DU PARC NATUREL REGIONAL DE L'AUBRAC - ARGUMENTAIRE DU PROJET DE PERIMETRE D'ETUDE - Association d'émergence du PNR de l'Aubrac

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DU PARC NATUREL REGIONAL DE L'AUBRAC - ARGUMENTAIRE DU PROJET DE PERIMETRE D'ETUDE - Association d'émergence du PNR de l'Aubrac
ARGUMENTAIRE DU PROJET DE PERIMETRE D’ETUDE
             DU PARC NATUREL REGIONAL DE L’AUBRAC

Association d’émergence du PNR de l’Aubrac
12 470 AUBRAC
info@projet-pnr-aubrac.fr

                                                      Avril 2012
DU PARC NATUREL REGIONAL DE L'AUBRAC - ARGUMENTAIRE DU PROJET DE PERIMETRE D'ETUDE - Association d'émergence du PNR de l'Aubrac
Document réalisé à partir de l’étude de définition du périmètre du projet de
Parc Naturel Régional de l’Aubrac
Ecotone/ 2IS – Mars 2012
DU PARC NATUREL REGIONAL DE L'AUBRAC - ARGUMENTAIRE DU PROJET DE PERIMETRE D'ETUDE - Association d'émergence du PNR de l'Aubrac
Argumentaire du projet de périmètre d’étude du Pnr de l’Aubrac
                                                                                                                           Association d’émergence du Pnr de l’Aubrac

                                                                         SOMMAIRE                                                                                                1

1. Contexte et démarche ............................................................................................................................................. 3

2. Présentation du territoire ....................................................................................................................................... 5

    2.1      Situation géographique ................................................................................................................................... 5
    2.2 Le périmètre d’étude retenu ............................................................................................................................. 5
    2.3      Relief et caractéristiques géographiques ........................................................................................................ 6
    2.4      Population et dynamique socio-économique ................................................................................................. 7
3. La cohérence du territoire ....................................................................................................................................... 8

    3.1      L’omniprésence de l’eau ................................................................................................................................. 8
    3.2      Une région d’élevage de moyenne montagne ................................................................................................ 9
    3.3      Des richesses écologiques et paysagères spécifiques ................................................................................... 11
    3.4      L’Aubrac, un espace de vie ............................................................................................................................ 13
4. Une richesse patrimoniale exceptionnelle ............................................................................................................ 15

    4.1      Un environnement préservé et une qualité paysagère ................................................................................ 15
    4.2      Une culture et un patrimoine historique riches ............................................................................................ 19
5. Des entités paysagères en interaction permanente ............................................................................................. 21

    5.1      Le haut plateau ouvert .................................................................................................................................. 21
    5.2      Le haut plateau boisé .................................................................................................................................... 23
    5.3      Les gorges et la vallée de la Truyère ............................................................................................................. 24
    5.4      Les gorges et la vallée du Lot ........................................................................................................................ 26
    5.5      Les boraldes de l’Aubrac ............................................................................................................................... 27
    5.6      Le Carladez-Barrez ........................................................................................................................................ 28
6. Les fragilités et les menaces identifiées ................................................................................................................ 30

7. Les enjeux du périmètre de projet ........................................................................................................................ 31

8. Des acteurs locaux investis et motivés .................................................................................................................. 32

9. Conclusion ............................................................................................................................................................. 34

Annexe 1 - Table des photographies

Annexe 2 - Liste des cartes de l'atlas cartographique

Annexe 3 - Liste des communes du périmètre de projet

Annexe 4 - Liste des communes par entité paysagère
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Argumentaire du projet de périmètre d’étude du Pnr de l’Aubrac
                  Association d’émergence du Pnr de l’Aubrac

                                                                 2
DU PARC NATUREL REGIONAL DE L'AUBRAC - ARGUMENTAIRE DU PROJET DE PERIMETRE D'ETUDE - Association d'émergence du PNR de l'Aubrac
Argumentaire du projet de périmètre d’étude du Pnr de l’Aubrac
                                                                                        Association d’émergence du Pnr de l’Aubrac

                                                                                                                                       3
1. CONTEXTE ET DEMARCHE
   Depuis plus de dix ans, le bien fondé d'un projet de Parc naturel régional (PNR) de l'Aubrac est affirmé au
niveau local et régional, en raison notamment de la richesse patrimoniale de ce territoire et de son identité.

   La réflexion sur la création d’un Parc naturel régional sur l’Aubrac a émergé lors de la Conférence Régionale
d’Aménagement et de Développement du Territoire (CRADT) du 8 mars 2002 au cours de laquelle il a été proposé
que ce territoire s’oriente vers une procédure de PNR.

    Cette volonté s’est traduite en 2003 par les délibérations de vingt-trois communes aveyronnaises manifestant
leur engagement de principe sur ce projet. La même année, les démarches et études nécessaires pour lancer ce
projet ont été engagées. Un important travail d’animation, de sensibilisation, d’information et de mobilisation des
élus, des socioprofessionnels et des représentants associatifs a été organisé par trois groupements de communes
initiateurs du projet : la Communauté de communes Caldaguès Aubrac (Cantal) ; l’Association Lozérienne de
réflexion en vue de la création d’un PNR de l’Aubrac (Lozère) et le Syndicat des Communes de l’Aubrac aveyronnais
(Aveyron).

   Le 5 mai 2006 à Aubrac, les 3 Régions et les 3 Départements concernés ont confirmé leur accord et leur
adhésion de principe au projet de création d’un Parc naturel régional en Aubrac.

