L'agriculture devra faire sa part - POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE - La Terre ...
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V o l . 8 7 , n o 15 – 13 au 19 avr il 2016 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 4 0 p a g e s – 2,25 $ POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE LAIT DIAFILTRÉ L’agriculture devra La pression monte faire sa part PAGE 3 PAGE 2 GIGUÈRE/TCN MARIEMICHÈLE TRUDEAU MARTINE Une année exceptionnelle pour les encans AGA GRAINS PAGE 4 Les producteurs adoptent un incitatif pour le partage des prix ARCHIVES/TCN PAGE 10 Vol 87 #15 15 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 7 2,25$ 10013
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 ACTUALITÉ Une politique énergétique prometteuse pour l’agriculture hausses de tarifs d’électricité à l’infla- tion. Les parcs éoliens seront orientés THIERRY LARIVIÈRE avant tout vers l’exportation pour éviter tlariviere@laterre.ca un choc tarifaire pour les Québécois. UPA et Producteurs en serre MONTRÉAL — Dans sa politique L’Union des producteurs agricoles énergétique présentée la semaine der- (UPA) dit accueillir positivement cette nière, Québec a des objectifs ambitieux. nouvelle politique. Elle se dit « prête à Les secteurs agricole, forestier et rural collaborer activement avec le ministère pourraient y trouver leur compte, mais de l’Énergie et des Ressources natu- plusieurs moyens d’action restent à relles de façon à favoriser l’efficacité des MARIEMICHÈLE TRUDEAU préciser. mesures et leur accessibilité pour les pro- « C’est un nouveau chapitre, c’est un ducteurs », a déclaré le président général tournant important vers une nouvelle de l’UPA, Marcel Groleau. économie sobre en carbone », a déclaré Le premier ministre Philippe Couillard était accompagné des ministres Pierre Arcand, « Ils veulent enlever le pétrole. Les d’entrée de jeu Philippe Couillard lors Dominique Anglade et Geoffrey Kelley. producteurs sont prêts à jouer cette du lancement de la Politique énergé- game-là », a déclaré le président des tique 2030 du gouvernement du Québec d’action (2016-2020) suivra l’automne Producteurs en serre du Québec, André à la Place des Arts de Montréal, le 7 avril. prochain. « Les producteurs Mousseau, qui met cependant en garde Trois ministres ainsi que le premier Le document expliquant cette politique sont prêts à jouer Québec contre les délais d’application ministre étaient réunis pour ce lance- parle néanmoins d’avancées intéres- cette game-là. » et les programmes qui sont souvent ment en grande pompe d’une politique santes pour les secteurs agricole et fores- – André Mousseau, mal adaptés aux petites serres. André qui énonce cinq grands objectifs : tier. Des initiatives comme la production président des Producteurs Mousseau salue par contre la volonté • Améliorer l’efficacité énergétique de biocarburant, d’énergie à partir de en serre du Québec de « mieux desservir les régions rurales de 15 %; biomasse forestière ou la prolongation en électricité triphasée ». L’accès à ce • Réduire l’utilisation des produits du réseau électrique triphasé font partie la Coop Carbone (Agro Carbone) spé- courant de 550 V permettrait en effet pétroliers de 40 %; des objectifs de la politique. La produc- cialisée dans les projets de réduction des aux serres et à d’autres entreprises agri- • Éliminer l’utilisation du charbon tion de biocarburants cellulosiques et le gaz à effet de serre en agriculture. Il a coles de se chauffer à l’électricité et de comme énergie thermique; bioraffinage à partir de biomasse seront aussi mentionné la possibilité pour ces remplacer certains moteurs au diesel qui • Améliorer de 25 % la part des encouragés. deux secteurs (forêt et agriculture) de sont pour le moment essentiels puisque énergies renouvelables; Québec souhaite aussi donner un meil- produire leur propre biocarburant pour les moteurs électriques équivalents ne • Augmenter de 50 % la production leur accès aux énergies plus propres leur machinerie. peuvent pas bien fonctionner avec du de bioénergie. au secteur agricole et rural. Le premier Mentionnons aussi une enveloppe de 220 V. Le président des Producteurs en On connaît cependant encore peu de ministre lui-même est intervenu pour 4 G$ sur 15 ans, issue en partie de pro- serre souhaite que la Régie de l’énergie détails sur les moyens d’action qui per- dire que les secteurs agricole et forestier grammes existants, pour favoriser l’effi- ne bloque pas les projets d’élargisse- mettront d’atteindre ces objectifs ambi- vont faire partie de cette nouvelle poli- cacité énergétique et la substitution de ment du réseau d’électricité triphasée en tieux. Un projet de loi devrait être déposé tique. Philippe Couillard a cité la mise sources d’énergie. La politique énonce regardant seulement la rentabilité à court ce printemps et le premier de trois plans sur pied récente de la filiale agricole de aussi clairement la volonté de limiter les terme.