Développement des énergies marines renouvelables et préservation de la biodiversité - Les énergies renouvelables - VOLUME 2
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Développement des énergies marines renouvelables et Les énergies renouvelables préservation de la biodiversité - VOLUME 2 -
Rédaction : Marion PEGUIN, sous la coordination de Christophe LE VISAGE, animateur du groupe de contact « Energies marines renouvelables », Guillemette ROLLAND, présidente de la Commission « Gestion des Ecosystèmes » et Sébastien MONCORPS, directeur du Comité français de l’UICN. Remerciements : Le Comité français de l’UICN remercie particulièrement : les personnes ayant relu attentivement ce travail : BARILLIER Agnès (EDF) - BAS Adeline (EDF EN) - BONADIO Jonathan (MEDDE- DGEC) - CARLIER Antoine (IFREMER) - DELENCRE Gildas (Energies Réunion) - GALIANO Mila (Ademe) - GUENARD Vincent (Ademe) - LEJART Morgane (FEM) - MARTINEZ Ludivine (Observatoire Pelagis) - MENARD Jean-Claude (ELV) - MICHEL Sylvain (AAMP) - de MONBRISON David (BRLi), les membres du groupe de travail « Mer et Littoral » du Comité français de l’UICN, présidé par Ludovic FRERE ESCOFFIER (Nausicaa), les participants des différents comités de pilotage : AMY Frédérique (DREAL HN) - ANDRE Yann (LPO) - ARANA-DE-MALEVILLE Olivia (FEE) - AUBRY Jérémy (Gondwana) - ARGENSON Alain (FNE) - BARBARY Cédric (GDF Suez) - BAS Adeline (Ifremer / EDF EN) - BEER-GABEL Josette (expert) - BELAN Pierre-Yves (CETMEF) - BONADIO Jonathan (MEDDE-DGEC) - BONNET Céline (Va- lorem) - BORDERON Séverine (GREDEG-CNRS) - BOUTTIER Jenny (BRLi) - CAILLET Antonin (Alstom Ocean Energy) - CANON Marina (EDPR) - CANTERI Thierry (PNM Iroise, AAMP) - CARRE Aurélien (UICN France) - CASTÉRAS Rémi (WPD Offshore) - CHA- TEL Jean (RTE) - CHRISTIN Jérôme (CEREMA) - COUSTY-MARTINIE Elodie (FNE) - DACQUAY Vanessa (UICN France) - DELANGUE Justine (UICN France) - DELAPLACE Sophie (EOLE RES) - DELCOURT Vincent (Biotope) - DELIESSCHE Judicaelle (Marineener- gytimes) - DEVISSE Jean-Stéphane (WWF) - DIAZ Bérénice (Sogreah Artelia Group) - DRU Johanne (expert) - DUMEAUX Lorène (Vinci Concessions) - DUMONT Cécile (FNE) - GERARD Léa (MEDDE) - GIRARD Johann (WPD offshore) - GONZALEZ Lauriane (Compagnie du Vent) - GRANDGUILLOT Eric (Altech-ENR) - GREVELLEC Agathe (GDF Suez) - GROSDEMANGE Didier (InVivo Environ- nement) - GUESDON Romain (Compagnie du vent) - GUIBERT Philippe (CREOCEAN) - HATE Elodie (Compagnie du Vent) - IMBERT Nicolas (GCFT) - JOURDAIN Jérôme (CNPMEM) - KERMAGORET Charlène (Ifremer) - LAFON Xavier (MEDDE) - LE CROM Izan (Ecole Centrale de Nantes – SEMREV) - LEFEVRE Christophe (UICN France, AAMP) - LE GOUVELLO Raphaëla (expert) - LEJART Morgane (France Energies Marines) - LEMIERE Samuel (GDF Suez) - LESIGNE Jean-François (RTE) - L’HOSTIS Denez (FNE) - LIEPPE Denis (expert) - LIHOREAU Antoine (GDF Suez) - LOAEC Jean-Marie (EDF-CIH) - MARCELLIER Marc-Adrien (expert) - MARIE Anne-Claire (FNE) - MATHIEN Adeline (FNE) - MENARD Jean-Claude (expert) - MICHALSKI Julie (FNE) - MICHEL Jean-Paul (Pew Environne- ment) - MICHEL Sylvain (AAMP) - MONNET Alice (GDF Suez) - MOREAU Johanna (CEMEX) - NGO JE Jean (expert) - OLLIER Michel •2• (Pôle Mer Méditerranée) - PERVES Philippe (Nass-et-Wind) - PIANTE Catherine (WWF) - PIGUET Caroline (EOLE-RES) - RAOUX Aurore (RTE) - REGNIER Mathias (FrancEole) - ROCHE Henri Pierre (EDF EN) - ROGER-DENEUVILLE Roxane (expert) - ROLLAND Guillemette (CELRL) - SAFFROY Damien (RTE) - SCHWARTZ Soizic (MEDDE) - SEBIRE Marie (FNE) - SEVIN Marie-Aude (AAMP) - SIMONET Florence (EDP) - SORNIN Jean-Marc (CREOCEAN) - STERCKEMAN Aurore (AAMP) - THIEBAUD Léa (CETMEF) - THIEVENT Philippe (CDC Biodiversité) - TILOT Virginie (expert) - TINETTI Julie (FFESSM) - TOLLEMANS Antoine (Neoen Marine) - TOULHOAT Lucille (CNPMEM) - TOULOUSE Paul (Alstom Ocean Energy) - UZAN Yohann (Alstom Ocean Energy) - VAISSIERE Anne-Charlotte (Ifremer) - VARRET Claire (EDF) - VEAUVY Mariana (expert) - VIGNAND Bernard (SG-Mer) - WALKER Emily (EDP) pour les nombreuses contributions qu’ils ont apportées. Nous remercions également les partenaires financiers de cette étude, sans qui cette réalisation n’aurait pu être possible : Citation de l’ouvrage : UICN France (2014). Développement des énergies marines renouvelables et préservation de la biodi- versité. Synthèse à l’usage des décideurs. Paris, France. Dépôt légal : Septembre 2014 ISBN n° 978-2-918105-35-0 Crédit photo de la couverture : © EDF EN-Dave Evans La reproduction à des fins non commerciales, notamment éducatives, est permise sans autorisation écrite à condition que la source soit dûment citée. La reproduction à des fins commerciales, et notamment en vue de la vente, est interdite sans permission écrite préalable du Comité français de l’UICN. La présentation des documents et des termes géographiques utilisés dans cet ouvrage ne sont en aucun cas l’expression d’une opinion quelconque de la part du Comité français de l’UICN sur le statut juridique ou l’autorité de quelque Etat, territoire ou région, ou sur leurs frontières ou limites territoriales. Les opinions exprimées dans le présent rapport n’engagent que leurs auteurs. Elles ne sauraient refléter la position des membres du comité de pilotage ou des organismes partenaires de cette étude.
