Numérique en pratique - comment je me transforme et avec qui ? - Alliancy
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Le Numérique en pratique comment je me transforme et avec qui ? STRATÉGIES L’HUMAIN LA DATA LA CONNECTIVITÉ LA SÉCURITÉ LE SYSTÈME D’INFORMATION
Préambule Une transformation protéiforme Le numérique, au cœur de toute stratégie d’entreprise désormais, est un formidable accélérateur de croissance. Nous sommes entrés dans une économie où l’innova- tion ouverte et l’expérimentation sont devenues les clés de la réussite… à condition de savoir placer l’utilisateur au cœur de ses réflexions. De fait, le pouvoir appartient désormais au « client » qui (ré)invente les usages et impose les processus et produits de demain. Évidemment, ceci est plus facile à dire qu’à faire. Et beaucoup d’entreprises échouent par manque de vision ou de stratégie, d’investissements ou de talents, par crainte du changement ou d’absence de support… C’est pourquoi Alliancy a choisi de publier ce guide pour augmenter vos chances de réussite, car il n’y a pas de fatalité. Les méthodes pour rester concurrentiels, ou « pivoter » dans cette nouvelle éco- nomie, sont multiples et les chemins de traverse nombreux. Aucun modèle unique n’existe. Et cette diversité est une chance. Faut-il avoir, dans cette révolution techno- logique et sociétale, l’esprit suffisamment curieux, ouvert et agile pour trouver sa voie. L’intelligence artificielle en force Au-delà d’une vision commune, il existe donc plusieurs façons de me- ner une transformation, que ce soit Le partage d’une par domaines, par l’introduction d’ou- tils numériques, par la mise en place vision commune d’une nouvelle gouvernance ou de et l’humain sont au nouveaux espaces de travail, par cœur des enjeux de l’open innovation et plus de collabo- ration… Vous le découvrirez au fil des transformation. pages de ce guide. Mais on s’aper- çoit, aujourd’hui, que tout ceci se couple désormais avec une nouvelle strate incontournable, celle de l’in- telligence artificielle (IA). Cette technologie est partout sous-jacente, autant dans les tâches réalisées par les hommes que par l’intégration dans les systèmes de nouvelles solutions apportées par l’IA. Il est important de s’y préparer, de se former… car c’est là un autre tsunami qui s’annonce. LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 2
PRÉAMBULE Emery Jacquillat, som 2 président de Camif-Matelsom « Il faut se mettre face aux enjeux de société » maire ENQUÊTEi EXCLUSIVE I 5i Prestataire 21 du numérique, des objets Hors-série – 2018 de transformation non identifiés 5 Notre sélection des 100 acteurs du numérique Jonathan Trepo, 9 directeur général de Zalando France « Notre avantage concurrentiel STRATÉGIES I 11 I se fera sur l’innovation technologique » Valeo 25 ou la vision à long terme d’un patron La Factory de Vinci 11 Energies s’exporte 29 Intelligence artificielle valoriser l’écosystème, une priorité Rotterdam connecte 18 entièrement son port 31 Vincent Bedouin, président de We Network et Lacroix « Seul l’IoT peut amener les ETI vers l’industrie du futur » 34 Yves Caseau, Digitalisation DSI de Michelin de la banque « En IA, il faut être dans une et des assurances, démarche dynamique » que reste-t-il à mener ? 20 37 LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 3
LE SYSTÈME I Damien Giroud, D’INFORMATION I 39 I directeur solution datacenters chez Schneider Electric France Marc Rocaniere, « Cloud et edge computing ne directeur des systèmes s’opposent pas » d’information de Ditto Bank 52 « Des stratégies pour s’assurer les bonnes compétences » Vers où vont les DSI 41 53 Gabriel Orio, membre du comex Crédit Agricole Leasing & Factoring « Guillaume Bourdon, L’expérience client doit être cofondateur de Quinten aux meilleurs standards » « Les SI existants ne sont pas un frein à 55 la valorisation des données » 44 La DSI d’Engie, industrialise pour innover Pierre-Antoine Falaux- et communiquer Bachelot, 57 groupe lead architect infrastructure d’Engie « Une stratégie cloud first a des implications en cascades » 46 Agnès Riche, directeur général adjoint de Ciprés Assurances « Notre valeur ajoutée doit être sur notre core business » 158 L’edge computing, Quelles urgences une informatique locale pour les industriels qui veulent et décentralisée concrétiser leur transformation digitale 49 160 LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 4
ENQUÊTE EXCLUSIVE Prestataires du numériquE : des objets de transformation non identifiés Dorian Marcellin (@DorianMarcellin) Alliancy présente les résultats de son enquête « Le Numérique en pratique » réalisée auprès de prestataires du monde numérique. Notre sélection des « 100 », sur plus de 300 répondants, peut guider efficacement les entreprises dans leur transformation. Transformation numérique ! Le terme est chaque question à laquelle une entreprise galvaudé en 2018, tellement il est répété essaye de répondre, deux autres appa- à l’envi par les directions générales, de la raissent dans d’autres services. La donne communication, du marketing et par les n’est pas facilitée par la transformation experts de tous bords. Sous un même cha- généralisée des fournisseurs de pro- peau, celui-ci abrite des réalités variées, duits et de services, notamment ceux de qui se traduisent par des préoccupations l’ancien monde du software, qui se repo- transverses. Transformation de la relation sitionnent – avec plus ou moins de clar- client, innovation produit, changement des té et de facilité – sur ce nouveau credo. modes de travail des collaborateurs… Pour Au final, la confusion règne quand il s’agit LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 5
