Monitor Journal des sociétés Siemens en Suisse - Siemens Schweiz
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Monitor Journal des sociétés Siemens en Suisse Edition anniversaire octobre 2019 siemens.ch/histoire 1
Edition anniversaire Centrale de Wynau Depuis la construction de la centrale au fil de l’eau de Wynau en 1894, Siemens est chez elle en Suisse, où elle a réalisé d’innombrables projets. Dans ce numéro anniversaire du magazine «Monitor» de Siemens, nous avons rassemblé quelques-uns des faits marquants et des jalons de cette histoire. Avec le temps, beaucoup de nos clients sont deve- École polytechnique fédérale de Lausanne nus des icônes suisses connues. Nous avons rendu visite à certains d’entre eux avec notre équipe de tournage. Il en a résulté des vidéos marquantes qui peuvent être visionnées sur notre site web anni- versaire www.siemens.ch/histoire. Tunnel de base du Saint-Gothard Brasserie Feldschlösschen Chemins de fer rhétiques Avionneur suisse Pilatus Siemens-Campus de Zoug «Monitor» est le journal d’entreprise des sociétés Siemens en Suisse. Adresse de la rédaction: Rédaction pour l'édition anniversaire: Traduction: Siemens Suisse SA Benno Estermann, direction act-Academy GmbH, Kloten Communications Eray Müller Freilagerstrasse 40, 8047 Zurich Marc Maurer Graphisme et composition: Tel. +41 585 584 059 Nadine Paterlini Fernando Roso E-Mail: filippa heierli@siemens.com Fabienne Schumacher www.siemens.ch/monitor Benjamin Schenk Impression: Deniz Gören Rüesch AG, Rheineck Changements d’adresse s.v.p. par e-mail: Astrid Tönnies filippa heierli@siemens.com Jasmin Röthlisberger 2
125 ans de Siemens en Suisse Le 23 janvier 1896, par un jeudi froid, à six heures du soir, la petite ville de Langenthal a été illuminée pour la première fois électriquement. Le courant pour l’éclairage de la Marktgasse et de l’Amtshausgasse provenait de la centrale de Wynau, située à cinq kilomètres de là. La construction de la première centrale fluviale suisse a marqué une étape importante et l’entrée dans une nouvelle époque pour toute la région. La centrale de l’Aar a été réalisée en seulement 14 mois sous la direction de Siemens & Halske. Le démarrage des travaux en 1894 a aussi marqué le début de notre histoire en Suisse. Bien sûr, Siemens était déjà actif auparavant dans le pays: l’administration militaire de Thoune a utilisé dès 1865 nos télégraphes à index et le tunnel du Saint-Gothard, inauguré en 1882, a été sécurisé par les signaux à cloches de Siemens & Halske. Mais il a fallu attendre le projet de Wynau pour que Siemens commence à employer son propre personnel en Suisse. Au cours des 125 dernières années, notre entreprise, en collaboration avec des partenaires dans tout le pays, a réalisé des milliers de petits et grands projets, contribuant ainsi largement au succès de la Suisse en tant que site économique. La coopération avec nos clients et notre savoir-faire constituent également la base d’un avenir prometteur. Dans un monde qui tourne de plus en plus vite et produit constamment de nouvelles technologies, il faut des partenaires fiables – des entreprises comme Siemens, qui veulent poursuivre l’histoire à succès de la Suisse pour les 125 années à venir. Ce numéro anniversaire de notre magazine «Monitor», destiné aux collaborateurs et aux clients, ne prétend pas donner un aperçu complet de l’histoire de Siemens en Suisse. En effet, les inno- vations lancées dans les domaines des technologies du bâtiment et des transports pourraient à elles seules remplir des centaines de pages. Et nos experts en industrie, énergie, médecine et autrefois en communication ont également posé d’innombrables jalons, petits et grands. Nous présentons plutôt quelques faits marquants, importants d’un point de vue suisse, parfois sous des angles inhabituels. Certains de ces projets et beaucoup de nos clients sont devenus des icônes suisses bien connues. Ils symbolisent depuis de nombreuses années le succès de notre pays et sont synonymes d’inven- tivité et de force d’innovation. Ils continueront à façonner la Suisse à l’avenir. Nous vous souhaitons une agréable lecture! Alexandre Martin Directeur Siemens Suisse romande 3
1847–1859 Conversion d’une boîte à cigares Le 12 octobre 1847, la production en série d’un petit appareil pesant une dizaine de kilos a commencé dans l’arrière-cour d’un bâtiment, à Berlin. Il s’agissait du télégraphe à index, le précurseur du télé scripteur et du fax. Bien que l’idée originale soit venue du physicien britannique Charles Wheatstone, c’est Werner Siemens qui, avec son développement ultérieur au milieu des années 1840, a ouvert une nouvelle ère dans la télégraphie électrique. Pour son prototype, ce pionnier, né près de Hanovre, utilisait une boîte à cigares, du fer blanc, quelques morceaux de fer et du fil de cuivre isolé. Le soir du Nouvel An 1846, Werner Siemens rencontra Johann Georg Halske; c’était le partenaire idéal, un mécanicien de précision à l’ambition prononcée pour les développements techniques. Cette coopération d’abord informelle a conduit à la fondation officielle de la «Telegraphen-Bauanstalt von Siemens & Halske» le 1er octobre 1847. Le capital de départ nécessaire de 6842 thalers pour l’usine de production d’environ 150 mètres carrés à Berlin, y compris les outils, avait été apporté par le cousin de Werner, le conseiller juridique Johann Georg Siemens. Dès lors, dix employés se mirent à produire les premiers télégraphes à index. Contacts clients en Suisse La première ligne télégraphique en Suisse a été mise en service le Siemens n’a pas participé à ces projets