SUR LA CAMPAGNE ACTUELLE CESSEZ LE FEU! - GSSA
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JAB case postale 1211 Genève 8 changements d’adresse: GSsA, CP 151, 1211 Genève 8 gssa@gssa.ch Organe d’échanges et de débats du Groupe pour une Suisse sans Armée GSsA Journal No 104 Août 2015 H I E R S P É C I A L AV E C U N CA E A C T U E L L E N SU R LA CAM PAG C E SS EZ LE FE U ! r e s s u r l ’ i n i t i a tive atu Feuilles de sign ationales responsables pour des multin
2 GSSACTIF GSsA Journal No 104 Août 2015 PROGRAMME D’ARMEMENT Editorial l’organisation de défense des droits des en- Chères lectrices, chers lecteurs, Blocus anti-drone fants Children Defense International (CDI), 164 enfants ont succombé des suites de l’of- fensive militaire israélienne «Protective Edge» L’axe central de cette édition a pour titre «Cessez le feu !» - la nouvelle campagne de la Le 26 mai, l’entrée principale de la place contre Gaza l’été passé. CDI et de nombreuses GSsA, que nous souhaiterions vous présenter dans un cahier spécial aux pages 5 à 8. d’armes de Thoune fut bloquée par des organisations de défense des droits humains activistes, empêchant ainsi les membres reprochent aux forces armées israéliennes Le titre seul véhicule l’essentiel de notre revendication : mettre fin aux tirs. Nous voulons de la commission de la politique de sécuri- d’avoir violé le droit international humanitai- que la Suisse cesse de soutenir les conflits internationaux. Notre campagne s’articule té (CPS) des deux conseils d’y pénétrer. re en commettant des attaques documentées à autour de quatre axes : nous souhaitons tout d’abord attirer l’attention sur le financement L’action avait pour but de protester contre contre des civils. Le gouvernement israélien de grandes entreprises d’armement par les banques suisses, le soutien à la recherche l’achat planifié de six drones militaires avec pourrait facilement contrer ces accusations en système d’armement à l’entreprise israéli- fournissant les enregistrements vidéos des ces militaire dans les instituts de formation en Suisse, les exportations quotidiennes de maté- enne Elbit Systems. drones – ce qu’il refuse catégoriquement. ’riel de guerre ainsi que le lobbying mené au Parlement pour de plus grandes dépenses Par Jannik Böhm La Suisse planifie ainsi une coopération mili- militaires au profit de l’industrie de l’armement. taro-industrielle avec un état qui est fortement Alors que les membres des deux CPS arri- soupçonné d’avoir commis des crimes de guer- Vous y retrouverez également des rapports des nombreuses activités auxquelles des vèrent au matin du 26 mai pour se rendre à la re par le biais d’un système d’armement qui membres de la GSsA ont participé, comme l’action contre l’achat des nouveaux drones «présentation du matériel du programme doit, aujourd’hui, être amélioré par la fine fleur Hermes 900 (p.2), la récolte de signatures couronnée de succès pour le référendum d’armement numéro 15», ils furent reçus par de la technologie Suisse. Ce qui ne permet contre une nouvelle caserne à Genève (p.9), ou, au niveau européen, la participation à un comité d’accueil inhabituel : l’entrée était évidemment pas d’exclure que ces drones ne jonchée de cadavres ensanglantés. Les activis- seront pas à nouveau utilisés à l’avenir dans des la rencontre ENAAT (p.2). tes s’étaient enchaînés à un drone et, à l’aide de situations en violation avec le droit humanitai- A la liste des thèmes abordés s’ajoute la question de «l’interventionnisme humanitaire» pancartes, ont appelé les membres du Parle- re international. (p.10) ou la militarisation de la politique d’asile suisse (p.9) et européenne (p.11). L’ave- ment à refuser l’achat controversé des drones Bien que le Conseil National ait avalisé l’achat, nir de l’armée suisse (p.3) et de l’armement sera également abordé: achat de matériel et à ne pas soutenir des crimes de guerre. il doit encore passer aux Etats avant de pouvoir De nombreuses sources indiquent que le dro- finalement être signé. Nous n’abandonnons de guerre inutile dans les programmes d’armement à venir (p.4) ou encore la tentative ne militaire Hermes 900 a été impliqué pas et allons essayer d’empêcher la conclusion de se procurer de nouveaux avions-cargo (p.3). dans des crimes de guerre par le passé. Selon de ce contrat. Pour finir, un appel : participe, toi aussi, à notre campagne «Cessez le feu» : comman- de du matériel de campagne et distribue-le autour de toi, soutiens-nous en partageant avec nous des idées d’actions ou en en organisant une toi-même. Deviens part d’une campagne qui essaie de retirer aux guerres leurs fondements matériels ! Pour l’équipe de rédaction: Adi Feller FITAMIN 2015 Un cesser-le-feu pour l’industrie de l’armement! Action de blocade devant l’entrée de la place d’armes de Thoune. Rapport du week-end du 4 et 5 juillet mement – rythmées par des pause-baignades qui a eu lieu au camp de scouts de dans la rivière adjacente – ont constitué la Neuenegg, où nous avons profité du journée. Les corps et esprits fatigués furent Fitamin pour fignoler les derniers soutenus par une cuisine toujours prête à rem- détails de notre campagne. plir les ventres. Le soir, c’est autour de grilla- ENAAT Par Lewin Lempert des et de bières que les participant-e-s ont pu se préparer pour le lendemain – journée Le combat européen contre le matériel de guerre Il a fait une chaleur caniculaire ce week end là. réservée à la planification du lancement de la Chaque année se tient une rencontre entre les mouvements locaux, et en particulier les Mais l’intéressant programme et la proximité campagne au premier août. Au petit matin, les membres du Réseau européen contre le protestations contre les fréquents salons de de la rivière nous ont permi de survivre à la après une nuit passée à la belle étoile pour commerce des armes, qui a pour but vente d’armes. Parmi les thèmes principaux fournaise. Un peu reculé, le camp des scouts certain-e-s, les