de déterminer qui peut accompagner effi- cacement la mutation d’une organisation et comment. Pourtant, au sein des entre- Les prestataires sont une majorité prises, les exigences se font plus fines, la tolérance aux discours creux, plus faible. à proposer une approche transversale Les principaux transformateurs à l’œuvre de la transformation numérique… dans les entreprises sont les premiers à le reconnaître : ils ne pourront pas assurer le 32 succès des transformations seuls ; ils ont Seuls % besoin d‘alliés de confiance. « En ayant des rapports privilégiés avec les fournisseurs, on est en mesure d’amener des innovations rapides, d’expérimenter. Il faut profiter de leur créativité, de leur ca- pacité à voir où sont les axes d’innovation nouveaux, technologiques. Mais pour que se déclarent spécialisés cela fonctionne, il faut qu’il y ait beaucoup sur un seul thème tandis que d’humilité des deux côtés. Il faut savoir 48% en sélectionnent au moins 3. se mettre en position d’écoute. Les tech- nologies évoluent, aujourd’hui, tellement rapidement que l’on a besoin de ceux qui sont capables de suivre – à condition qu’ils parviennent à adopter cette posture », témoigne Emmanuel Fouché, DSI d’Engie pour le marché client particulier. Tous spécialistes de la "transformation numérique" Alliancy a donc décidé de mener l’enquête … et ciblent des secteurs auprès du marché... Plus de 300 presta- taires du numérique se sont positionnés et aux maturités différentes. ont exprimé leurs messages sur ces larges enjeux de transformation. Parmi les enseignements de leurs ré- ponses : une immense majorité d’entre eux se présente comme des « acteurs trans- verses » de la transformation numérique, quel que soit le produit ou le service qu’ils proposent. Si cela est compréhensible pour quelques « grands », le discours est plus difficile à prendre au sérieux pour une start-up ou un éditeur spécialisé. Bien souvent, la transformation est encore vue comme une histoire d’outils technolo- giques – notamment logiciels – à mettre en place. En effet, 8 prestataires sur 10 se présentent dans cette enquête comme « agissant sur l’évolution des processus et déclare même pouvoir accompagner des outils de production », c’est-à-dire une orientation produit, plutôt que sur l’évo- ses clients sur tous les aspects de la lution de l’expérience client ou des mo- transformation quelle que soit son activité. des de collaborations internes, par nature D.R. beaucoup plus « culturels ». LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 6
ENQUÊTE EXCLUSIVE Lors d’une table ronde consacrée à la de l’innovation. Ce qui peut parfois avoir question sur le salon Roomn à Monaco, des impacts sur la cohérence du change- Denis Cammas, directeur des infrastruc- ment. « L’important pour nous, ce sont les tures France et CTO France du groupe vecteurs profonds d’innovation, autour Generali a résumé : « La transformation, des objets connectés et de la transfor- c’est une affaire de compétitivité et de mation du parcours client au sein de nos concurrence avant tout. Le premier point magasins par exemple. Ce sont des consiste en l’optimisation de nos moyens, sujets qui demandent à être portés de et c’est sur ce point qu’ont eu lieu les prin- bout en bout, pas seulement avec une cipaux investissements jusque-là. Mais on seule solution ou un outil », remarque assiste à un shift – pas encore assez fort – pour sa part un dirigeant de Louis Vuitton vers le second, qui consiste à se différen- face aux résultats. Ils ont une offre majoritairement t ournée vers l’évolution des processus e t de l’outil de production. Ils préfèrent s’adresser en priorité aux « grands », avoir le DSI comme interlocuteur… cier, dans le service, l’expérience client, Les messages aux directions générales les usages et les modèles d’affaires. » Et restent également très convenus. Ces der- en la matière, il souligne : « La partie hu- nières se débrouillent-elles donc sans ces maine de la transformation, le change- experts pour définir en connaissance de ment clé pour les RH et les modes de tra- cause une stratégie cohérente de transfor- vail sont encore trop souvent oubliés. » mation ? L’absence de discours et de mes- De fait, encore en 2018, les interlocu- sages différenciants portés à l’égard des teurs privilégiés des prestataires restent autres directions que celles informatiques, les directions des systèmes d’informa- est l’autre grande constante relevée tion, loin devant les directions métiers ou par notre enquête. Au total, sur plus de LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 7
300 répondants, seuls 5 % ont pris le parti Dans la sélection des prestataires capa- de citer des exemples métiers concrets et bles d’accompagner la transformation, d’illustrer leurs actions par des réalisations Denis Cammas distingue les acteurs de de leurs clients. taille importante pour la plupart capables À Monaco, un décideur au sein du groupe d’aider à structurer, piloter et communi- La Poste réagit : « Il y a un énorme nombre quer autour d’un plan stratégique, de ceux d’acteurs qui présentent tous le même dis- qui se concentrent sur des aspects plus cours vantant leurs mérites. Mais, derrière, opérationnels et sur les accélérateurs digi- on doit passer un temps très important taux. « Dans ce second cas, on va chercher pour bien comprendre ce qu’ils peuvent la valeur chez un tout autre type d’acteurs, vraiment faire pour nous… On les écoute car tous les prestataires traditionnels nous très longtemps pour parvenir à les aligner diront qu’ils savent tout faire, avec une sur nos besoins finaux de transformation. sémantique identique… À l’inverse, on trouve, aujourd’hui, des Fintech et des Assurtech avec la culture de l’usage et des solutions clés en main hyperprécises … et communiquer qui provoquent des changements forts et directs. Leurs leviers immédiats ce sont sur des messages p eu l’intelligence artificielle, la data, et des temps de delivery record. Cela permet de différenciants. faire bouger les lignes dans l’entreprise beaucoup plus vite. » Et pour bien choisir, il rejoint l’expérience de La Poste : « Pas de recette toute