suisses bien que la famille ait 15 juillet 1852 entre Saint-Gall et Zurich. Cinq mois plus tard, lors de bien été consciente des opportunités commerciales existantes. l’inauguration officielle du réseau de lignes suisse, celui-ci comptait Le 26 décembre 1851, Werner écrit dans une lettre à son frère Carl, près de 2000 kilomètres et comprenait 27 bureaux de télégraphe alors à Paris: «Si tu n’as rien à faire là-bas et que tu souhaites venir ici, dans toutes les grandes villes. fais le détour par la Suisse (Berne). Les gens veulent réaliser de grandes installations téléphoniques et tu devrais entrer en contact Au départ, la Suisse ne semblait pas avoir de grandes ambitions lors personnellement avec les dirigeants». On ne sait malheureusement de la mise en place du réseau télégraphique. Bien que la nouvelle pas comment se sont développées ces premières tentatives de technologie soit bien connue, elle ne faisait pas l’objet de beaucoup contact avec des clients suisses. Si Siemens n’a reçu aucune commande d’attention, contrairement à ce qui se passait dans de nombreux digne d’être mentionnée, c’est probablement aussi dû au fait que Carl pays européens. La situation a brusquement changé lorsque Siemens était occupé à l’époque par le développement difficile des affaires a achevé en un temps record la première ligne télégraphique entre en France. Et le fondateur de l’entreprise, Werner, consacrait alors toute Berlin et Francfort et qu’elle a été ouverte au trafic privé le 31 août son énergie à la mise en place des activités commerciales en Russie. 1849. Le Biennois Ernst Schüler, qui habitait en Allemagne, a signalé De plus, l’entreprise ne disposait pas de beaucoup de ressources: ce projet par une lettre envoyée au gouvernement bernois et ce quatre ans après sa création, Siemens & Halske n’employait que dernier s’est alors adressé au Conseil fédéral. Dans le même temps, 50 personnes. de nombreuses entreprises suisses ont encouragé l’introduction rapide de lignes télégraphiques entre les plus grandes villes. 4
Le bon choix À 36 ans, assez tard pour son époque, Werner Siemens Comme Werner était souvent en déplacement, tous les décide de se marier. «Le 11 janvier 1852, j’ai formulé à deux ont élaboré à plusieurs reprises des plans de Mathilde Drumann ma demande, si longtemps retenue, vacances. Inspirée par un carnet de voyage, son épouse et son acquiescement a fait de moi un époux heureux», s’enthousiasme pour la Suisse et écrit le 27 février 1855: écrit-il dans ses mémoires. Werner célèbre son mariage «Oh, quoi de plus beau que de songer à un petit rêve avec la jeune femme, de huit ans sa cadette, le 1er octobre heureux à tes côtés dans cette nature magnifique. 1852 à Königsberg. Mathilde était la fille d’un cousin Voulons-nous le faire comme les Wittich, partir avec armes de Werner. Les mariages entre parents n’étaient pas et bagages passer des vacances célestes à Interlaken, inhabituels à l’époque et, pour Werner, cela a été le bon au bord du lac Léman ou à Berne?» Malheureusement, choix, comme il l’écrit à son frère Wilhelm: «Mon épouse la constitution physique de Mathilde était très instable n’est pas d’une beauté particulière, mais c’est une et les longs voyages ne lui étaient guère possibles. question secondaire. Je suis convaincu que je vivrai Werner, par contre, passait de temps en temps en Suisse satisfait et heureux avec elle et c’est suffisant.» lors de ses nombreux voyages d’affaires. Son premier Ils s’étaient déjà rencontrés sept ans plus tôt, lorsque séjour vérifiable en Suisse date de septembre 1855, Mathilde avait passé quelques jours avec la famille lorsque le fondateur de l’entreprise, alors âgé de 39 ans, Siemens à Berlin, pendant les vacances d’été. Mais il n’y y fait un voyage de huit jours, notamment à Genève. avait pas eu d’histoire d’amour à l’époque. En 1851 Il écrit alors à sa femme: «Je suis moi-même physique- seulement, Werner a commencé à penser à fonder sa ment et mentalement assez frais et sain, […] mais je propre famille et a renoué contact avec Mathilde. commence déjà à avoir envie de sortir du tumulte et de me reposer dans la belle nature suisse...» Au cours de sa vie, Werner von Siemens a écrit plusieurs milliers de lettres. La plupart d’entre elles étaient de nature commerciale, mais le fondateur de l’entreprise a également couché sur le papier ses considérations et ses pensées personnelles. De nombreuses lettres ont été adressées à sa famille et à sa première épouse, Mathilde, qu’il a épousée en 1852. L’éducation comme base Centre du pouvoir dans la capitale L’Ecole spéciale de Lausanne reçoit Le Palais fédéral de Berne est non seu- ses premiers élèves en 1853. lement le monument le plus célèbre Cet établissement privé est le précur- de la capitale suisse, mais c’est aussi seur de la future Ecole polytech- un symbole de la démocratie suisse. nique fédérale de Lausanne (EPFL). L’aile ouest est inaugurée en 1857: Deux ans plus tard, Zurich emboîte c’est la première tranche du complexe le pas avec la création du Polytech- immobilier actuel de 300 mètres de nikum en 1855. Au fil des ans, long. Bientôt trop petite, elle est com- l’établissement devient l’Ecole plétée par l’aile est, achevée en 1892; polytechnique fédérale de Zurich de 1894 à 1902, le nouveau bâtiment (ETHZ). du Parlement est érigé entre ces deux constructions. 5