Sommaire © Sylvain Michel Introduction 4 Présentation des enjeux 6 •3• Enjeux énergétiques............................................................................................................................................................... 8 Enjeux de conservation du milieu marin.............................................................................................................................. 10 Contexte règlementaire........................................................................................................................................................ 14 Présentation des différentes filières EMR 20 Etat de la recherche............................................................................................................................................................. 22 Techniques, conditions nécessaires et potentiels en France............................................................................................... 23 Evaluation des impacts des différentes filières EMR et recommandations 32 Menace : Bruit et vibrations.................................................................................................................................................. 35 Opportunité et menace : Modification de l’habitat............................................................................................................... 40 Menace : Effet barrière et risques de collisions................................................................................................................... 47 L’effet « Récif »… Opportunité et Menace............................................................................................................................ 51 Impacts résiduels................................................................................................................................................................. 52 Synthèse 54 Fiches thématiques 56 Fiche 1 : Protocoles Biodiversité : état des lieux et suivi ..................................................................................................... 58 Fiche 2 : Impacts cumulatifs, conflits et synergies.............................................................................................................. 66 Fiche 3 : Aires marines protégées et énergies marines renouvelables................................................................................ 72 Fiche 4 : Raccordement : quelques pistes de réflexions...................................................................................................... 78 Fiche 5 : Démantèlement : quelques pistes de réflexions.................................................................................................... 84
Introduction © Sébastien Brégeon / Agence des aires marines protégées Les combustibles fossiles « conven- de gaz à effet de serre (même si, en raison effet, la réduction des émissions de gaz à tionnels » (charbon, pétrole, gaz) ou « non de leur caractère intermittent, certaines de effet de serre ne doit pas être réalisée au conventionnels » (sables asphaltiques, ces technologies nécessitent la complé- détriment de la biodiversité. schistes bitumineux, gaz de schiste) ain- mentarité d’autres énergies, y compris fos- si que l’énergie nucléaire, représentent siles et nucléaires). Par ailleurs, ces éner- La France s’est donc engagée, dans le •4• actuellement plus de 80 % de l’énergie gies sont produites localement, limitant cadre de la loi de programme fixant les totale utilisée dans le monde (hors bois la dépendance aux importations d'autres orientations de la politique énergétique non commercialisé). pays et sont sources de création d'emplois. (loi POPE du 13 juillet 2005), à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de L’utilisation des énergies fossiles porte Pour atteindre ce but, l’utilisation de ces serre à l’horizon 2050. atteinte à l’environnement. En effet leur énergies renouvelables doit être associée combustion contribue massivement au à des politiques d’économie d’énergie Elle s’est aussi engagée aux échelles eu- réchauffement climatique du fait du gaz centrées sur l’efficacité énergétique et ropéenne et internationale : dans le cadre carbonique émis et leur exploitation se sur une diminution de la consommation. de l’adoption, sous présidence française, caractérise souvent par des impacts lourds du paquet législatif « énergie-climat », la sur les écosystèmes. Les exploitations pé- Réduire la dépendance aux ressources France s’est engagée sur une réduction trolière et gazière offshore notamment ont non renouvelables et limiter les émis- de 14 % entre 2005 et 2020 des émis- des impacts croissants (bruit, pollution…). sions de GES est devenu prioritaire dans sions de gaz à effet de serre des secteurs le cadre de la lutte contre le changement non soumis à la directive sur le marché L’énergie nucléaire n’intervient que faible- climatique. Rappelons que celui-ci est des permis d’émissions (Directive SCE- ment dans le réchauffement climatique, une menace pour la biodiversité car, selon QE). Cet engagement contribue à l’ob- mais soulève des préoccupations impor- le rapport du GIEC, une augmentation de jectif européen de réduction de 20 % tantes sur la question de la sécurité des + 2°C entrainerait un risque d’extinction par rapport à 1990 pour la deuxième centrales, de l’élimination des déchets ra- de 30 % des espèces. Or, parmi les nom- période d’engagement au titre du proto- dioactifs et de sa dépendance vis-à-vis de breuses solutions existant pour atténuer cole de Kyoto (2013-2020). Aujourd’hui, la ressource en uranium. L’insécurité des le changement climatique, les sources la France prend une part active dans les approvisionnements en énergie fossile d’énergie renouvelable peuvent jouer un négociations internationales