JUILLET 2021 - COVID ET ENJEUX ÉCOLOGIQUES : QUELLE FUTURE IMPLANTATION DES ACTIFS ?
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JUILLET 2021 Crédit : © Shutterstock COVID ET ENJEUX ÉCOLOGIQUES : QUELLE FUTURE IMPLANTATION DES ACTIFS ?
ORIE / JUILLET 2021 L e groupe de travail a été lancé en avril 2020 à la demande du Conseil d’administration de l’ORIE. L’ensemble de ces réflexions a abouti à la publication du présent rapport, réalisé par Raphaëlle ZEPPA, Chargée d’études, à l’ORIE sous la direction de Cécile DE GUILLEBON, Présidente d’Esserto, représentante du Collège des Utilisateurs et ancienne Présidente de l’ORIE, Emmanuel DESMAIZIÈRES, Directeur Général d’Icade Promotion et représentant du Collège des Promoteurs et Smaïn AOUADJ, Délégué de l’Etat à l’ORIE. L’Observatoire Régional de l’Immobilier d’Entreprise en Île-de-France souhaite vivement remercier l’ensemble des personnes qui ont participé attentivement aux réflexions et ont contribué à enrichir les débats : CONTRIBUTEURS : • Nina AGENOR, Chargée de mission Prospective, bourse aux locaux et nouvel immobilier d’entreprise, Grand Paris Grand Est • Fabrice AMIC, Directeur des Acquisitions et de la Gestion d’Actifs, ANRU • Olivier BAROUX, Chargé de Projets, Conseil Départemental du Val-de-Marne • Pierre BIBET, Délégué Général, FPI IDF • Cécile BLANCHARD, Directeur Général adjoint, pôle développement commercial, BPCE Solutions immobilières • Mirella BLANCHARD, Responsable études et projets, Action Logement Groupe - Foncière de transformation immobilière • Déborah BOICO, Responsable Immobilier Entreprise & Innovation, NEXITY • Stéphanie BOUCHEZ, Experte Développement Economique, EPF Ile-de-France • Pierre-Edouard BOUDOT, Executive Director - Recherche et Communication, CBRE • Eric BOUSREZ, Directeur de l’immobilier groupe, SOCIETE GENERALE • Carmen CANTUARIAS-VILLESSUZANNE, Enseignant-chercheur en économie, Groupe ESPI • Alexandre CHIRIER, Action Logement Groupe - Foncière de transformation immobilière • Frédéric CIUNTU, Directeur Immobilier, L’OREAL • Hélène CLEDAT-VAGNE, Directrice Générale, SEMNA • Loïc DANIEL, Directeur Général Délégué, Nexity Immobilier d’Entreprise • Charles-Henri de MARIGNAN, Analyste, IEIF • Olivier DUPARC, Notaire associé, DOUZE NOTAIRE • Benjamin FICQUET, Directeur Property & Exploitation responsable, Icade • Pascal JAHAN, Directeur de l’immobilier et de l’environnement de travail, CDC • Anne KLARIC-BURBAN, Chargée de mission Implantation, CA de Versailles Grand Parc • Benoit LABAT, Directeur du développement, KAREG-IM • George LAKHOVSKY, Head Of Real Estate Business Development, ADP • Jérôme le GRELLE, Executive Director Retail, CBRE • Virginie LEROY, Directeur Général Adjoint - département bureaux, VINCI IMMOBILIER • Geoffrey LORRE, Chargé d’études, Nexity • Kevin MARUSZAK, Responsable des relations institutionnelles et territoriales, Action Logement Groupe - Foncière de transformation immobilière • Louis-Marie MASFAYON, Chargée d’études, Arthur Loyd Logistique • Elvira MELIN, Responsable du bureau de l’immobilier d’entreprise, DRIEAT • Sylvie MICELI, Directeur de la maîtrise d’ouvrage, Groupe Panhard • François MOHRT, Chef de Projet, APUR • Eric MORAU, Chef du département DADDT, Chef du département DCAT, DRIEAT • Carlos MORENO, Associate Professor, Paris 1 Panthéon - Sorbonne University • Dominique MORENO, Responsable du Pôle Economie, commerce et financement des entreprises, CCI Paris Ile-De-France • Alexis MOTTE, Directeur Général, KAWAA • Rodolphe PETIT DAMICO, Directeur Développement Hôtelier, Linkcity IDF • Jean-Jacques PICARD, Expert en Valeur Vénale CNEI - PICARD SAS • Clément QUATRAIN, Responsable des études Immobilier d’Entreprise, GRECAM • Isabelle RICHARD, Directrice Marketing et Développement Territorial, Essonne Developpement • Renaud ROGER, Economiste – Urbaniste, Institut Paris Region • Sonia SAMADI, Directrice du développement et de l’innovation, SOGARIS • Fabrice TARATTE, Directeur Général, SEM Genopole • Guillaume VOISARD, Chef de service adjoint - Logement et hébergement, DRIHL 5
ORIE / JUILLET 2021 SOMMAIRE INTRODUCTION 08 1 Crédit : shutterstock P. 10 Crédit : shutterstock CONSÉQUENCES DE LA CRISE DE LA COVID-19 SUR L’IMPLANTATION DES ACTIFS 1. BUREAUX : LES CHANGEMENTS DANS L’ORGANISATION DU TRAVAIL 13 1.1. LE TÉLÉTRAVAIL 17 1.2. LE COWORKING 22 1.3. LE FLEX OFFICE 24 2. L’IMPACT SUR LE MODE DE VIE DES INDIVIDUS RÉPERCUTÉ SUR L’IMPLANTATION DES ACTIFS 26 2.1. LE DÉPART VERS LES MÉTROPOLES 26 2.2. LA SOLITUDE DES INDIVIDUS 28 3. COMMERCE : LA FIN D’UN MODÈLE DE DISTRIBUTION 29 3.1. LE COMMERCE PHYSIQUE 29 3.2. LE E-COMMERCE 34 4. LOGISTIQUE : LES ENJEUX D’UN MARCHÉ ÉMERGENT ? 37 6
ORIE / JUILLET 2021 IMPACTS ÉCOLOGIQUES SUR L’ORGANISATION 2 DE LA VILLE DE DEMAIN 1. ÉTAT DES LIEUX ET OBJECTIFS 2. QUELS LEVIERS D’ACTION À L’INTÉRIEUR 47 DU BÂTIMENT ? 53 2.1. CONCEPTION DES IMMEUBLES 53 2.2. EXPLOITATION DES IMMEUBLES 55 3. QUELS LEVIERS D’ACTION AU SEIN DU QUARTIER ? 57 3.1. LA LOGISTIQUE INTÉGRÉE 57 44 3.2. LA SMART CITIES 57 P. 3.3. LA VILLE DU QUART D’HEURE 59 3 LEXIQUE 72 P. 62 BIBLIOGRAPHIE 73 Crédit : shutterstock PRÉCONISATIONS PRÉCONISATION N°1 : METTRE EN PLACE UNE VILLE INTENSE, MIXTE ET DE QUALITÉ 64 PRÉCONISATION N°2 : GAGNER EN FLEXIBILITÉ D’USAGE POUR LE TERTIAIRE 65 PRÉCONISATION N°3 : FACILITER LA TRANSFORMATION DES BUREAUX EN LOGEMENTS 66 PRÉCONISATIONS ANNEXES 70 7
