ESPACE PUBLIC cahier - Maison de l'Urbanité
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21 /2017 cahier Afgiftekantoor 2099 Antwerpen X - P913782 - N° 21/2017, janvier – février – mars 2017 ESPACE E.R. Tom Dhollander - Diksmuidelaan 303 - 2600 Antwerpen (Berchem) PUBLIC Publication trimestrielle de Steunpunt Straten (VGB vzw) DOSSIER Perspectives Un boulevard urbain convivial à Marche-en-Famenne Namur, le nouveau visage du quartier de la Confluence Gouvernance urbaine et technologies : vers des villes intelligentes ?
POUR L’INITIATIVE DE QUARTIER LA PLUS FÉDÉRATRICE Matexi développe des quartiers durables où il fait bon vivre. Ce n’est pas un hasard si le slogan de Matexi est “Bienvenue chez vous”. Afin de promouvoir le sentiment d’appartenance à un quartier, Matexi va remettre, pour la deuxième fois, un Matexi Award à l’initiative de quartier la plus fédératrice. Ce prix récompense des initiatives fructueuses, temporaires ou permanentes, visant à rapprocher les voisins. Vous faites partie d’une initiative de quartier ou vous avez connaissance d’un projet de ce genre que vous souhaitez mettre en avant ? Surfez sans tarder sur www.matexi.be/matexiaward et inscrivez-vous en ligne !
EDITO Pierre Sauveur Ir. Architecte – Urbaniste Maison de l’Urbanité JULES VERNE, KUBRICK, … ? Qui peut prédire les perspectives que l’avenir de vie sur Trappist_1, exoplanète récem- camelots politiques malins et séducteurs, nous réserve ? ment découverte à 39 années lumières de indignes et incapables de la vision globale Pourtant, les développements technolo- notre planète bleue ? Il y a 50 ans, Kubrick, et généreuse que requiert la gestion de notre giques contemporains, dans les espaces pu- lui, ne faisait encore rêver qu’à Jupiter ! Le futur monde. blics comme ailleurs, balisent déjà différentes développement de la réalité virtuelle est déjà « Un homme, une voix », tel était le combat pistes d’évolutions potentielles. largement entamé ! La téléportation, mise en de nos pères. Les perspectives démogra- La reconnaissance faciale aura acquis d’ici scène dans Star Treck dès les années ‘60, fait phiques, la mondialisation de l’économie, peu un statut d’infaillibilité incontestable. encore partie des perspectives difficilement le souhait des hommes du Sud de vivre La miniaturisation permettra d’introduire imaginables aujourd’hui. Et demain ? « comme au Nord », le raz le bol de décou- dans le corps de l’homme, par une simple Mais la concrétisation de ces perspectives, vertes trop nombreuses de systèmes poli- injection, des traceurs encore inconnus à ce parfois encore actuellement au stade de tiques véreux, tout ça ne change-t-il pas jour. Demain, Big Brother pourra connaître rêve, réussira-elle à créer autre chose qu’une aujourd’hui les donnes ? Déjà des perspec- les détails de la vie de chacun d’entre nous, tranche de bonheur virtuel pour les utilisa- tivistes sérieux s’interrogent sur la future notamment grâce à ( ou à cause de …) un teurs et qu’un accroissement de richesse primauté d’une intelligence artificielle, pro- réseau mondial de caméras de surveillance. pour les producteurs ? Vous avez dit « chas- grammée pour conduire au vrai bonheur, plu- Et l’enregistrement des moindres détails de ser les marchands du temple » ? Le monde tôt que laisser ce soin aux mains d’humains votre vie terrestre tiendra sur quelques Gigas d’aujourd’hui compte un nombre croissant trop facilement corrompus ou tendancieux d’une carte mémoire. de faux prophètes ! Depuis peu, à tous les dans leurs choix ! niveaux, on ne s’étonne presque plus de voir Les hommes politiques tiennent conférence s’installer le népotisme, de voir foulés aux Cet éditorial peut sembler morose et pessi- au travers de leur hologramme ! Les drônes, pieds les droits de la presse, les droits des miste, car il est écrit au lendemain de scan- qui font partie de perspectives partiellement femmes, les droits de l’homme -surtout des daleuses découvertes d’abus et de détourne- maîtrisées, deviendront de plus en plus auto- plus faibles-, … N’atteint-on pas la limite de ment du pouvoir politique. Mais ces affaires nomes et rendront aussi bien des services de rupture entre démocratie et populisme ?! (Nethys, Publifin, …) ne devraient-elles pas distribution Zalando que leurs services guer- Voilà qui risque d’engendrer une perspective être le déclencheur qui permettrait d’enta- riers, déjà en application aux quatre coins d’avenir bien peu motivante si la réaction mer une immense remise en question de du monde. Les petits robots rendent actuel- n’est pas organisée dans l’urgence. Car si l’on nos systèmes de gestion politique, sociale, lement service dans les structures de troi- s’en tenait à un schéma tendanciel, demain, démographique (bientôt l’horizon de 10 mil- sième âge. Ils grandiront ! La perspective de une bonne partie de l’Europe et du monde liards…) et autres ? cryogénisation de masse fera rêver le peuple dit « civilisé » élèverait de plus en plus au Et j’aime imaginer nos villes de demain cou- d’un espoir d’éternité de vie terrestre… ou rang de chef d’état, des petits chefs de clan, vertes de lieux de débats, d’échanges, de réflexions prospectives, de recréation d’une nouvelle joie de vivre. J’imagine des milliers de petit « central parc » des années ’70 où « LA TÉLÉPORTATION, MISE EN SCÈNE le « Frère Alfred » des vieux liégeois côtoie- DANS STAR TRECK DÈS LES ANNÉES ‘60, rait les immigrés, pour échanger leurs expé- riences, leurs espoirs, leurs perspectives. FAIT ENCORE PARTIE DES PERSPECTIVES J’imagine bien ces lieux publics qui partici- peront à nous donner une raison de vivre et DIFFICILEMENT IMAGINABLES de rencontrer l’autre. Nous devons les multi- AUJOURD’HUI. ET DEMAIN ? » plier, leur donner forme et leur permettre le dialogue refondateur de l’urbanité. 3 janv ier – févr ier – mar s 2017