sur le ré- est, quant à elle, liée à la fois aux aléas rôle important. gime post-2020 et soutient le processus géopolitiques des principaux pays four- engagé suite à la Conférence des Par- nisseurs et à l’épuisement (inévitable sur Ces sources d’énergie dépendent des éco- ties de Cancun (COP 16) avec l’objectif le long terme) des gisements. systèmes naturels comme les forêts, les de limiter à 2°C le réchauffement des océans et les fleuves et de leur fonction- températures1 d’ici la fin du siècle par En réponse à ce constat, les énergies re- nement. L’exploitation de ces ressources a rapport à l’ère pré-industrielle. L’objectif nouvelables sont de plus en plus mobili- un impact sur chacun des écosystèmes ex- de la France est de parvenir à un accord sées pour assurer un rééquilibrage des ploités. Les choix énergétiques doivent être global ambitieux sur le climat lors de la modes de production, et ainsi une meil- faits avec une vision globale des différents Conférence des Parties de 2015, qu’elle leure protection de l’environnement, en enjeux afin que les impacts soient, locaux, accueillera à Paris. contribuant à la réduction des émissions compensables, et le plus faible possible. En
En plus de ces objectifs, elle prévoit de de protection des écosystèmes et/ou de développer les énergies renouvelables développement énergétique, (EnR) pour atteindre en 2020 l’objectif › aider à sensibiliser les acteurs de l’éner- de 23 % d’EnR dans la consommation gie et les décideurs à l’importance de la totale d’énergie finale. Cela signifie diversité biologique marine et aux me- d’une part maîtriser notre consomma- naces auxquelles elle est exposée. tion, et d’autre part développer massi- vement la production à partir de sources L’étude s’intéresse à 5 types de technolo- renouvelables - de 20,6 Mtep en 2011 à gie d’exploitation des énergies marines re- 37 Mtep d’ici 2020. nouvelables : l’éolien offshore (fixé et flot- tant), l’hydrolien, l’énergie houlomotrice, La France a notamment mis l’accent sur l’énergie thermique des mers ainsi que le développement des énergies marines l’énergie marémotrice. Il existe d’autres renouvelables (EMR), du fait de sa juri- énergies issues de la mer (énergie osmo- diction nationale sur de grandes surfaces tique, par exemple) mais, du fait de leur maritimes et des nombreuses formes stade très peu mature, nous avons choisi sous lesquelles l’énergie y est disponible. de ne pas les développer dans ce rapport. La France possède en effet la deuxième zone économique exclusive mondiale, Ce travail concerne la métropole et d’une surface de 11 millions de km², l’outre-mer français. répartie sur les quatre océans de la pla- Pour chaque type d’énergie sera déve- nète, et dont le potentiel énergétique est loppée une présentation du principe d’ex- considérable et diversifié. Mais ces zones ploitation, ainsi que ses impacts avérés renferment de nombreux écosystèmes ou potentiels, négatifs comme positifs marins et côtiers à haute valeur patrimo- sur la biodiversité marine. La présentation niale (notamment 10 % des écosystèmes des impacts s’appuie sur une étude réa- récifaux-lagonaires, 20 % des atolls du lisée par le MEDDE3, une étude effectuée monde et 50 % de la biodiversité mon- par l’UICN4 et d’autres partenaires ainsi •5• diale de mammifères marins) et ces éco- que sur des échanges avec des cher- systèmes se révèlent fragiles : les enjeux cheurs français. Toutefois, il faut préciser auxquels la France doit faire face sont que les connaissances dans ce domaine donc complexes. sont encore lacunaires ; elles sont basées sur les retours d’expérience de l’étranger Le Comité français de l’UICN encourage confrontés à des écosystèmes particuliers une transition rapide vers des sources et parfois très différents de ceux des eaux d’énergie durables, et souhaite mettre à françaises, ce qui limite la transposition disposition les connaissances existantes directe de tous les résultats. sur les impacts pour les écosystèmes des différentes alternatives aux énergies On s’attachera aussi à différencier les fossiles, et sur la manière de limiter ces phases de construction, d’exploitation et impacts dès l’élaboration des stratégies de démantèlement, qui n’impactent pas (politiques, plans et programmes). de la même manière les différents com- partiments biologiques concernés. L’ob- La question des mesures compensatoires jectif est d’avoir une vision globale et stra- 1 http://unfccc.int/files/meetings/cop_16/appli- environnementales n’est pas traitée à ce tégique de chaque filière et de mettre en cation/pdf/cop16_lca.pdf 2 En Belgique, le plan d’action PHOQUE vise stade ; en effet, en Europe, peu de me- regard leurs performances énergétiques à compenser indirectement les impacts des sures compensatoires environnemen- et leurs impacts sur l’environnement. éoliennes en mer du Nord : http://www. tales2 ont actuellement été mises en ensembleautravail.be/article/60/plan-dac- œuvre en mer dans le cadre de projets Il sera ainsi possible, dans la partie « Re- tion-phoque-dune-politique-environne- mentale-defensive-a-une-politique-envi- d’EMR. Ce sujet fait l’objet de recherches commandations », d’informer les déci- ronnementale-offensive-en-mer-du-nord/ très actives. deurs sur la stratégie de développement Par ailleurs des mesures compensatoires ont des EMR qui impacterait le moins pos- déjà été mises en œuvre pour des aménage- Ce travail vise notamment à : sible la biodiversité marine. ments portuaires (par exemple, Port 2000 au Havre). › constituer un panorama de référence sur 3 MEDDE, 2012, Energies Marines Renouvelables, les interactions énergies marines renou- Etude méthodologique des impacts environne- velables / écosystèmes marins et côtiers mentaux et socio-économiques. Lien : http:// sensibles en France (état des lieux des www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/ pdf/120615_etude_version_finale.pdf pressions, menaces et opportunités), 4 IUCN, 2010, Greening Blue Energy: Identifying › fournir une base solide pour guider les and managing the biodiversity risks and oppor- décisions dans le cadre des politiques tunities of off shore renewable energy