ORIE / JUILLET 2021 I nitiée en 2019, cette étude n’a eu d’autre choix que de individus – accélération du télétravail, souhait des ménages de s’adapter, lors de son lancement en avril 2020, au contexte partir en région, nouvelle manière de consommer avec l’aug- nouveau induit par l’épidémie Covid-19. Avant la crise sani- mentation exponentielle du e-commerce… taire, elle visait à identifier les logiques d’implantation des actifs face aux enjeux écologiques et de métropolisation. Or, Cette étude vise à identifier les conséquences que la crise la crise sanitaire a interrompu la progression de l’urbanisation sanitaire a eues pour les entreprises et les individus afin de en Île-de-France. comprendre les futures logiques d’implantation. D’une part, le phénomène de métropolisation – c’est-à-dire le Pour la seconde partie de l’étude, l’ORIE s’est intéressé à un mouvement de concentration de populations, d’activités, de autre enjeu ayant un impact sur l’implantation des actifs : les valeur dans des ensembles urbains de grande taille – a été for- impératifs climatiques. tement ralenti, notamment lors des confinements. La France dans le cadre des Accords de Paris, signés en 2016, D’autre part, les grandes villes ont été les premières victimes s’engage à maintenir la hausse de la température mondiale à de la Covid avec des taux de contamination bien supérieurs 1,5°C d’ici 2100 par rapport aux niveaux préindustriels et à aux petites villes : cela s’explique par une densité plus élevée atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Ces engage- ou par des lieux urbains extrêmement fréquentés tels que les ments ont un impact sur les acteurs de l’immobilier dans la transports en commun. façon de concevoir et d’exploiter les immeubles mais cela ne suffit pas. Pour limiter au maximum les émissions carbone en À cela s’ajoutent de nouveaux comportements de la part des ville, il faut éliminer au maximum les flux parasites et optimi- entreprises – besoin de flexibilité pour les surfaces, l’usage et ser au mieux l’espace de la ville. la durée des baux par exemple – mais également de la part des PLAN DE L’ÉTUDE Dans cette optique, cette étude s’articule autour de trois parties : a première partie abordera les conséquences de la crise L 1 sanitaire sur l’implantation des actifs. Les thèmes tels que le télétravail, le coworking, le flex office ou encore le e-commerce seront abordés ; a deuxième partie portera sur les enjeux climatiques. L 2 Nous regarderons les leviers existants au sein d’un im- meuble pour réduire l’empreinte carbone mais également au sein d’un quartier ou d’une ville. Nous aborderons alors les notions de « ville du quart d’heure » ou de « résilience urbaine » ; Enfin, la dernière partie vise, une fois l’état des lieux fait, 3 à formuler une liste de préconisations visant à limiter les impacts négatifs de la crise et à limiter les émissions car- bones. 9
ORIE / JUILLET 2021 Crédit : shutterstock 11
ORIE / JUILLET 2021 L a crise sanitaire n’a pas touché les secteurs de manière Finalement, le premier confinement est celui qui a été le plus dé- homogène. vastateur pour l’activité en France : le confinement au mois de novembre a laissé le niveau d’activité à 93% de son niveau normal L’hébergement, le bâtiment, l’automobile, la restauration contre 69% au mois d’avril. ont plus souffert que l’agro-alimentaire ou encore le domaine pharmaceutique. À quoi ressemblera l’immobilier d’entreprise de demain ? Quelles mutations auront un impact sur le long terme ? Quelles en seront Dans le secteur privé, ils auront perdu plus de 360 000 emplois les conséquences sur les modes de travail et de vie ? en 2020 selon l’INSEE malgré la mise en place du dispositif d’ac- tivité partielle dont 8,8 millions de salariés ont bénéficié au plus Il est pour le moment difficile de quantifier un tel phénomène fort de la crise et dont plus de 2 millions de salariés bénéficient mais le groupe de travail a tenté d’émettre des hypothèses en encore au début de l’année 2021. s’aidant de l’expérience des professionnels de l’immobilier et d’études prospectives d’un large éventail de sociétés. FIGURE 1 - NIVEAU D’ACTIVITÉ EN AVRIL ET EN JUILLET 2020 SELON LES SECTEURS % Niveau d’activité en avril (en %) Niveau d’activité en juillet (en %) 100 90 95 96 97 97 80 85 70 79 72 73 74 60 50 40 51 30 20 10 0 Hébergement Automobile Autres transports Restauration Travail temporaire Habillement, textile, chaussures Transport et entreposage Bâtiment Agro-alimentaire Pharmacie Source : Banque de France FIGURE 2 - NIVEAU D’ACTIVITÉ ENTRE JANVIER 2020 ET MAI 2021 Niveau d’activité (en % du niveau normal) Niveau d’activité réalisé Niveau d’activité estimé 100 100 100 97 98 97 96 96 96 96 97 94 95 95 94 95 91 90 85 82 83 80 75 71 70 65 Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc. Janvier Février Mars Avril Mai Juin 2020 2021 Source : Banque de France 12
ORIE / JUILLET 2021 1. BUREAUX : LES CHANGEMENTS DANS L’ORGANISATION DU TRAVAIL E En 2008, l’ORIE avait identifié 20 pôles et 14 zones de En l’espace de 20 ans, plusieurs pôles ou zones de marché se sont marché tertiaires (cf : Figure n°3). Au 31 décembre 2020, distingués par leur forte croissance : le Pôle Portes Nord de Paris le parc de bureaux francilien était estimé à 54,87 millions (+126%), la zone de marché Boucle Nord (+86% d’augmentation) de m². En l’espace de 10 ans, le parc de bureaux n’a cessé et Pôle Portes Est de Paris (+92%). Alors que le Pôle Paris Centre d’augmenter (+4,6%) ce qui montre le dynamisme de cet actif en Ouest (QCA inclus) n’a augmenté que de 6%. Île-de-France. FIGURE 3 - PÔLES ET ZONES DE MARCHÉ EN ÎLE-DE-FRANCE zone de zone de marché marché CERGY CERGY CLICHY PORTES SAINT-OUEN NORD DE PARIS PORTES NEUILLY NORD LEVALLOIS DE PARIS zone ROISSY de marché ROISSY PARIS zone NORD EST de marché ROISSY zone de marché BOUCLE zone de marché NORD PORTES EST zone de DE PARIS marché PORTES EST LA DE PARIS DÉFENSE PARIS RUEIL CENTRE OUEST zone de marché PARIS MARNE-LA-VALLÉE SEINE OUEST MARNE- MONTPAR- zone de NASSE LA-VALLÉE marché zone de marché SEINE zone SAINT-QUENTIN- OUEST de marché zone zone de zone de marché de marché EN-YVELINES SEINE AMONT PORTES EST marché SAINT-QUENTIN- SAINT- VÉLIZY NORD DE PARIS VÉLIZY EN-YVELINES QUENTIN- EN-YVELINES PARIS zone de marché PORTES SUD SUD EST PORTES SUD DE PARIS DE PARIS zone de marché MASSY zone de marché ORLY RUNGIS COURTABŒUF zone 20 14 de marché ORLY ORLY RUNGIS RUNGIS ÉVRY PÔLES TERTIAIRES PÔLES TERTIAIRES ZONES DE ONES DE MARCHÉ Z MARCHÉ TERTIAIRES TERTIAIRE Source : ORIE 13
