DOCUMENT DE SYNTHÈSE DU FORUM PLANET A 2018 - Septembre 2018

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DOCUMENT DE SYNTHÈSE DU FORUM PLANET A 2018 - Septembre 2018
DOCUMENT DE SYNTHÈSE DU FORUM PLANET A® 2018
                Septembre 2018
DOCUMENT DE SYNTHÈSE DU FORUM PLANET A 2018 - Septembre 2018
En juin 2018, de nombreuses personnalités présentes au 1er Forum international planet A® ont
été invitées à apposer leur signature sur le manifeste de l’Initiative. Chacune pour sa part a ainsi
reconnu la place cruciale qu’occupe l’agriculture dans la résolution d’une équation collective dont
les facteurs sont la sécurité alimentaire et la transition environnementale.

Par leur présence et leur participation active à ce Forum placé sous le Haut Patronage du
Président de la République, Emmanuel Macron, près de 400 participants venus de 32 pays ont
eux aussi affirmé leur soutien à cette initiative lancée par le territoire de Châlons-en-Champagne.

Depuis lors, d’autres personnalités ont à leur tour exprimé leur adhésion à planet A® afin que vive
cette Initiative et que des solutions concrètes puissent en jaillir année après année au bénéfice
de tous. Que tous en soient ici remerciés.

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AVANT-PROPOS

« L’agriculture est la mère et la nourrice des autres arts ».
Cette pensée exprimée, il y a près de vingt-quatre siècles par le philosophe et homme
d’action athénien Xénophon (« L’Économique ») demeure valable en 2018 -le terme
« arts » devant être compris au sens d’activités, afin de ne pas commettre de contresens.
Si l’on aurait tort de réduire l’agriculture à sa seule fonction nourricière, elle a toujours
joué un rôle majeur dans les sociétés humaines. On doit pourtant reconnaître qu’elle
est liée à des pans entiers de l’économie, ou plutôt des économies, car l’agriculture
est aujourd’hui une activité insérée dans un espace mondialisé. Elle doit maintenant
relever un défi, décisif pour l’avenir de l’humanité et de la planète. En effet, en 2050,
la population mondiale atteindra le seuil des dix milliards d’habitants. La production
agricole devra augmenter de 60 % pour répondre à la demande mondiale. Comment
produire davantage, avec des ressources en eau, en terre et en énergie limitées, le tout
dans un contexte de changement climatique ? Produire de façon durable se prépare à
l’avance. C’était l’objectif du forum mondial de l’agriculture planet A®, qui s’est tenu à
Châlons-en-Champagne les 28 et 29 juin 2018. Les travaux et les débats ont abouti à
une série de 30 propositions*, de nature à relever le défi avec succès. Il sera possible de
les appliquer grâce au volontarisme, au dialogue, aux incitations (fiscales ou autres) ou
encore à la contrainte (législative ou réglementaire), ou tout simplement grâce à une
bonne compréhension des enjeux. L’agriculture devient ainsi une source d’opportunités
de nouveau développement économique. Pour que l’aventure humaine demeure liée à
celle de l’agriculture, dans le respect de la planète.

Benoist Apparu                                        Dominique Pierre

Maire de Châlons-en-Champagne                         Président de l’Association planet A®

* Voir les « 30 Idées pour 2030 » en page suivante.

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Chapitre 1

    PLANET A 2018 :
LES 30 IDÉES POUR 2030

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Les propositions suivantes sont la synthèse des propositions formulées par les
                  participants au Forum planet A® 2018 notamment à l’occasion d’ateliers de travail,
                  et des premiers engagements qui ont été pris par certaines organisations et
                  entreprises en clôture du Forum (voir en pages suivantes).

                  1.   Encourager les agriculteurs à capturer le carbone dans les sols, en produisant toute l’année
                       pour couvrir les sols. Faire aussi en sorte que les déchets agricoles reviennent à la terre.

                  2. Aider les agriculteurs à produire leur énergie grâce à la biomasse, et à l’utiliser pour faire
                     fonctionner les engins agricoles - et encourager les constructeurs de matériel agricole à
                     proposer du matériel utilisant cette énergie. Ces deux premières propositions sont de nature
                     à diminuer l’empreinte carbone sur terre et à créer une économie agricole circulaire.

                  3. Engager rapidement une démarche de réduction des intrants d’origine chimique dans la
                     régénération des sols.

                  4. Encourager les circuits de commercialisation dits « courts » des producteurs afin de satisfaire
                     d’abord les besoins locaux.

                  5. Améliorer la résilience des acteurs agricoles exposés à un déficit de production.

                  6. Encourager une agriculture de précision, plus efficace grâce à l’innovation permise par les
                     nouvelles technologies, afin de mieux utiliser les sols et l’eau.

                  7.   Dépolluer l’eau et restaurer les terres dégradées, et encourager le reboisement.

                  8. Faire entrer pleinement l’agriculture dans le domaine de la santé publique, grâce à une
                     alimentation saine et responsable.

                  9. Garantir à tous une alimentation saine et durable en développant un système de QR codes sur
                     les produits alimentaires, afin d’informer les consommateurs de la traçabilité et de la nature
                     des produits utilisés.

                  10. Encourager l’utilisation exclusive d’emballages recyclables pour tous les produits
                      agroalimentaires.

                  11. Encourager les partenariats entre le monde agricole et les entreprises du secteur de
                      l’agroalimentaire.

                  12. Favoriser l’automatisation de l’irrigation pour mieux maîtriser la consommation de l’eau et
                      éviter son gaspillage.

                  13. Sanctuariser des terres arables, afin de lutter contre la pression foncière sur certains espaces,
                      et créer des réserves de terres destinées à la production agricole.

                  14. Encourager la diversité des productions dans les pays où l’approvisionnement agricole reste
                      fragile.

                  15. Aider les agriculteurs à passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture de
                      commercialisation, dans les pays où la sécurité alimentaire n’est pas encore pleinement assurée.

                  16. Encourager les états qui sont de grands propriétaires fonciers à louer des terres à des
                      agriculteurs, en priorité petits et moyens, avec des baux d’une durée de plusieurs décennies.