Présentation des enjeux •6• Groupe d'huîtriers pies (Haematopus ostralegus) en vol © Benoît Dumeau / Agence des aires marines protégées
Enjeux énergétiques Corynactis & laminaires © Frédéric Lechat •8• Réchauffement climatique et sur le globe aura de multiples impacts dépasserait le mètre dès le début du crise de la biodiversité difficiles à estimer, du fait de sa rapidité 22ème siècle et pourrait atteindre 3m en surtout. Les impacts sont déjà percep- 2300 (ce qui pourrait toucher 270 mil- A l’échelle mondiale, nos besoins en éner- tibles sur certains écosystèmes (blan- lions de personnes vivant dans les zones gie ne cessent d’augmenter. Actuellement, chissement des coraux, réchauffement côtières9). D’ores et déjà, il est possible ceux-ci sont satisfaits à 81 %5 par l’utili- de l’océan superficiel, acidification des d’associer à l’échelle mondiale certaines sation de combustibles fossiles (pétrole, océans, dépérissement des écosystèmes migrations humaines au réchauffement charbon, gaz et nucléaire (uranium et plu- forestiers, fonte des glaciers, modifica- climatique. Ce phénomène touche sou- tonium). Cependant, ces combustibles ne tion des aires de répartition de certaines vent des populations déjà fragilisées par sont pas inépuisables : au rythme où nous espèces, développement d’espèces exo- d’autres catastrophes naturelles. les consommons actuellement, les réserves tiques envahissantes…), mais il est en- de pétrole pourraient être épuisées dans les core difficile aujourd’hui, malgré les dif- Le réchauffement climatique aura proba- prochaines décennies et le gaz d’ici deux à férents scénarios développés, d’estimer blement 10 comme conséquence une aug- trois siècles. Par ailleurs, l’utilisation de ces l’ampleur des impacts que cela pourra mentation des phénomènes climatiques combustibles fossiles est majoritairement6 avoir sur la biodiversité, les écosystèmes extrêmes, en intensité et en fréquence, responsable du phénomène du change- et les services qu’ils fournissent. Le rap- causant des catastrophes dramatiques ment climatique, lié au rejet dans l’atmos- port du GIEC estime cependant qu’une sur le plan humain, environnemental et phère de gaz à effet de serre. augmentation de 2°C mettrait en péril économique. 30 % des espèces à l’échelle mondiale, Les impacts du changement climatique faisant du changement climatique l’une Deux catégories de réactions sont alors se font déjà sentir, avec une augmenta- des principales menaces pesant sur la envisageables, sans exclusivité : tion de 0,85°C de la température globale biodiversité dans les décennies à venir. moyenne à la surface du globe au cours Cet impact sera beaucoup plus important › L’atténuation : cela implique en premier de la période 1880-20127 (GIEC, 2013). sur les écosystèmes à capacité limitée lieu la diminution des émissions de gaz à Les divers modèles du Groupe d’Experts d’adaptation, tels que les récifs coralliens. effet de serre affectant le climat. La sobrié- Intergouvernemental sur l’Evolution du té et l’efficacité énergétique sont pour cela Climat (GIEC) prévoient une augmentation L’Homme sera aussi impacté directe- incontournables. Le développement des allant de 1,5 à plus de 4°C pour la fin du ment : selon les prévisions du GIEC, le énergies renouvelables en mer constitue XXIe siècle par rapport à l’ère préindus- niveau marin moyen pourrait augmenter également une mesure forte d’atténuation. trielle7. L’augmentation de la température de 26 à 82 cm d’ici 21008. Cette hausse
› L’adaptation : cette notion implique de valent CO2), mais aussi à nos engage- Le rapport du GIEC diminuer la vulnérabilité et d’amélio- ments européens. estime qu’une aug- rer la résilience des systèmes naturels et humains face aux conséquences du En effet la France concourt à la réalisation mentation de 2°C mettrait changement climatique. Les solutions de l’objectif d’amélioration de 20 % de en péril 30 % des espèces à basées sur la nature (nature based l’efficacité énergétique de l’Union Euro- l’échelle mondiale. solutions) promues par l'UICN en sont péenne (paquet Énergie-Climat européen une réponse. La préservation des man- adopté en 2008) et s’engage à porter groves, par exemple, permet de limiter la part des énergies renouvelables à au l’impact des tempêtes. moins 23 % de sa consommation d’éner- gie finale d’ici à 2020 (Loi Grenelle 1 en Ces approches permettent de limiter les 2009). effets et de limiter les risques associés aux changements climatiques. Dans ce programme, il est prévu que 3 % de la consommation électrique totale na- La nécessité d’une transition tionale proviennent d’énergies marines énergétique et le potentiel des renouvelables à l’horizon 2020. Notons EMR que la puissance installée des EMR françaises ne représente en 2013 que LA QUESTION EST POSÉE SUR LA 0,1 % de la consommation totale (essen- SCÈNE INTERNATIONALE… PUIS À tiellement par l’usine marémotrice de la L’ÉCHELLE DE CHAQUE PAYS Rance). Face au constat du changement clima- DIFFÉRENTS SCÉNARIOS DE DÉVE- tique et de l’épuisement programmé LOPPEMENT DES ÉNERGIES RENOU- des ressources fossiles, il est apparu à VELABLES EN MER l’échelle mondiale la nécessité d’une transition énergétique. Celle-ci est encore Face à ces enjeux, la France s’est interrogée •9• plus urgente pour les pays qui, comme sur les potentiels dont elle disposait pour at- la France, possèdent peu de ressources teindre les objectifs qu’elle s’est fixée. Le d’énergies fossiles exploitables. Ce début des années 2010 a vu la naissance