Diagnostic agraire et études filières - District des Cataractes
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Diagnostic agraire et études filières District des Cataractes – Bas-Congo – RDC Diagnostic réalisé dans le cadre du Projet d'Appui au Développement Durable des Activités et filières et agricoles dans le Territoire de Luozi - Province du Bas Congo -PADDALU Juin – Juillet 2011
Préface – Mot d’AGRISUD International AGRISUD, Association de Solidarité International, s’implique depuis 1992 dans le développement économique des pays du Sud. Sa vocation: faire passer des populations d’un état de pauvreté à une situation d’autonomie économique et sociale par la création de très petites exploitations et entreprises (TPE) agricoles familiales, durables, ancrées sur le marché local. Ces TPE créent des emplois et génèrent des revenus. Elles répondent aux besoins des marchés locaux et réduisent les importations alimentaires . AGRISUD, est en République Démocratique du Congo depuis 2005, et dans la Province du Bas-Congo Union Européenne (Kimpese, Mbanza Ngungu) depuis 2007. Le Projet d’Appui au Développement Durable des Activités et Filières Agricoles dans le District des Cataractes (PADDAFAC) et Production Agricole et Sécurité Alimentaire dans l’Ouest du Congo (PASAOC) ont permit de créer 3.200 nouvelles TPE agricoles familiales. Depuis novembre 2010, Le Projet d’Appui au Développement Durable des Activités et Filières agricoles dans la vallée de la Luala-Territoire de Luozi (PADDALU) cofinancé par l’Union Européenne, France Volontaire, et AGRISUD International vise à appuyer 2.000 bénéficiaires sur 4 ans. République Démocratique du Congo PADDALU travaille sur 3 domaines : - La production végétale (Formation des bénéficiaires, Appuis en intrants, Organisation Professionnelle, Vulgarisation des pratiques agroécologiques, etc,); - La production animale (Formation des éleveurs, Appuis en intrants, Développement de la Traction animale…); - La commercialisation et la valorisation des produits agricoles (Observatoire Economique, création de Centre de Regroupement Ruraux, Réhabilitation et entretien de pistes rurales, etc,) Dans le cadre du démarrage du projet PADDALU, AGRISUD a souhaité capitaliser ses connaissances du territoire de Songololo et mettre en évidence les particularités du territoire de Luozi, à travers ce manuel « Diagnostic agricole du District des Cataractes (territoires de Songololo et Luozi) dans la Province du Bas-Congo et Caractérisation des filières et Détermination des axes prioritaires d’intervention pour leur développement durable ». Page 2
Sommaire CONTEXTE DE L’ÉTUDE Contexte et objectifs de l’étude 3 L’étude s’est déroulée en République Méthodologie 4 Démocratique du Congo, dans la province du Présentation de la zone d’étude Bas-Congo, dans le district des Cataractes. La République Démocratique du Congo 5 Elle intervient à la fin du projet PASAOC sur le Le district des Cataractes 6 territoire de Songololo et au lancement du projet Le territoire de Songololo 10 PADDALU, sur le territoire de Luozi. Le territoire de Luozi 12 Dans le but de capitaliser les informations relatives à la zone d’action de ce dernier projet et Le système de commercialisation 16 d’identifier les particularités agricoles du Typologie des producteurs 21 territoire de Luozi, Agrisud a souhaité réaliser cette étude. Elle permettra d’identifier les axes Etude des filières par spéculation 23 prioritaires du projet. L’association manioc-arachide 24 L’étude a été réalisée par le groupe Adonis Le haricot 32 composé d’étudiants de l’ISTOM (École L’oignon 37 d’ingénieurs en agro-développement Le riz 42 international). Le pois d’Angole 46 Carte : La République Démocratique du Congo – Encadré vert: le Bas-Congo L’huile de palme 48 Axes d’interventions 52 L’ÉTUDE Annexes 54 L’étude est un diagnostic de l’agriculture du district des Cataractes. Elle a été élaborée selon trois axes : l’organisation des filières de commercialisation, la typologie des producteurs et la caractérisation des sept principaux produits agricoles identifiés comme prioritaires. Dans un premier temps, l’étude présente les fonctions et rôles des différents lieux et acteurs de la commercialisation. Ceci permet d’avoir une meilleure compréhension du fonctionnement global du système de commercialisation des denrées agricoles. Dans un deuxième temps, une typologie effectuée par le groupe Adonis, présente succinctement les différentes catégories de producteurs qui ont été rencontrés sur le territoire de Luozi. Enfin, pour chacune des productions identifiées comme prioritaires une étude approfondie a été effectuée, mettant en avant les caractéristiques de leur production et de leur commercialisation. Lexique Le franc congolais (FC) : monnaie nationale en RDC. Au moment de l’étude, 1 $ valait 920FC et 1 € valait 1200 FC. Dans le rapport, tous les prix sont exprimés en franc congolais. Papa, Maman : formule de respect donnée respectivement aux hommes et aux femmes en RDC. Les termes entre guillemets sont des termes locaux que nous avons repris tels quels et qui peuvent ne pas correspondre à la définition exacte selon la définition française. « Maman-manœuvre » par exemple. Vallée maraichère – Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 2011 Page 3
MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE Cette étude s’est déroulée sur une période de deux mois. L’essentiel du travail a été la réalisation et l’analyse d’enquêtes auprès de producteurs et de divers acteurs participant à l’organisation des circuits de commercialisation. L’étude s’est déroulée en deux phases consécutives, chacune d’un mois. La première phase a permis d’identifier les acteurs et les circuits de commercialisation des productions agricoles. Elle a abouti à la sélection de sept filières prioritaires. La seconde phase a permis d’analyser plus précisément les contraintes de production et de commercialisation de ces filières prioritaires. Choix des personnes enquêtées Élaboration des questionnaires et guides d’entretien L’étude s’appuie sur un échantillon raisonné du nombre de producteurs du district. Dans un premier temps, un nombre La première phase a correspondu à des enquêtes quantitatives s’appuyant sur des questionnaires. La maximum de producteurs a été interrogé pour pouvoir déceler les différences entre les producteurs et établir de grandes deuxième phase comportait des entretiens plus ouverts réalisés à l’aide de guides d’entretien catégories d’exploitants. Dans un deuxième temps, les enquêtés étaient ciblés en fonction des informations recherchées. Après A chaque type d’acteur (producteurs, commerçants, transporteurs, responsables de marché, responsables avoir discuté des attentes d’une enquête avec les animateurs terrains, ils nous permettaient de choisir des cibles pertinentes d’association) correspondait un questionnaire. Ils étaient nominatifs et individuels. Certaines enquêtes ont été puisqu’ils travaillent avec les producteurs et connaissent leurs particularités. Certains des producteurs enquêtés étaient donc, réalisées collectivement pour des raisons logistiques (nombre de personnes trop important ou manque de surtout sur la zone de Kimpese, des bénéficiaires des projets d’Agrisud. temps). L’ensemble des acteurs de la commercialisation est rencontré de façon aléatoire en se déplaçant sur les marchés, les parkings, Le type de question (ouverte, fermée, à réponses multiples, etc.) a été sélectionné selon l’information les dépôts, le long des axes routiers et au niveau du bac de Luozi. recherchée et de manière à favoriser le dialogue. Méthodologie d’enquête et d’analyse selon les objectifs Construction de la typologie Caractérisation du système de commercialisation des produits identifiés comme prioritaires Dans l’objectif de cerner les futurs bénéficiaires du projet PADDALU, la typologie prend uniquement en considération les producteurs du territoire de Luozi. • L’évolution (inter et intra-annuelle) du prix des produits a été réalisée grâce à l’analyse des bases de données Dans un premier temps, une approche quantitative a été privilégiée. Les enquêtes ont permis d’apprécier et de d’Agrisud, complétées par les entretiens. Ces bases de données sont issues de la collecte, tous les quinze jours, des prix comprendre la diversité des exploitations. À la suite de cette première série d’enquêtes, les premiers sur les différents marchés (Kimpese, Kinshasa, Matadi). indicateurs et les grandes catégories d’exploitants ont été définis. Dans un second temps, nous avons privilégié une approche plus qualitative des systèmes de productions existants. Ainsi des entretiens plus exhaustifs nous • Pour la composition des prix en fonction des lieux de vente, les prix sont découpés de la façon suivante : ont permis d’affiner notre compréhension des caractéristiques et des stratégies employées par chaque catégorie Prix d’achat bord champ en période d’abondance (sur le territoire de Luozi) Coûts de transport (bord champ vers lieu de vente) : caractérisé grâce aux bases de données d’Agrisud, et aux Analyse technico-économique des systèmes de culture et des contraintes de entretiens menés auprès de responsables des prix de transport (l’organisme A.C.CO, Association des Chauffeur production du Congo), de transporteurs et de producteurs. Coûts de dépôt : définis grâce aux enquêtes auprès des producteurs et des dépôts. Des entretiens semi-directifs ont été effectués auprès des producteurs. Ils ont permis de révéler, pour chaque Taxes liées à la commercialisation : définis grâce aux enquêtes auprès des producteurs et des dépôts culture les principaux facteurs limitants, le principal itinéraire technique effectué, ainsi que les coûts liés à Marges commerciales : elles ont été calculées en soustrayant l’ensemble des charges au prix de vente sur le marché chaque opération agricole. en période d’abondance. • L’estimation des charges de chaque production est basée sur les résultats des entretiens. • Afin d’identifier les bassins de productions et les flux de commercialisation de chaque produit, des entretiens Ils ont permis de dégager l’itinéraire technique type, mais également d’estimer la quantité d’intrants et de auprès des agents de commercialisation, principalement transporteurs et commerçants, ont été effectués selon une semences généralement utilisées pour une surface donnée. Afin de mieux évaluer l’importance de chaque méthode participative utilisant une carte sur laquelle les agents devaient replacer les informations demandées. opération unitaire il est important de considérer le nombre d’hommes nécessaire à sa réalisation. C’est-à- dire le nombre d’hommes nécessaire pour effectuer l’opération sur la surface établie en 1 jour. Analyse des circuits de commercialisation de chaque filière • Pour établir les comptes d’exploitations de chaque culture ; nous avons considéré les charges • Identification par produit des principaux circuits de commercialisation et des agents les composant. Pour effectives : les dépenses réelles des exploitations les plus fréquemment rencontrées. C'est-à-dire les charges ce faire, nous nous sommes basés sur les résultats des enquêtes des producteurs et des agents de commercialisation. Ces effectives en main d’œuvre et intrants des principaux systèmes de culture observés pour une culture informations ont été complétées et approuvées par le personnel responsable de la commercialisation au sein d’Agrisud. donnée. • Identifier les charges de chaque acteur pour les différents circuits de commercialisation sélectionnés. Ces charges • Concernant le produit dégagé