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                       4
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17. Faire émerger et soutenir les petits et moyens producteurs en Afrique et en Asie.

                  18. Favoriser les projets agricoles avec des incubateurs de start up.

                  19. Connecter les différents acteurs de l’écosystème agricole, en proposant aux agriculteurs des
                      services (gratuits ou payants), dans le domaine de l’agriculture, sur une plateforme numérique.

                  20. Combler le fossé entre l’offre et la demande de financement des agriculteurs, en accroissant le
                      rôle des institutions financières internationales. Ainsi, elles pourront identifier les PME agricoles
                      à fort potentiel dans les zones rurales, et constituer des entités dédiées pour prendre les
                      premiers risques, afin de faciliter la levée des fonds, une fois la rentabilité démontrée.

                  21. Engagement des institutions financières internationales, des partenaires au développement et
                      des investisseurs privés responsables d’augmenter les financements aux Petites et Moyennes
                      Entreprises (PME) et des entrepreneurs issus du monde rural. (proposition du FIDA)

                  22. Engagement des gouvernements, des organisations internationales, des entreprises et des
                      fondations privées à légiférer et investir pour réduire les pertes et le gaspillage agroalimentaires
                      en pariant sur la jeunesse des économies en développement. (proposition du FIDA)

                  23. Favoriser l’accès des agricultrices au financement, en Afrique et en Asie. Permettre l’accès au
                      financement des agriculteurs d’Afrique et d’Asie grâce à des banques en ligne.

                  24. Former les jeunes générations, en Afrique et en Asie, et développer des centres d’affaires
                      agricoles où seraient présents des producteurs, leurs organisations, des entreprises qui les
                      aideraient à optimiser leurs productions et des incubateurs d’entreprises.

                  25. Réduire les pertes et les gaspillages agroalimentaires au moment des récoltes, du stockage,
                      du transport, de la transformation et de la commercialisation, en favorisant les investissements
                      des équipements et des infrastructures de stockage.

                  26. Améliorer les partenariats entre les agriculteurs, les investisseurs, pionniers, les centres de
                      recherche et les universités pour créer un secteur agricole durable, dynamique, capable
                      d’assurer la sécurité alimentaire.

                  27. Favoriser la transparence des systèmes de distribution grâce à un partage d’informations et
                      de collectes de données entre les secteurs d’activités impliqués.

                  28. Développer un environnement de politiques incitatives pour permettre d’améliorer les
                      contrôles et les standards de qualité des productions agroalimentaires.

                  29. Combler les insuffisances en matière d’éducation nutritionnelle des consommateurs.

                  30. Développer la filière de production d’insectes destinés à nourrir les poissons d’élevage.

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                           5
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I. LES ENGAGEMENTS PRIS
                  LORS DU FORUM
                  Lors de la séance plénière du 29 juin 2018 au Forum planet A®, plusieurs
                  organisations et entreprises ont affirmé ou réaffirmé un engagement fort en matière
                  d’innovation autour de l’Agriculture.

                  Quel que soit le champ de leurs engagements respectifs, chacune d’entre elles a
                  ainsi contribué à rendre immédiatement évident le caractère utile du Forum, et à
                  stimuler les participants à poursuivre leurs échanges tout au long de l’année.

                  Pascal Canfin, Directeur général de WWF France, et Christiane Lambert, Présidente
                  de la FNSEA,
                  ont signé une déclaration commune qui identifie leurs points d’accord et vise à les multiplier
                  et à passer à l’action pour obtenir des résultats concrets. Il s’agit par exemple de la lutte contre
                  l’artificialisation des sols, du développement de la méthanisation agricole, et du triangle revenus-
                  protection-transformation.
                  Voir la déclaration en annexe.

                  Pascal Canfin, Directeur général de WWF France,
                  a réaffirmé au nom de WWF France sa participation au fonds LDNF (Land Degradation Neutrality
                  Fund) qui résulte de la convention de l’ONU contre la désertification et vise à financer des projets
                  de restauration de terres dégradées. Lors du One Planet Summit 2017, ce fonds avait, en association
                  avec Michelin, permis de restaurer 1 million d’hectares de terres dégradées par la culture de l’hévéa.

                  Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA,
                  a annoncé que la FNSEA a fait le choix, avec 40 organisations, de proposer à la puissance publique
                  un contrat de solutions pour une trajectoire de progrès pour la protection des plantes. Elle affirme
                  que la France sera leader sur le sujet et souhaite « que les autres pays nous suivent ».

                  Phil Hogan, Commissaire Européen à l’Agriculture
                  S’est engagé à investir 10 Mds€ au titre d’Horizon Europe pour soutenir la recherche et l’innovation
                  dans les domaines de l’alimentation, de l’agriculture, du développement rural et de la bioéconomie.
                  Il a en outre mis en place un groupe de travail pour l’Afrique rurale, afin de fournir des propositions
                  sur la meilleure façon de relever le défi de la productivité dans le secteur agroalimentaire africain.

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                         6
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Rodrigo de La Puerta, Directeur du Bureau de liaison de la FAO avec l’Union
                  Européenne et la Belgique
                  A annoncé que suite au lancement, lors de la COP15, en 2016, d’une plateforme multi-acteurs
                  pour l’intégration de la biodiversité dans le secteur agricole, la première réunion entre les acteurs
                  de l’environnement et ceux de l’agriculture a eu lien fin mai 2018 à Rome. De premières pistes de
                  travail ont été dégagées - le lancement d’une stratégie biodiversité et la création d’un mécanisme
                  de mesure de la durabilité dans le secteur agricole. Rodrigo de La Puerta a réaffirmé que la FAO
                  est résolument engagée dans l’appui d’approches telles que l’agroécologie.

                  Philippe Mangin, Président du groupe InViVo
                  A annoncé la décision prise par le Conseil d’administration de transformer les quatre sociétés
                  filiales du Groupe en « entreprises à mission », marquant ainsi l’engagement du groupe de mettre
                  ses performances économiques au service d’une mission sociale, sociétale, environnementale ou
                  scientifique. Le premier groupe coopératif français est le premier à opter pour ce statut d’entreprises
                  à mission.