conditions étaient optimales. d’échanger au sujet des recherches et acti- abordés, la vente d’armes dans la région du offrait un cadre idéal pour pouvoir faire abou- Grâce au foisonnement d’idées, de critiques et vités de chacun. La rencontre a eu lieu cette Moyen-Orient a occupé de nombreuses dis- tir tous les aspects de notre campagne «Cessez de suggestions, il nous a été possible de nous année à Brno, en République Tchèque. Com- cussions, en particulier les importations massi- le feu!». Le samedi, des ateliers autour des préparer pour les mois à venir et nous sommes me à son habitude, le GSsA était de la partie. ves par des états comme l’Arabie Saoudite ou thématiques de l’exportation de matériel de aujourd’hui disposés à mettre fin au commer- Par Nora Komposch les Emirats Arabes Unis, qui redistribuent les guerre, de la clause civile et du lobby de l’ar- ce de la guerre avec élan ! armes achetées à des groupements islamistes En guise d’ouverture de la rencontre de trois tel que Daech ou les utilisent eux-mêmes pour jours, une discussion publique autour de la s’engager dans des conflits, au Yemen par question «Arming for Peace?» a eu lieu, occa- exemple. sion de disséquer la situation mondiale de l’ar- En conclusion du week end, les rapports na- GSSA AU NIVEAU NATIONAL mement en chiffres ainsi que l’argumentation tionaux démontrèrent la multiplicité et la di- Une fusion couronnée de succès fallacieuse de l’industrie militaire et des états qui soutiennent activement le commerce de versité des activités des groupes antimilitaristes en Europe. matériel de guerre. La discussion fut animée, (tl) Après une coopération toujours plus intensive ces dernières années entre le GSoA grâce à des intervenants et un public particu- section Suisse et le GSsA Genève, il fut logiquement décidé à l’unanimité par les deux lièrement critiques et informés. organisations de fusionner. Le contrat de fusion a été signé par deux représentants des bureaux des deux associations, ce qui permet aujourd’hui d’étendre la coopération aux La vente d’armes dans les zones questions organisationnelles et administratives. Par exemple, les adresses des sections de guerre sont maintenant administrées à un niveau central, la comptabilité est devenue unique, et Dans le cadre des discussions internes, la si- le journal est produit et édité dans les deux langues. De ce rapprochement naissent de tuation des conflits dans le Caucase, ainsi que nouvelles synergies, qui nous permettent de nous engager plus efficacement encore pour le traffic d’armes et la course à l’armement une Suisse et un monde plus pacifiste. Un vrai renouvellement pour le GSoA/GSsA, qui dans la région, fut présentée par l’expert et dé- lui permet de s’engager d’une seule voix dans toute la Suisse pour la cause pacifiste et fenseur des droits de l’homme Artur Sakunts. antimilitariste. Un objecteur de conscience de Corée du Sud Le ENAAT de cette année, une réussite avant tout était également présent et a fait un rapport sur grâce à l’engagement de ses participants.
3 SUISSE GSsA Journal No 104 Août 2015 AVIONS DE TRANSPORT MILITAIRES Une alliance impie de la raison Une coalition inhabituelle, formée des utiliser pour des déportations.» Les avions de l’été dernier, le Conseil fédéral a déjà confir- Verts, de l’UDC, du PBD ainsi que de cer- transport militaires étaient prévus pour des mé que pour les transports «vers le contingent taines ailes du PS et du PDC, a bloqué expulsions de niveau 4, au cours desquelles suisse (au Kosovo) les offres commerciales provisoirement l’achat de nouveaux avions les personnes devant être renvoyées sont me- sont bien plus avantageuses que la possession de transport militaires. Le GSsA lui aussi nottées, attachées et sous surveillance de la et l’entretien d’avions propres.» Le parlement a aidé à empêcher à la fois une débâcle police. Des méthodes qui ont déjà provoqué va se concerter cet automne lors de prochaines financière et une facilitation des vols d’ex- de nombreux décès. motions parlementaires à propos de l’achat pulsion pour un temps. d’avions de transport militaires. Une partie de Par Andreas Weibel Coût estimé : deux à trois milliards la fraction du PS est pour l’achat, dans lequel Les aspects financiers de l’affaire sont aussi elle voit une victoire symbolique pour plus de Les conditions ont au moins le mérite d’être matière à polémique. L’alliance contre le Gri- missions à l’étranger. Le GSsA va lancer dès claires : si la Suisse achète de nouveaux avions pen – constituée du GSsA, du PS et des Verts cet automne une campagne d’information afin de transport militaires, ils seront utilisés avant – a toujours insisté sur le fait que le DDPS de faire réaliser à ce grand groupe de la gauche tout par les autorités pour des expulsions de devait rendre public le coût total – incluant les le prix financier et humain de ce symbole. migrant-e-s. Les partisans des nouveaux avi- prévisions de coûts liés à l’entretien futur du ons pour l’armée suisse ont toutefois essayé matériel – lors de chaque achat de matériel mi- d’argumenter, lors du débat au Conseil natio- litaire. Et cela est également valable pour les nal, qu’il n’était légalement pas possible d’uti- avions de transport militaires. Lors du débat liser des avions de transport militaires pour parlementaire, Ueli Maurer a dû confesser des vols d’expulsion. Selon eux, aucun pays que cet achat constituait en fait un «investis- ne délivre d’autorisation d’atterrir à de tels sement d’une valeur de 200 à 500 millions de transports. francs et des coûts annuels d’une bonne dizai- Dans les faits, et comme rapporté par le journal ne de millions de francs.». Rapporté sur la du- «Wochenzeitung», l’aviation militaire suisse a rée de vie des avions, les sommes atteignent déjà utilisé des avions de l’armée de taille ré- deux à trois milliards de francs. duite pour des expulsions de force ces derniè- res années. Même Ueli Maurer, chef du