pour une culture donnée, il a été construit en prenant en compte le se composent des coûts de transport, des taxes de commercialisation, des coûts de dépôt et également du prix d’achat rendement moyen multiplié par le prix de vente bord champ (en période d’abondance et de rareté). du produit. Les sources sont issues de l’analyse des bases de données d’Agrisud, et des enquêtes réalisées auprès des différents acteurs. Afin de ne pas introduire de biais dans le calcul des charges, une distinction sur les prix a été faite en • La valeur ajoutée est égale au produit dégagé par la culture moins les consommations intermédiaires soit fonction des périodes d’abondance ou de rareté. Pour l’analyse, seul le prix d’abondance a été retenu. les charges en intrants. • Les marges dégagées par les différents agents en fonction des circuits ont été calculées de la façon suivante : • La marge brute est égale au produit dégagé par la culture moins les consommations intermédiaires et les Marge d’un acteur = Prix de vente sur le lieu donné (période d’abondance) — Charges de l’acteur (coûts de transport + charges effectives en personnel du système. taxes liées à la commercialisation + coût de dépôt + prix d’achat en période d’abondance) Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 4
LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Géographie Histoire La République Démocratique du Congo (RDC) est un pays d’Afrique Centrale, partageant ses C’est en se lançant à la recherche d’une nouvelle route maritime entre l’Europe et l’Asie que les frontières avec neuf pays. D’une superficie de 2 344 860 km2 (soit trois fois et demie la France), la RDC Portugais découvrirent au XVe siècle l’embouchure du fleuve Congo. Ils nouèrent ainsi les est un vaste plateau forestier recouvrant la plus grande partie du bassin versant du fleuve Congo. À premiers contacts avec le royaume Kongo. Leur présence se limite alors aux côtes où ils l’est, d’importantes chaînes montagneuses constituent la bordure orientale et marquent la frontière entretiennent leurs activités commerciales, notamment le commerce triangulaire avec la traite avec ses pays voisins de la région des Grands Lacs. des Noirs. Le réseau hydrographique de la RDC couvre 3,5 % du territoire et offre 14 000 km de voies navigables À partir des années 1870, le roi belge Léopold 11 envoie Henry Morton Stanley à la découverte ainsi qu’un potentiel hydroélectrique considérable au travers l’ensemble du pays. Le fleuve Congo est du Congo et de ses alentours par la remontée du fleuve. — après le Nil — le deuxième plus long fleuve du continent, mais celui-ci possède le débit le plus Lors de la conférence de Berlin, en février 1885, Léopold II fit reconnaître un « état indépendant important. À cheval sur l’équateur, la répartition presque homogène de ses affluents dans les deux du Congo » dont il fut le souverain à titre personnel. En 1908, le territoire devient une colonie hémisphères régularise son débit et en fait le fleuve le plus régulier du monde. De plus, le pays possède belge. La colonie est gérée depuis Bruxelles qui assure son administration et veille à son 37 km de bordure littorale sur l’Océan Atlantique. autonomie économique. La Belgique établit un « régime paternaliste d’exploitation » du pays, La RDC bénéficie d’une large variété de climats (types équatorial qu’elle dote d’une infrastructure routière et ferroviaire destinée à faciliter humide, méditerranéen, tropical humide, montagnard) et l’acheminement vers la métropole des produits des mines et des plantations. d’écosystèmes. La température moyenne de l’ensemble des plateaux Face à la multiplication des émeutes, le gouvernement belge entame des du pays est de 25 °C, avec une alternance de quatre saisons : deux négociations à partir de l’année 1959. L’indépendance est déclarée le 30 juin saisons des pluies et deux saisons sèches. La surface forestière 1960. Faute de cadres indigènes suffisamment nombreux, la jeune république représente 58 % du territoire, soit 80 % de la forêt équatoriale sombre aussitôt dans le chaos et la division. Après plusieurs années de guerres africaine. civiles, la situation est stabilisée par la prise du pouvoir de Mobutu en 1965, avec Le pays dispose de sous-sols extrêmement convoités dans les le support des États-Unis et de la France régions de l’est et du sud. Les ressources de minerais concernent Au début des années 70, les cours des matières premières sont très élevés avec surtout les diamants, l’étain, l’or, le cuivre, le cobalt, le coltan, le plein emploi en Europe. L’abondance des ressources naturelles au Congo l’argent, l’uranium, etc. Les sous-sols congolais renferment également permet un enrichissement important du pays. En 1971, Mobutu met en place la du pétrole. « Zaïrianisation » ou retour à l’authenticité : c’est la rupture totale avec les Économie connotations coloniales. Le Congo devient le Zaïre, des fêtes religieuses sont supprimées, il y a obligation de transformer son prénom chrétien, l’adhésion au Avec un Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant de 163 $ en 2009, parti unique est obligatoire, etc. la RDC fait actuellement partie des pays à faibles revenus et des En 1991, la dégradation des conditions de vie de la population entraine une Pays les Moins Avancés (PMA). [Banque Mondiale] vague de violence et de pillage sans précédent. En 2009, la RDC a réalisé une croissance économique de 2,7 %, soit Une coalition militaire composée du Rwanda, de l’Ouganda et de rebelles Tutsi, un ralentissement important par rapport à 2008 (6,2 %) [B.M.] Ce conduite par Laurent-Désiré Kabila, se forme pour venir à bout des camps de repli est lié aux problèmes structurels du pays et aux effets de la réfugiés Rwandais dans lesquels se sont mêlés des génocidaires et pilleurs des