                  Catherine Chapalain, Directrice générale de l’ANIA
                  A réaffirmé l’engagement pris par les 1000 entreprises adhérentes de l’Association nationale des
                  industries agro-alimentaires et traduit dans le manifeste « 1000 jours pour mieux manger » : un plan
                  de progrès en 4 axes : amélioration nutritionnelle (portions, modes de consommation), économie
                  plus circulaire (avec des engagements forts en termes de réduction d’eau et d’énergie, et de
                  recyclage), information du consommateur, sécurité et qualité des aliments, et un partenariat avec
                  le monde agricole pour des modes de production et d’élevage plus durables. L’ANIA présentera
                  dans un portail, l’ensemble de ces engagements dès cet automne.

                  Elsa Chantereau, Responsable des affaires publiques, Coca-Cola France
                  S’est engagée au nom de son entreprise qui se réforme de façon radicale face aux attentes
                  des consommateurs selon trois axes prioritaires : boissons, emballages et société et 3 axes
                  complémentaires - l’eau, le climat et la chaîne de valeurs. Coca Cola s’engage à travailler sur
                  la diversification du portefeuille, en s’orientant vers les boissons bio et en travaillant sur la
                  diversification des formats, et à investir dans la recherche pour renouveler les recettes et diminuer
                  les taux de sucre.

                  Antoine Méry, Directeur de la Communication, Mars Food - France
                  A affirmé les engagements précis et chiffrés de Mars Food : le programme « Sustainable in a
                  generation », où le groupe investit 1 milliard $ à l’horizon 2050 pour réduire l’impact environnemental
                  de ses activités : -70 % d’émissions de CO2 sur l’ensemble de ses activités, et une neutralité carbone
                  à horizon 2040 sur ses activités productives. Le Groupe s’engage aussi à poursuivre ses efforts
                  concrets en matière d’approvisionnement responsable des matières premières.

                  Stéphane Travert, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation - France
                  A réaffirmé le caractère stratégique de l’agriculture, l’agroalimentaire, la forêt et la pêche, des
                  secteurs « porteurs de solutions durables, dans le cadre d’une mondialisation régulée » et
                  l’engagement de la France à promouvoir de façon constante, en Europe et à l’international, la
                  diversité des systèmes de production, de transformation, de distribution et de consommation
                  adaptés.

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                         7
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Et en ce sens :
                  A affirmé sa volonté de participer au renforcement de la gouvernance mondiale des systèmes
                  de production et de consommation en coordonnant l’action de la France avec l’ensemble des
                  parties prenantes aux échelles européenne et internationale, pour tenir compte du contexte
                  mondialisé dans lequel s’inscrivent les systèmes alimentaires.
                  A rappelé les termes du discours prononcé par le Président de la République le 31 mai 2018 devant
                  l’OCDE, appelant à une refonte en profondeur de l’OMC, pour notamment se doter de standards
                  pour des modes de production respectueux de l’environnement et garantissant le développement
                  durable, et obtenir une inflexion des règles internationales, notamment en matière de libre échange.
                  A rappelé les termes du discours prononcé par le Président de la République à Ouagadougou
                  le 28 novembre 2017, affirmant la volonté de la France d’œuvrer en faveur du développement
                  du continent africain et en particulier, d’investir dans l’agriculture et le développement rural afin
                  de garantir la sécurité alimentaire, tout en se fixant des objectifs clairs et partagés qui intègrent
                  pleinement les dimensions de responsabilité sociale et environnementale.
                  A réaffirmé le soutien de la France à l’initiative « 4 pour 1 000 », retenue dans l’agenda mondial
                  pour l’action climatique et que la France souhaite voir se traduire en actions concrètes, notamment
                  en termes de traduction en projets concrets de la recherche sur le stockage du carbone dans le sol.
                  A réaffirmé l’engagement de la France dans un projet national de développement de
                  l’agroécologie pour les exploitations françaises, lancé en 2012 et inscrit dans la loi en 2014, et
                  qui a permis l’élaboration d’un plan d’action comprenant 17 chantiers, qui mobilise tous les acteurs.
                  S’est engagé à soutenir le principe d’une charte multilatérale de l’open data dans le domaine
                  agricole, condition nécessaire à la confiance des agriculteurs.

                  Benoist Apparu, Maire de Châlons-en-Champagne
                  A pris deux engagements au nom de Châlons-en-Champagne :
                  Le lancement, dès 2018, d’un Institut des Hautes Études de l’Agriculture à Châlons-en-
                  Champagne afin de créer un réseau de partage et de recherche, formé de professionnels de divers
                  mondes, autour des questions agricoles. Un Institut favorisant les relations franco-africaines sera
                  également lancé à l’avenir.
                  Le lancement, via Terra Solis, d’une étude européenne pour modéliser aux plans économique
                  et financier la donnée relative à la production de carbone renouvelable.

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                       8
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II. LES PROPOSITIONS DES
                  PARTICIPANTS POUR 2030
                  Lors des ateliers planet A® du 28 juin, les participants ont proposé, à la lumière
                  des présentations du matin et de leur propre expérience, des idées à faire avancer
                  prioritairement pour que l’Agriculture innove au service de la sécurité alimentaire et
                  de la transition environnementale.

                  Le présent Livre Ouvert est en effet destiné à stimuler l’envie des gouvernements, des organisations,
                  des entreprises, des chercheurs, des parties prenantes de tous bords – l’envie de faire avancer
                  ces idées et de les rendre concrètes, en s’appuyant sur le « collectif planet A® » qui s’est formé à
                  l’occasion du Forum 2018 à Châlons-en-Champagne.
                  Celui-ci vivra jusqu’au prochain Forum, notamment au travers des réseaux sociaux Twitter et
                  LinkedIn.
                  Ainsi le FIDA (Fonds international de développement agricole, agence spécialisée des Nations
                  Unies), dont le Président Gilbert Houngbo avait dépêché en son nom au Forum un représentant
                  éminent pour y prendre la parole, a souhaité apporter sa contribution à l’issue de l’événement, sous
                  forme de la proposition de deux idées fortes qui figurent parmi les 30 idées pour 2030 (pages 4
                  et 5) et à la fin de cette section.
                  Le Comité scientifique de planet A® va désormais concentrer ses efforts sur ces idées et déterminer
                  les moyens à mettre en œuvre à cet effet ainsi que les parties prenantes à y associer avant de faire
                  un bilan des premières avancées lors du Forum 2019.
                  Voir aussi pages 35 et 36. Restitution des travaux.

