CRÉATION LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE - MAGAZINE ÉTUDIANT - Cégep Beauce-Appalaches

 
CONTINUER À LIRE
CRÉATION LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE - MAGAZINE ÉTUDIANT - Cégep Beauce-Appalaches
ESPACE
                                                             CRÉATION
                                                                      MAGAZINE ÉTUDIANT

                                                             LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE   Vol. 2   2019
L’impression de ce magazine est une gracieuseté de Numérix
CRÉATION LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE - MAGAZINE ÉTUDIANT - Cégep Beauce-Appalaches
SOMMAIRE                                                            ÉDITORIAL

         05 COLLABORATEURS                                                   L’équipe d’ESPACE_CRÉATION présente la
                                                                             deuxième édition de son magazine, qui est né
                                                                             du désir de plusieurs enseignants d’offrir un

         06 TÉMOIGNAGES D’ÉTUDIANTS                                          espace de diffusion soulignant la qualité des
                                                                             créations de leurs étudiants. La création artistique
                                                                             demeure invisible si elle n’est pas lue, reçue,

         08 CRÉATION ET MÉDIAS
                                                                             discutée, appréciée ; le magazine est donc pensé
                                                                             et conçu comme une vitrine consacrée aux talents
                   SLAMS | CONTES | POÈMES
                                                                             prometteurs des jeunes Beaucerons. Le cégep est
                                                                             ainsi fier de favoriser l’expression artistique et de

         19 ARTS VISUELS
                                                                             contribuer à la réalisation des adultes de demain.

                                                                             Dans sa forme, le magazine est l’œuvre
                                                                             des étudiants du programme Gestion des

         24 GESTION
                                                                             communications graphiques. Les œuvres que
                    DES COMMUNICATIONS
                                                                             vous découvrirez au fil de votre lecture sont le
            GRAPHIQUES
                                                                             fruit du travail des étudiants des programmes
                                                                             Arts, lettres et communication et Arts visuels.

         26 LANGUES                                                          ESPACE_CRÉATION a aussi son site Web :
                                                                             espace_creation.cegepba.qc.ca

                                                                             CRÉDITS
581.C0                                                                       La conception graphique et la gestion de projet du magazine
                                                                             Espace_Création est une production de Catherine Lacroix,
                                                                             étudiante en Gestion des communications graphiques.
                                                                             Les oeuvres visuelles ont été réalisées par des étudiants en
                                                                             Arts Visuels.
                                                                             Les textes ont été rédigés par des étudiants en Arts, lettres et
                                                                             communication.
                                                                             Photographies des étudiants : Sandra Lachance, étudiante en
                                                                             Arts Visuels.

                                                                             Production : Cégep Beauce-Appalaches

                                                                             Impression commanditée :

         La couverture est de Camille Veilleux, étudiante en Arts Visuels.
         La nuit enflammée, 2019
         Acrylique sur bois
         76 cm x 91 cm.
CRÉATION LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE - MAGAZINE ÉTUDIANT - Cégep Beauce-Appalaches
PROGRAMMES
                                        COLLABORATEURS
                        ARTS VISUELS                                                   LANGUES
                        La finalité du programme d’Arts visuels est de développer      Le profil « Langues » du programme d’Arts, lettres et com-
                        la créativité de l’étudiant. Dans sa première année, l’étu-    munication met l’accent sur l’initiation et l’apprentissage
                        diant fait l’apprentissage des principales techniques :        de langues secondes et étrangères, telles que l’anglais,
                        dessin, peinture, sculpture, photographie, infographie         l’espagnol, l’allemand et le mandarin. De plus, il favorise
                        et vidéo. Avec l’acquisition de ces techniques, l’étudiant     aussi le développement de connaissances culturelles et
                        pourra, en deuxième année, s’exprimer dans des projets         d’habiletés communicationnelles.
                        axés sur la création. Il pourra également développer sa
                        culture artistique et ses capacités d’analyse et de critique   Ainsi, concrètement, l’étudiant est amené à explorer les
                        par l’étude des courants artistiques.                          cultures de plusieurs sociétés étrangères à travers, entre
                                                                                       autres, leur cinéma, leur littérature et leur histoire. Outillé
                                                                                       d’une solide culture générale à la fin de son DEC, l’étu-
                                                                                       diant en langues saura exercer son esprit critique sur des
                        GESTION DES COMMUNICATIONS                                     enjeux contemporains et culturels, habileté essentielle
                        GRAPHIQUES                                                     dans un monde en constante évolution.

                        La    technique    en   Gestion    des     communications
                        graphiques vise à former des chargés de projets
                        spécialisés dans le suivi de la conception de documents        CRÉATION ET MÉDIAS
                        professionnels imprimés (dépliants, affiches, embal-
               500.CM                                                                  L’une des deux composantes du programme d’Arts,
                        lages, etc.) ou destiné à l’écran tel un site Web ou encore
                                                                                       lettres et communication, le profil « Création et médias »
                        pour les médias sociaux.
                                                                                       propose aux étudiants de découvrir les diverses avenues
                        Dans ce programme, l’étudiant est amené à réaliser et          de la création littéraire et artistique par l’exploration du

     ARTS, LETTRES      à superviser des projets tous plus diversifiés les uns
                        que les autres, et ce, par divers médias. Il apprendra les
                                                                                       monde du multimédia, du théâtre, du cinéma, de la litté-
                                                                                       rature et de la communication journalistique.

ET COMMUNICATION        bases de la gestion de projet tout en créant ces projets.
                                                                                       En cultivant son ouverture sur le monde et son esprit cri-
                        Les   étudiants    du   programme        développent    des    tique, l’étudiant du profil « Création et médias » est ame-
                        habiletés en communication, en leadership et en créati-        né à développer ses qualités créatrices, expressives et
                        vité, dans une approche par projet, comme la réalisation       réflexives en les mettant en œuvre à travers divers pro-
                        de ce magazine !                                               jets artistiques dans lesquels son inventivité trouvera à
                                                                                       s’exprimer.

                                                                                                                                                     P.5
CRÉATION LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE - MAGAZINE ÉTUDIANT - Cégep Beauce-Appalaches
TÉMOIGNAGES                                                                                                     CATHERINE LACROIX                                                    SABRINA QUIRION
                                                                                                                                             GESTION DES COMMUNICATIONS                                           DOUBLE-DEC

                             ÉTUDIANTS
                                                                                                                                             GRAPHIQUES                                                           ARTS VISUELS

                                                                                                                                             Lorsque j’ai appris que mon programme Gestion des                    Mon parcours au Cégep Beauce-Appalaches a débuté en
                                                                                                                                             communications graphiques avait accepté à nouveau cette              Sciences de la nature, mais j’ai amorcé un Double-DEC
                                                                                                                                             année de collaborer avec Espace_Création, j’ai tout de suite         Sciences de la nature et Arts visuels à la session d’hiver
                                                                                                                                             été super emballée. Les communications graphiques ainsi              2016. Je me suis redirigée vers cette option afin d’élargir
                                                                                                                                             que la gestion de ce domaine me passionnent beaucoup.                mes connaissances et combler ma curiosité en dépit de
                                                                                                                                             C’est grâce aux communications graphiques si un tel projet           l’allongement considérable de mon cheminement. À pre-
                                                                                                                                             de magazine peut se faire, autant pour sa réalisation gra-           mière vue, ces deux programmes contrastent, mais en faits,
                                                                                                                                             phique que pour son impression. Nous sommes un milieu                ils se complètent très bien. En effet, le programme d’Arts
                                                                                                                                             malheureusement peu connu de la population, du moins il              visuels permet de développer des qualités telles que le
                                                                                                                                             ne l’est certainement pas assez. Je suis fascinée de voir de         sens de l’observation, l’interprétation tridimensionnelle
                                                                                                                                             jour en jour les nouveautés qui s’installent dans le domaine         ainsi que la minutie. Dans ce parcours, j’ai vraiment
                                                                                                                                             ainsi que la place que prend cette industrie dans nos vies           appris à me connaître à travers mes projets et mes nouvelles
                                                                                                                                             sans même qu’on ne s’en rende compte.                                connaissances. Enfin, l’accompagnement personnalisé, le
                                                                                                                                                                                                                  matériel de qualité ainsi que la création de liens avec les
                                                                                                                                             Pour ce qui en est du magazine, j’espère que vous aurez
                                                                                                                                                                                                                  autres étudiants et les professeurs permettent de se prépa-
                                                                                                                                             autant de plaisir à le feuilleter que moi j’en ai eu à en faire sa
      MARIE-MICHÈLE PAQUET                                                 MARTIN DROUIN                                                                                                                          rer agréablement à l’Université.
                                                                                                                                             mise en page et planifier sa réalisation. Bonne lecture et fé-
      CRÉATION ET MÉDIAS                                                   CRÉATION ET MÉDIAS                                                licitations à tous ceux qui ont fait du magazine une réussite.