1860–1869 Siemens et la physique En 1860, Werner Siemens publie dans les «Annalen der Physik und Chemie» de Poggendorff, une publication spécialisée de tout premier rang, un article intitulé «Vorschlag eines repro- ducirbaren Widerstandsmaaßes» («Proposition d’une mesure de résistance reproductible»). Sur la base de ce traité théorique, le «siemens» (S) est créé; c’est l’unité de mesure de la conductance électrique dans le Système international (SI). Le «siemens» est l’inverse de l’ohm, l’unité de résistance électrique. Nouvelle technologie pour l’armée suisse Les télégraphes à index ont été utilisés il y a plus de 150 ans, entre autres pour des exer- cices d’artillerie sur le site militaire de Thoune, comme le montre un ancien croquis à la main, figurant dans l’exposition. Les artilleurs étaient informés par des soldats stationnés dans la zone cible au moyen d’un télégraphe à index; ils savaient ainsi si leur projectile avait atteint le bon endroit ou si l’orientation du canon devait être modifiée. En 1865, Napoléon III s’est rendu dans la petite ville de Thoune et a visité notamment la nouvelle caserne. On peut supposer que les moyens de communication nouvellement acquis lui ont également été présentés. Bien que les systèmes télégraphiques à index aient été déjà connus avant 1840, ils ont été utilisés en Suisse beaucoup plus tard et unique- ment pour des liaisons privées et militaires individuelles. La première autorisation suisse pour l’exploitation d’un télégraphe à index a été accordée à la société J.J. Rieter à Töss le 21 décembre 1863; deux ans plus tard, la police municipale de Zurich a acheté quelques En 1864, l’armée suisse s’installe dans sa nou- Ammotec, à Thoune. Les télégraphes à index appareils. Il n’est pas possible, «sur la base des velle caserne à Thoune Allmend. La construc- ont été utilisés vers 1865 et sont probable- fichiers existants», de savoir quel fabricant tion était devenue urgente car les soldats ment les tout premiers produits que Siemens a été retenu, comme le dit la publication anni- de l’Ecole militaire centrale fédérale, fondée & Halske a livrés en Suisse. «L’un des appareils versaire «Cent ans de communications élec- en 1818, étaient répartis sur plusieurs sites est en parfait état», indique Fritz Egger, respon- triques», éditée en 1952. Dans cette même à Thoune. Avec le nouveau bâtiment, l’armée sable de l’exposition. L’autre «télégraphe à publication, il est indiqué qu’au Musée Suisse a également investi dans de nouveaux moyens lettres», comme Egger l’appelle, semble plutôt des Transports, qui se trouvait encore à Zurich de communication. Quelques télégraphes à usé et se trouve dans les salles des archives. à l’époque, il y avait trois systèmes à index index ont été achetés chez Siemens & Halske. «Et celles-ci sont bien protégées car nous avons Siemens & Halske «qui avaient été presque Aujourd’hui, parmi des vieux fusils et munitions installé un système d’alarme Siemens pour certainement en service dans l’administration des XVIIIe et XIXe siècles, deux de ces appa- l’ensemble du bâtiment il y a une dizaine militaire à Thoune». reils se trouvent dans l’exposition de la Ruag d’années.» 6
«Les effets doivent devenir colossaux» A 50 ans, Werner Siemens parvient à ce qui est probable- Sa première «machine dynamoélectrique», comme il l’appe- ment sa réalisation la plus importante en génie électrique. lait, produisait une puissance d’environ 25 watts. La machine Sur la base des travaux de Michael Faraday, il découvre a été construite par son contremaître Carl Müller. Lorsque, en 1866 le principe dynamoélectrique, un jalon sur la voie à la demande de Werner Siemens, il met en marche l’appareil de l’ingénierie énergétique moderne. «J’ai eu une nouvelle avec sa manivelle, le courant généré devient rapidement idée qui va très probablement réussir et produire des résul- si fort que le galvanomètre connecté pour la mesure grille. tats significatifs», fait-il alors savoir à son frère Wilhelm, Carl Müller a écrit plus tard: «Tout le monde a perçu aussitôt qui séjournait à Londres. Cette idée pose les bases d’une l’ampleur du pas franchi, sans savoir à quels objectifs il production et d’une distribution économiques de grandes allait aboutir.» quantités d’énergie électrique. Contrairement à d’autres chercheurs qui travaillaient en parallèle sur ce sujet, Convaincu de son idée, Werner Siemens s’assure des brevets Siemens discerne l’importance économique de son invention. nécessaires et, le 17 janvier 1867, il indique dans un rapport Dans sa lettre à Wilhelm, il déclare: «Les effets doivent à l’Académie des sciences de Berlin que, grâce à son inven- devenir colossaux si la conception est correctement menée. tion, il est possible «de produire des courants électriques Cela (...) pourrait initier une nouvelle ère de l’électroma- d’une puissance illimitée de façon économique et pratique». gnétisme». On peut voir à quel point il avait raison lorsque Cette petite machine à l’apparence modeste est aujourd’hui l’on considère les générateurs qui sont construits aujourd’hui l’une des pièces maîtresses du Deutsches Museum de Munich. et qui fonctionnent des millions de fois mieux que la petite L’invention de la dynamo a révolutionné la production installation d’essai de l’époque. d’électricité et constitue l’un des jalons les plus importants sur la voie d’une société électrifiée. Une sœur tenace Quatre ans après la mort de sa première femme, Werner épouse le 13 juillet 1869 Antonie Siemens qui avait alors 28 ans. Cette union a été notamment favorisée par Mathilde, la sœur de Werner qui, avec ses tentatives pour trouver une nouvelle compagne au veuf, «me porte sur les nerfs», comme l’écrit Werner à son frère William. «Malgré la demande ferme que je lui ai faite de me laisser tranquille, elle me torture encore avec ses projets de