   Une étude de faisabilité, engagée en février 2007 (SADL & 2is, 2007, Étude de faisabilité du projet de Parc
naturel régional de l’Aubrac) a été remise aux 3 Régions en novembre de la même année. Cette étude a mis en
évidence les atouts naturels et identitaires de ce territoire d’exception et confirmé la pertinence de l’organiser en
PNR.

   Suite à cette étude, les trois Régions concernées se sont positionnées favorablement sur la poursuite du projet,
ont confirmé la Région Midi-Pyrénées comme chef de file pour l'animation et la coordination de l’opération puis
ont décidé de créer une association d'émergence. Cette association qui regroupe les 3 Conseils Régionaux, les 3
Conseils Généraux et les 3 structures locales initiatrices du projet, a été créée en octobre 2010. Les consulaires et
                                                        les socioprofessionnels sont étroitement associés à ses
                                                        travaux et disposent de membres à titre consultatif.

                                                      L’association d’émergence a été chargée de finaliser
                                                      l’information des communes et acteurs de l’Aubrac sur les
                                                      caractéristiques et les missions d’un Parc naturel régional, de
                                                      stabiliser le projet de périmètre et de préparer le dossier de
                                                      saisine de l’Etat, pour avis d’opportunité.
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Argumentaire du projet de périmètre d’étude du Pnr de l’Aubrac
                                                                                        Association d’émergence du Pnr de l’Aubrac

                                                                                                                                       4

L’Association d’émergence du PNR de l’Aubrac, a engagé en 2011 une Etude de définition du périmètre du projet
de PNR, complétée en fin d’année par une consultation des acteurs locaux sur ce projet et son argumentaire.

    Un atlas cartographique a été réalisé à partir des résultats des études existantes (en particulier de l’Etude de
faisabilité de 2007) et de données nouvelles ou réactualisées. Ce travail a permis de lister puis de renseigner
l’ensemble des critères potentiellement déterminants pour préciser les contours du projet de périmètre d’étude
(ECOTONE & 2IS, 2011, Étude de définition du périmètre du projet de PNR de l’Aubrac – Atlas cartographique).

    Les membres de l’Association d’émergence (Régions, Départements, structures locales à l’origine du projet) ont
ensuite retenu six critères considérés comme déterminants pour définir le périmètre de projet et pouvant faire
l’objet d’une analyse cartographique plus approfondie : « hydrographie », « agriculture et filières agro-
alimentaires », « relief et géomorphologie », « paysages », « milieux naturels remarquables » et « occupation du
sol ». Ces critères ont été quantifiés pour chaque commune et croisés pour aboutir à un premier projet de
périmètre d’étude.

    Cette approche technique a ensuite été complétée par une analyse qualitative du territoire issue d’une
démarche de consultation des acteurs locaux (ECOTONE & 2is, 2011, Étude de définition du périmètre du projet de
PNR de l’Aubrac – Synthèse de la consultation). Dans un premier temps, les critères techniques ont été enrichis de
données socio-économiques (découpage des « bassins de vie », « organisation administrative des territoires ») ;
dans un second temps, la consultation sur le périmètre de projet, qui a suscité une forte mobilisation (deux cent
trente personnes ont participé aux ateliers), a permis de valider globalement la cohérence du périmètre d'étude,
de traduire les éléments d'appartenance à ce territoire remarquable, décrit en détail ci-après et de confirmer les
attentes et la motivation des acteurs locaux.

    Cette démarche a finalement abouti lors de l’Assemblée générale de l’Association d’émergence du 18 janvier
2012, à l’approbation (à l’unanimité) du projet de périmètre, de son argumentaire et des modalités d’organisation
proposées pour associer les services de l’Etat, les collectivités, les établissements publics et les acteurs locaux à
l’élaboration du projet de charte.
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Argumentaire du projet de périmètre d’étude du Pnr de l’Aubrac
                                                                                        Association d’émergence du Pnr de l’Aubrac

                                                                                                                                   5
2. PRESENTATION DU TERRITOIRE
        2.1 Situation géographique
   Au sud du Massif Central, le périmètre d’étude concerne les trois régions Midi-Pyrénées, Auvergne, et
Languedoc-Roussillon et les trois départements de l’Aveyron, du Cantal et de la Lozère (Carte 1 « SITUATION
GEOGRAPHIQUE DU PROJET »).

A l’interface entre espaces volcaniques (dont il est la résultante) et région de causses, l’Aubrac s’insère entre le
PNR des volcans d’Auvergne au Nord et celui des Grands Causses au Sud. Au Nord-Est, ses marges se situent non
loin du projet de PNR Haut Allier-Margeride alors qu’au Sud-Est elles avoisinent le Parc National des Cévennes.

Cette situation géographique confèrera au projet de PNR de l’Aubrac un rôle particulier dans le réseau d’échanges
des PNR du Massif central en permettant de renforcer les coopérations autour de missions partagées.

     2.2 Le périmètre d’étude retenu
   Les rivières Truyère et Lot délimitent approximativement les contours Nord, Sud et Ouest du périmètre
d’étude ; l’amont de la Truyère et la Colagne marquant la limite Est de ce périmètre (carte 2 « PERIMETRE
D’ETUDE DU PROJET »).