SOMMAIRE 3 EDITO 3 Jules Verne, Kubrick, … ? (Pierre Sauveur) 6 LES BRÈVES 6 Nouvelles brèves, actualités DOSSIER 9 E N P R AT I Q U E 9 Un boulevard urbain convivial à Marche-en- Famenne (Jean-Michel Degraeve) 11 Namur, le nouveau visage du quartier de la Confluence (Michel JEHAES) Perspectives 15 AU-DELÀ DES FRONTIÈRES 18 À chacun son intelligence… et ses perspectives. 15 La Haie, entrée verte (Steven Delva) (Pierre Sauveur) 22 Gouvernance urbaine et technologies : vers des villes 17 DOSSIER intelligentes ? (Jean-Michel Degraeve) 28 Une ville ne naît pas Smart, elle le devient ! (Aglaée Degros) 40 CITOYENS ET SOCIETÉ 31 Réinventons Liège! (Jean-Christophe Peterkenne) 40 Réfléchir, concevoir et réaliser ensemble 34 Better Street (Jérôme Sauveur) (Luk Vanmaele) 37 Recherche scientifique axée sur des routes durables pour l’avenir (Olivier Van Damme) 42 L’ I N T E R V I E W 42 Sept questions à Peter Cabus 44 P O L I T I Q U E D E L’ E S P A C E P U B L I C 44 L’espace public doit recréer de la nature (Jan Vilain et Tom Dhollander) 48 AMÉNAGEMENT ET MOBILIER 49 COLONNE INFOS cahier ESPACE PUBLIC 4
Solutions pavage Pavés en terre cuite: place à la couleur! La gamme de pavés en terre cuite de Wienerberger comprend un large éventail de styles et formats, aux teintes uniformes ou nuancées. Ces matériaux totalement naturels à la surface égale réduisent l’accumulation de saletés. Grâce à leur durabilité et à leurs qualités esthétiques particulières, les pavés en terre cuite indéformables et résistants à la décoloration de Wienerberger sont des solutions idéales pour tous les projets de pavement. Résistants au gel, sûrs par temps de pluie et résistants à un trafic lourd, les pavés en terre cuite demandent peu d’entretien. Et grâce à leur large éventail de variantes, ils s’intègrent au paysage urbain en parfaite harmonie. Wienerberger sa, Kapel ter Bede 121, 8500 Kortrijk T 056 24 96 16, F 056 22 87 11 info@wienerberger.be - www.wienerberger.be Visitez nos showrooms de Courtrai ou Londerzeel
LES BRÈVES © D.R. Légende : Le projet de chaussée d’Ixelles CHAUSSÉE D’IXELLES : DES TRAVAUX À PARTIR DU MOIS DE MAI La chaussée d’Ixelles va changer de visage dans les prochains mois, s’avère un véritable défi qui devra être bien négocié, ne serait-ce avec des travaux débutant en mai et qui vont durer 8 à 10 mois. qu’en terme de visibilité et de compréhension pour les usagers. Ces L’objectif est de réaménager complétement, de façade à façade, la changements iront de pair avec une augmentation de la fréquence zone qui s’étend de la porte de Namur à la place Fernand Cocq. Cette et de la capacité de la ligne de bus qui dessert la chaussée. dernière fera l’objet de son propre réaménagement dans un second temps. Ce projet, qui a été initié en associant les commerçants et les ri- verains au processus, devrait modifier le quartier en profondeur et En ce qui concerne la Chaussée d’Ixelles, il s’agira de pacifier la cir- lui donner une véritable identité, positive et attractive. En tout cas, culation en proposant une zone apaisée avec une chaussée de plain- c’est tout le mal qu’on lui souhaite ! pied, où seuls les riverains, les taxis et les bus pourront y circuler en journée. Le trafic « normal » reprendra en soirée. Ce double-statut SCHRÉDER COLLABORE À SMART CITIES Schréder est le leader mondial des solutions intelligentes pour l’éclairage extérieur. L’entreprise est devenue partenaire du Smart City Institute, une organisation à but non lucratif qui stimule la recherche, l’enseignement, l’innovation et la fonction d’entrepreneur pour contribuer ainsi à la croissance de villes intelligentes. Aujourd’hui environ la moitié de la population mondiale vit en transition vers une technologie intelligente. Pour y contribuer, environnement urbain. En 2050, ce sera, selon les estimations, 70 Schréder est devenu partenaire du Smart City Institute pourcent. Cela augmente la pression sur les villes pour offrir les infrastructures et les services nécessaires, pour impliquer les habi- ➜ Plus d'infos tants et aider le secteur économique à prospérer. Selon Schréder, la bonne collaboration entre villes, monde économique et habitants est la clé pour aider les villes à naviguer judicieusement dans la cahier ESPACE PUBLIC 6
DES VILLES EUROPÉENNES DE PLUS EN PLUS LIBRES DE VOITURES Toujours plus de villes européennes réduisent la position privilégiée de l’automobile dans l’environnement de la rue. Madrid, Hambourg, Milan, Copenhague, Gand et Helsinki prennent l’initiative d’améliorer la qualité de vie dans leurs centres en limitant l’usage de la voiture. Des évolutions remarquables se déroulent également à Ljubljana, Paris et Oslo. © www.oslo.kommune.no Ljubljana fait figure de modèle de la ville l’usager faible. A l’exemple de Lyon, les rives Lire plus sur Ljubljana moderne sans voitures. La capitale slovène sont transformées en boulevards verts et zo- fut la première ville est-européenne cou- nes de jeu. De plus, dès 2020 aucun véhicule ronnée Green Capital of Europe (Capitale diesel ne pourra plus pénétrer à l’intérieur verte de l’Europe). En 2006 fut créée une du périphérique. Paris rencontre régulière- ‘zone écologique’ sans voitures. Dix ans plus ment des problèmes de smog ; ces mesures Lire plus sur Paris tard, cette zone est six fois plus grande. Dix doivent offir un soulagement sur ce sujet. hectares du centre ville sont réservés aux promeneurs, cyclistes et transports en com- A Oslo également, la qualité de l’air est un mun. Il en est résulté une réduction de 70 argument important pour enrayer les ef- pourcent des gaz d’échappement au centre fets néfastes de l’automobile. Le centre de la Lire plus sur Oslo ville. Le label ‘Green Capital of Europe’ a capitale norvégienne doit être entièrement déjà été décerné dans le passé à Copenha- libre de voitures d’ici 2019 et son utilisation gue et Stockholm. sur le territoire de toute la ville doit dimi- nuer d’un cinquième. Paris fait également des pas de géant dans le sens d’un centre ville sans voiture. Dans les quatre districts centraux, l’automobile n’est plus la bienvenue et la maire Anne Hidalgo veut aussi rendre les quais de la Seine à 7 janv ier – févr ier – mar s 2017
