L'Agriculture fauchée - Budget 2015-2016 - La Terre de chez nous
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V o l . 86 , n o 13 – 1 er au 7 avr il 2015 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 2 8 p a g e s – 2,25 $ Budget 2015-2016 L’Agriculture fauchée À LIRE EN PAGES 2 ET 3 Budget MAPAQ : de 14,5 % Financière agricole: de 150 M$ CPTAQ : de 200 000 $ ARCHIVES/TCN Les petits Olymel producteurs La grève occasionne une perte de 50 cents entrent à la SAQ par porc À LIRE EN PAGE 8 À LIRE EN PAGE 7 ARCHIVES /TCN Vol 86 #13 13 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 7 2,25$ 10013
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 BUDGET 2015-2016 La vidéo intégrale laterre.ca/politique L’Agriculture fauchée et la Régie des marchés agricoles et « équilibre budgétaire » présenté par le alimentaires devront composer avec ministre Leitao. Le budget des Affaires YVON LAPRADE des crédits réduits au cours du pro- municipales est amputé de 7 %, tandis ylaprade@laterre.ca chain exercice budgétaire. C’est tou- que celui de la Forêt diminue de 5 %. tefois la Financière qui avalera le plus « Ce n’est pas nécessairement ce à QUÉBEC — La grande faucheuse gros bouillon. Ses crédits passeront de quoi on s’attendait, bien au contraire », est passée sur l’Agriculture. De tous 598 M$ à 447,3 M$, en baisse d’envi- a réagi le président de la Fédération les ministères, c’est le MAPAQ ron 25 %; ceux de la Régie des mar- québécoise des municipalités (FQM), qui écope le plus durement dans le chés agricoles chuteront à 3,9 M$. La Richard Lehoux. « Nous espérions budget 2015-2016 du ministre des baisse des crédits à la CPTAQ est de un signal fort, un signal clair, a-t-il Finances, Carlos Leitao. En 2015- 200 000 $, sur un budget qui dépasse ajouté, mais ce budget ne s’attaque pas 2016, les crédits alloués au minis- légèrement les 4 M$. aux principaux enjeux. » tère de l’Agriculture, des Pêcheries Réaction du ministre « C’est un budget de boss! » a lancé YVON LAPRADE/TCN et de l’Alimentation du Québec « Nous pensons que la Financière à la Terre, ironique, le président de la (MAPAQ) s’élèveront à 889,4 M$. reste bien capitalisée et demeure CSN, Jacques Létourneau. Un élément Il s’agit d’une baisse de 14,5 % par capable de faire face à des éventualités, paraît néanmoins positif : une somme rapport au budget précédent, qui attei- si elles se matérialisaient », a affirmé de 542 M$ est allouée à la valorisation Carlos Leitao, ministre des Finances gnait 1,04 milliard de dollars. le ministre des Finances, en entrevue de la forêt dans le budget Leitao. Ces La Financière agricole du Québec, à la Terre. « C’est le seul endroit où dépenses sont réparties ainsi : 225 M$ Alain Therrien, a dit voir dans les la Commission de protection du ter- je vois qu’on pourrait voir certains pour les travaux sylvicoles et 317 M$ mesures du gouvernement libéral ritoire agricole du Québec (CPTAQ) facteurs négatifs pour l’agriculture, pour l’aménagement de la forêt et sa « un affaiblissement des régions ». a-t-il ajouté. Mais le soutien [envers gestion. « Ça s’ajoute au démantèlement des l’agriculture] est toujours là, l’engage- Réaction du Parti québécois régions », a-t-il dénoncé. « On a ment est toujours là. » Questionné par la Terre, le mis fin à la Politique sur la ruralité, a Régions touchées député péquiste Nicolas Marceau, déploré de son côté le député Therrien. Les régions ne sont pas épargnées critique en matière de finances, On a aussi éliminé les CLD [centres dans le budget portant l’étiquette qui était flanqué de son collègue locaux de développement] ». Réaction de l’UPA Appelé à commenter le budget Leitao, l’économiste en chef de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Charles-Félix Ross, s’est dit « déçu » de constater à quel point le gouvernement « semble ignorer l’agriculture et la contribution économique de ce secteur d’activités ». « On voit une stratégie maritime [1,5 G$], de l’aide aux grandes entreprises, mais rien de probant pour l’agriculture, a-t-il ARCHIVES/TCN commenté. On réduit les crédits de façon substantielle pour la Financière, en présumant que le secteur agricole se porte bien et qu’on intervient moins fortement dans les programmes de soutien. » Charles-Félix Ross, économiste en chef « Mais on joue un jeu dangereux, ajoute-t-il. On réduit la marge de manœuvre sur notre terrain, et il faut s’inquiéter des de l’Union des producteurs agricoles. conséquences lorsque le secteur agricole connaîtra des difficultés. »