ORIE / JUILLET 2021 FIGURE 4 - ÉVOLUTION DU PARC DE BUREAUX 1 830 000 1 630 000 1 430 000 1 230 000 1 030 000 830 000 630 000 430 000 230 000 30 000 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 ZONE DE MARCHÉ BOUCLE NORD PÔLE PORTES EST DE PARIS PÔLE PORTES NORD DE PARIS Source : ORIE Avec la crise sanitaire, l’année 2020 a été difficile pour le secteur Cependant les petites surfaces semblent mieux traverser la crise. tertiaire : incertitude économique générale, démarrage long de la Si l’on compare le premier semestre 2020 avec le premier se- campagne de vaccination et généralisation du télétravail qui pèse mestre 2019, le volume de transaction a baissé de 38% pour les sur le tertiaire. Sur l’ensemble de l’année, la demande placée des surfaces inférieures à 1000 m² alors qu’elles ont plongé de 75% bureaux en IDF est passée de 2 383 600 m2 en 2019 à 1 400 000 sur la même période pour les surfaces supérieures à 5 000 m². m2 en 2020, la fin de l’année ayant rattrapé le 2ème trimestre ca- tastrophique (572 000 au T2 2019 à 203 400 au T2 2020). FIGURE 5 - DEMANDE PLACÉE DES BUREAUX EN ÎLE-DE-FRANCE 3 000 000 m² 2 000 000 m² 1 000 000 m² 0 m² 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021 T1 T2 T3 T4 Total Source : Immostat 14
ORIE / JUILLET 2021 FIGURE 6 - VOLUME DE DEMANDE PLACÉE PAR CRÉNEAU DE SURFACE (HORS TRANSACTION TOTAL SUR THE LINK) m² 1S 2019 1S 2020 Variation (%) 1 200 000 1 000 000 800 000 -38% -38% -47% 600 000 -51% 400 000 -75% 200 000 0 < 1 000 m² 1 000 - 3 000 m² 3 000 - 5 000 m² > 5 000 m² Total Source : CBRE Pour ce qui est de la localisation, Paris a le plus souffert de la crise Finalement pour l’année 2020, la demande placée de bureaux en avec une baisse de 46% de la demande placée entre le S1 2019 IDF s’élève à 1 321 000 m2, en baisse de -45% par rapport à et le S1 2020 alors que le croissant ouest ne voit sa demande 2019. Le T4 2020 a enregistré un recul de 40% par rapport au diminuer que de 33% sur la même période. T4 20191. FIGURE 7 - VOLUME DE DEMANDE PLACÉE PAR SECTEUR GÉOGRAPHIQUE (< 5000 m²) m² 1S 2019 1S 2020 Variation (%) 700 000 600 000 500 000 -33% -34% 400 000 -41% -46% -49% 300 000 200 000 100 000 0 Paris La Défense Croissant Ouest 1ères Couronnes Total Source : CBRE 1 Immostat 15
ORIE / JUILLET 2021 Pour les investissements, ils sont en forte baisse en 2020 par rapport à l’année 2019 (-32%). Les investisseurs se sont montrés frileux par rapport à la crise sanitaire et ont eu tendance à être attentistes, ce qui explique cette baisse. Le début d’année 2021 semble lui prometteur, 3,2 milliards d’euros ont été investis sur les bureaux en Ile-de-France, soit un niveau inférieur de 38 % au volume du T1 2020 mais qui est en accord avec la moyenne sur 5 ans2. FIGURE 8 - ÉVOLUTION DES INVESTISSEMENTS DANS LE BUREAU 30 000 Mlns 20 000 Mlns 10 000 Mlns 0 Mlns € 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 T1 T2 T3 T4 Total Source : immostat uelles conséquences Q aura cette crise sur les bureaux ? Le premier constat de cette crise sanitaire est le suivant : le bureau traditionnel perd du terrain au profit du télétravail. Tout d’abord, il faut bien relativiser ce phénomène : du fait du déploiement des mesures sanitaires, le télétravail est imposé, il ne s’agit pas d’une démarche de volontariat des collaborateurs des entreprises. La question est donc de savoir quel sera l’impact du télétravail une fois la crise sanitaire passée. De plus, nous serons amenés à nous questionner sur d’autres modes de travail tel que le coworking ou sur de nouvelles organisations du travail ou encore le flex office. Enfin, il ne faut pas oublier qu’il est difficile pour le moment d’appréhender pleinement les modifi- cations apportées par la crise sanitaire. Avant d’énoncer les conséquences de la Covid-19 sur le marché du bureau, il est nécessaire de définir les différents termes désignant le « travail à distance ». • Le travail à distance s’entend du travail ayant lieu hors des locaux de l’employeur, en contact permanent avec l’en- treprise et l’employeur au travers des technologies de l’information et de la communication. • Le télétravail est une activité professionnelle exercée à domicile ou dans un tiers-lieu de manière régulière (toutes les semaines), un jour par semaine minimum. Il peut être assimilé à une activité sédentaire « déconcentrée ». 2 JLL 16