    Les fortes complémentarités patrimoniales, paysagères et les échanges économiques et sociaux entre la vallée
du Lot et le plateau de l’Aubrac mais aussi entre le Carladez et la Viadène expliquent l’intégration au périmètre
d’étude, des communes riveraines du Lot et de la Truyère situées au Sud et à l’Ouest du territoire. L’architecture
des villages, le patrimoine vernaculaire (présence de burons…), le maintien de systèmes d’élevage intégrant la
transhumance, les synergies touristiques ou encore l’appartenance aux mêmes bassins de vie ont motivé la
délimitation finale de cette partie du périmètre d’étude.

    Au Nord, le périmètre d’étude s’arrête au canton de Chaudes Aigues, sur la rive gauche de la Truyère. Le
sentiment d’appartenance à l’Aubrac, prononcé au Sud de l’axe Lot (mêmes bassins de vie, nombreux échanges et
interactions entre ces zones) est en effet absent au Nord de la Truyère. Sur cette zone, les activités
socioéconomiques sont exclusivement orientées vers le pays de St Flour dans lequel on entre immédiatement au
sortir des gorges de la Truyère.

    La limite Est du périmètre d’étude a été plus difficile à déterminer, le haut plateau basaltique de l’Aubrac
s’abaissant très progressivement vers la Margeride.
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Argumentaire du projet de périmètre d’étude du Pnr de l’Aubrac
                                                                                       Association d’émergence du Pnr de l’Aubrac

                                                                                                                                  6
    Cette délimitation a été établie au regard de la cohérence hydrographique (en incluant les communes situées
rive gauche de la Truyère et rive droite de la Colagne), paysagère (contours du haut plateau boisé de l’Aubrac),
mais aussi en fonction du sentiment d’appartenance à l’Aubrac et des échanges passés et actuels : les
complémentarités entre les communes de ce secteur et celles du haut plateau ont en effet favorisé le
développement de partenariats économiques, culturels, et de nombreuses initiatives locales en faveur de l’accueil
(de population et de services), du tourisme (itinéraires de découverte et villages-étape comme Aumont Aubrac) et
de l’agriculture (productions bovines et laitières, répartition des infrastructures agricoles…).

   Le périmètre d’étude intègre donc les communes situées de part et d’autre de l’autoroute A75.

    Au Sud-Est, certaines communes revendiquent leur double identité : Caussenarde et Aubracoise. C’est
notamment le cas de la très vaste commune de La Canourgue riveraine du Lot et assise à la fois sur les pourtours
de l’Aubrac et les marges des Causses et Cévennes.

      2.3 Relief et caractéristiques géographiques

    Le périmètre d’étude constitue un bloc septentrional dont l’altitude s’échelonne de 200 mètres en fond de
vallées à 1 469 mètres à son point culminant, le Signal de Mailhebiau (Carte 3 « RELIEF »). Ce bloc
géomorphologique subit de fortes influences climatiques continentales et montagnardes.

   Ses hauteurs (« haut plateau » proprement dit) présentent un paysage de vastes estives sur lesquelles se
trouvent des tourbières largement alimentées par des précipitations abondantes. La partie Est du plateau est plus
boisée et assure une transition vers la Margeride.

    Au Sud, des cours d’eau torrentueux et forestiers, les « boraldes », rejoignent la rive droite du Lot dans des
vallées encaissées. A l’Ouest, la Viadène et le Carladez présentent une mosaïque bocagère de parcelles cultivées
ou pâturées, souvent bordées de frênes et de petits bosquets.

   Les gorges de la Truyère, au Nord, et celles du Lot, au Sud, sont encaissées et boisées. Elles s’élargissent par
endroits en raison d’un relief moins marqué, comme sur le Lot en aval d’Espalion, laissant alors un espace plus
propice aux cultures et au développement de zones habitées.

   Le Bès, rivière emblématique de l’Aubrac, prend sa source sur le haut plateau, dans le flanc Nord du Signal de
Mailhebiau, emprunte une vallée ouverte avant de s’engager dans des gorges aux versants abrupts, boisés, où la
roche nue affleure.
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Argumentaire du projet de périmètre d’étude du Pnr de l’Aubrac
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                                                                                                                                    7
      2.4 Population et dynamique socio-économique
   Le périmètre d’étude rassemble 107 communes (47 dans l’Aveyron, 12 dans le Cantal et 48 en Lozère),
adhérentes à 16 communautés de communes (Carte 4 « EPCI ») (liste en Annexe 1) dont onze sont incluses en
totalité dans le périmètre. Il s’étend sur une surface d’environ 295 780 ha pour une population d’un peu plus de
53 600 habitants (recensement 2007).

    L’Aubrac est surtout une région rurale de moyenne montagne dont la densité de population est faible
                          2
(environ 18 habitants/km ) avec cependant de fortes variations selon les communes. Seules trois communes
dépassent les 4 000 habitants (Marvejols, Saint-Chély-d’Apcher et Espalion) et deux communes les 2 000 habitants
                                                                                                       2
(La Canourgue et Saint Geniez-d’Olt). Douze communes se situent en dessous du seuil de 5 habitants/km (Carte 5
« REPARTITION DE LA POPULATION », Carte 6 « DENSITE DE POPULATION »).

   L’économie locale est constituée d’un tissu de très petites entreprises, bien réparties sur tout le territoire.
Trois pôles économiques principaux (au sens de l’INSEE) se démarquent (Espalion, Marvejols et Saint-Chély-
d’Apcher), ainsi que trois pôles secondaires (Laguiole, Saint-Geniez-d’Olt et La Canourgue).

   Le commerce et les services composent les trois-quarts des secteurs d’activités des entreprises. Ce secteur est
par ailleurs en progression, bien que les petits commerces aient des difficultés à se maintenir. Le secteur industriel
est la seconde composante des activités économiques du territoire, avec principalement des entreprises du
bâtiment ou du secteur agro-alimentaire.