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 PAGE 3 LAIT DIAFILTRÉ Les producteurs laitiers intensifient la pression MARTINE GIGUÈRE mgiguere@laterre.ca Exaspérés par la lenteur du gouvernement fédéral à DE LANAUDIÈRE régler la problématique de l’importation de lait dia- MAURICIE filtré, les producteurs laitiers de toutes les régions du DE LA UPA Québec ont manifesté, la semaine dernière, dans les UPA rues et devant les bureaux de plusieurs députés fédé- Un convoi de 17 tracteurs a fait la route entre La Plaine et le À Louiseville, les producteurs de Lanaudière et de la bureau du ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, raux. Les producteurs de lait réclament une action Mauricie ont signifié leur reconnaissance à l’égard du travail situé dans le nord de Montréal. Une centaine de producteurs immédiate et demandent au gouvernement fédéral de de la députée fédérale néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau. de Lanaudière et d’Outaouais-Laurentides les y attendaient. respecter sa promesse électorale. À Delson, quelque 200 producteurs laitiers brandis- Jean-Claude Poissant s’est adressé aux manifestants maintenant! Je perds 5 000 $ à 6 000 $ par mois. On saient des drapeaux et des pancartes arborant le slo- et a affirmé que le gouvernement fédéral avait mis en ne peut plus tolérer ça. Une solution durable, on n’y gan Forts et unis. Ils ont manifesté devant le bureau de œuvre une table de travail afin de dégager « des solu- croit plus. Nous laisser crever, ce n’est pas durable », Jean-Claude Poissant, député de La Prairie et secrétaire tions à long terme » et que « la gestion de l’offre est là a lancé un agriculteur exaspéré. « J’ai des discus- parlementaire du ministre de l’Agriculture, Lawrence pour rester ». Les producteurs présents lui ont rappelé sions tous les jours avec le ministre de l’Agriculture, MacAulay, pour lui rappeler que le gouvernement que des milliers de dollars étaient perdus chaque mois Lawrence MacAulay. Aujourd’hui, votre message est fédéral avait été élu depuis plus de 100 jours mainte- et que des exploitations laitières se trouvaient actuel- très clair et je vais le transmettre au premier ministre », nant et qu’aucune solution n’avait encore vu le jour. lement en difficulté financière. « On veut une solution a dit Jean-Claude Poissant. À Delson, plusieurs intervenants sont venus appuyer les producteurs laitiers, notamment Valacta, le Centre d’insémination artificielle du Québec (CIAQ) et Agropur. « Cette brèche, si elle n’est pas colmatée, menace clairement la pérennité de notre politique agricole canadienne pour le secteur laitier. » – André Séguin, 2e vice-président des Producteurs de lait de Montérégie-Ouest. CHAUDIÈRE-APPALACHES « Valacta vous accompagne depuis de nombreuses années DE LA et nous sommes à même de voir les efforts des producteurs UPA de lait dans l’amélioration constante de la qualité du lait et À Saint-Georges, Renaud Lachance (au centre) a indiqué de l’efficacité dans les fermes. Valacta est solidaire. » subir des pertes annuelles de plusieurs dizaines de milliers de dollars en raison des importations de lait diafiltré qui sont – Louis Fréchette, directeur des ventes et du marketing à Valacta. peut-être légales présentement, mais inacceptables à ses yeux. CAPITALE-NATIONALE--CÔTE-NORD BAS-SAINT-LAURENT DE LA DU UPA UPA Les producteurs de la région de la Capitale-Nationale ont Plus de 225 producteurs de lait du Bas-Saint-Laurent ont manifesté leur impatience au député libéral Rémi Massé. Il a accepté convié les médias à la Fromagerie Les Rivières, de Québec. de rapporter les clés que des producteurs lui ont remises de façon symbolique.
PAGE 4 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 ÉCONOMIE L’heure est à la vente de fermes « On n’avait pas connu ça depuis Sans oublier les vaches laitières et les MARTIN MÉNARD un moment. Certains producteurs bovins de boucherie, qui se vendent mmenard@laterre.ca sont âgés et sans relève, d’autres encore à bon prix. vivent difficilement la baisse du prix L’encanteur René Houde remarque L’encanteur Luc Breton le confirme : du lait. Leur argent est fait et ils pré- L’encanteur René Houde pour sa part que la taille des fermes à il s’agit d’une « très grosse année fèrent vendre pendant que les prix sont remarque que la taille vendre augmente. « Auparavant, les d’encans ». Il vend d’ailleurs presque bons », note l’encanteur, qui cumule fermes laitières qui lâchaient, c’était des fermes à vendre souvent celles avec de petits troupeaux. une ferme tous les deux jours présen- 36 ans de métier. De fait, la conjonc- tement. Et il n’est pas le seul, comme ture est favorable à une liquidation des augmente. Mais aujourd’hui, des 25-30 vaches, en font foi les deux pages de petites actifs; la machinerie usagée se détaille on en voit beaucoup moins. Ce sont de annonces de fermes à vendre publiées à un prix intéressant depuis que la fai- plus grosses fermes qu’on vend. » chaque semaine, ces temps-ci, dans La blesse du dollar canadien a fait grim- Un autre encanteur fort connu au Terre de chez nous. per le prix de la machinerie neuve. Québec, Daniel Paul-Hus, abonde dans Denis Bilodeau repousse les spéculateurs PIERRE-YVON BÉGIN Denis Bilodeau trouve une pybegin@laterre.ca satisfaction certaine à l’idée d’aider des producteurs de la relève à Le temps est venu pour Denis s’établir ou à s’agrandir. Bilodeau de boucler la boucle. Vendredi dernier, l’ancien vice-président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) a tenu un encan afin de liquider ARCHIVES/TCN sa machinerie agricole. Serein à cette nouvelle étape de sa vie, il éprouve une certaine satisfaction d’avoir éconduit les spéculateurs de ce monde. Denis Bilodeau, ancien vice-président de l’UPA, a tenu un encan vendredi dernier L’homme en menait large à sa ferme afin de liquider sa machinerie agricole, de Warwick au Centre-du-Québec. comprenant entre autres huit tracteurs. Pour cultiver ses 1 100 acres de terre, l’agriculteur possédait à lui seul… huit déjà semé du maïs durant 26 heures tracteurs! Neuf, le plus gros coûtait la sans m’arrêter ». bagatelle de 200 000 $. Denis Bilodeau est entré en agricul- Sans relève depuis la mort de son fils ture à 17 ans. Coup du sort, il a été PIERRE-YVON BÉGIN/TCN l’an dernier dans un accident de VTT, forcé d’abandonner ses études afin de Denis Bilodeau fait contre mauvaise prendre la relève de son père au pied fortune bon cœur. « Quand on vieillit, levé. Il possédait alors 125 acres de philosophe-t-il, c’est une succession de terre et 17 vaches. Il se souvient du deuils, c’est le cycle de la vie. » premier hiver et de son manque d’ex- immense