DAZIBAO - AmiEs de la Terre de Québec

 
CONTINUER À LIRE
DAZIBAO - AmiEs de la Terre de Québec
DAZIBAO

▌M ANGER            SANS DÉTRUIRE LA PLANÈTE
                                                                                Ceux-ci occupent sans cesse plus d’espace au détriment
                                                                                de la faune et la flore sauvage. On empiète ainsi sur les
                                                                                zones humides, les savanes et les forêts. 91% de la
Nous sommes dans une nouvelle ère géologique :                                  surface détruite de la forêt amazonienne sert aux
l’Anthropocène. Elle se caractérise par la domination des                       pâturages ou à produire du soya pour nourrir le bétail à
humains partout sur Terre, lesquels influencent la                              travers le monde5. La déforestation se produit aussi au
biosphère et engendrent la sixième extinction massive                           Canada et l’agriculture est un des principaux facteurs. En
des espèces. Se basant sur 16 704 populations animales,                         2016, 36 985 ha furent déboisés, dont 33% à des fins
le Fonds mondial pour la nature constate une baisse de                          agricoles (12 280 ha)6. Les consommateurs de produits
60% des vertébrés sauvages entre 1970 et 20141. Pas                             de soya ne sont toutefois pas les responsables. En effet,
surprenant. Avec une population actuelle de 7,6 milliards                       de toute la production mondiale de soya, seulement 6%
d’humains (9,9 milliards d'ici 20502), tous ces individus                       est destinée à l’alimentation humaine; 75% sert à nourrir
occupent beaucoup d’espace, consomment énormément                               les animaux et le reste sert à d’autres utilisations, dont le
de ressources et produisent toujours plus de pollution. À                       biodiesel7.
cette population, il faudrait toutefois ajouter les animaux
                                                                                Gaspillage des ressources
élevés par les humains. En 2016, ce sont 70 milliards
d’animaux qui furent abattus, et selon la FAO, la produc-                       Une alimentation à base de produits animaux requiert en
tion de viande devrait augmenter de 73% d’ici 20503.                            moyenne 4,5 fois plus de superficies agricoles qu'une
                                                                                alimentation à base de végétaux8. À l’échelle mondiale,
Déforestation                                                                   plus de 80% des terres agricoles sont utilisées pour le
Lorsqu’on s’attarde à la masse de tous les mammifères                           bétail, alors qu’il fournit seulement 18% des calories et
sur Terre, 36% sont des humains, 60% des animaux                                37% des protéines9. Ce gaspillage des ressources est
d'élevage et le reste (4%) sont les mammifères sauvages                         particulièrement grave chez les bovins où 13 livres de
(chevreuils, ours, éléphants, zèbres, rats, etc.)4.                             grains n’apportent qu’une livre de viande10.

                                                                                Situation similaire avec l’eau.
                                                        C’est donc
                                                        96% de la
                                                        biomasse
                                                           des
                                                       mammifères
                                                          qui se
                                                        compose
                                                       des humains
                                                        et de leur
                                                          bétail.

    www.wwf.fr

    www.prb.org/2018­world­population­data­sheet­with­focus­on­changing­age­structures

    www.theguardian.com/environment/2018/may/21/human­race­just­001­of­all­life­but­has­destroyed­over­80­of­wild­mammals­study

    www.rncan.gc.ca/forets/rapport/zone­forestiere/16547

    www.theguardian.com/environment/2018/may/31/avoiding­meat­and­dairy­is­single­biggest­way­to­reduce­your­impact­on­earth

