovation trouve son fondement dans une loi de programmation quadriennale dont la dernière a été adoptée au printemps 2017 pour la période 2017-2020. À l’exemple du processus d’élaboration de cette loi de programmation, des groupes d’experts peuvent être organisés alors que le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche élabore un premier projet de politique de recherche (Forsknings- och innovationsproposition). Ce premier projet est soumis à l’analyse des parties prenantes. Dans le cas de la loi quadriennale en cours, le gouvernement a reçu 132 rapports d’analyse (underlag) provenant d’organisations sollicitées (agences, établissements d’enseignement supérieur et organismes de recherche, entreprises et autres organisations pertinentes) ainsi que 130 rapports d’analyse spontanés. Sur demande du gouvernement, le Conseil suédois de la recherche, FORMAS, FORTE, Vinnova, l’Agence spatiale suédoise ont rendu une analyse commune aux 5 agences ainsi que des analyses spécifiques à chacune d’elles. Le projet de loi est ensuite remanié puis soumis de nouveau à la procédure de remiss avant d’être présenté devant le Parlement. Il est intéressant de noter que les lois quadriennales sont toujours « à cheval » sur deux législatures (les élections générales ont lieu à l’automne tous les quatre ans, 2010, 2014, 2018…). Cela permet en théorie une continuité qui dépasse les clivages politiques dans un pays où le consensus est la règle et où les questions liées à la recherche scientifique sont peu conflictuelles. La loi quadriennale actuellement en cours est la première à présenter « une perspective à dix ans » afin d’améliorer la visibilité à long terme. Intitulée « La connaissance par la collaboration – pour les défis sociétaux et une compétitivité fortifiée » (Kunskap i samverkan - för samhällets utmaningar och stärkt konkurrenskraft), cette loi place la coopération entre universités, industrie, et la société au sens large, au cœur de la stratégie de recherche pour la période 2017-2020 (https://www.riksdagen.se/sv/dokument-lagar/dokument/yttrande/regeringens-forskningsproposition-kunskap- i_H405TU3y). La stratégie nationale pour l’innovation émane de la loi de programmation de la recherche et de l’innovation 2012-2016 et donne une vision nationale à l’horizon 2020 (https://www.government.se/49b758/contentassets/cbc9485d5a344672963225858118273b/the-swedish-innovation- strategy). Les financements associés sont inscrits dans la loi de programmation de la recherche. La politique de recherche relève du ministère de l’enseignement et de la recherche tandis que le ministère de l’économie (dont le portefeuille varie selon les mandatures) à la charge de la politique d’innovation. Le dialogue existant entre les deux ministères et les agences sous leur tutelle respective garantit la cohérence du système. Pour compléter le paysage des politiques ESRI, il est possible d’ajouter la loi de programmation pour la recherche et l’innovation dans le secteur de l’énergie pour la durabilité écologique, la compétitivité et la sécurité d’approvisionnement 2017-2020 (Forskning och innovation på energiområdet för ekologisk hållbarhet, konkurrenskraft och försörjningstrygghet) qui accompagne la loi de programmation de la recherche et de l’innovation sur une période de mise en œuvre similaire (https://www.regeringen.se/rattsliga- dokument/proposition/2016/12/prop-2016-1766/). Le cadre réglementaire du paysage universitaire suédois est fixé par deux textes : la loi sur l’enseignement supérieur, högskolelagen (datant de 1992 et amendée régulièrement sur des aspects techniques, la dernière fois en 2016), et le règlement universitaire, högskoleförordningen (1993, dernière modification en 2018). Ces textes ne concernent que les établissements sous tutelle de l’État (32 au total). La loi rappelle les deux missions principales des établissements d’enseignement supérieur, qui sont chargés de mettre en œuvre : i. une formation qui s’appuie sur des bases et une expérience scientifiques et artistiques éprouvées ; ii. une activité de recherche-développement dans les domaines
scientifiques et artistiques. La loi fait aussi référence à ce qui est généralement appelé « la troisième mission » (tredje uppgiften) des universités : interagir avec la société environnante, informer sur son activité et valoriser les résultats de sa recherche pour le « bien de la société ». Il convient de garder à l’esprit que le système suédois est largement décentralisé. Il revient à chaque acteurs (agences, universités, comtés) de définir les stratégies les plus adaptées à leur niveau en suivant les orientations générales impulsées par le gouvernement. En particulier, des agences nationales déclinent, d'un point de vue opérationnel et en toute indépendance, les choix stratégiques opérés par le gouvernement. Pour la recherche, les grandes agences de financement que sont le Conseil suédois de la recherche (Vetenskapsrådet) et Vinnova, ainsi que dans une moindre proportion d'autres agences telles que FORMAS, FORTE, Energimyndigheten et l'Agence spatiale, sont directement responsables de la mise en œuvre de la loi quadriennale sur la recherche. Ces agences ont donc une influence certaine dans l’orientation de la recherche suédoise de par leurs appels à projets qui ont une grande influence sur les axes de recherche. Les chercheurs sont en effet largement tributaires de ces sources de financement pour la plupart de leurs projets de recherche. Financement Avec près de 3,31 % de son PIB consacré à la recherche en 2018 (soit 155 GSEK, env. 15,7 G€), la Suède se classe 3e derrière Israël (4,94%) et la Corée du Sud (4,52%) des pays de l’OCDE pour ses efforts de R&D (source OCDE). La Suède affiche plusieurs