domaine agricole au cœur de tion certaine à l’idée d’aider des pro- Après 45 ans à la tête de son exploi- périence. Que d’inquiétudes à détecter l’un des meilleurs jardins du Québec ducteurs de la relève à s’établir ou à tation agricole et une trentaine d’an- les saillies! Rien d’étonnant donc à ce n’a pas tardé à attirer la convoitise des s’agrandir. nées en syndicalisme à l’UPA, Denis qu’il tente aujourd’hui « de prendre ça spéculateurs. Des groupes « comme « Ce printemps, je vais aider les Bilodeau est prêt à tourner la page. plus aisé ». Pangea » lui ont d’ailleurs fait d’in- jeunes à semer. Je vais quand même « Il faut trouver le bonheur ailleurs », « À un moment donné, tu mets le téressantes propositions. C’était mal rester près de ça », confie-t-il. S’il voit estime-t-il, heureux de passer doréna- ruban à mesurer au sol. Tu regardes connaître cet ancien vice-président de d’un bon œil la création d’un registre vant ses hivers en Floride et de jouer ce que tu as fait dans la vie et ce qu’il l’UPA qui s’est élevé contre le phé- afin de compiler les transactions de au golf. Une nouvelle compagne lui te reste. » nomène de l’accaparement des terres. terres agricoles, il croit qu’il est illu- permet aussi de « mieux accepter » Les spéculateurs « Ce n’était pas dans mon inten- soire de se fier à l’État. Les agricul- son sort. Au moment de quitter l’UPA, tion », indique Denis Bilodeau. Il pré- teurs, pense-t-il, peuvent également « J’ai fait pas mal de temps supplé- Denis Bilodeau a vendu son troupeau. cise avoir vendu certaines parcelles de aider la relève, qui peut aussi compter mentaire dans ma vie », lance-t-il en Depuis, il consacre ses 1 100 acres de terre et en avoir loué d’autres, princi- sur des programmes de démarrage. rigolant. Il goûte pleinement son nou- terre aux grandes cultures, du maïs et palement à des voisins et à de jeunes « Ça prend toujours deux partenaires veau style de vie, rappelant « avoir du soya surtout, et un peu de blé. Cet agriculteurs. Il trouve une satisfac- pour danser », résume-t-il.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 PAGE 5 ÉCONOMIE le même sens, citant en exemple un encan qu’il fera au mois de mai pour la « dispersion complète » d’une impo- sante ferme possédant deux robots de traite et 225 vaches Holstein pur sang. De surcroît, il note un nouveau phéno- mène chez les producteurs de grains. « J’ai des clients qui avancent en âge. La gestion des employés, le stress des semis et des récoltes, à 70 ans, c’est demandant. Ils prennent alors la déci- GRACIEUSETÉ DANIEL PAUL-HUS sion de louer leurs terres, ce qui offre de très bons revenus. Et ils vendent à l’encan la machinerie et les silos », raconte M. Paul-Hus. Si le rythme des ventes se main- L’industrie de l’encan est toujours bien vivante au Québec. Sur cette photo, l’encanteur Daniel Paul-Hus « pousse l’enchère ». tient, il pourrait y avoir entre 150 et 200 démantèlements de fermes durant pleurant. Il y a beaucoup d’émotions, cette saison des encans, soit de mars ce n’est pas facile. Je leur laisse tou- à mai. « Il y a même des producteurs jours le temps d’y penser. Et c’est qui m’ont approché pour organiser arrivé que certains changent d’avis. un encan en août et septembre, des C’est vraiment important de mûrir mois inhabituels pour les ventes aux sa décision, car un encan, c’est one enchères », précise M. Breton. shot », souligne M. Breton, qui est lui- Difficile même producteur agricole. pour l’agriculteur Les pires cas selon lui concernent La décision de faire encan n’a rien les ventes imposées par les créanciers. de banal pour un agriculteur. Certains « À ce moment, le producteur – sou- ARCHIVES/TCN ont passé leur vie à la ferme et vendent vent endetté – perd sa ferme et repart parfois une entreprise mise sur pied malheureusement avec pas grand- par leurs ancêtres. « J’ai des clients chose dans ses poches », déplore L’encan se révèle parfois un moment difficile pour l’agriculteur, qui voit les visiteurs cher- qui regardent leur contrat de vente en M. Breton. cher des aubaines chez lui. 5 trucs pour faire de l’argent avec son encan La Terre a demandé à des encanteurs d’expérience quels sont les secrets pour retirer le plus d’argent possible d’une vente de ferme par encan. Planification. Il est préférable de prévoir son Les bêtes doivent être lavées et rasées, la encan quelques mois d’avance. Les ventes machinerie bien rangée, nettoyée avec des organisées en un éclair, à la suite d’un décès niveaux d’huile adéquats. Un peu de pein- ou d’un divorce, sont moins avantageuses ture ne nuit pas. « De l’équipement qui a pour le vendeur. Aussi, le fait d’avoir pris belle apparence et qui semble bien entretenu sa décision depuis un moment permet de se se vend de 15 à 20 % plus cher que la machi- détacher un peu plus facilement de ses émo- nerie rouillée qui a couché dehors », dit l’un tions au moment de la vente. des encanteurs. Publicité. Il importe de multiplier les paru- Collaboration. Le producteur doit être dis- tions dans les médias sociaux, les annonces ponible pour répondre rapidement à toute dans les journaux et sur les sites Internet : personne intéressée par l’encan de sa ferme. plus il y aura d’acheteurs sur place, plus les Peu importe son humeur, il lui faut faire prix risquent de grimper. preuve de courtoisie et fournir le plus de renseignements pertinents possible. ARCHIVES/TCN Préparation. Le premier coup d’œil des acheteurs sur la ferme est crucial. La cour Poteau. On peut introduire une personne doit être propre. Idem pour les vitres de dans la foule qui surenchérira pour faire mon- Chaque détail compte afin d’accroître la valeur des ventes l’étable, la laiterie, le réservoir à lait, etc. ter la mise. Un « poteau », dans le jargon. le jour de l’encan : les vaches doivent être lavées et rasées.