constat n’est pas nouveau, et de nom- de divers scénarios, tels que le scénario Né- breux acteurs du monde politique et gawatt11 et le scénario du WWF12. scientifique ont tiré la sonnette d’alarme dès la première crise du pétrole en 1973. Ces scénarios se basent d’abord sur une diminution de notre consommation La loi de Programmation fixant les Orien- tout en proposant un mix de production tations de la Politique Energétique (loi d’énergies renouvelables, misant princi- POPE du 13 juillet 2005) avait déjà confir- palement sur la biomasse et l’éolien pour mé, outre l’importance donnée à l’utilisa- Négawatt, et sur le solaire pour WWF. tion rationnelle de l’énergie, l’intérêt du Les énergies marines renouvelables, hors développement des énergies renouve- éolien offshore, n’occupent qu’une place lables. Celui-ci répond à un double enjeu : très modeste dans ces scénarios ; ceci s’explique par le souci des auteurs de › réduire la dépendance énergétique de la ne mettre en avant que des technologies 5 Agence Internationale de l’Energie, 2011. 6 5ème rapport du GIEC, résumé pour décideurs France : à moyen terme, les énergies re- validées au niveau industriel à grande (en) nouvelables constituent des alternatives échelle. 7 5 ème rapport du GIEC, résumé pour décideurs stratégiques précieuses dans nos choix (en) énergétiques (rappelons que l’uranium L’Ifremer13 a lancé en mars 2007 un tra- 8 5 ème rapport du GIEC, résumé pour décideurs (en) aussi est importé). vail de réflexion prospective à l’horizon 9 Estimation pour 2010, chiffre en forte augmen- 2030 sur ces formes d’énergies. Appuyés tation, avec +95 % entre 1970 et 2010. › contribuer à satisfaire les engagements par le bureau d’étude Futuribles, une 10 De peu probablement à très probablement, se- internationaux de réduction de gaz à vingtaine de partenaires français repré- lon le type d’événements extrêmes considérés. 11 NégaWatt, 2011, Scénario NégaWatt 2011 : effet de serre de notre pays (accords sentant les principaux acteurs du secteur Dossier de synthèse de Kyoto signés en 2002, engageant la ont participé à ce travail. Leurs objectifs 12 WWF, ECOFYS, OMA, 2011, Rapport énergie : France à diviser par quatre ses émis- étaient d’identifier les technologies, pré- 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050 sions de gaz à effet de serre entre 1990 ciser les conditions socio-économiques 13 Ifremer (Ouvrage collectif coordonné par Michel Paillard, Denis Lacroix, Véronique et 2050, afin de ramener à cet horizon de leur émergence et leur compétitivi- Lamblin), 2009. Les énergies renouvelables ses émissions annuelles à un niveau té et d’estimer leurs impacts respectifs marines : synthèse d’une étude prospective à inférieur à 140 millions de tonnes équi- sur les énergies et sur l’environnement. l’horizon 2030. 336 p.
Contrairement au choix des scénarios Né- Ces scenarios ont été pris en compte et 201314. Nous y reviendrons plus loin dans gawatt et WWF, l’étude de l’Ifremer misait ont permis d’alimenter nos réflexions. ce travail. sur des technologies encore éloignées de la maturité, notamment les biocarburants La stratégie française pour le développe- algaux, mais a semble-t-il sous-estimé le ment des EMR a été depuis développée développement de l’éolien flottant. dans un rapport CGEDD/CGEIET de mars Enjeux de conservation du milieu marin • 10 • © Demeyere Présentation générale des À ces chiffres, il convient d’ajouter 1 180 Composé des compartiments benthique, habitats marins et côtiers km pour les départements d’outre-mer et pélagique, intertidal et aérien, le milieu plus de 3 800 km pour les collectivités marin offre une multitude d’habitats allant Les habitats marins et côtiers français d’outre-mer. des eaux peu profondes de la zone cô- présentent une grande biodiversité, ce tière aux grandes profondeurs des fosses qui confère à la France d’immenses res- abyssales. En fonction de la profondeur, sources, mais aussi d’importantes res- de la nature des fonds, de la pénétration ponsabilités. La France est représentée de la lumière dans la colonne d’eau (li- dans quatre des cinq océans mondiaux, mitée à quelques dizaines de mètres au grâce à ses territoires ultramarins, et pos- maximum) et de la présence de nutri- sède la deuxième plus importante zone ments, les organismes vont se répartir économique exclusive mondiale (celle-ci dans le milieu suivant les conditions né- étant située à 97 % en outre-mer). cessaires à leur développement. Le littoral métropolitain est composé de Mais la biodiversité marine est sans au- nombreux écosystèmes : environ 1950 cun doute moins bien connue que la km de côtes sableuses (35,2 % du linéaire biodiversité terrestre et dulçaquicole. On total), 1300 km de marais et de vasières estime aujourd’hui que l’on a décrit moins (23,7 %) et 2 250 km de côtes rocheuses de 10 % des espèces marines. Les pres- (41 %, dont 13 % de falaises)15. Banc de sars © Frédéric Lechat sions anthropiques qui s’exercent sur ces