faite ! Ce qui fait la différence, c’est l’empirique, les illustrations concrètes, les réseaux et écosystèmes des uns et des autres, le fait de se voir apporter des exemples », estime-t-il. Un témoignage qui recoupe notre conclusion : les prestataires du nu- mérique vont continuer à rester des ob- jets de transformation non identifiés s’ils ne clarifient pas leur véritable rôle dans la Et on peut faire des erreurs… Cela remet chaîne de valeur, s’ils ne prennent pas en en cause les rythmes rapides de transfor- compte les nouveaux métiers en charge mation dont tout le monde parle. » de la transformation, et s’ils ne s’appuient pas sur des cas concrets, des exemples Les indispensables retours d’expérience pertinents à suivre, pour valoriser leur Céline Malgras, ancienne chief digital of- capacité à accompagner. ficer (CDO) du groupe Guy Degrenne de 2009 à 2017, reconnaît que les rapports avec les prestataires ont changé forte- ment en quelques années. « Aujourd’hui, on achète auprès de prestataires qui font Découvrez évoluer très vite les solutions qu’ils propo- notre sélection des 100 sent, et il faut savoir saisir des opportuni- tés. Mais, quand une direction des achats Le questionnaire a été publié en janvier et attend trois devis différents alors qu’il n’y février 2018 sur Alliancy.fr. Les 100 ont été a qu’une seule et unique start-up qui pro- choisis sur l’adéquation entre leur discours pose une innovation, il est clair que la pro- et le positionnement de leur offre. Ce sont des blématique n’est pas seulement du côté « objets de transformation » identifiables. de l’offre. Il faut que nous évoluions de À lire page 12-13 D.R. notre côté également. » LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 8
ENQUÊTE EXCLUSIVE 100 acteurs du numérique pour accompagner votre transformation Parmi les nombreux prestataires à avoir répondu à notre enquête 2018 (plus de 300 !), voici notre sélection des « 100 » qui peuvent vous guider efficacement dans votre transformation. Pour accompagner le chan- gement dans la relation client, l’expérience collaborateur ou l’innovation produit, ces sociétés activent les principaux leviers du numérique sur leurs secteurs de prédilection. Choisissez ceux qui vous correspondent et retrouvez-les sur alliancy.fr Vous n’avez pas participé à l’enquête cette année ? Faites-vous connaître : enquete@alliancy.fr rit té rit té n n i i sé tiv sé tiv io io rm e rm e d’ sys é d’ sys é at at La nec La nec fo m fo m La ain La ain in tè in tè La ta La ta cu cu n n um um da da co co L’h L’h Le Le Actility ● CGI ● ● ● ● ● @Actility @CGI_FR Adista ● ● ● ● ● CIS Valley ● ● ● ● @adistafrance @cisvalley Agiris (Groupe Isagri) ● ● ● ● Citeazy ● ● @AGIRIS_EIC @Citeazy Alten ● ● ● ● Citrix ● ● ● ● @Alten_france @CitrixFrance Anaplan ● Convertigo ● ● @anaplan @convertigo Ausy ● ● ● ● ● Dassault Systèmes ● ● ● @3DSfrance Autodesk ● ● ● Data4 Group ● @AutodeskFrance @data4_group Axellience ● ● ● Dataiku ● @Axellience @dataiku Axians ● ● ● ● Dell EMC ● ● ● ● ● @AxiansFrance @DellEMCFrance Axiscope ● ● ● ● ● Devoteam ● ● ● ● ● @Devoteam Axway ● ● Dimension Data ● @AxwayFrance @DimensionDataFr Bain & Company ● ● ● ● Divalto ● ● ● @BainCompanyFR @DivaltoErp BergerLevrault ● Docapost* ● ● ● ● @bergerlevrault @Docapost Bodet-Software ● DreamQuark ● @Bodet_Software @DreamQuark Bouygues Telecom Entreprises ● ● ● ● ● Drooms ● @bouyguestelecom @Drooms_Group Box ● ● ● Econocom ● ● ● ● @BoxHQ @Econocom_fr BT ● ● Energisme* ● ● ● ● @BTGroup @energisme Canon Business & Information ● ● ● ● ESI Group ● ● ● Services* @CanonBusinessFR @ESIGroup_FR Cegid ● Esker ● ● @CegidGroup @EskerFrance Certigna by Dhimyotis* ● EY ● ● ● ● ● @_Dhimyotis @EYFrance Secteurs : Banque Assurances Industrie Retail Secteur Public Transport & Logistique Santé Autres LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 9
Le uri ité rit té n n i sé tiv sé tiv io io rm e rm e d’ sys é d’ sys é at at La nec La nec fo m fo m t La ain La ain in tè in tè La ta La ta cu n n c um um da da co co L’h L’h Le Flexera ● Saagie ● ● ● @FlexeraFrance @saagie_io Golden Bees ● N.C. Salesforce* ● ● @GoldenBees_RH @SalesforceFR Google ● ● ● ● ● N.C Salvia Développement ● ● ● @GoogleEnFrance @SalviaDev Groupe Bizness ● ● ● ● SAP ● ● ● ● ● @GroupeBizness @SAPFrance Groupe Sewan ● ● ● SAS ● ● ● @SewanGroupe @SASFrance Holy-Dis* ● SCC SA* ● ● ● ● ● @holydis @SCC_info Hub One* ● ● ● ● Schneider Electric* ● ● ● ● @Hub_One @SchneiderElecFR Idnomic ● Sellsy ● ● @idnomic @sellsy_app IMS Networks ● ● ServiceNow ● @IMSNetworks @servicenow InfleXsys ● ● SFR Business* ● ● ● N.C @InfleXsys @SFR_Business Irlynx ● ● Simplicité Software ● ● ● ● ● @irlynx @SimpliciteSoftw Itesoft ● ● ● Soat ● ● @ITESOFT @SoatGroup ITS Group ● ● ● ● Sopra Steria ● ● ● ● ● @ITSGroup @SopraSteria_fr Jamespot ● SQLI ● ● ● @jamespot @SQLI_FR Keyrus ● ● ● Symantec* ● N.C @Keyrus_group @symantec Lengow ● SynAApS ● @lengow @SynAApS Linkbynet ● ● ● ● Tableau* ● ● @LINKBYNET @tableau Mega International ● ● Tec Ker ● ● ● @mega_int Metsys ● TimeTonic ● ● ● ● @metsysgroup @TimeTonic Micropole ● ● ● ● ● Toucan Toco ● ● ● @groupemicropole @Toucan_Toco Microsoft ● ● ● ● ● N.C TrendMicro* ● N.C @microsoftfrance @TrendMicroFR Moskitos ● ● ● ● Veeam Software ● ● @MoskitosForReal @Veeam Niji ● ● ● ● Vekia ● @Niji_Digital @Vekia_Fr Ocean ● ● Viavoo ● @OCEAN_Geoloc @viavoo Open ● ● ● ● Visiativ ● ● ● ● @Open_ESN @visiativ Orange Business Services ● ● ● ● Vmware ● N.C @orangebusiness @VMware_Fr Owi ● ● Wavestone ● ● ● ● @OWITechnologies @wavestoneFR PeopleDoc ● Waycom ● @PeopleDoc_FR @Waycom_Fr Quadient* ● ● ZestMeUp ● @Quadient @zestme_up Quinten* ● ● Zscaler* ● @QuintenFrance @zscalerFR * Partenaires « Le numérique en pratique » – retrouvez leurs articles dans ce guide. LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 10
tratégies LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 11