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 ÉDITORIAL Agroalimentaire : le Québec manque d’ambition nouvelles se font plutôt rares. Le gouvernement Dernièrement, nous avons participé à plusieurs augmente légèrement, pour cette année, le budget rencontres avec les élus du gouvernement. Le MARCEL du Programme de crédit de taxes foncières ministre des Finances, Carlos Leitão, le ministre de GROLEAU agricoles. Mais on constate, après analyse, que son l’Agriculture, Pierre Paradis, les députés du caucus Président général de transfert à Revenu Québec pour 2017 ne sera pas à rural, et le premier ministre du Québec, Philippe l’Union des producteurs coûts nuls pour les producteurs. On risque d’avoir Couillard, ont tous été rencontrés et sensibilisés à agricoles de grosses surprises. la nécessité de donner des orientations claires à la FADQ. Les budgets consacrés au drainage des terres sont nettement insuffisants si l’on tient compte Le gouvernement doit cesser de voir la FADQ Depuis deux ans, le gouvernement du Québec des investissements requis et des revenus générés comme un centre de coûts. La Financière est un a consacré beaucoup d’énergie à l’atteinte par les productions de céréales dans les zones outil de développement pour le secteur agricole. de l’équilibre budgétaire. Grâce à la situation ciblées. Le gouvernement a bien annoncé le Investissement Québec est-il un centre de exceptionnelle sur les marchés, avec des bons développement d’une stratégie agroalimentaire. coûts pour l’État ou un outil de développement prix autant pour les grains que pour les viandes, Une bonne nouvelle en soi, mais ce sera à suivre. économique? Le budget de la FADQ doit servir à le secteur agricole a largement contribué à cet De son côté, la relève agricole est toujours en stimuler les investissements dans les fermes par objectif. attente. Globalement, le budget du ministère de le maintien de programmes de sécurité du revenu l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du efficaces. Ces dernières années, une partie du budget de Québec (MAPAQ) est réduit de 23,2 M$ et celui de la Financière agricole du Québec (FADQ) a donc la FADQ de 9,5 M$. Le récent Programme d’appui au développement servi à rembourser les deux tiers du déficit cumulé des entreprises agricoles du Québec, qui vise avant 2010 (1 G$). Le gouvernement a aussi fait Le secteur forestier, de son côté, a obtenu des à « appuyer financièrement la croissance et le deux ponctions au budget annuel de l’institution choses intéressantes dans ce budget. On sent développement des entreprises en stimulant (113 M$ en octobre 2014 et 151 M$ en avril 2015). très bien que la forêt fait partie du plan de les investissements productifs », est quant à lui Depuis 2010, les déficits cumulés au fonds développement économique de la province : très décevant. Ce n’est certainement pas avec d’assurance stabilisation des revenus agricoles augmentation des budgets consacrés à ce une aide maximale de 20 000 $ par entreprise (ASRA) ont été presque entièrement remboursés secteur; mesures fiscales pour les producteurs; sur une période de cinq ans qu’il sera possible et le fonds d’assurance récolte affiche un surplus investissements dans l’aménagement forestier; etc. de moderniser les bâtiments d’élevage et de les de 260 M$. L’an dernier, une première tranche de Les vignerons, les cidriculteurs et les producteurs mettre aux normes du bien-être animal. Le Québec 110 M$ a été transférée dans un fonds de sécurité de boissons alcoolisées ont eux aussi obtenu des manque carrément d’ambition pour le secteur à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Une mesures structurantes pour leur secteur. agricole. Les producteurs que je rencontre ces autre tranche doit être transférée cette année pour jours-ci sont en attente. La relève l’est aussi. La que ce fonds atteigne 300 M$. La FADQ disposera donc d’un budget de demande alimentaire est là. Nous avons l’expertise. 