milieux se font de plus en plus fortes et les études montrent que ces milieux su- bissent aujourd’hui des dommages dont certains pourraient être irréversibles : aci- dification liée au changement climatique, pollutions, destruction d’habitats rares… Le littoral notamment est un territoire très convoité, que ce soit en métropole ou outre-mer, et en danger : pression dé- mographique (densité 2,5 fois supérieure au reste de la France en métropole) et touristique, aménagements côtiers, ur- banisation croissante, disparition de mi- lieux naturels particulièrement importants et sensibles, pollutions… Ces espaces Herbier de zostère marine (Zostera marina) et maërl (Phymatolithon calcareum) en Iroise nécessitent une protection particulière, © Yannis Turpin / Agence des aires marines protégées assurée par quelques réglementations ré- gulièrement menacées (notamment la Loi Ces forêts représentent pour les zones littoral et certaines catégories d’aires ma- côtières tempérées à froides une valeur rines protégées, notamment les espaces patrimoniale équivalente à celle des man- du Conservatoire du Littoral, les arrêtés groves ou des récifs coralliens. de protection de biotope, etc.). Elles sont susceptibles d’être présentes Quelques habitats marins pa- sur les fonds rocheux de 0 à plus de trimoniaux16 30 m de profondeur. Emblématiques des eaux bretonnes, elles y constituent un des RÉCIFS DE CORAUX FROIDS gisements les plus importants d’Europe. • 11 • Moins connus que les coraux tropicaux, Les laminaires sont très sensibles aux les récifs de coraux froids sont présents perturbations, ne tolérant ni les variations dans tous les océans, de 50 à 6 000 m de de température ou de salinité (Birkett et profondeur. Ils se développent notamment al. 1998), ni l’augmentation de la turbidi- dans l’Atlantique Nord, dans des eaux té. Au niveau européen, elles ont été rete- ayant une température comprise entre 4 nues comme indicateur de qualité écolo- et 8 °C. Au large de nos côtes, on les re- gique des Eaux côtières pour la Directive trouve au niveau des tombants, en limite Cadre Eau (DCE). du plateau continental, principalement au nord du golfe de Gascogne et en mer Cel- BANCS DE MAËRL tique, mais aussi en Méditerranée (dans certains canyons par exemple). Le terme de maërl désigne des algues 14 MEDDE (Conseil général de l'environnement et rouges calcifiées qui vivent sur des sé- du développement durable - CGEDD)/ Minis- Lieu important de biodiversité, la com- diments sans y être fixées. Les accumu- tère de l'économie et des finances - Ministère munauté des récifs peut comporter trois lations peuvent être de quelques cen- du redressement productif (Conseil général de fois plus d’espèces que celle des sédi- timètres à plusieurs mètres et forment l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies - CGEIET), mars 2013. Rapport ments meubles environnants17. Ils servent des bancs dont seules les algues de de la mission d'étude sur les énergies marines d’abris à des poissons et de nombreuses surface sont vivantes, celles en profon- renouvelables, 104p. espèces d’invertébrés y cohabitent : deur meurent et blanchissent. Suivant les 15 IGN, BD Carto®, 2006, Traitements : SOeS / des crustacés et des mollusques, des conditions environnementales, les bancs Occupation du sol sur le littoral 16 Commissariat général au développement du- éponges, des échinodermes et des vers. de maërl sont situés de l’estran à 30 m rable - Service de l’observation et des statis- de profondeur sur le littoral de la Manche tiques, Mai 2011, Références : Environnement CHAMPS DE LAMINAIRES18 et de l’Atlantique, devant les pointes et les littoral et marin, Chapitre II : biodiversité et caps, et jusqu’à 100 m de profondeur en espaces protégés 17 Bajjouk T., Derrien S., Gentil, F., Hily C. & Grall Les laminaires forment d’immenses fo- Méditerranée. J., 2010, Typologie d’habitats marins ben- rêts sous-marines stratifiées à la manière thiques : analyse de l’existant et propositions des forêts terrestres, où chaque strate L’architecture complexe des bancs déter- pour la cartographie. Habitats côtiers de la ré- contribue à fournir alimentation, abri et mine un grand nombre de niches écolo- gion Bretagne - Note de synthèse n° 2, Habi- tats du circalittoral. Projets REBENT-Bretagne ancrage à une faune et une flore très di- giques. Ils forment un écosystème d’une et Natura 2000-Bretagne. versifiées. grande diversité. L’Université de Bre- 18 IFREMER/DIREN-Bretagne, avril 2009, Fiche tagne Occidentale recensent ainsi déjà de synthèse d’habitat « Laminaires » – REBENT
1 500 espèces vivant sur le maërl des espèces ont une grande valeur écono- Ces trois milieux ont la particularité côtes bretonnes19 (mais le nombre to- mique comme les plies, les rougets ou les d’être interconnectés. Ainsi, mangroves tal d’espèces est estimé entre 1 800 et crevettes. et herbiers filtrent les eaux, fournissant 2 000). On y trouve des concentrations une eau propice au développement des importantes d’espèces à grande va- Par ailleurs, plusieurs oiseaux comme le coraux. Les herbiers et mangroves sont leur commerciale, mollusques (coquilles canard siffleur et la bernache cravant se des lieux de nurseries pour de nom- Saint-Jacques, praires, pétoncles et pa- nourrissent de zostères. breuses espèces de poissons qui vivent lourdes) et poissons (bars, daurades). dans le complexe récifal. En retour, les HERBIERS DE POSIDONIE récifs constituent comme des barrières physiques à la force des vagues et des Espèce protégée (arrêté ministériel du courants, et offrent des eaux calmes né- 19 juillet 1988), la posidonie (Posidonia cessaires au développement des herbiers oceanica) est une plante à fleur qui forme et mangroves. Cela signifie aussi que dès de vastes herbiers sur le littoral méditer- que l’un de ces milieux subit une pres- ranéen, et dont les fonctions écologiques sion, c’est tout l’écosystème marin local sont proches de celles des zostères. Elle qui est fragilisé. se développe de 0 à 30-40 m de profon- deur. Biens et services fournis par les Gros plan sur une coquille Saint-Jacques (Pecten écosystèmes marins et côtiers maximus) © Yannis Turpin / Agence des aires Ces herbiers fixent les sédiments par marines protégées leurs rhizomes et ont une production Le rapport sur l’évaluation des écosys- primaire importante. Les feuilles qui se tèmes pour le millénaire21 (ou MEA : Il existe également des bancs de très détachent viennent nourrir et stabiliser Millennium Ecosystem Assessment, grande taille en Méditerranée, en Corse, les laisses de mer mais sont aussi une 2005) désigne les biens et services éco- en Espagne, à Malte, en Italie… source de carbone pour d’autres