spécificités : deux-tiers des dépenses de R&D proviennent directement du secteur privé pour plus des deux-tiers. Le budget de l'Etat consacré à la recherche publique s'élève à 37 GSEK (env. 3,5 G€) soit 3,6% du budget national et 0,75 % du PIB pour le budget 2019. Cet effort public, d'un niveau relativement stable depuis 2009, est réparti pour moitié en direction des établissements d'enseignement supérieur, 30% pour les agences de financement de la recherche, 17% à différentes autorités civiles et 3% aux autorités militaires. Fait notable, les établissements d'enseignement supérieurs sont les principaux acteurs de la recherche publique en Suède. Ceux-ci ont reçu directement du gouvernement en 2018 un budget de base de 73,6 GSEK (env. 7,7 M€) pour leurs missions d'enseignement et de recherche. Cette contribution de l'Etat représente 84,6% du budget des universités pour leurs activités d'enseignement de premier et second cycle alors qu'elle ne constitue que 43,5% de leur budget pour les activités d'enseignement en 3e cycle et de recherche, avec de fortes disparités selon les établissements (UKÄ, 2019). La part du financement d'origine publique pour l'enseignement de 3e cycle et la recherche (agences et autres autorités nationales ou collectivités locales) totalise 76,5% du budget total des universités, le secteur privé contribuant à hauteur de 15,4% et l'Union européenne pour 4,5%. Par ailleurs, si les études supérieures sont gratuites en Suède pour tous les étudiants de l’Espace économique européen EEE (Union européenne + Islande, Liechtenstein et Norvège) ainsi que pour les ressortissants suisses, les autres étudiants doivent payer des droits d’inscription depuis la rentrée 2011 (niveau licence et master). Il convient de prendre également en compte, en sus du budget versé aux universités au titre de la recherche et l'enseignement supérieur, le budget des aides pour études. Spécificité partagée avec les autres pays nordiques, le budget total des aides pour études s'élève en Suède à 21,1 GSEK (env. 2,14 M€) pour l'enseignement scolaire, universitaire et adulte. Sur la totalité de ces aides, 7,3 GSEK (env. 740 M€) ont été consacrés aux aides courantes versées aux étudiants sous la forme d'une subvention et d'un prêt garanti par l'Etat dont ont bénéficié 344 600 personnes en cours études supérieures soit 71% du total des étudiants de l'enseignement supérieur. A cela s'ajoute des prestations spécifiques comme l'aide pour enfant à charge (476 MSEK), les aides pour les études à l'étranger (522 MSEK) etc., qui peuvent également concerner cette population étudiante. Le soutien gouvernemental aux infrastructures de recherche est une caractéristique majeure de la politique suédoise en recherche et innovation. L’investissement dans ces très grands équipements répond au besoin de mutualiser et répartir les coûts. Trois infrastructures sont considérées comme stratégiques pour la Suède : Deux sont des infrastructures nationales, le SciLife Lab (équipements en biologie/biomédecine) et Max4 (synchrotron), la troisième étant la très grande infrastructure européenne ESS (source européenne de spallation). Ces plates-formes apportent des outils d’envergure internationale dans les domaines de la physique, de la biologie et de la chimie. Le remplacement du brise-glace scientifique Oden est également un autre investissement majeur destiné à maintenir la place de la Suède parmi les pays de tête dans la recherche polaire. La Suède est aussi l’un des utilisateurs de premier plan des programmes-cadres de recherche et développement de l’UE. Début 2020, Alors qu’elle n’occupe que la 14e place par sa population, une première analyse de l’agence Vinnova (extraction au 29 septembre 2018) indique que la Suède se classe 8e aussi bien en termes de participation que de financements obtenus avec 3,77% de l’ensemble des sommes distribuées lors des premiers appels à projets H2020, soit 1,74 G€ pour 2 626 accords de consortium (10,45% du total ; la France étant 3e avec 5,59 G€ ; 4e en participation) pour un taux de succès moyen de 14,87%. A noter la 6e place de la Suède pour sa participation à l'instrument PME. La France est le 3e partenaire de la Suède
dans le cadre du programme H2020, derrière l'Allemagne et l'Espagne. La loi quadriennale de programmation de la recherche 2016/17:50 intitulée « La connaissance par la collaboration – pour les défis sociétaux et une compétitivité fortifiée » (Kunskap i samverkan - för samhällets utmaningar och stärkt konkurrenskraft) oriente les efforts de recherche suédois vers trois défis sociétaux majeurs recensés par la loi quadriennale et pour lesquels la Suède dispose de ressources et compétences d’excellence : le défi climatique, le numérique, la santé et les sciences de la vie. La mise en œuvre de ces priorités s’accompagne de financements fléchés à hauteur de 680 MSEK (71 M€ en 2017) programmés sur 3 ans à destination de quatre agences de financement : le Conseil de la Recherche, l’Agence spatiale, Formas et Forte. En millions de SEK 2017 2018 2019 2020 2017-2020 Défi climatique 25 90 70 0 185 (Formas, Agence spatiale) Société durable, inclusive et sûre 50 155 85 50 340 (Conseil de la recherche, Forte) Santé 25 55 20 15 115 (Conseil de la recherche, Forte) Numérique (Conseil de la 0 20 20 0 40 recherche) Total 100 320 195 65 680 La loi quadriennale introduit pour la première fois des programmes décennaux tout en maintenant une liste éclectique de domaines prioritaires pour la période 2017-2020. Sont ainsi établis 6 programmes décennaux, interdisciplinaires et intersectoriels dans les domaines suivants, avec des financements attribués pour 2017-2020 : Climat (130 MSEK), Société durable (75 MSEK), Migration et intégration (30 