437 M$ pour la prochaine année et peut, avec Les producteurs veulent investir et produire. Mais Toujours sur le plan budgétaire, l’Union a bien celui-ci, mettre en œuvre une bonne partie ils attendent un signal qui ne vient pas. À quand accueilli le troisième budget du ministre des des recommandations du groupe de travail ce signal, Monsieur Paradis? À quand la mise en Finances, Carlos Leitão. Mais comme toujours, FADQ–MAPAQ–UPA sur la sécurité du revenu. œuvre des recommandations le diable est dans les détails. Lorsqu’on regarde L’institution doit toutefois recevoir des directives du Groupe de travail? ce budget 2016-2017 de plus près, les bonnes du gouvernement du Québec en ce sens. www.laterre.ca Directeur Directeur Chefs de pupitre André Savard des ventes Richelle Fortin Directrice Pierre Leroux Julie Desbiens de production Ventes Brigit Bujnowski Sylvain Joubert Chef comptable Daniel Lamoureux Vincent Bélanger-Marceau Marc Mancini ABONNEMENT PARTOUT AU CANADA Impression 1 an : 65,54 $ Imprimerie Transmag 2 ans : 104,63 $ Distribution en kiosque 3 ans : 136,82 $ Messageries Dynamiques Paiement par chèque ou mandat Abonnement à l’ordre de La Terre de chez nous Postes Canada NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830 (imprimé), ISSN 2369-7660 (en ligne), is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 PAGE 7 TERRES Le projet d’hôpital de Vaudreuil La CAQ veut un diagnostic devenu « raisonnable » sur la propriété des terres MARTIN MÉNARD la CPTAQ [Commission de protection THIERRY LARIVIÈRE du territoire agricole du Québec] de se Après des années de tergiversations, prononcer, chose qui n’a pas été faite, La Coalition avenir Québec (CAQ) l’hôpital de Vaudreuil sera finalement mais le projet est devenu raisonnable », estime qu’il faut un bon portrait de la construit sur des terres agricoles, à commente Pierre Caza, directeur de propriété des terres avant d’aller plus l’intersection des autoroutes 540 et 40, l’aménagement du territoire et du déve- loin et de mettre en place des mesures à l’ouest de Montréal. En effet, le gou- loppement régional à la Fédération de pour lutter contre l’accaparement des vernement du Québec a adopté en mars l’UPA de la Montérégie. Cette organisa- terres. dernier un décret autorisant l’imposi- tion, qui n’hésite pas à se dresser contre tion d’une réserve aux fins d’expropria- les projets qui entraînent une perte de Selon Sylvie D’Amours, THIERRY LARIVIÈRE/TCN tion du terrain. superficies agricoles, ne s’opposera pas Lors des premières ébauches du pro- à celui-ci. « On ne peut pas être contre le récent rapport jet en 2011, la conversion de 635 ha la construction d’un hôpital et les agri- de la CAPERN est était envisagée en vue d’ériger un vaste culteurs de la région de Vaudreuil sont un bon début. Sylvie D’Amours en marge de l’assemblée complexe institutionnel, commercial et bien conscients qu’il en faut un. Est-ce générale annuelle du Syndicat des produc- résidentiel. Heureusement pour l’agri- qu’il s’agit du meilleur endroit? Est-ce teurs d’œufs d’incubation du Québec, le culture, le projet annoncé le 4 avril par qu’on crée une brèche qui occasionnera « Le rapport de la Commission est 6 avril à Saint-Hilaire. le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, le développement et l’expropriation déjà une avancée; c’est bon de savoir ce est beaucoup plus modeste. « Environ d’autres terres environnantes dans le qu’on a sur le terrain », a soutenu Sylvie « Il faut être en mode prévention », 25 ha seront expropriés. On aurait sou- futur? Voilà ce qui nous reste à analy- D’Amours à la Terre. La critique de la estime la députée de la CAQ, qui ajoute haité que le gouvernement demande à ser », conclut M. Caza. CAQ en agriculture estime que le récent tout de même que plus de 80 % des rapport de la Commission de l’agri- terres du Québec appartiennent à des QUÉBEC culture, des pêcheries, de l’énergie et Québécois et que l’accaparement des des ressources naturelles (CAPERN) terres par des étrangers ne semble pas SOCIAUX DU Construit à l’intersection des sur l’accaparement des terres est donc un problème majeur à première vue. autoroutes 540 un « bon début » qui sera suivi d’une La députée de la CAQ reproche par SERVICES et 40, l’hôpital nouvelle rencontre à l’automne après le ailleurs au Parti québécois (PQ) d’avoir entraînera l’expro- ET DES dépôt d’une première base de données « voté contre plusieurs recommanda- priation de 25 hec- SANTÉ tares de terres par la firme de Québec qui a été sélec- tions » à la CAPERN. Le PQ estime agricoles. tionnée par le ministère de l’Agriculture de son côté que la CAQ et les libéraux DE LA MINISTÈRE pour mettre en place un registre sur la s’opposent à toute mesure de contrôle propriété et les transactions de terres. pour prévenir l’accaparement des terres.