DDPS, Alors que les programmes d’austérité se font a dû se justifier devant le Parlement : «Nous som- toujours plus drastiques, de telles dépenses mes en contact avec le Département de justice paraissent difficile à justifier. Et ceci particu- et police (DFJP) afin de tester d’éventuels vols lièrement alors qu’il existe des solutions bien d’expulsion. [...] Je ne vois pas pourquoi nous meilleur marché que d’acheter ses propres avi- ne pourrions pas aussi les [avions de transport] ons. Dans une réponse à une interpellation Une variante armée d’un avion de transport C-130 Hercules. DÉVELOPPEMENT DE L’ARMÉE Une réforme interminable, dénuée de sens et de concept Après le refus surprise du Conseil national publié la même année. Celui-ci confirmait que à la pointe de la technologie, surtout à l’inté- tres militaristes du Parlement, cette fois-ci il a du dernier chapitre de la réforme de l’ar- la structure de l’armée se révélait «surdimension- rieur. Ainsi, le DEVA ouvre la voie au échoué. Sa tentative de rallier les membres du mée lors de la session d’été, Ueli Maurer née et condamnée à la sous-dotation compte déploiement de l’armée pour des questions PS pro-OTAN par la promesse de déploie- se retrouve confronté à un fiasco total. Un tenu du faible potentiel de recrutement» et de politique intérieure, et ce aussi bien pour ments à l’étranger tout en garantissant la tran- résultat peu étonnant étant donné que la que le défi majeur futur posé à l’armée serait des «activités d’intérêt public» que des quillité des bourgeois par un contingent de réforme proposée ne contenait ni analyse probablement un soutien subsidiaire des au- «manifestation d’importance nationale». Cet- 140’000 hommes et un budget de 5 milliards n’a de risque adéquate, ni concept de sécurité torités civiles de «nature purement civile» ne te formulation vague servirait de base légale à pas fonctionné. Au lieu du compromis visé, il censé. L’armée semble ne pas être capable nécessitant «pas l’intervention de troupes ar- un déploiement de l’armée partout et à chaque a réussi à se mettre toutes les fractions à dos, de se dépêtrer de la crise profonde dans mées». Les scénarios de menace restent vagues fois que cela chante les cantons et le DDPS. de la gauche à la droite, menant le Conseil na- laquelle elle végète durablement. et irréalistes, à l’exception des catastrophes De plus, la loi prévoit explicitement que ces tional à rejeter le concept en entier après six Par Thomas Leibundgut naturelles. En conséquence, il est prévu de ré- soldats peuvent être armés. heures d’âpres débats. duire le contingent de l’armée à seulement Si l’on se base sur le rapport de politique de sé- Bien que ce soit la question de ce que devrait Le DEVA aurait pu être une véritable occasi- 20’000 hommes environ pour la préservation curité et le rapport de l’armée publiés en 2012, coûter l’armée qui ait principalement mené au on de réformer l’armée de façon sensée. Au des capacités de défense de l’armée (total : les conséquences à en tirer seraient de massi- rejet du DEVA, le résultat démontre bien la début, l’initiative du DDPS était prometteuse. 80’000), avec un budget de 4,4 milliards de vement réduire la taille de l’armée en raison crise profonde et continue dans laquelle se Le rapport de politique de sécurité de 2012 a francs par an. Aujourd’hui, le nombre d’hom- de la menace extérieure quasi non-existante et trouve actuellement l’armée suisse. Celle-ci informé le Conseil fédéral des besoins urgents mes se chiffre à 220’000 pour 4,4 milliards de ainsi de dégager des ressources supplémen- ne pourra pas être surmontée par des pas mi- de réforme de l’armée. Au centre, un besoin francs environ. taires pour les défis civils de la Suisse, que ce neurs comme ceux que propose le DEVA, urgent de «changer d’accent», étant donné que soit la protection contre les catastrophes, la mais nécessite une réforme profonde. Malgré la défense contre un ennemi extérieur n’est Le processus actuel de développement sécurisation des assurances sociales ou la son rejet en première session, il n’est pas exclu plus considérée comme une menace. Selon le de l’armée (DEVA) comme réforme question du changement climatique. Or le que le DEVA soit toutefois accepté par le Par- Conseil fédéral, en 2012, la «compétence pour moderne ? DEVA, lui, prévoit une armée haute techno- lement au second tour, une possibilité qui fe- la défense contre une attaque militaire» Quelques années plus tard, lors de la présen- logie qui trouve son sens et son but dans le rait de cette farce une tragédie. devrait se réduire à un «système quantitatif tation du projet du DEVA, le Conseil fédéral déploiement contre sa propre population. réduit au minimum». Une diminution du nom- et le Parlement ont complètement retourné bre de militaires restant exclue pour des rai- leur veste. Soudain, on chiffrait à 140’000 le Le DEVA est rejeté au Parlement sons démographiques. nombre d’hommes nécessaire à l’armée, pour Si Ueli Maurer, dans le cas d’autres affaires de A la suite de ce premier rapport, la nécessité un budget de 5 milliards. Et tous ces gens se politique de sécurité, pouvait compter sur d’agir a été thématisée dans un autre rapport devraient d’être déployés avec un équipement l’obéissance absolue de sa fraction et des au-