MSEK), Résistance aux antibiotiques (25 MSEK), Sciences sociales appliquées (100 MSEK), Conditions et vie au travail (60 MSEK). Aucune précision n’est apportée sur les niveaux de financements pour les années ultérieures ; il sera intéressant de voir à quelle hauteur la prochaine loi quadriennale 2021- 2024 financera ces programmes de recherche. Outre cette perspective décennale, la loi présente également 11 domaines dits « essentiels » auxquels sont affectés des augmentations de crédits particuliers sur 2017-2020 : - - Sciences humaines et sociales (60 MSEK) - - Opérations de recherche et de coopération spatiales (40 MSEK) - - Recherches exploitant des mégadonnées – Big Data (40 MSEK) - - Technologies du futur pour la numérisation (sans précision sur le financement) - - Biobanques et registres des données biomédicales (50 MSEK) - - Recherche clinique (40 MSEK) - - Processus, organisation et qualité des services sociaux et de santé (15 M€) - - Egalité (20 MSEK) - - Base scientifique accrue dans la formation des enseignants et à l'école (30 MSEK / 3,1 M€) - - Renforcement de la coopération entre les écoles et les universités (90 MSEK / 9,4 M€) - - Accès libre à la recherche, open science, open data (3 MSEK / 0,3 M€)
Cette loi a aussi lancé le plan dit « Bancs d’essais Suède » (Testbädd Sverige) qui vise à renforcer la coopération entre l’ensemble des acteurs de la recherche et de l’innovation suédois. Ce plan reprend l’ensemble des mesures prises précédemment pour soutenir la recherche à destination industrielle, notamment en soutenant les instituts de recherche suédois (RISE - équivalents suédois des Instituts Carnot français) dédiés à la recherche industrielle et les programmes d’innovation stratégique mis en place par la loi quadriennale 2013-2016 et qui sont aujourd’hui au nombre de 17 (santé et sciences médicales, transports, graphène, matériaux, mines, construction, internet des objets, infrastructures, matériaux légers, matériaux métalliques, processus industriels, électronique, environnement bâti, villes, ...). Sous la houlette de Vinnova, le plan Testbädd Sverige comprend 6 orientations destinées à soutenir le fonctionnement de plateformes technologiques et de bancs d’essais, l’objectif étant de faire émerger des centres de tests et d’essais d’envergure internationale, capables d’attirer des investisseurs et clients étrangers. L’ensemble du plan totalise 845 MSEK, répartis comme suit : - Les programmes d'innovation stratégique sont soutenus par une contribution de 500 MSEK (52,3 M€), répartis entre les agences Vinnova, FORMAS et l'Agence pour l'énergie. Ce financement est destiné à renforcer la collaboration entre acteurs publics et privés de l’innovation. Pour cela, 5 programmes de partenariats d’innovation (samverkansprogrammen) ont été lancés sur les thèmes : o Transports et trajets de prochaine génération o Villes intelligentes o Économie circulaire et biosourcée o Sciences de la vie o Industrie connectée et nouveaux matériaux - biomédicaments : 90 MSEK, - renforcement de la recherche industrielle via l’Institut de recherche de Suède (RISE - Research Institutes of Sweden) : 100 MSEK, - développement des plateformes d'essais et de démonstrations technologiques publiques ou privées : 100 MSEK (10,4 M€) en 2018-2019, - évaluation des idées commerciales novatrices : 20 MSEK sont allouées à Vinnova pour évaluer les résultats de projets de recherche, - standardisation des plateformes : 5 MSEK. Les programmes de partenariats d’innovation ont été remaniés pour la période 2019-2022 suite au changement de gouvernement et sont dorénavant au nombre de 4 : o Transformation numérique des entreprises o Santé et sciences de la vie o Adaptation du secteur économique au changement climatique o Apprentissage tout au long de la vie Par ailleurs, il convient de signaler l'intervention de la fondation privée Knut et Alice Wallenberg qui est un acteur important du financement de la recherche. Son niveau d'intervention, de l'ordre de 1,7 GSEK et ses choix stratégiques marquent significativement la recherche suédoise à l'image de son programme WAPS - Wallenberg AI, autonomous Systems and Software Program - doté de 4,2 GSEK (sur un budget total de 5,5 GSEK) sur la période 2015-2029. Evaluations La tradition nordique est largement fondée sur la confiance, l’autonomie et la responsabilité des acteurs. C’est donc essentiellement une auto-évaluation qui est pratiquée par les acteurs mêmes de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Si l’évaluation est du ressort de l’entité qui finance et/ou met en œuvre la recherche – les agences de financement et les universités –, en pratique, c’est essentiellement lors de la sélection des projets susceptibles d’être financés qu’elle est la plus serrée. Il n’y a ainsi que peu d’évaluation a posteriori par les financeurs. Les panels de chercheurs chargés de mettre en œuvre l’évaluation sont toujours internationaux, de façon à limiter la camaraderie des évaluateurs dans un