4
DAZIBAO - AmiEs de la Terre de Québec
Volume 2, numéro 2, décembre 2018

Il faut 15 000 litres d’eau pour produire un kilo de bœuf,                        Avec tous ces animaux s’accompagnent des millions de
contre 1 800 litres pour un kilo de soya. Si on se pré-                           tonnes d’excréments. Par exemple, une vache laitière
occupe d’économiser l’eau, mieux vaut choisir le lait de                          produit 136 lb (62 kg) de fumier par jour12, l’équivalent
soya, car son empreinte en eau est le quart de celui du                           de 20-40 personnes. Une telle quantité favorise la
lait de vache. Pour un burger de soya, c’est moins du                             pollution de l’eau, les cyanobactéries (algues bleues),
dixième par rapport à un burger de bœuf11.                                        l’eutrophisation des cours d’eau (manque d’oxygène) et
                                                                                         les risques de contamination aux salmonelles et
                                                                                         E. coli. Autre enjeu : 78% des antibiotiques sont
                                                                                         prescrits à des animaux d’élevage13. Utilisée en
                                                                                         « prévention », cette pratique favorise une
                                                                                         croissance plus rapide des animaux, mais aussi
                                                                                         l’émergence de bactéries résistantes. Enfin, la
                                                                                         majorité de leur nourriture provient de
                                                                                         monocultures      d’organismes    génétiquement
                                                                                         modifiés (canola, maïs-grain, soya), lesquelles
                                                                                         sont arrosées de pesticides.

   nutritionnisteurbain.ca/actualite/antibiotiques­dans­lelevage­des­animaux­cest­quoi­le­probleme

                                                                                                                                         5
DAZIBAO - AmiEs de la Terre de Québec
DAZIBAO
Gaz à effet de serre (GES)                                               Conséquence : une tonne de CH4 s’évalue depuis
                                                                         plusieurs années à seulement 25 tonnes de CO2. Mais
Les GES associés à l’agriculture sont comptabilisés dans
                                                                         face au défi climatique et à l’urgence d’agir, il fait
le groupe AFOLU (Agriculture, forêt et autres utilisations
                                                                         beaucoup plus sens de considérer le méthane sur
des terres). Mondialement, l’élevage compte pour 60%
                                                                         20 ans. Dans cette optique, une tonne de méthane aurait
de l’AFOLU, ce qui représente environ 15% des
                                                                         un effet équivalent à 86 tonnes de CO2 selon les études
émissions totales. C’est plus que les transports (14%)14.
                                                                         récentes15. De quoi remettre en question la priorité de
Cependant, les valeurs attribuées à l’élevage incluent
                                                                         nos actions.
uniquement les émissions directes des animaux
(éructations et flatulences) et celles liées à la fertilisation          Pour lutter contre les émissions agricoles de GES, l’ONU
(fumiers et engrais). L’impact de l’élevage est donc sous-               parle de mitigation. Dans l’élevage, ces avenues restent
estimé puisque la machinerie agricole (tracteurs,                        toutefois fort limitées. On parle d’un gain de réduction
moissonneuses), l’énergie (chauffage et séchage), le                     de 10% sur la fermentation entérique en changeant
transport des intrants (engrais, fumier, animaux,                        l’alimentation des animaux et en ajoutant des additifs
nourriture pour animaux) et le transport des extrants                    alimentaires pour faciliter la digestion16. On parle aussi
(récoltes, fumier, animaux vers l’abattoir) sont attribués               d’un maximum de 10% d’amélioration pour la gestion du
à d’autres secteurs.                                                     fumier (fosse couverte, agiter/retourner le fumier).
                                                                                        Évidemment, l’augmentation prévue du
                                                                                        nombre d’animaux d’élevage ne fera
                                                                                        qu’annuler ces gains.

                                                                                       Au Québec, avec 346 000 vaches laitières
                                                                                       (37% de la production canadienne),
                                                                                       l’industrie laitière est particulièrement
                                                                                       dommageable        pour  l’environnement.
                                                                                       Chaque vache émet 158,7 kg de
                                                                                       méthane/an17, soit plus de 55 000 tonnes
                                                                                       par année pour la province. À titre
                                                                                       comparatif, chaque vache émet l’équiva-
                                                                                       lent de 13,6 tonnes de CO2/an (éq. 86), soit
                                                                                       parcourir 65 000 km en voiture.