4 SUISSE GSsA Journal No 104 Août 2015 PROGRAMME D’ARMEMENT Austérité et programme d’armement – ou l’art de combiner l’incompatible. Bien que les dépenses pour la défense véhicules par pièce se montait en 1993 à milliard de francs de crédit non utilisés à dis- d’investir, par exemple, un milliard de francs nationale de la Suisse augmentent constam- 166’000 francs, inflation prise en compte. Au- position de l’armée depuis 2003 en témoignent. dans la «communication mobile» ou encore ment depuis 2006, les militaristes et le jourd’hui, l’armée compte investir 263’158 par De son coté, l’Office fédéral armasuisse, qui est d’acheter des camions pour un montant de Conseiller fédéral Ueli Maurer se plaignent pièce dans la réhabilitation des véhicules – une seul responsable pour l’approvisionnement en 500’000 francs. Et tandis que le DDPS prévoit constamment de manques au niveau de maintenance au coût presque deux fois plus matériel de l’armée, essaie aujourd’hui de des dépenses supplémentaires, le Conseil fé- l’équipement de l’armée et de moyens trop élevé que le prix d’origine. sous-traiter des projets d’achats futurs à des en- déral va soumettre à consultation, après les vo- limités. Un état des lieux. treprises privées afin d’accélérer le processus tations de novembre, un nouveau plan d’éco- Par Stefan Dietiker Des crédits surévalués d’acquisition de matériel militaire. nomies pour 2016. Et si cela ne suffisait pas en- Depuis qu’Ueli Maurer est Conseiller fédéral, core, d’après les prévisions, la Confédération En 2006, les dépenses pour la défense nationa- il a déjà imposé des programmes d’armement Futurs approvisionnements pourrait faire des déficits de 2017 à 2019. La le s’élevaient à 4,2 milliards de francs – pour d’un montant de 3,6 milliards de francs au Par- Le journal «Blick» a publié à la mi-mai un Confédération doit économiser – mais la ques- 2018, elles sont budgétées à 5,1 milliards. Bien lement. Et ce, bien que l’armée ne soit pas en document original du DDPS montrant que tion de savoir si l’armée y sera forcée reste en- que le Conseiller fédéral UDC Ueli Maurer ait mesure d’acheter du matériel de guerre pour l’armée prévoyait des programmes d’approvi- core ouverte. Il semblerait que jusqu’à au- laissé entendre, lors de la session d’été, que le les montants promis et dans le temps imparti sionnement supplémentaires d’environ 5 mil- jourd’hui, le Parlement ait bien volontiers budget de l’armée n’atteindrait pas les cinq par le Parlement et le Conseil fédéral. Les 1,5 liards de francs de 2016 à 2020. Il est prévu exaucé les souhaits de l’armée. milliards prévus en raison des mesures d’éco- nomies de la Confédération, il planifie tout de même un programme d’armement supplémen- taire de 1,1 milliards de francs. Il ne semble apparement pas vraiment être question de mesures d’économies à l’armée. Le coûteux assainissement des Duros Au sein du programme d’armement supplé- mentaire pour 2015, ce sont les véhicules tout- Non à l’augmentation GLOSE terrain Duro achetés en 1993 qui se taillent la part du lion avec 500 millions prévus pour le des dépenses militaires ! Prise de pouvoir « maintien de leur valeur ». Et ceci, bien que (af) Certains sondages font dresser les plusieurs millions de francs aient déjà été in- oreilles : d’après la majorité des interrogés vestis par le biais des programmes d’armement lors d’une étude menée par l’École poly- 2013, 2014 et 2015 dans un parc automobile technique fédérale de Zurich, la société surdimensionné – qui devra être réduit lors de privée Securitas serait la première instan- la prochaine réforme de l’armée. L’assainisse- ce responsable de la sécurité dans le ment prévu des 1900 véhicules Duro pèse par- pays. Grâce à une image favorable au ticulièrement lourd dans la facture : le prix des client, elle a délogé sans violence l’Armée suisse de sa position et a ainsi de facto ré- cupéré le monopole étatique. Félicitations ! Le Securitas peut être mobilisé dans n’importe quelle situation- et ce, sans for- mation préalable et à des prix défiant toute concurrence. Même les augmentations conséquentes du budget de l’armée des dernières an- nées n’ont rien pu y changer. L’armée es- saie tout de même de contrer cette ten- dance en achetant une myriade de joujoux haute-technologie, mascarade d’attracti- vité et de crédibilité. Sur la liste des cour- L’EXPÉDITION MILITAIRE EN FRANCHE-COMTÉ ses, on retrouve de nouveaux véhicules tout terrain Mercedes, qui, malgré leur La dernière attaque militaire de la Suisse équipement rudimentaire, sont néanmoins deux fois plus chers que la version de luxe avec cuir et sièges chauffants. Viennent La dernière attaque militaire de la Suisse n’est que grâce au bon sens de quelques par- Il peut paraitre regrettable de voir à quel point ensuite les nouveaux drones sans pilote, a eu lieu il y a exactement 200 ans. Et cet lementaires alémaniques que la Suisse ne ten- la représentation ahistorique des débuts de la qui doivent être accompagnés lors de événement devrait être une source de ta pas d’annexer le Chablais pour le compte du neutralité Suisse après Marignan est répandue. chaque second vol, car s’ils volent seuls, réflexion au moins aussi importante que coté sud du lac Léman. Le premier général de Dans un même temps, l’impact de ce mythe in- ils représentent un danger pour l’aviation Marignan. Par Andreas Weibel la Suisse, Niklaus Franz Bachmann, se permit venté à la fin du 19ème siècle a ses bons côtés civile. Enfin, l’armée s’est également do- lui-aussi certaines libertés avec le concept. An- : d’autres pays utilisent des guerres du Moyen tée de nouvelles armes pour ses simula- L’interprétation faite par l’UDC de la bataille cien mercenaire dans les armées françaises et Âge pour attiser le ressentiment contre leurs teurs de guerre, afin que les soldats ne de Marignan en tant que moment fondateur critique conservateur de la Révolution fran- ennemis contemporains ou pour justifier le s’ennuient plus en cours de répétition. Et de la neutralité Suisse est en contradiction çaise, il fut nommé Haut Commandant des rétablissement d’un honneur violé ou la récu- la cible de cette offensive de charme est avec la réalité historique, et donc un mythe. troupes suisses après le retour de Napoléon pération de territoires perdus par la force. la jeunesse. Ainsi, dans le canton du Va- Bonaparte en 1815, il y a de cela exactement lais, un commandant de l’armée a invité Cette interprétation va également fondamen- Nous, Suisses, sommes heureusement éparg- des parents et leurs progénitures à venir talement à l’encontre de la relation