    Enfin, l’Aubrac constitue une destination touristique prisée qui jouit d’une reconnaissance régionale et
nationale, voire européenne. L’offre et la diversité des activités, notamment de « pleine nature » (randonnées,
balades, VTT, pêche, escalade, canoë-kayak, ski alpin et nordique...), de découverte des patrimoines (visites de
sites, gastronomie), ou de thermalisme, permettent le développement d’un tourisme durable. Cette activité
constitue le troisième secteur d’emploi du territoire, derrière l’agriculture et le secteur industriel.

                                     Photographie 1 : Aubrac © Jean-Denis Auguy
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                                                                                                                                           8

3. LA COHERENCE DU TERRITOIRE
   L’article R 333-4 du Code de l’environnement expose deux principes auxquels doivent répondre les territoires de parcs
naturels régionaux :
-   « la qualité et le caractère du territoire, de son patrimoine naturel et culturel, ainsi que de ses paysages représentant pour
    la ou les régions concernées un ensemble remarquable mais fragile et menacé, et comportant un intérêt reconnu au niveau
    national ;
-   la cohérence et la pertinence des limites du territoire au regard de ce patrimoine et de ces paysages en tenant compte des
    éléments pouvant déprécier leur qualité et leur valeur ainsi que des dispositifs de protection et de mise en valeur existants
    ou projetés ».

    L’Aubrac bénéficie d’un « capital image » visible au niveau national, d’une notoriété et d’une identité fortes.
L’Aubrac abrite également un patrimoine exceptionnel avec ses milieux naturels rares (tourbières, pelouses
d’altitude), ses paysages de “ plateaux ”, ses burons … enfin, c’est aussi un espace enrichi, maillé par des produits,
des initiatives, des hommes et des talents : la race Aubrac, le fromage AOC, les signes officiels de qualité en viande
bovine, le couteau de Laguiole, sa qualité d’offre touristique et gastronomique.

    Les spécificités du périmètre d’étude sont la conjonction d’une histoire géologique et hydrographique (Carte 7
« BASSINS VERSANTS ET RESEAU HYDROGRAPHIQUE »), de facteurs écologiques très spécifiques, de l’intervention
de l’Homme (empreinte agropastorale) qui ont modelé les paysages, l’économie locale et forgé une forte identité.

      3.1 L’omniprésence de l’eau
    Le périmètre d’étude s’inscrit sur un même bloc géomorphologique, un plateau perché ceinturé et dessiné par
les vallées du Lot au Sud, de la Truyère au Nord et à l’Ouest, et de la Colagne à l’Est (Carte 3 « RELIEF », Carte 7
« BASSINS VERSANTS ET RESEAU HYDROGRAPHIQUE »). Cette frontière naturelle se dessine également sur la partie
Est où les vallées de la Truyère et de la Colagne, « reliées » par un canal, « séparent » le massif de l’Aubrac du
territoire de la montagne de la Margeride. La géologie complexe et la dynamique du réseau hydrographique ont
conditionné la morphologie du territoire, ses paysages, et donné naissance à des milieux naturels spécifiques qui,
pour certains, ont ensuite été façonnés par l’homme (milieux ouverts pâturés).

   Le haut plateau de l’Aubrac est un véritable château d’eau avec un réseau hydrographique dense, marqué par
ses principaux cours d’eau (la Truyère, le Lot, la Colagne, le Bès, les Boraldes - affluents du lot), plusieurs lacs et
laquets, ainsi que de nombreuses autres zones humides et tourbières.
Argumentaire du projet de périmètre d’étude du Pnr de l’Aubrac
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                                                                                                                                      9

   La Truyère, le Lot et la Colagne confèrent une véritable unité au territoire et constituent de ce fait un des
éléments clés de délimitation (Carte 7 « BASSINS VERSANTS ET RESEAU HYDROGRAPHIQUE »).

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  2

            Photographie 2 : Lac des Moines (1), Vallée du Bes (2), Chassée des Géants (3) © Jean-Denis Auguy

   L’importante utilisation de la ressource en eau pour différents usages (eau potable, énergie hydraulique,
thermalisme, activités de pleine nature, etc.) constitue également une spécificité, un élément prégnant et
réellement identitaire du territoire.

      3.2 Une région d’élevage de moyenne montagne
    Les hauts plateaux ouverts parcourus de drailles et parsemés de burons constituent l’image emblématique de
l’Aubrac et fondent sa notoriété et sa reconnaissance.

    L’agriculture, malgré des mutations importantes, a su garder une place prépondérante dans l’économie et la
vie locale de l’Aubrac et conserve son empreinte majeure sur le territoire. Elle représente, avec la sylviculture,
plus de 40% des emplois. L’élevage bovin est quasi-exclusif ; il a façonné les paysages et contribue toujours au
maintien des espaces ouverts. Par ailleurs, la race bovine « Aubrac » constitue un élément identitaire du territoire.