pays relativement petit (10 millions d’habitants). En particulier, le Conseil suédois de la recherche (Vetenskaprådet) et Vinnoca conduisent des évaluations thématiques qui portent par exemple sur les infrastructures de recherche, la participation suédoise au programme H2020, etc. Les exercices d’évaluation se font souvent en partenariat avec d’autres financeurs du domaine concerné. Cependant, il n'existe pas de système d'évaluation national et normalisé pour évaluer les activités de recherche. Si le Conseil suédois de la recherche, Vinnova et l'Autorité de l'enseignement supérieur (UKÄ – Universitetskanslersämbetet) ont été missionnés ces dernières années et à différentes reprises pour élaborer un système d'évaluation, aucune proposition n'a émergé à ce jour. Pour ce qui est des établissements d’enseignement supérieur, l'Autorité de l’enseignement supérieur (UKÄ – Universitetskanslersämbetet) est l'agence en charge de l'évaluation, son action se limitant cependant à l’évaluer la qualité des programmes et ne concerne pas la recherche. Le principe de base de cette évaluation reste toutefois que les établissements sont aussi responsables de la qualité de leurs programmes en ayant l’obligation d’assurer un enseignement de haute qualité et de mettre en place les procédures adéquates de contrôle de cette qualité. L'évaluation d'UKÄ est basée sur un nouveau système national d'évaluation établi en 2016 et qui intègre 4 types d'analyse concernant respectivement le travail d'assurance qualité des établissements d'enseignement supérieur, les examens, les formations ainsi que des évaluations thématiques. L’évaluation d’un programme par UKÄ repose sur le principe de revue par les pairs (peer review) qui étudie un rapport d'autoévaluation des établissements réalisé sur la base de critères fournis par UKÄ et dans lequel l'établissement décrit et motive avec des exemples concrets comment la qualité de l'enseignement est systématiquement suivie et assurée. Par ailleurs, une sélection aléatoire des travaux (mémoires) des élèves est évaluée et le devenir des alumni est pris en compte. Tous les programmes de premier et deuxième cycle, font l'objet d'une évaluation. Les programmes de 3e cycle n'ont pas été évalués depuis 2011 mais ont été réintégrés dans le champ d'action d'UKÄ. Environ un quart des formations doctorales (sur les 900 que compte le pays) sera évalué sur la période 2017-2022. Les systèmes qualités de chaque université sont classés sur une échelle à trois niveaux : assurance qualité reconnue (Godkänt kvalitetssäkringsarbete), assurance qualité avec réserves (Godkänt kvalitetssäkringsarbete med förbehåll) et assurance qualité remise en question (ifrågasatt kvalitetssäkringsarbete). En cas de réserves, l'établissement est placé sous surveillance pendant 2 ans pour corriger les défauts relevés par l'audit. En cas de remise en question du système qualité d'un établissement, une réévaluation complète doit être opérée dans les 2 ans. Les programmes sont également classés sur une échelle à trois niveaux : haute qualité (hög kvalitet), qualité en question (ifrågasätt kvalitet) et qualité insuffisante avec retrait du diplôme (indraget examenstillstånd). En cas de mise en doute de la qualité d'un programme, l'établissement dispose d'un an pour améliorer le niveau de son cursus avant de le soumettre à nouveau à évaluation. Son droit à proposer le programme dans son offre de formation peut lui être retiré à l'issue de cette réévaluation. Il est à noter que la Suède a déposé début 2020 une demande pour redevenir membre à part entière de l'ENQA (European Association for Quality Assurance in Higher Education), UKÄ ayant précédemment été membre une douzaine d'années jusqu'en 2014 puis simplement affiliée. Cette candidature est complétée par une demande simultanée d'inscription d'UKÄ au registre EQAR (European Quality Assurance Register for Higher Education). Ces démarches correspondent à une certaine nécessité de développer les coopérations internationales, notamment à l'occasion de l'initiative des Universités européennes qui a vu la sélection de nombreuses universités suédoises. Politique francophone La Suède n'est pas membre de l'AUF ni de l'OIF. Le français est une langue vivante 2 (l'enseinement d'une deuxième langue est non obligatoire dans le système scolaire suédois). Le français, avec un nombre d’élèves apprenant stable depuis une quinzaine d’année, est la 3e LV2 enseignée après l’espagnol et l’allemand (l’anglais est la seule LV1 à apprentissage obligatoire). L’enseignement bilingue, hormis en anglais, n’est pas autorisé. Il existe cependant des établissements qui proposent des programmes de français renforcé. Paysage de l'enseignement supérieur 1 – Présentation du système de l'enseignement supérieur en Suède a – Généralités La figure 1 présente le schéma général de l’enseignement supérieur suédois. La Suède ayant adopté le format européen
classique dit de Bologne, l’enseignement supérieur y est organisé sensiblement comme en France. Le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur est de 353 155 inscrits ou de 298 668 ETP (Source : Higher education institutions in Sweden, UKÄ 2019). La présentation du nombre d’étudiants est un exercice délicat en Suède. Les étudiants ont en effet la possibilité de s’inscrire à des programmes complets – et sont donc des étudiants à temps plein – ou seulement à certains cours, auquel cas ils ne sont que des étudiants à temps parfois très partiel. Les données fournies par les universités peuvent donc présenter une variation assez large et si les comparaisons avec le système français sont plus pertinentes sur la base d’ETP, l’activité d’une université est davantage liée au nombre réel d’étudiants qui la fréquentent, même occasionnellement. Figure 1 : Schéma décrivant le système d’enseignement supérieur suédois Il existe en Suède deux types principaux d’établissements d’enseignement supérieur : les universités et les écoles supérieures. La langue suédoise fait en effet une différence entre universitet et högskola mais certaines universités ne sont pas désignées par le terme universitet. Les principales différences reposent maintenant sur quelques différences organisationnelles (habilitation à délivrer certains diplômes dont le doctorat, modalités de financements...). Dans leur communication en anglais, les écoles supérieures utilisent parfois le terme University College, d’où la dénomination française parfois rencontrée de