ORIE / JUILLET 2021 Crédit : freepik 1.1. L E TÉLÉTRAVAIL Apparu dans les années 90 avec l’apparition des « nouvelles » Aujourd’hui, selon le Ministère du travail, 26% des salariés ont technologies de l’information et de la communication (NTIC), le été au moins un jour en télétravail en février 2021, mais peu télétravail ne s’était jamais véritablement imposé dans la société. d’entre eux ont télétravaillé tous les jours de la semaine. Le té- létravail concerne surtout les plus grandes entreprises (33,7%). Avant la crise, le recours au télétravail ne représentait qu’une part minime dans les entreprises. Fin 2017, 3,0 % des salariés pra- Si les chiffres du télétravail semblent relativement bas, cela s’ex- tiquent le télétravail régulièrement (au moins 1 jour par semaine). plique par deux facteurs : selon le secteur ou le poste, il n’est pas Parmi eux, 45,3 % (soit 1,4 % des salariés) le pratiquent un jour possible de réaliser les tâches à distance - c’est pourquoi les taux par semaine, 26,3 % deux jours par semaine et 29,3 % trois jours sont aussi bas dans les secteurs de la construction ou de l’indus- ou plus par semaine3. Il est difficile après 2017 de trouver des trie – d’autre part certains secteurs sont à l’arrêt tels que l’hôtelle- chiffres fiables concernant le télétravail car avant cette date, dans rie, ce qui diminue la part des personnes en télétravail. Donc, il est le Code du Travail français, pour être juridiquement encadré, il rationnel d’en déduire que sa mise en place est plus importante devait être volontaire, régulier et mis en place dans le cadre du dans le secteur tertiaire, en particulier dans les établissements contrat de travail ou d’un avenant à celui-ci. L’ordonnance du 22 des secteurs « Information et communication », « Activité finan- septembre 2017 étend le champ du télétravail à une pratique oc- cière et d’assurance » et « Activité immobilière » dont les taux casionnelle et, en l’absence d’accord collectif ou de charte d’en- de télétravail sont respectivement de 79,4%, 68,2% et 52,4%. Au treprise, assouplit la formalisation nécessaire à sa mise en œuvre. niveau de sa fréquence, sur les 26,1% des télétravailleurs, la ma- jorité reste entre 2 et 4 jours en télétravail (48,1%). 3 Enquêtes de Sumer 2017 17
ORIE / JUILLET 2021 FIGURE 9 - PROPORTION DES SALARIÉS QUI ÉTAIENT AU MOINS UN JOUR EN TÉLÉTRAVAIL AU COURS DU MOIS DE JANVIER 2021, PAR TAILLE D’ENTREPRISE ET SECTEUR D’ACTIVITÉ Ensemble oct-19 20 - 49 50 - 99 100 - 249 250 - 499 500 et + DE - Industries extractives, énergie, eau, gestion des dechets et dépollution 27,5 4,7 7,6 10,6 14,6 10,9 36,7 C1 - Industrie agro-alimentaire 9,6 0,3 5 5,4 11,4 11,6 14,8 C2 - Cokéfaction et raffinage 9,1 nd 20,4 12,6 nd 5 9,3 C3 - Biens d’équipement 35,2 16,1 15,9 23,1 25,7 31,3 48 C4 - Fabrication de matériels de transport 31,7 3,5 5,7 25,9 15,9 18,8 35,7 C5 - Fabrication d’autres produits industriels 17,2 5,8 6 11,9 15,5 20,5 28,7 FZ - Construction 11,2 3 5,5 10,2 10,6 17,5 25,8 GZ - Commerce ; réparation d’automobiles et de motocycles 17,8 8,6 14,7 16,9 22,6 22,1 19,9 HZ - Transports et entreposage 14,5 2,8 3,6 6,8 5,9 10,2 21,2 IZ - Hébergement et restauration 9,3 6,8 5,2 8,9 9,7 10,3 16,8 JZ - Information et communication 79,4 70 73,3 81 80,6 83,3 81 KZ - Activités financières et d’assurance 68,2 40,4 56,7 80,7 73,9 80,4 68,6 LZ - Activités immobilières 52,4 37,7 44,6 38,5 55,1 55,4 67 MN - Activités scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien 41 33,5 37,7 40,2 45,7 47,9 41,6 OQ - Enseignement, santé humaine et action sociale 10,9 10,9 10,2 8,2 13,6 11,3 11 RU - Autres activités de services 29,6 24,9 25,4 26 34,8 38,2 39,4 Ensemble 26,1 15,1 17,8 20,8 25 28,2 33,7 Source : DARES FIGURE 10 - RÉPARTITION DES TÉLÉTRAVAILLEURS SELON LA FRÉQUENCE DE TÉLÉTRAVAIL EN JANVIER 2021 (% DE SALARIÉS) 7% 13% 31% Quelques jours ou demi-journée par mois Entre deux et quatre jours par semaine Un jour par semaine 48% Toute la semaine Source : DARES 18
ORIE / JUILLET 2021 Cette période a permis d’accélérer le déploiement des nouveaux location de bureaux représente le deuxième poste de dépenses environnements de travail, offrant une part prépondérante aux après les salaires pour les entreprises. Ce point sera abordé plus espaces collaboratifs et favorisant la montée en puissance des en profondeur à la sous-partie consacrée aux changements de services pour enrichir « l’expérience salarié ». En 2019, 66% des modes de vie de la partie 1. actifs travaillaient en bureaux fermés, individuels ou partagés et 34% en espace collectif ouvert4 et par ailleurs 66% des salariés En dépit de ces aspects positifs, l’expansion du télétravail a per- trouvaient leurs conditions de travail non adaptées à leurs acti- mis de montrer les limites de cette nouvelle organisation du tra- vités. vail. En outre, le télétravail, bien qu’imposé, a permis de répondre à Le principal risque du travail à distance est de créer des inégalités beaucoup d’autres problématiques : sociales qui peuvent être de plusieurs natures : Les inégalités en fonction du lieu de vie du salarié : par Le premier avantage, qui explique sa mise en place, est qu’il exemple, les personnes vivant seules dans un espace réduit permet de limiter la responsabilité de l’entreprise face à la pro- sans infrastructure adaptée pour leurs tâches profession- pagation du virus. De plus, certains bâtiments ne peuvent que nelles ; difficilement respecter les nouvelles normes sanitaires. Le parfait Les inégalités en fonction de l’âge ou des compétences du exemple reste La Défense qui fait face à un vrai défi quant à l’ap- salarié : les personnes plus âgées doivent apprendre à utili- plication des mesures sanitaires (exemple : une seule personne ser seules des technologies qu’elles n’utilisaient pas jusque-là dans les ascenseurs, impossibilité d’ouvrir les fenêtres pour cer- telles que Zoom ou Teams ; tains bâtiments…) ; Les inégalités d’accession au numérique : certaines per- sonnes n’ont qu’un accès très