Deus ex machina sheena macrae
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Drink, 2004. Vidéo, 7’30’’. L’art ne flotte pas au-dessus de la société, il en est partie intégrante. Depuis les origines, l’histoire des hommes et des civilisations, des modes de production et des rapports économiques, l’évolution des sciences et des techniques nourrissent l’histoire de l’art et la font évoluer. Même si le statut d’artiste est toujours indécis et fragile, même si les peurs, les sensations, les représentations, les rêves et les questions des hommes restent son terreau depuis la préhistoire, l’image de l’artiste travaillant seul avec son pinceau, son burin ou son révélateur, n’est plus exacte. À l’heure de la mondialisation, de la télévision et du numérique, de l’anonymat et des duplicatas, des séries normalisées, de la surconsommation des uns et de la misère des autres, de la perte de repères concrets et humains, et parfois de la perte de sens, les outils et les modes de production artistique se sont diversifiés et les artistes interrogent et critiquent le monde sous des formes et dans des conditions nouvelles... Alors les « Zones de Productivités Concertées », c’est quoi ? Une exploration par le MAC/VAL des modes de production et de l’économie à travers l’art d’aujourd’hui... Le musée se risque à cette exploration en trois volets d’expositions temporaires où sont invités chaque fois plusieurs artistes français et étrangers : chacun à sa manière parle d’économie et de ses flux, d’activité, du travail, d’échanges, de marché et de la place de l’art dans notre société... De quoi nourrir notre réflexion sur les rapports de production et les mécanismes de l’économie aujourd’hui, mais aussi notre regard sur nous-mêmes – et nos émotions –, enfin, sur notre place dans ce monde... Je souhaite que vous continuiez, toujours plus nombreux, à venir prendre l’art au MAC/VAL ! Christian Favier Président du Conseil général du Val-de-Marne MAC/VAL Musée d’art contemporain du Val-de-Marne Place de la Libération 94400 Vitry-sur-Seine T. 01 43 91 64 20 F. 01 43 91 64 30 www.macval.fr Anne Dahlström, direction générale adjointe des services départementaux, pôle éducation-culture Corinne Poulain, direction de la culture Alexia Fabre, conservateur en chef Administration : Dominique Heurtier Expositions temporaires : Frank Lamy Régie : Pascal Guiomar, André Lejeune Communication : Sébastien Delot Action culturelle : Muriel Ryngaert Action pédagogique : Stéphanie Airaud Guides conférenciers : Arnaud Beigel, Julien Blanpied, Florence Gabriel, Marion Guilmot Centre de documentation : Céline Latil Éditions : Julie David
Le moins (d’images), c’est le plus (de culture) ? Regarder Autant en emporte le vent en 5 minutes1 (contre les 3 h 30 effectives du film), Pulp Fiction en 1 minute 2 ou Dallas à travers un montage choisissant uniquement les scènes où les protagonistes consomment de l’alcool 3, c’est donner à regarder la vitesse, c’est offrir une réflexion sur le temps, et c’est rejouer le geste de l’appropriation que l’histoire de l’art moderne nous aura tellement servi. Par effets de montage, accélération, superposition, réduction, empilement, compression, saturation, autant de gestes appartenant aux pratiques de la post-production, Sheena Macrae donne à lire au spectateur l’essence même de la puissance « culturelle » d’images, connues et reconnues, qui deviennent les images fantômes, angoissantes, d’une mémoire presque obligatoire, sans aucun doute collective, dont on ne saurait plus se débarrasser. Sheena Macrae emprunte donc abusivement (au meilleur sens du terme) des images de fictions ultra-populaires pour en brouiller le sens initial et faire surgir des formes et des surfaces nouvelles. Dallas, Wonder Woman, Autant en emporte le vent ou Pulp Fiction ont ce point commun d’être entrés dans l’imaginaire collectif et de faire partie du champ de référence de n’importe quel individu social occidental. Si nous sommes ici dans une forme d’économie de l’image, au sens « économe », puisque Sheena Macrae nous offre la possibilité de faire le tour de ces films et séries au plus vite, en moins de temps que ne le prévoit le déroulement normal, il s’instaure un effet inverse : la révélation d’une profusion un peu écœurante, largement ridicule, mais fascinante dans la tendance à la disparition ou au brouillage du narratif. Le moins, ici, c’est le plus, le plus de réflexion. Le choix même des fictions est loin d’être anodin. Si elles appartiennent toutes à la culture populaire, c’est bien souvent la dimension amorale ou une idéologie ambiguë que donne à lire l’artiste. Toutes ces fictions mettent en scène un rapport au pouvoir ou au désir de pouvoir, à la corruption, la toute-puissance, l’alcoolisme et autres pratiques addictives. Ce qui aura fait le succès de Dallas, c’est non pas la mièvrerie, mais bel et bien la dimension violente et le complot permanent qui se trame dans cette famille d’exploitants pétroliers. Pulp Fiction nous dit le crime, la drogue et, là aussi, le réseau mafieux qu’il met en scène. Enfin, le racisme et l’exclusion entrent en jeu dans Autant en emporte le vent ou Wonder Woman, disant des femmes affranchies mais justicières d’un monde normalisé et façonné à l’idéologie américaine dominante. Finalement, en empruntant le déplacement et le détournement de créations préexistantes, Sheena Macrae offre une infraction dans un mur d’images qui habitent la mémoire collective. Elle relifte toutes ces images, comme pour nous éviter une nostalgie dangereuse. Muriel Ryngaert ______________ 1 Gone, 2002. 2 Fiction In One Minute, 2000. 3 Drink, 2004.