des «pères 200 ans. Avec une armée de 20’000 hommes, il nés par de tels discours. Si le prix à payer pour observer de près son arsenal. Toucher est spirituels» du parti bourgeois à la neutralité. envahit la Franche-Compté et prit Pontarlier l’absence d’un militarisme agressif est la prise autorisé et même encouragé. La taille des Les conservateurs du 19ème et du début du ainsi que deux fortifications françaises. Afin en otage d’un mythe national – la neutralité – enfants semblait même inversement 20ème siècle avaient une vision bien plus de donner le coup de grâce à cette soi-disant par les bourgeois-conservateurs, on peut bien proportionnelle aux armes qui leur furent étroite de la neutralité que celle des bourgeo- neutralité, il s’allia à l’armée autrichienne, qui leur laisser leurs contes de fées. Ceci ne doit placées entre les mains. La suite logique is d’aujourd’hui : pour eux, une attaque mili- elle aussi avait déclaré la guerre à Napoléon. cependant pas empêcher le souvenir des guer- parait être des obusiers blindés pour les taire restait une option viable si elle venait à se L’attaque contre la France tourna cependant à res inutiles de la campagne de Franche-Comté bébés. Un cadeau de l’Etat aux parents présenter. Quelques exemples : durant la pre- la débâcle : les soldats se mutinèrent car ils vou- et de Marignan, dans lesquelles se sont jetées pour chaque naissance, pour encourager mière guerre mondiale, il y a eu des tentations laient rentrer faire la récolte de leurs champs, têtes baissés les élites militaires suisses d’alors. la production de futurs soldats. Et qui ne parmi quelques gradés de l’armée de profiter les officiers se disputèrent et la logistique s’ef- sait qu’en faire, ou n’a pas de place dans de la faiblesse de l’Italie pour « récupérer » le fondra. Depuis, aucune autre unité militaire le garage pour le moment, peut simple- Veltlin. Pendant l’affaire de Savoie de 1860, ce suisse n’a jamais attaqué un pays voisin. ment exporter ledit char à l’étranger.
5 GSsA Journal No 104 Août 2015 CAH I E R S P É C I A L Le commerce des armes, les investissements dans les entreprises d’armement, la recherche militaire dans les universités ainsi que les lobbys de l’armement dans la Berne fédérale sont les quatre piliers de l’industrie de l’armement en Suisse. Bien que les profits de la guerre et de la mort soient très élevés, ce phénomène est seulement perçu de façon marginale par la population. C’est contre cela que nous voulons nous défendre ! Par Lewin Lempert Les industries de l’armement subsistent grâce aux conflits mili- inquiété par des profits en baisse, le groupe d’intérêts de l’ar- taires et à l’instabilité globale. Les entreprises suisses veulent mement a réussi à assouplir la loi sur le matériel de guerre, per- elles aussi vendre leurs produits et obtenir leur part du gâteau. mettant à nouveau de fournir légalement du matériel de guerre Ainsi, il est simple de percevoir l’intérêt qu’elles ont à la désta- à des états violant gravement et systématiquement les droits de bilisation mondiale, à l’insécurité globale et aux conflits armés : l’homme. Le GSsA exige que la Suisse mette fin au commerce elles tirent leurs profits de la guerre. Pour les banques, les com- de la guerre, interdise le commerce de l’armement et les inves- pagnies d’assurance et les caisses de pension helvétiques, les tissements dans les entreprises productrices d’armes et intro- entreprises d’armement représentent des investissements profi- duise une clause civile pour la recherche et l’enseignement dans tables. Plus les états s’arment, meilleur est le retour sur inves- les établissements de formation supérieure. Ainsi seulement, la tissement – les états ont donc un intérêt financier concret à la Suisse pourra accomplir sérieusement son mandat constituti- course aux armes et aux guerres. D’un coté, les entreprises onnel de respect des droits humains et de contribution à une d’armement locales produisent pour le compte des armées du coexistence pacifique entre les peuples. Par le biais de la cam- pays, de l’autre, elles doivent se profiler sur le marché mondial pagne „Cessez le feu!“, nous voulons ouvrir un débat public de l’armement en termes de profitabilité. Et pour cela, elles ont sur la question, afin de définir si nous voulons être une partie besoin d’innovation et de recherche, ente autres en collaborati- du problème ou de la solution. En ce sens, nous avons établi on avec hautes écoles suisses. Un nombre important de person- quatre revendications : nes font de la recherche sur contrat de l’industrie de l’armement 1. Pour une interdiction de l’exportation de matériel et de l’armée dans les écoles polytechniques, les universités et les de guerre ! HES suisses. Ainsi, le système académique est instrumentalisé 2. Pas d’argent suisse investi dans les conflits autour afin de développer de nouvelles technologies militaires. Cette du monde ! relation entre entreprises privées et politique officielle est mas- 3. Pour une recherche et un enseignement civils ! sivement soutenue par le lobby de l’armement. Cela représente 4. Pas de militaristes au Palais fédéral ! en quelque sorte le pot-de-vin de l’industrie de l’armement aux parlementaires et bureaucrates, ce qui lui permet de s’assurer Avec ton aide, nous pourrons atteindre ces quatre objectifs, et leur soutien au sein des institutions politiques fédérales. Ainsi, ainsi poser un cessez-le-feu à l’industrie de l’armement ! tériel e t r o u v e r as du ma page Tu r e n der nière a g n e de camp r nal ! de ce jou