limité voire instable à internet ou à la 4/5G ; Certains travaux sur le télétravail tendent à montrer que pour Les inégalités selon le secteur d’activité : certains métiers les salariés, le rapport au temps/horaire s’assouplit. Certains comme le commerce, l’hôtellerie et la restauration ne peuvent peuvent se sentir plus reposés et mieux concentrés, le stress des pas pratiquer le télétravail ; transports et de la course permanente disparaissent. D’autres Des salariés qui sont plus sujets aux difficultés économiques : peuvent avoir le sentiment de disposer de plus de temps et d’au- une facture électrique qui grimpe fortement, par exemple. tonomie. Un rapport publié par la Direction Générale des Entre- prises montre que la productivité des salariés augmenterait de 5 à À l’inverse, le travail au bureau permet de mettre tous les indi- 30% à domicile, sans toutefois préciser la méthodologie amenant vidus sur un pied d’égalité. En revanche, certains membres du à ce résultat. Cette large fourchette serait expliquée par un inves- groupe de travail de l’ORIE constatent que le télétravail permet tissement plus important du travailleur pour compenser son ab- d’améliorer les rapports hiérarchiques, avec plus de facilité dans sence physique et le gain de temps sur les trajets domicile/travail. l’expression et les initiatives. D’autres études tendent plutôt à montrer que le bureau permet une plus grande productivité même s’il existe une complémenta- Outre les inégalités, certains travailleurs associent le travail à do- rité avec le télétravail ; micile au chômage partiel : quelle est mon « utilité », quel sens est donné à mon travail ? Récemment, les enquêtes montrent que les jeunes sont les plus opposés au télétravail à 100% car ils souffrent Le troisième avantage du télétravail est qu’il diminue l’empreinte du déficit de sociabilisation lors du travail en distanciel. carbone liée aux transports des personnes. Le transport est d’ail- leurs le secteur le plus polluant : en Île-de-France, le trafic routier Le télétravail a également un impact sur le travail collectif : est responsable de plus de 50% des émissions d’oxydes d’azote et cela limite les échanges d’idées, l’esprit de groupe, la spontanéité, de 20% des émissions directes de particules fines5. il contribue à la fluidité, la créativité et donc l’innovation. la quasi-totalité (94 %) des émissions du secteur des transports. Le transport des usagers représente quant à lui 56% du trafic. La Enfin, le télétravail augmente également les troubles muscu- partie 3 de cette étude abordera plus en détail les émissions de losquelettiques (mauvaises postures, bureaux inadaptés...) - liés CO2 et l’impact sur l’implantation des actifs ; à un environnement de travail non adapté - voire des troubles de la concentration et de la fatigue accentuée (bruits ambiants, luminosité trop faible...) ou psychologique pour ceux qui souffrent Notons que pour les entreprises, le travail à distance pourrait d’isolement. également être un moyen de réduire fortement les coûts. La 4 bservatoire Actineo O 5 Source : Iledefrance.fr 19
ORIE / JUILLET 2021 uelles seront alors les conséquences Q du télétravail sur l’implantation des bureaux ? Une étude de l’IEIF publiée en 2021 a observé l’impact Crédit : freepik futur du télétravail sur le parc de bureaux francilien. Le En prenant en compte l’estimation ORIE du parc de bu- premier constat est que ce dernier permettrait potentielle- reaux en 2019, ainsi que le taux de vacance associé, on ment de diminuer le nombre de postes de travail et donc la obtient un total de 50,9 millions de m² occupés (54,5*(1- surface totale du parc de bureaux. Mais la réduction de ces 6,6%)). Les emplois de bureaux dans le secteur du privé surfaces ne se répercute pas de manière symétrique sur les et du public ont également été pris en compte, soit 2,5 surfaces occupées par les entreprises. millions d’emplois. Rapporté à la surface de bureaux, cela équivaut à 20,4m² par emploi de bureaux. Pour anticiper la baisse de ces surfaces, l’IEIF a pris en compte 4 critères principaux : Enfin, il est à noter que l’impact de la crise sanitaire sur les surfaces de bureaux prendra du temps : les entreprises doivent d’abord définir, puis implémenter une nouvelle organisation du travail. Elles devront potentiellement La part des entreprises qui choisiraient de mettre en œuvre prendre en compte une nouvelle localisation ou de nou- une politique de télétravail et décideraient de manière cor- veaux aménagements des espaces de travail. rélative de réduire leur empreinte immobilière ; De plus, la mise en œuvre de ces évolutions ne pourra se faire qu’en tenant compte des dates de sortie possible des baux en cours, qui peuvent s’étaler jusqu’à 9 ans (voire Le nombre de jour de télétravail retenu en moyenne au plus) pour un certain nombre de grands groupes ayant si- sein de ces entreprises ; gné des baux longs. L’impact sur le parc de bureaux franci- lien se ferait donc sur une période de 10 ans. Au final, si nous passons à 1,5 jour de télétravail par se- La part des emplois de bureaux permettant la mise en maine, cela impacterait 2,6 millions de m² sur 10 ans soit place du télétravail au sein de ces entreprises ; 5,2% du parc francilien occupé total. Si on assistait à une généralisation de 2 jours de télétravail par semaine, cela impacterait 3,5 millions de m² soit 7 % Le gain de surface envisageable, compte tenu de l’impact du parc francilien. de la réduction des postes de travail liée à la mise en place du télétravail, mais également de la nécessité de repenser Dans le 3ème scénario qui verrait les entreprises démocra- l’aménagement des espaces de travail, notamment en dé- tiser 2,5 jours de télétravail par semaine, cela impacterait veloppant les espaces collectifs. 4,4 millions de m² soir 8,7% du parc de bureaux francilien. 20