Automobile STRATÉGIES Valeo ou la vision à long terme d’un patron Catherine Moal (@CatherineMoal) Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo depuis 2009, a révolutionné l’image de son groupe. D’équipementier automobile au cœur de la tourmente, il l’a depuis hissé au rang de leader français des technologies de la voiture connectée et partagée, électrique et autonome. L’industrie automobile – ou des trans- ports au sens large – vit sa révolu- tion ! On peut en juger sur chacun des grands salons mondiaux de l’inno- vation, qu’il s’agisse du CES de Las Vegas ou, plus récemment, de Viva- tech à Paris. Cette année, de nom- breux prototypes futuristes y étaient présentés, comme le drone-navette Pop.Up d’Airbus, le taxi volant de Sea Bubbles ou, encore, la voiture volante autonome EVA X01 de la start-up tou- lousaine Electric Visionary Aircraft (EVA). Plus proche de nous en termes d’usage, on trouvait également les na- vettes autonomes de la start-up lyon- naise Navya, d’ores et déjà en test en France à La Défense, sur l’aéroport de Roissy-CDG et dans le bois de Vincennes, comme dans le quartier Confluence à Lyon. Jacques Aschenbroich, au CEO Forum de Vivatech Paris 2018. De profonds changements « Notre secteur doit faire face à trois Tous les dirigeants de ces entre- révolutions simultanées, a-t-il expli- prises disruptives étaient présents qué lors de son intervention sur le sur Vivatech pour rappeler aux pro- salon, qui vont complètement trans- fessionnels, comme au grand public, former la voiture. » les changements profonds en cours Cela peut se juger au nombre de bre- dans ce secteur. Ce fut notamment vets déposés par les grands acteurs le cas de Jacques Aschenbroich, pa- du secteur (dont son groupe, premier tron de l’équipementier automobile déposant en France), parmi les plus Valeo, partenaire de tous les grands actifs en France et en Allemagne et constructeurs mondiaux ; par ailleurs dans bien d’autres pays. Un phéno- entré au capital de Navya en oc- mène visible depuis quelques années tobre 2016 avec Keolis lors de sa le- et qui le restera probablement dans D.R. vée de fonds de 30 millions d’euros. les années à venir. LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 12
STRATÉGIES Automobile Aussi, faut-il revenir à trois questions en France*, contre 64 % en 2014… et essentielles, selon lui : quel moteur 72,4 % durant l’année record 2011. Et Valeo dans la voiture ? On assiste à un bou- personne ne sait vraiment ce qui va leversement des motorisations, avec se passer entre le diesel, l’essence ou en chiffres la montée en puissance de l’élec- l’hydride à moyen terme. « Mais, moins (à la fin 2017) trique et des technologies alternatives de CO2 et moins de diesel, ça veut telles que l’hybride. Quel rôle ou pas dire tout simplement plus d’électrique pour le pilote ? Et quelle place pour la et plus d’hybride », estime-t-il. En pa- 111 600 voiture dans cette mobilité digitale ? rallèle, à partir de 2020, si les normes collaborateurs. Simultanément, le véhicule autonome de CO2 ne sont pas respectées en et connecté, ainsi que le numérique, Europe, de lourdes amendes tombe- font émerger de nouvelles formes de ront pour les constructeurs… D’où la 18,6 milliards mobilité. course actuelle de la part des grands d’euros de Jacques Aschenbroich est ensuite constructeurs de développer des voi- longuement revenu sur la baisse du tures purement électriques, avec la chiffre d’affaires diesel en Europe, sachant que tout volonté de proposer un tel véhicule en (+ 12 %, a longtemps été fait pour valoriser 2021 au prix d’un diesel, et, en 2025, 27 milliards cette technologie, montée en France au prix d’une essence. La filière vient visés à l’horizon jusqu’à 60 % du marché ! Ceci montre ainsi de s’engager à multiplier par cinq 2021). le poids du régulateur qui, dans tous les ventes annuelles de véhicules les pays du monde, a privilégié la lutte électriques d’ici à 2022, à 150 000 en- contre les émissions de CO2. « Mais, viron (contre près de 31 000 en 2017). dans cette logique, un deuxième ni- Les inconvénients de cette solution 1,9 milliard veau de régulateurs a pris le pouvoir, sont bien entendu l’autonomie du investi en R&D ce sont les villes, a-t-il expliqué. Aidées véhicule (impactée par les conditions (55 centres par l’Union européenne, elles ont pour climatiques) et le temps de recharge de recherche). mission, aujourd’hui, d’améliorer la de la batterie, qui coûte le plus cher… qualité de l’air par la régulation du tra- Ceci impliquera de réels changements fic. » On s’apprête ainsi à restreindre d’habitude dans les usages avec, in 184 usines. la circulation des voitures à essence fine, le consommateur qui décidera. dans les villes, à interdire le diesel Sur l’ensemble du 1er trimestre 2018, (vignette Crit’Air à Paris…). De fait, les ce sont 87 243 véhicules électriques mégapoles du C40 Cities, l’association qui ont été immatriculés sur le sol eu- Une présence présidée par Anne Hidalgo, maire de ropéen, dont 51 % d’hybrides rechar- dans 33 pays. Paris (qui représente plus de 700 mil- geables et 49 % entièrement élec- lions de citoyens et un quart de l’éco- triques. Des chiffres encore faibles, nomie mondiale), se sont engagées à mais affichant un taux de croissance Le groupe atteindre les objectifs les plus ambi- exponentiel. Pour autant, cette révo- prévoit 1 300 tieux des Accords de Paris à l’échelle lution, qui nécessite des dizaines de locale, et à purifier l’air que nous res- milliards d’investissements chez les recrutements pirons. constructeurs, doit faire face à la fois à en France la limite des connaissances technolo- en 2018 et L’avenir des voitures électriques giques atteintes sur certains sujets et près de « On constate là qu’il y a une volonté à l’équilibre entre différentes sources 20 000 dans politique affichée, pour des raisons de d’énergie difficile à anticiper. le monde, santé publique, d’avoir la main sur la La deuxième révolution qui arrive notamment régulation. Et on voit le moteur diesel est le véhicule de plus en plus au- qui chute très rapidement, bien plus tonome, même si d’ores et déjà, dans l’IA, les que ce que l’on pouvait imaginer », a-t- nous sommes largement assistés au data science, il poursuivi. Il représente aujourd’hui à volant. Les constructeurs tradition- la robotique. peine 40,6 % du marché français des nels, mais aussi les Uber, Lyft, Google voitures neuves au 1er trimestre 2018 ou Navya, développent des LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 13