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 PAGE 3 BUDGET 2015-2016 3 minutes et 2 secondes Coupe de 150 M$ avec le ministre des à la Financière agricole Finances Le ministre Paradis répondait alors à une question du député de Berthier YVON LAPRADE R : « Oui, mais c’est essentiellement PIERRE-YVON BÉGIN et porte-parole de l’opposition offi- dans la Financière. Les autres crédits du pybegin@laterre.ca cielle en matière d’agriculture, QUÉBEC — La Terre a eu un entre- ministère sont très peu affectés. » André Villeneuve. Celui-ci a accusé tien express qui a duré très exactement Q : Est-ce que c’est parce qu’on pré- Pour son prochain exercice, la le ministre de jouer à la loterie avec 3 minutes et 2 secondes avec le ministre sume que l’industrie va bien? Financière agricole du Québec voit l’agriculture, rappelant que la réduc- des Finances, Carlos Leitao. Compte- R : « C’est pour ça qu’on peut se per- son budget réduit de 150 M$, soit tion de 113 M$ l’an dernier s’expli- rendu. mettre cet ajustement dans les surplus de de 37 M$ de plus que l’an dernier. quait par une « année exceptionnelle ». Q : On a l’impression qu’il y a des la Financière. On n’affecte pas les acti- Le ministre de l’Agriculture, Pierre « Rien ne justifie de sacrifier l’agri- compressions plus importantes à l’Agri- vités quotidiennes de la société d’État. » Paradis, a confirmé le 26 mars à l’As- culture sur l’autel de l’austérité culture que dans les autres ministères? Q : Est-ce que les régions sont laissées semblée nationale que les crédits de toxique libérale », a déclaré André R : « Je ne penserais pas. Ça dépend pour compte? l’institution sont ramenés de près de Villeneuve. Mentionnons que celui- comment vous regardez les chiffres. En R : « Je pense qu’il y a, en effet, une 600 M$ à 447 M$. ci tirait son information du livre des effet, pour ce qui est de l’agriculture, il perception importante sur cette question. crédits remis aux députés ce matin. Le y a toute une problématique autour de la Nous avons changé les structures des livre des crédits accompagne la pré- Financière agricole. « Mais nous pensons programmes de développement régio- sentation du budget qui sera dévoilé que la Financière reste bien capitalisée et nal, surtout les CLD [centres locaux de André Villeneuve cet après-midi. demeure capable de faire face à des éven- développement]. Les budgets de fonc- a accusé le ministre Pierre Paradis a également fait valoir tualités, si elles se matérialisaient. tionnement sont affectés, mais ceux des de jouer à la loterie que la Financière agricole n’a pas été « C’est le seul endroit où je vois qu’on fonds disponibles pour la croissance avec l’agriculture. dans l’obligation de couper des paie- pourrait voir certains facteurs négatifs économique régionale, eux, sont tou- ments à aucun agriculteur l’an dernier pour l’agriculture. jours là. malgré la réduction de 113 M$. Si la « Mais le soutien [envers l’agricul- « Le changement majeur qu’il y a, « Cette année, ils [les agriculteurs] situation se maintient en 2015, assure ture] est toujours là, l’engagement est c’est que nous considérons que les MRC sont mis à contribution pour 150 M$, le ministre, la Financière dispose de toujours là. sont le véhicule le plus approprié pour soit 37 M$ de plus », a confirmé le tout l’argent nécessaire pour assumer « On a adressé une des demandes de mener le processus de développement ministre en chambre. Il a rappelé que ses obligations envers les agriculteurs. longue date, provenant de producteurs économique régional. C’est plus respon- dans le cadre de l’atteinte du déficit L’échange entre André Villeneuve qui souhaitent faciliter le transfert d’en- sable que les CLD. zéro, tous les ministères étaient mis à et Pierre Paradis a été particulièrement treprises pour la relève. » « Dans le budget, nous avons des cré- contribution. L’an dernier, a-t-il dit, le cinglant. Invité à « changer de car- Q : La baisse de 14,5 % au ministère dits d’impôt que nous allons maintenir et ministère de l’Agriculture a subi une rière », le ministre a répliqué au député de l’Agriculture demeure néanmoins la bonifier pour la Gaspésie et les Îles-de-la- réduction de 113 M$, les producteurs qu’un journaliste l’avait décrit comme plus importante de tous les ministères, Madeleine. Notre intérêt pour le dévelop- l’ayant accepté « avec générosité et « frileux et quelque part déconnecté de n’est-ce pas? pement des régions est toujours présent. » humilité ». la réalité ».