    La filière bovin-viande est largement dominante sur le périmètre de projet. Cette situation est liée à la
conjoncture économique mais surtout à une adaptation du système de production aux contraintes naturelles
locales, dont climatiques, avec un élevage allaitant extensif basé historiquement sur un système tout en herbe et
sur la transhumance sur le haut plateau de l’Aubrac. Son maintien et la vitalité de ses filières sont étroitement liés
au maintien et à la modernisation des structures de sélection, d’abattage et de transformation (station de
sélection UPRA, abattoirs d’Aubrac, Sainte-Geneviève-sur-Argence, d’Antrenas)... Des signes officiels de qualité
permettent de distinguer le caractère exceptionnel de ces produits : IGP « Génisse Fleur d’Aubrac », Label Rouge
« Viande bovine fermière de race Aubrac » (Carte 8 « APPELLATIONS D’ORIGINES ET INDICATIONS
GEOGRAPHIQUES PROTEGEES »).
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    L’AOC-AOP « Laguiole » s’appuie sur la production de lait issue de vaches de race « Aubrac ». L’aire
géographique de production AOP est totalement incluse dans le périmètre de projet. Grâce à sa reconnaissance
par les consommateurs, cette appellation permet de pérenniser une production laitière qui fait vivre plusieurs
dizaines d’exploitations sur l’ensemble du périmètre. Elle permet d’écouler le fromage AOC-AOP Laguiole ainsi que
la tome fraiche pour l’aligot, spécialité gastronomique identitaire du territoire.

                      Photographie 3 : Vaches de l’Aubrac et transhumance © Jean-Denis Auguy

   Par ses choix de modes de production respectueux de l’environnement, du maintien de sa race locale, de
valorisation de la qualité à travers des Signes Officiels de Qualité, l’agriculture de l’Aubrac a su placer son
développement sous le signe du progrès, de la viabilité des exploitations, de la capacité à installer de jeunes
agriculteurs et des attentes sociétales.

   L’Aubrac est ainsi reconnu au niveau national et européen comme l’un des modèles de l’agriculture durable
en espace montagnard.
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        3.3 Des richesses écologiques et paysagères spécifiques
   La conjugaison des caractéristiques géographiques, géologiques, climatologiques et humaines a favorisé une
grande diversité paysagère et de milieux naturels.

   6 entités paysagères regroupent les différents visages de l’Aubrac (Carte 9 « ENTITES PAYSAGERES ») :
         Le haut plateau ouvert, au cœur de l’Aubrac, caractérisé par des paysages ronds et souples à perte de
             vue ;

             Le haut plateau boisé à l’est, qui assure une transition vers la Margeride, où le granite affleure ;

             Les gorges et la vallée de la Truyère aux versants raides et abruptes, boisés, où la roche nue affleure
              parfois ;

             Les gorges et la vallée du Lot, encaissées dans des défilés de rochers mais ponctuées de quelques
              élargissements exploités par l’homme (implantation de villages ou de cultures) ;

             Le Carladez-Barrez au paysage bocager et aux plateaux surplombant la Truyère ;

             Les Boraldes, très encaissées et sauvages, dévalant vers la vallée du Lot. Elles dessinent des reliefs
              aux pentes vigoureuses mais aux interfluves aux dos ronds.

    Les milieux naturels et pastoraux de l’Aubrac ont fait l’objet de nombreux inventaires (99 Zones Naturelles
d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique de type I et 15 de type II) qui ont abouti dans certains cas à la mise
en œuvre de mesures de protection : 13 sites Natura 2000, 4 arrêtés de protection de biotope et 3 réserves
biologiques sont intégrés au périmètre d’étude.

   Ces espaces « sous surveillance » ou protégés recouvrent près de la moitié du territoire. Ils mettent
notamment en avant la qualité écologique des zones tourbeuses et humides du haut plateau, des milieux
pastoraux, des vallées encaissées du Lot et de la Truyère ainsi que celles des Boraldes et du Bès (Carte 10
« PRAIRIES HUMIDES », Carte 11 « TOURBIERES », Carte 12 « ESPACES NATURELS INVENTORIES »,
Carte 13 « ESPACES NATURELS PROTEGES »).

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          Photographie 4 : Ruisseau © Jean-Denis Auguy (1) et tourbière © Renaud Dengreville (2) du haut plateau
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    Le haut plateau de l’Aubrac est constitué de milieux naturels et pastoraux qui abritent une flore et une faune                    12
riches et diversifiées. De nombreuses espèces présentes sont fragiles et rares au niveau local national, voire
européen ; en limite d’aire de répartition, comme la Vipère péliade ou localisées sur le massif central (ex : Thé
d’Aubrac, Andromède, Luzule blanc de neige, Cirse des ruisseaux…).

    Çà et là sur le plateau, de nombreuses tourbières et autres prairies humides concentrent une flore et une faune
très spécialisées : Azuré des mouillères, plantes carnivores, linaigrettes et certaines espèces relictuelles des
dernières glaciations comme la Ligulaire de Sibérie.

   Les gorges et les vallées (Lot, Truyère, Bès, Boraldes, Goul, Bromme, Siniq, etc.) présentent également des
enjeux écologiques forts, avec des espèces végétales qui ne se rencontrent qu’ici dans la région (comme l’Asaret
d’Europe) ou une avifaune rupestre et montagnarde bien représentée (ZICO de la vallée de la Truyère).

     1                                                                                                                   2

                 Photographie 5 : Jonction du Bès et de la Truyère (1), boralde (2) © Renaud Dengreville

    Les milieux aquatiques hébergent de nombreuses espèces patrimoniales, comme par exemple la Loutre
d’Europe, l’Écrevisse à pieds blancs et la Moule perlière qui fait l’objet d’un plan national. De nombreux odonates
et amphibiens fréquentent également les fossés humides et les cours d’eau du territoire.

