L'agriculture devra faire sa part - POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE - La Terre ...

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L'agriculture devra faire sa part - POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE - La Terre ...
V o l . 8 7 , n o 15 – 13 au 19 avr il 2016 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 4 0 p a g e s – 2,25 $

  POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE                                                                             LAIT DIAFILTRÉ
  L’agriculture devra                                                                               La pression monte
  faire sa part                                                                                     PAGE 3

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                                                                             MARIEMICHÈLE TRUDEAU

                                                                                                                                                                                            MARTINE

  Une année exceptionnelle
  pour les encans                                                                                                            AGA GRAINS
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                                                                                                                             adoptent un incitatif
                                                                                                                             pour le partage
                                                                                                                             des prix
                                                                                                              ARCHIVES/TCN

                                                                                                                             PAGE 10

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                                                                                                                                                     15

                                                                                                                                                                                                 1
                                                                                                                                                     Messageries Dynamiques

                                                                                                                                                                                               78313 02664
                                                                                                                                                                                                 7

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PAGE 2      LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016

ACTUALITÉ

Une politique énergétique
prometteuse pour l’agriculture
                                                                                                                                                             hausses de tarifs d’électricité à l’infla-
                                                                                                                                                             tion. Les parcs éoliens seront orientés
              THIERRY LARIVIÈRE                                                                                                                              avant tout vers l’exportation pour éviter
              tlariviere@laterre.ca                                                                                                                          un choc tarifaire pour les Québécois.
                                                                                                                                                                  UPA et Producteurs en serre
   MONTRÉAL — Dans sa politique                                                                                                                                L’Union des producteurs agricoles
énergétique présentée la semaine der-                                                                                                                        (UPA) dit accueillir positivement cette
nière, Québec a des objectifs ambitieux.                                                                                                                     nouvelle politique. Elle se dit « prête à
Les secteurs agricole, forestier et rural                                                                                                                    collaborer activement avec le ministère
pourraient y trouver leur compte, mais                                                                                                                       de l’Énergie et des Ressources natu-
plusieurs moyens d’action restent à                                                                                                                          relles de façon à favoriser l’efficacité des

                                                                                                                                      MARIEMICHÈLE TRUDEAU
préciser.                                                                                                                                                    mesures et leur accessibilité pour les pro-
   « C’est un nouveau chapitre, c’est un                                                                                                                     ducteurs », a déclaré le président général
tournant important vers une nouvelle                                                                                                                         de l’UPA, Marcel Groleau.
économie sobre en carbone », a déclaré         Le premier ministre Philippe Couillard était accompagné des ministres Pierre Arcand,                            « Ils veulent enlever le pétrole. Les
d’entrée de jeu Philippe Couillard lors        Dominique Anglade et Geoffrey Kelley.                                                                         producteurs sont prêts à jouer cette
du lancement de la Politique énergé-                                                                                                                         game-là », a déclaré le président des
tique 2030 du gouvernement du Québec           d’action (2016-2020) suivra l’automne                                                                         Producteurs en serre du Québec, André
à la Place des Arts de Montréal, le 7 avril.   prochain.
                                                                                                       « Les producteurs                                     Mousseau, qui met cependant en garde
   Trois ministres ainsi que le premier           Le document expliquant cette politique               sont prêts à jouer                                    Québec contre les délais d’application
ministre étaient réunis pour ce lance-         parle néanmoins d’avancées intéres-                      cette game-là. »                                     et les programmes qui sont souvent
ment en grande pompe d’une politique           santes pour les secteurs agricole et fores-             – André Mousseau,                                     mal adaptés aux petites serres. André
qui énonce cinq grands objectifs :             tier. Des initiatives comme la production            président des Producteurs                                Mousseau salue par contre la volonté
• Améliorer l’efficacité énergétique           de biocarburant, d’énergie à partir de                  en serre du Québec                                    de « mieux desservir les régions rurales
    de 15 %;                                   biomasse forestière ou la prolongation                                                                        en électricité triphasée ». L’accès à ce
• Réduire l’utilisation des produits           du réseau électrique triphasé font partie     la Coop Carbone (Agro Carbone) spé-                             courant de 550 V permettrait en effet
    pétroliers de 40 %;                        des objectifs de la politique. La produc-     cialisée dans les projets de réduction des                      aux serres et à d’autres entreprises agri-
• Éliminer l’utilisation du charbon            tion de biocarburants cellulosiques et le     gaz à effet de serre en agriculture. Il a                       coles de se chauffer à l’électricité et de
    comme énergie thermique;                   bioraffinage à partir de biomasse seront      aussi mentionné la possibilité pour ces                         remplacer certains moteurs au diesel qui
• Améliorer de 25 % la part des                encouragés.                                   deux secteurs (forêt et agriculture) de                         sont pour le moment essentiels puisque
    énergies renouvelables;                       Québec souhaite aussi donner un meil-      produire leur propre biocarburant pour                          les moteurs électriques équivalents ne
• Augmenter de 50 % la production              leur accès aux énergies plus propres          leur machinerie.                                                peuvent pas bien fonctionner avec du
    de bioénergie.                             au secteur agricole et rural. Le premier        Mentionnons aussi une enveloppe de                            220 V. Le président des Producteurs en
   On connaît cependant encore peu de          ministre lui-même est intervenu pour          4 G$ sur 15 ans, issue en partie de pro-                        serre souhaite que la Régie de l’énergie
détails sur les moyens d’action qui per-       dire que les secteurs agricole et forestier   grammes existants, pour favoriser l’effi-                       ne bloque pas les projets d’élargisse-
mettront d’atteindre ces objectifs ambi-       vont faire partie de cette nouvelle poli-     cacité énergétique et la substitution de                        ment du réseau d’électricité triphasée en
tieux. Un projet de loi devrait être déposé    tique. Philippe Couillard a cité la mise      sources d’énergie. La politique énonce                          regardant seulement la rentabilité à court
ce printemps et le premier de trois plans      sur pied récente de la filiale agricole de    aussi clairement la volonté de limiter les                      terme.
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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016              PAGE 3

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Les producteurs laitiers intensifient la pression