mariage.» La sœur veut voir son frère de nouveau heureux. Lui voudrait surtout être un bon père pour ses enfants et résiste pendant des années aux projets de mariage. Mais avec Antonie, tout est différent et Werner, 53 ans, tombe follement amoureux de la jeune Souabe. En mai 1869, il lui écrit les lignes suivantes. «Vous avez fait d’un vieil homme sec, déprimé par le dur labeur et de nombreuses années d’inquiétude et de souffrance, un amant fougueux qui se sent jeune. […] et j’avoue volontiers que j’ai presque honte des sentiments juvéniles auxquels je ne peux résister […].» Un an après Werner von Siemens, entrepreneur de 60 ans, au sein de sa le mariage naît sa fille Hertha (1870 – 1939) famille la plus proche. Il est assis devant, avec sa deuxième et deux ans plus tard son fils Carl Friedrich femme Antonie et leurs enfants Hertha et Carl Friedrich. (1872 – 1941). Sous l’influence de sa jeune Derrière lui, les enfants de son premier mariage avec Mathilde. épouse, Werner s’épanouit littéralement, De gauche à droite: Arnold, Käthe, Wilhelm et Anna. comme le prouve une lettre qu’il lui écrit de Lucerne en octobre 1870. «Ma petite femme de mon cœur! […] Toi, mon étoile du soir, qui a transformé le reste de mon existence d’un haut! La neige était si épaisse sur le chemin ce voyage à travers la Suisse. Quelques jours sombre désert en une vie fraîche et vivante!» que les chevaux ne pouvaient plus avancer. plus tard, la famille Siemens a également Dans la même lettre «de Lucerne», il lui promet Nous avons dû escalader la montagne à pied, dû renoncer à une excursion prévue au Rigi d’aller en Suisse avec elle en été, et espère en enfoncés jusqu’aux genoux dans la neige parce que la montagne était couverte de même temps de meilleures conditions météo- fraîche et profonde.» Wilhelm, 15 ans, neige. «Nous sommes donc restés près de rologiques que lors de l’excursion actuelle au et Arnold, 17 ans, ses deux fils issus de son Schwytz et avons fait de jolies ascensions col de la Furka. «[…] Mais c’était terrible là- premier mariage, étaient présents lors de dans les environs», écrit Werner. 7
1870–1888 Un demi-tour du monde en 28 minutes Après seulement deux ans de travaux, la première dépêche est envoyée sera inévitablement décidé à Berne.» Werner von Siemens a séjourné sur la ligne télégraphique indo-européenne le 12 avril 1870. Il ne lui a plusieurs jours au Bernerhof, un grand hôtel prestigieux situé juste fallu que 1 minute pour parvenir à Téhéran et 28 minutes pour arriver à côté du Palais fédéral. Dans une lettre à son épouse Antonie, il rend à Calcutta – une sensation, car un message de Londres à Calcutta compte des négociations difficiles. «Malheureusement, le français est demandait auparavant six jours! La réalisation de la ligne télégraphique la langue de la conférence, et c’est une mauvaise chose pour nous tous! a été un véritable travail de titan. Sur un terrain parfois impraticable, Mon royaume pour la langue française (...). J’aurais dix fois plus de environ 70 000 mâts ont été érigés et des matériaux de construction valeur ici et je serais presque sûr de la victoire». Malgré toutes les pesant plusieurs tonnes ont été transportés vers leurs destinations barrières linguistiques, Werner von Siemens l’emporte à Berne, et la respectives. Ce grand projet s’est avéré être une véritable aventure: ligne indo-européenne est restée en service jusqu’en 1931. Ce ne sont conflits, vols de matériel ou vols à main armée en ont fait partie. pas les défaillances techniques qui ont finalement mis fin à cette situation, mais l’essor des communications radio sans fil après la Le 25 septembre 1871, Werner von Siemens se rend à la Conférence Première Guerre mondiale. Néanmoins, la ligne indo-européenne télégraphique internationale afin d’empêcher des adaptations de tarif a été un pas décisif vers le câblage du monde et une étape défavorables. Peu de temps auparavant, Werner von Siemens avait écrit importante pour Siemens dans sa montée en puissance pour dans une lettre adressée à son frère Carl: «Le sort de la ligne indienne devenir une société présente sur l’ensemble du globe. Le téléphone arrive en Suisse A la mi-novembre 1877, un message sensationnel parvient en Suisse: l’Allemagne a mis en service avec succès son premier système télé- phonique. Tout à coup, l’intérêt du public suisse s’éveille. La Direction des télégraphes suisse demande immédiatement des informations détaillées à l’Office général du télégraphe allemand. La réponse ne se fait pas attendre. Le Conseil fédéral reçoit une lettre datée du 21 novembre 1877, émanant du Dr Arnold Roth, ministre délégué du Reich allemand et du royaume de Bavière, contenant un rapport détaillé sur les incroyables expériences réalisées avec la nouvelle invention, le «téléphone». Peu après, les autorités suisses commandent à Siemens & Halske à Berlin un émetteur et un transmetteur pour 10,25 Reichsmark. Dès le 13 décembre 1877, les premiers appels téléphoniques sont testés sur une ligne télégraphique entre Berne et Thoune. Les résultats sont si prometteurs que d’autres essais entre Thoune et Interlaken suivent, le 17 décembre. L’intérêt était tel que la Direction des télé- graphes a pris des mesures de précaution pour placer l’équipement téléphonique sous le monopole de la Confédération suisse. 8