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 PERSPECTIVES AGROALIMENTAIRES 2016 De nombreux indicateurs au vert… THIERRY LARIVIÈRE « Le prix des denrées agricoles a beaucoup mieux tenu le coup par rapport à l’énergie », constate Stéfane DRUMMONDVILLE — L’économie mondiale Marion. Libellé en dollars américains, il s’est avéré devrait être relativement favorable au marché agricole relativement élevé pour plusieurs pays. Le prix des dans la prochaine année, mais de nouvelles tendances machineries agricoles a cependant atteint un « sommet devront être surveillées de près si les agriculteurs de tous les temps » à cause du même taux de change. veulent pouvoir profiter pleinement d’une demande L’économiste estime toutefois que cette inflation dans qui promet de croître en même temps que la popula- la machinerie semble diminuer depuis la remontée tion de la planète. récente du huard. « La Chine est un joueur qui demeure au rendez- Stéfane Marion est par ailleurs encouragé par le vous pour stimuler la croissance mondiale », estime nouveau record de l’emploi à temps plein aux États- THIERRY LARIVIÈRE/TCN Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la Unis, qui vient de rejoindre et de dépasser le précédent Banque Nationale. En effet, la croissance prévue de record de 2008, avant la crise. Ce phénomène apporte 6 % de l’économie chinoise est en baisse comparati- toutefois de la volatilité, car il risque d’encourager la vement aux années précédentes, mais elle est devenue banque centrale américaine (Fed) à augmenter ses taux Stéfane Marion, économiste en chef de la Banque Nationale, tellement importante que l’effet sera quand même d’intérêt, ce qui pourrait faire rebaisser le dollar cana- est relativement optimiste quant à l’économie canadienne et mondiale. significatif sur l’économie mondiale, qui devrait pro- dien. Celui-ci devrait néanmoins se maintenir entre 71 gresser de 3 % (comparativement à 5 % dans les der- et 77 cents américains. se redressent vraiment. Finalement, pour le Québec, nières années). Du côté canadien, le risque de récession est « ter- l’économiste Stéfane Marion estime que le « grand Le nombre de travailleurs sur la planète est évalué à miné ». Les exportations canadiennes ont tardé à défi structurel » sera la diminution de la population 3,2 milliards et est en croissance constante. La progres- reprendre, mais la remontée est maintenant amorcée active de 20 à 54 ans, qui risque d’amener une pénurie sion est toutefois cinq fois plus rapide dans les pays depuis 8 à 12 mois et on atteint en ce moment un de main-d’œuvre. La hausse de l’immigration comble émergents que dans les économies matures. Les futurs record en volume pour l’ensemble des exportations. en partie la baisse de cette population, mais ce ne serait consommateurs des produits alimentaires à valeur Après la baisse du huard, il fallait attendre que les pas encore assez, selon l’économiste. « On ne peut pas ajoutée seront donc de plus en plus dans ces pays et entreprises américaines et étrangères retrouvent leur faire entrer plus de gens sans les intégrer davantage », résideront de plus en plus dans les villes. capacité d’investissement pour que les exportations met-il cependant en garde. … mais l’eau et les programmes pourraient freiner l’agriculture La croissance de la population mondiale représentera Mutation une opportunité incroyable pour plusieurs pays, dont le des programmes de soutien nôtre. Mais pour que ça se concrétise, il faudra pouvoir Les programmes gouvernementaux qui viennent en augmenter la production sur une superficie qui n’est pas soutien au secteur s’avéreraient un autre élément sus- en croissance sans que la pression sur l’environnement, ceptible de miner la capacité concurrentielle des agri- en particulier l’eau, ne crée une levée de boucliers de la culteurs québécois et canadiens. part de la population. Selon l’exposé de Daniel-Mercier Gouin, professeur C’est un peu le message qu’a livré Ted Bilyea, pré- à l’Université Laval, on peut conclure que les États- sident de l’Institut canadien des politiques agroali- Unis ne lésinent pas sur les programmes agricoles. mentaires (ICPA) et ancien vice-président de Maple « Ils sont presque de retour à leur point de départ », a Leaf, aux Perspectives agroalimentaires. « Il n’y a pas indiqué le professeur en parlant des programmes amé- d’intérêt à nourrir neuf milliards de personnes si on ne ricains qui étaient passés par une phase de paiement peut pas le faire pour toujours », a lancé Ted Bilyea. Ce directs découplés et modestes après 1996. Du point dernier a donné l’exemple du lac Winnipeg où l’arrivée de vue canadien, il constate que le deuxième cadre d’algues a fait en sorte qu’un plafond à la production stratégique intervient beaucoup moins que le premier. ARCHIVES/TCN porcine est toujours en vigueur même si la cause princi- L’ancien ministre Gerry Ritz disait d’ailleurs que les pale serait les cultures. Un problème similaire se pointe programmes n’étaient pas là pour combler un déclin à à l’horizon en Ontario avec le lac Érié. long terme des revenus agricoles. Pour profiter de la croissance des marchés, les agriculteurs « On doit préserver la confiance à l’égard de l’agricul- Au Québec, la gestion de l’offre et l’assurance stabi- doivent gérer les risques liés à la pénurie ou à la mauvaise ture », estime le président de l’ICPA, qui met en garde lisation des revenus agricoles (ASRA), qui représentent qualité de l’eau. contre les réactions parfois importantes de la popula- 83 % de l’agriculture, sont tous les deux sous pression. tion lorsqu’elle perd cette confiance. Pour le Québec, La fin de l’ASRA, qui est une possibilité dès cette il n’y a pas de problème », fait valoir Daniel-Mercier qui vit dans une « bulle » du point de vue de l’accès à année, pourrait toutefois changer la donne et ramener Gouin, qui ajoute cependant que ça pourrait se corser l’eau et qui contrôle mieux qu’ailleurs le phosphore, 43 % de l’agriculture québécoise dans une logique de pour les fermes endettées après deux ou trois années de le « nouveau problème » est la présence de pesticides. programme plus canadienne. « Tant que ça va bien, mauvais prix. T.L.