crise de 2008. Celle-ci a particulièrement touché la RDC par la ressources naturelles du Congo. Après sept mois de combats à travers le pays, baisse de la demande mondiale et la chute des cours des minerais, Kabila renverse Mobutu en 1997 et devient président. principaux produits d’exportation congolais. Village de pécheurs le long du fleuve Congo, Adonis, Juin 2011 Avec la reprise de l’économie mondiale, la mise en œuvre de l’accord sino-congolais (attribution de Le président Kabila limite alors l’activité politique. En 1998, le président engage la seconde guerre gisements miniers à un consortium chinois contre la construction d'infrastructures), l’allègement de la du Congo contre les rwandais. Elle entraine la mort de plus de trois millions de Congolais et dette extérieure réalisé durant l'été 2010 et les réformes en cours, le taux de croissance économique déstabilise le pays. Le président Kabila est assassiné par des proches en janvier 2001 et est devrait passer à 6.5 % en 2010 et 8.8 % en 2011. remplacé par son fils, Joseph Kabila. La structuration du PIB de la RDC est caractéristique des économies africaines avec une large part Avec l’aide de l’ONU, des élections sont programmées et une nouvelle Constitution est consacrée au secteur agricole et à l'extraction de matières premières (plus de 50 % du PIB). Le promulguée le 18 février 2006. C’est le début de la IIIe République, dirigée par le président Joseph commerce représente quant à lui 21 % du PIB. L'économie de la RDC est ainsi une économie minière Kabila. Les prochaines élections sont prévues en novembre 2011. avec une dynamique spécifique axée sur la production et la circulation de rentes. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 5
LE DISTRICT DES CATARACTES Situé au centre de la province du Bas-Congo, au sud-ouest de la RDC, le district des Cataractes possède une superficie de 23 481 km², correspondant à environ la moitié de la province. Les langues parlées sont le kikongo et le lingala. Le district est découpé en trois territoires : Songololo, Luozi et Mbanza Ngungu. La ville de Mbanza Ngungu est le chef-lieu. Il est traversé de part et d’autre par le fleuve Congo et par la RN1. Cette route relie la ville portuaire de Matadi à Kinshasa, les deux principaux grands centres de consommation du Sud-Ouest de la RDC. Le transit des denrées agricoles d’ouest (district du Bas-Fleuve et la ville portuaire de Boma) en est (districts de Lukaya et de Kinshasa), assure au district des Cataractes la place de carrefour commercial du Bas-Congo. Sa proximité avec l’Angola et la République du Congo lui confère une dynamique de commercialisation . Ce district représente l’un des principaux bassins de production agricole de la province. Son potentiel agricole et sa position stratégique sont favorables au développement de l’agriculture, dont dépend la majorité de la population du district. Savane du district des Cataractes, Adonis, Juillet 2011 Ces projets de développement agricole trouvent ainsi tous leurs sens, puisqu’ils permettent la Conditions agro-écologiques valorisation de cette activité et l’amélioration des revenus des agriculteurs des territoires de Songololo et Luozi. Ils aident également à la lutte contre l’insécurité alimentaire dans les grands LE CLIMAT centres de consommation tel Kinshasa, où le manque de denrées agricoles fraîches peut impliquer Climat tropical soudanais (classification de Koppen) : température moyenne annuelle de 25 °C et l’augmentation des maladies liées à la malnutrition et la consommation de denrées avariées. quatre saisons climatiques. Les précipitations annuelles varient entre 900 et 1500mm. Trois saisons principales sont utilisées pour les calendriers culturaux : les saisons A, B et C. Janv Févr Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct Nov Déc Saisons Petite Pluies peu Grande saison séche Fortes pluies climatiques saison séche abondantes Période fraiche P. chaude Saisons KINSHASA culturales S. A Saison B Saison C Saison A LA RESSOURCE EN EAU Traversé par le fleuve Congo sur environ 100 km du nord-est au sud-ouest, le district possède un réseau hydrographique composé de petites et moyennes rivières (Luozi, Lukunga, Luala, etc.). LES SOLS Sols ferrallitiques dont deux types apparaissent majoritairement : les sols argilo-sablonneux, KIMPESE particulièrement fertiles pour des cultures vivrières, et les sols sablo-argileux très sujets à l’érosion. LES RELIEFS ET LA VÉGÉTATION Le district est caractérisé par un plateau qui s’étend sur les territoires de Songololo et de Luozi et par le mont Bangu culminant à 750 m. Au-delà de ces zones « montagneuses », on trouve aussi des plaines alluviales comme la vallée de la Luala. La savane et les zones de forêt dans les bas-fonds sont les deux végétations caractéristiques du district. Carte du la province du Bas-Congo (le district de cataractes avec ses trois territoires est entouré en rouge), F. VAN HOOF, 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 6