PAGE 4 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 CAPERN « Des accommodements raisonnables pour sauver les régions » – Robert Dutil, député de Beauce-Sud YVON LAPRADE vit dans nos villages, il vaut mieux prendre un petit peu de terrains en QUÉBEC — Les régions ont besoin territoire agricole plutôt que laisser « d’accommodements raisonnables » les terres en friche et en reboisement. pour espérer retrouver une vitalité éco- Parce que si on ne fait rien, il n’y aura nomique perdue, plaide Robert Dutil, plus de villages, plus d’industries, plus député de Beauce-Sud. d’emplois… » « Il faut trouver des solutions Une usine et des emplois concrètes pour favoriser une meilleure Le député rappelle que le village cohabitation entre trois secteurs vitaux : de Saint-Évariste-de-Forsyth a bien l’agriculture, la forêt et les industries », failli voir partir la firme Estampro. précise le député libéral dans une entre- « La compagnie voulait prendre de vue accordée à la Terre, à son bureau l’expansion en vue d’un gros contrat YVON LAPRADE/TCN de l’Assemblée nationale. et elle a attendu deux ans avant qu’on « Notre ennemi pour préserver nos lui permette de le faire sur le terrain villages, insiste-t-il, ce n’est pas la convoité, évoque-t-il. Il y avait pour- construction de résidences et de centres Les villages sont dévitalisés et il faudrait permettre aux entreprises de s’y établir pour leur tant 145 emplois en jeu dans ce village commerciaux, mais le reboisement et redonner vie, estime le député libéral de Beauce-Sud, Robert Dutil. de 600 habitants. Mais la décision [de les terres en friche, faute de monde pour la Commission de protection du ter- occuper notre territoire. Est-ce qu’on a agricoles [et les inquiétudes des pro- d’accord sur cet enjeu : c’est sûr qu’il ritoire agricole du Québec] ne sortait protégé l’agriculture en empêchant les ducteurs], mais il y a aussi la dévitalisa- faut s’occuper des régions. » pas! C’était pourtant positif, cet inves- municipalités d’avoir des industries? tion de nos régions et ses conséquences. Redresser le tronc tissement. » Non. Ces industries vont toutes s’ins- Il faut aller en profondeur sur les deux Robert Dutil ne veut pas s’aventurer Il insiste : « Une des hypothèses taller en ville! » fronts. » sur le terrain d’une quelconque aide qu’on peut avancer : il n’est pas ques- Inquiet et préoccupé financière du gouvernement pour aider tion de réduire la superficie du territoire Robert Dutil concède qu’il est à la les régions à redresser le tronc. Mais il cultivé. On doit maintenir la quantité fois inquiet et préoccupé par la dévi- L’enjeu : faire cohabiter croit qu’il serait possible, envisageable des terres en culture, on ne veut pas la talisation des régions et des villages. agriculture, forêt même, de trouver des aménagements. diminuer. On dit plutôt : si un terrain Aussi souhaite-t-il faire intervenir le et industries Des accommodements « raisonnables » est pris par une industrie, faut compen- monde agricole et forestier avec un qui permettraient aux entreprises ser par une friche de moins, de même objectif bien précis : favoriser la créa- manufacturières – « la seule source de taille. On est d’accord avec le main- tion d’emplois et mettre en place des C’est-à-dire? « On en discute ferme création et de maintien des emplois », tien de la quantité de terres en culture conditions favorables à l’implantation au sein de notre caucus rural, sou- rappelle-t-il – de trouver des terrains et le fait de ne pas la diminuer, mais de nouvelles entreprises sur des terres ligne le député de Beauce-Sud. On est dans des zones agricoles pour s’instal- est-ce qu’on peut faire des échanges de qui sont inutilisées. « Il y a deux dos- 25 députés, certains de milieux ruraux, ler ou prendre de l’expansion. terres déjà en friche pour accommo- siers importants, résume-t-il. Oui, il y d’autres de milieux urbains, à nous Il s’explique : « On pense que, dans der une entreprise qui veut prendre de a la question de la propriété des terres poser la question. On échange. On est la situation de dévitalisation qu’on l’expansion? » DANS LA TERRE CETTE SEMAINE Sur le Web laterre.ca CAPERN : DES ACCOMMODEMENTS LES PETITS PRODUCTEURS Actualités/Politique RAISONNABLES POUR SAUVER LES DE CIDRES, VINS ET ALCOOLS ÚVIDÉO – Coupe de 150 M$ à la Financière RÉGIONS ENTRENT À LA SAQ PAGE 3 PAGE 8 Actualités/Cultures ÚL’edamame cultivé au Québec bientôt dans votre assiette LA GRÈVE CHEZ OLYMEL Budget 2015-2016 : l’Agriculture fauchée OCCASIONNE DES PERTES DE ÚFaites-nous part de vos réactions au budget 2015-2016 50 CENTS PAR PORC PAGE 7 Partagez vos photos et vidéos avec nous. La question de la semaine ÚEst-ce que le budget provincial 2015-2016 nuira à l’agriculture? AGA HOULEUSE CHEZ LES Venez répondre sur : laterre.ca PRODUCTEURS DE GRAINS PAGE 9 Résultats du sondage LE GLYPHOSATE : UN PESTICIDE ÚCroyez-vous que le gouvernement va instaurer une loi pour CANCÉRIGÈNE PROBABLE encadrer l’achat des terres par les grandes corporations? PAGE 10 Oui, c’est certain! 23% / Non, pas du tout! 69 % / Je ne sais pas 7 %