écosys- logiques, ou services écosystémiques, tèmes comme les canyons. De très nom- comme des « biens et services que les HERBIERS DE ZOSTÈRES breuses espèces utilisent les herbiers hommes peuvent tirer des écosystèmes, • 12 • comme refuge, frayère et nurserie dont directement ou indirectement, pour assu- Les zostères sont les deux seules plantes certaines à forte valeur économique. On rer leur bien-être ». Schématiquement, il à fleurs vivant en milieu marin sur les fa- estime que 20 à 25 % des espèces ani- est possible de distinguer quatre grands çades Manche – mer du Nord et atlan- males de Méditerranée y sont observées. types de services écologiques : les ser- tique. Zostera noltii se développe dans la vices de support (constituant les fonctions zone intertidale alors que Zostera marina, écologiques de base), les services de ré- plus grande, pousse du bas de l’estran à gulation (services directs des fonctions une dizaine20 de mètres de profondeur. écologiques) et les services d’approvi- sionnement et culturels (services indi- On les trouve sur les estrans sableux à rects des fonctions écologiques)22. sablo-vaseux et abrités, surtout dans les grandes baies, les golfes et les estuaires, Les milieux marins et côtiers offrent des de l’ouest Cotentin à Arcachon. Les deux biens et des services inestimables en principaux sites sont le bassin d’Arcachon termes d’alimentation, d’esthétique, de où les surfaces concernées ont nettement qualité de l’air et de l’eau, etc. Nous ne diminué ces dernières années (près de donnerons ici que quelques illustrations23. 7 000 ha d’herbiers, le plus grand site d’Europe occidentale) et le golfe du Mor- SERVICES DE RÉGULATION bihan (800 ha de zostères marines et 530 ha de zostères naines). On en retrouve Les organismes marins remplissent des aussi en Méditerranée, principalement fonctions d’autoépuration des eaux et dans les lagunes. Munies de puissants contribuent ainsi au maintien de la qua- rhizomes structurant le sédiment, ces Herbier de Posidonie © Boris Daniel / Agence lité de l’eau, en retenant, recyclant ou plantes servent de support à des inverté- des aires marines protégées détruisant les substances nocives ou en brés et des algues que l’on ne trouverait excès grâce à leurs processus méta- pas sur des substrats meubles en leur boliques. Les lamellibranches (comme absence. Formant des écosystèmes com- HERBIERS, MANGROVES ET RÉCIFS les huîtres, coques, moules, etc.), par plexes, les herbiers et les communautés CORALLIENS ULTRAMARINS exemple, sont capables de filtrer plu- d’invertébrés associées représentent une sieurs litres d’eau par heure. Ces orga- ressource alimentaire importante pour Outre-mer, les herbiers, mangroves et récifs nismes sont des bio-épurateurs de l’eau, de nombreux juvéniles de poissons, et coralliens constituent une richesse excep- car ils concentrent les polluants dans leur de crustacés et servent aussi de lieu de tionnelle apportant de nombreux services chair. Certains microorganismes marins reproduction. Parmi eux, de nombreuses écologiques aux populations voisines. (champignons et bactéries) ont aussi la
capacité de dégrader les polluants24. En marins abritent des richesses naturelles Les milieux marins assurant partiellement ces fonctions de que nous commençons à peine à décou- et côtiers offrent des détoxification et de dégradation, les zones vrir et dont la diversité génétique est inté- marines et côtières contribuent à procurer ressante pour la recherche de gènes de biens et des services inesti- une eau de bonne qualité. Mais rappelons résistances, de médicaments, etc. L’in- mables en termes d’alimen- que l’écosystème doit être en bonne san- dustrie pharmaceutique a découvert dans tation, d’esthétique, de qua- té pour rendre ces services. les herbiers, éponges, mollusques et co- raux des récifs, de multiples substances lité de l’air et de l’eau. SERVICES D’APPROVISIONNEMENT ayant des propriétés anticancéreuses, anti-inflammatoires et anticoagulantes. Les zones marines et côtières sont sources de nombreux produits alimen- SERVICES CULTURELS ET RÉCRÉATIFS taires, grâce à la richesse du plancton à la base des chaînes alimentaires, ainsi qu’à Les zones marines et côtières sont indé- la diversité des habitats qu’elles abritent. niablement des lieux récréatifs appréciés Près d’un milliard de personnes dé- offrant de multiples opportunités pour les pendent du poisson comme seule source activités de loisirs et de tourisme : bai- de protéine animale disponible... Environ gnade, pêche de plaisance, nautisme, 85 millions de tonnes de poissons sont plongée sous-marine, char à voile, ran- capturés chaque année au plan mondial. données, observation d’espèces, etc. Le littoral français est une destination ma- jeure des vacanciers, du fait de la beauté des paysages et des conditions clima- 19 Source : Jacques Grall, Ingénieur de Re- tiques favorables. En été, en France mé- cherche chargé de la coordination des séries tropolitaine, 13 millions de touristes sé- Faune-Flore de l’observatoire de la Station Marine de Brest (IUEM) journent en bord de mer chaque année27. 