Less (images) is more (culture)? Watching Gone with the Wind in 5 minutes1 (as opposed to the film’s actual 3 hours and 30 minutes), Pulp Fiction in 1 minute 2 or Dallas through a montage showing only the scenes where the leading characters are drinking alcohol 3 is to observe speed, to offer a reflection on time and to perform once again the gesture of appropriation so often dealt us by the history of modern art. Through effects of editing, speeding up, superposition, reduction, stacking, compression and saturation, all of these gestures that belong to post-production practices, Sheena Macrae shows the viewer the very essence of the ‘cultural’ power of well-known, recognisable images, which become the phantom, distressing images of an almost compulsory and emphatically collective memory that we can no longer rid ourselves of. Sheena Macrae borrows images wrongly (in the best sense of the word) from ultra-popular fiction in order to blur its original meaning and cause fresh forms and surfaces to appear. Dallas, Wonder Woman, Gone with the Wind and Pulp Fiction have this in common: they have all entered the collective imagination and belong to the field of reference of any Western social individual. Although, here, we are in a form of image economy, in the time-saving sense, since Sheena Macrae offers us the possibility of seeing all these films and series as rapidly as possible, in less time than their normal duration, the effect is the opposite: a slightly sickening, quite absurd, but fascinating profusion is revealed, tending towards the disappearance or blurring of narrative. Less, here, is more, more reflection. The very choice of the particular works of fiction is far from insignificant. Although all of them belong to popular culture, quite often it is the amoral dimension or an equivocal ideology that the artist shows us. All of these works of fiction stage a relationship with power or the desire for power, corruption, absolute power, alcoholism and other addictive practices. What made Dallas successful was not the sentimentality, but rather the dimension of violence and ongoing conspiracy brewing in the family of oil barons. Pulp Fiction talks of crime, drugs and, once again, the mafia network. Finally, racism and exclusion come into play in Gone with the Wind or Wonder Woman, talking of women who are liberated but who dispense the justice of a normalised world, moulded to the prevailing American ideology. In short, by shifting around and twisting pre-existing works, Sheena Macrae offers a breach in a wall of images that inhabit the collective memory. She salvages and rescues all these images, as if to save us from dangerous nostalgia. Muriel Ryngaert ______________ 1 Gone, 2002. 2 Fiction In One Minute, 2000. 3 Drink, 2004.
Dallas, 2005. Vidéo, 50’.
Dallas, 2005. Vidéo, 50’.
Dallas, 2005. Vidéo, 50’.
Dallas, 2005. Vidéo, 50’.
Dallas, 2005. Vidéo, 50’.
Dallas, 2005. Vidéo, 50’.
Dallas, 2005. Vidéo, 50’.
Odyssey, 2006. Vidéo, 7’.
Odyssey, 2006. Vidéo, 7’.
Odyssey, 2006. Vidéo, 7’.
Odyssey, 2006. Vidéo, 7’.
Odyssey, 2006. Vidéo, 7’.