Un chef-d’œuvre de l’ingénierie Le tunnel du Saint-Gothard est étroitement lié au premier Le tunnel du Saint-Gothard a été mis en service en 1882, chemin de fer électrique. En 1880, Werner mentionne mais ce n’est que quatre décennies plus tard qu’il sera dans une lettre à son frère William: «Nous avons reçu de la parcouru par des locomotives électriques. Un système Suisse une demande concernant l’exploitation électrique télégraphique à clochette développé par Siemens & Halske du tunnel du Saint-Gothard». Le projet n’a pas été réalisé, pour la transmission des messages d’arrivée et d’autres mais dans la correspondance entre la société ferroviaire messages, qui avait déjà fait ses preuves à la Deutsche et Siemens & Halske, les considérations techniques et Reichsbahn, a également impressionné la direction de la économiques de l’ingénieur en chef Gustave Bridel, de la ligne du Gothard. Fin 1883, un total de 150 systèmes à ligne du Gothard, sont impressionnantes. clochette avaient été installés sur la ligne de 156 kilomètres de long. La particularité du système était que les signaux pouvaient être donnés de n’importe quel point et reçus immédiatement sur tout le trajet concerné. Ce signal à clochette a été le tout premier système de sécurité ferroviaire en Suisse. Le «système universel à cloches» développé par Siemens & Halske sécurisait le trafic ferroviaire sur la ligne du Saint-Gothard, ouverte en 1882. Un tramway sous tension La zone densément peuplée en haut du lac Léman, entre Vevey et Villeneuve, avec ses innombrables hôtels et ses beaux quais, avait tout sauf un tramway. Mais cela allait bientôt changer. Huit ans déjà avant l’ouverture de la ligne, il existait des premiers projets de développement. Finalement, la décision a été prise de construire un tramway à moteur électrique. La ligne de contact était bipolaire et se composait d’un tube de cuivre suspendu, rainuré en dessous, dans lequel un frotteur de contact était tiré par le tramway via une ligne avec câble d’alimentation. Les premiers véhicules à moteur avaient même un toit accessible, avec des bancs. La ligne de contact venait de Siemens (Berlin), l’ensemble du projet étant une entreprise commune de SIG Neuhausen, Miauton Vevey et Siemens. La première section du tramway Vevey-Montreux-Chillon (VMC) a été inaugurée le 1er mai 1888. Longue de 8951 mètres, elle menait de Vevey-Plan au passage à niveau de Territet, via La Tour-de-Peilz, Clarens et Montreux. L’exploitation régulière a commencé le 4 juin. Ce fut le premier tramway électrique de Suisse. 9
1889–1894 Werner von Siemens C’est seulement après avoir atteint l’âge de 74 ans que Werner von Siemens quitte son entreprise en tant qu’associé. Au cours des trois der nières années de sa vie, il voyage souvent avec sa femme Antonie, son fils Carl Friedrich et sa fille cadette Hertha. Durant cette période, Werner von Siemens se consacre intensément à la rédaction de ses mémoires. Dans son autobiographie, il expose ses principes et ses mes sages à côté de descriptions colorées d’expéditions de câblages ou de voyages dans le Caucase. Son exposé se termine par une constatation. «Car ma vie a été belle parce qu’elle a été essentiellement un effort couronné de succès et un travail utile, et quand j’exprime ma tristesse parce qu’elle touche à sa fin, je suis frappé par la douleur de devoir me séparer de mes proches et de ne pas être autorisé à continuer à travailler au plein développement de l’ère scientifique.» Werner von Siemens n’a pas eu à souffrir d’une longue maladie. Après la livraison des premiers exemplaires de son ouvrage, le 29 novembre 1892, ses forces diminuent rapidement. Il tombe malade, une pneumonie se déclare. Le 6 décembre 1892, quelques jours avant son 76e anniversaire, Werner von Siemens meurt paisiblement dans sa maison de Charlottenburg, entouré par sa famille. Que la lumière soit ou comment tout a commencé Le 23 janvier 1896, peu après 18 heures, une lumière électrique s’allume pour la première fois à Langenthal. L’origine de cet événement est à la fois une longue histoire et le début de Siemens en Suisse. L’idée d’origine de la construction d’une centrale électrique était venue de Robert Müller-Landsmann, un commerçant de Lotzwil. En 1891, il achète un terrain près de Wynau an der Aare et adresse une demande de centrale électrique au préfet. Toutefois, la planification et le finan- cement sont au-delà de ses possibilités. C’est ainsi qu’est né l’engage- ment de Siemens & Halske de Berlin. Elle achète le projet à Müller- Landsmann pour 300 000 francs et obtient une concession du canton de Berne pour l’exploitation de la centrale électrique. La Suisse s’est très tôt appuyée sur l’énergie électrique dans de nom- breux domaines – ainsi que sur les systèmes Siemens – que ce soit pour la production, la distribution et la transmission d’électricité ou pour la technologie de gestion des réseaux. Les travaux de construction de la centrale de Wynau débutent en novembre 1894. Comme c’était la première fois que Siemens ouvrait un bureau de construction en Suisse et était présente avec ses propres collaborateurs, l’année 1894 marque le début de Siemens en Suisse. Quatorze mois plus tard, la centrale de 3000 ch dont la construction montait à 2,1 millions de francs, est en mesure d’injecter pour la première fois de l’électricité dans le réseau. Bien qu’il n’y ait eu qu’un petit nombre de clients au départ, les cinq turbines Jonval de 750 ch chacune ont été installées dès le début. Cette planification prévoyante s’est avérée payante car l’énergie électrique de la centrale a rapidement été très demandée dans les communes environnantes. Aujourd’hui encore, l’installation alimente en énergie pratiquement toutes les communes de Haute-Argovie. La centrale de Wynau fait désormais partie de «onyx Energie Mittelland SA», dans laquelle FMB Energie SA détient une participation majoritaire depuis 2006. 10