LE DISTRICT DES CATARACTES Le paysage et ses aménagements Pratique et gestion de la fertilité Le district des Cataractes présente un relief très vallonné, composé d’une multitude de petites collines formées par La plupart des sols du district présentent une carence en phosphore qui est un l’érosion des sols cristallins. Le territoire de Luozi présente une zone de plaine : la vallée de la Luala, ainsi qu’une zone facteur limitant pour l’agriculture, comme de nombreux sols ferralitiques tropicaux. dite « montagneuse » présentant des reliefs à fortes pentes, située au nord-est de la vallée. Afin de pallier à ce problème, les producteurs pratiquent un brulis systématique avant la mise en culture. Les cendres permettent ainsi un apport en phosphore et en Le territoire de Songololo comporte une vallée le long de la Lukunga, autour de la ville de Kimpese, ainsi qu’une chaîne potassium, malheureusement peu durable. montagneuse appelée le mont Bangu. La mise en culture de zones de savane nécessite un travail du sol plus conséquent L’ensemble du district présente un paysage de savane au sein duquel on observe des portions de forêts tropicales dont puisque ces sols sont initialement moins fertiles. Ce travail nommé « écobuage » des forêts galerie. Ces forêts sont généralement situées sur les bassins versants et dans les bas fonds. consiste à former des plates-bandes avec les résidus végétaux issus du désherbage, à recouvrir ces dernières d’une couche de terre avant de les bruler, et à mélanger les La savane est un territoire sur lequel le feu passe chaque année. C’est un milieu créé et maintenu par l’homme, sans cendres et les résidus organiques obtenus. lequel il évoluerait spontanément vers un milieu entièrement forestier. Les feux sont dans la majorité des cas réalisés sous le contrôle du chef de terre et ont pour principale fonction de faciliter la chasse. Elle présente une flore Les sols du district sont rapidement altérés et sont fortement sensibles à l’érosion composée essentiellement d’herbacée, voire d’une strate arbustive très éclaircie composée d’arbres courts à ligne lorsqu’ils sont découverts. La zone est très soumise à ces phénomènes. Elle présente brisée. On distingue deux types de savane : herbeuses ou arbustives. notamment des sols indurés et des cuirasses latéritiques, ainsi que des ravines qui sont le signe d’une érosion hydrique importante. Ces phénomènes ont pour effet de Le territoire de Luozi et plus spécifiquement la savane de Sundi Manba, présentent une proportion de forêts plus réduire de manière parfois irréversible les surfaces cultivables. importantes. Ceci explique la présence dans cette région, des cultures d’huile de palme et de riz qui préfèrent les milieux forestiers fertiles. Une autre pratique ayant un effet sur la fertilité du sol est la gestion de la friche. Plus la friche est longue, plus elle est fertile, mais le travail de défriche est d’autant plus Une autre spécificité du territoire est liée à l’aménagement des lits et des abords des cours d’eau en période de décrue. important, les arbres et arbustes ayant eu plus de temps pour repousser. Le temps Ces zones hydromorphes constituent les principaux terrains sur lesquels sont cultivées les productions de saison de friche est donc un compromis entre ces deux facteurs et varie en fonction des sèche (oignon, légumes feuilles, etc.). villages et des producteurs. Sur un nombre important de villages, un autre facteur Les forêts tout comme la savane sont mises en culture et représentent ainsi une grande surface agricole disponible. influe sur le temps de friche : l’augmentation de la pression démographique. Il existe peu d’autres pratiques visant à améliorer la fertilité des sols. Un minimum de couverture des sols est réalisé de manière généralement spontanée puisque les producteurs laissent les résidus végétaux au champ après le sarclage ou la récolte. Il faut noter que dans certaines zones, les producteurs préfèrent avoir des sols sans résidus afin de les protéger du feu. De plus, exception faite des cultures d’oignons voire de tomates sur le territoire de Songololo, l’utilisation d’engrais de synthèse est presque inexistante sur l’ensemble du district. La fiente de chauve-souris (guano) et la cendre sont ainsi les principaux apports réalisés. Pour le choix des parcelles mises en culture, les producteurs semblent s’appuyer sur de nombreuses plantes indicatrices de la fertilité dont la principale est Chromolaena odorata. Cette plante, apparue dans les années 80, ne pousse que sur des sols déboisés et fertiles, et nécessite une grande luminosité. Le district est actuellement soumis à une pression démographique croissante, qui a pour effet de réduire les temps de friche, principal paramètre permettant de Feu de brousse, Territoire de Kimpese, Adonis, Juillet 2011 maintenir la fertilité des sols. Parallèlement à cela, les pratiques permettant d’améliorer voire de maintenir la fertilité sont peu nombreuses. C’est pourquoi ces terres sont soumises à des phénomènes importants de dégradation. Aménagements maraichers le long de la rivière Luozi, Adonis, Juillet 11 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 7
LE DISTRICT DES CATARACTES L’élevage En premier lieu, l’élevage constitue un capital sur pied, c'est-à-dire une source de liquidité sûre pour la famille en cas de problème. La vente de l’animal vivant, le plus souvent en raison des contraintes de conservation de la viande, permet de subvenir au besoin de la famille en cas de maladie, mauvaise récolte, mariage, etc. Les animaux élevés sont donc rarement destinés à l’autoconsommation, mais plutôt à la vente. Seules les volailles rentrent dans la ration alimentaire du ménage, à hauteur de 50 % de l’effectif détenu par l’éleveur. Économiquement, les volailles rapportent moins que les caprins et ovins, qui eux rapportent moins que les porcins. Le prix de l’animal varie toutefois en fonction du lieu de vente : il se vend moins cher au village (directement auprès de l’éleveur) que sur les marchés. L’élevage des bovins est présent dans tout le district des Cataractes. Bien que quasi-inexistant sur le territoire de Songololo, il se concentre sur le territoire de Luozi, où il est destiné au travail des champs. La place occupée par ce dernier peut donc être supposée significativement différente de celle des élevages de petits ruminants et de volailles, seulement considérés comme un capital sur pied et non pas comme une force de travail. Dans les zones étudiées, l’élevage doit faire face à de nombreuses contraintes pour les Papa nourrissant ses poules, Territoire de producteurs. Les