Odyssey, 2006. Vidéo, 7’.
entretien/interview sheena macrae Si l’histoire des relations entre art et économie est longue et complexe, avec le déploiement de formes que l’on pourra regrouper rapidement sous l’appellation d’economic art, depuis les obligations Though the history of relationships between art pour la roulette de Monte-Carlo de Marcel Duchamp and economy is a long and complex one, with a en 1924 jusqu’aux activités entrepreneuriales d’un range of forms that could rapidly be grouped under Fabrice Hyber, elle est également balisée par de the label of economic art, from Marcel Duchamp’s nombreuses et importantes expositions. Monte Carlo Bond in 1924 to the entrepreneurial Pour « Zones de Productivités Concertées », cycle de activities of Fabrice Hyber, it has been well-charted vingt et une expositions monographiques réparties by many, important exhibitions. en trois volets sur toute la saison 2006-2007, il With ‘Zones de Productivités Concertées’, a series of s’agit de déplacer la perspective. En réunissant twenty-one monographic exhibitions in three parts des univers artistiques qui, à un moment de leur spread over the 2006-2007 season, it is a case of processus, mettent en œuvre des questionnements shifting the perspective. Combining artistic worlds économiques (le travail, l’échange, la production, le that, at some point, bring economic questions stock, l’activité, la fonction, les flux, l’atelier…), ce into play (work, exchange, production, stock, n’est pas tant à des développements thématiques activity, function, flow, the workshop…), it is not so que le visiteur est convié, mais à une analyse décalée. much thematic expositions to which the visitor is L’économie – ses interrogations, ses concepts, sa invited, but a sideways analysis. The economy – its pensée – y est envisagée comme un filtre critique questions, its concepts, its thinking – is taken as a de certaines pratiques artistiques contemporaines. critical filter for some of today’s artistic practices. Les œuvres des artistes invités ne se situent pas The works of the artists invited are not set in some dans un rapport illustratif ou mimétique face à la illustrative or mimetic rapport with the economic sphère économique. Complexes et polysémiques, sphere. Complex and polysemic, they go well elles dépassent très largement ces notions. beyond these notions.
Sheena Macrae s’empare des produits de l’industrie faut le casser et le réenclencher pour que l’œuvre cinématographique et les manipule. Elle maltraite puisse fonctionner. La manipulation des films le matériau filmique pour en révéler l’essence. peut se percevoir sous l’angle d’une économie de Post-productrice, elle compresse, accélère, diffracte moyens, un maximum d’efficacité pour un minimum pour mettre à jour les formes standardisées d’images. Surtout, il y a une économie de temps, de la narration, les clichés hollywoodiens ou au sens le plus « paresseux », grâce à l’élagage des les contraintes économiques sous-jacentes de informations, la compression, l’accélération et les l’entertainment tout-puissant. mélanges de strates visuelles. De ce point de vue, on peut parler d’une espèce de réduction, qui ne Comment as-tu perçu l’invitation qui t’est faite vise pas un idéal, mais plutôt inverse par le vide de participer à ce cycle d’expositions autour de une réalité profonde ou un pouvoir. l’économie ? Pour moi, la notion d’économie est un Tu proposes un ensemble d’œuvres pour transmutateur, un peu comme un adjectif l’exposition. Comment s’articule ton choix ? qualificatif qui infléchit le principe d’un système. Je voulais que les œuvres se torpillent entre elles, Économie culturelle, économie d’échelle, du désir, indirectement, par le jeu des contradictions. C’est de moyens, économie politique, économie du don, pourquoi j’ai pris pour titre l’artifice du deus ex économie de l’information... En fin de compte, machina, le « dieu sorti de la machine », désignant toutes les économies reposent sur un système un rebondissement improbable qui résout une d’échange et de compensation : une chose situation impossible, comme dans le célèbre épisode contre une autre, essentiellement une multitude de Dallas où Pamela Ewing se réveille, et ce n’était de symboles variables dont la signification, qu’un rêve... la plus radicale de toutes les solutions déterminée par consentement mutuel, se modifie providentielles du « dieu tiré de la machine ». Dans au fil de perpétuelles négociations, transactions et l’exposition, on ne sait pas très bien qui ou quoi joue substitutions. La notion d’économie appliquée à l’art ce rôle : est-ce la manipulation de l’intrigue initiale, suppose d’autres systèmes dominants d’échanges la série de télescopages dans l’œuvre, l’artiste, le culturels, où l’étalon monétaire est le