Travail dangereux sous l’eau A la différence de la construction de centrales sur canal où l’eau n’est fournie qu’une fois la construction terminée, pour la centrale de l’Aar à Wynau, il a été nécessaire de travailler dans l’eau et sous l’eau. Pour cela, Siemens & Halske a eu besoin d’un plongeur. Comme il n’y avait pas de plongeurs professionnels à l’époque, l’entreprise a envoyé un de ses employés à Hambourg pour se former comme plongeur professionnel. Le choix s’est porté sur l’Italien Erminio Armando Felice De Polo – un «bel homme avec une moustache impres- sionnante», selon son petit-fils. Né en Italie, il était venu en Suisse à la recherche d’un emploi et il suivit donc la formation en plongée sous-marine, avec son frère Arturo comme assistant. A cette époque, la plongée était une activité extrêmement exigeante et dangereuse. L’équipement de plongée avec combinaison en caoutchouc, casque en laiton et chaussures en plomb pesait environ 70 kg. Le plongeur était relié à l’équipe à terre par un long tuyau d’air en caoutchouc. Deux assistants devaient constamment pomper de l’air à travers le tuyau pour que le plongeur puisse respirer. Vous ne pouviez com- muniquer avec le plongeur qu’en tirant sur une corde qui reliait le plongeur à l’équipe. Très vite, le bruit a couru que la centrale électrique de Wynau employait un plongeur professionnel. C’est ainsi qu’Erminio fut également «prêté» aux communes, aux villes, à la police et aux services de secours, où il récupéra des biens volés ou des cadavres dans les eaux et aida à la construction d’autres centrales électriques. Ironie du sort, Arturo, frère d’Erminio et son assistant pour la plongée, se noya en se baignant en 1896, tandis qu’Erminio survécut à sa combinaison de plongée. Après la Première Guerre mondiale, le caout- chouc était devenu cassant, la combinaison était techniquement désuète et n’était plus imperméable. La centrale de Wynau utilisait désormais des plongeurs professionnels bâlois, mais Erminio a continué à travailler à la construction de la centrale jusqu’à sa retraite. 11
1895–1905 1895–1905 Des conducteurs de tramways gelés En 1895, Siemens & Halske fournit six véhicules à moteur pour le tramway électrique de Bâle. Une voiture coûtait à l’époque la fière somme de 13 900 francs. Les voitures disposaient des deux côtés d’une cabine de conduite ouverte, de sorte qu’il n’était pas nécessaire d’installer des boucles de virage à chaque terminus. L’inconvénient pour le conducteur du tramway était d’être exposé au vent, aux intempéries et au froid! Dans les années qui suivirent, de nombreux autres tramways dont l’équipement électrique provenait également de Siemens ont été mis en service à Bâle. Heureusement, les conducteurs du tramway Combino, à Bâle, n’ont plus à craindre le froid aujourd’hui. Fusion importante Au début du XXe siècle, l’industrie électrique allemande était soumise à une forte pression relative aux coûts et à la concurrence. La construc- tion et l’exploitation de centrales électriques à forte intensité de capital ont entraîné une surcharge financière, ce qui a conduit à un processus de concentration global à partir de 1901. Dès lors, l’industrie élec- trique allemande a été dominée par Siemens & Halske et Elektrizitäts- Aktiengesellschaft (EAG). La fusion du département courant fort de Siemens & Halske avec EAG a conduit à la création de Siemens-Schuckert werke sàrl en 1903. Le bureau de l’EAG, situé depuis 1900 dans la Löwenstrasse à Zurich, a été la première succursale de Siemens en Suisse, après avoir été rebaptisée Siemens-Schuckertwerke GmbH Zweigbüro Zürich. La culture des loisirs à Zurich Au début du XXe siècle, une culture du spectacle vivant prévalait à Zurich. Les scènes de vaudeville comme le théâtre Corso, inauguré en 1900, deviennent de plus en plus populaires pendant cette période. Le Corso, transformé plus tard en cinéma, proposait des programmes variés et divertissants et combinait acrobaties, musique, danse, spectacle parlé et magie. En 1910, Siemens équipe le théâtre d’un système d’éclairage électrique. 12
Postes d’aiguillage de Wallisellen Avec la création de la «Schweizerische Stellwerksfabrik» le 1er avril 1905, Wallisellen devient en quelques années le centre des technologies de la sécu- rité ferroviaire. A l’époque déjà, les composants électromécaniques étaient fournis par Siemens. En raison de la récession économique, Signum SA est fondée en 1919; Siemens devait y acquérir une participation majoritaire en 1941. Elle est devenue plus tard Integra Signum SA, qui a été intégrée à Siemens Suisse SA en 1996. De Zoug au monde Sous le nom de «Landis & Gyr», une entreprise à l’histoire mouvementée s’établit à Zoug en 1905. Neuf ans plus tôt, l’ingénieur d’études Richard Theiler et le marchand d’épices et de quincaillerie Adelrich Gyr avaient fondé le «Electrotechnisches Institut Theiler & Co». L’entreprise fabriquait des compteurs d’électricité, des inductances téléphoniques et des phonographes depuis 1896. La reprise de l’entreprise par Heinrich Landis en 1904 et la nomination de Karl Heinrich Gyr en tant qu’associé ont conduit à rebaptiser en «Landis & Gyr» la structure de 55 personnes, en 1905. Au cours des décennies, L&G s’est étendue pour devenir une entreprise mondiale; elle a déve- loppé par la suite les domaines de la télécommande centralisée, de la télémétrie et de la technologie thermique. Au milieu des années 70, l’entreprise employait plus de 15 000 per- sonnes, dont plus de 5000 à Zoug. Téléphones pour soldats A partir de 1906, l’armée suisse utilise les téléphones de campagne de Siemens & Halske. D’après le site Internet armyphone.ch, les soldats suisses utilisaient déjà des téléphones de patrouille individuels de Siemens & Halske vers 1888. De plus grandes quantités n’ont pu être livrées qu’après le passage au nouveau siècle. L’usine téléphonique Albisrieden a continué à développer les téléphones de campagne qui ont été à l’origine du téléphone de l’armée 32. A partir de 1932, plus de 11 000 de ces appareils ont été introduits comme modèle standard dans toutes les armes. 13