                  1) Le sol, la terre
                  Rattan Lal, Co-Lauréat du Prix Nobel de la Paix, Président de l’Institut des sciences
                  du sol, Ohio State University
                  appelle la communauté mondiale, les gouvernements du monde entier, y compris la Communauté
                  européenne, la Commission européenne et le Parlement européen, à inscrire dans la loi que la
                  santé du sol est essentielle pour la santé des hommes et pour celle de l’environnement. Il appelle
                  également à légiférer pour que la pollution du sol soit désormais sanctionnée comme l’est celle
                  de l’air ou de l’eau.

                  Les participants d’un atelier proposent entre autres que des moyens
                  supplémentaires soient donnés à l’agriculture de conservation des sols
                  Sur l’exemple de la présentation de Danone qui s’est engagé à produire d’ici à 20 ans des produits
                  zéro carbone, l’agriculture peut s’inscrire dans un tel objectif grâce à l’agriculture de conservation
                  des sols, qui est capable d’être un vecteur important de décarbonation de l’atmosphère et un
                  contributeur très important à la lutte contre le changement climatique.

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                        9
L’agriculture de conservation des sols consiste en pratique à ne plus labourer, à couvrir les sols
                  en permanence, à s’inscrire dans des rotations très longues en alternant cultures d’hiver et de
                  printemps, et à enrichir le sol en matières organiques (carbone et azote). Les résultats attendus
                  sont la décarbonation de l’atmosphère, un sol plus vivant (microorganismes) qui contribue à la
                  fois détruire les matières chimiques et à préserver une eau de meilleure qualité souterraine, et à
                  lutter contre l’érosion à laquelle sont soumises de nombreuses terres agricoles du fait des pluies
                  diluviennes plus fréquentes.

                  Les participants du groupe du Député Dominique Potier proposent des idées
                  destinées à assurer une meilleure maîtrise du foncier.
                  Pourquoi et comment ?
                  • Parce qu’il existe une biodiversité des terres (il existe plusieurs types de terres, plusieurs types
                    de sols) comme il existe une biodoversité de la faune et de la flore
                  • Parce que la terre n’est pas une marchandise, elle est non délocalisable. On peut délocaliser les
                    producteurs, pas les terres.
                  • Parce que la fonction première de la terre est de nourrir les hommes et non de bâtir (dangers de
                    l’artificialisation actuelle)

                  3 idées :
                  1. Créer un système d’attribution des terres : attribuer tel type de terre à tel type d’éleveur
                  2. Créer un label mondial (IGP) qui relie la terre, l’homme et le produit – un label sécurisant pour
                     le consommateur qui saura d’où vient son produit, et protecteur des terres.
                  3. Dessiner les contours d’une nouvelle autorité publique chargée de mieux maîtriser le foncier,
                     avec des pouvoirs renforcés par rapport à ceux des Safer.
                       –– qui assurerait un meilleur encadrement des transmissions avec un lien mieux établi entre
                          la terre et la propriété.
                       –– qui redéfinirait la valeur de la terre selon d’autres critères. Exemple : la prise en compte de
                          la microbiologie du sol qui peut avoir un impact sur la valeur des sols
                       –– qui serait dotée de fonds pour la dépollution, la remédiation, le défrichage des sols
                          susceptibles d’être regagnés pour l’agriculture.

                  2) L’agroécologie
                  Plusieurs ateliers dont celui de Thomas Ribémont, président d’Action contre la
                  Faim, et celui de William Affif, représentant du Programme Alimentaire Mondial
                  constatent que l’objectif « Zero Hunger » est encore loin d’être atteint (815 millions de personnes
                  souffrent de la faim selon la FAO) mais considèrent que la question n’est pas « comment produire
                  plus », puisque l’agriculture produit déjà suffisamment pour nourrir 12 milliards de personnes, mais
                  comment faire en sorte que les populations vivant de l’agriculture puissent adopter des pratiques
                  économiquement et socialement viables qui leur permettent de subsister.
                  Ils appellent le gouvernement français et les autres gouvernements à consacrer une partie
                  plus significative de l’aide publique au développement en matière agricole à des programmes
                  d’agroécologie car elle permet :

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                         10
• une résilience des populations face aux effets du changement climatique,
                  • une meilleure diversification des productions et de l’alimentation,
                  • une rentabilité économique,
                  • une stabilité financière (réduction de la dépendance aux évolutions de prix),
                  • une source d’emplois (faible mécanisation),
                  • une approche intégrée de l’élevage et de la production végétale (ce qui réduit les tensions comme
                    celles qui existent en RCA).

                  Ils appellent par ailleurs la France et les autres états à placer au cœur de leurs stratégies extérieures
                  de développement agricole et de sécurité alimentaire, une agroécologie basée sur le principe de
                  réplicabilité. Celle-ci doit prioritairement s’appuyer sur les PME et les acteurs associatifs locaux.
                  Ils citent comme exemple Fasopro, une entreprise burkinabé qui a développé une activité autour
                  des insectes alimentaires, qui a pu être transposée dans d’autres pays avec le soutien de l’Agence
                  Française de Développement (France).
                  En outre, ils soulignent qu’il faut poser le territoire comme base de départ, ce qui permet, par
                  construction, de tenir compte des autres dimensions fondamentales de la vie des populations et
                  des écosystèmes locaux : au-delà de l’alimentation et des revenus, on prend en compte l’éducation,
                  la santé, et aussi la planification des usages du sol.
                  Dans le même esprit systémique, les participants de l’atelier appellent à passer toute initiative
                  visant à la sécurité alimentaire, au crible d’une chaîne vertueuse :
                  Innovation > Education > Regulation > Echange des bonnes pratiques, des connaissances, de
                  la data > Organisation de la supply chain.
                  Les participants d’un autre atelier appellent en outre à mettre en œuvre tous les moyens permettant
                  d’exploiter davantage de parcelles selon les principes de l’agroécologie. Il s’agirait par exemple de
                  consacrer des études de terrain pour développer des projets scientifiques ciblés, en s’adjoignant
                  le soutien de partenaires privés industriels.