sens spectateur, ou encore le contexte muséal ? implicite que l’on communique au spectateur en l’encourageant à y réfléchir à tel ou tel moment. Comment choisis-tu les films à partir desquels tu travailles ? J’y vois, quant à moi, un point Où se situe, pour toi, la dimension économique commun : ils mettent en scène des personnages de ton travail ? fascinés par le pouvoir. Est-ce le seul ? Plusieurs « économies » entrent en jeu dans mon Le choix procède de la volonté d’élucider une travail. Très concrètement, je me sers presque idée ou un problème. Je prends des films toujours de films réalisés par d’autres, par un acte emblématiques, souvent aux proportions de d’appropriation qui est un recyclage de produits l’épopée ou de la saga, afin de jouer sur leur existants. Je n’ai pas à écrire de scénario, à recruter composante de mémoire collective, d’intrigue et des acteurs, ni à réunir une équipe pour le tournage. de langage cinématographique. J’essaie de brouiller Tout est déjà là. C’est à ce stade que j’interviens et ces repères familiers, de les réduire à des vecteurs que le travail commence. Le film possède une autre de données, renvoyant à des souvenirs que l’on a économie, qui est celle de la popularisation, de la déjà dans la tête. Ces archétypes du pouvoir et du mémoire collective, objet principal de mon activité. mélodrame sont les éléments moteurs des films en L’ancrage dans l’imaginaire populaire est essentiel, question. Le schéma répétitif du récit agit comme quand il s’agit d’utiliser des éléments et un langage une drogue. Dans Dallas, par exemple, j’ai pris tous enracinés dans notre conscience culturelle, mais il les épisodes diffusés en 1980, l’année du fameux
« Qui a tué J.R. ? », une formule répercutée sur les aux séries télé. Wonder Woman relève du porno manchettes des journaux du monde entier. Je suis de science-fiction, avec la nana en maillot de bain prête à parier qu’il existe une tasse à café ornée de qui ne cesse d’exploser à tout bout de champ. cette phrase quelque part sur une île lointaine du Pulp Fiction est une bande-annonce-clip vidéo Pacifique, pour donner la mesure du phénomène. en supervitesse, victime de sa propre campagne L’alliance de l’image et du son dans Dallas parodie de promotion. Je titille l’industrie de la culture et l’effet hallucinogène. On se grise d’argent, de des loisirs en mettant le doigt là où ça fait mal. luxe et de pouvoir, on devient accro à la série Mais je m’en rends complice, également, par mon télé. Tout ce qu’on dévorait avidement chaque impatience, ma précipitation, mon désir d’en avoir vendredi soir pendant une année entière donne plus, de tout voir et tout avoir, encore plus vite. la nausée si on l’avale en une seule prise. De ce En même temps, ce désir est contrarié, gommé, fait, il n’y a pas d’intrigue dans l’œuvre, du moins insatisfait. C’est là que les images se figent, créant pas d’intrigue reconnaissable. On connaît assez des surfaces chatoyantes qui ont du sens : le vernis bien les films pour pouvoir se passer de l’histoire, aux multiples modulations formé par les visages qui n’a plus aucun intérêt. C’est un reflet de notre dans Dallas, l’éclat accéléré de Gone et les flux mémoire. Finalement, les films nous parlent de de données façon op’art d’Odyssey. J’essaie de nous-mêmes (de la façon dont chaque personne pousser les choses à fond, de donner un maximum interagit avec les paquets d’information), du style de vitesse pour souligner le fantasme, le cliché et (l’allure des choses) et des subtilités du montage l’artifice. (certaines scènes d’Autant en emporte le vent restent inoubliables : le champ de soldats blessés, Entretien réalisé par Frank Lamy et Julien Blanpied l’incendie d’Atlanta, l’escalier à Tara). Cette version est « désépopéisée ». On la regarde d’un œil neuf dans le vide de pouvoir. Les procédures auxquelles tu as recours mettent véritablement à mal les films que tu manipules. Cette violence formelle et visuelle (tu malmènes le spectateur autant que les films) fait-elle écho à la mainmise de l’industrie de l’entertainment ? Le spectateur est un peu poussé dans ses retranchements. Je crois que ça tient à mon expérience professionnelle dans l’industrie du cinéma. Rien n’est exclu de l’appropriation, rien n’est sacré. Comme j’utilise des films archiconnus, je dois y aller assez fort pour les défamiliariser. Le « remixage » lui-même est très intéressant, mais ce qui compte, c’est la conception définitive de l’œuvre, pas le mode opératoire. Chacune possède son « allure » ou son « style » revu et corrigé, qui exalte ou transforme complètement le genre où elle s’inscrit. Dallas est un film de défonce, aussi planant que l’alcoolisme de Sue Ellen ou le mauvais rêve de Pam, drogue larmoyante pour les accros
Wonder, 2004. Vidéo, 2’30’’.