Projet de place de Heer-sur-Meuse DES FEUX DE CIRCU- LATION POUR LES © Hastière / Dessin et construction UTILISATEURS DE SMARTPHONES Dans la ville néérlandaise de Bodegraven-Reeuwijk on se faisait des soucis pour les promeneurs, utilisateurs de smartphones. Parce que leur attention est entièrement tournée vers leur écran, ils sont HEER-SUR-MEUSE : très vulnérables. Bodegraven- Reeuwijk a imaginé un projet de RÉAMÉNAGER UN CENTRE DE VILLAGE test innovant. Les centres de village sont trop tériaux différentiés suivant les zones ; Sur toute la largeur d’un passage zébré, une fréquemment défigurés à cause de par la mise en place de plantations et de ligne éclairée est incorporée dans le trot- routes permettant une traversée du mobiliers urbains adéquats ; par la révi- toir. La ligne de led l’éclaire en rouge ou en village rapide, mais insécurisée et peu sion du système d’éclairage pour le ren- vert en même temps que la signalisation de conviviale. Heer-sur-Meuse a décidé d’y dre plus économique et performant ; … circulation pour les piétons. Les opinions remédier et son centre va connaître Les travaux de ce projet, qui bénéficie sur cette ‘prestation de service’ aux utilisa- une métamorphose où sécurité et con- du financement « Smart Cities & Sustai- teurs de smartphones sont partagées. Veilig vivialité seront les maîtres-mots. Cela nable Development » de Belfius et de la Verkeer Nederland (Circulation Sûre des passera par l’aménagement d’une véri- Banque européenne d’investissement, Pays-Bas) estime que l’utilisation du smart- table place communale en lieu et place devraient débuter au printemps 2017 et phone n’a pas sa place dans la circulation d’un carrefour routier ; par le rétrécis- s’achever début 2018. Une preuve que le et qu’un mauvais comportement est ainsi sement d’une rue existante dans le but phénomène de « Smart Cities » ne con- récompensé. L’expert en circulation de la de réduire la vitesse des véhicules ; par cerne pas uniquement les grandes ag- commune de Bodegraven-Reeuwijk, Dolf la réfection des voiries, chaussées et sta- glomérations. Rondenburg, trouve que cette intervention tionnements ; par l’utilisation de ma- profite à la sécurité routière « Vous ne pou- vez pas empêcher la tendance du smart phone » dit-il, « mais vous pouvez l’anticiper SAMBREVILLE : LA GRAND- en améliorant l’aménagement de la route » PLACE D’AUVELAIS ET SES ➜ Visionnez le film sur You Tube RUES ADJACENTES Fin 2016, l’échevin de Travaux de Sam- partir du 7 mars et pour une durée de breville, François Plume, déclarait 140 jours ouvrables, les voiries pavées que la commune souhaitait mettre fin adjacentes vont être remplacées et mi- au parking gratuit de la Grand-Place ses en zone 30 (travaux planifiés en 3 d’Auvelais, qui accueille quotidienne- phases). Un plus pour l’amélioration du ment plusieurs dizaines de voitures. cadre de vie et pour la sécurité routière C’était déjà dans cette optique qu’un au- au centre-ville, en attendant une solu- tre parking situé à proximité, derrière tion viable pour le stationnement sur la l’église et l’administration communale, Grand-Place. avait été agrandi. Mais ce projet pavé de © HIG Traffic Systems] bonnes intentions n’en était encore qu’à ➜ Pour plus d’infos sur les travaux l’étude et cette évolution prendra sans en cours : http://www.sambre- doute des années à se concrétiser. ville.be/actualites/des-travaux- Mais cela n’empêche pas d’autres tra- vont-debuter-dans-le-centre- vaux de se lancer dans les alentours im- dauvelais médiats de cette Grand-Place. En effet, à cahier ESPACE PUBLIC 8
Une dynamique positive se met en place EN PRATIQUE UN BOULEVARD URBAIN CONVIVIAL À MARCHE-EN-FAMENNE Dans la poursuite d’une rénovation urbaine exemplaire, la ville de Marche-en-Famenne a transformé la voirie de type autoroutier longeant le centre ancien en un boulevard urbain © J-M.Degraeve convivial. Cet aménagement de l’espace public remet les piétons et les cyclistes au sommet de la hiérarchie des mobilités. Jean Michel MARCHE-EN-FAMENNE, PÔLE RÉGIONAL Degraeve, architecte- LA PROMENADE URBAINE A l’articulation des provinces de Luxembourg, Liège et Namur, urbaniste La particularité de ce boulevard urbain est Marche-en-Famenne constitue le pôle de développement du Nord de Correspondant de la la création, dans la partie longeant l’an- Maison de l’Urbanité la province du Luxembourg et du Sud-Est namurois. La ville mène cienne ville, d’une voie destinée aux modes depuis 1979 une opération de rénovation urbaine de son centre an- doux au milieu des deux bandes de circula- cien. Mais celui-ci restait coupé des faubourgs par la nationale Liège- tion automobile. Cette solution originale sé- Marche qui rejoint la nationale Bruxelles-Arlon au Sud-Ouest de la curise les déplacements. En effet, le nombre ville. Réalisée durant les années 1960 du « tout à l’auto », cette voirie de traversées de voiries débouchant sur le à large gabarit présentait deux fois deux bandes de circulation auto- boulevard est ainsi réduit entre les ronds- mobile. Elle constituait une coupure dans le tissu urbain et générait points ouvrant les pôles commerciaux au d’importants problèmes de mobilité: embouteillages aux cinq feux Sud-Ouest et au Nord-Est du centre-ville. De de signalisation, traversées dangereuses de nombreux carrefours,.