                  3) Le rôle du consommateur
                  Les participants d’un atelier appellent à créer un label type « agriculture du vivant ».
                  L’objectif de ce label « agriculture du vivant » est de faire baisser l’impact climatique des filières
                  labellisées.
                       –– Mettre ce label à disposition des consommateurs pour qu’ils disposent de toute l’information
                          sur le produit.
                       –– Faire en sorte que ce label émerge et soit visible comme l’est aujourd’hui le label Max Havelaar.
                  Dans un second temps y ajouter un volet biodiversité, un volet consommation d’eau, un volet
                  sécurité sanitaire des aliments, puis un volet création / répartition des valeurs.
                  Les premières étapes à réaliser :
                  • Rassembler tous les acteurs du producteur au consommateur
                  • Créer une structure de type FLO (fairtrade labelling organisation)
                  • Disposer d’un tiers de confiance type blockchain
                  • Obtenir la reconnaissance de l’Union Européenne

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                           11
Les participants d’un atelier consacré au gaspillage alimentaire
                  appellent à créer une plateforme qui mette en relation l’ensemble des producteurs et des logisticiens
                  pour optimiser le transport. Il s’agit d’améliorer, dans les pays les plus fragiles, les lieux de stockage
                  des produits récoltés, pour éviter leur destruction partielle par les conditions climatiques. En outre,
                  la logistique se concentre sur les gros volumes et il y a de la perte sur les petits volumes inférieurs.

                  4) La rémunération des producteurs
                  Les participants d’un atelier consacré aux revenus des agriculteurs ont proposé de nombreuses
                  idées et notamment celle de la création d’un revenu complémentaire venant rémunérer la mission
                  d’intérêt général qu’assure l’agriculteur, au travers de l’entretien des paysages et de la préservation
                  de la biodiversité.
                  Suite à la présentation d’Airbnb qui proposait aux agriculteurs des revenus complémentaires
                  autour du tourisme rural, ces derniers ont souligné le besoin de formation à la pratique d’une
                  langue étrangère (en l’espèce, l’anglais) qui est aujourd’hui un handicap pour les professionnels
                  qui souhaitent développer ce type d’activité. Ce type de formation pourrait aider à sédentariser
                  ou maintenir en activité des agriculteurs dont les revenus sont insuffisants. Dans un second temps,
                  il pourrait aussi leur ouvrir les portes du e-commerce.

                  5) L’eau, l’énergie
                  Les participants d’un atelier appellent à promouvoir dans tous les pays un tryptique
                  Eau / Energie / Digital, c’est à dire inclure systématiquement et en parallèle ces
                  trois piliers dans tous les projets de développement ruraux.
                  Le tryptique Eau / Energie / Digital consiste à répartir les investissements entre l’automatisation
                  des productions quand cela est nécessaire, la transformation des productions agricoles ou encore
                  l’irrigation en quantité nécessaire et suffisante.
                  Les participants prennent l’exemple de la digitalisation de la chaîne de la distribution de l’eau
                  (exemple concret du nigérien Abdou Maman Kané, fondateur de TechInnov qui en assuré la
                  présentation pendant le Forum), qui a des impacts multiples :
                  • Gain de temps
                  • Accroissement de la production
                  • Santé humaine

                  Mais aussi :
                  • Scolarisation des jeunes filles (auxquelles est dévolu le transport de l’eau)
                  • Sédentarisation de populations jeunes (en Afrique tout particulièrement) versus migrations ou
                    conflits armés.

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                            12
6) Une sécurité alimentaire équitable
                  et durable (contribution du Fonds
                  International de Développement
                  Agricole / ONU)
                  Vers une sécurité alimentaire équitable et durable : comment nourrir une
                  population de 10 milliards d’habitants à l’horizon 2050 ?
                  Selon les estimations, la population mondiale atteindra 10 milliards d’habitants d’ici 2050. Une
                  grande part de cette croissance se déroulera en Afrique. Selon les trajectoires actuelles, la
                  production alimentaire devra augmenter de 60% pour répondre à la demande mondiale et cela
                  avec des ressources en eau, en terres et en énergie limitées. De plus, les effets du changement
                  climatique exacerbent encore davantage ce défi posé à l’humanité ; tandis que l’impact négatif sur
                  l’environnement des systèmes alimentaires et des pratiques agricoles dominantes est aujourd’hui
                  admis. Enfin, il convient d’observer que les petites exploitations familiales assurent aujourd’hui
                  jusqu’à 80% de la production alimentaire des pays en développement.
                  Par ailleurs, l’urbanisation croissante des sociétés, les changements démographiques ou encore
                  l’intégration des chaines d’approvisionnement alimentaire sont porteurs de risques nouveaux mais
                  également d’opportunités pour les femmes et les hommes des zones rurales à travers le monde.
                  Ces dynamiques structurelles constituent en effet des opportunités nouvelles pour l’entreprenariat
                  et l’emploi dans les chaines de valeur agroalimentaires et les systèmes agricoles innovants.
                  Ces derniers attirent une part encore modeste mais grandissante des investissements domestiques
                  et internationaux.
                  A partir de ce constat, des politiques ambitieuses et des programmes d’investissement inclusifs
                  sont nécessaires afin que les petits exploitants agricoles puissent saisir pleinement les nouvelles
                  opportunités de marché et jouer le rôle décisif qui leur appartient dans cette transformation.
                  Pourtant, à travers le monde, les petits exploitants et les entrepreneurs agricoles en milieu rural ne
                  parviennent souvent pas à mobiliser les financements nécessaires à une augmentation substantielle
                  de la productivité, à leur intégration effective dans les chaines de valeurs performantes et à
                  l’amélioration durable de leurs conditions de vie. De plus, il leur faut désormais renforcer leur
                  résilience pour anticiper, absorber et se relever des chocs climatiques de plus en plus fréquents.
                  Financer et créer les conditions de ce changement de paradigme appellent ainsi des innovations
                  institutionnelles ancrées dans un consensus international entre les parties prenantes, elles-mêmes
                  en prise direct avec les acteurs de terrain dont les bonnes pratiques sont démontrées :