Fiction In One Minute, 2000. Vidéo, 1’.
Sheena Macrae takes possession of and manipulates time, in the ‘lazy’ sense of the word, by streamlining products of the film industry. She ‘misuses’ the information, compressing, speeding up and mixing material of film so as to reveal its essence. A post- visual layers. This way, the work deals with forms producer, she compresses, accelerates, diffracts in of reduction, but not as an ideal, more a vacuumed order to uncover standardised forms of narration, inversion of an essence or power. Hollywood clichés or the economic constraints underlying all-powerful entertainment. You have proposed a series of works for the exhibition. What did you base your choice on? How did you perceive the invitation to take I wanted the works to undermine each other, not part in this series of exhibitions based around directly but obliquely like a foil. For this I chose the economy? construct of Deus Ex Machina – translated from For me, the idea of economy acts as a shape-shifter, Latin as ‘god from the machine’ – as the exhibition a kind of adjective or modifier that colours the title. This refers to the dramatic device where an concept of a system; cultural economy, economy improbable plot twist resolves the insolvable issues of scale, of desire, of means, political economy, of a narrative, such as the one famously used gift economy, information economy. Ultimately in Dallas – she woke up and it was all a dream any economy employs a system of exchange; quid – the most efficient of all ‘god from the machine’ pro quo – something for something, essentially a solutions. But it’s unclear who or what is playing multiplicity of transmutable tokens, the significance that role in the exhibition; is it the original narrative determined by mutual agreement, shifting by manipulation, the conflux in the work, the artist, constant negotiation, reception and substitution. the viewer or the gallery context? Applied to art, the concept of ‘economy’ implies different dominant systems of cultural exchange, How do you choose your movies, your material? the common currency of this kind of system is the Personally, I can see a common point: all the inferred and shared meaning that the viewer is characters are full of and fascinate by ‘power’. encouraged to examine at any one moment. Is it the only common point? My choice of films starts from the attempt to In your opinion, where does the economic solve an idea or problem. I pick iconic material, dimension of your work lie? often with epic proportions so I can play on the There are several ideas of economy in my work. pre-existing value of collective memory, narrative The most literal one is that I predominately use and film language that is epitomised. I try to found footage, so appropriation is a recycling of estrange this familiarity, reducing it to data vectors, an existing commodity. I don’t write a script, cast pointers to memories that already exist in our actors and hire film crews to initiate the work; the heads. These archetypes of power and melodrama material pre-exists. It’s at that point I intercept and are determining energies in the material. The the work begins. The footage has another economy, patterning of the narrative is addictively charming. one of familiarisation, of collective memory, that is a For instance with Dallas, I chose the complete 1980 principal product I am trading. The leverage into the episodes, the ‘Who Shot JR’ year, a line that rippled popular imagination is critical, using the materials across newspaper headlines around the world. and language embedded in our cultural psyche, I can bet there is a coffee cup with that line on but this needs to be broken and re-engaged for it, somewhere on a remote island in the Pacific the work to be effective. The handling of material – that is the scale. The mix of image and sound in can be viewed through an economy of means, Dallas parodies the big hallucinogenic effect; drunk how much I can push the images for maximum on money, glamour, power, soap addiction. All the effectiveness. More importantly is the economy of things you would have craved every Friday night for