      J’ai choisi « Création et médias » et je ne regrette pas du tout     Je me suis inscrit dans le programme « Création et médias »
      ce choix, car ce programme me permet d’en apprendre da-              principalement pour ce qui se rapporte au théâtre et au
      vantage sur moi-même, ainsi que de développer des talents            domaine de la création. J’ai dû choisir un programme dans
      dont j’ignorais l’existence, tels que l’écriture et le théâtre. Je   lequel les élèves sont investis dans leur milieu scolaire pour
      suis plus âgée que les autres puisque je suis de retour aux          mon retour aux études, car il m’est difficile de rester motivé.
      études, et d’aucune manière je n’ai ressenti cette différence        J’ai compris rapidement que c’était le programme qu’il me
      affecter mon parcours. Au contraire, dans ce programme, la           fallait. Les cours et les enseignants encouragent l’interaction
      différence est un grand atout et tout le monde y trouve sa           dans les classes, donc on peut sentir que notre contribution      MÉLINA GUAY                                                          VINCENT LESSARD
      place. De plus, nous avons la chance d’avoir de merveilleux          est utile et appréciée. À ma surprise, le cours « Presse et mé-
                                                                                                                                             LANGUES                                                              LANGUES
      enseignants qui sont tous passionnés et qui visent notre             dias » a été celui que j’ai particulièrement aimé et je n’avais
      réussite de toutes les façons possibles. Nous sommes très            aucun intérêt pour le journalisme. Les directives de certains     Mon parcours a été marqué par mon programme en Lan-                  J’étudie au Cégep Beauce-Appalaches en Arts, lettres et
      libres dans les travaux, donc si nous avons plus de difficul-        travaux nous poussent à sortir de notre zone de confort,          gues. J’ai pu faire de nouvelles rencontres extraordinaires,         communication, profil Langues. J’ai choisi ce programme,
      té dans un projet, ils trouvent toujours une solution afin de        puisqu’il faut approcher des inconnus la plupart du temps.        des étudiants dans mon programme en Langues, en Créa-                car celui-ci nous ouvre une multitude d’opportunités et
      mettre nos talents à profit. C’est bien plus qu’un programme,        J’ai eu la chance de rencontrer des personnes intéressantes       tion et Médias avec qui nous partageons quelques cours               éventuellement la chance pouvoir exercer un emploi par-
      je dirais que nous sommes, élèves et professeurs, une sorte          à des moments imprévisibles. Je me sens plus concerné par         et des enseignants qui prennent à cœur notre réussite. Les           tout dans le monde. Le programme m’a permis d’apprendre
      de famille recomposée, qui s’entraide et qui se soutient dans        l’actualité et mon envie d’accroître ma culture générale est      différents cours m’ont permis de connaître de nouvelles              à communiquer et m’exprimer dans différentes langues et
      le quotidien de la vie au cégep. Les cours sont intéressants         grandissante depuis les derniers mois.                            cultures et de nouvelles langues. Avec les quatre cours d’an-        à la fois d’en apprendre plus sur l’histoire et les différentes
      et ils nous permettent d’en apprendre davantage sur tout.                                                                              glais offerts, j’ai pu améliorer nettement ma prononciation et       cultures. De plus, l’ambiance des cours est très joviale et
      Adepte de la culture, de l’histoire, de l’écriture, de théâtre,                                                                        mon anglais écrit. Le programme de Langues est le meilleur           propice aux apprentissages. Les enseignants sont très at-
      de radio ou même de logiciels de montage, ce programme                                                                                 choix pour profiter pleinement de tous les avantages d’un            tentionnés et nous offrent plusieurs disponibilités afin de
      est fait pour toi !                                                                                                                    parcours au Cégep Beauce-Appalaches !                                répondre à nos interrogations, ce qui favorise notre réussite.

P.6                                                                                                                                                                                                                                                                             P.7
CRÉATION LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE - MAGAZINE ÉTUDIANT - Cégep Beauce-Appalaches
SLAMS | CRÉATION ET MÉDIAS

      ŒUVRE D’OR                                                                                                             MARGE
      MIGUEL MORIN                                                                                                           DAVID QUIRION

      Symbole d’espoir encadré d’or                            Toujours plus soif, toujours plus faim                        Une génération d’artistes incompris
      Vendu à l’encan pour un 1,3 million de dollars           Leur pain de ce jour ?                                        Regardent les étoiles et se sentent petits
      Victime planifiée d’autodestruction,                     Ils connaissent fuck all
      Preuve qu’argent ne rime pas toujours avec art           Parce qu’ils veulent toute la calice de miche                 Ils sont tous amis
                                                               Trafiquant l’art contre un lingot d’or                        Tous sont indécis pour la vie
      Livrer ton âme sur un plateau d’argent,                  Pis si un artiste a le culot de détruire son œuvre            Le BACC en droit à l’UdeM,
      Seulement pour la voir offerte                           Parce qu’y veut que personne la possède                       Ou bien l’art et les siennes ?
      Aux gens les plus offrants                               Parce qu’acheter une âme c’est pas aussi simple,              Le 9 à 5 recyclé,
      Cherchant une autre œuvre
      Qu’ils consommeront avec leur criss de caviar
                                                               Qu’aller se présenter aux enchères,
                                                               Ben, watch fucking out
                                                                                                                             Ou bien le désir de s’égarer ?
                                                                                                                                                                          COURSE CONTRE
                                                                                                                                                                          LA MONTRE
                                                               Parce qu’y vont trouver le moyen,                             La marge crie sans cesse
      S’exprimer,                                              De vendre les morceaux encore plus chers,                     Pour élargir les corridors
      Extérioriser ses pensées                                 Pis y vont faire passer son geste                             Et tous les bohèmes s’empressent
      Sur une toile, sur un mur                                Pour un mouvement de publicité                                De chanter la rhapsodie des gens morts       GABRIEL CÔTÉ
      Devenir quelqu’un par l’art                              Parce que toute pour eux est de la fucking commercialité
      Se sentir exister en paix un moment,                     Pis parce qu’y pensent que pour lui aussi,                    Une génération de poètes maudits
      Seulement pour que quelqu’un quelque part                C’est une priorité de fréquenter le bal des privilégiés       Regardent le ciel et se sentent petits       Tic, fonte de glaciers
      Vienne te les voler et se les approprier                                                                                                                            Tac, l’eau qui ne cesse de monter
      Parce que l’art c’t’un investissement,                                                                                 Ils sont tous amis                           Tic, des forêts ravagées
      Pis qu’est-ce qu’y ferait pas pour goûter l’argent ?                                                                   Figés en accalmie                            Tac, par des flammes, des outils, de la machinerie
      Un genre de loup qui pense que tout peut devenir vert,                                                                 La plume semble s’envoler                    Tic, ce n’est pas de la magie
      Qui s’en calice de tes sentiments                                                                                      Soufflée dans le vent par les aveuglés
                                                                                                                                                                          Tac, mais voyons, sommes-nous en Enfer ?
      Car son but ultime c’est de faire un profit
                                                                                                                                                                          Tic, Démon, chaleur extrême, âmes désolées
      Pis on le sait, un Banksy                                                                                              La marge, toujours incomprise
                                                                      ESPACE_LIBRE                                                                                        Tac, réchauffement climatique, fonctionnaires, sinistrés
      Ça vaut son pesant d’or                                                                                                Beigne dans une marée de sang
                                                                                                                                                                          Tic, eh non, nous sommes sur Terre !
                                                                                                                             Dans la province conquise
                                                                 Slam : Forme de poésie orale et urbaine, scandée ou                                                      Tac, ce cadeau reçu par le passé
                                                                                                                             Nous ne sommes tous que des clients
                                                                 chantée, pratiquée dans des lieux publics comme les                                                      Tic, ce cadeau négligé depuis 4 milliards d’années
                                                                 bars sous forme de rencontres ou de joutes oratoires.
                                                                                                                             Une génération d’artistes incompris          Tac, 0,2 degré ne semble pas si important
                                                                 L’édito-slam : À la croisée du slam et de la chronique      Regardent la vie et se sentent petits        Tic, « Bah ! C’pas si grave, ce sera l’problème de nos enfants ! »
                                                                 éditoriale.                                                                                              Tac, nous nous reposerons la question dans 30 ans
                                                                 Choisis   un    sujet    d’actualité   qui   te   dérange                                                Mais en vérité le temps commence à manquer
                                                                 (l’intimidation, l’hypersexualisation, la dictature de                                                   Le compte à rebours est déjà lancé !
                                                                 l’image, les standards sociétaux (la masculinité / la
                                                                 féminité, la perfection / la performance), la rectitude
                                                                 politique en humour, l’environnement, etc.) et exprime
                                                                 ta dénonciation / prise de position de façon poétique.