PAGE 10 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 ASSEMBLÉE GRAINS Partager ses prix de vente ou perdre 0,50 $/tonne MARTIN MÉNARD La production de grains DRUMMONDVILLE — Lors de leur en chiffres assemblée générale annuelle du 1er avril dernier, les Producteurs de grains du Québec ont voté le prélèvement d’une 10 000 contribution de 0,50 $/t qui s’ajoutera producteurs à celle déjà prélevée automatiquement //////////////////////////////////////////////////// au moment des transactions de grains, laquelle totalisera donc 1,80 $/t pour le maïs et 1,90 $/t pour les autres grains. 1,2 G$ Et ceux qui ne diffuseront pas les prix de revenus de vente de leurs récoltes perdront ce //////////////////////////////////////////////////// 0,50 $/t. L’objectif consiste à inciter les producteurs à alimenter le Système de MARTIN MÉNARD/TCN recueil et de diffusion de l’information 930 hectares (SRDI) de leur organisation. En effet, en cultures ceux qui fourniront leurs données au //////////////////////////////////////////////////// SRDI se verront rembourser ce 0,50 $/t. L’assemblée annuelle des Producteurs de grains fait toujours salle comble avec près de De plus, ils recevront à la fin de l’année 400 personnes sur place. La résolution portant sur une contribution de 0,50$/t destinée à augmenter la participation au SRDI a suscité un intense débat. les contributions des agriculteurs qui n’ont pas envoyé leurs données. Dans 3 935 000 tonnes la mesure où près de 70 % des produc- lement employées par des analystes qui sujet du 0,50 $/t. La pétition que j’ai pré- de grains produites en 2015 teurs ne participent actuellement pas au pouvaient ainsi rendre une information sentée au micro a été ridiculisée. C’est 64 % en maïs-grain SRDI, et que le Québec produit environ encore plus précise aux producteurs et dommage, car je crois qu’il faut que la 22 % en soya quatre millions de tonnes de grains, les que celle-ci était même utilisée par ceux Fédération soit disposée à écouter tous les 11 % en céréales et en canola sommes à se partager pourraient se révé- qui ne contribuaient pas au SRDI. producteurs. Sinon, ne nous surprenons 2 % en semences ler importantes. Mais dans la salle, un certain nombre pas si plusieurs ne se présentent pas aux 1 % en biologique Un débat houleux d’agriculteurs étaient contre et s’étaient réunions des syndicats de base », a expli- //////////////////////////////////////////////////// Le débat concernant cette résolution expressément déplacés à l’assemblée qué le délégué Danny Messier, qui craint a duré plus d’une heure. Certains délé- pour contester cette forme d’obligation que cette contribution, que certains voient veau règlement qui en découlera s’appli- gués ont vanté les mérites du SRDI, de partager leurs données. Un délégué comme coercitive, entraîne de nouveaux quera dès le 1er août 2016. indiquant que ce système leur permettait est même venu déposer une pétition de frais d’avocats pour la Fédération. À noter qu’il a également été voté de connaître les prix offerts par les ache- 321 noms. « La pétition provient d’un En vigueur dès juillet 2016 qu’après une période de deux ans, l’as- teurs du Québec et de mieux négocier groupe de producteurs de ma région, qui La résolution a finalement été adoptée semblée évaluera l’impact associé à cet la vente de leurs grains. D’autres ont ne sont pas intéressés par le SRDI et qui par une majorité de délégués. S’il est incitatif et décidera alors si elle le main- souligné que ces données étaient éga- exigent la tenue d’un référendum sur le entériné à temps par la Régie, le nou- tient ou non. Des enjeux multiples La 41e assemblée générale annuelle des Producteurs l’Environnement et de l’Agriculture à réévaluer leurs recherche qui place la productivité des fermes sur le de grains a donné lieu à 14 résolutions, qui ont toutes objectifs de réduction des pesticides en tenant compte même plan que les enjeux environnementaux. été adoptées. du maintien de la rentabilité des fermes. Déprédation : pour une ixième année, les agricul- Sécurité du revenu : les producteurs n’en démordent Classement des grains : les producteurs exigent que teurs pressent la Financière de dédommager à 100 % pas, ils demandent encore cette année au ministère de la Régie des marchés agricoles revienne sur sa déci- les producteurs ayant subi des pertes par la sauvagine l’Agriculture et à la Financière de leur donner accès sion de ne pas remplacer son inspecteur en chef. Ils et les cerfs de Virginie. aux programmes Agri-Québec et Agri-investissement, considèrent qu’une défaillance dans l’application du UPA : les producteurs ont rappelé à leur représen- et non seulement à l’un des deux. Ils demandent éga- Règlement sur la mise en marché des grains pourrait tant de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Pierre lement à l’État de leur offrir un soutien au moins avoir des conséquences graves sur l’industrie. Lemieux, que le financement de l’UPA n’est toujours équivalent à celui dont bénéficient les producteurs com- Recherche et service-conseil : les producteurs pas équitable. L’an dernier, les délégués lui avaient pétiteurs des autres pays. demandent au ministère de l’Agriculture d’ajuster donné un an pour présenter un plan de financement Pesticides : les délégués ne veulent pas de nouvelles à la hausse le financement du service-conseil et de « équitable », ce qui n’a pas été fait. Ils réitèrent cette mesures réglementaires. Ils incitent les ministères de la recherche publique. Ils désirent une politique de demande en 2016. M.M.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 PAGE 11 ASSEMBLÉE FRAISES ET FRAMBOISES Les producteurs adoptent le nouveau mode de contribution MARTIN MÉNARD DRUMMONDVILLE — Réunis en assemblée générale spéciale le 1er avril dernier, les membres de l’Association des producteurs de fraises et fram- boises du Québec (APFFQ) ont adopté une nouvelle structure de contribu- tions qui repose sur les superficies en production. Selon la nouvelle formule, les fermes de moins de 0,8 ha devront payer une contribution fixe de 300 $, tandis que celles comptant 0,8 ha et plus paieront 450 $. À cela s’ajoute une contribution variable de 124 $/ha en production afin de soutenir les activités de recherche MARTIN MÉNARD/TCN et de promotion. « C’est un défi de concilier les besoins des grands et des petits producteurs. Nous voulions le plus d’équité possible concernant les contributions, d’où l’idée de fonction- Christian Hébert, de Portneuf, se dit fort ner avec des frais fixes pour certaines satisfait que l’Association des produc- teurs de fraises et framboises du Québec dépenses de l’Association, et d’ajou- établisse un tarif de contributions spécial ter des frais variables selon les super- pour la relève. ficies cultivées, qui sont maintenant compilées par la Financière agricole L’APFFQ montre également son du Québec », explique David Lemire, appui aux producteurs œuvrant sous président de l’Association. régie biologique en leur offrant la cotisation fixe à moitié prix, à vie. Sur les 56 producteurs votants, Les producteurs seuls 2 se sont prononcés contre la proposition, dont le représentant de déploraient que certains la Coopérative pour l’agriculture de passent « sous le radar » proximité écologique. L’organisme en achetant des plants salue les efforts de l’APFFQ, mais ou des contenants à estime que le nouveau mécanisme de contribution n’est pas encore équi- l’extérieur du Québec. table pour les petites fermes. « Un producteur de 10 ha paiera au total 146,50 $/ ha, alors qu’un producteur Taux préférentiels bio de 1 ha paiera 349 $/ha en contri- Une attention toute particulière a butions », argumente Caroline Poirier. été portée à la relève agricole. « Je Ce changement au mode de contri- suis très heureux de cette proposition bution survient alors que les pro- où la relève paie la moitié des frais ducteurs de fraises et framboises fixes et ne paie pas de frais variables déploraient que certains passent « sous tant que les plants ne sont pas en pro- le radar » en achetant des plants ou des duction [ce qui prend un an dans la contenants à l’extérieur du Québec. La fraise et deux ans dans la framboise]. contribution était basée sur les achats L’APFFQ devient ainsi l’une des asso- de plants et de contenants. ciations les plus avancées pour aider Ce nouveau règlement sera trans- les jeunes à démarrer », souligne le mis pour approbation à la Régie des jeune producteur Christian Hébert, du marchés agricoles et alimentaires du Domaine Hébert dans Portneuf. Québec.