an entire year, when seen in one dose makes you kind of sick. In this way the work doesn’t contain a narrative, or not recognisably – which is the point – you know the films so well you can get rid of the story altogether, the story is totally irrelevant. This mirrors actual memory, films become about self (how the individual interacts with info bytes), style (the pure look of the thing) and the subtle editing twists (you always remember Gone With The Wind as certain scenes – war dead, town fire, Tara staircase). This version is de-epic-ed. So there is the newness of the viewing experienced in that vacuum of power. The procedures that you use involve damaging the films you use. Does this formal and visual violence (you mistreat the movie and the audience) echo the omnipotence of the cultural industry and entertainment? The work is a bit of a gun-to-the-head for the viewer. I think this has something to do with having worked in the film industry; nothing is beyond appropriation, nothing sacred. Because the material is familiar, I have to push it quite far, to make it unfamiliar again. While there is a lot of interest in ‘remixing’ it relies on the final vision of the work, not just the process. Each work has a specific re-edited ‘look’ or ‘style’ which completely enhances or changes the genre context. Dallas is a drug film – trippy like Sue Ellen’s addiction or Pam’s bad dream, the bleary-eyed addiction of the soap. Wonder Woman is sci-fi porn – this chick in a bathing suit exploding over and over and over again. The Pulp Fiction piece is a trailer/music video on superspeed, a victim of its own promo campaign. I am poking fun at the cultural/entertainment industry’s soft underbelly. I also make myself complicit; it is my own impatience, my desire for acceleration, for more, to see and have it all – and then faster. At the same time this desire is undermined, erased, unfulfilled. This is where the images congeal, creating glossy surfaces which are significant: Dallas’s modulating veneer of faces, Gone’s speedy gloss and Odyssey’s op art streams of data. I’m trying to push it over the edge, a maximum velocity emphasising the fantasy, clichés and constructs. Interview conducted by Frank Lamy and Julien Blanpied
Drink, 2004. Vidéo, 7’30’’.
Sheena Macrae Née en 1972 ; vit et travaille à Londres. Born in 1972; lives and works in London. Expositions personnelles/Solo exhibitions 2006 « Flatpack », Raw Space Gallery, Brisbane 2005 « Dallas », Galleria Huuto, Helsinki « Retro Continuity », St Paul’s Gallery, Londres « Focal 2005 », Focal Solo, Ruthin 2004 « Video Lounge », Vox Populi, Philadelphie Expositions collectives (sélection)/Selected group exhibitions 2006 « SynCity », Australian Centre for Photography, Sydney « All The Critics Love You », Loose Projects, d/lux/MediaArts, Sydney « Sequence », The SPACE Theatre, Londres « Car Boot Fair », Old Truman Brewery, Carter Presents, Londres 2005 « Accelerando », West Space, Melbourne « ARC Biennial: Uncovered ARC », Raw Space Gallery, Brisbane « Sequence », de Rode Bioscoop, Amsterdam « Sheena Macrae, Stephen Palmer & Joe Woodhouse », Waygood Gallery, Newcastle upon Tyne « RAW – MUS », Raw Space Gallery, Brisbane « 25 », Exposure Gallery, Swansea 2004 « Critical Home Video », Latitude 53, Edmonton, Alberta « Shapeshifters, M-Projects », Galerie Edward Mitterand, Paris « Draw-Drawing », London Biennale, Gallery 32, Londres « Cindarella », Workspace Tower Bridge, Londres « Fleamarket, Temporarycontemporary », Londres « Ready, Steady, Go », Three Colts Gallery, Londres 2003 « Critical Home Video », Govett-Brewster Art Gallery, New Plymouth « Flying High », Rm303 Achilles House, Auckland 2002 « Critical Home Video », Artspace, Peterborough « Solid Gold », Vox Populi, Philadelphie « Blondes Buy More Peroxide », 1,000,000mph, Londres « Blow Up Your TV », York City Art Gallery, York « Eye Jam », Olgilvie Advertising, Canary Wharf, Londres « Goldsmiths MA Show », Goldsmiths College, Londres « Guns and Roses », 86 Brick Lane, Londres « Back to Mine », Deptford X, Londres 2001 « Teeth and Trousers », Cell Project Space, Dalston, Londres « Insider Trading », Mandlebrot Hotel, Londres Projections (sélection)/Selected screenings 2006 « Pulsar », tba, Caracas « Wormhole Saloon III », Whitechapel Art Gallery, Londres « Un dimanche au musée », MAC/VAL, Vitry-sur-Seine « Basement Screen », The Residence Gallery, Londres « Intro Out », Xilourgio Mulos Cultural Centre, Thessalonique « National Psych », The Lab, San Francisco