P.8                                                                                                                                                                                                                                        P.9
CRÉATION LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE - MAGAZINE ÉTUDIANT - Cégep Beauce-Appalaches
SLAMS | CRÉATION ET MÉDIAS

   NOIR                                            DONEZ-MOI                                                      CYBER
   SILENCE                                         DE L’AIR !                                                     INCONSCIENCE
   DANICK LANDRY                                   PHILIPPE FORIN                                                 MARTIN DROUIN

   Ben voyons on n’est pas facilement outrés       Mes murmures dans ces murs me rappellent la censure            Difficulté à gérer son temps                                  Et ceux qui accumulent
   Mais y’a des limites à pas passer               La censure que j’endure me mène la vie dure                    Obsession                                                     Des informations sans valeur
   Ils doivent être fous ou en transe              Où tu vois de l’espoir,                                        Compulsion                                                    Dans cette quête constante s’érige
   Pour s’exprimer et s’afficher à outrance        Je n’y vois que du noir.                                       Réveille-toi jeune cyberdépendant                             Le cyber ramassage dans toute sa splendeur
                                                   L’espoir de vaincre ce noir, l’espoir de m’émouvoir
   Sérieux ça feel pas                             Même dans cette noirceur, je perçois ces couleurs              Isolement, hygiène médiocre, malnutrition                     Tu te tues, tu te tais dans ta chambre
   Un gars qui s’maquille en fille                 Ces couleurs porte-bonheur, ces couleurs porte-malheur         Euphorie, insomnie, dépression                                Hikikomori, tu continues de prétendre
   Une fille qui s’habille en gars                 Plus j’avance, plus j’ai peur, je veux vaincre ma pudeur       Qu’est-ce que la réalité ?                                    Que la société traîtresse est responsable de ta
   C’est clair ça tourne pas rond dans bille       Laisse-moi ouvrir mon cœur à toutes ces belles couleurs.       Après avoir joué 3 jours, le 15 janvier 2015, on te           difficulté d’intégration
                                                                                                                  retrouve sans vie                                             Difficulté causée par ton manque de jugement et
   Dieu du haut des cieux                          Là où j’ai trouvé ma voie, là où j’ai trouvé ma joie,                                                                        ton impulsivité
   Leur dit d’un ton obséquieux                    Dans ce mascara, je ne perçois que moi.                        Dans la ville de Nouveau Taipei
   Calmez-vous mes brebis                          Il est la noirceur qui amène mon bonheur,                      À jouer 3 à 5 jours d’affilée                                 Je joue, je suis dépressif
   Vous êtes wack en osti                          Les blessures du cœur délaissées par le silence du penseur.    S’effacer, assez pour se suicider                             Je suis dépressif, je joue
                                                   Viens vivre ma vie, viens comprendre mon ennui.                Les cafés internet, un nouvel enjeu dans notre société        La dépression se joue de moi
   Dieu du haut des cieux                          Viens juger mon art, viens juger mon quart.                                                                                  Et je joue à la dépression
   Pète au frette et recule la cassette            Père, mère, frère, tous ces gens m’exaspèrent.                 Jeux d’argent
                                                   Ça ne date pas d’hier, ils voulaient me faire taire.           Une p’tite game de plus                                       Proie de toi-même
   On s’habillait comme maman le voulait           Ils ont essayé de me changer, m’ont demandé                    Mon monde virtuel me salue                                    Telles les flammes de Californie
   On s’émoustillait au moindre excès              de me réinventer.                                              Cyberjeu dépendant                                            Sacramento de vie de merde
   Mais quoi de mieux que la norme ?               J’peux ben vivre stressé, j’ai besoin de liberté                                                                             Empoisonnement à long terme
   Grand orme poussant sur la lâcheté de l’homme   Finis de rêver, il est maintenant temps de se réveiller,       CLIC,     CLIC,     j’actualise mon facebook dans le déni
                                                   3,2,1 j’entre en scène, merde à moé…                           CLIC,     CLIC,     tu es mon nouvel ami                      Pendant que notre monde brûle
   On devrait tous fermer nos yeules               Je dois me démaquiller et reprendre ma vie d’homme caché.      CLIC,     CLIC,     je like tes photos                        Tu te stimules
   Comme ça tsé y’aurait pas de Félix dedans                                                                      CLIC,     CLIC,     la cyberdépendance relationnelle, ça      Devant ton actualité électronique
   Comme ça on finirait dans un linceul                                                                           se passe sur nos réseaux sociaux                              Entre deux crises de panique
   Pis on aurait gardé tout ça en d’dans
                                                   AUTEURS EN HERBE, À VOS CLAVIERS !                             75 millions d’utilisateurs quotidiens                         Quand prendras-tu conscience ?
   Mais Dieu va tomber des cieux                                                                                  Pornhub : le paradis de ceux qui ne se sentent pas à la       De ta cyberdépendance
                                                   Pour sa deuxième édition, Espace_Création vous propose
   Pour se dire en se sentant niaiseux                                                                            hauteur sexuellement                                          C’est la même affaire que ta mère qui écoute
                                                   une nouveauté : l’encadré Espace_libre dans lequel vous
                                                                                                                  Difficulté à entrer en relation réelle avec des partenaires   la télévision !
                                                   sont expliquées les techniques créatives utilisées dans
   Dans l’fond ça a pas vraiment plus de sens                                                                     potentiels                                                    Dis-moi, quand sortiras-tu de ta désillusion ?
                                                   les textes. Nous vous invitons à les essayer à votre tour et
   D’être des brebis dans un enclos de pensées                                                                    Reconnais ta cybersexe dépendance avant de
                                                   à nous envoyer vos créations à : artlets@cegepba.qc.ca
   Trop occupées à fixer le mouton noir                                                                           t’autoproclamer incel.
                                                   Les meilleures seront ajoutées à notre site Internet.
   Pour se sortir du noir silence

P.10                                                                                                                                                                                                                              P.11
CRÉATION LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE - MAGAZINE ÉTUDIANT - Cégep Beauce-Appalaches
POÈMES | CRÉATION ET MÉDIAS
                                                                                                POÈME ANTONYMIQUE
                                                                                                Le poème « Soi-même » de Maude Baillargeon est inspiré du
                                                                                                recueil Quelqu’un de Nicholas Giguère, poète beauceron et
                                                                                                diplômé d’Arts, lettres et communication.