1906–1913 Câble Pupin au fond du lac de Constance Avec sa bobine, le physicien Michael Pupin a apporté un changement collègues de la branche anglaise. Pour la liaison de douze kilomètres, profond dans le trafic téléphonique longue distance. Au tournant le câble de 110 tonnes a été posé à une profondeur de 250 mètres. du siècle, Siemens & Halske acquiert une licence européenne pour ce Malgré la participation d’experts anglais et la transformation d’une brevet, ce qui augmente considérablement la portée et la qualité de barge en navire câblier, la première tentative de pose échoue à transmission du trafic téléphonique. Le câble sous-marin Pupin a été l’automne 1905. Il faut construire une nouvelle machine de pose et utilisé pour la première fois lors de la pose de la liaison téléphonique attendre l’été suivant pour une seconde tentative. En présence de entre Friedrichshafen et Romanshorn. Jusque-là, Siemens & Halske nombreux invités et spectateurs, le premier câble téléphonique Pupin n’avait posé que des câbles terrestres équipés de bobines Pupin, c’est du monde est finalement posé le 9 août 1906 et restera en service pourquoi les responsables étaient tributaires de l’expérience de leurs pendant des décennies. Protos à la puissance trois Dans la première moitié du XXe siècle, Siemens utilise le nom «Protos» dans diverses industries. En 1908, Siemens reprend l’usine de moteurs «Protos» et construit à Berlin des automobiles Siemens. Au milieu des années 1920, l’entreprise abandonne la production d’automobiles. Sous la marque «Protos», Siemens commence à produire, à partir de 1925, des appareils ménagers et du petit électroménager tel que sèche- cheveux, réfrigérateurs et machines à laver. En 2015, Siemens vend sa participation dans Bosch-Siemens Hausgeräte GmbH, mettant ainsi fin à son engagement dans ce secteur. Et troisième point: Siemens & Halske acquiert en 1922 la société «Protos Telephonwerke AG» basée à Albisrieden pour 800 000 francs suisses. Aujourd’hui encore, l’entreprise régionale Siemens Suisse a toujours son siège dans ce quartier. 14
L’esprit pionnier dans les Grisons Les premières années qui ont suivi le début du siècle dernier ont été dominées par l’électrification des chemins de fer, mise en œuvre sur les lignes de l’Engadine à partir de 1911. Le Chemin de fer rhétique a été l’un des premiers promoteurs de l’électrification du réseau et un rapport indique que la possibilité d’une exploi tation électrique, au moins «sur certaines parties plus plates du réseau», est en cours d’étude. Dès 1898, la Banque des chemins de fer suisses clarifie le finance- ment d’une ligne Thusis – Engadine – Chiavenna. La banque demande à Siemens & Halske à Berlin une expertise sur l’utilisation possible de l’électricité pour l’exploitation de cette ligne. Les ingénieurs de Siemens y indiquent que l’électrification offrirait certains avantages. Tout d’abord, parce que le charbon est cher et que la consommation est élevée en raison des fortes pentes à gravir. D’autre part, parce qu’il y aurait suffisamment d’énergie hydroélectrique disponible et que les trains en descente pourraient récupérer l’énergie électrique. Et pourtant, l’exper- tise se solde par une décision négative. D’abord, l’utilisation des capacités était trop différente entre l’hiver et l’été, de sorte que les trains à vapeur pouvaient mieux faire face à une plus grande affluence. Ensuite, les ingénieurs avaient exprimé des doutes quant à la sécurité d’exploitation dans les zones de haute montagne jusqu’à 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer, car aucune expérience significative n’était disponible. L’utilisation de locomo- tives à vapeur assurait une plus grande sécurité d’exploitation. Quelques années plus tard la situation était mûre après l’établissement, en 1906, de nouveaux éclaircissements et études par différents experts. Ainsi, entre 1911 et 1913, Siemens-Schuckertwerke réalise l’ensemble de la ligne aérienne de contact pour les lignes Engadine. Mais l’électrification du trafic ferroviaire avait également progressé dans d’autres régions du pays. Ainsi, le chemin de fer Berne-Lötschberg-Simplon, inauguré dans son intégralité en 1913, a été la première ligne principale de chemin de fer alpin électrifié. Sur la ligne BLS entre Spiez et Frutigen, il circulait trois automotrices sur lesquelles Siemens avait fourni un certain nombre de composants électriques. En 1913 également, Siemens-Schuckert werke installait l’équipement électrique de 14 motrices du train Steffisburg-Thoune- Oberhofen, y compris les collecteurs en forme de lyre et les accouplements en trompette. 15