   Enfin, les boisements de pente accueillent des rapaces forestiers tels que l’Aigle botté, le Circaète Jean-le-Blanc
ou le Milan royal ; les cavités, les bords de cours d’eau et les bois « peu fréquentés », plusieurs populations
d’espèces de chiroptères d’intérêt patrimonial : la Grande noctule, le Murin à moustaches, l'Oreillard roux ou
encore le Murin de Natterer.

   Concernant les réseaux écologiques (ou Trame verte et bleue), l’étude réalisée par l’Association Inter-Parcs
Massif Central (IPAMAC) en 2011 souligne que le plateau de l’Aubrac joue un rôle significatif en termes de
biodiversité à l’échelle du Massif central (potentiel réservoir de biodiversité et zone de connectivité, bien que
perturbée par l’infrastructure autoroutière), illustrant la forte responsabilité de ce territoire pour la préservation
du patrimoine naturel du Massif Central.
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     3.4 L’Aubrac, un espace de vie                                                                                                 13

   L’Aubrac est perçu comme un espace de vie de qualité, partagé.

    Le territoire est enclavé et relativement éloigné des capitales régionales (plus de deux heures trente de route
de Montpellier, Toulouse ou Clermont-Ferrand). Cet enclavement, couplé aux caractéristiques naturelles du
territoire (altitude, conditions climatiques, sols…), ont contribué à l’émergence d’une forte identité. Ils ont
également favorisé l’organisation de la vie économique et sociale au sein même de ce territoire, sans pour autant
provoquer un repliement sur soi, tant les liens économiques avec l’extérieur ont de tout temps été nécessaires
(notamment pour « écouler » les produits locaux).

   La grande majorité des bassins de vie concernés par le projet (définition INSEE) est comprise dans le périmètre
d’étude (Carte 14 « BASSINS DE VIE »), ce qui en favorise la cohérence. Les bassins de vie constituent en effet des
unités structurées et organisées, en termes d’emplois, de services, d’équipements, ... et sont donc primordiaux
pour la prise en compte de la vie courante de la population (alimentation, santé, bureau de poste, crèche, sécurité,
éducation, etc.).

   L’organisation en bassins de vie a permis à l’Aubrac de relever des défis propres au territoire, sociaux
(maintien des services de santé par exemple) ou économiques, et de favoriser la cohésion du territoire.

    Le projet bénéficie également de bases solides par les formes multiples d’organisations en place à l’échelle de
l’Aubrac : organisations agricoles, filières qualité, organisation en destination touristique, réseau culturel, réseau
d’itinérances, coopérations entre communes et communautés de communes…

   Au niveau professionnel par exemple, les acteurs du territoire travaillent ensemble sur divers thématiques et
projets depuis longtemps déjà : maintien de la race bovine locale et des modes d’élevage extensifs, reconnaissance
par un Signe Officiel de Qualité de plusieurs produits identitaires, dynamiques des filières agroalimentaires…

    Ces initiatives se développent aujourd’hui dans d’autres secteurs d’activité. Les professionnels du tourisme ont,
par exemple, engagé des efforts de structuration à l’échelle du périmètre d’étude avec notamment la création de
l’association « Aubrac Tourisme » qui travaille à la structuration et à la mise en réseau dynamique des offices du
tourisme et des syndicats d’initiative. Cette démarche témoigne d’une véritable volonté d’organisation
professionnelle dans la perspective du développement d’un tourisme durable. Cette association peut par ailleurs
reposer son activité sur l’existence de la Maison de l’Aubrac, au cœur du village même de l’Aubrac, vitrine du
périmètre d’étude, conçue à échelle intercommunale et qui accueille plus de quatre-vingt-dix mille visiteurs par an
(Carte 15 « SITES TOURISTIQUES »).

    Le projet de PNR devra renforcer ces coopérations et les dynamiques autour des bassins de vie, tout en veillant
à les équilibrer au sein du territoire.
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                                                                                                                                    14
   Pour l’Aubrac, les axes structurants sont en premier lieu les axes naturels, mais aussi des axes plus artificiels,
comme les voies de communication.

   Les éléments géophysiques structurant fortement le périmètre d’étude (plateau et gorges encaissées) ont déjà
été décrits dans les paragraphes précédents.

    Au Nord, à l’Ouest et au Sud, les voies de communication non pénétrantes, longent les cours d’eau principaux
et entourent l’Aubrac.

    A l’Est et au Sud-est, les transitions paysagères (par exemple vers la Margeride) sont plus difficilement
perceptibles. Là, l’autoroute A75 joue un rôle important dans la structuration et le dynamisme économique du
territoire, en facilitant les déplacements des populations locales, la pénétration des visiteurs sur l’Aubrac, mais
aussi la création de pôles d’activités économiques.

                                 Photographie 6 : Gorges du Bès © Renaud Dengreville

    Lors de la consultation des acteurs locaux sur le projet de périmètre d’étude, organisée fin 2011, l’intégration
de l’autoroute dans le périmètre a été qualifiée d’atout à certains égards (au niveau économique, comme porte
d’entrée sur le territoire, en termes d’équilibre démographique, d’accueil de la population permanente). Cet axe
routier devra toutefois faire l’objet d’un traitement particulier dans la future charte du PNR pour satisfaire
pleinement l’exigence paysagère et le maintien des continuités écologiques (trames verte et bleu), enjeux
prioritaires des Parcs naturels régionaux.
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                                                                                         Association d’émergence du Pnr de l’Aubrac

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4. UNE RICHESSE PATRIMONIALE EXCEPTIONNELLE
     4.1 Un environnement préservé et une qualité paysagère
   Le bloc septentrional que constitue le territoire de l’Aubrac subit de fortes influences climatiques continentales
et montagnardes. Les hauteurs présentent un paysage de vastes estives, parcourues par un important maillage de
murets de pierres et sur lesquelles des tourbières sont largement alimentées par des précipitations abondantes.
Des hêtraies et des plantations de conifères ponctuent le paysage. Au sud, des cours d’eau torrentueux et
forestiers, les boraldes, rejoignent la rive droite du Lot dans des vallées encaissées. A l’ouest, se retrouve une
mosaïque de parcelles cultivées ou pâturées souvent bordées de frênes et de petits bosquets.