… nombreux passages pour piétons assurent La réalisation du contournement nord de la ville a été l’occasion la perméabilité nécessaire entre la voie pour les autorités locales de transformer cet axe de transit automo- douce centrale et les rives du boulevard qui bile en un boulevard urbain sécurisant et agréable. En reliant des donnent accès aux commerces riverains quartiers séparés, le boulevard urbain rend la ville aux Marchois ! et aux différentes parties de la ville. Bien que les vélos ne soient pas prioritaires dans PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT les ronds-points et que les piétons doivent Le réaménagement réalisé vise au partage de l’espace public par tous emprunter les passages piétons latéraux, la les usagers. Il s’agit d’assurer la fluidité des déplacements automobiles courtoisie prévaut. Régulièrement, les voi- tout en donnant la priorité aux mobilités douces. La place dédiée à tures s’arrêtent pour laisser passer piétons l’automobile est réduite à deux bandes de circulation complétées de et cyclistes ! Réinterprétant la conception parkings latéraux. La surface ainsi récupérée est attribuée aux modes des boulevards néo-classiques(1), la prome- doux. L’espace dédié aux piétons est élargi. Des pistes cyclables en site nade centrale offre un espace agréable aux propre connectent les voies lentes du réseau Ravel en provenance des modes doux de déplacement. communes voisines d’Hotton et Rochefort et relient le centre-ville à la gare de Marloie sur la ligne Bruxelles-Luxembourg. Cette recomposi- « Le boulevard UNE DIMENSION CULTURELLE tion des espaces de mobilité est complétée d’alignements d’arbres et Au-delà de la mobilité, les autorités lo- urbain rend agrémentée d’éléments de mobilier urbain: bancs, poubelles, lumi- cales apportent également une attention naires,.… Conçus par le bureau Survey & Aménagement, les travaux la ville aux à l’esthétique des aménagements. Vu sa ont été réalisés en 5 phases entre 2010 et 2013. Leur coût de six millions Marchois » situation à la lisière de la ville ancienne, le d’euros a été cofinancé par la Wallonie, les Fonds européens et la Ville. boulevard urbain est l’occasion de commé- 9 janv ier – févr ier – mar s 2017
© Ville de Marche 1 « LA PROMENADE CENTRALE OFFRE UN ESPACE DE DÉPLACEMENT AGRÉABLE AUX © J-M.Degraeve MODES DOUX DE DÉPLACEMEN » 2 1 D’une coupure morer l’histoire de la ville tout en l’intégrant dans la modernité. Les au gabarit ➜ Plus d’infos vestiges des fondations des anciens remparts découverts lors des tra- autoroutier … https://www.marche.be/administration/ 2 … à un agréable vaux sont mis en valeur. Les tourelles reconstituées sont ornées de wp-content/blogs.dir/2/files/2013/01/ boulevard urbain ! sculptures évoquant les anciens métiers de la ville. De nombreuses BC83_Mar10.pdf œuvres d’art scandent le boulevard et rythment la traversée de la urbanisme@marche.be ville. Chaque rond-point dispose d’une sculpture centrale créant des perspectives visuelles remarquables. UNE ÉVALUATION POSITIVE 1 JM.Degraeve, « Le patrimoine néo-classique à Bruxelles, un atout pour l’espace public », L’opération est une réussite ! La reconquête de l’espace urbain par Espace public n°18, pp 31-33 les piétons et cyclistes qui parcourent le boulevard urbain durant toute l’année en témoigne. Seul bémol, la fluidité du trafic automo- bile est réduite aux heures de pointe par les nombreux véhicules qui continuent d’utiliser le boulevard pour traverser une ville où l’on compte 13.000 emplois et un bassin scolaire de 7000 étudiants. Une fois le contournement entièrement terminé, la fonction de transit du boulevard laissera la place à une mobilité locale, notamment « LE REMODELAGE par l’interdiction des poids lourds. Mais, au-delà de l’amélioration des mobilités, le boulevard urbain engendre un développement de DU BOULEVARD la ville. Les enseignes commerciales se bousculent pour s’implan- ter sur le boulevard. Les rez-de-chaussée commerciaux couplés à RENFORCE LE GOÛT DE des logements aux étages ramènent des activités et des habitants en centre-ville. La bonne qualité architecturale des constructions VIVRE DANS LE CENTRE DE neuves et des rénovations de bâtiments existants transforme les façades bâties du boulevard. Ce remodelage de la séquence urbaine MARCHE-EN-FAMENNE » du boulevard renforce le goût de vivre dans le centre de Marche-en- Famenne. cahier ESPACE PUBLIC 10