            HAÏKU                                                                               QUELQU’UN                                                   « SOI-MÊME »
                                                                                                                                                             MAUDE BAILLARGEON
                                                                                                NICHOLAS GIGUÈRE

            Le temps s’écoule           Jeune pousse désertique
                                                                                                Je veux que mon mal-être                                     Elle cherche son bien-être
            et il délaisse l’essence    Réclame l’averse
                                                                                                envahisse tout le bar                                        Explosant dans le hall
            de par ses fissures         Avide se noie                                           transpire dans la décoration minable                         Humide dans le vide écrasant
            JACQUES FORTIN              THÉODORE PAQUET                                         électrifie la clôture encerclant le comptoir                 Glaçant la garde entourant la table
                                                                                                perle sur le front des danseurs essoufflés                   Diamant sur les doigts des vendeurs glorifiés
                                                                                                pour que tout le monde comprenne                             Pour que son âme abandonne

            Dessous ces eaux claires    Rose dansant sous la pluie                              une fois pour toutes                                         Quelques jours de moins
                                                                                                que je suis sérieux                                          Qu’elle soit heureuse
            se perdent les larmes       Fatiguée se fane
                                                                                                quand je dis                                                 Quand elle chante
            de nos grands rêves noyés   Demain elle renaît
                                                                                                je veux me jeter dans la Chaudière                           Elle peut se tremper dans le berceau
            LAURIE DUGUAY               THÉODORE PAQUET
                                                                                                je veux qu’on comprenne                                      Elle souhaite qu’ils écoutent
                                                                                                je veux même pas                                             N’essayant jamais
            Trouble cette eau bleue     Marcher avec toi                                        que mon corps soit retrouvé                                  D’essuyer ses larmes
            La solitude d’un couple     Ton sourire dans le mien                                peut-être pas avant le printemps                             À l’automne
            lié à l’horizon             Regardant la lune                                       durant la fonte des neiges                                   Pendant que les feuilles tombent
                                                                                                mon corps formant un embâcle obstruant                       Ses larmes franchissent l’obstacle
            SARAH RODRIGUE              ALYSON GAULIN
                                                                                                le cours d’eau                                               La descente
                                                                                                le cours des choses                                          Le temps des êtres
                                                                                                la vie                                                       La mort
            Rocheuses affolées          Une larme à l’œil
            d’une beauté irlandaise     Rivière coulante
                                                                                                je veux qu’on comprenne                                      Elle souhaite qu’ils écoutent
            crient la liberté           La tristesse me noyait                                  que je suis sérieux                                          Quand elle chante
            MAUDE BAILLARGEON           ARIANE COUTURE                                          quand je dis que je veux                                     quand elle chante qu’elle cherche
                                                                                                être quelqu’un                                               personne
                                                                                                ou rien                                                      ou elle-même

            Dans le soir brûlant
            Là où le ciel s’achève
                                             ESPACE_LIBRE
            L’univers crépite
                                                                                                                                                                    ESPACE_LIBRE
                                        Poème traditionnel japonais qui capture un moment
            MARIE-MICHÈLE PAQUET                                                                                                                               Le poème antonymique est une technique de
                                        figé dans le temps et dans la nature, le haïku est
                                                                                                                                                               création qui consiste à prendre un poème existant
                                        composé de trois vers (deux de cinq syllabes et un
                                                                                                                                                               et en remplacer les mots par des antonymes. Le
                                        de sept). Prends une photo de la nature qui te touche
                                                                                                                                                               but n’est pas de simplement remplacer les mots
                                        et traduis ce que tu ressens sous la forme de ce
                                                                                                                                                               par leur contraire, mais de réfléchir à une nouvelle
                                        petit poème. Les meilleurs seront publiés sur le site
                                                                                                                                                               signification pour en arriver à un poème tout à fait
                                        Internet : espace_creation.cegepba.qc.ca
                                                                                                                                                               original, né de ce plagiat à l’envers.

P.12                                                                                                                                                                                                                  P.13
CRÉATION LITTÉRATURE ET COMMUNICATION VISUELLE - MAGAZINE ÉTUDIANT - Cégep Beauce-Appalaches
CONTES | CRÉATION ET MÉDIAS