Collège universitaire ; dans la pratique, la quasi-totalité utilise le mot université. Il sera fait de même dans ce document. Le paysage de l’enseignement supérieur suédois est relativement riche pour un pays de 10 millions d’habitants qui compte 298 668 étudiants à temps plein pour l'année scolaire 2018/2019 (pour 349 300 inscrits au total). La Suède compte en effet 48 établissements d’enseignement supérieur (31 de statut public et 17 de statut privé), répartis en 17 universités, 13 écoles supérieures publiques, 5 écoles supérieures artistiques, et 13 autres établissements privés spécialisés (théologie, psychothérapie, soins infirmiers, défense…). La liste complète des établissements d’enseignement supérieur est consultable sur le site de l’agence UKÄ (https://english.uka.se/facts-about-higher-education/higher-education-institutions-heis/list-of- higher-education-institutions-in-sweden.html). Seuls les 30 établissements suivants sont habilités à délivrer le doctorat : Nom de l’établissement Nombre Nombre Site internet d’étudiants d’enseignants et (ETP) chercheurs (ETP)** Stockholms universitet 27 088 2 502 www.su.se Lunds universitet 26 491 3 140 www.lu.se Uppsala universitet 24 921 3 286 www.uu.se Göteborgs universitet 25 890 2 813 www.gu.se Linköpings universitet 17 979 1 550 www.liu.se Umeå universitet 16 427 1 912 www.umu.se Linnéuniversitetet 13 694 1009 www.lnu.se Malmö universitet 11 870 841 www.mah.se Kungliga Tekniska högskolan 13 056 1 598 www.kth.se (KTH) Chalmers tekniska högskola* 9 182 1291 www.chalmers.se Örebro universitet 9 431 586 www.oru.se Karlstads universitet 8 401 630 www.kau.se Luleå tekniska universitet 7 508 585 www.ltu.se Högskolan i Jönköping* 7 697 427 www.hj.se Mälardalens högskola 5 725 502 www.mdh.se Södertörns högskola 6 573 409 www.sh.se Högskolan Dalarna 5 830 408 www.du.se Mittuniversitetet 6 990 502 www.miun.se Karolinska institutet 6 264 2 106 www.ki.se
Högskolan i Borås 5 443 348 www.hb.se Högskolan i Gävle 5 972 413 www.hig.se Högskolan i Halmstad 5 416 299 www.hh.se Högskolan Väst 5 188 319 www.hv.se Högskolan i Skövde 3 422 278 www.his.se Sveriges lantbruksuniversitet 3 822 1 643 www.slu.se Blekinge tekniska högskola 2 738 201 www.bth.se Handelshögskolan i Stockholm* 1 649 101 www.hhs.se Gymnastik- och idrottshögskolan 782 72 www.gih.se Stockholms konstnärliga 428 86 www.uniarts.se högskola Ersta Sköndal högskola* 25 82 www.esh.se Tableau 1 : Les 30 établissements d’enseignement supérieur suédois habilités à délivrer des diplômes de 3e cycle. Chiffres = étudiants des 1er et 2e cycles seulement. * : établissements de statut privé. ** hors doctorants et post-doctorants (UKÄ, Higher education in Sweden: 2019 status report, chiffres 2018) Parmi ces établissements habilités à délivrer le doctorat, quatre sont de statut privé. Chalmers et Jönköping sont gérées par des fondations, tandis que l’École de commerce s’appuie sur l’association Handelshögskoleföreningen, créée au début du XXe siècle grâce à une importante donation du célèbre banquier Knut Agathon Wallenberg, et qui réunit des acteurs de poids du secteur privé. Ersta Sköndal est gérée par une société anonyme à but non lucratif regroupant des acteurs issus de la diaconie. Les établissements d'enseignement supérieur sont rassemblés au sein d'une association, homologue de la CPU, l'Association des universités et écoles supérieures de Suède (SUHF - Sveriges universitets- & högskoleförbund). b- La formation professionnelle La formation professionnelle est assurée par des acteurs indépendants qui peuvent avoir un statut public (dépendant généralement des communes) ou privé. L’un des principaux acteurs privés est la société AcadeMedia qui gère aussi bien des crèches, des écoles, des lycées, que des centres de formation pour adultes, partout dans le pays. Le foisonnement des acteurs est un résultat de la libéralisation de l’enseignement en 1992, qui a privatisé des pans entiers de la formation en Suède. De nombreuses universités ou écoles supérieures proposent également dans leur offre des formations professionnelles (notamment dans les secteurs sanitaires et sociaux). A la différence de la France, les formations d’ingénieurs se déroulent à l’université. c - L’accès à l’enseignement supérieur Pour accéder à l’enseignement supérieur, les jeunes Suédois doivent être « qualifiés » (behörig). La qualification s’acquiert principalement au lycée, où les jeunes peuvent entrer après l’enseignement obligatoire (jusqu’à 16 ans) et choisir parmi 18 filières nationales d’une durée de trois ans. Les programmes comportent des enseignements communs ainsi que des cours de spécialité en fonction de l’orientation choisie (sciences exactes, technologie, sciences humaines & sociales, arts…). Les élèves disposent d’une grande liberté dans le choix de leurs options. Il n’existe pas réellement d’équivalent au baccalauréat, les lycéens étant soumis à des contrôles tout au long de leur scolarité. Ils obtiennent à la fin un diplôme (gymnasieexamen) indiquant l’ensemble des matières qu’ils ont étudiées et les notes obtenues au contrôle continu. Un niveau suffisant pour un nombre suffisant de matières donne la qualification. Les élèves ayant suivi une formation professionnelle obtiennent un yrkesexamen qui peut également leur ouvrir les portes de l’enseignement supérieur sous condition. Il est également possible de faire une quatrième année de lycée après un programme technologique en trois ans, ce qui donne le titre de gymnasieingenjör. Cette année, très orientée vers l’insertion professionnelle, possède quatre profils : design et développement de produit, technologies de l’information, techniques de production, et « ingénierie de la société » (samhällsbyggande).