6 CA H I E R S PÉ C I A L FINANCEMENT Les banques et les caisses de pension investissent dans l’industrie de l’armement Les banques et les caisses de pension tre plutôt convaincant sur le papier reste en en 2010 de ne plus faire d’affaires avec des du droit pénal ne s’appliquent pas : habituel- suisses investissent chaque année des cen- pratique sans effet. Durant la première moitié entreprises fabriquant des mines anti-person- lement, un accusé est déclaré coupable s’il est taines de millions dans les multinationales de 2014, la BNS a augmenté ses investisse- nelles ou des bombes à sous-munition, a in- prouvé qu’il a commis l’acte volontairement de l’armement qui produisent également ments auprès des fabricants d’armes améri- vesti presque 1.5 milliard de dollars US dans ou en connaissance de cause des conséquences. des armes interdites par le droit internatio- cains Honeywell International et Lockheed des entreprises productrices de bombes ato- Dans le cas de l’interdiction de financement, nal telles que des armes nucléaires ou Martin à hauteur de 66 et 45 millions de francs. miques et de bombes à sous-munitions. Petit même si l’auteur de l’infraction l’a commise en des armes à sous-munitions. Et ceci malgré Honeywell International produit environ 85 point positif : la banque s’est retirée du capi- connaissance de cause, il n’y a pas de délit. l’interdiction de financement de ces armes pour-cent des composants non-nucléaires des tal de l’entreprise Textron, l’un des principaux Cela veut dire que dans la pratique, il est qua- dans le droit suisse. Par Meret Schneider. armes nucléaires étasuniennes. Lockheed fabricants de bombes à sous-munitions. Au fi- siment impossible de prouver une violation de Martin est le plus gros producteur d’armes au nal, ce sont non moins de 5 milliards de dollars la loi – en particulier lorsqu’il s’agit d’investis- La place financière suisse fait souvent l’objet monde et chargé de la production et de l’en- qui ont été investis cette année par des ban- sements dans des fonds indiciels. d’âpres critiques dans les médias – entre au- tretien d’armes atomiques pour les USA et la ques suisses dans des entreprises produisant En conséquence, le GSsA exige une inter- tres : licenciements, mauvaises performances, Grande-Bretagne. des bombes atomiques et des bombes à sous- diction de financement effective. De plus, les bonus exorbitants pour les managers, directi- La BNS n’est de loin pas seule à agir de la sor- munitions. Et ce, si l’on ne prend en compte banques doivent introduire des critères éthi- ves internes sexistes. Les pratiques d’investis- te : Crédit Suisse, l’UBS, les banques cantona- que les banques susmentionnées et les entre- ques pour leurs affaires et les rendre publics. sement de ces même banques restent cepen- les ainsi que d’autres banques moins connues prises qui produisent des armes interdites par La nécessité de telles mesures se vérifie lors- dant souvent épargnées par les dénonciations ont investi depuis 2011 des sommes atteignant le droit international. Mais comment cela est- qu’on observe les portefeuilles des banques publiques. Les instituts financiers investissent des milliards dans des firmes qui produisent il possible, malgré l’interdiction ? suisses scrutées, qui jouent des rôles décisifs en suivant la logique du profit, avec « le retour des armes interdites par le droit international. tant qu’actionnaires auprès des plus gros pro- sur investissement » pour devise. Certaines En tête de liste, on retrouve l’UBS, qui a investi Pour un contrôle efficace ducteurs d’armes du monde. Une autre politi- banques ont un code d’éthique, selon lequel ils à elle seule plus de trois milliards de dollars Bien que le financement de la production d’ar- que est possible, comme le démontre l’attitu- excluent certains placements. Par exemple, nord-américains dans de telles entreprises, en- mes interdites par le droit international soit in- de des banques scandinaves telle que la ASN dans le rapport d’activité 2013 de la banque tre autres Lockheed Martin, Boeing, BAE terdit depuis février 2013, cela ne concerne Bank, Folksam, Philips Pension Fund et bien nationale suisse (BNS) figure que « la BNS a Systems et Raytheon, les quatre plus gros pro- que les investissements directs ou indirects – d’autres, qui ont simplement éliminé ces mul- décidé en 2013 de ne pas investir dans des en- ducteurs d’armes au monde. Mais l’UBS n’est ceux pour lesquels il est possible de prouver tinationales de leurs portfolios d’investisse- treprises qui produisent des armes interdites pas seule à tirer profit d’affaires douteuses. que l’interdiction a été volontairement con- ments. A quand une politique semblable dans par le droit international ». Ce qui peut parai- Crédit Suisse par exemple, après avoir déclaré tournée. Cependant, les provisions courantes les banques suisses ? EXPORTATIONS DE MATÉRIEL DE GUERRE Pour une interdiction des exportations de matériel de guerre ! Les armes ne sont pas un bien comme les des années après sa livraison s’illustre très bien Une absurde différenciation dans la lé- sens où elle est bien moins restrictive que cet- autres. Elles sont produites afin de détruire à l’aide d’un événement récent : en mai 2015, gislation te première et autorise en conséquence bien des vies humaines. Le plus possible. Et de une vidéo a fait son apparition sur le net, L’assouplissement de la Loi sur le matériel de plus d’exportations. Cette différenciation est la façon la plus efficace possible. La Suisse, montrant des chars d’assaut Piranha thurgo- guerre en 2014 le démontre une fois de plus : absurde : aussi bien les chars d’assaut Piranhas supposément neutre, s’implique de plus en viens appartenant à l’armée saoudienne qui les profits importent plus en Suisse que les de la Mowag (catégorie « matériel de guerre ») plus dans ce sale commerce. se préparaient à une invasion à la frontière du vies humaines. Ainsi, les exportations de ma- que les avions militaires Pilatus (« biens mili- Par Nora Komposch Yémen. Les exportations d’armes quelles tériel de guerre vers des régimes qui violent taires spécifiques ») sont des biens d’armement qu’elles soient sont toujours problématiques. gravement et systématiquement les droits qui servent au final à faire la guerre. En 2014, la Suisse a exporté du matériel de La « guerre