       LE STOÏQUE SIMON
       THÉODORE PAQUET

       Il
                   était une fois, une maman bien ballonnée et son           seulement se tenir droit et encaisser. Simon appliquait cette        dans sa direction, les regards d’hurluberlu de l’étrange gar-         Abigaëlle, quelques pupitres plus loin, s’était enfin décidée à
                   fils, Jean, qui commençait à s’en inquiéter. L’en-        logique à la lettre. Tout le monde ne saisissait pas le génie        çon collé à la grille, les murmures des autres filles qui la poin-    adresser la parole à Jean. À la cloche, elle allait lui glisser un
                   thousiasme de ses parents s’avérant contagieux,           de Simon, et plusieurs riaient de lui, ce qui l’aurait attristé      taient du doigt et riaient de ses voltiges maladroites. La seule      mot dans son coton ouaté.
                   et à la suite de laborieuses explications, il finit       s’il n’avait eu d’yeux que pour une jolie jeune fille de l’autre     attention qu’elle désirait demeurait celle de Jean. Alors elle
                                                                                                                                                                                                                        Elliot avait lui aussi remarqué l’agitation de tout le personnel
       par saisir que là-dedans se trouvait le plus merveilleux des          côté de la cour. Apparemment, elle non plus n’aimait pas             continuait à danser en se disant qu’un jour, l’éclat du soleil qui
                                                                                                                                                                                                                        jusqu’à la direction. Blême de culpabilité, il tremblait de peur
       cadeaux : quelqu’un avec qui jouer ! On comprend donc                 les ballons, parce qu’elle se tenait à l’écart. Par contre, elle     se reflétait dans ses cheveux allait se poser dans les beaux
                                                                                                                                                                                                                        que l’on retrouve Simon sous les roues d’un camion. Il avait
       le visage illuminé du jeune garçon quand sa mère et son               ne respectait pas la règle de se tenir droite, mais s’évertuait      yeux bleus de Jean.
                                                                                                                                                                                                                        déjà rangé tout son matériel, au risque de se faire disputer par
       père rentrèrent à la maison avec, dans leurs bras, un petit           à exécuter mille mouvements et voltiges, ce qui éblouissait
                                                                                                                                                  Dans sa course, Simon s’était calmé quelque peu et respirait à        Madame la professeure, et s’apprêtait à chercher lui-même
       baluchon. Ce qu’il eut plus de mal à assimiler fut le visage          Simon.                                                               pleins poumons, la tête penchée vers une dalle de trottoir qu’il      Simon jusqu’à l’aréna, s’il le fallait !
       d’enterrement de sa mère, qui lui dit qu’elle avait une nou-
                                                                             Favorisée par son emplacement dans la cour et par les dons           ne reconnaissait pas. Reprenant ses esprits, il se redressa aus-
       velle à lui annoncer :                                                                                                                                                                                           La cloche retentit et les deux garçons disparurent plus vite que
                                                                             de la nature, elle attirait bien d’autres regards. Elliot aussi      sitôt, droit comme s’il avait été moulé dans cette position fière
                                                                                                                                                                                                                        leur ombre, sous les yeux déconcertés d’Abigaëlle. Quel ne fut
       > Voilà ton frère, comme promis. C’est un petit garçon,               s’en était entiché. Chacun adoptait sa propre méthode pour           et brave. Il lui prit l’envie de balancer son corps comme celui
                                                                                                                                                                                                                        pas leur soulagement lorsqu’ils reconnurent Simon au bout de
         comme toi, et bien unique à la fois. Il nous faut l’aimer                                                                                de la belle ballerine, s’assouplissant les hanches, les épaules
                                                                             l’observer ; lui, bottait son ballon dans sa direction hors des                                                                            la cour, envoyant d’un geste ample la main à son frère. L’école
         du plus profond de notre cœur, le chouchouter et le cha-                                                                                 tendues, tournant sur lui-même pour remplir l’espace autour
                                                                             limites du jeu. Il eut tôt fait de voir Simon, la tête dans les                                                                            au complet, apaisée, poussa un immense soupir. Cette fois, ce
         touiller, car il sera bien rieur. Mais il faudra lui faire bien                                                                          de lui, trop souvent vide de vie. Cela était bon et il se promit de
                                                                             nuages, les yeux rêveurs tout droit rivés sur Abigaëlle, la                                                                                fut Jean qui courut se jeter dans les bras de Simon, ne sou-
         attention parce que les gens ne sont pas bons face à cette                                                                               nouvelles escapades comme celle-ci. En se retournant dans un
                                                                             danseuse enfin nommée. Ce moment de tendresse n’eut                                                                                        haitant le remplacer pour aucune jeune fille au monde. Elliot,
         sorte d’unicité. Je te présente Simon.                                                                                                   mouvement de pirouette, il distingua au loin le supermarché
                                                                             point pour effet d’émouvoir Elliot, qui se renfrogna bête-                                                                                 resté à l’écart de peur qu’on le blâme, se jura de ne plus jamais
                                 . . . . . . .                                                                                                    préféré de ses parents : assurément qu’il les retrouverait là !
                                                                             ment et entreprit de rejoindre son ami au pas de course.                                                                                   insulter aussi cavalièrement un camarade. Abigaëlle, serrant
       Les jours passèrent et les bébés devinrent grands. Il y eut
                                                                                                                                                  Simon y courut et se rendit à sa section préférée : celle des         entre ses doigts le mot d’amour au fond de sa poche, surprit
       les premiers mots et la première journée d’école, Jean à son          > Heille, toi ! Qu’est-ce que tu fais si loin du jeu ? As-tu peur
                                                                                                                                                  poissons et des huitres. Un très jeune garçon s’y tenait et imi-      le câlin des deux frères et se dit qu’elle avait peut-être jugé
       rythme et Simon au sien. Jean, qui était plutôt rapide, ne le           de recevoir un ballon et de te mettre à pleurer, gros
                                                                                                                                                  tait en serrant les joues la moue bien particulière de l’omble de     trop sévèrement l’étrange garçon collé à la clôture. Elle voyant
       fut pas assez pour s’éclipser au secondaire avant la rentrée            bébé ?
                                                                                                                                                  fontaine. Simon se joignit à ce jeu et tous deux, absorbés par        celui-ci la saluer, le sourire fendu jusqu’aux oreilles, elle lui of-
       de son petit frère. Il lui fut d’une grande aide : il lui tenait la
                                                                             Simon surmonta bravement cet affront et continua de se               leur activité, ne remarquèrent pas le temps passer. Lorsque le        frit son sourire le plus sincère et un léger geste de la main, qui
       main en attendant l’autobus, dans l’autobus, à la sortie de
                                                                             tenir bien droit ; la vue de la ballerine lui donnait bien du        jeune garçon se retourna de la vitre de l’aquarium, son visage        pour Simon contenait toute la grâce du monde.
       l’autobus et jusqu’à son cours, puis répétait cette chorégra-
                                                                             courage. Ce ne fut pas suffisant pour dissuader Elliot le tyran      se décomposa : ses yeux brillèrent d’effroi, son sourire se mé-
       phie à l’envers à l’heure du retour. Simon adorait son grand                                                                                                                                                     Ainsi finit l’heureuse histoire du stoïque Simon, qui a su se
                                                                             qui reprit ses aboiements.                                           tamorphosa, ses parents n’étaient plus là ! Simon connaissait
       frère et ne manquait pas de le lui signifier, ce qui gênait                                                                                                                                                      délier et trouver son courage, ainsi que de tous ceux qui ont
                                                                                                                                                  ce sentiment. Être perdu n’avait rien de rigolo. Il empoigna la
       quelque peu celui-ci qui aurait préféré tenir la main d’une           > M’entends-tu, gros tata ? Es-tu trop cave pour comprendre                                                                                appris de lui et qui l’ont, depuis toujours, aimé sans le savoir.
                                                                                                                                                  main de son ami, comme son frère l’aurait fait, et parcourut les
       jeune fille comme certains de ses compagnons. Pour ajou-                les mots ? Va-t’en avant que je t’attrape, gros front !            allées à la recherche des êtres aimés égarés. Les retrouvailles
       ter à son malheur, son petit frère ne se fondait pas très bien
                                                                                                                                                  furent chaleureuses. Bonne action ne venant jamais seule, les
       dans la masse et plusieurs avaient commencé à remarquer               Simon, sentant les larmes monter et sachant son frère trop
       ses étranges façons.                                                  loin pour le consoler, prit la fuite hors du grillage de la cour,
                                                                                                                                                  braves parents du jeune garçon offrirent à Simon de le rac-                    ESPACE_LIBRE
                                                                                                                                                  compagner à l’école.
                                                                             par-delà le terrain de baseball, de l’église et de l’aréna. Elliot
       Quant à lui, Simon se moquait bien de cette attention et                                                                                                                                                           Ce conte a été inspiré du Stoïque Soldat de plomb
                                                                             fut surpris, quelque peu apeuré, mais surtout satisfait de voir      Jean commençait à s’inquiéter. Il n’avait pas vu Simon de la
       s’amusait bien dans la cour de récréation. Depuis que Jean                                                                                                                                                         d’Andersen. Remarquez les nombreux effets de
                                                                             Simon exécuter ses ordres à la lettre, puis il retourna à son        journée et les éducatrices spécialisées s’emportaient dans un
       n’était plus si souvent à la maison, il se sentait seul chez lui ;                                                                                                                                                 style et de rimes qui sont conçus pour en faciliter
                                                                             ballon.                                                              branle-bas inexpliqué. Ne pouvant s’empêcher de relier l’ab-
       voir tant de monde était un pur ravissement. Il apprenait                                                                                                                                                          la lecture à voix haute. À votre tour, réinterprétez
                                                                                                                                                  sence à l’agitation, il ne portait plus une grande concentration
       beaucoup de ses camarades. Par exemple, et comme le                   Abigaëlle, pour sa part, n’avait d’yeux que pour Jean. Elle                                                                                  un conte de votre enfance et envoyez-le nous à :
                                                                                                                                                  à ses fractions. Il attendait la fin des classes avec impatience
       lui avait répété son frère, il était très mal vu de pleurer. Si       avait compris le prix de sa différence quand elle avait remar-                                                                               artlets@cegepba.qc.ca
                                                                                                                                                  afin de vérifier par lui-même si son frère avait disparu.
       on recevait un ballon à la figure, il ne fallait pas rechigner,       qué les tentatives désespérées d’Elliot de botter le ballon

P.14                                                                                                                                                                                                                                                                                        P.15
CONTES | CRÉATION ET MÉDIAS

                                                                                                                                                                                                   SUBLIME
   AUBE                                                                                                                                                                                            MACHINE
   SARAH RODRIGUE                                                                                                                                                                                  THÉODORE PAQUET