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 PAGE 5 CAPERN La limite des 100 hectares : pas encore de position YVON LAPRADE les intentions des députés libéraux convient-il. Ç’a été une des belles concernant une autre demande de commissions à laquelle j’ai parti- QUÉBEC — Les députés libéraux l’Union des producteurs agricoles cipé. » n’ont pas trouvé le temps de se pen- (UPA). « On a eu des points de vue diver- cher sur la demande visant à limiter à Rappelons que l’Union préconise sifiés, bien argumentés, a-t-il observé. ARCHIVES/TCN 100 hectares par année, pendant 3 ans, la mise en place d’un registre sur les Évidemment, il y a eu des positions l’achat de terres agricoles par des par- transactions de terres. Une proposi- contradictoires. Il faudra se faire une ticuliers. tion qui semble rallier la Financière tête là-dessus. » Il faudra également attendre avant de « On n’a pas atterri là-dessus agricole du Québec, qui est d’accord Par ailleurs, le député d’expérience connaître les intentions des députés encore, convient le député de Beauce- avec « l’idée d’un suivi des ventes de dit faire partie de ceux qui croient libéraux. Sud, Robert Dutil. On va discuter terres ». qu’approfondir un sujet, ça permet, en entre nous. Je ne veux pas prendre Robert Dutil se dit par ailleurs général, de trouver une solution. les membres de la CAPERN, qu’ils une position individuelle. » Le député satisfait de ce qu’il a vu et entendu « Des fois, dit-il, la solution, ce n’est soient libéraux, péquistes ou caquistes, reconnaît que « des choses intéres- à la CAPERN. « On voulait faire cet pas celle à laquelle on pensait initiale- à trouver « le chemin qui convient » santes » ont été dites lors des travaux exercice-là pour comprendre, ment. » Reste à voir si cela conduira lorsqu’ils auront complété leur bilan. de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN). « On a écouté, on a fait la consulta- tion. Ça a fait évoluer notre pensée », Une consultation à venir mentionne-t-il. QUÉBEC — Une consultation sur le sort des régions pourrait se tenir d’ici peu en présence des députés de la CAPERN, Financiarisation annonce le député beauceron. Robert Dutil ne veut pas non plus « On en a discuté à huis clos au cours des derniers jours, mentionne-t-il. Ce sera une consultation qui portera sur la diffi- se prononcer, pour le moment, sur culté et la survie des régions. » Il confirme déjà que la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) l’enjeu de la financiarisation soulevé sera le premier intervenant à se présenter devant les parlementaires de la Commission. par les opposants au modèle Pangea. « On veut s’attaquer à la question du zonage pour les industries. On veut aussi parler du morcellement [des terres], pour- Idem pour les interventions, sur le ter- suit le député, qui aura bientôt 65 ans. Est-ce qu’il vaut mieux être plus souple sur la question du morcellement? Ou si on rain, par le Conseil des entrepreneurs ne veut pas être plus souple et prendre le risque que personne ne cultive et que la terre se retrouve en friche? » agricoles (CEA), la Société d’investis- Rappelons que le monde rural a perdu l’un de ses outils pour travailler sur des projets de concertation, Solidarité rurale, sement en terres agricoles Agriterra et en décembre dernier, après que le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, ait coupé les vivres prématurément, Partenaires agricoles S.E.C. Il faudra et de façon radicale, à l’organisme qui était dirigé par Claire Bolduc. Y. L. également attendre avant de connaître
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 ÉDITORIAL Des coupes périlleuses dans le secteur agricole MARCEL GROLEAU Président général de l’Union des producteurs agricoles Carlos Leitao a déposé jeudi dernier son deuxième 530 $ CA/t en mars 2014. Ajoutons à cela que les sont inadéquats. Parlez-en aux producteurs budget à titre de ministre des Finances. Ce second prévisions américaines pour la production porcine de canneberges, qui vivent avec des prix budget s’inscrit sans surprise dans la foulée du et céréalière sont excellentes. En agriculture, bas depuis plusieurs années. Le soutien à la précédent. En théorie, il devrait permettre au l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché transition biologique, aux petites fermes et au Québec d’atteindre l’équilibre budgétaire, c’est- mondial est le fruit du hasard et, quand celui-ci développement régional est plus que nécessaire. à-dire que les dépenses ne dépasseront pas les ne fait pas bien les choses, la chute des prix est Lors des travaux du comité, il a clairement été revenus. Comme le gouvernement a choisi de ne brutale. Souvenons-nous du prix des céréales entre démontré que les producteurs de céréales du pas augmenter les taxes, les impôts et les tarifs 2000 et 2008 ou de celui du porc de 2009 à 2012. Québec disposaient d’un régime moins avantageux (sauf pour l’électricité), l’équilibre sera atteint par que leurs voisins américains et ontariens. Sans une réduction des dépenses dans l’appareil de Outre ce risque, l’insécurité générée par ce budget parler des mises à niveau en raison des normes l’État. est un autre impact important. On sentait depuis de bien-être animal dans le secteur de l’élevage. quelques mois un regain de confiance et une Le ministre réalise-t-il le potentiel que représente Pour l’agriculture, ce n’est pas une bonne augmentation des investissements, notamment notre secteur pour l’économie du Québec? nouvelle. Avant même la lecture du budget, dans le secteur des viandes. Ce budget n’est pas le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, ce que les