                                Photographie 7 : Clapas d’Aubrac © Renaud Dengreville

Diversité floristique :

   Au niveau floristique, plus de 1 000 espèces ont été inventoriées sur l’Aubrac dont 8 sont inscrites au livre
rouge, livre qui identifie, sur la base de critères objectifs et mondialement admis, les espèces particulièrement
menacées d’un territoire.

-   Les pâturages d’estives ou de « montagnes »
   Ces milieux pastoraux ont été formés par déforestation et maintenus ouverts par les animaux menés en estive
depuis le Moyen Âge. D’abord les moutons puis les bovins ont empêché la forêt de se réinstaller, ont défini ce
paysage si emblématique du haut Aubrac et favorisé la richesse et la diversité floristique grâce à un espace
maintenu ouvert.

    Les sols de montagne acides (très humifères, faits d’une accumulation de matière organique en surface où
l’activité microbienne est réduite) et l’altitude garantissent de très bons pâturages. S’y développent des
légumineuses et graminées (dont le Nard-raide qui forme un habitat d’intérêt communautaire), ainsi que, au fil des
saisons, des plantes aussi variées que la Gentiane champêtre, le Thym serpolet, le Lotier corniculé, différentes
variétés de Campanules, de Gaillets et d’Œillets et les Orchis sureau.
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   La Cistre ou Fenouil des Alpes (sous protection régionale) doit être citée à part dans le cortège des plantes                       16
présentes en été dans les « montagnes » : appartenant à la famille des ombellifères, elle dégage une odeur anisée
quand on la froisse et participe par son arôme à la qualité du fromage de Laguiole.

    Sur certaines estives, la présence de la Grande gentiane jaune, du Genêt purgatif et à balai, et de la Callune, est
le signe d’un abandon partiel ou de pacages insuffisants.

-    Les prairies de fauche
    Ces prairies naturelles sont généralement situées dans les bas-fonds aux sols humifères. Elles fournissent du
foin pour le nourrissage hivernal des animaux. Au printemps y fleurissent jonquilles et narcisses, la Fritillaire
pintade, la Tulipe sauvage. En été, fleurit le Vératre blanc, en automne, la Colchique.

   Les fossés humides sont occupés par le Trolle d’Europe, le Caltha des marais, la Renouée bistorte, la Spirée
ulmaire, l’Aconit napel parfois tue-loup et la Benoîte des ruisseaux.

   Les landes, surtout présentes sur terrains granitiques, risquent l’envahissement quand elles ne sont plus
productives. Les Genêts et la Callune s’installent ainsi que la Lycopode en massue (sous protection européenne).
Sur terrains basaltiques, l’apparition du bouleau est le signe d’une colonisation par la forêt de pâturages très
dégradés, surtout aux abords et dans les pentes.

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    Photographie 8 : Haut plateau © Jean-Denis Auguy & Linaigrette engainée (1), Ligulaire de Sibérie (2) © Sabrina ZED

-   Les zones tourbeuses du plateau de l’Aubrac
    Leurs intérêts écologiques (support d’habitats et d’espèces remarquables) et patrimoniaux (milieux naturels
relictuels et fragiles) sont majeurs. On y recense des espèces végétales rares comme la Laîche des tourbières et la
Laîche à long rhizome (sous protection nationale), l’Andromède, la Scheuchzérie des marais, la Pédiculaire des
marais et la seule population pour Midi-Pyrénées de la Ligulaire de Sibérie (Protégée par la Convention de Berne
notamment). La Rossolis intermédiaire, en revanche, n’a plus été revue depuis plusieurs décennies.
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   Cette richesse floristique reste fragilisée par les évolutions climatiques et certaines pratiques (drainages,                        17
fauches précoces, désenrochement) dont les répercussions sont également être perceptibles sur certaines
populations animales (insectes notamment). L’amélioration de la prise en compte de ces richesses est un enjeu
majeur pour le territoire.

Diversité faunistique :

    Au niveau faunistique, l’Aubrac présente des sites migratoires importants pour plusieurs espèces d’oiseaux et
également des sites de nidification remarquables. Ainsi, les gorges de la Truyère sont considérées comme le
second site aveyronnais pour l’observation des oiseaux en raison de l’importante voie de migration, de la densité
et de la diversité des rapaces nicheurs. Les landes, bocages et prairies des plateaux sont également des lieux de
nidification.

- Sur les hauts plateaux
La conduite d’un élevage extensif a permis de conserver une réelle biodiversité animale. Nombre d’oiseaux sont
attirés par les hauts plateaux, faciles à explorer. Parmi eux, on peut notamment citer la présence de passereaux
(Fauvette, Tarier des prés, Traquet motteux, Alouette lulu, Pipits farlouse et spioncelle), de rapaces protégés ou à
haute valeur patrimoniale (Milan noir ou royal, Circaète jean le blanc, Faucon crécerelle, Aigle botté, Autour des
palombes, Faucon pèlerin, Busards cendré et saint martin) et d’autres oiseaux à fort enjeu écologique
(Engoulevent d’Europe par exemple).