   La        forêt est une cascade de souvenirs où le temps
             s’arrête et où les vidéos des cassettes VHS de
   mon enfance défilent. Quand je m’y installe, je respire
                                                                                                                                                                                                   La       pierre est fixe. Écrasée sous les montagnes, elle
                                                                                                                                                                                                            se tait. Le métal est malléable. Fondu dans le
                                                                                                                                                                                                   moule, il renaît. L’engrenage est mobile. Imbriqué dans
   profondément, j’assimile les racines ancestrales de mon                                                                                                                                         l’horloge, il prend vie. Ma machine se tenait devant mes
   passé et je m’imprègne de cette thérapie naturelle.                                                                                                                                             yeux, celle que j’avais formée de mes mains. Je pris un
   L’odeur et le bruit des arbres m’ensorcellent. Sapin, épi-                                                                                                                                      pas de recul pour mieux l’observer. Ses longues jambes
   nette, bouleaux, mélèze, je connais les propriétés de                                                                                                                                           s’arquaient et s’entrecroisaient dans une immobile mou-
   leurs buches. J’ai appris à les différencier bien jeune. La
   frustration des écureuils aux poils hirsutes se mélange        LE PIÈGE                                                                                                                         vance. Sa tête dentelée m’hypnotisait du regard. Elle
                                                                                                                                                                                                   s’avançait vers moi ou, peut-être, j’avançais vers elle. Il
   à ces arômes. Ces petits rongeurs hyperactifs mènent
   sans cesse une lutte sanglante contre les voraces geais
   bleus. Enfin, le soleil se lève, accompagné du hulule-
                                                                  DE L’OURSE                                                     L’USINE                                                           n’y avait aucun moyen de le savoir. Une rencontre du
                                                                                                                                                                                                   troisième type. Je devais y aller et la saluer. Une fumée
                                                                                                                                                                                                   noire emplissait peu à peu ma vision. J’étais aveugle.
   ment d’un hibou. Mes doigts commencent à dégeler et            MARIE-MICHÈLE PAQUET                                           VANESSA NADEAU                                                    J’entendais nettement le sang pomper dans mes veines.
   j’enlève mes mitaines dépareillées. Pour me réchauffer,                                                                                                                                         Étrangement, le battement venait distinctement de ma
   j’ai bu l’équivalent de trois cafés, et c’était une idée as-                                                                                                                                    machine et ce seul son me guidait. Je m’arrêtai entre ses
   sez stupide. Le froid s’est dissipé, mais j’ai extrêmement
   envie d’uriner et je n’arrête pas de gigoter. Cependant,
   je dois rester parfaitement immobile, sinon tous mes
                                                                  C’    est ici, au fond d’une forêt que je ne saurais nommer,
                                                                        où le temps n’a aucune importance, que j’ai décidé
                                                                  de repartir à zéro, comme nos ancêtres de jadis. La beauté
                                                                                                                                 H     abituellement, je travaille dans les champs, mais
                                                                                                                                       aujourd’hui, le patron m’a demandé de me rendre
                                                                                                                                 à l’usine. J’apprécie sa confiance en moi et, par cette jour-
                                                                                                                                                                                                   pattes pour les sentir se refermer sur mon corps, saisir
                                                                                                                                                                                                   mes chevilles, comprimer ma cage thoracique, empri-
                                                                                                                                                                                                   sonner mon cou et vider l’air de mes poumons. Je cli-
   efforts seront vains. Avec le soleil est arrivé ce que je      de la nature m’émerveille, maintenant que je m’y attarde       née suffocante, la climatisation et le changement d’air           gnai des yeux, paniqué. La fumée se dissipa et, du haut
   recherchais. Je bouge lentement mes mains, je retire           réellement. J’ai l’impression que mes sens se réveillent       vont me faire du bien. Je dois cependant avouer que je            de ma tour, je voyais maintenant à des milles à la ronde,
   ce qui me sépare du coup final, je regarde dans mon            pour la toute première fois. L’odeur de la nature, sans        m’attendais à quelque chose de plus chaleureux. Tout me           illuminé.
   troisième œil et boum ! Je tire. Boum ! Il tombe, le cœur      aucune vapeur toxique, remplit mes narines et me récon-        parait monotone et froid. L’air demeure tout aussi suffo-
   fendu en deux. C’est un magnifique six pointes.                forte. Les hululements me font bondir et par mégarde, je       cant qu’au-dehors, mais au lieu que ce soit la température
                                                                  mets directement mon gauche pied dans un piège à ours.         qui nous étouffe, c’est l’odeur des produits chimiques et
                                                                  Je crie et j’appelle à l’aide, mais je sais que personne ne    des désinfectants qui nous brûle les narines. Plus j’avance
                                                                                                                                                                                                   Cette micro-nouvelle a remporté le premier prix à
                                                                  viendra à mon secours. Je me trouve au fond d’une forêt        dans l’usine, plus j’ai la chair de poule : la frayeur me glace
                                                                                                                                                                                                   l’édition 2019 du concours de « Contes-gouttes »
                                                                  que je ne saurais nommer… Le sang recouvre rapidement          jusqu’aux os. J’arrive dans une pièce pleine de gens. L’air
            ESPACE_LIBRE                                                                                                                                                                           organisé par le Centre d’étude de la littérature
                                                                  mon pantalon ; la douleur s’intensifie au point que je ne la   semble encore avoir refroidi ; on se croirait dans un réfri-
                                                                                                                                                                                                   beauceronne du Cégep Beauce-Appalaches. Ce
       La nature appelle les sens. Les sens permettent de         ressens plus… Le doute s’installe et la peur danse, mais ce    gérateur. Un travailleur s’approche, un long couteau à la
                                                                                                                                                                                                   texte s’est inspiré de la sculpture du même nom
       se représenter intimement dans un espace et se             n’est en rien la faute de la nature, plutôt celle de l’homme   main. Avant même de comprendre ce qui se passe, mon
                                                                                                                                                                                                   de Yann Farley, sculpture réalisée dans le cadre du
       déploient par de nombreuses figures de style. Sarah        qui se croit tout permis, celle de cette société encline à     voisin se vide de son sang. Je sais que je suis le prochain.
                                                                                                                                                                                                   symposium Beauce Art, édition 2014 et exposée sur
       et Marie-Michèle se sont inspirées des sens et de la       la surconsommation, aux inégalités sociales qui détruisent     Terrifié, je regarde l’animal qui se tient devant moi. Tout ce
                                                                                                                                                                                                   le site du parc de l’île Pozer. Surveillez le site Internet
       nature pour imaginer ces deux micro-nouvelles, des         notre planète à petit feu. Une ourse passe près de moi         que je peux lire dans ses yeux est l’appétit que ma chair
                                                                                                                                                                                                   du cégep pour l’édition 2020 du concours de contes-
       petits textes narratifs de 200 mots qui se terminent       et renifle avec mépris ; son petit marche dans ses pas. Je     lui provoque. Quelques secondes plus tard, je ressens une
                                                                                                                                                                                                   gouttes, puisqu’il sera ouvert également aux écoles
       par une chute étonnante.                                   mérite le sort qu’elle me réserve.                             douleur lancinante infligée par la main qui m’a nourri. Tout
                                                                                                                                                                                                   secondaires !
                                                                                                                                 devient noir.

P.16                                                                                                                                                                                                                                                             P.17
PEINTURE | ARTS VISUELS

       510.A0

                      SABRINA BERGERON
                           Magritte Poppins, 2019
                               Acrylique sur bois
                                    61 cm x 91 cm

P.18                                                P.19
PHOTOGRAPHIE | ARTS VISUELS   DESSIN | ARTS VISUELS

       EMMANUEL DANSEREAU
       La nuit, 2018
       Photographie numérique
       42 cm x 63 cm

                                          CORALIE RHÉAUME
                                               Lampe à l’huile, 2019
                                               Dessin à l’encre (lavis)
                                                      23 cm x 31 cm

P.20                                                                      P.21
INFOGRAPHIE | ARTS VISUELS   PHOTOGRAPHIE | ARTS VISUELS

       FRANCIS POULIN                           EMMANUEL MORIN
       Délit de fuite, 2018                       Suite à la traversée, 2018
       Infographie                                Photographie numérique
       41 cm x 61 cm                                          42 cm x 63 cm

P.22                                                                           P.23
GESTION DES COMMUNICATIONS GRAPHIQUES

                                                                                            04
                                                                                                      ON CONÇOIT LES
   Le      magazine que tu lis actuellement a été un gros défi à réaliser !
           Comment peut-on partir d’une idée discutée autour d’une table et
   la rendre existante, palpable. Autant de talents regroupés afin de créer de
                                                                                                      MAQUETTES DU
                                                                                                      MAGAZINE.
   toute pièce cet espace de création étudiant. Ce projet concret constitué de
   textes, d’œuvres d’arts et d’étudiants passionnés n’aurait pas vue le jour sans

                                                                                                                                     05
                                                                                                                                             C’EST MAINTENANT
   la contribution du graphisme, de la gestion de projet et de l’impression,
   bref les communications graphiques. Et tout ceci exécuté et orchestré par                                                                 LE MOMENT DE LA
   les étudiants en Gestion des communications graphiques du Cégep Beauce-                                                                   MISE EN PAGE.
   Appalaches. Suis ici le parcours par lequel ce projet a dû passer. Tu en seras
   certainement très étonné !