investisseurs espéraient et refroidira les La révision tant attendue de la fiscalité foncière confirmait à l’Opposition officielle que le budget ardeurs des financiers, à commencer par la FADQ agricole est aussi une grande absente dans ce de la Financière agricole du Québec (FADQ) elle-même. Pour un gouvernement qui prétend budget. Le gouvernement doit continuellement serait amputé de 151 M$ pour 2015-2016. Le miser sur les investissements du secteur privé pour augmenter les crédits pour le Programme de crédit gouvernement du Québec présume en effet que le relancer l’économie, il a raté la cible en agriculture. de taxes foncières agricoles, alors qu’il coupe cette contexte favorable actuel sur les marchés agricoles année ceux de la Régie des marchés agricoles permettra à la FADQ de remplir quand même sa L’autre question en suspens, c’est la suite que et alimentaires du Québec et de la Commission mission. le gouvernement entend donner au rapport sur de protection du territoire agricole, deux entités la bonification des programmes de sécurité du essentielles qui ont un besoin criant de ressources. C’est un pari risqué, d’autant plus que plusieurs revenu. Il y a rupture dans les engagements du indicateurs sont à la baisse. À titre d’exemple, le gouvernement à l’endroit des producteurs, car les Messieurs Leitao et Paradis, tout en reconnaissant prix global à l’indice de classement pour le porc excédents de la FADQ devaient être utilisés pour les responsabilités que le gouvernement doit se chiffre cette semaine à 160,21 $ CA/100 kg. Il améliorer les programmes. assumer et la nécessité, pour l’État, de tendre était de 281,73 $ CA/100 kg il y a 12 mois. Le prix vers l’équilibre budgétaire, il me semble que sur le marché local pour le soya se chiffrait quant Les programmes pour les producteurs sans l’agriculture et les emplois qui en à lui à 450 $ CA/t cette semaine. Il s’élevait à assurance stabilisation ou gestion de l’offre dépendent auraient mérité un meilleur traitement. www.laterre.ca Directeur Coordonnateur Rédacteur en chef André Savard ventes et distribution (par intérim) Directrice Pierre Leroux Marc-Alain Soucy de production Ventes Chefs de pupitre Brigit Bujnowski Christian Guinard Richelle Fortin Directrice marketing et Sylvain Joubert Julie Desbiens développement Daniel Lamoureux Impression Laëtitia Parriaux Marc Mancini Imprimerie Transmag Susan Rooke Coordonnateur Distribution en kiosque administration et Messageries Dynamiques service à la clientèle Abonnement Vincent Bélanger-Marceau Postes Canada ABONNEMENT AU QUÉBEC 1 an : 65,54 $ 2 ans : 104,63 $ 3 ans : 136,82 $ Paiement par chèque ou mandat à l’ordre de La Terre de chez nous NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 PAGE 7 PORCS La grève chez Olymel occasionne une perte de 50 cents par porc PIERRE-YVON BÉGIN manière à assumer une partie des semaine en provenance de l’Ontario. D’autres acheteurs ont aussi convenu coûts générés par la grève, notamment De plus, les employés de son abattoir d’accroître leur capacité d’abattage Les producteurs de porcs du Québec des heures supplémentaires dans ces de Saint-Esprit ont effectué des heures pour réduire ces surplus et même dimi- perdent 50 cents par porc en raison du abattoirs qui acceptent de recevoir les supplémentaires le samedi 21 mars nuer si possible le nombre de porcs conflit de travail à l’abattoir d’Olymel à porcs destinés à Vallée-Jonction. Si le Vallée-Jonction en Beauce. Au moment conflit devait perdurer, il appréhende où les 1 000 employés entreprennent des conséquences importantes sur la David Boissonneault, président des Éleveurs leur seconde semaine de grève, les pro- rentabilité de plusieurs entreprises de porcs du Québec, appréhende des conséquences ducteurs ont perdu le prix de référence porcines. importantes sur la rentabilité de plusieurs américain dont ils profitaient depuis « Du point de vue d’un producteur, quelques années. ajoute-t-il, c’est très inquiétant parce entreprises porcines. « La paye aux producteurs pour qu’on a à replacer nos porcs. » tous les porcs livrés va être réduite de Les Éleveurs de porcs du Québec ont pour diminuer le nombre de porcs en déjà en attente. Avant le déclenche- 50 cents par tête », confirme David ainsi fait savoir que le coût de disposi- attente. Après une consultation du ment de la grève, 5 000 porcs se trou- Boissonneault, président des Éleveurs tion des porcs en attente est assumé à comité des finisseurs et des acheteurs, vaient dans cette situation. Le samedi de porcs du Québec. En entrevue télé- 50 % par Olymel, l’autre moitié étant d’autres mesures ont été adoptées. 28 mars, au moins quatre acheteurs phonique, celui-ci rapporte que son réduite du prix de vente selon une dis- Olymel pourra ainsi faire abattre à devaient procéder à des abattages. organisation multiplie les efforts afin position de la Convention. forfait près de la moitié des surplus En début de semaine dernière, d’optimiser l’achat de porcs par les Pour traiter les porcs québécois en hebdomadaires de porcs résultant de Olymel a remercié 55 employés autres abattoirs québécois. Il explique priorité, rappelons qu’Olymel a annulé la grève. Ces porcs seront payés selon non syndiqués à ses installations de que le prix de vente a été réduit de la livraison de près de 23 000 porcs par la formule de prix de la Convention. Vallée-Jonction.