                                                                                       Manger local?
                                                                                        L’alimentation locale est très populaire, et
                                                                         avec raison. Toutefois, le transport compte bien peu dans
Une     autre    sous-estimation  majeure    concerne                    la balance. Entre manger des produits animaux locaux
l’équivalence en carbone (CO2) du méthane (CH4). Alors                   ou importés, la différence est minime en termes de GES
que la durée de vie du méthane dans l'atmosphère est                     (moins de 10%)18. C’est la production des animaux qui
d’environ 12,4 ans, les décideurs internationaux ont                     émet le plus de gaz. Si on veut véritablement réduire nos
choisi d’évaluer le méthane sur un horizon de 100 ans.                   émissions, il faut plutôt manger des végétaux (locaux ou
                                                                         importés), car leur production émet très peu de GES

    www.climatechange2013.org/images/report/WG1AR5_Chapter08_FINAL.pdf

    www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5620025/#CR39

    www.ewg.org

6
DAZIBAO - AmiEs de la Terre de Québec
Volume 2, numéro 2, décembre 2018

en comparaison aux produits animaux. D’ailleurs, les                              Plusieurs des poissons d’élevage sont carnivores et donc
petits élevages bucoliques émettent 3 à 4 fois plus de                            nourris avec du poisson pêché en mer. On y élève
GES que les élevages intensifs19. Cela s’explique par les                         souvent des espèces non indigènes qui parfois
animaux qui vivent à l’extérieur, bougent davantage et                            réussissent à s’évader, menaçant ainsi les espèces
vivent souvent plus longtemps. Ainsi, ils ont besoin de                           indigènes. Des tonnes d’excréments s’accumulent sous
plus d’espace et ils mangent davantage. Sans oublier                              ces élevages.
qu’au Québec, une grande superficie de culture doit être
                                                                                  Les insectes ne sont pas non plus la panacée. Pour une
consacrée à produire de la nourriture pour passer l’hiver.
                                                                                  bonne production d’insectes, il faut leur donner de la
Autres animaux                                                                    nourriture de qualité (pas juste des résidus). Ainsi,
                                                                                  l’élevage de grillons n’est pas plus efficace que l’élevage
Se tourner vers les pêcheries pour consommer de la
                                                                                  de volailles pour la conversion des protéines, avec un
viande n’est pas réaliste. Déjà 80% des stocks globaux
                                                                                  ratio d’environ 2 pour 1. Même si c’est plus efficace que
de poissons sont déjà complètement exploités,
                                                                                  le bœuf, manger directement des végétaux reste la
surexploités, épuisés ou au bord de l’effondrement20.
                                                                                  meilleure option. Il faut aussi mettre un bémol à la
                                                                                  multiplication des ruches. Les abeilles à miel ne sont pas
                                                                                  indigènes en Amérique et menacent les populations de
                                                                                  pollinisateurs indigènes (ex. bourdons)22.