                                             01                ON A UNE IDÉE !
                                                               UN MAGAZINE !
                                                                                            06       C’EST L’HEURE DE

                                                                                     YÉ !
                                                                                                     L’IMPRESSION.

                                                                                                     OUF !

                02                ON PLANIFIE

                                                                                                                    07
                                  LE PROJET.
                                                                                                                                     TU L’AS ENTRE TES MAINS,
                                                                                                                                     BONNE LECTURE !

                                                 03
                                                                   ON REÇOIT LES TEXTES
                                                                   ET ON CHOISI LES
                                                                   IMAGES.                       UN GROS MERCI À L’ÉQUIPE

                                                                           WO W !
                                                                                                 DE LA MAISON 1608 POUR
                                                                                                 LEURS PRÉCIEUX CONSEILS.

                                                                                                 Catherine Lacroix [étudiante GCG]
                                                                                                 Audrey Geoffroy-Plante [Maison 1608]

   HISTOIRE DE                                                                              MAGAZINE
P.24                                                                                                                                                            P.25
STORY | LANGUES

       PURSUIT
       CINDY CYR

       March 27 th, 2654, ThunderGear City1, 2h43am
       somewhere in the Ghetto’s streets

       D
                       ark sky, dripping rain, footsteps. They                  A Death-ficer’s hand. I looked at the dominating man,       The Death-ficer frowned at my sudden relaxed attitude,         of the Death-ficers’ uniforms, my engineer corset, soaked
                       were the only things I was able to focus on.             eyes wide open with fear. He gave me a cruel and tri-       which made me smirk even more. I answered softly, like I       sleeves and skirt. The poverty of the street seemed light-
                       I was running in the dark streets of the city,           umphant look: he knew I was trapped. I desperately          would do to a child “I won’t make you beg me, I will make      ened up by the rich outfit of this man. It was clear that
                       turning right and left indefatigably, trying             tried to escape, moving and pushing the gigantic hand       you crawl under my feet.”                                      he was from the monarchy. Who else could look like that?
       to escape from the “Death-ficers 2”. I promised to myself                unable to escape. The man started to walk toward his                                                                       How had he been able to come here? He stopped in front
       that if I managed to somehow get rid of those officers, I                comrades, pulling me behind. When we reached the            I did not even have the time to finish my sentence; all        of me and I saw a worried look in his eyes.
       would make Erian pay for this. It was the first time in my               other policemen, I saw in front of them a small group       the Death-ficers started to move towards me in a syn-
       life I was that close to getting caught. Everything around               of people trembling on the muddy ground. He threw           chronized attack. The one who had spoken to me earli-          “Young lady, are you all right? “His voiced echoed in the
       me flashed as my heart raced to the rhythm of my foot-                   me in the mud with a soggy sound. There was no more         er was about to catch my right shoulder to throw me on         silent street like a dream. “You should not be outside at
       steps. From the dirty walls of the buildings at my sides                 fear: it had turned into rage. I sat on the ground and      the ground when a low but clear voice resonated in the         this hour and especially when it’s raining.”
       to the pipes above my head, everything was foggy and                     looked at those monsters with a disgusted gaze. I could     empty street.
       confused. Avoiding the half-asleep homeless people                       understand that they tried to catch the thief they were                               SAVED                                I decided to go along with the role of the young and in-
       and trash left behind by factories, I clenched my teeth                  chasing, but I could not stand that they were willing to                                                                   nocent woman he had given me. “I am, my lord, thank you
       and thought of how good it would be if the monarchy                      make collateral victims. Those people were innocent !       “Stop. Right. Now.”                                            for your concerns” I said with a little voice. It was obvious
       took care of the Ghetto’s people as much as they did for                 The monarchy’s hunting dogs talked in front of us, try-     That simple sentence made all the men stop as if they had      to him as to me that the people who went out at that time
       the High district. Easy to guess in which parts the rulers               ing to decide of what to do with us. From torture to        hit a wall. Shaken up, I blinked slowly and looked down at     were usually outlaws. He was trying, for some reason,
       and the workers lived.                                                   public executions, their ideas were all cruel and in-       the thick metal wrist protection the officer had on. My as-    to help me. He took off his cloak and wrapped it on my
                                                                                human. Around me, the prisoners were trembling and          sailant followed my gaze and his eyes opened wide. Dur-        shoulders, even if I was soaked. He turned towards the
       The run-down streets I ran in were those of the Ghet-                    crying. I was trembling too, but it was not fear anymore.   ing the attack, I had grabbed his wrist and had crushed        guards who hadn’t moved. “As for you, could you tell me
       to, the only place where I had a chance at escaping the                  I had trouble breathing from anger as I stood up slow-      the metal protection with my gloved hand. Wanting to           what you are doing? Your job is to find and capture out-
       government’s monsters. I kept my eyes wide open even                     ly, ignoring a woman nearby warning me to stay still. I     avoid any question about this curious strength from the        laws, not terrorize citizens.” Still calm as he spoke, it was
       if rain continued to fall hard. Not that I had a choice,                 could not feel anything but rage roaring in my heart.       Death-ficer in shock, I quickly turned to my right, towards    easy to see his rank. The authority he had on the Death-
       my life was on the line after all. I turned left, towards                The cold, the mud, the rain, even the people behind         the mysterious voice that had saved me.                        ficers was terrifying and amazing. Still holding his wrist,
       the black market. This was my last chance. The good                      me, everything disappeared. The officers turned to-                                                                        the same man who had attacked me answered with his
       thing with the black market was that it opened only at                   wards me, partly surprised, partly laughing. The nearest    I turned towards the street’s entrance, letting go of the      rough voice: “My lord, that was what we were doing. A
       night, and since it was almost 3 am, I would be able                     one approached slowly, like a predator would.               crumpled metal. A tall and impressive silhouette was           thief set off an alarm in the Royal District. We were chasing
       to hide in the crowd. A few lights appeared. I entered                                                                               standing in the street. The solitary yellow streetlight made   him when he ran in the black market. We could not find
       the crowd like a raindrop in the ocean, fast and subtle,                 “Look at that! The little miss seems angry! What do you     him look like an angel, with his tall boots and immaculate     him, but we caught these outlaws instead.”
       and started to move with the people around me. Some                      think you are doing clenching your little fists? Will you   white cloak protecting him from the rain that kept falling

       people shouted when the Death-ficers entered the nar-                    punch me till I beg you to stop?” the officer asked. Now,   like it would never stop. I wiped the rain from my face,       At that moment, the gracious face of the young lord

       row street. I followed the people’s panic movement and                   he was less than 2 meters from me. To look into his eyes,   stunned to see someone able to stop those monsters with        changed. He frowned as he looked at the people still sit-

       tried to get out of the chaos created by the Death-ficers’               I had to look up two-feet above my own head. I could        a single sentence. Still looking at the man’s figure, I no-    ting on the ground. He looked back at the officer saying

                                                                                not see any feeling or even humanity in those eyes, only    ticed that all the Death-ficers had knelt down. The man        “Those people were only curious about the black market.
       appearance. Then, I saw a tight space between two
                                                                                                                                            approached us in an elegant way, looking at me with gen-       You should have caught the merchants who organized this
       buildings and made my way quickly into it. As I was on                   bottomless black holes. Still gazing at him I gave him a
                                                                                                                                            tle but mysterious golden eyes. His presence was out of        market instead of them.” He sighed as if he were desper-
       the verge of reaching the space, a hand caught my left                   fearless smirk as tension left my body.
                                                                                                                                            place with the rest of us. The muddy citizens, the dark blue   ate of their incompetence. He moved to my left, a hand
       harm and pulled me behind with incredible strength.