La qualification de base ouvre l’accès à la plupart des formations supérieures. Certaines – droit, architecture, médecine… – peuvent néanmoins exiger une qualification particulière (särskild behörighet), généralement un niveau minimal dans certaines matières. Pour inciter les élèves à choisir certaines options (mathématiques, anglais et langues modernes – comme le français, considéré comme une langue difficile), le système leur permet d’obtenir avec ces options des points de mérite supplémentaires (meritpoäng) qui leur donnent un avantage en cas de sélection pour l’entrée à l’université dans la filière de leur choix. Une autre façon d’augmenter ses chances d’entrer dans le programme voulu consiste à passer un examen national, högskoleprovet, qui relève de la responsabilité de l’agence UHR. Par ce biais, les élèves peuvent concourir pour une place dans plusieurs groupes (voir ci-dessous). Les inscriptions sont centralisées sur un site internet, www.antagning.se, et largement dématérialisées. Les étudiants étrangers qui s’inscrivent à l’université (hors échange) utilisent le même site, accessible aussi en anglais www.universityadmissions.se. Dans le cas où il y a davantage de demandes que de places offertes pour une formation, l’université procède à une sélection des étudiants. En fonction de la façon dont l’élève a obtenu sa qualification, il concourt dans trois groupes de sélection : les élèves qualifiés sur notes (via le lycée), ceux ayant passé l’examen national högskoleprovet, et tous les autres (par exemple via une validation des acquis). Les deux premiers groupes représentent chacun au minimum un tiers des places offertes, le troisième au maximum un tiers. A l’exception de certaines filières très demandées, il est relativement facile d’entrer à l’université en Suède, beaucoup plus qu’en Finlande par exemple. d - Les diplômes Depuis l’entrée de la Suède dans le processus de Bologne en 2007, la quasi-totalité des cursus suit le schéma européen avec un diplôme de niveau licence (kandidatexamen), un de niveau master (masterexamen) et un doctorat (doktorsexamen). La Suède a cependant conservé deux types de diplômes intermédiaires : ceux qui préexistaient à Bologne et correspondaient à nos Deug (högskoleexamen) et maîtrise (magister), ainsi que le « licenciat », typique dans les pays nordiques (licenciatexamen). Ce diplôme s’acquiert généralement après deux ans d’études au-delà du master, sachant que la thèse de doctorat dure en règle générale au moins 4 ans. Les études en Suède se caractérisent par leur modularité, leur souplesse et la grande liberté laissée aux étudiants dans le choix de leur palette de cours. Même s’ils sont inscrits dans des « programmes » (cursus complets), ils disposent de la possibilité de choisir un grand nombre d’options. De plus, les modalités d’organisation sont souvent flexibles : certains cours peuvent être suivis en cours du jour ou du soir, voire le week-end, et le rythme peut-être de 25 %, 50 % ou 100 %. L’année universitaire est organisée en semestres, automne (début septembre – mi-janvier) et printemps (mi-janvier – début juin). Il est possible de débuter ses études au second semestre (à condition que le cours ou le programme soit ouvert). 2 - Positionnement des universités Pour un pays de 10 millions d’habitants, la Suède place très bien ses établissements dans la plupart des classements internationaux (voir tableau 2). Ces classements donnant généralement un poids important aux activités de recherche, c’est bien cette dernière qui rend les universités suédoises particulièrement attractives. ARWU Jiao Tong (2019) Times Higher Education QS World University (2020) Ranking (2020) Institut Karolinska (38) Institut Karolinska (41) Université de Lund (92) Université d’Uppsala (62) Université d’Uppsala (81) Institut royal de technologie KTH (98) Université de Stockholm Université de Lund (96) Université d'Uppsala (116) (73) Université Paris-Sud (37) Paris Sciences et Lettres (45) Paris Sciences et Lettres (53) Tableau 2 : Rangs (entre parenthèses) des 3 meilleurs établissements suédois pour 3 classements internationaux récents. Dernière ligne en italique : rang du premier établissement français dans le même classement. Le Baromètre suédois de la recherche 2019 du Conseil suédois de la recherche (UHR) distingue 6 catégories d'établissements d’enseignement supérieur selon leurs dépenses de R&D sur la période 2011-2017 et recense les domaines de recherche pour les principaux d'entre eux :
- Universités généralistes et « bien établies » : Université de Göteborg, Université de Linköping, Université de Lund, Université de Stockholm, Université d'Umeå et Université d'Uppsala. - Universités spécialisées : Université de technologie de Chalmers, Stockholm School of Economics, Karolinska Institutet, l'Institut royal de technologie KTH, l'Université de technologie de Luleå et Université suédoise des sciences agricoles (SLU). - Nouvelles universités : Université de Karlstad, Université Linné, Mittuniversitet, Université d'Örebro, Université de Malmö (depuis 2018, auparavant école supérieure) - Ecoles supérieures : Institut de technologie de Blekinge, Université suédoise de la défense, École suédoise des sciences du sport et de la santé, Université de Dalécarlie, Université de Borås, Université de Gävle, Université d'Halmstad, Université Jönköping, Université de Skövde, Université de Kristianstad, Université Ouest, Université de Mälardalen et Université de Södertörn. - Écoles supérieures d'arts : Université des arts, de l’artisanat et du design, Institut royal des arts, Collège royal de musique et Université des arts de Stockholm - Autres établissements d’enseignement supérieur : Ersta Sköndal Bräcke University College, Swedish Red Cross University College, Université de Sophiahemmet, École de théologie de Stockholm