                                                                                  Conclusion
                                                                                  D’un point de vue environnemental, on ne peut espérer
                                                                                  lutter contre les changements climatiques et la sixième
                                                                                  extinction sans une diminution drastique du nombre
                                                                                  d’animaux d’élevage. Bien entendu, cela va de pair avec
                                                                                  la nécessité de changer les habitudes alimentaires afin
Le chalutage avec ses filets de plusieurs kilomètres de                           de réduire, ou d’éliminer, les produits animaux.
long     est    particulièrement  dommageable      pour
                                                                                  Du côté agricole, cela implique une transition vers un
l’écosystème en récoltant tout sur son passage. 20% des
                                                                                  modèle qui n’utilise pas d’animaux d’élevage ni leurs
animaux capturés en pêches commerciales sont des
                                                                                  sous-produits (fumier, farine de sang, etc.). Nous devons
prises secondaires ou des animaux non voulus. Et si on
                                                                                  commencer dès maintenant à orienter l’agriculture vers
se préoccupe des déchets plastiques dans les océans
                                                                                  la   production      biologique    de   végétaux     pour
(par ex. les pailles), mieux vaut cesser de consommer
                                                                                  consommation humaine : légumineuses, céréales, fruits,
des poissons, car 46% du plastique dans les océans vient
                                                                                  légumes, noix, graines, champignons, fines herbes,
des filets de pêche abandonnés21.
                                                                                  plantes médicinales, arbres (érables, bouleau). Il faut
L’aquaculture n’est évidemment pas une solution. Ces                              aussi revoir les systèmes de culture et l’aménagement
fermes entassent des milliers de poissons dans de                                 des fermes pour favoriser la biodiversité et la protection
grands filets en pleine mer. Maladies et parasites                                des sols. Pensons aux engrais verts, compost, travail
pullulent et amènent l’industrie à utiliser quantité de                           réduit du sol, bandes riveraines, haies brise-vent, etc.
médicaments. Des pesticides et autres produits toxiques                           S’ajoute aussi l’agriculture urbaine qui devrait être
sont aussi utilisés pour contrôler des prédateurs.                                généralisée (toits, balcons, devant et derrière les
                                                                                  habitations, terrains vagues, parcs…).

   www.onegreenplanet.org/news/ocean­plastic­made­discarded­fishing­nets

   wildpollinators­pollinisateurssauvages.ca/fr/2018/02/09/abeille­domestique­et­abeilles­sauvages

                                                                                                                                           7
DAZIBAO - AmiEs de la Terre de Québec
DAZIBAO
Du côté des habitudes alimentaires, il faut se tourner
vers les alternatives végétales et apprivoiser les
légumineuses.      De   nombreuses     ressources    sont
désormais disponibles pour faciliter cette transition.
L’initiative Défi Végane 21 jours est gratuite et connaît
beaucoup de succès23. Les librairies et les bibliothèques
publiques regorgent de livres de recettes.

                La Cuisine de Jean-Philippe (blogue et
                livre) est parmi les plus populaires.
                L’application Dr Greger Daily Dozen
                (pour téléphone Android et iOS) est
                recommandée      pour     viser   une
                alimentation optimale au quotidien.
                En plus d’aider la planète, une
                alimentation végétale aide à prévenir
plusieurs maladies chroniques (diabète, maladies
cardiaques et cancer) et peut même en renverser
certaines24.

D’un point de vue éthique, les produits animaux
occasionnent beaucoup de souffrance en raison des
conditions d’élevage inacceptables. La grande majorité
des animaux sont traités de manière mécanique sans
égard à leurs besoins fondamentaux ou à leur capacité
de souffrir. Des pratiques comme l’ablation de la queue
des cochons, le débecquage des poussins et la castration
des mâles infligent de grandes souffrances. Sans oublier
que la majorité d’entre eux sont entassés dans des
enclos intérieurs jusqu’au jour où ils vont se faire
abattre.
                                                            Pour approfondir
                                                            Visitez www.veganequebec.net
Manger est un geste que tout le monde fait plusieurs fois
par jour. Manger des végétaux est facile, économique et
accessible à tous. En plus d’aider l’environnement, notre
santé et les animaux, ce geste envoie un message clair à
l’industrie et aux gouvernements.
                                                              • Liste exhaustive de documentaires (Cowspiracy, Un
                                                               repas Végé, La face cachée de la viande, etc.)
                                       Tous ensemble,         • Liste de livres commentés
                                      nous pouvons faire
                                                              • Recettes et activités
                                        une différence.
                                                              • Guide ressources
                                         Parlons-en!

    http://ledefivegane21jours.com/

8
DAZIBAO - AmiEs de la Terre de Québec DAZIBAO - AmiEs de la Terre de Québec DAZIBAO - AmiEs de la Terre de Québec
Vous pouvez aussi lire