« Bloc Assembly 3 », Bloc Gallery, Sheffield 2005 « Rencontres internationales Paris/Berlin », Paris « Avanto Festival », Helsinki « Screening Program », Phatspace, Sydney « Hermeneutic », The Pool, Londres « The Remix Suite, This Is Not Art Electrofringe Festival », Newcastle « Out of Darkness », Light House Cinema, Wolverhampton/mac Cinema Birmingham/The Old Market Hall Cinema, Shrewsbury/Metro Cinema, Derby « Imaginaria Festival Internazionale di Cinema Libero », Conversaro « XXVII Moscow International Film Festival », Moscou 2004 « Winter Fate », Space, Triangle, Londres « Rencontres internationales Paris/Berlin », Cinémathèque française, Paris « Cinema Field », Portobello Festival, Glastonbury Festival, Glastonbury 2003 « The Kiosk », The Physics Room, Christchurch « Welcome to the Pleasure Dome 3 », Ipso Facto, Nantes « Welcome to the Pleasure Dome 2 », Le Cube, Paris 2002 « Portobello Film Festival », Westbourne Studios, Londres « Mirror, Mirror », Gallery 291, Londres « Welcome to the Pleasure Dome », L’Autre Café, Paris 2001 « Portobello Film Festival Video Night », The Clinic, Soho, Londres « Portobello Film Festival », Portobello Festival, Londres « Becks Futures2 Student Film and Video Festival », ICA, Londres Gallery, Edimbourg/Laing Art Gallery, Newcastle/Sotheby’s, New York Filmographie/Filmography Odyssey, vidéo, 7’, 2006 Dallas, vidéo, 50’, 2005 Story, vidéo, 12’, 2005 Wonder, vidéo, 2’30’’, 2004 Drink, vidéo, 7’30’’, 2004 Gone, vidéo, 5’, 2002 Fiction In One Minute, vidéo, 1’, 2000 Talking In My Sleep, 16 mm, 16’, 1998 Colorstock, 35 mm, 5’, 1996 Black White, 35 mm, 7’, 1995 Black White, 35 mm, 2’30’’, 1995 Iconic Memory, 16 mm, 8’, 1994 Publications SynCity Catalogue, DVD Collection, Sydney, 2006 Pandora Box, A DVD Collection, National Psyche, San Francisco, 2006 Flatpack TV, par Patricia Ellis, Retro Continuity Exhibition Pamphlet, 2005 Focal 2005, Focal Solo Exhibition Pamphlet, 2005 Pressed for time? GWTW in five, Arts Hub Online Magazine, 2005 Retro Continuity, Urban Junkies Online Magazine, 2005 MA Show Catalogue, Goldsmiths College, University of London, 2002 Artfocus Magazine, « Teeth & Trousers », vol. 9, n° 2, 2001 Tank, « Insider Trading », automne 2001 Assembly Show Catalogue, Eric Drossart/Michel Neeus/Katie Robyns, Londres, 2000
Sheena Macrae tient à remercier Frank Lamy, Matt Franks, Patricia Ellis, Brent Allpress, Robb Kelly, Joe Slade, Margie Goodspeed et Dawn Shorten. L’équipe du MAC/VAL remercie chaleureusement Sheena Macrae pour son engagement dans le projet. Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition Sheena Macrae, Deus ex machina qui s’est tenue au MAC/VAL du 13 octobre 2006 au 14 janvier 2007 dans le cadre du cycle « Zones de Productivités Concertées » (13 octobre 2006-19 août 2007) This catalogue was published on the occasion of the exhibition Sheena Macrae, Deus ex machina held at the MAC/VAL from 13 October 2006 to 14 January 2007 as part of ‘Zones de Productivités Concertées’ (13 October 2006–19 August 2007) Exposition Commissaire : Frank Lamy Assistant : Julien Blanpied Publication Direction d’ouvrage : Julie David Conception et réalisation graphique : Marie Auvity Traduction : Jeanne Bouniort (anglais/français), Gabrielle Lawrence (français/anglais) Relecture : Florence Leroy (français), Bernard Wooding (anglais) Photogravure et impression : Stipa (France) Images : © Sheena Macrae. Droits réservés. © MAC/VAL, 2006 ISBN 10 : 2-916324-09-7 ISBN 13 : 978-2-916324-09-8 Dépôt légal : octobre 2006 Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est interdite sans l’autorisation préalable de l’éditeur. Distribution/Diffusion Éditions Sept : www.isthme-editions.com prix : 6 euros TMXHSMJLGY324050Z
Zones de Productivités Concertées
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