            MARTINE GIGUÈRE
            mgiguere@laterre.ca

   Exaspérés par la lenteur du gouvernement fédéral à

                                                                                                                                                                                                                                            DE LANAUDIÈRE
régler la problématique de l’importation de lait dia-

                                                                                                                                                              MAURICIE
filtré, les producteurs laitiers de toutes les régions du

                                                                                                                                                               DE LA

                                                                                                                                                                                                                                            UPA
Québec ont manifesté, la semaine dernière, dans les

                                                                                                                                                              UPA
rues et devant les bureaux de plusieurs députés fédé-                                                                                                                    Un convoi de 17 tracteurs a fait la route entre La Plaine et le
                                                                                             À Louiseville, les producteurs de Lanaudière et de la                       bureau du ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion,
raux. Les producteurs de lait réclament une action                                           Mauricie ont signifié leur reconnaissance à l’égard du travail              situé dans le nord de Montréal. Une centaine de producteurs
immédiate et demandent au gouvernement fédéral de                                            de la députée fédérale néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau.                   de Lanaudière et d’Outaouais-Laurentides les y attendaient.
respecter sa promesse électorale.
   À Delson, quelque 200 producteurs laitiers brandis-                                         Jean-Claude Poissant s’est adressé aux manifestants                       maintenant! Je perds 5 000 $ à 6 000 $ par mois. On
saient des drapeaux et des pancartes arborant le slo-                                        et a affirmé que le gouvernement fédéral avait mis en                       ne peut plus tolérer ça. Une solution durable, on n’y
gan Forts et unis. Ils ont manifesté devant le bureau de                                     œuvre une table de travail afin de dégager « des solu-                      croit plus. Nous laisser crever, ce n’est pas durable »,
Jean-Claude Poissant, député de La Prairie et secrétaire                                     tions à long terme » et que « la gestion de l’offre est là                  a lancé un agriculteur exaspéré. « J’ai des discus-
parlementaire du ministre de l’Agriculture, Lawrence                                         pour rester ». Les producteurs présents lui ont rappelé                     sions tous les jours avec le ministre de l’Agriculture,
MacAulay, pour lui rappeler que le gouvernement                                              que des milliers de dollars étaient perdus chaque mois                      Lawrence MacAulay. Aujourd’hui, votre message est
fédéral avait été élu depuis plus de 100 jours mainte-                                       et que des exploitations laitières se trouvaient actuel-                    très clair et je vais le transmettre au premier ministre »,
nant et qu’aucune solution n’avait encore vu le jour.                                        lement en difficulté financière. « On veut une solution                     a dit Jean-Claude Poissant.

À Delson, plusieurs intervenants sont venus appuyer les producteurs laitiers, notamment
Valacta, le Centre d’insémination artificielle du Québec (CIAQ) et Agropur.

                                  « Cette brèche, si elle n’est pas colmatée, menace clairement
                                  la pérennité de notre politique agricole canadienne pour le
                                  secteur laitier. »
                                  – André Séguin, 2e vice-président des Producteurs de lait de Montérégie-Ouest.

                                                                                                                                                                                                                                            CHAUDIÈRE-APPALACHES
                                  « Valacta vous accompagne depuis de nombreuses années
                                                                                                                                                                                                                                               DE LA
                                  et nous sommes à même de voir les efforts des producteurs
                                                                                                                                                                                                                                            UPA
                                  de lait dans l’amélioration constante de la qualité du lait et                                                                         À Saint-Georges, Renaud Lachance (au centre) a indiqué
                                  de l’efficacité dans les fermes. Valacta est solidaire. »                                                                              subir des pertes annuelles de plusieurs dizaines de milliers
                                                                                                                                                                         de dollars en raison des importations de lait diafiltré qui sont
                                  – Louis Fréchette, directeur des ventes et du marketing à Valacta.                                                                     peut-être légales présentement, mais inacceptables à ses yeux.
                                                             CAPITALE-NATIONALE--CÔTE-NORD

                                                                                                                                                                                                                                            BAS-SAINT-LAURENT
                                                                  DE LA

                                                                                                                                                                                                                                               DU
                                                             UPA

                                                                                                                                                                                                                                            UPA

Les producteurs de la région de la Capitale-Nationale ont                                    Plus de 225 producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent ont manifesté leur impatience au député libéral Rémi Massé. Il a accepté
convié les médias à la Fromagerie Les Rivières, de Québec.                                   de rapporter les clés que des producteurs lui ont remises de façon symbolique.
L'agriculture devra faire sa part - POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE - La Terre ...
PAGE 4     LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016

ÉCONOMIE

L’heure est à la vente de fermes
                                                            « On n’avait pas connu ça depuis                                                      Sans oublier les vaches laitières et les
           MARTIN MÉNARD                                  un moment. Certains producteurs                                                         bovins de boucherie, qui se vendent
          mmenard@laterre.ca
                                                          sont âgés et sans relève, d’autres                                                      encore à bon prix.
                                                          vivent difficilement la baisse du prix                                                    L’encanteur René Houde remarque
  L’encanteur Luc Breton le confirme :                    du lait. Leur argent est fait et ils pré-          L’encanteur René Houde               pour sa part que la taille des fermes à
il s’agit d’une « très grosse année                       fèrent vendre pendant que les prix sont             remarque que la taille              vendre augmente. « Auparavant, les
d’encans ». Il vend d’ailleurs presque                    bons », note l’encanteur, qui cumule                                                    fermes laitières qui lâchaient, c’était
                                                                                                               des fermes à vendre                souvent celles avec de petits troupeaux.
une ferme tous les deux jours présen-                     36 ans de métier. De fait, la conjonc-
tement. Et il n’est pas le seul, comme                    ture est favorable à une liquidation des                  augmente.                     Mais aujourd’hui, des 25-30 vaches,
en font foi les deux pages de petites                     actifs; la machinerie usagée se détaille                                                on en voit beaucoup moins. Ce sont de
annonces de fermes à vendre publiées                      à un prix intéressant depuis que la fai-                                                plus grosses fermes qu’on vend. »
chaque semaine, ces temps-ci, dans La                     blesse du dollar canadien a fait grim-                                                    Un autre encanteur fort connu au
Terre de chez nous.                                       per le prix de la machinerie neuve.                                                     Québec, Daniel Paul-Hus, abonde dans