                  Mesure 1 : Engagement des institutions financières internationales, des partenaires
                  au développement et des investisseurs privés responsables d’augmenter les
                  financements aux Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des entrepreneurs issus
                  du monde rural.
                  Malgré l’intérêt grandissant pour les petites exploitations agricoles et la finance rurale, un fossé
                  demeure entre l’offre et la demande d’investissement. Les besoins de financement des 270 millions
                  de petits exploitants agricoles en Amérique Latine, en Afrique Sub-saharienne, en Asie du Sud et
                  du Sud-Est sont estimés à plus de 200 milliards de dollars.
                  La plupart des institutions financières, des banques et des fonds d’investissement restent averses
                  au risque lorsqu’il s’agit du secteur agricole. En raison des niveaux de risque et des coûts de
                  transaction élevés, ils ne sont pas toujours en mesure d’offrir les services financiers adéquats,
                  d’un montant souvent inférieur à un million de dollars, qui permettraient d’atteindre les petits

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                        13
exploitants de base, les entrepreneurs ruraux de demain. Afin de répondre à cette contrainte de
                  marché et diminuer la perception du risque, trois approches complémentaires sont nécessaires :
                  1.   A partir des projets mis en œuvre par les institutions financières internationales et de leur
                       connaissance granulaire de leurs bases clients, générer des portefeuilles d’investissements
                       rentables à moindre coûts permettra une identification stratégique des PMEs à fort potentiel
                       dans les zones rurales ;
                  2. Autour d’une communauté d’investisseurs-pionniers et de partenaires, constituer des entités
                     dédiées et des véhicules financiers viables en mesure de prendre le premier risque permettra
                     de lever des fonds supplémentaires, une fois les impacts et la rentabilité démontrés ;
                  3. En prenant appui sur l’expérience et les services d’expertise-conseil aux organisations de
                     producteurs et aux PME agricoles fournis par les agences spécialisées du système multilatéral,
                     incuber des primo-entreprises rurales permettra d’élargir la base de projets éligibles aux
                     nouveaux instruments financiers disponibles.

                  Mesure 2 : Engagement des gouvernements, des organisations internationales,
                  des entreprises et des fondations privées à légiférer et investir pour réduire les
                  pertes et le gaspillage agroalimentaires en pariant sur la jeunesse des économies
                  en développement
                  En Europe ou en Afrique du Nord, le gaspillage est principalement concentré au niveau de la vente et
                  à la consommation des produits alimentaires. En revanche, dans les économies en développement,
                  les pertes post-récolte sur les segments de commercialisation sont structurelles. Celles-ci sont
                  notamment dues à un manque d’infrastructures et d’équipement adaptés mais également à un
                  déficit d’incitations pour une professionnalisation des filières. Les jeunes, qui n’ont jamais été aussi
                  nombreux dans le monde, doivent devenir une génération d’agri-preneurs et accéder aux ressources
                  dont ils ont besoin pour transformer les régions rurales en espaces prospères susceptibles de
                  nourrir les générations futures. Aujourd’hui, l’Afrique a la population la plus jeune de la planète et
                  prévoit un doublement de sa population d’ici 2050. La demande de produits alimentaires pour
                  nourrir 2,4 milliards d’individus sur le continent sera alors conséquente tandis que cette population
                  jeune et rurale n’a pas accès à l’emploi formel et est poussé à l’exode. Pourtant l’Afrique dépense
                  plus de 35 milliards de dollars par an en importation de denrées alimentaires. Cela signifie que
                  l’Afrique exporte sa force vive dans les zones d’où elle importe de quoi nourrir sa population,
                  bien qu’elle concentre parmi les terres arables les plus fertiles. Afin de mettre fin à ce paradoxe,
                  un changement de paradigme est réalisable mais les progrès ne sont pas encore à la hauteur des
                  enjeux. Des principes directeurs pour l’ensemble des parties prenantes publiques et privées, aussi
                  bien à l’échelle mondiale, régionale et nationale, voire locale, doivent appeler notre attention pour
                  lutter contre les pertes et gaspillages alimentaires, en plaçant la jeunesse au cœur des solutions :

                  1.   Co-investir dans des programmes et des projets, tout en favorisant l’accès des petits
                       exploitants agricoles à chaque étape des chaines de valeur, permettra de réduire les pertes
                       et les gaspillages agroalimentaires au moment des récoltes, du stockage, du transport, de la
                       transformation jusqu’au conditionnement et à la commercialisation ;
                  2. Promouvoir les plateformes nationales inclusives de ciblage des investissements renforcera
                     les liens horizontaux et verticaux des chaines de valeurs au service d’un partage des bonnes
                     pratiques ;
                  3. Partager des systèmes d’information et de collecte de données ainsi que des activités de
                     recherche favorisera la transparence des systèmes de distribution ;
                  4. Développer un environnement de politiques incitatives permettra d’améliorer les contrôles et
                     les standards de qualité ;

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                          14
5. Aligner l’ensemble des instruments financiers disponibles en réponse aux pertes et au gaspillage
                     agro-alimentaires permettra une réponse intégrée - des contraintes post-récolte jusqu’à la
                     mise en marché - notamment par un financement des équipements et des infrastructures de
                     stockage adéquats ;
                  6. Former les jeunes générations et développer des centres d’affaires agricoles, pour une
                     qualification des coopératives, une structuration des organisations de producteurs et des
                     petites et microentreprises constituent une évolution nécessaires. Les aider à élaborer des
                     plans d’affaires résilients au changement climatique créera de la valeur à travers l’optimisation
                     des processus sociaux et économiques de production et de commercialisation tout en offrant
                     des perspectives de transformation durable des économies rurales ;
                  7.   Investir dans l’emploi, et plus particulièrement celui des jeunes, par la promotion d’incubateur
                       en agrobusiness permettra d’améliorer les savoir-faire et l’innovation technologique de demain.