20 http://doris.ffessm.fr/fiche2.asp?fiche_nume- Les lieux les plus remarquables (Pointe du ro=695 Raz, Mont Saint-Michel, Dune du Pilat, île 21 Millennium Ecosystem Assessment (MEA), • 13 • de Porquerolles) sont parmi les compo- 2005, Ecosystem Wealth and Human Well- Being, Island Press santes du patrimoine naturel les plus visi- 22 UICN France (2012), Panorama des services tées. La plongée sous-marine et la pêche écologiques fournis par les milieux naturels en de loisir sont des activités importantes et France – volume 1 : contexte et enjeux. Paris, génératrices de revenus. France 23 UICN France (2013) - Panorama des services écologiques fournis par les milieux naturels en La qualité des sites peut induire des France - Volume 2.2: les écosystèmes marins retombées économiques locales consi- et côtiers. Paris, France. A noter également, le dérables. Les lagons et les barrières de projet VALMER, un projet européen rassem- Marins-pêcheurs à bord d'un chalutier dans la blant 11 partenaires et dont l’objectif est de corail sont très attractifs d’un point de déterminer comment une évaluation intégrée Manche (Parc naturel marin des estuaires pi- cards et de la mer d'Opale) © Marie-Dominique vue touristique ; on compte ainsi 55 000 des services écosystémiques marins peut Monbrun / Agence des aires marines protégées plongées/an dans les récifs coralliens de participer à la bonne gestion du milieu marin. Nouvelle-Calédonie. Le projet se concentre sur six sites d’étude localisés dans la Manche occidentale pour en La pêche commerciale française comp- tirer des conclusions plus larges. L’Université tait en 200925 7305 navires actifs, plus La mer et les espèces marines occupent de Plymouth est chef de file de ce projet qui de 23 090 emplois dont 88 % en métro- aussi une place primordiale dans la re- aboutira à une meilleure compréhension des pole26. ligion de certaines communautés tra- liens entre les services écosystémiques, leur évaluation, et une gestion efficace du milieu ditionnelles. Même dans nos sociétés marin. Il est mis en œuvre du 1er septembre Du fait de la richesse et la diversité des modernes, la mer reste une source de 2012 au 31 mars 2015. Lien : http://www. espèces présentes en milieu marin, on y spiritualité, de relaxation et nourrit l’inspi- valmer.eu/?lang=fr trouve de nombreuses sources de com- ration de très nombreux artistes. 24 La biodégradation est une dégradation bio- logique effectuée par les êtres vivants ; due posés utiles pour les activités humaines à l’abondance et à la variété des microorga- (agriculture, industrie, médecine). Ac- Préserver ces écosystèmes est donc pri- nismes dans le milieu considéré. L’attaque tuellement, les algues présentent un mordial si nous voulons qu’ils continuent d’une molécule chimique par des microorga- intérêt croissant dans les applications à remplir leurs fonctions. Pour cela il est nismes a pour aboutissement sa minéralisa- tion et l’obtention de métabolites de faibles biotechnologiques en agro-alimentaire, nécessaire de minimiser les impacts af- poids moléculaires. cosmétologie et pharmacologie, ainsi que fectant ces milieux et de les gérer dura- 25 http://agriculture.gouv.fr/la-flotte-et-l-emploi pour la production de biocarburant (mais blement. 26 Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et celle-ci nécessiterait des cultures très de la Pêche, 2011 27Jean-Claude Jacob, 2009, Tourisme littoral (cf. extensives). On en extrait par exemple « Le Tourisme de A à Z » : http://www.veilleinfo- des additifs utilisés comme stabilisateur, tourisme.fr/le-tourisme-de-a-a-z-dossiers-de- épaississant et gélifiant. Les écosystèmes veille-sectorielle--92226.kjsp)
Contexte règlementaire © Martin • 14 • Les ressources des océans sont limitées. de la mer ; elle a notamment édicté des C’est pourquoi des approches complètes règles relatives à l’utilisation de la mer et intégrées sont essentielles pour gérer à l’exploitation de ses ressources de fa- les activités humaines. Les installations çon à permettre leur conservation et leur d’énergie renouvelable marine de grande préservation. Ces règles et les droits et échelle constituent un défi relativement devoirs des Etats qui en résultent, varient nouveau pour des stratégies intégrées de en fonction des différents espaces mari- gestion côtière et pour une planification times sur lesquels ceux-ci exercent leurs marine spatiale. Le développement de compétences. parcs dans des eaux territoriales doit trou- ver sa place dans les approches de Gestion L’Etat côtier n’a de droit souverain en ma- intégrée des zones côtières (GIZC) et dans tière de développement d’énergie marine les instruments de planification spatiale renouvelable que dans les espaces situés mis en œuvre en mer, le cas échéant. près de ses côtes (mer territoriale) et dans les espaces dits « sous juridiction natio- Un certain nombre de textes ont été dé- nale » (zone économique exclusive). Figure 1. Les zones maritimes telles que veloppés à l’échelle internationale, euro- définies par le droit international de la mer péenne et nationale, pour la gestion de En ce qui concerne les eaux intérieures l’espace marin et ses utilisations, y com- et la mer territoriale, la souveraineté de pris la navigation et le survol, l’explora- l’Etat implique le droit d’y exploiter les à partir des lignes de base de l’Etat côtier. tion et l’exploitation de ses ressources, la ressources énergétiques. La mer terri- L’Etat doit aussi y assurer la protection de conservation des ressources biologiques, toriale s’étend au maximum à 12 milles l’environnement. Les compétences cor- la protection et la préservation du milieu marins à partir des lignes de base. respondantes peuvent y être partagées marin et la recherche scientifique marine. avec l’UE, ou transférées à celle-ci. L’article 56.1.a de la Convention men- EMR et droit international de tionne les droits souverains de l’Etat cô- Concernant le plateau continental, l’article 77 la Mer28 tier dans sa zone économique exclusive, de la Convention qui énumère les ressources concernant « la production d’énergie exploitables ne mentionne pas les EMR. Il n’a La Convention des Nations Unies sur le à partir de l’eau, des courants et des en effet pas vocation à réglementer le com- Droit de la Mer signée en 1982 à Monte- vents ». La ZEE est un espace d’une lar- partiment pélagique et encore moins l’espace go Bay opère une codification du Droit geur de 200 milles au maximum calculée aérien. Les installations au niveau du plateau
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