« L’équilibre entre le transport de masse et le transport flexible, personne ne sait aujourd’hui ce qu’il sera. » Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo. Quatrième patron le plus performant au monde et premier Français pour la Harvard Business Review, prix du Leadership 2017 décerné par le Cercle du Leadership... Jacques Aschenbroich, PDG de l’équipementier automobile Valeo, a enchaîné D.R. ces derniers mois les récompenses prestigieuses. LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 14
STRATÉGIES Automobile robots taxis… sans volant, ni pédales sur des circuits balisés. «L’arrivée de ces engins ira très vite, pronos- tique Jacques Aschenbroich, d’ici trois à six mois, car il y en a déjà beau- coup qui circulent, faisant référence à Waymo de Google. » Par exemple, lors des Jeux olympiques d’été de Tokyo en 2020, de nombreux robots taxis de constructeurs japonais devraient circuler en masse. Et ce n’est pas la collision récente d’une voiture Uber en mode autonome complet aux États- Unis [qui a provoqué le décès d’un piéton] qui pourrait freiner ce mou- vement, il est désormais irréversible. Déjà, dans la plupart des pays, on peut tester les voitures autonomes. Au CES de Las Vegas comme à Vivatech Paris, Valeo a présenté Robot et algorithme plus sûrs un prototype de véhicule 100 % électrique développé en Chine, « Il y a un million de morts par accidents fonctionnant à basse tension (48 V). Ce système de motorisation, 20 % plus économique que les solutions haute tension existantes, permet dans le monde par an, dont 85 à 90 % à un petit véhicule 2 places de disposer d’une autonomie de 100 km sont liés à un problème humain. Un ro- et d’atteindre une vitesse de 100 km/heure. Poids : 700 kg. bot ou un algorithme… ça ne dort pas, ça ne boit pas, ça ne fume pas et ça ne lit pas sur son smartphone…, a-t-il ajou- sociétés très régulées où que ce soit té. Tout laisse donc à penser qu’une dans le monde. Pour l’instant, Uber voiture autonome verra le nombre de multiplie l’offre et personne ne sait de morts baisser. » Les politiques l’ont bien combien baissera le marché automo- compris et la législation ira de pair avec bile avec l’arrivée de ces nouveaux l’avancée de ces technologies. Y com- services... À terme, certains analystes pris en France, où les dix actions priori- pensent que cela n’aura aucun im- taires de la nouvelle stratégie du gou- pact ; d’autres – comme Roland Ber- vernement dans ce domaine visent, ger – prédisent que ce marché va s’ef- entre autres, à « construire le cadre, fondrer. L’équilibre entre le transport d’ici 2020 à 2022, pour permettre la de masse et le transport extrêmement circulation de voitures particulières, flexible, lié au numérique notamment, de véhicules de transport public et de reste difficile à prédire… marchandises hautement automati- « Par contre, conduire une voiture sées en France. Si besoin, le code de autonome sur un chemin non balisé la route, les règles de responsabilité risque de prendre encore quelque ou encore la formation pourront être temps, entre cinq à dix ans sans adaptés », a indiqué Anne-Marie Idrac, doute », estime Jacques Aschen- haute responsable pour la stratégie broich. Et tout dépendra de l’avancée du développement des véhicules au- réelle de la couverture internet ou GPS tonomes le 14 mai 2018, lors de la pré- de la surface des routes en France... sentation de son rapport**. Ce qui imposera encore des dizaines Après, la question des business mo- de milliards d’investissements de la dels liés à la mobilité digitale reste part des constructeurs et des nou- un autre problème. Si on regarde des veaux entrants (comme de leurs four- disrupteurs comme Uber ou Airbnb nisseurs), qui dépendront principale- par exemple, ce sont aujourd’hui des ment du développement de business LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 15
models innovants (gestion d’une flotte Valeo a annoncé, d’ici à la fin 2018, la de robots taxis, par exemple…) et non plus seulement du régulateur. D’ail- création d’un centre mondial de recherche leurs, les alliances stratégiques se (Valeo.ai), consacré à l’intelligence multiplient entre constructeurs et avec les géants de la Tech au-delà même artificielle et au deep learning dans de la conception d’une voiture. les applications automobiles. Piloté Un positionnement leader sur les par Patrick Pérez en tant que directeur capteurs et l’électrique Cette mobilité numérique, initiée par scientifique, Valeo.ai accueillera une Uber, est la troisième révolution en centaine de spécialistes du monde entier cours. Leur force ? Le prix dépend du nombre de personnes ou de la dans les domaines des algorithmes, demande et c’est cela la vraie ré- volution. Depuis, d’autres services infrastructures, processus d’apprentissage, astucieux pour optimiser son trajet (à validation et simulation… l’aide d’un smartphone) se sont dé- veloppés, comme BlaBlaCar, Drivy ou Karos en France… et tout ce que l’on connaît autour du vélo (malgré le fiasco actuel de Vélib’) et du scoo- ter. Ainsi, le lien devient, aujourd’hui, évident entre cette mobilité digitale et l’offre dans les grandes agglomé- rations qui, face à cela, agissent dif- féremment. On risque bientôt de voir une approche de la mobilité et de la réglementation extrêmement diversi- fiée selon les villes et les