Chapitre 1 - LES 30 IDÉES POUR 2030                                                                                       15
Chapitre 2

LE 28 JUIN 2018

                  16
I. CÉRÉMONIE
                   D’OUVERTURE

                   Benoist APPARU, Maire de Châlons-en-Champagne,
                   Benoist APPARU, Maire de Châlons-en-Champagne, souhaite la bienvenue aux 393 participants de
                   32 pays, venus s’engager en faveur d’une révolution agricole pour faire face à trois défis majeurs :
                   le défi alimentaire (nourrir 10 milliards de personnes), préserver les ressources en eau et assurer
                   la transition énergétique pour limiter les effets du changement climatique.
                   Face à ces défis, une seule réponse est possible : l’agriculture. Le forum planet A® a l’ambition de
                   réunir des experts de haut niveau sur le plan international et sur le plan français, qui représentent
                   toutes les familles de pensée et doivent permettre un dialogue approfondi entre experts, ONG,
                   chefs d’entreprises, monde de la finance, monde administratif et politique, et citoyens.
                   Le Forum fait partie d’une initiative plus large comprenant aussi la création d’un Institut planet A®
                   destiné à former toutes les parties prenantes de l’agriculture sur le modèle de l’IHEDN, un incubateur
                   de start-ups, et une Cité de l’agriculture à vocation pédagogique pour le grand public.

                   Jean ROTTNER, Président de la région Grand Est
                   Jean ROTTNER, Président de la région Grand Est, salue la belle aventure qui s’ouvre avec ce forum,
                   à la fois humaine, intellectuelle, scientifique et citoyenne, au service de l’agriculture de demain et
                   de ses défis. Alors que de nombreux États sont tentés par le protectionnisme et le repli sur soi, le
                   forum planet A® doit permettre de prendre du recul et de mieux accompagner les agricultures, en
                   appréhendant les enjeux liés à l’innovation, l’agriculture du futur, la solidarité internationale et le
                   développement.

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Plénière :

                   II. L’AGRICULTURE,
                   AU CŒUR DES GRANDS
                   ENJEUX MONDIAUX

                   Albade ABOUBA, Ministre d’État, Ministre de l’Agriculture et de l’Élevage du Niger
                   Albade ABOUBA, Ministre d’État, Ministre de l’Agriculture et de l’Élevage du Niger, présente le
                   Niger, un des pays les plus vastes du continent africain, qui affiche un taux de croissance annuel
                   de 3,9 %, et dont la population double tous les 18 ans. Ce pays situé au centre de l’espace sahélo-
                   saharien est confronté à la problématique de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
                   L’agriculture demeure son principal levier de développement économique et social, mais doit
                   faire face à des défis multiformes. Le Président de la République nigérienne a ainsi lancé en 2011
                   la politique agricole 3N - « les Nigériens nourrissent les Nigériens » - qui a permis un accroissement
                   du PIB agricole et une accélération de la réponse aux objectifs du Niger en matière d’insécurité
                   alimentaire puisque plus aucune famine n’est à déplorer depuis 2011. Le nombre de Nigériens
                   vivant sous le seuil de pauvreté est ainsi passé de 63 % en 2011 à 44 % en 2016 et l’objectif est de
                   l’abaisser à 31 % en 2021 tout en atteignant l’objectif « Faim zéro ».
                   Le Niger possède de nombreux avantages compétitifs pour le développement de son agriculture
                   et le plan de développement économique et social 2017-2021 alloue plus de 30% du budget à la
                   transformation du monde rural.
                   M. Abouba considère que l’initiative 3N est aussi un instrument de lutte contre la migration
                   clandestine et le terrorisme, dont les liens avec la pauvreté sont connus, et qu’enfin, elle permet
                   également de lutter contre le changement climatique. Il souligne avec force que le Forum
                   planet A® se tient un moment où l’Afrique et le Niger font face à des défis structurels qui relèvent
                   de facteurs climatiques, démographiques, économiques, sociaux et sécuritaires, qui exigent des
                   actions concertées, concrètes et soutenues.

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1) Terres, pouvoirs et conflits
                   Pierre BLANC, Professeur de géopolitique à Sciences Po Bordeaux et Bordeaux
                   Sciences Agro (France)
                   Pierre BLANC, Professeur de géopolitique à Sciences Po Bordeaux et Bordeaux Sciences Agro
                   (France), explique qu’il a exploré dans son ouvrage Terres, Pouvoirs et Conflits (Ed. Sciences
                   Po Presse 2018) en quoi la terre est un terreau du politique, et ce, sous les deux angles de la
                   géopolitique : la puissance et l’analyse des rivalités de pouvoirs sur les territoires.
                   Il démontre que l’usage des terres est un facteur de puissance, comme en témoigne l’exemple
                   des États-Unis qui ont acquis une capacité à émerger par l’agriculture à la fin du XIXe siècle, et ont
                   fait de leur capacité d’exportation un moyen de réaliser leur encerclement de l’Union soviétique.
                   La Russie, première exportatrice de céréales au monde à la veille de la Première Guerre mondiale,
                   a été fortement contrainte eu égard à l’effondrement relatif de son agriculture (révolution, guerre
                   civile, réforme agraire) mais réaffirme aujourd’hui sa volonté de puissance en utilisant ses céréales
                   à des fins géostratégiques. En Chine, la question foncière est au cœur de l’agenda politique et
                   géopolitique car la doctrine agraire de la Chine suppose d’être autosuffisante en production de
                   céréales et d’externaliser ses autres productions. S’agissant de l’Europe, elle a été en grande partie
                   soutenue par la politique agricole commune, qui a permis de sécuriser l’alimentation mais aussi
                   de créer une « solidarité de fait » (Robert Schuman) qui amène Pierre Blanc à s’interroger quand
                   il est question de libéraliser ou de renationaliser. Enfin au Moyen-Orient, des pays comme l’Arabie
                   Saoudite ou la Syrie ont fait de la politique agraire et hydraulique un vecteur de leur puissance.
                   S’agissant de la dimension rivalitaire, Pierre Blanc démontre que l’inégalité de l’accès aux terres
                   est dans tous les cas au cœur des conflits, comme l’illustrent l’Amérique latine, les Philippines,
                   l’Inde, ou encore le Moyen-Orient.
                   En ce qui concerne l’Afrique, il estime que, dans les pays qui n’ont pas connu d’inégalité d’accès à la
                   terre, les droits coutumiers ont continué à s’appliquer, et qu’un flou foncier s’est installé, créant des
                   risques d’abus. La solution revenant à sécuriser les droits d’accès à la terre pour les Africains paraît
                   souhaitable sous réserve d’accompagner la privatisation de terres de politiques économiques
                   fortes, faute de quoi les agriculteurs finissent par délaisser leurs terres.