1914–1918 Vol spectaculaire vers la Suisse Le 13 novembre 1918, Josef Hollenstein, un garçon de Rapperswil, a assisté à une «invasion» particulière. Bien que deux jours auparavant, avec la signature de l’armistice à Compiègne, la Première Guerre mondiale ait pris fin et que la défaite des puissances centrales et de l’Empire allemand ait été scellée, il observa l’atter- rissage de quelques pilotes allemands à Rapperswil. Ceux-ci voulaient éviter que leurs avions ne soient confis- qués par les Alliés. Le même jour, deux biplans ont atterri à Schaffhouse. Il s’agissait d’appareils du type Siemens-Schuckert SSW D.III, pratiquement neufs et équipés d’un propulseur spécial – le moteur rotatif Sh.III de 160 ch, refroidi par air, de Siemens & Halske. Le onze cylindres permettait aux intercepteurs d’atteindre des performances ascensionnelles inconnues jusqu’ici. Les pilotes ne voulaient pas céder cette technologie aux Alliés, mais bien sûr les Forces aériennes suisses étaient également intéressées. L’avion qui n’avait pas été endommagé lors de l’atterrissage à Schaffhouse a été interné et remis à la Confédération suisse au printemps 1920. «Au cours de cette année, l’avion a fait l’objet d’une révision en profondeur et sera bientôt mis à la dis- position de nos pilotes de chasse», écrivait en 1921 le magazine La Suisse aérienne. «La capacité ascensionnelle est extraordinaire», poursuit le magazine. «Lors des vols de réception, elle s’est chiffrée à 6000 m en 15 minutes et 8100 m en 36 minutes.» L’Europe regarde Zurich En 1914, l’ensemble du trafic téléphonique de service dans la gare centrale de Zurich et les liaisons avec les gares environnantes sont auto- matisés. La dernière technologie Siemens a été utilisée pour ce projet. Les CFF ont été la première administration ferroviaire en Europe à introduire une telle innovation révolutionnaire. Le système a connu un tel succès qu’un grand nombre d’autres commandes ont été passées auprès de Siemens. 16
Josef Hollenstein, témoin oculaire, a conservé une impres sion inoubliable des avions et des pilotes, comme il l’a écrit dans ses mémoires d’enfance publiées en 1984: «Après que ses camarades du deuxième avion ont changé de cap (…), un pilote de chasse allemand, avec un trou de la taille d’un poing dans l’aile droite de son biplan, recouverte de toile, tenta un atterrissage osé sur un pré humide à Rapperswil, sur les bords du lac Zurich, afin de livrer son avion aux autorités locales.» Et Hollenstein se souvient: «En fait, plusieurs avions allemands ont alors été achetés par la Suisse. Les pilotes allemands ont été internés et ceux qui ont atterri à Rapperswil ont été provisoirement logés très confortablement dans l’hôtel Post.» Selon un article de fond du magazine spécialisé «Cockpit» de 2010, l’atterrissage à Rapperswil ne s’est pas déroulé si facilement: «…il est avéré que les deux avions Siemens ont subi des dommages irréparables lors de l’atterrissage». Et le magazine écrit à propos du sort réservé au avions: «A l’exception du SSW D.III, qui (...) a atterri en douceur sur le site de l’arsenal de Schaffhouse (...), tous les autres intercepteurs Siemens ont dû être livrés à la France en 1919 sous la pression massive de l’Entente.» Peu après la fin de la guerre, le 13 novembre 1918, plusieurs avions de chasse de l’armée de l’air allemande se sont posés à Rapperswil et Schaffhouse. Pour certains, la manœuvre a été parfaite, pour d’autres moins. L’atterrissage d’un Siemens-Schuckert SSW D.III s’est terminé sur la Randenstrasse à Schaffhouse. L’un des avions a été saisi par l’armée suisse, les munitions ont été mises en lieu sûr et le gouvernail de queue a été marqué de la croix suisse. Peu après, le chasseur d’interception Siemens a été transféré à Dübendorf (à gauche). 17
1919–1925 Pour la Société des Nations sous le sol La ville de Genève est riche en histoires et beaucoup Lors de sa recherche de locaux adaptés, en août 1920, d’entre elles sont liées aux Nations Unies. L’ascension de le secrétaire général Eric Drummond a été enthousiasmé la ville en un lieu de renommée mondiale a commencé en par l’imposant Hôtel National, situé directement sur le novembre 1920, quelques mois après la fondation de lac Léman. Le bâtiment, inauguré en 1875, était resté la Société des Nations, lorsque sa toute première Assem- vide pendant longtemps et avait été rénové peu de temps blée générale a été planifiée. Ce qui manquait encore auparavant. Les architectes qui avaient été chargés de à l’époque, c’était une infrastructure efficace. Une liaison la rénovation ont dû le modifier à la hâte. Juste à temps téléphonique a dû être établie très rapidement entre le avant la réunion plénière, Siemens a également mis en central téléphonique de Lausanne et le nouveau siège service la nouvelle liaison Pupin. A l’Hôtel National, genevois de la Société des Nations. Siemens & Halske AG les chambres avaient entre-temps été transformées en a obtenu le contrat et posé un câble Pupin de 60 kilo- bureaux, les salles de réception en salles de réunion et mètres de long. Cela a permis d’améliorer considérable- les aires de service en locaux de stockage. ment la qualité de la voix et la capacité de transmission. Il s’agissait à la fois du premier câble souterrain longue En 1924, l’édifice fut rebaptisé «Palais Wilson». Il a été distance en Suisse et d’une partie de l’idée ambitieuse de utilisé par la Société des Nations jusqu’en 1937. Ensuite, relier la centrale fédérale par des câbles posés dans des jusqu’à sa dissolution en 1946, l’organisation a occupé canalisations. le nouveau Palais de la Société des Nations, construit sur le terrain de l’Ariana Park. Le Palais Wilson abrite aujourd’hui Cependant, au début des travaux de construction, on ne le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de savait pas exactement où les experts Siemens allaient l’homme. tirer le câble Pupin. Jusqu’en août 1920, la Société des Nations n’avait pas encore trouvé de site convenable. 18
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