pays... Dans cet univers en pleine reconfi- guration, reste à savoir où Valeo sou- haite se positionner sur la chaîne de valeur de ces trois révolutions. « Nous ne serons pas un acteur de la mobili- té digitale, tranche Jacques Aschen- broich. Mais, nous voulons aider tous ces acteurs à mieux faire leur métier. » De fait, sous sa houlette depuis 2009, le groupe s’est positionné pour béné- ficier des contraintes réglementaires accrues pour les véhicules polluants en développant des technologies de véhicules économes, notamment électriques ; et est devenu un fournis- seur majeur de systèmes de conduite autonome en partenariat avec l’Is- raélien Mobileye, spécialiste des sys- tèmes d’assistance à la conduite à Lors de Vivatech, la start-up Ellis Car (photo), spécialisée dans la base de caméras frontales. « Sur le vé- gestion de flottes automobiles, a remporté le challenge sur la révo- lution de la mobilité numérique ; Nanomade (nanocapteurs) celui sur hicule autonome, on veut être un faci- la révolution de la voiture autonome et Beebryte (IA dans l’énergie) D.R. litateur, a-t-il indiqué, et nous celui sur la révolution des véhicules électriques. LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 16
STRATÉGIES Automobile nous sommes clairement spécialisés Une innovation collaborative dans les capteurs, comme les cap- pour renforcer son leadership teurs à ultrasons, les caméras avant, de recul ou à 360 °, les capteurs ra- technologique dars… avec tous les logiciels associés pour les coordonner et interpréter les Valeo, qui a accueilli 42 start-up sur le lab « Automotive données. » Tech » lors du salon Vivatech sous la houlette de Xavier Dans la motorisation, le groupe investit à fond sur l’hybride, après avoir aban- Baillard, directeur de l’incubateur du groupe, a identifié donné définitivement le diesel. Fin près de 30 000 start-up dans le monde capables de 2016, Valeo et l’Allemand Siemens ont travailler dans les domaines qui l’intéressent. Avec créé eAutomotive, une joint-venture elles, tout est possible, du rachat (pour l’Allemande autour des systèmes de propulsion Gestigon) à l’entrée au capital (pour la Lyonnaise haute tension. Composé d’un millier Navya), ou de l’accord technique (pour la Niçoise Ellcie de personnes, cette entité propose aux Healthyl) à l’achat de licence… Le groupe investit dans constructeurs des solutions en matière d’électrification des systèmes de pro- un certain nombre de fonds (dont l’approche peut être pulsion pour véhicules routiers. Valeo géographique ou technologique comme Cathay CarTech Siemens eAutomotive a enregistré un ou Maniv Mobility) à qui il apporte son expertise et qui, niveau élevé de prises de commandes eux-mêmes, prennent des tickets dans des start-up. en 2017 à 6,1 milliards d’euros et 10 mil- Sur le salon, Valeo a ainsi mis en avant Neteera, liards d’euros cumulés à fin février 2018. qui a développé des capteurs capables de mesurer À l’horizon 2022, cette société com- des données physiologiques sans besoin de contact mune devrait réaliser un chiffre d’af- faires supérieur à 2 milliards d’euros. avec le corps humain, une technologie unique au monde que l’équipementier a intégré dans la Smart Meilleure performance du SBF 120 Cocoon. « La voiture et ses occupants doivent être vus Le dirigeant a enfin conclu sur le bon et comme une seule entité. Nos capteurs permettent difficile équilibre à trouver entre crois- à l’habitacle de réagir automatiquement aux données sance et rentabilité. L’équipementier a recueillies sur le conducteur et ses passagers pour publié, fin avril, ses résultats du 1er tri- individualiser leur confort et prévenir les risques liés mestre 2018, en légère croissance, mais toujours inférieurs aux estima- à la fatigue au volant par exemple », a expliqué tions des analystes. « Notre croissance Isaac Litman, CEO de la start-up israélienne. organique connaîtra une forte accélé- ration au cours du reste de l’année, à un niveau compris entre 5 et 6 % au 2e trimestre, et d’environ 7 % au 2e se- mestre », avait alors expliqué le PDG devant les analystes. À l’entendre, le bilan est loin d’être inquiétant, d’au- tant qu’une croissance à deux chiffres est anticipée pour l’année 2019. Surtout, Valeo affiche l’une des meil- leures performances du SBF 120 sur dix ans, avec une ascension vertigi- neuse… de plus de 500 %. * Selon le Comité des constructeurs français Pour sa 5e édition, le Valeo Innovation Challenge offre la d’automobiles (CCFA ). possibilité aux étudiants du monde entier de créer leur start-up pour développer l’innovation présentée dans le cadre du concours. **https ://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/ Plus d’infos : https://bit.ly/2ArV29C quelle-strategie-developpement-du-vehi- cule-autonome-en-France. LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 17
Étude STRATÉGIES Intelligence artificielle : valoriser l’écosystème, une priorité Célia Garcia-Montero (@c_garciamontero) L’Académie des technologies a présenté son rapport sur le « Renouveau de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique ». Recommandant la mise en place d’un plan IA à l’échelle nationale et européenne, elle encourage les expérimentations. Présenté début avril, soit quelques jours après le rapport Villani (lire en- cadré), mais destiné au monde pro- fessionnel, le rapport sur le « Renou- veau de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique » de l’Académie des technologies, vise à encourager l’adoption de l’intelli- gence artificielle (IA) au sein des en- treprises. Résultat de dix mois de tra- vaux, au cours desquels une trentaine de personnes ont été interrogées par la commission Technologies de l’in- formation et de la communication, ce rapport émet plusieurs recommanda- tions pour aiguiller la stratégie du gou- vernement. La priorité selon l’institut de recherche est la mise en avant de l’écosystème français. « Cette notion d’écosys- tème qui concerne la recherche ou le monde de l’usage, reste assez flou dans le rapport Villani, souligne Yves Caseau, président de cette commis- sion et co-auteur du présent rapport. Par exemple, les contributions fran- çaises à l’open source ont été très peu mentionnées, c’est pourtant en attirant l’attention sur ce qui est réali- sé que l’on donne envie à d’autres de s’investir. » L’académicien, également DSI du groupe Michelin, préconise de S. THINE développer les hackathons et autres Yves Caseau, membre de l’Académie des technologies chargé de la concours d’innovation orien- rédaction du rapport, lors de la publication du texte le 9 avril dernier. LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 18