contre le terrorisme » en Iraq , en humains sont maintenant ouvertes et légales. Les vies humaines sont plus importantes que guerre à plus de 79 pays, pour une valeur de Afghanistan et en Syrie le démontre : les dé- Les exportations de matériel de guerre sont les profits de l’industrie de l’armement. C’est 1,5 milliard de francs, ce qui représente presque mocraties occidentales n’hésitent pas à s’en- réglementées en Suisse par la Loi sur le maté- pourquoi le GSsA exige une interdiction de deux fois le montant de l’année précédente. gager dans des guerres illégales du point de riel de guerre (LFMG) ainsi que la Loi sur le l’exportation de matériel de guerre et de biens Les exportations ont presque atteint les ni- vue du droit international ou à commettre des contrôle des biens (LCB). En droit suisse, on militaires spécifiques. Annuler l’assouplisse- veaux record des années 2011 et 2012. Parmi violations des droits de l’homme. La Suisse entend par « matériel de guerre » les armes qui ment de la LFMG ne serait qu’un premier pas les plus importants importateurs de matériel propose à de nombreuses entreprises d’arme- sont spécifiquement conçues pour les opérati- dans la bonne direction. L’idéal à atteindre est de guerre helvète, on retrouve : l’Allemagne, ment un environnement sûr. Parmi de nom- ons armées et ne peuvent pas être utilisées à une interdiction complète et totale de l’expor- l’Indonésie, l’Italie, les USA, la Grande-Bre- breuses firmes de taille moyenne, quatre gros- des fins civiles. Parallèlement, la LCB régule tation de matériel de guerre quel qu’il soit. tagne, la France, les Emirats Arabes Unis, le ses entreprises jouent clairement le rôle de les exportations des « biens militaires spécifi- Ainsi, la Suisse pourrait donner un signal fort Bahreïn et le Brésil. Le premier consommateur leader : la Mowag (qui appartient à General ques », par exemple les avions d’entrainement contre les guerres et pour la paix dans le de « biens militaires spécifiques » est la région Dynamics European Land Systems), les usines militaire de Pilatus. La Loi sur le contrôle des monde, réhabiliter sa neutralité et gagner en actuellement la plus explosive du monde : le de Pilatus, Rheinmetall Air Defence et biens se démarque en ceci de la LFMG dans le prestance internationale. Moyen-Orient. En 2014, la Suisse a livré des RUAG. Elles profitent toutes des guerres et biens d’armement d’une valeur de presque un des régimes corrompus dans le monde entier. demi-milliard de francs dans les zones de con- Par exemple, des chars d’assaut de la Mowag flit de cette région. Pour la même catégorie de furent utilisés en 2011 par le régime Saoudien biens, on retrouve la Russie en tant que gros pour réprimer les mouvements d’opposition consommateur d’armes suisses. En agissant au Bahreïn, des avions Pilatus servirent à Sad- ainsi, la Suisse viole non seulement ses propres dam Hussein pour répandre des gaz toxiques efforts pacifistes, mais également sa neutrali- sur les Kurdes au Nord de l’Iraq, des grenades té et sa tradition humanitaire. de RUAG tuent à tout va au quotidien dans la guerre civile syrienne et des canons de Rhein- Le profit plutôt que les vies humaines metall sont déployés et prêts à tirer au Pakis- Que le matériel de guerre puisse être utilisé tan et en Iran.
7 GSsA Journal No 104 Août 2015 CLAUSE CIVILE Pour une recherche et un enseignement libre ! Avant qu’une arme puisse jouer de la gâ- te de la US Air Force, afin de développer des à une recherche ou à un enseignement qui sert nombre de projets élevés. Au contraire : une chette, elle doit d’abord être développée. jets de combat encore plus performants. L’uni- des buts militaires. La recherche militaire et la libération des hautes écoles suisses de la re- Il arrive souvent que des hautes écoles soi- versité de Zurich a déjà mis au point un sys- coopération avec l’armée et l’industrie de l’ar- cherche militaire permet de créer plus de po- ent impliquées dans le développement de tème de traitement des données financé par mement sont fondamentalement interdites. tentiel pour des domaines de recherche civils nouvelles technologies d’armement. Une la NSA. La ZHAW (Zurich University of Ap- Plusieurs universités de l’espace germanopho- prometteurs. clause civile pourrait changer les choses. plied Science) fait des recherches mandatées ne, entre autres la Technische Universität Ber- En addition à de telles clauses civiles, les hau- Par Thomas Leibundgut par armasuisse, l’Office fédéral de l’armement, lin, ont déjà introduit une clause civile récem- tes écoles doivent également rendre public dans le domaine des robots militaires. Les hau- ment ou lors des 15 dernières années. Ces tous leurs projets de recherche. La transpa- Les hautes écoles suisses sont elles aussi impli- tes écoles suisses sont ainsi directement impli- exemples montrent qu’une clause civile peut rence est une condition sine qua non pour quées dans des recherches dont le but est de quées dans le monde de l’armement et la con- être une réalité concrète et non un idéal à att- permettre un débat public démocratique et cri- créer des armes encore plus mortelles et des duite de la guerre. eindre dans le futur. tique sur la science. De par cette obligation systèmes de surveillance à efficacité renouve- Les hautes écoles peuvent soit être au service Aujourd’hui, la part de la recherche militaire choisie par les hautes écoles de faire seulement lée. Il s’agit, d’une part, de projets publics dont de la paix, soit être instrumentalisées à des fins en Suisse est encore relativement faible. Il de la recherche à des fins civiles et pacifistes et le sujet de recherche est une problématique de guerre et pour des militaristes. La question s’agit principalement de projets isolés et de fai- de refuser l’instrumentalisation de l’industrie militaire ou de projets directement mandatés qui se pose est la suivante : qu’attend une socié- bles montants – un domaine