Denis Bilodeau repousse les spéculateurs

           PIERRE-YVON BÉGIN                                                                                                                     Denis Bilodeau trouve une
          pybegin@laterre.ca                                                                                                               satisfaction certaine à l’idée d’aider
                                                                                                                                              des producteurs de la relève à
  Le temps est venu pour Denis                                                                                                                   s’établir ou à s’agrandir.
Bilodeau de boucler la boucle. Vendredi
dernier, l’ancien vice-président de
l’Union des producteurs agricoles
(UPA) a tenu un encan afin de liquider
                                           ARCHIVES/TCN

sa machinerie agricole. Serein à cette
nouvelle étape de sa vie, il éprouve une
certaine satisfaction d’avoir éconduit
les spéculateurs de ce monde.                             Denis Bilodeau, ancien vice-président de
                                                          l’UPA, a tenu un encan vendredi dernier
  L’homme en menait large à sa ferme                      afin de liquider sa machinerie agricole,
de Warwick au Centre-du-Québec.                           comprenant entre autres huit tracteurs.
Pour cultiver ses 1 100 acres de terre,
l’agriculteur possédait à lui seul… huit                  déjà semé du maïs durant 26 heures
tracteurs! Neuf, le plus gros coûtait la                  sans m’arrêter ».
bagatelle de 200 000 $.                                     Denis Bilodeau est entré en agricul-
  Sans relève depuis la mort de son fils                  ture à 17 ans. Coup du sort, il a été                                                                                                 PIERRE-YVON BÉGIN/TCN

l’an dernier dans un accident de VTT,                     forcé d’abandonner ses études afin de
Denis Bilodeau fait contre mauvaise                       prendre la relève de son père au pied
fortune bon cœur. « Quand on vieillit,                    levé. Il possédait alors 125 acres de
philosophe-t-il, c’est une succession de                  terre et 17 vaches. Il se souvient du
deuils, c’est le cycle de la vie. »                       premier hiver et de son manque d’ex-        immense domaine agricole au cœur de         tion certaine à l’idée d’aider des pro-
  Après 45 ans à la tête de son exploi-                   périence. Que d’inquiétudes à détecter      l’un des meilleurs jardins du Québec        ducteurs de la relève à s’établir ou à
tation agricole et une trentaine d’an-                    les saillies! Rien d’étonnant donc à ce     n’a pas tardé à attirer la convoitise des   s’agrandir.
nées en syndicalisme à l’UPA, Denis                       qu’il tente aujourd’hui « de prendre ça     spéculateurs. Des groupes « comme             « Ce printemps, je vais aider les
Bilodeau est prêt à tourner la page.                      plus aisé ».                                Pangea » lui ont d’ailleurs fait d’in-      jeunes à semer. Je vais quand même
« Il faut trouver le bonheur ailleurs »,                    « À un moment donné, tu mets le           téressantes propositions. C’était mal       rester près de ça », confie-t-il. S’il voit
estime-t-il, heureux de passer doréna-                    ruban à mesurer au sol. Tu regardes         connaître cet ancien vice-président de      d’un bon œil la création d’un registre
vant ses hivers en Floride et de jouer                    ce que tu as fait dans la vie et ce qu’il   l’UPA qui s’est élevé contre le phé-        afin de compiler les transactions de
au golf. Une nouvelle compagne lui                        te reste. »                                 nomène de l’accaparement des terres.        terres agricoles, il croit qu’il est illu-
permet aussi de « mieux accepter »                                    Les spéculateurs                  « Ce n’était pas dans mon inten-          soire de se fier à l’État. Les agricul-
son sort.                                                   Au moment de quitter l’UPA,               tion », indique Denis Bilodeau. Il pré-     teurs, pense-t-il, peuvent également
  « J’ai fait pas mal de temps supplé-                    Denis Bilodeau a vendu son troupeau.        cise avoir vendu certaines parcelles de     aider la relève, qui peut aussi compter
mentaire dans ma vie », lance-t-il en                     Depuis, il consacre ses 1 100 acres de      terre et en avoir loué d’autres, princi-    sur des programmes de démarrage.
rigolant. Il goûte pleinement son nou-                    terre aux grandes cultures, du maïs et      palement à des voisins et à de jeunes         « Ça prend toujours deux partenaires
veau style de vie, rappelant « avoir                      du soya surtout, et un peu de blé. Cet      agriculteurs. Il trouve une satisfac-       pour danser », résume-t-il.
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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016           PAGE 5

                                                                                                                                                                ÉCONOMIE

le même sens, citant en exemple un
encan qu’il fera au mois de mai pour
la « dispersion complète » d’une impo-
sante ferme possédant deux robots de
traite et 225 vaches Holstein pur sang.
De surcroît, il note un nouveau phéno-
mène chez les producteurs de grains.
« J’ai des clients qui avancent en âge.
La gestion des employés, le stress des
semis et des récoltes, à 70 ans, c’est
demandant. Ils prennent alors la déci-

                                                                                                                                                                                             GRACIEUSETÉ DANIEL PAUL-HUS
sion de louer leurs terres, ce qui offre
de très bons revenus. Et ils vendent
à l’encan la machinerie et les silos »,
raconte M. Paul-Hus.
  Si le rythme des ventes se main-           L’industrie de l’encan est toujours bien vivante au Québec. Sur cette photo, l’encanteur Daniel Paul-Hus « pousse l’enchère ».
tient, il pourrait y avoir entre 150 et
200 démantèlements de fermes durant          pleurant. Il y a beaucoup d’émotions,
cette saison des encans, soit de mars        ce n’est pas facile. Je leur laisse tou-
à mai. « Il y a même des producteurs         jours le temps d’y penser. Et c’est
qui m’ont approché pour organiser            arrivé que certains changent d’avis.
un encan en août et septembre, des           C’est vraiment important de mûrir
mois inhabituels pour les ventes aux         sa décision, car un encan, c’est one
enchères », précise M. Breton.               shot », souligne M. Breton, qui est lui-
                Difficile                    même producteur agricole.
           pour l’agriculteur                  Les pires cas selon lui concernent
  La décision de faire encan n’a rien        les ventes imposées par les créanciers.
de banal pour un agriculteur. Certains       « À ce moment, le producteur – sou-

                                                                                                                                                                                              ARCHIVES/TCN
ont passé leur vie à la ferme et vendent     vent endetté – perd sa ferme et repart
parfois une entreprise mise sur pied         malheureusement avec pas grand-
par leurs ancêtres. « J’ai des clients       chose dans ses poches », déplore               L’encan se révèle parfois un moment difficile pour l’agriculteur, qui voit les visiteurs cher-
qui regardent leur contrat de vente en       M. Breton.                                     cher des aubaines chez lui.

5 trucs pour faire de l’argent avec son encan
La Terre a demandé à des encanteurs d’expérience quels sont les secrets pour retirer
le plus d’argent possible d’une vente de ferme par encan.

        Planification. Il est préférable de prévoir son               Les bêtes doivent être lavées et rasées, la
        encan quelques mois d’avance. Les ventes                      machinerie bien rangée, nettoyée avec des
        organisées en un éclair, à la suite d’un décès                niveaux d’huile adéquats. Un peu de pein-
        ou d’un divorce, sont moins avantageuses                      ture ne nuit pas. « De l’équipement qui a
        pour le vendeur. Aussi, le fait d’avoir pris                  belle apparence et qui semble bien entretenu
        sa décision depuis un moment permet de se                     se vend de 15 à 20 % plus cher que la machi-
        détacher un peu plus facilement de ses émo-                   nerie rouillée qui a couché dehors », dit l’un
        tions au moment de la vente.                                  des encanteurs.