EN PRATIQUE Confluence, Namur NAMUR, LE NOUVEAU © DE GRAEVE-NONET-DUCHENE-3XN-BEE-JNC VISAGE DU QUARTIER DE LA CONFLUENCE Au pied du majestueux site de la Citadelle de Namur, l’espace de la Confluence (aussi appelé «Grognon») est le cœur géographique et historique de la ville. A Michel Jehaes, Chef ttirés par l’eau, les premiers habitants s’y sont établis de département des ailleurs, le Conseil communal a choisi de dès la Préhistoire et une activité portuaire y est attestée Voies publiques, Ville faire confiance à un jury composé d’experts de Namur depuis l’époque romaine. Cependant, dans la deuxième reconnus et d’agents communaux pour moitié du XIXe siècle, la concurrence du chemin de fer a la sélection des candidats et l’analyse des provoqué le déclin du port et le transfert des activités économiques offres, sous la présidence de Marcel Smets. vers le haut de la ville. Dès le début des années 50, une politique Dix équipes composées d’architectes, pay- d’assainissement et du « tout à la voiture » a conduit petit à petit à la sagistes, bureaux d’études et entreprises de destruction totale du quartier laissant un vide pendant plus de cin- travaux ont posé leur candidature. Les cinq quante ans. Cinq décennies marquées par un flot impressionnant meilleures ont été invitées à remettre une de projets et de débats passionnés sans qu’aucun projet d’envergure offre mais, seules trois équipes ont répon- ne recueille l’unanimité et parvienne à s’imposer. du. Les offres de l’entreprise Strabag Bel- gium SA ainsi que des associations momen- Inscrite dans la Déclaration de politique communale et dans le Pro- tanées De Graeve SA – Nonet SA– Duchêne gramme stratégique transversal, la requalification du quartier de SA et Eraerts SA- Jan De Nul NV– Kumpen la Confluence est une priorité de l’autorité communale. L’octroi, en SA ont été analysées sur base de 4 critères 2015, d’une subvention FEDER de près de 11 millions d’euros sur dont le plus important portait sur la qua- des investissements de plus de 18 millions ainsi qu’un partenariat lité du projet (60/100 points). Le critère prix avec la Wallonie permet de concrétiser, à l’horizon 2020, plusieurs avait été plafonné de 8.470.000 € HTVA et projets qui vont redonner vie au quartier. Il s’agit de modifier la chaque soumissionnaire a utilisé la totalité circulation pour retrouver un contact direct avec la Meuse, de favo- de l’enveloppe. La qualité a été évaluée en riser la mobilité douce en créant une passerelle cyclo-piétonne pour termes de structure urbanistique et paysa- relier Namur et Jambes et de créer une vaste esplanade répondant à gère, de qualité architecturale, d’innova- une triple fonction : événementielle, touristique et citoyenne avec tion, de mobilité, de durabilité et d’attrac- un bâtiment dédié à l’innovation urbaine. La revitalisation du quar- « L’espace tivité urbaine. tier s’accompagne également de la création d’un parking souterrain Horeca, au de 670 places. niveau des Les trois projets de grande qualité pro- quais, et sa posent deux approches très différentes : Compte-tenu du caractère symbolique du site et de l’ambition pour vaste terrasse deux projets s’inscrivent dans le langage son aménagement, la Ville a choisi de lancer un marché sous forme minéral et militaire de la Citadelle avec offrent une vue d’un concours de travaux pour la conception et la réalisation de une connexion au fleuve assez limitée et l’aménagement de l’esplanade et du « Port numérique », bâtiment imprenable sur des bâtiments enterrés. Ces projets se dis- dédié à la « ville intelligente ». Cette procédure avait pour objectif le confluent. » tinguent par leur sobriété et la discrétion d’attirer des équipes internationales et de susciter la créativité. Par du bâtiment au profit du paysage. Le projet 11 janv ier – févr ier – mar s 2017
« UNE NOUVELLE PASSERELLE PIÉTONNE ET CYCLABLE RELIE NAMUR ET JAMBES, DE L'AUTRE CÔTÉ DE LA MEUSE. » © DE GRAEVE-NONET-DUCHENE-3XN-BEE-JNC 1 lauréat propose un langage plus ouvert sur le fleuve avec des formes C’est donc un projet contemporain tout en organiques et une grande mixité minéral/végétal ainsi qu’une ar- retenue qui a fait l’unanimité auprès des chitecture plus audacieuse. Ce projet est le fruit de l’association mo- forces politiques et de la population.. mentanée De Graeve SA – Nonet SA– Duchêne SA avec les bureaux d’architecture 3XN (Copenhague) et Bee Architects (Namur), JNC ➜ Plus d’infos International pour les paysages, Arcadis pour les techniques spé- Ville de Namur ciales et la stabilité, Lateral Thinking Factory pour l’innovation et Michel JEHAES, Chef de département Radiance 35 pour la mise en lumière. des Voies publiques Hôtel de Ville, 5000 Namur Le cœur du projet est traité comme une clairière urbaine qui per- Tél. +32 (0)81 24 65 10 met de connecter entre eux les différents espaces et d’accueillir des www.ville.namur.be événements. Toute la façade « Meuse» du projet est ouverte sur le fleuve avec un jeu de gradins qui invite Namurois et touristes à la redécouverte du fleuve. Un écran végétal permet d’isoler l’esplanade de la circulation routière tout en ménageant des connexions pié- tonnes et cyclistes. Sur l’esplanade, le végétal se mixe avec le mi- « Le projet néral dans une structure à plusieurs niveaux qui conduit jusqu’au lauréat propose « Port numérique » dont la toiture devient un lieu de promenade un langage sous forme d’un jardin suspendu. Le « Port numérique » propose une architecture contemporaine tout en courbe, vitrée sur toute sa hau- plus ouvert sur teur tant du côté de l’esplanade que du côté Meuse. L’espace Horeca, le fleuve avec au niveau des quais, et sa vaste terrasse offrent une vue imprenable des formes sur le confluent et invitent le promeneur à s’arrêter. A l’étage, l’es- organiques pace d’accueil et la salle polyvalente en connexion avec l’esplanade et une se veulent une « vitrine de la ville intelligente, vitrine d’une Région architecture innovante ». La nuit, des mâts discrets apportent un éclairage en nappe douce tandis que les bancs longeant les bordures végétales et plus les gradins sont éclairés de manière indirecte pour souligner leurs audacieuse. » formes. cahier ESPACE PUBLIC 12