ORIE / JUILLET 2021 ue faire de ces futures Q surfaces vacantes ? Le groupe de travail de l’ORIE estime que la transforma- En Île-de-France, la transformation de bureaux en loge- tion de bureaux en logements permettrait de répondre à ments concerne essentiellement la première couronne. A plusieurs enjeux : Paris, la faible vacance en bureaux et les écarts de valeur entre bureaux et logements ne facilitent pas la démarche. En seconde couronne sauf exception, le prix de vente des La naturelle obsolescence du parc de bureaux a pour logements ne permet pas d’absorber les coûts de trans- conséquence que tout immeuble de bureaux doit faire formation. l’objet d’une rénovation lourde au minimum au bout de 30 ans (usure des équipements, confort des utilisateurs, iso- En 2020, s’est créée la Foncière Action Logement à par- lation, réaménagement des espaces de travail...). On peut tir des recommandations de l’ORIE en 2018 sur l’étude estimer que 3% du parc francilien (soit plus de 1,5M de « Comment accélérer la reconversion d’actifs immobiliers m²) arrive à la fin de sa première vie chaque année. Parmi en situation de vacance structurelle ? ». Cette foncière est ces bureaux, une partie importante ne peut faire l’objet de dédiée à l’acquisition d’immeubles économiques obsolètes restructurations lourdes essentiellement pour des raisons (bureaux, activité, etc.) pour favoriser leur transformation économiques : les locaux sont trop éloignés des transports en logements, en majorité sociaux et intermédiaires, par en commun ou les loyers de marché sont trop faibles. La les opérateurs. Il s’agit d’une réponse à une double urgence crise de la Covid-19 a amplifié ce phénomène d’obsoles- sociale et environnementale : plus de logements abor- cence des locaux - liée à la valeur sanitaire d’un immeuble dables, moins d’artificialisation des terres en privilégiant la et elle explique également la baisse marquée des besoins transformation immobilière et urbaine. en surface de bureaux. De plus, de nouvelles formes de travail se démocratisent. Enfin, l’impact de la Covid-19 Le contexte est donc porteur pour Action Logement. La reste un accélérateur de l’obsolescence et des besoins en transformation de bureaux en logements est un enjeu volume de bureaux ; primordial pour les prochaines années. Mais des freins subsistent : des coûts d’acquisition élevés (différentiels marchés bureaux vs marchés résidentiels), des coûts de Une demande de logements qui ne faiblit pas (même si elle transformation élevés (nombreuses contraintes tech- évolue) avec plus de 50 000 nouveaux franciliens par an à niques en fonction de l’âge et de la morphologie des bâti- laquelle l’offre neuve peine à répondre. Le ralentissement ments), des PLU n’autorisant pas le logement, des besoins de la construction constaté ces derniers mois (COVID-19 d’équipements et d’infrastructures nécessaires (tension sur et élections) vient accroitre le déficit chronique de loge- les ressources publiques), la complexité du Droit et de la ments (libres et sociaux) en Île-de-France. De plus, le loge- Fiscalité francilienne, les accords des copropriétaires diffi- ment fait face de son côté à une offre insuffisante, notam- ciles à obtenir car l’unanimité est requise pour un projet de ment abordable dans les zones tendues, et à un besoin de transformation… surfaces plus grandes pour les ménages, lié à la Covid-19 ; Les conséquences sur le marché du bureau sont donc considérables mais en impactant les bureaux, cela impacte L’empreinte carbone de la construction et la probléma- également les quartiers et centres-villes à dominante ter- tique de l’étalement urbain : le renouvellement urbain, tiaire subsistant grâce aux salariés. Ces quartiers se re- c’est-à-dire la reconstruction de la ville sur elle-même et le trouvent alors désertés à l’image de La Défense. Le déve- recyclage des ressources bâties et foncières permettraient loppement du télétravail priverait les commerces alentours de lutter contre l’étalement urbain tout en limitant les ef- de leur clientèle les amenant à baisser le rideau. fets néfastes sur l’empreinte carbone. Valeur sanitaire d’un bureau6 : immeuble garantissant une sécurité sanitaire optimale durant toute la jour- DÉFIN née, aussi bien au niveau des espaces que des volumes, tant au niveau du poste de travail et de son en- ITION vironnement immédiat que des installations aérauliques (ventilation, renouvellement d’air, climatisation). 6 Source : Immobilier de bureaux : la valeur sanitaire s’impose, Ingrid Nappi, La tribune 21