principales sont la santé des animaux et leur alimentation. La difficulté d’accès Kimpese, Adonis, Juiller 11 aux produits vétérinaires, ainsi que leurs prix très élevés, rendent ces petits élevages très Bœufs, Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 2011 Bœuf, T. de Luozi, Agrisud, 2011 vulnérables aux maladies, notamment à la peste porcine et à la peste aviaire. L’aliment pour bétail présente les mêmes contraintes que celles posées par les produits vétérinaires : prix élevés et Le métayage difficultés d’approvisionnement. Afin de pallier à ces difficultés, les éleveurs laissent leurs sujets en divagation. Cette pratique Le métayage est une association où le propriétaire apporte le capital, et le métayer son consiste en la libre circulation des animaux dans le village et ses alentours. Ils sont parqués en travail. Dans notre cas, le capital correspond généralement à un caprin, un ovin, ou un enclos seulement pour la nuit afin, entre autres, d’éviter les vols de bêtes. Toutefois, cette porcin. Le propriétaire initial confie son animal à une autre personne afin que cette dernière claustration des animaux pour la nuit n’est pas systématique ni généralisable. Elle dépend des l’élève à sa place en échange d’une contrepartie. moyens (temps, argent, main d’œuvre) que l’éleveur a à sa disposition afin de construire ces Les contrats entre propriétaire et métayer peuvent être très différents. Cependant ils sont enclos. construits généralement de la façon suivante quelque soit le type d’animal : le propriétaire La divagation présente d’autres contraintes comme la non-régulation des naissances, les ravages initial récupère 50 % du prix de vente de l’animal dans le cas où ce dernier est directement des cultures (en particulier par les porcs, les chèvres et les moutons) et l’impossibilité de destiné à la vente après engraissement. S’il est élevé à des fins de reproduction, le centraliser les déjections animales dans le but de les réutiliser comme fertilisants organiques. propriétaire peut récupérer le produit de 50 % des mises bas. Toutefois, cette répartition des mises bas n’est pas généralisable. Le nombre de petits laissés au copropriétaire est décidé par le propriétaire initial. Ce dernier peut ne recevoir qu’une bête toute les deux mises bas. Cette pratique est retrouvée sur l’ensemble des deux territoires et concerne tout type d’élevage. Le métayage permet aux producteurs d’acquérir des sujets à moindre coût et ainsi agrandir son cheptel, ou de se décharger de l’entretien demandé par un sujet tout en conservant un droit sur ce dernier. Elle représente donc une solution à la capacité d’investissement limitée de certains producteurs. Cette pratique donne lieu à des relations relativement complexes entre producteurs. Toutefois, son fonctionnement reste relativement simple et équitable vu les modalités d’élevage actuelles. Porcs, Territoire de Luozi, Agrisud, 2011 Chèvres, Territoire de Luozi Adonis, Juillet 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 8
LE DISTRICT DES CATARACTES Principaux produits cultivés et systèmes culturaux L’agriculture dans le district est majoritairement familiale et non mécanisée. Les surfaces cultivées ne dépassent que rarement 1 ha. Les principaux produits vivriers sont le manioc, l’arachide, le haricot, le riz pluvial, le pois d’Angole, le niébé, le soja, le maïs et les bananes. Ces produits vivriers sont à la fois autoconsommés et vendus, voire échangés dans un système de troc. Les principaux produits maraîchers sont l’oignon, les légumes feuille, le chou, l’aubergine, la tomate, le piment et le gombo. Les produits issus de l’arboriculture sont l’huile de palme, les agrumes, le safou et l’avocat. Rivière Luozi, Territoire de Luozi, Adonis, Juin 11 L’AGRICULTURE DANS LE DISTRICT DES CATARACTES FORCES FAIBLESSES - Diversité des cultures grâce aux situation agro-écologiques variés - Exploitation des sols de savane peu fertiles, pauvres en humus - Développement du maraîchage sur les bords des rivières - Pratiques agricoles favorisant l’érosion et lessivage des sols sur les - Présence de nombreux marchés ruraux pentes - Existence d’un bon réseau de commercialisation et de nombreux - Peu d’encadrement technique des agriculteurs acteurs. - Exploitations peu productives - Accès facilité vers les grands centres de consommation (le port de - Peu d’entretien routier entrainant un mauvais état des pistes Matadi et la capitale Kinshasa) grâce à la route nationale 1 (RN1) - Mauvaise maintenance des moyens de transport (camions et bac de asphaltée traversant le district. traversée du fleuve) : difficultés d’écoulement des produits - Peu de marchés structurés et aménagés pour la vente OPPORTUNITÉS MENACES Champ de haricot et maïs, Kimpese, Adonis, Juin 11 - Beaucoup de surfaces arables disponibles et non exploitées - Variations interannuelles des pluies : forte variation des rendements - Développement des groupements de producteurs pour la d’une année sur l’autre commercialisation - Augmentation de la pression foncière - Amélioration des pistes et routes rurales existantes pour - Déforestation par l’augmentation de la démographie et la non- l’écoulement des produits maîtrise des feux de brousse. - Diversification des zones d’écoulement des produits : Angola et - Risque de destruction de la fertilité Congo Brazzaville - Pression des autorités sur l’exploitation et les marchés - Présence de grands centres de consommation à proximité (augmentation des taxes) - Multitudes de tracasseries de tous ordres Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 9