        Publicité. Il importe de multiplier les paru-                 Collaboration. Le producteur doit être dis-
        tions dans les médias sociaux, les annonces                   ponible pour répondre rapidement à toute
        dans les journaux et sur les sites Internet :                 personne intéressée par l’encan de sa ferme.
        plus il y aura d’acheteurs sur place, plus les                Peu importe son humeur, il lui faut faire
        prix risquent de grimper.                                     preuve de courtoisie et fournir le plus de
                                                                      renseignements pertinents possible.
                                                                                                                                                                                                    ARCHIVES/TCN

        Préparation. Le premier coup d’œil des
        acheteurs sur la ferme est crucial. La cour                   Poteau. On peut introduire une personne
        doit être propre. Idem pour les vitres de                     dans la foule qui surenchérira pour faire mon-        Chaque détail compte afin d’accroître la valeur des ventes
        l’étable, la laiterie, le réservoir à lait, etc.              ter la mise. Un « poteau », dans le jargon.           le jour de l’encan : les vaches doivent être lavées et rasées.
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ÉDITORIAL

Agroalimentaire :
le Québec manque d’ambition
                                                      nouvelles se font plutôt rares. Le gouvernement               Dernièrement, nous avons participé à plusieurs
                                                      augmente légèrement, pour cette année, le budget              rencontres avec les élus du gouvernement. Le
                       MARCEL                         du Programme de crédit de taxes foncières                     ministre des Finances, Carlos Leitão, le ministre de
                       GROLEAU                        agricoles. Mais on constate, après analyse, que son           l’Agriculture, Pierre Paradis, les députés du caucus
                       Président général de           transfert à Revenu Québec pour 2017 ne sera pas à             rural, et le premier ministre du Québec, Philippe
                       l’Union des producteurs        coûts nuls pour les producteurs. On risque d’avoir            Couillard, ont tous été rencontrés et sensibilisés à
                       agricoles                      de grosses surprises.                                         la nécessité de donner des orientations claires à la
                                                                                                                    FADQ.
                                                      Les budgets consacrés au drainage des terres
                                                      sont nettement insuffisants si l’on tient compte              Le gouvernement doit cesser de voir la FADQ
Depuis deux ans, le gouvernement du Québec            des investissements requis et des revenus générés             comme un centre de coûts. La Financière est un
a consacré beaucoup d’énergie à l’atteinte            par les productions de céréales dans les zones                outil de développement pour le secteur agricole.
de l’équilibre budgétaire. Grâce à la situation       ciblées. Le gouvernement a bien annoncé le                    Investissement Québec est-il un centre de
exceptionnelle sur les marchés, avec des bons         développement d’une stratégie agroalimentaire.                coûts pour l’État ou un outil de développement
prix autant pour les grains que pour les viandes,     Une bonne nouvelle en soi, mais ce sera à suivre.             économique? Le budget de la FADQ doit servir à
le secteur agricole a largement contribué à cet       De son côté, la relève agricole est toujours en               stimuler les investissements dans les fermes par
objectif.                                             attente. Globalement, le budget du ministère de               le maintien de programmes de sécurité du revenu
                                                      l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du          efficaces.
Ces dernières années, une partie du budget de         Québec (MAPAQ) est réduit de 23,2 M$ et celui de
la Financière agricole du Québec (FADQ) a donc        la FADQ de 9,5 M$.                                            Le récent Programme d’appui au développement
servi à rembourser les deux tiers du déficit cumulé                                                                 des entreprises agricoles du Québec, qui vise
avant 2010 (1 G$). Le gouvernement a aussi fait       Le secteur forestier, de son côté, a obtenu des               à « appuyer financièrement la croissance et le
deux ponctions au budget annuel de l’institution      choses intéressantes dans ce budget. On sent                  développement des entreprises en stimulant
(113 M$ en octobre 2014 et 151 M$ en avril 2015).     très bien que la forêt fait partie du plan de                 les investissements productifs », est quant à lui
Depuis 2010, les déficits cumulés au fonds            développement économique de la province :                     très décevant. Ce n’est certainement pas avec
d’assurance stabilisation des revenus agricoles       augmentation des budgets consacrés à ce                       une aide maximale de 20 000 $ par entreprise
(ASRA) ont été presque entièrement remboursés         secteur; mesures fiscales pour les producteurs;               sur une période de cinq ans qu’il sera possible
et le fonds d’assurance récolte affiche un surplus    investissements dans l’aménagement forestier; etc.            de moderniser les bâtiments d’élevage et de les
de 260 M$. L’an dernier, une première tranche de      Les vignerons, les cidriculteurs et les producteurs           mettre aux normes du bien-être animal. Le Québec
110 M$ a été transférée dans un fonds de sécurité     de boissons alcoolisées ont eux aussi obtenu des              manque carrément d’ambition pour le secteur
à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Une      mesures structurantes pour leur secteur.                      agricole. Les producteurs que je rencontre ces
autre tranche doit être transférée cette année pour                                                                 jours-ci sont en attente. La relève l’est aussi. La
que ce fonds atteigne 300 M$.                         La FADQ disposera donc d’un budget de                         demande alimentaire est là. Nous avons l’expertise.
                                                      437 M$ pour la prochaine année et peut, avec                  Les producteurs veulent investir et produire. Mais
Toujours sur le plan budgétaire, l’Union a bien       celui-ci, mettre en œuvre une bonne partie                    ils attendent un signal qui ne vient pas. À quand
accueilli le troisième budget du ministre des         des recommandations du groupe de travail                      ce signal, Monsieur Paradis? À quand la mise en
Finances, Carlos Leitão. Mais comme toujours,         FADQ–MAPAQ–UPA sur la sécurité du revenu.                     œuvre des recommandations
le diable est dans les détails. Lorsqu’on regarde     L’institution doit toutefois recevoir des directives          du Groupe de travail?
ce budget 2016-2017 de plus près, les bonnes          du gouvernement du Québec en ce sens.