STRATÉGIES Étude tés vers la démonstration pra- tique : « L’objectif est de montrer aux décideurs, dans des délais courts, la valeur que l’IA ap- porte, car celle-ci est encore peu adoptée dans nos sociétés. » Des centres d’essai Le rapport Villani : sur le modèle des IRT Autre recommandation : en- entre science, éthique et commerce courager les expérimentations. « L’IA, ce n’est pas que des algo- Le rapport sur l’intelligence artificielle (IA) rédigé rithmes, c’est une somme de par le mathématicien et député Cédric Villani, a été connaissances qui s’acquiert rendu public le 28 mars 2018. Parmi les nombreuses en pratiquant », affirme Yves pistes proposées : créer un réseau d’instituts Caseau. Pour l’Académie des technologies, investir sur la R&D interdisciplinaires d’intelligence artificielle, mettre en est insuffisant ; il faut aussi s’in- place un supercalculateur conçu spécifiquement pour téresser à l’ingénierie et aux les applications d’IA, ou encore rendre plus attractives moyens de calcul. La commis- les carrières dans la recherche publique afin d’éviter sion propose aussi dans son la fuite des cerveaux vers les géants américains. rapport la création de laboratoi- res d’essai et de certification par domaine métier, regroupant in- Lien pour y accéder: https://bit.ly/2pM8FK3 dustriels et chercheurs. « L’idée serait de créer des lieux similai- res aux instituts de recherche technologiques (IRT) pour pen- ser le processus de bout en Il vaut donc mieux promouvoir bout, et avoir une excellence l’introduction de l’IA dans tous propre à ce domaine. Il faut re- voir le système de recherche L’IA en chiffres les secteurs pour revisiter tous nos métiers plutôt que d’élabo- français dans son intégralité », rer des plans pour des secteurs conseille Gérard Roucairol, pré- La France compte parmi précis », estime l’académicien. sident honoraire de l’Académie les quatre premiers pays au De nombreux rapports ont ré- des technologies, relevant un cemment vu le jour sur l’intel- monde pour la production manque de puissance de calcul ligence artificielle, le contexte dans les projets français. mondiale d’articles sur global se veut favorable à son Avec ses propositions, l’Aca- l’intelligence artificielle, essor. Toutefois, le nouveau démie des technologies es- avec la Chine, les États-Unis, règlement européen sur la pro- père s’inscrire dans la volonté et le Royaume-Uni. tection des données (RGPD) du gouvernement. « Le rapport reste pour l’Académie des tech- Villani est très bien écrit et juste, nologies un frein. Elle préco- mais il reste incomplet par rap- nise ainsi un assouplissement 268 équipes de recherche. port au dessein du président, des modalités d’application du et il ne porte pas les germes règlement afin de ne pas af- pour favoriser l’usage », pour- faiblir les écosystèmes euro- suit Yves Caseau. Le rapport 81 écoles d’ingénieurs péens par rapport aux concur- Villani insiste, par exemple, sur et 38 universités délivrant rents américains. « J’observe le soutien financier des cher- 138 cours liés à l’IA. que la donnée ne circule pas cheurs. « La réussite d’un ac- aussi librement que ce qu’elle teur innovant est imprévisible. devrait », note Yves Caseau. LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 19
« En IA, il faut être dans une démarche dynamique » Propos recueillis par Célia Garcia-Montero Yves Caseau, à la fois académicien à la tête de la commission Technologies de l’information et de la communication et DSI de Michelin, explique les raisons qui freinent les directions à adopter l’intelligence artificielle. Comment expliquez-vous à externaliser. On ne peut pas la faible adoption de l’IA que sous-traiter la compétence de vous relevez ? son métier. Yves Caseau. Nous nous sommes rendu compte qu’il y Pourquoi avoir choisi de délivrer a en France non pas un pro- vos messages aux entreprises blème d’offre mais de demande. spécifiquement ? Contrairement aux élites améri- C’est maintenant que celles-ci caines, les Comex français n’ont doivent s’emparer du sujet pour pas d’appétence pour les tech- rester compétitives. Les socié- nologies. Ce qui est un paradoxe, Yves Caseau, tés comme Facebook, Amazon alors que la plupart des médias académicien ou Uber ont basé leur succès sur rapportent des avancées dans et DSI de Michelin. l’IA, et cela a abouti à l’émergence le domaine et s’enthousiasment de nouveaux services et usages. pour ce sujet. C’est pourquoi Dans tous les secteurs, les clients nous appelons à une formation sont en attente de nouvelles pro- des décideurs, pour qu’ils ne réseaux de neurones, c’est la positions et l’IA est un moyen de craignent plus que l’intelligence raison pour laquelle nous avons renforcer le dialogue entre les en- artificielle dérange leur façon commencé ce rapport par une treprises et leurs clients. de procéder. Les entreprises, définition de la technologie et Nous observons par ailleurs l’ar- comme les politiques, n’ont pas de ses usages. Pour donner en- rivée dans les usines du digital adopté selon moi la bonne dé- vie aux entreprises de s’y inté- manufacturing. Jusqu’alors, il y marche. Ils sont dans une vision resser, il fallait clarifier la tech- avait une