LE TERRITOIRE DE SONGOLOLO Le territoire de Songololo couvre une superficie de 8507 km² et est découpé en 5 secteurs : Bonboma, Luima, Palabala, Kimpese et Wombo. La cité de Kimpese est le chef-lieu du territoire et un carrefour commercial pour les denrées agricoles venant du district du Bas-Fleuve, du territoire de Luozi et des villages du territoire de Songololo, en direction de la capitale. La présence d’une cimenterie et de certains services notamment bancaires, en font notamment une ville stratégique en plein essor économique. Le territoire est traversé par la RN1 reliant Matadi à Kinshasa, à laquelle sont reliées de nombreuses routes en plus ou moins bon état, jusqu’aux villages d’agriculteurs. Celles-ci leur permettent toutefois d’écouler les produits agricoles vers ces centres de consommation. Ce territoire est notamment à la frontière avec l’Angola, impliquant des flux de migrations. La proximité avec la capitale Kinshasa en fait un bassin d’approvisionnement des produits agricoles important. Territoire de Songololo vu du mont Bangu, Adonis, Juin 2011 Caractéristiques du territoire PRATIQUES CULTURALES Les principaux produits cultivés sont les produits caractéristiques du district des Cataractes, avec une spécificité de la ville de Kimpese pour les oignons et du mont Bangu pour les bananes (plantains et desserts). En effet, la région autour de la cité de Kimpese est une forte zone de production de l’oignon, reconnue pour la qualité et la productivité de ceux-ci. Les cultures sont principalement vivrières. Le maraîchage est aussi très pratiqué dans les vallées pendant la saison sèche grâce aux facilités d’écoulement des produits vers Kinshasa et Matadi. L’agriculture est pratiquée sur de petites surfaces avec un accès aux intrants et aux variétés améliorées facilité par la proximité de la cité de Kimpese. L’association de cultures (manioc + légumineuses) est très pratiquée, de même que les associations multiples. COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES Les marchés ruraux sont actuellement au nombre de 11 sur le territoire (Chantier-Malele, Kilueka, Kitobola, etc.) Cf. Carte p17. Ce sont des marchés de gros plus que de détail. Deux autres marchés dans la cité de Kimpese sont des marchés secondaires, plus fréquentés en termes de produits et d’acteurs. Les prix y sont notamment plus élevés. Les principaux centres de consommation sont Matadi, Kinshasa, Mbanza Ngungu et la cité de Kimpese. Les acteurs présents sur ces lieux de commercialisation sont les détaillants, les grossistes et semi-grossistes, Territoire de Songololo (entouré vert), Province du Bas-Congo, RD Congo, UC Louvain les « mamans manœuvres » (spécifiques aux marchés secondaires et tertiaires) et les producteurs, qui se déplacent à pied ou en transport jusqu’aux dépôts. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 10
LE TERRITOIRE DE SONGOLOLO Utilisation d’engrais chimique et de produits phytosanitaires L’utilisation d’engrais chimique est relativement courante sur le territoire de Songololo. Les producteurs ont principalement recours à de l’urée et du NPK composé. L’application se fait uniquement sur les cultures destinées à la vente (oignon, tomate). Il y a plusieurs possibilités pour un producteur de s’approvisionner : À Kinshasa lorsqu’il part vendre ses productions sur les marchés de la capitale, Auprès de distributeurs spécialisés à Kimpese qui eux, s’approvisionnent une à deux fois par mois à Kinshasa, Au niveau des CRR (Centre de Regroupement Ruraux), qui permettent aux producteurs de bénéficier de tarifs avantageux et à proximité de leurs zones de production. Les engrais sont de plus ou moins bonne qualité selon la source d’approvisionnement. Les producteurs utilisent aussi des insecticides et des fongicides. Les applications se font principalement sur les cultures maraîchères telles que la tomate, le piment et l’oignon. L’accès aux produits est le même que pour les engrais chimiques : distributeurs agréés d’une société étrangère à Kinshasa, revendeurs à Kimpese ou aux CRR. Les risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires ne sont pas toujours connus ou pris en compte par Paysage du mont Bangu, Adonis, Juin 2011 les utilisateurs. La qualité de certains produits et leurs conditions d’application ne sont donc pas optimales. Certains producteurs n’utilisent pas de produits phytosanitaires notamment à cause du manque de moyens financiers et de la non-maitrise de la technicité des produits. Spécificités du mont Bangu Le mont Bangu est la zone montagneuse du territoire de Songololo. Elle se caractérise par son climat, sa topographie et son agriculture. C’est en effet le point le plus haut du territoire, qui est géologiquement différent du reste du territoire. Le climat y est plus froid et plus humide. ATOUTS ET CONTRAINTES DU TERRITOIRE Au-delà des différences de température, de végétation et de pluviométrie, le mont Bangu se différencie surtout au niveau de ses sols plus argileux. Pour la fertilité des sols, la principale ATOUTS CONTRAINTES contrainte n’est pas de restaurer la fertilité, mais plutôt d’éviter qu’elle se dégrade par des - Proximité des centres de consommation grâce - Transports peu nombreux et trop coûteux, phénomènes de lessivage et d’érosion des sols très importants sur les pentes. D’où les à la RN1 asphaltée qui facilite l’écoulement des depuis les villages jusqu’à l’axe principal techniques préconisées par Agrisud : billons perpendiculaires à l’axe de la pente d’une produits - Accès difficile aux villages du mont Bangu longueur de 10m, paillage, etc. - Pistes en bon état grâce à l’action d’Agrisud et - Forte pression foncière dans les villages en L’enclavement des villages est relativement important étant donnée la dégradation des autres bailleurs de fonds (PARSAC et JICA) périphérie de Kimpese avec les saisonniers routes. L’une des pistes en état d’accueillir des véhicules est celle allant de Kimpese à dans cette zone Lombo Fuese. Elle a été réhabilitée par Agrisud lors des précèdents projets (PADDAFAC). - Développement des marchés ruraux - Renommée de l’oignon de Kimpese Face à ces contraintes, les pratiques agricoles se différencient de celles observées en - Présence ponctuelle d’intrants et variétés brousse. Les stratégies s’orientent plus vers la culture de légumineuses, de bananes plantain améliorées et dessert en bananeraie et de la canne à sucre. Pour cette dernière, la commercialisation - Présence d’un marché frontalier avec l’Angola : reste majoritairement interne au village. Le maraîchage est très peu développé en raison des le marché de Lufu difficultés imposées par le milieu. Point commun avec les systèmes de la vallée, le manioc occupe toujours une place importante dans les choix culturaux, tout comme les bananes plantain et dessert. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 11