                                                                                                                                                                                                www.laterre.ca
                                                                                                                    Directeur                                  Directeur                            Chefs de pupitre
                                                                                                                    André Savard                               des ventes                           Richelle Fortin
                                                                                                                    Directrice                                 Pierre Leroux                        Julie Desbiens
                                                                                                                    de production                              Ventes
                                                                                                                    Brigit Bujnowski                           Sylvain Joubert
                                                                                                                    Chef comptable                             Daniel Lamoureux
                                                                                                                    Vincent Bélanger-Marceau                   Marc Mancini

                                                                                                                    ABONNEMENT PARTOUT AU CANADA                                                    Impression
                                                                                                                    1 an :       65,54 $                                                            Imprimerie Transmag
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                                                                                                                    RÉDACTION                            PUBLICITÉ                              ABONNEMENTS ET
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                                                                                                                    tcn@laterre.ca                       pub@laterre.ca                         abonnement@laterre.ca

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                                                                                                                    L’Union des producteurs agricoles
                                                                                                                    555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100
                                                                                                                    Longueuil (Québec) J4H 3Y9

                                                                                                                              Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830
                                                                                                                              La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830 (imprimé), ISSN 2369-7660 (en ligne), is published weekly, 51 times per
                                                                                                                              year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way
                                                                                                                              Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. Periodicals postage paid at Plattsburgh, N.Y. POSTMASTER
                                                                                                                              send address changes to La Terre de chez nous, P.O. Box 2888, Plattsburgh, N.Y. 12901. Nous reconnaissons
                                                                                                                              l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui
                                                                                                                              relève de Patrimoine canadien. Convention de la poste publication N° 40069165 N° d’enregistrement 07665,
                                                                                                                              retourner toute correspondance ne pouvant être
                                                                                                                              livrée au Canada au Service des publications
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L'agriculture devra faire sa part - POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE - La Terre ...
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016      PAGE 7

                                                                                                                                                                              TERRES

Le projet d’hôpital de Vaudreuil                                                                       La CAQ veut un diagnostic
devenu « raisonnable »                                                                                 sur la propriété des terres
MARTIN MÉNARD                               la CPTAQ [Commission de protection                         THIERRY LARIVIÈRE
                                            du territoire agricole du Québec] de se
   Après des années de tergiversations,     prononcer, chose qui n’a pas été faite,                      La Coalition avenir Québec (CAQ)
l’hôpital de Vaudreuil sera finalement      mais le projet est devenu raisonnable »,                   estime qu’il faut un bon portrait de la
construit sur des terres agricoles, à       commente Pierre Caza, directeur de                         propriété des terres avant d’aller plus
l’intersection des autoroutes 540 et 40,    l’aménagement du territoire et du déve-                    loin et de mettre en place des mesures
à l’ouest de Montréal. En effet, le gou-    loppement régional à la Fédération de                      pour lutter contre l’accaparement des
vernement du Québec a adopté en mars        l’UPA de la Montérégie. Cette organisa-                    terres.
dernier un décret autorisant l’imposi-      tion, qui n’hésite pas à se dresser contre
tion d’une réserve aux fins d’expropria-    les projets qui entraînent une perte de
                                                                                                               Selon Sylvie D’Amours,

                                                                                                                                                                                                THIERRY LARIVIÈRE/TCN
tion du terrain.                            superficies agricoles, ne s’opposera pas
   Lors des premières ébauches du pro-      à celui-ci. « On ne peut pas être contre                              le récent rapport
jet en 2011, la conversion de 635 ha        la construction d’un hôpital et les agri-                            de la CAPERN est
était envisagée en vue d’ériger un vaste    culteurs de la région de Vaudreuil sont                                 un bon début.
                                                                                                                                                    Sylvie D’Amours en marge de l’assemblée
complexe institutionnel, commercial et      bien conscients qu’il en faut un. Est-ce
                                                                                                                                                    générale annuelle du Syndicat des produc-
résidentiel. Heureusement pour l’agri-      qu’il s’agit du meilleur endroit? Est-ce                                                                teurs d’œufs d’incubation du Québec, le
culture, le projet annoncé le 4 avril par   qu’on crée une brèche qui occasionnera                       « Le rapport de la Commission est          6 avril à Saint-Hilaire.
le ministre de la Santé, Gaétan Barrette,   le développement et l’expropriation                        déjà une avancée; c’est bon de savoir ce
est beaucoup plus modeste. « Environ        d’autres terres environnantes dans le                      qu’on a sur le terrain », a soutenu Sylvie     « Il faut être en mode prévention »,
25 ha seront expropriés. On aurait sou-     futur? Voilà ce qui nous reste à analy-                    D’Amours à la Terre. La critique de la       estime la députée de la CAQ, qui ajoute
haité que le gouvernement demande à         ser », conclut M. Caza.                                    CAQ en agriculture estime que le récent      tout de même que plus de 80 % des
                                                                                                       rapport de la Commission de l’agri-          terres du Québec appartiennent à des
                                                                                         QUÉBEC

                                                                                                       culture, des pêcheries, de l’énergie et      Québécois et que l’accaparement des
                                                                                                       des ressources naturelles (CAPERN)           terres par des étrangers ne semble pas
                                                                                          SOCIAUX DU

         Construit à
  l’intersection des                                                                                   sur l’accaparement des terres est donc       un problème majeur à première vue.
     autoroutes 540                                                                                    un « bon début » qui sera suivi d’une          La députée de la CAQ reproche par
                                                                                         SERVICES

     et 40, l’hôpital                                                                                  nouvelle rencontre à l’automne après le      ailleurs au Parti québécois (PQ) d’avoir
entraînera l’expro-
                                                                                          ET DES

                                                                                                       dépôt d’une première base de données         « voté contre plusieurs recommanda-
priation de 25 hec-
                                                                                         SANTÉ

     tares de terres                                                                                   par la firme de Québec qui a été sélec-      tions » à la CAPERN. Le PQ estime
          agricoles.                                                                                   tionnée par le ministère de l’Agriculture    de son côté que la CAQ et les libéraux
                                                                                          DE LA
                                                                                         MINISTÈRE

                                                                                                       pour mettre en place un registre sur la      s’opposent à toute mesure de contrôle
                                                                                                       propriété et les transactions de terres.     pour prévenir l’accaparement des terres.
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PERSPECTIVES AGROALIMENTAIRES 2016

De nombreux indicateurs au vert…
THIERRY LARIVIÈRE                                              « Le prix des denrées agricoles a beaucoup mieux
                                                             tenu le coup par rapport à l’énergie », constate Stéfane
DRUMMONDVILLE — L’économie mondiale                          Marion. Libellé en dollars américains, il s’est avéré
devrait être relativement favorable au marché agricole       relativement élevé pour plusieurs pays. Le prix des
dans la prochaine année, mais de nouvelles tendances         machineries agricoles a cependant atteint un « sommet
devront être surveillées de près si les agriculteurs         de tous les temps » à cause du même taux de change.
veulent pouvoir profiter pleinement d’une demande            L’économiste estime toutefois que cette inflation dans
qui promet de croître en même temps que la popula-           la machinerie semble diminuer depuis la remontée
tion de la planète.                                          récente du huard.
  « La Chine est un joueur qui demeure au rendez-              Stéfane Marion est par ailleurs encouragé par le
vous pour stimuler la croissance mondiale », estime          nouveau record de l’emploi à temps plein aux États-