ORIE / JUILLET 2021 1.2. L E COWORKING DÉFINITION Le terme « tiers-lieux » originaire des Etats-Unis, Il n’existe pas de définition générique du coworking mais selon provient de l’anglais « third place ». C’est un lieu l’étude 2017 de l’ORIE « Coworking et immobilier de bureaux en de travail situé hors du domicile et de l’entreprise. IDF », les espaces de coworking doivent remplir cinq conditions : C’est un terme générique qui englobe les espaces de télétravail, de co-working, les fablabs, les télé- l’espace de coworking doit être un tiers-lieu : c’est-à-dire ni centres, pépinières, incubateurs etc… un domicile ni des bureaux d’entreprise, permettant d’accueil- Le nomadisme s’entend d’une activité profession- lir des télétravailleurs indépendants ou des sociétés de toutes nelle qui s’exerce dans de multiples lieux (bureaux, tailles, de la TPE à la très grande entreprise ; domicile, tiers-lieux, etc.) de manière régulière ou une offre de services diversifiés, inclus ou payants, plus at- aléatoire tout au long de la semaine. tentifs au bien-être des travailleurs ; un réseau de travailleurs ou une communauté n’appartenant pas tous à la même entreprise mais présentant des intérêts communs, encourageant l’échange et le business, animé par un réseau social et un programme d’événements (par exemple une stratégie économique immobilière telle que l’optimisa- conférences, activités sportives, cocktail, etc.) ; tion de la location d’un espace, de la valorisation d’un actif et un type d’aménagement de l’espace de travail hybride et la rationalisation de l’espace en entreprise. décontracté, présentant des espaces de travail (privatifs ou partagés, services de bureautique, connectivité), des services Il est difficile de chiffrer le nombre d’espaces de coworking car tertiaires et des espaces propres à d’autres actifs immobiliers les bases de données recensant les espaces de coworking n’ont (par exemple cuisine, lobby, chambre de repos, salle de jeux, pas de définition harmonisée. Mais la région IDF et l’Institut Paris etc.) ; Region ont répertorié la liste des tiers-lieux en IDF. FIGURE 11 - CARTE DES TIERS-LIEUX IDF EN 2020 Ermont Soisy- sous- Groslay Arnouville- Gonesse Montmorency lès-Gonesse Frette- sur- Mitry-Mory Seine (la) Enghien- Deuil- Sannois Garges- Cormeilles- Saint- les- la- Montmagny lès-Gonesse Bonneuil- en-Parisis Gratien Bains Barre en-France Pierrefitte- sur-Seine Villepinte Aulnay- Maisons-Laffitte Epinay-sur-Seine Stains Villetaneuse sous-Bois Argenteuil Dugny Île- Saint- Villeparisis Sartrouville Gennevilliers Denis (l’) Blanc-Mesnil (le) Mesnil- Sevran Saint-Germain-en-Laye le-Roi Villeneuve- Bourget Saint-Denis Vaujours la-Garenne Courneuve (la ) (le) Houilles Bezons Colombes Bois- Livry-Gargan Montesson Drancy Coubron Colombes Courtry Carrières- Asnières- Aubervilliers sur-Seine sur-Seine Saint-Ouen Pavillons- Garenne- Bobigny Clichy- Colombes (la) sous-Bois sous-Bois Clichy Bondy Chatou Courbevoie Montfermeil Pantin Vésinet (le) Levallois- Raincy (le) Pecq (le) Perret 18e Noisy-le-Sec Nanterre Neuilly- Pré-Saint- 17e Puteaux sur-Seine 19e Gervais (le) Villemomble Port- Romainville Croissy- Marly (le) Lilas(les) sur-Seine Chelles Gagny Suresnes 9e 10e Rosny-sous-Bois 8e Bagnolet Bougival 2e Louveciennes 1er 3e 11e 20e Montreuil Neuilly- Neuilly-sur-Marne 16e Gournay- Plaisance Rueil-Malmaison sur-Marne 7 e 4e Fontenay- Celle-Saint- 6e sous-Bois Champs- Saint- Vincennes Cloud (la) Vaucresson Perreux- sur-Marne Garches Saint- Cloud 15e 5e sur- Bry- 12e Mandé Boulogne- Nogent- Marne (le) sur- Noisy-le-Grand Marnes- Rocquencourt Billancourt sur-Marne Marne la- Chesnay (le) Coquette 14e 13e Ville- Sèvres Issy-les- Vanves Charenton- Villiers-sur-Marne d’Avray Moulineaux le-Pont Saint-Maurice Joinville- Emerainville Montrouge le-Pont Malakoff Gentilly Ivry-sur-Seine Champigny-sur-Marne Kremlin- Versailles Chaville Châtillon Bicêtre (le) Maisons-Alfort Arcueil Plessis- Viroflay Saint-Maur-des-Fossés Meudon Trévise (le) Chennevières- Clamart Alfortville sur-Marne Bagneux Villejuif Fontenay- Cachan aux-Roses Vitry-sur-Seine Ormesson- Plessis- Queue- Vélizy-Villacoublay Bourg- sur-Marne Robinson (le) Créteil en-Brie (la) la- Haÿ- Pontault-Combault Sceaux Reine les-Roses (l') Bonneuil- Buc Noiseau sur-Marne Sucy-en-Brie Jouy-en-Josas Châtenay-Malabry Chevilly-Larue Loges-en- Source : Institut Josas (les) Paris Région Choisy-le-Roi Thiais Valenton Bièvres Fresnes Toussus- Verrières-le-Buisson Antony le-Noble Boissy-Saint-Léger Marolles- Lésigny en-Brie 22
ORIE / JUILLET 2021 On trouve principalement des tiers-lieux et espaces de cowor- Wework, Wojo, Spaces et Morning. Pourtant, la base Neo-No- king à Paris et en Hauts-de-Seine. En 2019, selon InfoBureau- made en 2010 ne recensait qu’une dizaine d’espace de coworking Mag, 1700 espaces seraient recensés en France (soit 1 million en Île-de-France. Aujourd’hui, l’intérêt pour ce produit immobilier de m²) dont 35% trouveraient en Île-de-France et 23% à Paris. 4 ne cesse d’augmenter. acteurs se partageraient 24% des espaces de coworking, à savoir uelles sont les raisons du succès Q du coworking et notamment durant la crise sanitaire ? Le baromètre Qualitel constate que 4 français sur 10 ne Dans le contexte post-Covid, la location d’espaces de disposent pas d’un espace de bureau dans leur logement coworking permet également aux collaborateurs de rompre et 34% estiment que leur logement n’est pas adapté au l’isolement en renouant avec une ambiance de bureau au télétravail. En prenant en charge ces frais, l’entreprise as- sein d’espaces adaptés avec un esprit communautaire et surerait à ses salariés des espaces confortables et adaptés souvent plus proches de leur domicile, réduisant ainsi les pour travailler. De plus, travailler dans un tiers-lieu permet temps de trajets domicile/bureau. Certains groupes tels de réduire le temps de trajet et ainsi désengorger les trans- que le Crédit Agricole et Capgemini ont d’ailleurs créé des ports. espaces de coworking en périphérie afin d’éviter les trajets vers les sièges sociaux. Afin d’aider les collaborateurs à travailler dans un espace de travail adapté et garantir l’équité dans l’expérience du Avec la crise sanitaire, l’offre de coworking change. Les so- télétravail, une proposition de loi a été déposée au Sénat ciétés de coworking et les centres d’affaires