© DE GRAEVE-NONET-DUCHENE-3XN-BEE-JNC 2 © DE GRAEVE-NONET-DUCHENE-3XN-BEE-JNC © DE GRAEVE-NONET-DUCHENE-3XN-BEE-JNC 3 4 1 Le visage de la Confluence à l’horizon 2020. 2 Le toit du bâtiment reçoit un jardin suspendu qui © DE GRAEVE-NONET-DUCHENE-3XN-BEE-JNC invite à la promenade. 3 Le restaurant avec vue imprenable sur le confluent. 4 L’espace d’accueil en mezzanine sur le restaurant. 5 L’espace d’accueil et la salle polyvalente du « Port numérique » en contact direct avec l’esplanade. 5 13 janv ier – févr ier – mar s 2017
AU DELÀ DES FRONTIÈRES Entrée verte, La Haye POUR LA HAYE, UNE PORTE D’ACCÈS QUI NE MANQUE PAS D’ALLURE Celui qui débarque à la gare centrale de La Haye peut aller de tous côtés: entrer dans la ville dynamique, ou sans dépense d’énergie supplémentaire, dans le Haagse Bos. Pour beaucoup de visiteurs, touristes, navetteurs et Haguenois, la gare constitue la porte d’accès à la ville. Avec un profond réaménagement, elle présentera prochainement l’allure qu’elle mérite. Steven Delva , DELVA DELVA Landscape Architects a considéré la gare comme l’‘entrée Landscape Architects teurs, visiteurs et touristes nationaux ou / Urbanism verte’ de La Haye, partie importante du programme ‘Entrées muni- étrangers qui arrivent en ville par la gare cipales’. Leur projet gagnant englobe un espace unique avec, entre centrale. Déjà, sous l’imposante Halle muni- autres, la Koningin Julianaplein (Place Reine Juliana) à côté de la cipale, ils ressentent la grandeur, l’élégance gare -zone verte historique du Koekamp- , le Malieveld et le Haagse et l’allure internationale de La Haye, ville à Bos (Bois de La Haye), ainsi qu’un certain nombre d’allées. Par une la mer et capitale juridique du monde. approche intégrée du projet paysager, de l’histoire culturelle, de la mobilité, de l’interprétation programmatique et de la technologie, Quatre entités forment ensemble l’entrée le plan de l’entrée verte est exceptionnel. Il porte en lui un indé- verte: la place Koningin Juliana, le Koekamp niable caractère typiquement Haguenois. ou camp des cerfs, le Koninklijk Stadspark (parc royal municipal) et le Malieveld. Un DENSIFIER, VERDIR ET CONSERVER ensemble d’espaces verts encadrés par les La Haye a l’ambition d’ajouter d’ici 2021 un total de 25.000 nouveaux allées typiques de La Haye. logements dans la zone urbaine. Quelque 10.000 d’entre eux seront construits à proximité immédiate de l’entrée verte. Cette densifica- DES TRANSITIONS FLUIDES tion signifie inévitablement davantage de pression sur la circula- L’entrée verte relie entre eux des endroits tion, l’espace public et les espaces verts. Un saut systémique précis et qui, au cours des années, se sont retrouvés décisif au niveau du plan de mobilité est nécessaire pour accoupler isolés les uns des autres. Cela commence la densification avec une amélioration du cadre de logement et de déjà dans le hall municipal, qui se raccorde vie. La Haye dispose d’un calendrier de mobilité défini qui oriente à la gare et qui se poursuit sans transition les nouveaux projets de développement, avec lequel la ville devient jusqu’à la place Koningin Juliana. Pas de une zone accessible qui facilite l’utilisation croissante de la bicy- portes ou portails étroits, mais une vue clette et donne aux transports en commun tout l’espace nécessaire magnifique sur la nature et l’animation. La à la poursuite de leur développement. L’approche vise à créer de place offre aussi bien un lieu d’orientation, l’espace en réduisant - dans certaines zones – la place réservée aux qu’un lieu de séjour et de transfert enchan- Ce grand espace automobiles qui circulent et qui stationnent. Là où c’est possible, teur. L’espace se poursuit sans contrainte de vert représente l’espace réservé aux piétons sera encore agrandi, comme une tache la place au Koekamp jointif. Ici, le contraste d’huile. Par de meilleures liaisons piétonnes et cyclables, se crée une depuis toujours est vif entre le centre ville animé et l’espace ville de l’avenir, durable et vivable. une vue vert calme, agréable et luxuriant : un croi- importante sement qui met à nu la diversité de la ville. PORTE D’ACCÈS de La Haye, A faible distance de l’entrée verte se trouvent beaucoup de minis- déterminante HALLE MUNICIPALE ET tères, ambassades et ONG, la Maison provinciale, le quartier des PLACE KONINGIN JULIANA de son image de musées et le centre de La Haye. Bien plus qu’un carrefour routier, En sortant de la gare, on se retrouve dans cette entrée est donc aussi une porte d’accès symbolique. Avec l’en- marque l’espace de séjour de l’imposante halle trée verte, La Haye distribue sa carte de visite aux milliers de navet- municipale. Le Stadshal, avec son plafond cahier ESPACE PUBLIC 14
© Collectif ‘Jardin de l’Abbé Firket 1 unique de Droit et Paix, abrite des commerces horeca et de détail. La place Koningin Juliana, qui, aujourd’hui, avec son caractère urbain, contraste violemment avec la zone verte du Koekamp et le Haagse © Collectif ‘Jardin de l’Abbé Firket Bos, sera demain un espace de transition où il fera bon s’arrêter. La nouvelle place verte municipale commence déjà sous le Stadshal (Parc municipal) et se fond dans son environnement vert. En ren- forçant la relation entre la place et le parc, un espace plus grand se crée, qui invite à bouger et à s’y arrêter. Bouger à l’ombre et s’arrêter au soleil. L’espace et l’échelle font droit à ceux de la Stadshal et du nouveau bâtiment Koningin Juliana. Le coeur battant de la place est un pavillon avec des jeux d’eau. La statue de la Reine Juliana est posée dans le prolongement du Bezuidenhoutseweg. Cette allée for- 2 tement arborée forme la charnière entre la place et le parc. PARC MUNICIPAL ROYAL AVEC LE KOEKAMP Le grand espace vert des Haagse Bos, Malieveld et Koekamp repré- sente depuis toujours une vue importante