                   2) Table ronde : les grands défis d’un
                   nouveau monde

                   De g. à dr. Stéphane Mousset (FIDA/ONU), Thierry Blandinières (InVivo), Yangeng Ding (Nanjing University), Rattan Lal
                   (Ohio State University), Danielle Nierenberg (The Food Tank).

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Danielle NIERENBERG, Directrice générale de The Food Tank (États-Unis)
                   Danielle NIERENBERG, Directrice générale de The Food Tank (États-Unis), indique que le Food Tank
                   a pour objet de mettre en lumière des histoires porteuses d’espoir et d’inspiration dans le domaine
                   de l’alimentation. Elle souligne l’importance de placer les agriculteurs dans un rôle moteur, en
                   leur fournissant tous les outils leur permettant d’exercer correctement leur métier.
                   Pour des millions de personnes, le changement climatique est une réalité quotidienne, qui menace
                   leur futur et leur survie. Il s’agit du plus grand challenge de notre époque, en particulier du point
                   de vue de l’alimentation. Les 500 millions de familles d’agriculteurs qui produisent de 70 à 80 %
                   de la nourriture mondiale sont celles qui en souffriront le plus.
                   Or très souvent, affirme Danielle Nierenberg, ces mêmes agriculteurs sont accusés de participer
                   au changement climatique. Ils doivent, dit-elle, être reconnus pour leurs efforts de lutte contre le
                   changement climatique. Au-delà de la production de nourriture, les agriculteurs sont des femmes
                   et hommes d’affaires, des entrepreneurs, des professeurs et éducateurs, et des gérants de la
                   terre, qui doivent être reconnus pour les services qu’ils produisent pour l’écosystème, et qui
                   bénéficient à tous. Pour ceci, ils ont besoin d’aide et d’investissements. Food Tank leur propose
                   ainsi une plateforme leur permettant d’être entendus à travers le monde.

                   Rattan LAL, Ph.D., colauréat du prix Nobel de la Paix 2017, Président de l’Union
                   internationale des Sciences des sols, professeur à l’Université de l’Ohio (USA)
                   Rattan LAL, Ph.D., colauréat du prix Nobel de la Paix 2017, Président de l’Union internationale
                   des Sciences des sols, professeur à l’Université de l’Ohio (USA), met en exergue sa fierté d’être
                   un scientifique de l’agriculture et de la terre, arguant que la santé de la terre, des plantes, des
                   animaux et des hommes sont indivisibles. L’agriculture et la terre doivent ainsi être la solution aux
                   problèmes environnementaux. Une personne sur 7 souffre de la faim, et deux à trois sur sept de
                   malnutrition. La production actuelle suffit à nourrir 10 milliards de personnes, mais plusieurs actions
                   sont nécessaires : réduction du gaspillage, amélioration de l’accès à la nourriture, amélioration
                   de la distribution, augmentation des régimes végétariens, acceptation de la responsabilité
                   personnelle, et intensification durable de l’écosystème agraire. L’agriculture et la terre sont la base
                   de la pyramide des ressources naturelles, composée de quatre faces : la sécurité alimentaire, la
                   limitation du changement climatique, la qualité de l’eau et la biodiversité. La stabilité de cette
                   pyramide dépend des volontés politiques. Les décideurs politiques présents à ce forum ont donc
                   un rôle important à jouer dans la transformation de la science en actions.

                   Thierry BLANDINIERES, Directeur général d’InVivo (France)
                   Thierry BLANDINIERES, Directeur général d’InVivo (France), estime que l’enjeu de ce forum est
                   de trouver une troisième voie, entre une agriculture locale et une agriculture conventionnelle
                   dite productiviste, afin de produire plus et mieux. La France doit organiser son agriculture pour
                   exporter et redevenir compétitive en céréales, pour assurer l’équilibre géopolitique avec le bassin
                   méditerranéen. Il estime que nous devons trouver les moyens de financer cette nouvelle agriculture
                   et espère notamment que la PAC 2020 permettra de trouver collectivement ces leviers, et de
                   répondre à cette attente de l’Afrique pour mieux travailler ensemble.

                   Yanfeng DING, Vice-président de Nanjing Agricultural University (9ème meilleure
                   université agricole dans le monde d’après les classements américains)
                   Yanfeng DING, Vice-président de Nanjing Agricultural University (9ème meilleure université agricole
                   dans le monde d’après les classements américains), indique que la Chine affiche la deuxième
                   meilleure croissance économique mondiale. L’agriculture représente un enjeu majeur pour ce pays,
                   qui a connu de grands changements au cours des dernières années : augmentation de la production
                   de viande et de poisson, amélioration des équipements agricoles, réduction de l’usage de pesticides
                   et d’engrais, accroissement des revenus des paysans. L’agriculture chinoise doit cependant faire
                   face à un certain nombre de challenges, parmi lesquels une population nombreuse, des terres

Chapitre 2 - LE 28 JUIN 2018                                                                                                 20
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