                                                                                                                                                                                       THIERRY LARIVIÈRE/TCN
Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la         Unis, qui vient de rejoindre et de dépasser le précédent
Banque Nationale. En effet, la croissance prévue de          record de 2008, avant la crise. Ce phénomène apporte
6 % de l’économie chinoise est en baisse comparati-          toutefois de la volatilité, car il risque d’encourager la
vement aux années précédentes, mais elle est devenue         banque centrale américaine (Fed) à augmenter ses taux        Stéfane Marion, économiste en chef de la Banque Nationale,
tellement importante que l’effet sera quand même             d’intérêt, ce qui pourrait faire rebaisser le dollar cana-   est relativement optimiste quant à l’économie canadienne
                                                                                                                          et mondiale.
significatif sur l’économie mondiale, qui devrait pro-       dien. Celui-ci devrait néanmoins se maintenir entre 71
gresser de 3 % (comparativement à 5 % dans les der-          et 77 cents américains.                                      se redressent vraiment. Finalement, pour le Québec,
nières années).                                                Du côté canadien, le risque de récession est « ter-        l’économiste Stéfane Marion estime que le « grand
  Le nombre de travailleurs sur la planète est évalué à      miné ». Les exportations canadiennes ont tardé à             défi structurel » sera la diminution de la population
3,2 milliards et est en croissance constante. La progres-    reprendre, mais la remontée est maintenant amorcée           active de 20 à 54 ans, qui risque d’amener une pénurie
sion est toutefois cinq fois plus rapide dans les pays       depuis 8 à 12 mois et on atteint en ce moment un             de main-d’œuvre. La hausse de l’immigration comble
émergents que dans les économies matures. Les futurs         record en volume pour l’ensemble des exportations.           en partie la baisse de cette population, mais ce ne serait
consommateurs des produits alimentaires à valeur             Après la baisse du huard, il fallait attendre que les        pas encore assez, selon l’économiste. « On ne peut pas
ajoutée seront donc de plus en plus dans ces pays et         entreprises américaines et étrangères retrouvent leur        faire entrer plus de gens sans les intégrer davantage »,
résideront de plus en plus dans les villes.                  capacité d’investissement pour que les exportations          met-il cependant en garde.

… mais l’eau et les programmes
pourraient freiner l’agriculture
  La croissance de la population mondiale représentera                              Mutation
une opportunité incroyable pour plusieurs pays, dont le                    des programmes de soutien
nôtre. Mais pour que ça se concrétise, il faudra pouvoir        Les programmes gouvernementaux qui viennent en
augmenter la production sur une superficie qui n’est pas     soutien au secteur s’avéreraient un autre élément sus-
en croissance sans que la pression sur l’environnement,      ceptible de miner la capacité concurrentielle des agri-
en particulier l’eau, ne crée une levée de boucliers de la   culteurs québécois et canadiens.
part de la population.                                          Selon l’exposé de Daniel-Mercier Gouin, professeur
  C’est un peu le message qu’a livré Ted Bilyea, pré-        à l’Université Laval, on peut conclure que les États-
sident de l’Institut canadien des politiques agroali-        Unis ne lésinent pas sur les programmes agricoles.
mentaires (ICPA) et ancien vice-président de Maple           « Ils sont presque de retour à leur point de départ », a
Leaf, aux Perspectives agroalimentaires. « Il n’y a pas      indiqué le professeur en parlant des programmes amé-
d’intérêt à nourrir neuf milliards de personnes si on ne     ricains qui étaient passés par une phase de paiement
peut pas le faire pour toujours », a lancé Ted Bilyea. Ce    directs découplés et modestes après 1996. Du point
dernier a donné l’exemple du lac Winnipeg où l’arrivée       de vue canadien, il constate que le deuxième cadre
d’algues a fait en sorte qu’un plafond à la production       stratégique intervient beaucoup moins que le premier.
                                                                                                                                                                                         ARCHIVES/TCN

porcine est toujours en vigueur même si la cause princi-     L’ancien ministre Gerry Ritz disait d’ailleurs que les
pale serait les cultures. Un problème similaire se pointe    programmes n’étaient pas là pour combler un déclin à
à l’horizon en Ontario avec le lac Érié.                     long terme des revenus agricoles.
                                                                                                                          Pour profiter de la croissance des marchés, les agriculteurs
  « On doit préserver la confiance à l’égard de l’agricul-      Au Québec, la gestion de l’offre et l’assurance stabi-    doivent gérer les risques liés à la pénurie ou à la mauvaise
ture », estime le président de l’ICPA, qui met en garde      lisation des revenus agricoles (ASRA), qui représentent      qualité de l’eau.
contre les réactions parfois importantes de la popula-       83 % de l’agriculture, sont tous les deux sous pression.
tion lorsqu’elle perd cette confiance. Pour le Québec,       La fin de l’ASRA, qui est une possibilité dès cette          il n’y a pas de problème », fait valoir Daniel-Mercier
qui vit dans une « bulle » du point de vue de l’accès à      année, pourrait toutefois changer la donne et ramener        Gouin, qui ajoute cependant que ça pourrait se corser
l’eau et qui contrôle mieux qu’ailleurs le phosphore,        43 % de l’agriculture québécoise dans une logique de         pour les fermes endettées après deux ou trois années de
le « nouveau problème » est la présence de pesticides.       programme plus canadienne. « Tant que ça va bien,            mauvais prix. T.L.
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                          ASSEMBLÉE                                                                                         GRAINS

Partager ses prix de vente ou
perdre 0,50 $/tonne
MARTIN MÉNARD
                                                                                                                                                                   La production de grains
  DRUMMONDVILLE — Lors de leur                                                                                                                                           en chiffres
assemblée générale annuelle du 1er avril
dernier, les Producteurs de grains du
Québec ont voté le prélèvement d’une                                                                                                                                          10 000
contribution de 0,50 $/t qui s’ajoutera                                                                                                                                         producteurs
à celle déjà prélevée automatiquement
                                                                                                                                                               ////////////////////////////////////////////////////
au moment des transactions de grains,
laquelle totalisera donc 1,80 $/t pour le
maïs et 1,90 $/t pour les autres grains.                                                                                                                                       1,2 G$
Et ceux qui ne diffuseront pas les prix                                                                                                                                         de revenus
de vente de leurs récoltes perdront ce                                                                                                                         ////////////////////////////////////////////////////

0,50 $/t. L’objectif consiste à inciter les
producteurs à alimenter le Système de