et Institut suédois de physique spatiale. Cf "The Swedish Research Barometer 2019" pages 66 et 67. https://www.vr.se/download/18.2c821fd116dcb0e77cbb66/1572265814692/2019%20The%20Swedish%20Research%20Barometer.pdf 3 - Coûts des études Les étudiants suédois, ainsi que tous les étrangers régulièrement installés en Suède (c’est-à-dire dont le séjour en Suède n’est pas uniquement lié aux études), ont droit à une aide versée par l’agence CSN. Le montant de cette aide en 2020 est, pour des études à temps plein de 823 SEK/semaine d’allocation et 1 892 SEK/semaine de prêt garanti par l’État, soit 2 715 SEK/semaine (soit environ début 2020, 250 €/semaine). À ces montants s’ajoutent des suppléments, par exemple pour les étudiants ayant des enfants à charge. Ces bénéfices sont accessibles pendant 240 semaines maximum, soit 12 semestres d’étude, sur 6 ans, pour les 1er et 2e cycles. Les aides étudiantes versées par l'Etat ont représenté 9;8 GSEK en 2018 (source UKÄ, Higher education in Sweden: 2019 status report, chiffres 2018) L’essentiel (près de 80%) des ressources globales des universités provient de l’argent public. Chaque établissement reçoit de l’État une dotation annuelle de base (basanslag) en deux volets distincts, formation et recherche. La dotation de formation est calculée sur le nombre d’inscrits (ETP) et le nombre de crédits ECTS (European Credit Transfer System) pris par les étudiants. La dépense publique d’enseignement supérieur représente environ 73,6 GSEK (environ 6,8 GSEK début 2020), soit 1,54% du PIB suédois. Les moyens pour la formation sont donnés chaque année sur la base du nombre d’étudiants inscrits et de leur réussite (60 % versés à l’inscription de l’étudiant, 40 % lorsque ses ECTS sont crédités). Les établissements reçoivent les fonds sous forme d’un montant-plafond (takbeloppet) annuel qu’ils peuvent utiliser jusqu’à ±10 % en année n, au risque de voir le montant de l’année n+1 diminué s’ils sortent de la fourchette 90 % – 110 %. Pour les seuls 1er et 2e cycles, le montant avoisine 32 GSEK (près de 3 G€) dont 84,6% sont directement financés par le budget de l'Etat (UKÄ, Higher education in Sweden: 2019 status report, chiffres 2018). Les moyens pour la recherche sont donnés chaque année par le parlement, mais s’inscrivent dans la loi quadriennale de recherche et d’innovation (actuellement 2017–2020), ce qui permet une visibilité des ressources sur 4 ans. Les universités ont toute liberté pour attirer d’autres ressources pour leur recherche à l’extérieur (via les agences publiques de financement de la recherche, les fondations privées, les contrats industriels, les fonds européens…). Les universités suédoises n’ont pas le droit de posséder des bâtiments. Elles doivent louer leurs locaux, le principal bailleur étant une agence détenue par l’État, Akademiska hus. Cette agence pratique des tarifs de location que la plupart des universités jugent trop élevés. 4 - Lien université-entreprise Les liens entre universités et entreprises sont assez forts en Suède, les établissements d’enseignement supérieur étant le lieu naturel où s’effectue la recherche. La Suède possède de plus une particularité essentielle qui n’existe pas dans les autres pays du Nord : « l’exception du professeur » (lärarundantaget) garantit au chercheur la propriété intellectuelle sur l’ensemble de ses travaux. Ce ne sont donc pas les universités qui possèdent les droits liés aux résultats de la recherche qui est conduite en leur sein, mais bien les individus qui font cette recherche (cf section Recherche et Innovation). Toutes les grandes
universités disposent ainsi de services d’innovation, souvent constitués en entités indépendantes (filiales) grâce à la marge d’autonomie des établissements : UU Innovation à Uppsala, SU Innovation à Stockholm, KTH Innovation à l’École royale polytechnique… En revanche, la pratique du stage en entreprise pour les étudiants suédois est moins développée qu’en France, et rarement obligatoire. Néanmoins, les étudiants apprécient cette possibilité et sont souvent à la recherche de stages à l’étranger afin d’allier expérience et internationalisation, voire amélioration de leur niveau linguistique. Paysage de la recherche et de l'innovation Sur 6 critères d'analyse de ressources et performances pour mesurer l'activité de R&D, la Suède figure parmi les pays de tête de l'OCDE pour 5 de ces critères : - Dépenses intérieures brutes de R&D en pourcentage du PIB (Corée du Sud, Israël, Suède, Suisse, Tapei Chinois, Japon) - Dépenses des entreprises en R&D en pourcentage du PIB (Israël, Corée du Sud, Japon, Suisse et Suède) - Dépenses d'enseignement supérieur en R&D en pourcentage du PIB (Danemark, Suisse, Suède, Norvège et Autriche) - Pourcentage de chercheurs (ETP) pour mille habitants (Danemark, Suède, Corée du Sud, Finlande et Islande) - Nombre de publications pour mille habitants (Suisse, Danemark, Australie, Suède et Islande) - Impact des citations (Suisse, Royaume-Uni, États-Unis, Pays-Bas et Luxembourg ; Suède 13e) 1 - Paysage général, principaux acteurs Comme dans les autres pays nordiques, la recherche, la technologie et l’innovation sont caractérisées en Suède par une organisation assez simple et cohérente. Les différents acteurs y ont des rôles plutôt bien définis et on constate peu de recouvrements inutiles. Par rapport au système français, la Suède affiche plusieurs spécificités, qu’elle partage avec les autres pays nordiques : - une large proportion des dépenses nationales de R&D provient du secteur privé : plus de 2/3 viennent des entreprises sans que des incitations fiscales viennent en soutien à ces dépenses de recherche et d'innovation. Les universités rassemblent l'essentiel de la recherche publique avec 25% de la DRID nationale alors que les centres de recherche, peu nombreux, complètent le paysage avec 5% de la