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 ACTUALITÉ Les petits producteurs de cidres, vins et alcools entrent à la SAQ distribution physique des produits par- tout au Québec et la gestion de l’inven- MARTINE GIGUÈRE taire physique dans les succursales. mgiguere@laterre.ca Comment s’assurer que les produits se retrouvent dans les succursales où ils BELŒIL — Cliquez, achetez, ramas- se vendent bien? « C’est compliqué à sez : voilà la nouvelle offre de la SAQ. distribuer, des produits de niche dans Dans un délai de trois à cinq jours, votre un réseau de 400 succursales. Avec la commande sera livrée à la succursale gestion de l’offre virtuelle, les produits de votre choix, près de chez vous. La sont entreposés et offerts dans tous les livraison sera gratuite pour des achats points de vente du Québec. La SAQ de plus de 75 $. Cette grande transfor- se positionne pour être un leader dans mation ouvre la porte aux cidriculteurs, la consommation en ligne », a expli- vignerons et producteurs d’alcool du qué Alain Brunet. Cela ouvre de nou- Québec, car les producteurs avec de velles perspectives d’avenir pour les MARTINE GIGUÈRE/TCN petits volumes auront dorénavant accès producteurs qui vivent entre autres de à l’ensemble du réseau de la SAQ. l’agrotourisme. Les clients pourront « Le comportement de notre clientèle retrouver les produits qu’ils ont goûtés à la est en mouvement et il faut s’adapter ferme en commandant sur le site Michel Jodoin et François Pouliot, respectivement président et 2e vice-président de la CAQ, en continu et anticiper les choses », a transactionnel de la SAQ. en compagnie d’Alain Brunet, président et chef de la direction de la SAQ. expliqué le président et chef de la direc- Augmenter l’offre de produits tion de la SAQ, Alain Brunet, lors du La SAQ développera davantage son 12 500 produits sont offerts et on produits québécois sont un choix d’af- colloque des Cidriculteurs artisans du réseau, c’est-à-dire qu’elle augmentera compte en proposer de 20 000 à 30 000 faires pour la SAQ, mais aussi un choix Québec (CAQ) en mars dernier. La le nombre de ses points de vente tout en d’ici quelques années. Cette augmen- du cœur. clientèle consulte abondamment le site diminuant la superficie de ses succur- tation importante sera rendue possible Nous avons pris position en faveur de la SAQ avant de faire un saut en sales. Le président de la SAQ a donné grâce à l’offre virtuelle, car la SAQ des produits québécois parce que nous succursale. Dès cet été ou au plus tard en exemple la nouvelle succursale de n’aura plus à maintenir tous les produits y croyons et que le consommateur en à l’automne, la SAQ lancera une appli- Bromont, dont la superficie est de 4 000 sur les tablettes de ses magasins. veut », a affirmé Alain Brunet. Ce der- cation mobile transactionnelle. à 5 000 pi2 au lieu des 7 000 pi2 habi- Cette évolution de la SAQ ouvrira nier a souligné la grande qualité des Le défi de la distribution tuels. Pour y arriver, la SAQ veut boni- la porte aux cidriculteurs, vignerons et produits québécois, qui sont d’ailleurs Le plus gros défi de la SAQ est la fier son offre virtuelle. Aujourd’hui, producteurs d’alcool du Québec. « Les reconnus mondialement. Fusion Kraft-Heinz : l’affaire est ketchup! naissance au cinquième groupe agroa- pourrait-il provenir des États-Unis difficile de croire que l’usine d’Ingle- limentaire au monde, avec la bénédic- dans un avenir rapproché? Kraft Foods, side, en Ontario, spécialisée dans la JEAN-CHARLES GAGNÉ tion du milliardaire Warren Buffet. La bien connue pour sa gamme de pro- fabrication de fromage, fermera, a-t-il jcgagne@laterre.ca nouvelle société Kraft-Heinz réalisera duits alimentaires tels que moutarde, dit, puisque le marché de fromage de des ventes de 28 G$ basées notamment ketchup, saucisses, fromage à tartiner, Kraft est important au Canada et que L’affaire est ketchup! pourrait- sur 8 marques qui enregistrent des cafés, etc., est aussi le septième trans- ce produit doit être fabriqué au pays. » on dire, avec la fusion des géants ventes supérieures à 1 G$ et 5 autres formateur de dindons aux États-Unis, L’usine de Montréal, qui fabrique des H. J. Heinz et Kraft Foods, qui donne qui affichent des revenus annuels com- avec 280 millions de livres en 2014. produits transformés, est plus à risque, pris entre 500 M$ et 1 G$. Ce mariage Impacts croit le PDG du CILQ. « Si le groupe salué par Wall Street devrait générer « Cette transaction est avant tout de Heinz a des usines plus modernes des économies d’échelle de l’ordre de financière et vise à créer des syner- qui pourraient ramasser cette fabri- 1,7 G$ d’ici la fin de 2017. gies pour réduire les coûts et procurer cation et si ces produits peuvent être Kraft embauche 2 000 employés dans de meilleurs rendements aux action- fabriqués aux États-Unis puis impor- ses 3 centres de distribution ainsi que naires des deux fonds d’investissement tés, cette usine est à risque », a-t-il ses 2 usines de production et de trans- impliqués », a commenté le président- expliqué. formation au Canada. Le Conseil des directeur général du CILQ, Charles Cette transaction pourrait peut-être industriels laitiers du Québec (CILQ) Langlois. Ce dernier anticipe des sup- avoir aussi des effets sur les activi- n’hésite pas à dire que cette transaction pressions de postes d’abord dans le tés de sous-traitance de Kraft avec ARCHIVES/TCN majeure aura des répercussions néga- personnel administratif des deux usines ses partenaires québécois Agropur et tives sur l’industrie laitière canadienne. de Kraft au Canada. M. Langlois craint Fromagerie Boivin, a ajouté le PDG Le P’tit Québec, fabriqué en Ontario, même une fermeture d’usine. « Il est Langlois, avec prudence.