de La Haye, déterminante pour son image de marque. Le Haagse Bos est le plus ancien parc © Collectif ‘Jardin de l’Abbé Firket municipal des Pays-Bas. Le Koekamp fut réaménagé en 1839 en style paysager par l’architecte paysager renommé J.D. Zocher jr, dont le style y est toujours reconnaissable. Graduellement les zones du Ma- lieveld et du Koekamp furent isolées de la ville et du Haagse Bos. Le site est aujourd’hui un fouillis indéterminé d’espaces. Il redeviendra cohérent et sera remis à l’honneur dans le plan de DELVA Landscape Architects. Ainsi se crée un parc municipal continu qui s’étend de la Utrechtsebaan au Prinsessengracht avec le Koekamp en plein cœur. 3 Au centre du Koekamp se trouve les locaux de la gestion forestière 1 Le nouveau pavillon forme le cœur de la place de l’Etat, aujourd’hui encore un peu dissimulée dans le camp des Koningin Juliana. cerfs. DELVA intègre l’endroit au sein du Zocherpark réaménagé, 2 Entrée du garage à vélos pour 8.500 cyclistes. 3 La halle municipale comme élément de la place de sorte que la base opérationnelle se retrouve sur une île, entou- Koningin Juliana. rée d’eau. Cette île forme le tremplin depuis la ville ou la place Koningin Juliana vers le Haagse Bos. La couverture partielle de la Utrechtsebaan ouvre toute la zone aux usagers faibles de la route. Une liaison cyclable et piétonnière sera établie entre le parc mu- nicipal et le Haagse Bos. La structure aquatique de Zocher accom- 15 janv ier – févr ier – mar s 2017
© Collectif ‘Jardin de l’Abbé Firket 1 © Collectif ‘Jardin de l’Abbé Firket © Collectif ‘Jardin de l’Abbé Firket 2 3 1 Vue depuis le pagne l’homme et l’animal entre bois et parc. L’axe royal entre le nouveau parc créent eux-mêmes l’espace public à l’ins- palais Noordeinde et la Maison Ten Bosch est enfin rétabli avec un municipal sur tant choisi. le nouveau pont promenade au dessus de la Utrechtsebaan. développement de la place Koningin PLANNING LE MALIEVELD EST Juliana. DELVA Landscape Architects-Urbanism DOTÉ D'UNE PISTE DE SPORT 2 Vue sur le très actif poursuit actuellement avec le bureau Le Malieveld est aujourd’hui un grand espace ouvert essentielle- Malieveld avec, d’ingénieurs Den Haag la réalisation des ment utilisé comme lieu de manifestations. Un nouvel élément inté- à l’avant plan, la différents espaces partiels comme la place ressant s’y ajoute : la piste de sport du Malie. A l’endroit où se jouait piste sportive de Koningin Juliana, le parc municipal, le Ma- autrefois le ‘jeu de Malie’ – comparable au croquet – sera installé Mondrian. lieveld, la couverture de la Utrechtsebaan un élément allongé unique, qui permet la pratique de nombreux 3 La nouvelle porte et les différents nouveaux ponts. Les tra- sports. Le jeu d’autrefois y trouve à nouveau sa place, tout comme d’entrée comme vaux de la place Koningin Juliana ont déjà les sports contemporains, sur un tapis qui a tout d’une œuvre d’art. élément de liaison débuté. Cette partie et le parc municipal entre le palais L’inspiration pour la forme de cette bande de terrain vient de la seront réceptionnés ensemble en 2019. Noordeinde et la dernière œuvre inachevée de Mondrian, la Victory Boogie Woogie. Maison ten Bosch. La nouvelle interprétation incorpore l’œuvre dans la modernité et ➜ Plus d’infos : introduit la digitalisation dans l’espace public. Un éclairage lié au www.delva.la mouvement ou une application mobile fait en sorte que les passants cahier ESPACE PUBLIC 16
DOSSIER Perspectives 18 À chacun son intelligence… et ses perspectives. 22 Gouvernance urbaine et technologies : vers des villes intelligentes ? 28 Une ville ne naît pas Smart, elle le devient ! 31 Réinventons Liège! 34 Better Street 37 Recherche scientifique axée sur des routes durables pour l’avenir © shutterstock 17 janv ier – févr ier – mar s 2017
DOSSIER À CHACUN SON INTELLIGENCE… ET SES PERSPECTIVES Les uns accorderaient volontiers la priorité aux économies d’énergie, les autres préfére- raient donner la leur aux tableaux numériques de parcages informatisés, … Aujourd'hui, les concepteurs de quartiers ou de villes, loin d’essentiellement théoriser, un peu comme au temps des CIAM (1), préfèrent, plutôt que de jouer au démiurge, soit s’inspirer d’op- tions sectorielles (numérique, sécuritaire, énergétique, …), soit prendre le pouls de la population et laisser s’épanouir des évolutions citoyennes -ou commerciales-. Le poids de chacun de ces choix est sans doute le reflet de tendances politiques dominantes des territoires concernés. Car aujourd’hui, le responsable politique est souvent tenté de décliner prioritairement la Smart City -appellation à laquelle nous préférerons naturel- lement celle de ville intelligente-, dans le sens de ses propres options ou de celles qui lui semblent être les plus opportunes. Pourtant, in medio virtus. C Pierre Sauveur, architecte- e dossier « Perspectives » comporte notamment urbaniste, Maison PERSPECTIVES, TENDANCES trois articles relatifs aux villes intelligentes. Deux de l’Urbanité asbl ET ÉVOLUTIONS villes et quartiers sont décrits, l’un sous la plume Nous voilà en plein dans notre sujet. d’une urbaniste, l’autre d’un stratège. Un troisième Les perspectives, les tendances, les article analyse, sous la plume d’une sociologue, spécialiste évolutions. des relations entre technologie et santé ! Les contenus en Au delà du débat sur le PPCD (plus pe- sont bien complémentaires. tit commun dénominateur pour ceux Les quartiers durables, appellation aujourd’hui déjà un peu qui n’appréciaient pas trop les maths) écornée, ont déjà cédé la une aux villes intelligentes (2), dé- de tous ces espaces définis comme «Lulu dans ma laissant ainsi une appellation un peu trop «mode» au pro- intelligents, la notion essentielle à rue» est une des fit d’une nouvelle appellation, pourtant déjà galvaudée et plus sympathiques prendre en considération, le véritable beaucoup trop «fourre tout». D’ailleurs, au passage, la ville applications moteur de l’évolution, ou du moins ce intelligente gobe souvent la ville durable… parisiennes de qui devrait l’être, c’est quand même service d’échange. © Lulu dans ma rue cahier ESPACE PUBLIC 18