DRID ; - une coopération importante entre acteurs privés et publics, quitte à ce qu’une partie significative de la recherche soit concrètement effectuée dans des organismes publics avec un soutien financier d'origine privée. Il est aussi de tradition dans les pays du nord que la recherche publique se fasse essentiellement à l’université et c'est d'ailleurs tout le sens des politiques de recherche et d'innovation suédoises qui appellent sans cesse à d'étroites collaborations entre l'ensemble des acteurs ; - un grand nombre de fondations publiques ou privées financent la recherche, soit de façon transdisciplinaire, soit pour une discipline précise (cf. partie Politique ESRI, section financement). Le nombre de personnes occupées en 2017 à une activité de recherche atteignait 107 042 (73 132 ETP), ce qui fait de la Suède le pays disposant du plus grand nombre de chercheurs parmi sa population au monde (Baromètre de la recherche 2019, VR). Sans surprise, environ 70 % d’entre elles sont employées par le secteur privé (Eurostat). Les principales caractéristiques générales concernant la Suède sont rassemblées dans le tableau suivant : Suède 2011 2013 2015 2017 Population en milliers 9 415 9 555 9 747 9 995 Population active en milliers 4 406 4 460 4 559 4 745 DIRD(1) en M€ 13 157 14 406 14 662 16 142 DIRD(1) /PIB(2) en % 3,19 3,27 3,22 3,36
Chercheurs (ETP en milliers) 48 702 64 194 66 734 73 132 Chercheurs secteur étatique 19 798 20 787 21 537 21 289 (ETP en milliers) Personnel total de R & D 78 445 80 957 83 551 88 928 (ETP en milliers) Ratio chercheurs/population 0,99 1,29 1,32 1,41 active en % (ETP) Ratio personnel total/population active en % 1,65 1,63 1,65 1,71 (ETP) (1) DIRD : Dépenses intérieures de R&D (2) PIB : Produit intérieur brut Tableau 1 : Caractéristiques socio-économiques et scientifiques globales (2011-2017) Sources Eurostat, SCB 1 - Domaines scientifiques, universités et organismes de recherche, entreprises majeures La Suède possède une activité de recherche qui couvre l’ensemble des domaines scientifiques, mais elle investit massivement dans le secteur des sciences de la vie qui concentre un quart du financement public (source SCB). C'est donc sans surprise que les sciences de la vie et la médecine clinique se rangent parmi les domaines de publication ayant un facteur d'impact supérieur à la moyenne mondiale, ainsi que l'agronomie, les géosciences et la chimie. -> profil scientifique de la Suède, pages 58-59 du Baromètre suédois de la recherche https://www.vr.se/download/18.2c821fd116dcb0e77cbb66/1572265814692/2019%20The%20Swedish%20Research%20Barometer.pdf La moitié des articles publiés par la Suède sont issus des grandes universités généralistes du pays (Université de Stockholm, Lund, Uppsala, Göteborg, Linköping, Umeå) tandis qu'un autre tiers est produit par les universités spécialisées (Institut Karolinska, KTH, Chalmers, Ecole d'économie de Suède, Luleå, SLU). Les collèges universitaires et les nouvelles universités (Karlstad, Linné, Suède centrale, Örebro...) ont chacune contribué respectivement à 4% des articles suédois. Au total, les universités généralistes et spécialisées ont contribué à 80% du total des publications suédoises en 2017 (Source, Swedish Research Barometer 2019, Conseil suédois de la recherche). Dans les domaines de la médecine et de la santé, des sciences naturelles, des sciences sociales, ainsi que des sciences humaines et des arts, les financements de R&D ont été principalement perçus par les grandes universités généralistes (entre 70% et 77% des financements). Environ 63% des financements dans les domaines de l'ingénierie et de la technologie sont allés aux universités spécialisées, l'Institut royal de technologie KTH et l'Université de technologie Chalmers qui ont reçu respectivement 33% et 20% des financements R&D dans les domaines de l'ingénierie et de la technologie. Dans le domaine des sciences agricoles et vétérinaires, 98% des financements sont allés à l'Université suédoise des sciences agricoles (SLU). Pour ce qui est de la médecine et des sciences de la santé, l'Institut Karolinska, université spécifiquement médicale, a perçu 42% des revenus de R&D du domaine. Les recherches principalement financées dans nouvelles universités se répartissent principalement entre les sciences sociales, les sciences humaines et arts ainsi que les sciences naturelles. Ainsi, les nouvelles universités ont reçu environ 10% des revenus de R&D dans les sciences sociales et 6% des revenus dans les sciences humaines et les arts. Les collèges universitaires ont perçu des financements principalement en sciences sociales, en sciences humaines et les arts et l'ingénierie. [Extrait du Baromètre de la recherche suédoise 2019, Conseil suédois de la recherche]. Il existe également un centre de recherche nationale, RISE (pour Research Institutes of Sweden), dont les modalités et champs d'activités ne sont pas sans rappeler ceux des Instituts Fraunhofer allemands. Comme indiqué dans la section 1, le secteur privé constitue la force principale de recherche et innovation en Suède par les investissements en recherche et développement. La Suède possède des acteurs majeurs et historique au niveau mondial avec de grandes entreprises multinationales d’origine suédoise, en premier lieu Ericsson chef de file du secteur des TIC (5G, intelligence artificielle, internet des objets, réseaux) qui, en 2019, employait 8 000 personnels de recherche en Suède (hors consultants) et un total de 25 000 personnels de recherche dans le monde dans le secteur, auquel s'ajoutent d'autres entreprises comme ÅF (3100 personnels de R&D dont 2700 en Suède). Le secteur des transports est une autre industrie de pointe avec des grands comptes comme Volvo Cars (8 100 personnes en R&D au total dans le monde / 6000 en Suède), Volvo
Vous pouvez aussi lire