de recherche dont de l’armement et du militaire, la Suisse pourra et financés par l’armée ou l’industrie de l’ar- té libérale (dans le sens politique) et pacifiste la Suisse peut aisément se passer, sans perdre faire un réel pas en avant dans la construction mement. Impliqués sont non seulement les de ses hautes écoles ? Devraient-elles faire de d’importantes sources de financement ou un d’un monde plus pacifiste. chercheurs en sciences naturelles ou les ingé- la recherche pour la paix et l’élaboration de nieurs, mais également ceux issus des sciences solutions civiles dans tous les domaines ou sociales. participer à la course aux armes et au déve- Ainsi, les conflits armés et les guerres créent un loppement d’armes toujours plus mortelles ? marché mondial pour les biens militaires et Nous sommes persuadés que les hautes écoles, d’armement. L’utilisation à des fins militaires et la science en général, devraient être au ser- de la science et du développement technologi- vice de la paix et être axées sur la recherche de que est une dimension essentielle de la course solutions civiles et pacifistes aux problèmes de aux armes, qui est aujourd’hui plutôt concen- la société, et non sur le développement d’armes trée sur la domination technologique que sur le toujours plus mortelles et de systèmes de sur- volume d’armes. veillance plus élaborés. La situation en Suisse La solution : une clause civile Diverses hautes écoles suisses sont impliquées C’est pourquoi nous voulons introduire une dans la recherche militaire et le développement clause civile dans les hautes écoles suisses. La d’armes. L’Ecole polytechnique de Zurich fait clause civile signifie que les institutions de for- de la recherche financée par et pour le comp- mation supérieure refusent toute participation LOBBY DE L’ARMEMENT Pas de militaristes au Palais fédéral ! de la gamme de produits et du marketing de l’entreprise. En d’autre termes : Fabian Ochs- ner participe à la prise de décision du DDPS Bien qu’omniprésent, le lobby de l’arme- fois droit d’entrée au Parlement, comme Far- Rene Zeller, ainsi que le secrétaire général de d’acheter ou non les produits de l’entreprise ment est pratiquement invisible en Suisse. ner PR par exemple, jouent le rôle d’intermé- l’UDC sont d’anciens employés de Farner PR. qui l’emploie. Il permet aux partisans du commerce de la diaire entre le Parlement et les entreprises in- Au sein de la Commission de la politique de sé- Il devrait aller de soi que les parlementaires mort d’atteindre des majorités au Parle- dividuelles de l’armement. Les effets que ce curité du Conseil national (CPS-N), 12 des 25 doivent rendre public les intérêts qu’ils re- ment. Il influence les prises de décisions puissant lobby peut avoir sur la politique se parlementaires sont membres du « Cercle de présentent et à qui ils procurent une entrée au lorsqu’il s’agit de l’acquisition de nouveaux sont vus lors de l’assouplissement de la Loi sur travail sécurité et défense » (CSTD), organisa- Palais fédéral. Il en va de même pour le fi- systèmes d’armement. Et cela, grâce à le matériel de guerre (LFMG) en 2014. La ma- tion contrôlée par Farner PR. Ainsi, 12 des 25 nancement de la politique en général. C’est des moyens financiers énormes. jorité bourgeoise a soudainement décidé, en fa- membres de la CPS-N sont membres du lobby pourquoi le GSsA exige : Par Lewin Lempert veur de l’industrie de l’armement, d’autoriser de l’armement et constituent, à une voix près, à nouveau les exportations vers des pays qui la majorité absolue. 1. Plus de transparence et la communication La Suisse est le seul pays d’Europe centrale violent systématiquement et gravement les de toutes fonctions et mandats lors de la re- dans lequel les partis, les politiciens et les co- droits de l’homme. Opacité et népotisme mise d’une autorisation d’entrée au Palais mités référendaires ne connaissent pas l’obli- De nombreux parlementaires entretiennent Dans le domaine de la politique d’approvisi- fédéral ! gation de rendre leur financement public. En d’étroites relations avec le lobby de l’arme- onnement aussi, les conflits d’intérêts foison- 2. La divulgation de tout rattachement à des conséquence, l’identité de ceux qui financent ment. Leo Müller, Conseiller national PDC, a nent. Un des exemples est l’achat planifié d’un intérêts privés de la part des parlementai- les campagnes politiques reste complètement par exemple procuré un droit d’entrée direct nouveau système de défense aérienne au sol res, ainsi que des associations dont ils sont occulte. Et ce n’est pas uniquement lors de vo- au Parlement à Oscar Schwenk, PDG de Pi- (défense air-sol – DSA). Au centre de l’action, membres et leurs sources de financement ! tations ponctuelles que l’argent coule soudain latus. Pilatus produit majoritairement des Fabian Ochsner, membre de l’Etat-major d’en- 3. Une totale transparence du financement de à flot de sources douteuses : le lobby de l’ar- avions militaires « d’entrainement » – qui peu- gagement des Forces aériennes du DDPS et la politique ! mement est présent au quotidien au Palais fé- vent cependant également être armés et qui président central de l’AVIA, la Société des déral et dans d’autres institutions. De nom- ont déjà été utilisés à de nombreuses reprises officiers des forces aériennes, est également Aujourd’hui encore, de nombreuses activités breux membres du Parlement sont en fait des contre des populations civiles. L’emprise du vice-directeur de Rheinmetall Air Defence, des lobbys de l’armement restent cachées et hommes de main de l’industrie de l’armement. lobby est également présente dans les médias : une entreprise spécialisée dans les systèmes de opaques. Pour vous, nous nous efforçons de les Des boîtes de relations publiques qui ont par- le chef de la rubrique nationale de la NZZ, défense anti-aériens. Ochsner est responsable rendre publiques !
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