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 PAGE 9 CULTURES COMMERCIALES AGA houleuse chez les producteurs de grains MARTIN MÉNARD Overbeek, d’ailleurs réélu comme pré- sident (il entame sa 10e année), a signalé Drummondville — La 40e assemblée que « les maraîchers pourraient verser de la Fédération des producteurs de 300 000 $. Les serriculteurs aussi pour- cultures commerciales du Québec, les 25 raient être mis à contribution. Au total, et 26 mars derniers à Drummondville, il y a 800 000 à 900 000 $ en manque à s’est avérée l’une des plus musclées. gagner pour l’UPA ». Tout d’abord, on y a annoncé que la Comme moyen de pression, la réso- Fédération changeait de nom afin de lution prévoyait de retenir les contri- devenir les Producteurs de grains du butions. « Nous retiendrons le 1,6 M$ Québec. Ensuite, on y a fait la démons- qu’on verse à l’UPA tant que la partici- MARTIN MÉNARD/TCN tration qu’en cette époque des commu- pation des autres ne sera pas à 100 % », nications, la Fédération avait consacré a résumé l’un des producteurs de grains. de nombreux efforts à la diffusion de Pierre Lemieux a averti les partici- l’information stratégique à ses membres. pants : « La résolution, vous en ferez ce Les producteurs de grains réclament plus d’équité. Ils veulent que tous les secteurs de pro- D’ailleurs, une résolution portant sur que vous voudrez, mais ça va créer de la duction contribuent au financement de l’UPA. le sujet a été votée. Celle-ci demande frustration. On va tomber dans un climat au gouvernement fédéral de se doter de division […]. Les producteurs lai- ci se limite à demander à l’UPA « de daires, n’ont pas voulu créer de divi- d’une politique de transparence des tiers financent 50 % de l’UPA, mais ils déposer un plan détaillé qui sera dis- sion parmi leurs confrères agriculteurs. marchés agricoles et d’aider à financer sentent le besoin d’avoir une UPA forte. cuté pour établir des orientations au L’élastique de la patience des produc- le Système de recueil et de diffusion de Vous autres, à l’inverse, vous misez sur Congrès général de décembre 2015 ». teurs de grains semble cependant étiré l’information (SRDI) de la Fédération, une division politique […]. Je ne pense Les producteurs, foncièrement soli- au maximum… citant en exemple la Commission du pas que c’est la stratégie. » blé de l’Alberta, qui reçoit 750 000 $ en Au micro, les producteurs ont mani- subventions. Les programmes de sécu- rité du revenu de même que l’utilisation festé leur mécontentement : « Je vois qu’on enlève mon Agri- Nouveau nom, nouveau logo des pesticides et des biotechnologies Québec en sachant que je vais la donner La Fédération des producteurs de cultures com- (ex. : OGM) ont également fait l’objet à ceux qui ne contribuent pas. C’est ça, merciales du Québec deviendra les Producteurs de plusieurs résolutions. la frustration. » de grains du Québec. « Nous voulions mettre ça Une finale corsée Ou encore : « M. Lemieux, vous n’ai- au goût du jour. Le nouveau nom fait davantage À la tombée du rideau, les produc- mez pas les menaces, mais c’est ce que référence à l’identité humaine du producteur plutôt teurs de grains ont secoué l’Union des nous avons trouvé comme moyen de qu’à sa structure corporative », explique Christian producteurs agricoles (UPA) et son pression pour que ce dossier tombe au- Overbeek, le président. La Fédération justifie également ce changement de nom représentant, le premier vice-président dessus de la pile. » par l’incompréhension du terme « cultures commerciales » par le grand public. Pierre Lemieux, avec une résolution qui Puis, des producteurs ont témoigné Avant d’être effectif, le changement de nom devra être approuvé par la Régie des demandait, sommairement, que l’en- de leurs craintes face à cette résolution : marchés agricoles et agroalimentaires du Québec. Avec le nouveau nom apparaît semble des productions contribue au « Ce n’est pas en faisant des menaces un nouveau logo. Sa forme en bloc et sa typographie massive visent spécifique- financement de l’Union dès le 1er août qu’on va arriver à quoi que ce soit. Il ment, nous dit-on, à dégager une image à la fois solide et forte et facile à com- 2016, et ce, à défaut de réclamer qu’une faut demeurer unis. » prendre. La couleur verte témoigne des cultures en croissance tandis que le doré cotisation supplémentaire soit exigée Une heure plus tard, la résolution a au centre fait référence aux récoltes. En haut, la forme de vagues incarne les des producteurs qui ne contribuent pas été votée à l’unanimité. De nombreux trois principales cultures (blé, soya, maïs) en mouvement vers l’avenir. M.M. au financement de l’UPA. Christian amendements l’ayant amincie, celle-
PAGE 10 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 GRANDES CULTURES Le glyphosate : un pesticide cancérigène probable MARTIN MÉNARD glyphosates – ou d’autres pesticides – sont pointés du doigt. Pierre Petelle, Certains disaient que le glyphosate vice-président chimie à CropLife était un herbicide quasi inoffensif, et Canada, soutient qu’il faut prendre le à la blague, qu’on pourrait même en rapport du CIRC avec un grain de sel. mettre dans son café! Le Centre interna- « Ce groupe n’est pas un organisme tional de recherche sur le cancer (CIRC) réglementaire. Depuis des années, il vient cependant de classer le glyphosate catégorise plusieurs produits comme MARTIN MÉNARD/TCN comme un « pesticide cancérigène pro- étant cancérigènes, par exemple l’ex- bable pour l’humain », au même titre trait d’aloès, le téléphone cellulaire, que les insecticides malathion et diazi- etc. Les produits de protection des non. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) vient de classer le glyphosate cultures comme le glyphosate ont déjà Le rapport du CIRC mentionne que comme un « pesticide cancérigène probable pour l’humain ». été évalués en profondeur par des orga- l’évaluation scientifique réalisée sur les nismes réglementaires comme l’ARLA glyphosates, conduite par un groupe de cant que ces pesticides peuvent causer En termes clairs, les glyphosates [Agence de réglementation de la lutte 17 experts provenant de 11 pays, quali- le cancer chez les animaux de labora- occupent maintenant le deuxième rang antiparasitaire], qui ont statué sur fie l’aspect cancérigène de « probable », toire. Les preuves des effets cancéri- du classement* des agents cancéro- les glyphosates, affirmant qu’ils sont car il y a un niveau de preuve convain- gènes sur l’humain sont « limitées ». gènes (groupe 2A) établi par le CIRC. sécuritaires », explique-t-il. Des volumes importants Selon M. Petelle, le glyphosate serait Le document souligne que les gly- présentement en réévaluation au Canada phosates, dont la production est la plus par l’ARLA ainsi qu’aux États-Unis. importante en volume, sont utilisés mas- sivement en agriculture dans le monde *Le CIRC définit cinq degrés d’indi- entier. Ils causent des dommages aux cation de cancérogénicité pour l’être cellules d’ADN et aux cellules repro- humain. ductrices chez l’humain. Groupe 1 : agent cancérogène (cancé- Les glyphosates ont été détectés dans rogène avéré ou cancérogène certain); l’air durant la pulvérisation, dans l’eau Groupe 2A : agent probablement can- et dans la nourriture, selon le CIRC. La cérogène; population exposée en premier lieu est Groupe 2B : agent cancérogène pos- celle qui demeure près des zones où sible; le produit a été pulvérisé. Les niveaux Groupe 3 : agent inclassable quant à sa observés étaient généralement bas. cancérogénicité; Ce qu’en pense l’industrie Groupe 4 : agent probablement pas Ce n’est pas la première fois que les cancérogène. Les champs de maïs productifs ont des écosystèmes différents Le gouvernement fédéral vient d’octroyer un montant de 1,19 M$ à la firme ontarienne A&L Biologicals pour l’élaboration d’un test qui permettra aux pro- ducteurs d’accroître leurs rendements de maïs. La technologie vise plus précisément à diagnostiquer la présence des microor- ganismes dans le sol qui ont le plus d’effet sur la productivité des plants de maïs. En entrevue à la Terre, le directeur de recherche George Lazarovits mentionne que l’écosystème à l’intérieur et à l’extérieur de la plante influe grandement sur les performances. « Nous nous sommes rendu compte que des champs produisant 19 tonnes de maïs à l’hectare avaient des écosystèmes différents [en termes de bactéries et autres microorganismes] de ceux qui produisaient moins. Les éco- systèmes productifs affichaient des hausses de rendement de l’ordre de 75 % en moyenne », explique-t-il. Les recherches auront lieu cette année sur plusieurs sites en Ontario et se pour- suivront dans d’autres provinces l’an prochain, dont au Québec. M.M.
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PAGE 12 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 1er avril 2015 CULTURE L’edamame cultivé au Québec bientôt dans votre assiette MARTINE GIGUÈRE et rendait une décision séance tenante. vont également permettre de moduler « Nous sommes très contents que la la régie des cultures selon le contexte MARTIN MÉNARD/TCN La consommation de l’edamame décision ait été rendue sur le banc. Ça agricole québécois, et plus précisé- ne cesse d’augmenter partout dans le nous donne la possibilité et les moyens ment de trouver la meilleure densité de monde. Aux États-Unis, la demande de travailler au développement de cette semis adaptée à la récolte mécanique. croît de 8 % annuellement et la pro- nouvelle production. Ça démontre « On veut produire suffisamment de L’edamame vient d’être ajouté au plan duction en sol américain ne suffit pas. qu’un plan conjoint est un levier qui volume pour être en mesure d’effec- conjoint de la FQPFLT. Actuellement, l’edamame que l’on peut servir à développer de nouvelles tuer des tests en usine », indique Judith consomme provient essentiellement de opportunités pour le Québec », explique Lupien. La FQPFLT travaille à ce pro- filière pour la production d’edamame l’Asie. Cette légumineuse est une fève Judith Lupien, directrice générale de la jet en collaboration avec Bonduelle. au Québec. Ainsi, la FQPFLT travaille soya verte non mature, riche en pro- FQPFLT. Pour cet industriel, il importe de faire en partenariat avec Bonduelle, l’Asso- téines de haute qualité. Dès le printemps, la Fédération entend des essais de récolte mécanique et de ciation québécoise de la distribution de Au Québec, des agriculteurs s’y inté- mettre en place des parcelles d’essai conservation – en gousses ou en grains. fruits et légumes, les agriculteurs, etc. ressent aussi. D’ailleurs, la Fédération chez des producteurs. Dans un premier « C’est une bonne nouvelle d’avoir un On compte déjà quelques producteurs québécoise des producteurs de fruits et temps, on veut déterminer les varié- leader comme Bonduelle dans le dos- québécois qui cultivent l’edamame, légumes de transformation (FQPFLT) a tés les plus performantes et les mieux sier; ça facilite notamment l’accès aux dont Les productions BDA à Saint- demandé à la Régie des marchés agri- adaptées à la réalité du Québec. « On grands semenciers et ça stimule leur Valérien-de-Milton. coles et alimentaires du Québec d’ajou- doit aussi faire face au défi de trouver intérêt à travailler avec nous », affirme Si tout va bien et que les résultats ter cette culture à son plan conjoint. des semences en quantité, en plus de Mme Lupien. de cet été sont concluants, la FQPFLT Ainsi, le 3 mars dernier, la Régie repérer des variétés goûteuses », ajoute Plusieurs acteurs sont enthousiastes envisage une production destinée à la entendait la demande de la Fédération Judith Lupien. Les essais au champ à l’égard du développement d’une commercialisation pour 2016.
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