                                                                                                                                           MARTIN MÉNARD/TCN
recueil et de diffusion de l’information                                                                                                                               930 hectares
(SRDI) de leur organisation. En effet,                                                                                                                                          en cultures
ceux qui fourniront leurs données au
                                                                                                                                                               ////////////////////////////////////////////////////
SRDI se verront rembourser ce 0,50 $/t.       L’assemblée annuelle des Producteurs de grains fait toujours salle comble avec près de
De plus, ils recevront à la fin de l’année    400 personnes sur place. La résolution portant sur une contribution de 0,50$/t destinée à
                                              augmenter la participation au SRDI a suscité un intense débat.
les contributions des agriculteurs qui
n’ont pas envoyé leurs données. Dans
                                                                                                                                                                3 935 000 tonnes
la mesure où près de 70 % des produc-         lement employées par des analystes qui        sujet du 0,50 $/t. La pétition que j’ai pré-                           de grains produites en 2015
teurs ne participent actuellement pas au      pouvaient ainsi rendre une information        sentée au micro a été ridiculisée. C’est
                                                                                                                                                                      64 % en maïs-grain
SRDI, et que le Québec produit environ        encore plus précise aux producteurs et        dommage, car je crois qu’il faut que la
                                                                                                                                                                          22 % en soya
quatre millions de tonnes de grains, les      que celle-ci était même utilisée par ceux     Fédération soit disposée à écouter tous les                           11 % en céréales et en canola
sommes à se partager pourraient se révé-      qui ne contribuaient pas au SRDI.             producteurs. Sinon, ne nous surprenons                                      2 % en semences
ler importantes.                                Mais dans la salle, un certain nombre       pas si plusieurs ne se présentent pas aux                                  1 % en biologique
           Un débat houleux                   d’agriculteurs étaient contre et s’étaient    réunions des syndicats de base », a expli-                         ////////////////////////////////////////////////////

  Le débat concernant cette résolution        expressément déplacés à l’assemblée           qué le délégué Danny Messier, qui craint
a duré plus d’une heure. Certains délé-       pour contester cette forme d’obligation       que cette contribution, que certains voient                        veau règlement qui en découlera s’appli-
gués ont vanté les mérites du SRDI,           de partager leurs données. Un délégué         comme coercitive, entraîne de nouveaux                             quera dès le 1er août 2016.
indiquant que ce système leur permettait      est même venu déposer une pétition de         frais d’avocats pour la Fédération.                                   À noter qu’il a également été voté
de connaître les prix offerts par les ache-   321 noms. « La pétition provient d’un                En vigueur dès juillet 2016                                 qu’après une période de deux ans, l’as-
teurs du Québec et de mieux négocier          groupe de producteurs de ma région, qui         La résolution a finalement été adoptée                           semblée évaluera l’impact associé à cet
la vente de leurs grains. D’autres ont        ne sont pas intéressés par le SRDI et qui     par une majorité de délégués. S’il est                             incitatif et décidera alors si elle le main-
souligné que ces données étaient éga-         exigent la tenue d’un référendum sur le       entériné à temps par la Régie, le nou-                             tient ou non.

Des enjeux multiples
  La 41e assemblée générale annuelle des Producteurs         l’Environnement et de l’Agriculture à réévaluer leurs          recherche qui place la productivité des fermes sur le
de grains a donné lieu à 14 résolutions, qui ont toutes      objectifs de réduction des pesticides en tenant compte         même plan que les enjeux environnementaux.
été adoptées.                                                du maintien de la rentabilité des fermes.                        Déprédation : pour une ixième année, les agricul-
  Sécurité du revenu : les producteurs n’en démordent          Classement des grains : les producteurs exigent que          teurs pressent la Financière de dédommager à 100 %
pas, ils demandent encore cette année au ministère de        la Régie des marchés agricoles revienne sur sa déci-           les producteurs ayant subi des pertes par la sauvagine
l’Agriculture et à la Financière de leur donner accès        sion de ne pas remplacer son inspecteur en chef. Ils           et les cerfs de Virginie.
aux programmes Agri-Québec et Agri-investissement,           considèrent qu’une défaillance dans l’application du             UPA : les producteurs ont rappelé à leur représen-
et non seulement à l’un des deux. Ils demandent éga-         Règlement sur la mise en marché des grains pourrait            tant de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Pierre
lement à l’État de leur offrir un soutien au moins           avoir des conséquences graves sur l’industrie.                 Lemieux, que le financement de l’UPA n’est toujours
équivalent à celui dont bénéficient les producteurs com-       Recherche et service-conseil : les producteurs               pas équitable. L’an dernier, les délégués lui avaient
pétiteurs des autres pays.                                   demandent au ministère de l’Agriculture d’ajuster              donné un an pour présenter un plan de financement
  Pesticides : les délégués ne veulent pas de nouvelles      à la hausse le financement du service-conseil et de            « équitable », ce qui n’a pas été fait. Ils réitèrent cette
mesures réglementaires. Ils incitent les ministères de       la recherche publique. Ils désirent une politique de           demande en 2016. M.M.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016       PAGE 11

        ASSEMBLÉE                                 FRAISES ET
                                                 FRAMBOISES

Les producteurs adoptent
le nouveau mode de
contribution
MARTIN MÉNARD

  DRUMMONDVILLE — Réunis en
assemblée générale spéciale le 1er avril
dernier, les membres de l’Association
des producteurs de fraises et fram-
boises du Québec (APFFQ) ont adopté
une nouvelle structure de contribu-
tions qui repose sur les superficies en
production.
  Selon la nouvelle formule, les fermes
de moins de 0,8 ha devront payer une
contribution fixe de 300 $, tandis que
celles comptant 0,8 ha et plus paieront
450 $. À cela s’ajoute une contribution
variable de 124 $/ha en production afin
de soutenir les activités de recherche
                                                                                         MARTIN MÉNARD/TCN