LE TERRITOIRE DE LUOZI D’une superficie de 6784 km², le territoire de Luozi est découpé en 10 secteurs : Balari, Kenge, Kimbanza, Kimumba, Kinkenge, Kivunda, Mbanza-Mona, Mbanza-Mwembe, Mbanza-Ngoyo et Mongo-Luala, Son chef-lieu est la cité de Luozi, située sur la rive nord du fleuve Congo. Il faut traverser le fleuve en bac pour faire transiter les marchandises vers Kinshasa, Matadi, ou la cité de Kimpese. Il s’agit ainsi d’une zone enclavée par rapport aux autres territoires du district des Cataractes, entre au nord la frontière avec la République Populaire du Congo et au sud le fleuve Congo. Le degré élevé d’enclavement de la zone, ainsi que le mauvais état des pistes, ont un impact considérable sur l’écoulement des produits agricoles. La traversée du fleuve par le bac est inévitable et aléatoire, c’est ainsi un goulot d’étranglement qui freine l’évacuation des productions agricoles vers les grands marchés. Deux bacs sont présents, mais un seul des deux est en activité : le « grand bac » d’une capacité de 30T environ. Le petit, d’une capacité de 12T, entre en activité seulement en cas de panne du grand. La pratique du troc est typique de cette zone enclavée et peut être perçue comme une adaptation à ces contraintes. Son histoire récente Territoire de Luozi (entouré vert), Province du Bas-Congo, RD Congo, UC Louvain Depuis les années 50 jusqu’au début des années 2000, des programmes du gouvernement congolais et des projets de coopération se sont succédés sur ce territoire. Ces projets fonctionnaient sur le modèle d’une entreprise, dont Caractéristiques du territoire l’activité principale était la production de produits agricoles et d’élevage : céréales (riz, maïs, etc.), manioc, bovins, poissons, etc. PRATIQUES CULTURALES La réussite de ces projets reposait essentiellement sur la mécanisation de l’agriculture et l’utilisation de terres en On y retrouve les traditionnels produits vivriers et maraîchers observables dans le métayage. En plus de leurs propres concessions, ces structures cultivaient les terres villageoises, proposant, labour, territoire de Songololo. Luozi se distingue de ce dernier par la production de riz semis et récolte mécanisée en contrepartie de 25 % de la récolte. En créant la COPAL (Coopérative Intégrée de la pluvial, des plantations d’agrumes (oranges, mandarines) dans les zones Luala), les producteurs pouvaient vendre le reste de leur production sur place. Les marchandises de la coopérative montagneuses et une production importante d’huile de palme, un des produits étaient ensuite rachetées, la COPAL se chargeant du transport et de la vente sur les marchés. La coopérative disposait phares de la zone. De même, on retrouve le gingembre, très cultivé, dans les zones de ses propres moyens de stockage et de transport. montagneuses de l’est du territoire et généralement commercialisé vers la Selon les projets, d’autres services périphériques étaient mis en place : la location et la vente de couple de traction République du Congo. animale, la production de semences, le décorticage du riz, le broyage du manioc en farine et enfin la réhabilitation des Les produits agricoles présents sur les marchés, ou échangés (troc) sont routes. principalement vivriers, les légumes pleins champs étant majoritairement De 1950 à 1979, les Belges se sont installés avec le autoconsommés. En effet, la plupart sont très sensibles aux conditions de transport Groupe d’Économie Rurale auxquels ont succédé les (fragilité du produit, périssabilité…) et leur commercialisation, ne dépasse que Italiens avec le Projet de Développement Rural Intégré rarement le fleuve. de la Luala, appelé aussi la compagnie Italo-zaïroise. Les spécificités de ce territoire reposent ainsi sur la production d’huile de palme, de Après leur départ en 1990, l’État congolais crée le riz, d’agrumes ainsi que sur l’utilisation de la traction animale. Centre National d’élevage et de Dressage des Animaux de traction animale (CENADRA) pour promouvoir la COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES culture attelée. En 1994, un programme cofinancé par Ce territoire ne comporte que des marchés ruraux, de gros et de détail, au nombre le Ministère de l’Agriculture et la FAO met l’accent sur de 8 (Séraphin, Marché Central, Nkundi,). Les marchandises accumulées par les le riz, le Programme National Riz (PNR). Mais depuis grossistes sont acheminées jusqu’à la cité de Luozi, déposées dans le dépôt demi- 1997, lorsque la FAO met un terme à son soutien, le terrain et transportées jusqu’à la cité de Kimpese, Kinshasa ou Matadi. La PNR a cessé toute activité. Il ne reste plus aujourd’hui commercialisation des denrées agricoles est rythmée par le régime des pluies qui que quelques représentants et vestiges de la influe sur la fréquence des camions et le fonctionnement du bac. mécanisation, au siège à Nkundi. Petit bac de Luozi, Agrisud, 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 12
Vous pouvez aussi lire