développent en début d’année pour faciliter l’accès à des bureaux de une offre de services différente. Certains proposent désor- proximité et maintenir la vie sociale des travailleurs à dis- mais des forfaits à la journée, tandis que d’autres déploient tance. Pour cela, le projet prévoit notamment la création une offre d’aménagement de bureaux auprès des particu- d’un titre spécial de paiement remis par l’employeur aux liers. La tendance est à la diversification. salariés pour leur permettre d’acquitter tout ou une partie des frais générés telle l’accès à tous les espaces de travail De nouvelles offres immobilières innovantes, proches du partagés, tiers-lieux… Ce titre est appelé « ticket bureau ». coworking, font également leur apparition sur le marché Cela permettrait également de favoriser l’attractivité et la du travail. Par exemple, le Groupe Icade a créé une ligne de dynamisation des centres périphériques avec l’émergence produits avec services « Imagin’Office » et le groupe BNP de tiers-lieux et de locaux de proximité pour les salariés. Paribas Real Estate, en collaboration avec Now Coworking, a créé Now Connected. Le but est, pour les propriétaires Si la crise sanitaire n’a pas été un déclencheur, elle a été ou les entreprises disposant de bureaux vacants, de valori- cependant un accélérateur du besoin croissant de flexibi- ser ces surfaces en les transformant en espaces de cowor- lité des entreprises pour leurs modes d’organisation et de king destinés aux petites entreprises, aux travailleurs travail. Le coworking reste un moyen efficace pour les en- indépendants, aux start-ups et aux collaborateurs d’une treprises d’adapter leurs surfaces de bureaux en proposant entreprise déjà installée dans l’immeuble. Ces nouveaux des baux plus souples que le classique 3/6/9 et de réduire locataires disposent ainsi de postes de travail premium les coûts immobiliers pour les entreprises faisant face à mais aussi d’espaces communs et d’une offre de services des difficultés économiques. Ces espaces offrent donc la complète (snacking, livraison, salle de sport...). A l’ère de possibilité aux acteurs de trouver des locaux à moindre l’économie collaborative, des mutations technologiques et prix sans s’engager sur le long terme. dans le contexte de la crise sanitaire récente, cette nou- velle solution immobilière apparaît ainsi idéalement adap- Le recours au coworking offre également une solution aux tée, à la fois sécurisante pour les propriétaires et flexible contraintes de dédensification des locaux tout en garantis- pour les utilisateurs. sant un environnement de travail de qualité aux collabora- teurs. Les espaces de coworking proposent généralement des prestations (espaces, services et équipements) supé- rieures aux bureaux traditionnels. 23
ORIE / JUILLET 2021 Crédit : freepik Mais mettre en place des bureaux flexibles apporte son lot d’in- convénients : 1.3. L E FLEX OFFICE Nécessité de mettre en place une organisation spécifique pour éviter de se retrouver dans des situations où il y a plus Selon JLL, le flex office repose sur un certain nombre de critères : de travailleurs que de places au bureau ; Réorganisation des espaces obligatoires avec le déploiement Un environnement de travail « activity based », organisé en de nouvelles typologies d’espaces, de nouveaux services et fonction des activités de la journée ; usages indispensables à la performance des équipes : salle de La mutualisation des postes de travail, se traduisant par un repos, espace de concentration, espace dédié aux échanges plus petit nombre de postes que de collaborateurs ; et à la créativité, cabine réservée aux réunions téléphoniques Le déploiement d’un grand choix d’espaces collectifs et alter- et aux visioconférences… natifs : espaces de concentration, de brainstorming, de convi- Sensation pour le salarié de travailler dans un espace assez vialité… impersonnel car changer de poste de bureaux chaque jour De nouveaux principes de fonctionnement : pas de place at- implique de ne pas avoir d’espace à soi ; titrée, clean-desk (je libère mon poste quand je m’absente), Sensation de ne pas appartenir à un groupe, à une équipe logiques de territoire et de brassage. pouvant amener à la perception d’un isolement social. En 2018, 22,5% des entreprises franciliennes du tertiaire avaient Avec l’essor du travail à distance lié à la crise sanitaire et les ré- opté pour le flex office7. Les raisons sont nombreuses : ductions de coût des entreprises (l’immobilier est le deuxième poste de dépense après la masse salariale), la demande pour ces Les bureaux ont régulièrement de l’espace inutilisé car les sa- espaces n’a cessé d’augmenter. lariés ne sont pas toute l’année au bureau (congé, missions en dehors du bureau…) ; En 2020, il a été constaté une accélération du déploiement du flex Il est dorénavant possible de travailler à distance grâce à de office (38% l’ont déjà mis en place en 2020, soit 15% d’augmenta- nouveaux outils numériques ; tion en un an). De plus, 76%* des entreprises envisagent à court Les salariés souhaitent un meilleur équilibre entre vie profes- ou moyen terme une réduction de leurs surfaces et souhaitent se sionnelle et vie personnelle tout en diminuant les temps de lancer dans une démarche d’optimisation de leur immobilier en trajets domicile-travail, le flex office permet donc aux salariés agissant aussi bien sur les surfaces occupées que sur leurs coûts de télétravailler plus facilement. locatifs8. 7 ource : Parella/Esquisse S 8 Source : Parella 24
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