       1 ThunderGear: Industrial city. Governed by a monarchy. Population: 4.75 million
P.26   2 Death-ficers (Death+officers): Policemen, guards, army of the town. Must eliminate enemies of the monarchy.                                                                                                                                                   P.27
in my back, and started to walk towards the entrance          other side of the apartment to take a remote control.
       of the street where he had come from. “I am heading           I pushed the red button and the peacock started to
       back to my apartments, I am taking care of this young         move with a soft sound. Turning its head and spread-
       lady.” We left them in the lurch as we finally got out of     ing out its tail, everything was working. Smiling like a
       that creepy place.                                            child, I turned off my creation and cautiously put the
                                                                     remote on the table to do a victory dance. I was so
       We walked further down to a horse-drawn carriage,             happy that everything was working that I never saw the
       one of the luxurious means of transportation of the           silhouette in the door frame. While I was swirling, I sud-
       “High Cast”, the rich people of the town. The two of us       denly heard a laugh. I stopped drastically and turned          as I tried to calm myself “Well, you know that I worked a          “But I’m here to make sure you are ready for the exhibit!
       were silent. When we reached the carriage, he made            towards the door, blushing as the newcomer walked              lot on this, and that it won’t be cheap, right? After all, it is   “Huh, you know I’m ready! Now lemme work!”
       me go in and took the reins, since there was no one           in the workshop.                                               one of my masterpieces!” He nodded as he was looking
       else to drive it. Heading silently towards an unknown                                                                        into the deep-blue glass “eyes” of the animal. “I think that       I pushed the annoying man out of my workshop.
       destination, I started to think about how it had all          “My dear Alethea, would you give me the pleasure of            a reasonable price for this peacock would be around
       started.                                                      telling me what is making you this smile?” He was smil-        1 000 silver gears.”                                                                        TRAPPED
                              MASTERPIECE                            ing softly at me as he would at a dog or an imbecile, in
                                                                     a way that nearly made me forget my happiness.                 He sighed and said in a serious voice “My dear, you know           July 09th, 2653, ThunderGear City, High District,
       Eight months earlier… July 08th 2653, ThunderGear                                                                            how hard it is for me to accept that price? But as I am a          02h37a.m
       City, Alethea’s apartment, 245 758 Gloom Avenue,              I came back to my usual self, hiding a disgusted look          man of my words and I will do as I said. The transfer will
       apartment Z-2086                                              behind a polite smile. “Lord Erian, it is always a pleas-      be done before the end of the day.”                                I was running in the dark streets of the Nobles’district,
                                                                     ure to see you here! I am sorry you saw this behavior                                                                             trying to remember the maps a friend had given me two
       Metal sparks were flying everywhere as I was cutting a        of mine.” I pointed towards my beloved creation. “As           As usual, he decided to stay even after buying what he             weeks before. This part of the district was well guarded,
       piece of metal with an electric saw. I always liked the       you may see, I just finished my last creation, based on        wanted. He said that he liked to see me work, but I could          and that was why I was so nervous. No other colleague
       smell of burning metal and rust. I straighten up from         a creature of the Modern Times 3, a peacock!”                  not focus on the conversation. I had something else in             had been able to go as far. It was stressful but so exiting
       the work table, as I held up the shining piece of metal                                                                      mind… Something much bigger than sculptures or Er-                 at the same time. I had always been lucky in my “part-
       I was holding in front on my eyes. It will be perfect!        He approached the work of art, examining it in detail. I       ian’s fantasies. Something forbidden but at the same               time job”, as I liked to call it. I suddenly stopped to avoid
       I turned with enthusiasm towards another work table           was quite nervous, because even if he made me mad,             time so right….                                                    a patrol of Death-ficers, hiding in the shadows of one
       that had some kind of bird on it. The shining gold and        he was one of my faithful clients. He really liked art                                                                            of the white buildings. I profoundly hate the High Cast
       blue sculpture seemed to look at you with curiosity. I        and he had bought several creations. Walking around            Five minutes after Erian finally left the workshop, the            people. They are so selfish that they do not even see the
       worked really hard on this sculpture. I am one of the         the peacock, I saw his smile change. He was caught             door opened again. I turned towards it, upset, because I           dying people in the streets. I shook my head to erase my
       rare ones to have a job that is pleasant to do. I’m an        by the piece and I was pretty sure he would buy it at          knew too well who was coming in.                                   thoughts, I needed to focus. Looking left and right, I de-
       artist engineer. I build metal sculptures and electric        high price.                                                                                                                       cided that it was safe now. I turned right and ran towards
       systems for the High Cast. I am working right now on                                                                         Jeter Sparks, or Jet, is a childhood friend. We grew up            my target, the “Millennial Tower”. This building was quite
       one of my masterpieces, the “Peacock”. This mythical          “And, my lord, what do you think of this piece? You            together in an orphanage. I escaped when I was 14 years            easy to see, since it was the highest in town. The tow-
       creature is a bird, – birds have been extinct for more        are the first customer to see it.” I said with a charming      old and got him out two years later.                               er is as impressive as the Royal Palace. I ran another 15
       than 500 years – It was known to be gorgeous with its         smile. Not able to turn away from the metallic bird, he                                                                           minutes before reaching the building, because 3 patrols
       long feathers that formed its tail. I was able to find pic-   answered in a whisper “Alethea… This is… absolutely            Jet acts like a big brother towards me and he is over-             who almost caught me. I avoided the main entrance of
       tures of this animal thanks to one of my clients who          brilliant! It is out of the question that I let someone else   protective. He hates the monarchy and tries to protect             the hexagonal tower and then took two brown leather
       works in ThunderGear’s records department. As I was           have it! Give me your price, my dear, and I will give it       me from them, even if I work for them.                             gloves from my bag. At first sight, they look like any work
       twisting the last piece with metal pliers, I was hoping       to you.”                                                                                                                          glove would but when I put them on, I can feel the mech-
       that at next week’s exhibit, I would be able to sell a                                                                       “This guy, the Diamond lord, he stays too long each time           anism in the leather. I created those gloves especially for
       lot of my creations. Wiping the sweat off my forehead         My jaw dropped. I knew he was ready to spend a lot             he comes here. He’s surely more attracted to the artist            cases like this. I pressed the button on the lapel of each
       with my left hand, I took a small torch with the right        on art, but this was the first time he had not negotiated      than the arts.” He said as he clenched his teeth.                  glove, and immediately, heard the motors at work. I bent
       one. I turned it on and heated up the metal feather.          the price.                                                                                                                        towards my boots and pushed a button releasing little
       When the bottom started to melt, I placed it on the                                                                          “Ignore him, Jet. And now, y’a know, I have work to do, if         hooks from the soles. My hands were trembling, but after
       head of the peacock. I waited impatiently for it to get       I looked at him, surprised, but I could not stop myself        you see what I mean…”                                              all, who would not, if they were about to rob one of the
       colder. The second the piece was in place, I ran to the       from showing a big smile. I slowly articulated my price                                                                           biggest buildings of the city. I climbed the building up

       3 Modern Times: The area before the Great Extinction.
P.28                                                                                                                                                                                                                                                               P.29
Vous pouvez aussi lire