et de promotion. « C’est un défi de
concilier les besoins des grands et des
petits producteurs. Nous voulions le
plus d’équité possible concernant les
contributions, d’où l’idée de fonction-    Christian Hébert, de Portneuf, se dit fort
ner avec des frais fixes pour certaines    satisfait que l’Association des produc-
                                           teurs de fraises et framboises du Québec
dépenses de l’Association, et d’ajou-      établisse un tarif de contributions spécial
ter des frais variables selon les super-   pour la relève.
ficies cultivées, qui sont maintenant
compilées par la Financière agricole         L’APFFQ montre également son
du Québec », explique David Lemire,        appui aux producteurs œuvrant sous
président de l’Association.                régie biologique en leur offrant la
                                           cotisation fixe à moitié prix, à vie.
                                             Sur les 56 producteurs votants,
            Les producteurs                seuls 2 se sont prononcés contre la
                                           proposition, dont le représentant de
      déploraient que certains
                                           la Coopérative pour l’agriculture de
      passent « sous le radar »            proximité écologique. L’organisme
       en achetant des plants              salue les efforts de l’APFFQ, mais
         ou des contenants à               estime que le nouveau mécanisme de
                                           contribution n’est pas encore équi-
       l’extérieur du Québec.
                                           table pour les petites fermes. « Un
                                           producteur de 10 ha paiera au total
                                           146,50 $/ ha, alors qu’un producteur
          Taux préférentiels               bio de 1 ha paiera 349 $/ha en contri-
  Une attention toute particulière a       butions », argumente Caroline Poirier.
été portée à la relève agricole. « Je        Ce changement au mode de contri-
suis très heureux de cette proposition     bution survient alors que les pro-
où la relève paie la moitié des frais      ducteurs de fraises et framboises
fixes et ne paie pas de frais variables    déploraient que certains passent « sous
tant que les plants ne sont pas en pro-    le radar » en achetant des plants ou des
duction [ce qui prend un an dans la        contenants à l’extérieur du Québec. La
fraise et deux ans dans la framboise].     contribution était basée sur les achats
L’APFFQ devient ainsi l’une des asso-      de plants et de contenants.
ciations les plus avancées pour aider        Ce nouveau règlement sera trans-
les jeunes à démarrer », souligne le       mis pour approbation à la Régie des
jeune producteur Christian Hébert, du      marchés agricoles et alimentaires du
Domaine Hébert dans Portneuf.              Québec.
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                        ASSEMBLÉE                                                                   POMMES DE TERRE

Les surplus poussent les prix
à la baisse
THIERRY LARIVIÈRE                                                                                                                                           les producteurs à produire un volume
                                                                                                                                                            qu’ils savent déjà pouvoir commercia-
  QUÉBEC — « C’est une des meil-                                                                                                                            liser. Les prix plus bas reçus par les
leures années en terme de produc-                                                                                                                           producteurs s’expliquent en partie par
tion, mais justement, c’est ça qui a                                                                                                                        les nombreuses promotions que les
causé des prix vraiment dérisoires », a                                                                                                                     épiceries font sur la pomme de terre
affirmé Francis Desrochers, président                                                                                                                       de table. « Je rêve de voir la pomme de
réélu des Producteurs de pommes de                                                                                                                          terre en haut de tous les légumes, pas
terre du Québec (PPTQ), lors de l’as-                                                                                                                       parce qu’elle est en promotion, mais
semblée générale annuelle de l’organi-                                                                                                                      parce qu’elle est valorisée », a d’ail-
sation le 1er avril dernier.                                                                                                                                leurs souhaité Francis Desrochers.
  Après d’assez longs échanges, l’as-                                                                                                                                       Différend
semblée a adopté une résolution pré-                                                                                                                                    avec Yum-Yum

                                                                                                                                    THIERRY LARIVIÈRE/TCN
voyant la mise en place d’un comité                                                                                                                           Après « beaucoup de frais juri-
pour étudier la proposition du pro-                                                                                                                         diques », une décision défavorable
ducteur Normand Bournival, de la                                                                                                                            aux producteurs relativement aux
Mauricie. Celui-ci proposait que le                                                                                                                         récoltes 2014 et 2015 a été prise en
                                           Francis Desrochers a été reporté à la présidence des Producteurs de pommes de terre du
permis de production émis en début         Québec pour un 2e mandat.                                                                                        Cour supérieure dans le dossier des
d’année soit proportionnel aux capa-                                                                                                                        croustilles Yum-Yum. Une conci-
cités d’entreposage qui respectent les     mise en marché », a admis le président       Québec et qui profiterait aux produc-                               liation est en cours pour 2016 et
standards de l’industrie. L’objectif est   Desrochers, en ajoutant que l’idée de        teurs des autres régions.                                           la Régie des marchés agricoles et
d’éviter les surplus importants à la       Bournival n’était « pas mauvaise » et          Il demeure que les besoins totaux                                 alimentaires du Québec pourrait
récolte et jusqu’en novembre, comme        qu’elle serait étudiée.                      des acheteurs québécois de pommes                                   bien avoir à intervenir en arbitrage.
en 2015. Ces surplus minent les prix         Dans la discussion, un producteur a        de terre sont estimés à 11,5 millions                               Un des points en litige est la non-
offerts et favorisent la mise en marché    même évoqué le terme de « gestion de         de quintaux par les PPTQ, ce qui veut                               reconnaissance de la rémunération des
de pommes de terre de moins bonne          l’offre ». D’autres ont immédiatement        dire que les superficies pourraient                                 avoirs des propriétaires et du salaire des
qualité auprès des consommateurs.          mis en garde contre une telle initia-        être réduites d’environ 10 % pour                                   exploitants dans les coûts de produc-
« On a une refonte à faire de notre        tive qui s’appliquerait uniquement au        approvisionner le marché. « Ce n’est                                tion qui servent à établir les contrats.
                                                                                        pas facile de limiter la production                                 Les PPTQ craignent que cette non-
                                                                                        parce que c’est volontaire », a précisé                             reconnaissance, si elle devait se perpé-
                                                                                        Clément Lalancette, directeur général.                              tuer, puisse créer un précédent auprès
                                                                                        Dans son discours, le président incitait                            des autres fabricants de croustilles.

                                                                                          Nouvelle pomme de terre GM
                                                                                          au Canada
                                                                                            Les autorités canadiennes ont donné                              à signer des ententes
                                                                                          le feu vert à la commercialisation                                 avec des producteurs
                                                                                          d’une pomme de terre génétiquement                                 qui n’utiliseraient que
                                                                                          modifiée (GM). Cette pomme de terre                                ce nouveau cultivarr
                                                                                          développée en Idaho par J.R. Simplot                               pour éviter de conta-
                                                                                          résisterait mieux au brunissement                                  miner génétiquement
                                                                                          lorsqu’elle est coupée, aux meurtris-                              d’autres variétés conventionnelles.
                                                                                          sures et à la tache noire. Des gènes de                            Pour le moment, ce sont surtout les
                                                                                          pommes de terre sauvages et cultivées                              utilisateurs de pommes de terre qui
                                                                                          ont été ajoutés au cultivar modifié                                profiteraient de ce nouvel OGM.
                                                                                          et aucune autre espèce n’a été utili-                                L’entreprise d’Idaho travaille
                                                                                          sée. Des essais sont effectués depuis                              cependant sur un nouvel OGM qui
                                                                                          quelques années à l’Île-du-Prince-                                 aurait besoin de moins d’eau pour
                                                                                          Édouard. Le semencier américain vise                               pousser et qui résisterait au mildiou.
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