DOSSIER « POUR LE TEMPS LIBRE, LES ESPACES PUBLICS S’ÉQUIPENT » © Pierre Sauveur bien le bonheur de vivre, la qualité de L’HOMME PEUT PARTICIPER À LA PRODUC- vie. En ville. TION DE MULTIPLES AMÉLIORATIONS DE Et l’approche de cette notion relève SON MILIEU essentiellement de la logique floue. L’homme, s’il n’est pas encore aujourd’hui heureux de tous Un peu comme la longueur de la côte ses temps et espaces de vie, peut par contre souvent par- bretonne. ticiper à la production de multiples améliorations de son C’est bien ce constat qui m’a inspiré milieu ! ces commentaires en tête de dossier. Pour améliorer la mobilité en ville et dégager les rues de Jules Verne avait beau laisser rêver aux l’afflux d’une mobilité encombrante, il a imaginé les pié- vaisseaux nécessaires à l’exploration tonniers, des substituts intelligents (3), il loue pour la nuit de milieux jusqu’alors inexplorés ! En des emplacements occupés le jour par les véhicules de bu- fin du XIXe siècle, Robida anticipait le reaux ou de zonings commerciaux, il infléchit petit à petit XXe au travers d’avancées futuristes : ses habitudes de déplacements urbains. La marche et le développements sociaux, promotion vélo augmentent leur cote. Sans compter la floraison de sociale des femmes, pollution… moyens alternatifs qui n’a comme limite que l’esprit in- ventif de l’homme (4). Aujourd’hui, au XXIe, notre vie est en- « On découvre core cadencée par ces débats, ancien- Pour leur travail, les citoyens modifient leurs habitudes partout de nement visionnaires. Mais en plus, elle au profit du télé-travail -dont on entrevoit aujourd’hui les se trouve aujourd’hui confrontée aux nouvelles limites objectives-, d’autres privilégient le co-working ; «courses chez Delhaize», à la garde initiatives d’autres encore rapprochent leur domicile du bureau pour alternée du «petit», au trop long che- de citoyens délaisser le temps-embouteillage au profit du temps-plai- min du travail, au «mister cash» en qui veulent sir. panne, à l’appel des séries TV, …, en Pour le temps libre, les espaces publics s’équipent. La pro- collaborer à bref, à une quotidienneté actuelle, qui duction de modules divers, pour tous âges, foisonnent l'amélioration ne laisse que peu de temps pour rêver (du skate parc au parcours vita). La ville ou le quartier se d’une ville qui nous comblerait par son de leur ville » colore de mille activités sympathiques, de mille convivia- intelligence. lités, de mille nouveaux comportements qui constituent 19 janv ier – févr ier – mar s 2017
DOSSIER © Ville de Liège Allier les temps libres sans doute le ferment des meilleures avec les emplettes … d’édiles éclairés». Il propose de « …privilégier la proximité, perspectives du développement ur- penser aux habitants, inciter les entreprises locales à dépen- bain de demain. ser sur place, revaloriser les abords de la gare, faciliter l’accès aux transports publics, organiser des explorations urbaines, De plus, pour participer à l’améliora- rendre leur fierté aux habitants, … tout ceci contribue à la tion de la ville, la démocratie partici- revitalisation urbaine. Pour réussir ce pari, il faut moins de pative engendre également de nou- discours grandiloquents ou d’inaugurations spectaculaires veaux gestes citoyens -avec plus ou et davantage d’actions concrètes de la part de tous les ac- moins de bonheur-. (5) teurs qui sont appelés à réagir.» Les idées foisonnent. Les SEL (6) se répandent. Sur le même type de sujet, Plein de petits bouts de bonheur. N’est-ce pas ça créer une « Lulu dans ma rue » (7) est une des bonne partie de la réelle intelligence de nos villes. Bien au plus sympathiques applications. delà de la simple technologie. Toutefois, d’aucuns préféreront sans doute mettre en avant Pour élargir le débat et réfléchir aux les robots testés par la SNCF (8), les caméras de sécurité et solutions à apporter aux problèmes autres applications électroniques qui, au-delà d’une utilité « Plein de des villes atteintes par la lèpre com- flagrante mais contestable, continueront à fleurir au gré du petits bouts merciale (volets baissés, vitrines développement de ce secteur commercial émergent et flo- sombres et vides, …) (toutes les villes de bonheur. rissant. ne peuvent pas -encore- être intelli- N'est-ce pas Vivement la ville « globalement intelligente » ! gentes !?), les professionnels sont à ça créer une l’écoute. Olivier Razemon, journaliste bonne partie militant, relève que «dans de nom- 1) Les congrès internationaux d'architecture moderne ou CIAM (de 1928 à 1956), de la réelle breuses villes, moyennes ou petites, se sont nés du besoin de promouvoir une architecture et un urbanisme fonction- intelligence de manifestent des réactions salutaires, nels, réflexions portées à l’époque par Le Corbusier, Rietveld, Steiger, .... des astuces inédites, nées d’initia- nos villes? » 2) Claire Lobet, dans son article -voir infra-, soulève la question de savoir tives citoyennes comme de décisions si, jusqu’ici les villes étaient bêtes. On pourrait se demander, au vu des cahier ESPACE PUBLIC 20
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