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                Photographie 9 : Circaète Jean-le-Blanc et son nid (1), Milan royal (2) © Renaud Dengreville

En période migratoire, il n’est pas rare d’observer également Cigognes noire et blanche ou encore Bécassine des
marais, …

- En milieux forestiers
La forêt, qui couvre plus de 40 % du territoire, abrite des cerfs élaphes qui ont été réintroduits dans les années 60.
Leur population est estimée en Aveyron entre 300 et 350 animaux, dans l’Aubrac cantalien à environ 1 millier
d’animaux. D’autres mammifères protégés, comme la Genette, la Grande noctule ou plus courants comme la
Martre, le Putois, le Blaireau, l’Hermine, la Belette ou le Renard, fréquentent les massifs boisés de l’Aubrac. Ils
« côtoient » des espèces patrimoniales telles que la Bondrée apivore, la Chouette de Tengmalm, le Hibou moyen
duc mais aussi des insectes comme la Rosalie des Alpes.
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-    Dans les gorges, les zones humides et les cours d’eau :
      Les zones humides abritent de nombreux insectes, batraciens, tritons et reptiles dont le Lézard vivipare,
protégé par la convention de Berne ou l’Azuré des mouillères, papillon protégé au niveau national. Plusieurs
espèces de libellules représentatives des espèces montagnardes ont également été identifiées sur les anciens lacs
glaciaires. A noter par ailleurs la présence de la Vipère péliade (espèce protégée par la convention de Berne) en
limite Sud de son aire de répartition, espèce souffrant de la détérioration des tourbières.

     Le Cincle plongeur (espèce protégée), le Martin-pêcheur (espèce protégée) ou le Courlis cendré fréquentent
également les abords des milieux aquatiques alors que bon nombre de chiroptères ou de rapaces nocturnes
colonisent les milieux forestiers, les zones bocagères ou rocheuses entourant les Boraldes, les gorges de la Truyère
ou du Lot : Hibou grand-duc, Murin à moustaches, Oreillard roux ou encore Murin de Natterer.

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        Photographie 10 : Faune des zones humides - Grenouilles rousses (1), Courlis cendré (2) © Renaud Dengreville

      Au niveau de la faune piscicole, les ruisseaux et les rivières de l’Aubrac « hébergent » la Truite fario, reine des
eaux froides, courantes et oxygénées. L’Ecrevisse à pieds blancs, qui fréquente les mêmes habitats que la Truite
fario, est très sensible aux pollutions et à la rectification des cours d’eau, ce qui a engendré sa quasi disparition de
son aire de répartition. Cependant, elle est toujours présente en compagnie du Chabot, dans les affluents de la
Truyère intégrés au réseau Natura 2000.

     La Moule perlière, également protégée, a été inventoriée sur plusieurs cours d’eau de Lozère. Elle est
fortement menacée. Quant à la loutre, elle est revenue « hanter les cours d’eau » de l’ensemble du massif.
Argumentaire du projet de périmètre d’étude du Pnr de l’Aubrac
                                                                                           Association d’émergence du Pnr de l’Aubrac

        4.2 Une culture et un patrimoine historique riches                                                                            19

   Le périmètre de projet possède un patrimoine architectural remarquable, aussi bien vernaculaire (buron,
drailles…) que religieux (églises, monastères, croix), qui se caractérise par son intégration dans le paysage avec des
murs de lave ou en granit et des toitures en lauzes. De nombreux sites ou monuments (24) sont d’ailleurs inscrits
ou classés aux Monuments historiques (Carte 16 « SITES INSCRITS ET CLASSES »).

   Au sein du territoire, deux tronçons de la Via Podensis (chemin de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle)
sont inscrits au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO pour leur cadre naturel authentique (Carte 17
« PATRIMOINE HISTORIQUE »).

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                Photographie 11 : Buron et son troupeau & Croix des trois évêques (1) © Jean-Denis Auguy

   Dans ce territoire, espaces naturels et activités humaines sont intimement liés et structurés autour de la
gestion des estives et du pastoralisme. L’Aubrac se caractérise par la richesse de son patrimoine agropastoral, avec
des vestiges archéologiques ruraux médiévaux très rares en Europe (les traces de la Domerie d’Aubrac et les
                                                                ème
granges monastiques), des burons qui sont construits dès le 18 siècle sur chaque « montagne de traite » pour le
logement des gardiens des troupeaux et la fabrication du fromage, des granges étables, des « drailles » qui
désignent les chemins de transhumance, et des moulins dans les boraldes.

   La transhumance, tradition encore vivante, persiste dans les pratiques agricoles ; les fêtes autour de la
transhumance, de renommée nationale, accueillent plusieurs milliers de visiteurs chaque année.

    S’y ajoute un patrimoine immatériel préservé et reconnu, issu de pratiques agro-pastorales et du maintien de
savoir-faire ; ainsi, les produits locaux et identitaires issus du terroir bénéficient d’une reconnaissance nationale,
voire européenne : AOC/AOP « Laguiole », IGP « Génisse Fleur d’Aubrac », Label Rouge « Viande bovine fermière
de race Aubrac », IGP en cours pour le couteau de Laguiole (couteau rustique ayant la forme d’un poignard,
longtemps utilisé par les paysans d’Aubrac).

   L’artisanat traditionnel se retrouve aussi dans le travail de la pierre et du bois.
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