distinction entre le CRM statique, se limitant à l’élabora- nologie. Ensuite, il faut veiller – piloté par le marketing pour la tion de feuilles de route. Or, il est aux logiciels informatiques. Les gestion de la relation client – et nécessaire d’être dynamique sur entreprises ne s’intéressent pas la supply chain – gérée par la ces sujets. assez à cette question alors qu’il DSI pour les besoins de l’usine. s’agit d’une composante essen- Nous nous dirigeons vers une Quels conseils donneriez-vous tielle. En tant que DSI de Miche- interconnexion des deux. Seule sur la manière d’opérer ? lin, j’essaie, par exemple, de l’IA permettra d’associer ces La première chose à faire, faire en sorte que l’architecture deux processus de manière in- comme nous le soulignons dans et l’environnement logiciel res- telligente et souple afin que le le rapport, est d’expérimenter tent les plus modernes possibles client en contact avec le marke- continuellement et de connaître pour permettre des expérimen- ting puisse savoir où se trouve sa les différentes solutions dispo- tations. J’estime, par ailleurs, commande. Il est évident que l’IA nibles. L’IA ne se limite pas aux que l’IA n’est pas un savoir-faire va être créatrice de valeur. D.R. LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 20
STRATÉGIES Ameublement « Il faut se mettre face aux enjeux de société » Catherine Moal Patron de la Camif-Matelsom, Emery Jacquillat, qui avait repris à la fois la marque et sa base client en 2008, est revenu pour Alliancy et le Cercle des Transformateurs, sur le challenge qu’il a mené ces dernières années pour « sauver et relancer » l’entreprise niortaise. Pour créer un acteur français du jeurs, menés avec des partenaires e-commerce dans l’ameublement, extérieurs, pour lesquels ils obtien- rentable depuis plusieurs années, dront l’appui financier de la région. dans le sillage d’un vépéciste créé « Un de nos enjeux était aussi de après-guerre, exsangue et laissant recréer des emplois sur le bassin », sur le carreau plus de 550 salariés… rappelle-t-il. Emery Jacquillat a (ré)inventé toute l’organisation et le modèle écono- Valoriser le « made in France » mique de l’entreprise à l’heure du Aujourd’hui, l’intégralité des ventes e-commerce, se focalisant sur la de la Camif se fait sur internet, « en sélection de l’offre produits et le misant sur la qualité des produits, web marketing. « Un choix radical, une valeur reconnue de la marque, mais indispensable », reconnaît-il et le made in France ». La difficulté d’entrée. d’alors fut de « redonner confiance » Pour autant, rien n’est achevé ! aux fournisseurs, aux salariés et au « Il y a dix ans il n’y avait pas de territoire… « Nous avons inscrit au smartphone. Ce qui veut dire qu’il cœur de notre projet une étude d’im- faut encore tout revoir ! » Et de citer pact sur nos clients, nos action- nai- la montée en force de l’intelligence res, nos fournisseurs et fabricants artificielle qu’on ne pourra plus français. » arrêter. « Cela nous échappe déjà Sur le site, les internautes – souvent et c’est passionnant pour un entre- des enseignants très attachés à leur preneur comme moi, à condition pays, sa culture et sa langue – peu- de l’utiliser intelligemment. » Mais, vent localiser les fournisseurs de revenons un peu en arrière… l’enseigne sur une carte de France et Dès 2009, lors du rachat, le nouveau faire le choix de l’achat écorespon- dirigeant s’installe avec sa famille à sable… « Quand on donne cette in- Niort (Deux-Sèvres), et confie très formation au client, il est en capacité rapidement toute l’informatique de de changer sa façon de consommer. l’entreprise à un prestataire spé- Un service de conso’localisation qui cialisé dans les plates-formes open a d’ailleurs été primé par l’Ademe en source à Nantes, avant d’implanter 2013, année de son lancement. » dans la foulée un centre d’appel et Pour autant, persuadé qu’on ne va une plate-forme logistique locale- plus pouvoir continuer à consommer, ment. Deux investissements ma- ni produire de la même manière en- LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 21
« Quelles qualités doit avoir un bon manager ? L’ouverture me semble indispensable. Il faut également être au service de ses équipes et, ensuite, il faut beaucoup d’audace. » Emery Jacquillat, président de Camif-Matelsom. core longtemps, le dirigeant veut al- main, on pourra trouver autour de ler plus loin en s’interrogeant sur le chez soi des réparateurs de produits, « Comment on invente les nouveaux comme un client qui veut vendre modes et produits de consommation ou acheter tel ou tel produit… », ex- dont le monde a vraiment besoin. » plique le dirigeant. En 2014, il lance un processus d’innovation ouverte dans lequel Le besoin de créer du lien neuf volontaires de l’entreprise s’en- Un choix utopiste ? « On ne peut pas gagent régulièrement autour d’un plaquer un modèle de management budget collaboratif, menant une d’une entreprise à l’autre. Par contre, large réflexion sur l’entreprise, une chaque entreprise doit trouver sa demi-journée par semaine pendant voie, et il est indispensable de rendre trois mois. « Ils deviennent acteurs ses salariés acteurs de son entre- de ce que l’on va faire », insiste-t- prise, explique celui qui reconnaît il. Ainsi, a été initié récemment l’un avoir eu à gérer quelques réticences des plus grands projets en cours au changement. C’est pourquoi un an à la Camif : la refonte totale du site après avoir tout chamboulé, en 2010, internet. « L’idée est de transformer il a accueilli en résidence pendant notre modèle, en passant d’un site trois mois dans ses locaux, Anne- d’e-commerce classique à une plate- Laure Maison, une artiste contempo- forme collaborative au service de raine. Il s’agissait de vivre ensemble D.R. la consommation responsable. De- une expérience complète- LE NUMÉRIQUE EN PRATIQUE 22
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