PAGE 12 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 avril 2016 ASSEMBLÉE POMMES DE TERRE Les surplus poussent les prix à la baisse THIERRY LARIVIÈRE les producteurs à produire un volume qu’ils savent déjà pouvoir commercia- QUÉBEC — « C’est une des meil- liser. Les prix plus bas reçus par les leures années en terme de produc- producteurs s’expliquent en partie par tion, mais justement, c’est ça qui a les nombreuses promotions que les causé des prix vraiment dérisoires », a épiceries font sur la pomme de terre affirmé Francis Desrochers, président de table. « Je rêve de voir la pomme de réélu des Producteurs de pommes de terre en haut de tous les légumes, pas terre du Québec (PPTQ), lors de l’as- parce qu’elle est en promotion, mais semblée générale annuelle de l’organi- parce qu’elle est valorisée », a d’ail- sation le 1er avril dernier. leurs souhaité Francis Desrochers. Après d’assez longs échanges, l’as- Différend semblée a adopté une résolution pré- avec Yum-Yum THIERRY LARIVIÈRE/TCN voyant la mise en place d’un comité Après « beaucoup de frais juri- pour étudier la proposition du pro- diques », une décision défavorable ducteur Normand Bournival, de la aux producteurs relativement aux Mauricie. Celui-ci proposait que le récoltes 2014 et 2015 a été prise en Francis Desrochers a été reporté à la présidence des Producteurs de pommes de terre du permis de production émis en début Québec pour un 2e mandat. Cour supérieure dans le dossier des d’année soit proportionnel aux capa- croustilles Yum-Yum. Une conci- cités d’entreposage qui respectent les mise en marché », a admis le président Québec et qui profiterait aux produc- liation est en cours pour 2016 et standards de l’industrie. L’objectif est Desrochers, en ajoutant que l’idée de teurs des autres régions. la Régie des marchés agricoles et d’éviter les surplus importants à la Bournival n’était « pas mauvaise » et Il demeure que les besoins totaux alimentaires du Québec pourrait récolte et jusqu’en novembre, comme qu’elle serait étudiée. des acheteurs québécois de pommes bien avoir à intervenir en arbitrage. en 2015. Ces surplus minent les prix Dans la discussion, un producteur a de terre sont estimés à 11,5 millions Un des points en litige est la non- offerts et favorisent la mise en marché même évoqué le terme de « gestion de de quintaux par les PPTQ, ce qui veut reconnaissance de la rémunération des de pommes de terre de moins bonne l’offre ». D’autres ont immédiatement dire que les superficies pourraient avoirs des propriétaires et du salaire des qualité auprès des consommateurs. mis en garde contre une telle initia- être réduites d’environ 10 % pour exploitants dans les coûts de produc- « On a une refonte à faire de notre tive qui s’appliquerait uniquement au approvisionner le marché. « Ce n’est tion qui servent à établir les contrats. pas facile de limiter la production Les PPTQ craignent que cette non- parce que c’est volontaire », a précisé reconnaissance, si elle devait se perpé- Clément Lalancette, directeur général. tuer, puisse créer un précédent auprès Dans son discours, le président incitait des autres fabricants de croustilles. Nouvelle pomme de terre GM au Canada Les autorités canadiennes ont donné à signer des ententes le feu vert à la commercialisation avec des producteurs d’une pomme de terre génétiquement qui n’utiliseraient que modifiée (GM). Cette pomme de terre ce nouveau cultivarr développée en Idaho par J.R. Simplot pour éviter de conta- résisterait mieux au brunissement miner génétiquement lorsqu’elle est coupée, aux meurtris- d’autres variétés conventionnelles. sures et à la tache noire. Des gènes de Pour le moment, ce sont surtout les pommes de terre sauvages et cultivées utilisateurs de pommes de terre qui ont été ajoutés au cultivar modifié profiteraient de ce nouvel OGM. et aucune autre espèce n’a été utili- L’entreprise d’Idaho travaille sée. Des essais sont effectués depuis cependant sur un nouvel OGM qui quelques années à l’Île-du-Prince- aurait besoin de moins d’eau pour Édouard. Le semencier américain vise pousser et qui résisterait au mildiou.
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